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Concurrence et Innovation, peut-on parler de corrélation ?( Télécharger le fichier original )par Pierre PREISSER Université Paris 1 - DEA economie industrielle 2007 |
La relation entre «concurrence sur le marché des produits», l'innovation et la «croissance», en équilibre généralAprès avoir étudié l'effet de la concurrence sur l'incitation à innover dans un cadre d'équilibre partiel, on réitère cette étude mais cette fois en équilibre général. Nous allons essayer de comprendre les effets de la concurrence sur le taux de croissance, dans différents cadres théoriques. En effet, nous commencerons par analyser la relation entre concurrence et croissance dans un modèle où l'innovation se fait « step-by-step » donnant à cette dernière une forme en U-inversé. Nous passerons, ensuite, à un autre type de modèle, avec celui développé par Acemoglu, Aghion et Zilbotti, qui met en évidence l'importance de l'innovation sur la croissance et le rôle crucial des politiques économiques quant à leur impact sur la concurrence. Ceci étant, nous étudierons un modèle « Néo-Schmpétérien » afin de réconcilier le point de vue Schumpétérien et l'évidence empirique. Denicolò et Zanchettin démontrent que dans un modèle Néo-Schumpétérien, l'incitation à innover augmente avec l'intensité concurrentielle impliquant ainsi une élévation du taux de croissance de l'économie. Pour conclure, on cherchera à savoir si la concurrence affecte l'efficacité productive, notamment dans des modèles d'agences. Une étude récente, d'Aghion, Dewatripont et Rey, a montré que la concurrence sur le marché des produits créait une discipline sur les dirigeants et était favorable à l'innovation.
Première classe de modèle: Nous débuterons notre analyse de la relation entre concurrence et croissance en équilibre général, en se plaçant dans un cadre théorique où l'innovation se fait «step-by-step», autrement dit, un follower peut rattraper le leader technologique en imitant sa technologie avant d'innover. Nous présenterons le modèle développé par Aghion et al. qui démontrent que cette relation prend la forme d'un U-inversé. En effet, ils développent un modèle où la concurrence décourage les firmes, en retard, à innover. En revanche elle incite les firmes identiques à se lancer dans une activité de R&D. La combinaison de ces deux effets génère ainsi la relation en U-inversé. À cela s'ajoute deux prédictions : la distance technologique moyenne qui sépare les leaders des followers augmente avec le degré de concurrence et la pente de la relation en U-inversé est plus raide lorsque les industries sont identiques. Pour ce faire, nous développerons l'article de : Aghion, P et al, (2005), «Competition and Innovation: An inverted U Relationship». I. Introduction Les économistes s'intéressent depuis longtemps à la relation entre la concurrence et l'innovation. Il faut dire que l'innovation est devenue le moteur de la croissance dans les années 90, aussi il ne faudrait pas que les politiques de la concurrence misent en place inhibent l'incitation à innover et par conséquent, soit un frein à la croissance. Il est donc crucial de déterminer la nature de cette relation, mais ce n'est pas évident. En effet, de nombreuses théories économiques semblent se contredire à ce sujet. Les théories de l'économie industrielle prédisent une corrélation négative, alors que les travaux empiriques démontrent l'existence d'une corrélation positive1. Ce papier démontre l'existence d'une relation non linéaire en forme de U-inversé. En 1967, Scherer a ainsi fait allusion à l'existence possible d'une relation en U-inversé entre la concurrence et l'innovation. Il a montré une corrélation positive entre l'activité de R&D et la taille des firmes. A notre connaissance, aucun modèle de concurrence existant prédit une forme en U-inversé. Dans ce modèle les leaders technologiques actuels ainsi que leurs followers peuvent débuter un programme de R&D. Les firmes innovent «step-by-step». L'incitation à innover ne dépend pas tant des profits post-innovation, comme c'est le cas dans des modèles de croissances endogènes, mais du différentiel de profit post-innovation et pré-innovation. Ainsi, plus de concurrence peut favoriser l'innovation et la croissance, parce