Conclusion.
C'est donc avec Kill Bill que se conclut
l'étude du phénomène HK à Hollywood. Tout
simplement parce qu'aujourd'hui il semble s'être estompé, l'aspect
de la nouveauté et de la découverte a disparu.
Plus personne ne s'étonne de voir John Woo tourner avec
Tom Cruise et Jackie Chan se retrouver en tête du box office US.
Tous ces réalisateurs et acteurs ont trouvé leur
rythme de croisière, certains ne tournent plus qu'à Hollywood,
d'autres sont rentrés chez eux, déçus, et enfin, les
derniers alternent entre les deux pays.
Il y a aussi tous les « incorruptibles »,
tous ceux qui n'ont jamais tenté la traversée et qui continuent
à promouvoir un cinéma national, sans se soucier de son
exportation et à qui on aurait du mal à donner tort.
Johnnie To en est la parfaite illustration, il tourne deux
films par an et voit régulièrement ses oeuvres diffusées
à Cannes (Breaking news et Election).
Si le cinéma américain a fini par faire le tour
du cinéma Hongkongais, il est loin d'avoir fait le tour de l'Asie,
véritable terre inépuisable de concepts et d'idées.
Le Japon semble être en ce moment le favori avec ses
films d'horreur initié par Ring (Hideo Nakata, 1998). Tout a
commencé par le remake en 2002, puis devant le succès, Hollywood
a encore importé les réalisateurs japonais pour qu'ils refassent
leurs propres films. Hideo Nakata a réalisé le remake de Ring
2 en 2005 et Takashi Shimizu celui de The Grudge (il termine la
suite en ce moment).
Il y a eu également Dark Water et on attend le
One missed call de Takeshi Miike.
On parle même d'un remake de Battle Royale
(Kinji Fukasaku, 2000).
Non seulement le concept de refaire un film parce que le
public américain n'accepte pas de lire des sous titres est
énervant, mais en plus tous ces films sont systématiquement des
ratages complets car ils déplacent leur action aux Etats-Unis (sauf
The Grudge, qui s'en sort avec les honneurs), alors qu'ils sont
profondément marqués par leur appartenance à la culture
nippone.
Si le Japon commence à suivre les traces de Hong Kong,
que reste-il pour les amoureux du cinéma asiatique ?
Le salut vient de la Corée. Un pays dont le
cinéma est en pleine croissance et qui voit naître
régulièrement des réalisateurs très doués
qui imposent leur style en quelques films.
L'exemple le plus parlant étant le talentueux Park
Chan-wook, dont le Old Boy a reçu le prix de la mise en
scène à Cannes en 2004.
La virtuosité du cinéaste explose à tous
les niveaux, que ce soit le scénario, la mise en scène ou la
direction des acteurs.
Pour l'instant, ces films sont peu distribués dans le
reste du monde et ne connaissent pas un énorme succès. Mais
qu'importe, les coréens sont très fiers de leur cinéma et
produisent des films à gros budget sans se soucier de savoir si les
américains vont aimer, puisqu'ils sont rentabilisés chez eux.
Avec Taegukgi (sorti en France sous le nom de
Frères de sang en 2004), Kang Je-gyu signe un équivalent
du Soldat Ryan de Spielberg qui n'a pas à rougir de la
comparaison.
Ainsi, cette nouvelle génération de
cinéastes a été très influencée par le
cinéma américain mais a su le digérer et en conserver le
meilleur pour l'encrer profondément dans sa culture.
On peut alors découvrir beaucoup de chef-d'oeuvres dans
des genres typiquement américains : le film d'action avec
Shiri, le film de boxe avec Crying Fist, la comédie
romantique avec My sassy girl, le film d'horreur avec Into the
mirror, ou le film noir avec A bittersweet life.
Bien que certains remakes soient déjà en
préparation (Old Boy avec Nicolas Cage et My sassy
girl avec Scarlett Johansson), il faut maintenant espérer qu'aucun
réalisateur coréen n'aille se corrompre aux Etats-Unis, ce qui
est plutôt bien parti, vu comment leur cinéma se porte bien.
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