que cela peut réduire le profit pré-innovation d'une firme plus que cela réduit son profit post-innovation. Le différentiel de profit s'accroît et l'incitation à innover en fait autant. Ils nomment cela l'effet « échapper à la concurrence ». Cela devrait être particulièrement le cas dans des secteurs où les sociétés en exercice sont "au coude à coude". Dans ces secteurs où les firmes sont identiques, le profit pré-innovation devrait être particulièrement réduit par la concurrence de marché. D'autre part, dans des secteurs où les innovations sont faites par des sociétés à la traîne avec des profits initiaux déjà bas, la concurrence affectera principalement les profits post-innovation et donc l'effet « Schumpeter » devrait dominer. Les firmes voient leurs profits futurs se réduire et elles ne sont plus incitées à innover. La logique de la forme en U-inversé est la suivante : l'effet « échapper à la concurrence » domine pour un niveau faible de concurrence, ce qui signifie que toutes les firmes vont participer à la course au brevet pour devenir leader. Aussi l'incitation à innover augmente. Ceci est dû au fait que l'intensification de la concurrence se traduit par une diminution de la différence du degré technologique des firmes. Autrement dit, avec l'élévation du degré de concurrence, les firmes deviennent identiques. Or, c'est dans ce type de secteur que l'effet « échapper à la concurrence » est le plus fort. Cela se traduit par une décroissance de la part de firmes identiques dans l'économie, ce qui renforce l'effet « Schumpeter ». Lorsque la concurrence est trop intense, le traînard n'a aucune chance de rattraper le leader technologique et l'incitation à innover diminue. La nature de cette relation est confirmée par leurs études empiriques sur les données anglaises. L'analyse se structure comme suit. Dans la section II, nous présenterons le modèle qui démontre l'existence de la relation en U-inversé entre la concurrence et l'innovation et nous expliquerons la logique de cette dernière. Puis, nous conclurons cette étude dans la section III. ____________________ Aghion et Griffith dans « competition and growth » réconcilient la théorie et les observations empiriques en considérant le profit pré-innovation comme déterminant de l'incitation à se lancer dans une activité de R&D. Logique de la relation en U-inversé
Dans cette section, nous résumons brièvement quelles sont les théories qui étudient le rapport entre la concurrence et l'innovation, ou encore entre la concurrence et la croissance. Il en ressort qu'aucune de ces théories ne peut expliquer la forme de la relation en U-inversé décrit précédemment. La progression en économie industrielle des modèles de concurrence monopolistique ainsi que de différentiation des produits développés par Salop (1977) et Dixit et Stiglitz (1977) prédit qu'une intensification de la concurrence1 réduit le profit post-entré, réduisant ainsi le nombre de participants à l'équilibre. Ainsi, ces modèles représentent seulement la partie décroissante de la courbe en U-inversée : une concurrence de marché accrue décourage l'innovation en réduisant les profits post-entrée. Cette prédiction est partagée par la plupart des modèles de croissance endogène (par exemple, Romer (1990), Aghion et Howitt (1992) et Grossman et Helpman (1991)), dans lequel une augmentation de la concurrence, ou du taux d'imitation a un effet négatif sur la croissance de la productivité, en réduisant la rente de monopole qui récompense l'innovation. Dans ce type de modèle, une politique de concurrence a des effets néfastes sur la croissance ; tandis que la mise en place d'une protection de la propriété intellectuelle, comme un brevet, protège la rente de monopole donc la croissance. Dans tous les papiers mentionnés ci-dessus, le programme des sociétés est une simple maximisation du profit individuel. Par ailleurs, Hart (1983) tient compte dans son modèle des considérations des agents en supposant que les managers ne sont pas motivés par le profit en soi, mais retirent des bénéfices privés en maintenant l'entreprise à flot ; gardant ainsi leur travail. Aussi, une concurrence accrue peut inciter des managers, généralement réticents à faire plus d'effort dans la réduction des coûts pour éviter la faillite.
Il y a une masse de consommateurs identiques, chacun
fournissant une unité de travail, avec un taux constant d'actualisation,
intertemporel, Le bien Ø Dans laquelle xjt
est un agrégat de deux biens intermédiaires
produit par un duopole dans le secteur ____________________ 1 l'intensification de la concurrence est modélisée par une réduction des coûts de transports dans le modèle de Salop (1977), et par l'augmentation de la substitualité des biens différenciés dans celui de Dixit et Stiglitz (1977). La structure logarithmique de (1) implique qu'à l'équilibre, les individus dépensent le même montant pour chaque panier de bien xj. Ils normalisent cette somme commune en utilisant comme numéraire les prix pAj et pBj à chaque date. Ainsi, un ménage représentatif choisit chaque xAj et xBj de façon à maximiser xAj + xB j sous la contrainte de budget : pAj xAj + pBj xBj = 1. Chaque firme a une fonction de production utilisant le travail comme seul input et considère le taux de salaire comme donné. Ainsi, les coûts unitaires de production cA et cB des deux sociétés dans une industrie sont indépendants des quantités produites. Maintenant, posons k le niveau technologique de la firme i en duopole dans une industrie j, c'est-à-dire qu'une unité de travail actuellement employé par la société i produit un flux de production égal à : Ø Où > 1 est un paramètre qui mesure la taille de l'innovation. De la même manière, on déduit qu'il faut -ki unités de travail pour qu'une firme i produise une unité d'output . L'état de l'industrie est donc caractérisé par deux variables (l,m), où l est la technologie du leader et m représente la distance technologique qui sépare le leader du follower. Ils définissent m (respectivement -m) comme le profit d'équilibre d'une firme ayant m étape d'avance (respectivement, de retard) sur sa rivale. Pour simplifier, ils supposent que le
spillover* de la connaissance entre le leader et le
follower dans n'importe quelle industrie intermédiaire est tel
que le gap maximal soutenable est Ø Des secteurs
dit : « leveled » ou
« neck-and-neck », où Ø D'autres appelés :
« unleveled », dans lesquels les firmes ne sont pas
identiques. Dans de tels secteurs, on observe un leader en avance sur
son rival, aussi, En dépensant un coût de R&D (n) = n2/2 en unité de travail, une firme leader obtient une avance technologique d'une étape, avec un taux de hasard (distribution de Poisson) n. Ils nomment n le « taux d'innovation », ou encore « l'intensité de la R&D », d'une firme. Aghion et al. supposent qu'une firme follower peut gagner une étape d'avance avec un taux de hasard h en copiant la technologie du leader, à condition que l'entreprise ne dépense rien dans une activité de R&D. Autrement dit, n2/2 est le coût de R&D d'une firme follower prenant de l'avance avec un taux de hasard n + h. ____________________ * terme définit précisément en annexe. Ils posent n0 comme l'intensité de R&D de chaque firme dans une industrie « neck - and - neck ». Ainsi, n-1 représente l'intensité de la R&D d'une entreprise follower dans une industrie dite : « unleveled ». Si n1 correspond à l'intensité de la R&D d'une firme leader dans une industrie « unleveled », notons que n1 = 0, puisque ils ont fait l'hypothèse que le follower rattrape le leader, étant donné que ce dernier ne gagne pas de nouveaux avantages en innovant. Ils modélisent le degré de concurrence par le degré inverse de collusion entre deux firmes identiques dans une industrie. Elles ne peuvent pas s'entendre lorsque l'industrie est « unleveled », l'asymétrie rend difficile la coordination. Ainsi, le traînard dans une industrie « unleveled » ne fait aucun profit. Seul le leader a un revenu qu'ils ont normalisé à 1 et son coût vaut -1 fois son revenu. Aussi : -1 = 0 et 1 = 1- -1. Chaque firme dans une industrie de type « leveled » fait un profit nul si elles sont incapables de s'entendre, puisque qu'elles sont identiques, elles vendent le même bien et son en concurrence à la Bertrand. Elles peuvent gagner, chacune, 1 / 2 au maximum si elles mettent en place une entente. Ils posent que : Et ils paramètrent la concurrence par = 1 - , c'est-à-dire un moins la fraction du profit d'un leader qu'une firme identique peut atteindre à travers la collusion. Notez que est aussi le bénéfice progressif d'un innovateur dans une industrie « neck-and-neck », normalisé par le revenu du leader. Nous analyserons, par la suite, comment une intensité de recherche d'équilibre n0 et n-1 et, par conséquent le taux d'innovation global, varient avec notre mesure de la concurrence.
Les taux d'innovation d'équilibre n0 et n-1 sont des conditions nécessaires pour avoir un équilibre Markovien*, symétrique et stationnaire, dans lequel chaque société cherche à maximiser son profit espéré, avec un taux d'intérêt r = 0. o PROPOSITION 1 : L'intensité de recherche d'équilibre de chaque firme identique, dans une industrie « leveled », est : Ø n0 augmente lorsque la concurrence s'intensifie (croît). Tandis que le taux d'innovation d'équilibre d'une firme à la traîne est :
Ø n-1 décroît lorsque le degré de concurrence augmente (croît). ____________________ * terme définit précisément en annexe. L'effet sur n0 fait référence à l'effet " échapper à la concurrence " à savoir que plus de concurrence incite les entreprises identiques (neck-and-neck) à innover pour échapper à la concurrence, puisque le bénéfice que l'on retire à être en avance augmente avec l'élévation du degré de la concurrence. Le dernier effet (sur n-1) est l'effet « Schumpeter » qui résulte de la réduction de la rente qui peut être attribué à un follower qui aura réussi à se mettre au niveau de son rival en innovant. è En moyenne, une augmentation de la concurrence aura ainsi un effet ambigu sur la croissance. Cela incite plus rapidement la croissance de la productivité dans des secteurs actuellement au « coude à coude » et, conduit à une croissance plus lente dans des secteurs « unleveled ». L'effet complet sur la croissance dépendra de la fraction de secteur « leveled » contre ceux « unleveled ». Mais cette fraction est endogène, puisqu'elle dépend des intensités d'équilibre de R&D dans les deux types de secteurs. Ils poursuivent en nous montrant sous quelle condition cet effet global est un U-inversé et, en même temps tirent des prédictions supplémentaires à tester empiriquement. Posons 1 (respectivement, 0) représentant la probabilité qu'un état bascule dans une industrie de type « unleveled » (respectivement, « leveled »). Durant un intervalle de temps, la probabilité qu'un état passe de type « unleveled » devienne « leveled » est 1 (n-1 + h), et la probabilité qu'il bascule dans la direction opposée est 20n0 . À l'état stationnaire, ces deux probabilités doivent être égales, aussi : Sachant, de plus, que 1 + 0 = 1, cela implique que le flux global d'innovation vaut : Passons maintenant à l'analyse de la variation des flux d'innovation induit par la concurrence, afin d'établir la possibilité d'une relation en U-inversé. La proposition 1 stipule que o PROPOSITION 2 : Chaque fois que la valeur Si Si, par contre, On peut expliquer la forme en U-inversé de la façon suivante. Quand la concurrence n'est pas trop intense, il est difficile d'inciter des firmes identiques à innover. Aussi le taux d'innovation global sera plus élevé dans un secteur de type « unleveled », parce que la concurrence n'est pas rude donc le follower a beaucoup plus de chance de rattraper le leader. Celui-ci est donc plus motivé à poursuivre une activité de R&D. Ainsi, l'industrie quittera rapidement l'état « unleveled » (ce qu'elle fait aussitôt que le traînard innove), mais quittera lentement l'état « leveled » (ce qui n'arrivera pas jusqu'à ce que une des firmes identiques décide d'innover). Par conséquent, l'industrie passera la plupart de son temps dans un état « leveled », où l'effet « échapper à la concurrence » domine. è Autrement dit, si le degré de concurrence est initialement très bas, une augmentation de la concurrence devrait aboutir plus rapidement au taux d'innovation moyen. D'autre part, lorsque l'intensité de la concurrence est initialement élevée, il y a relativement peu d'incitation pour un traînard dans un état « unleveled » d'innover. L'industrie tardera à laisser l'état « unleveled ». En effet, le follower n'est pas incité à innover car sa probabilité de dépasser le leader est faible. En conséquence, le leader n'est pas inquiété de voir son avance se réduire et il n'est donc pas forcer d'investir dans la R&D. Cependant, le différentiel de profit 1 - 0 donne aux sociétés de l'état « leveled » une grande incitation à innover pour que l'industrie soit relativement rapide pour quitter l'état « leveled ». Résultat : l'industrie passera la plupart du temps dans l'état « unleveled » où l'effet « Schumpeter » est au travail sur le traînard, tandis que le leader n'innove jamais. è Autrement dit, si le degré de concurrence est initialement élevé, une intensification du degré de concurrence devrait aboutir plus lentement au taux d'innovation moyen. v Remarque : Dans leur article, Aghion et al. testent empiriquement la relation entre la concurrence et l'innovation dans l'industrie britannique. Ils ont un panel de 311 sociétés pendant la période 1973-1994. Le nombre moyen de brevets déposés par les entreprises, pondéré par le nombre de citation par d'autres innovateurs, constitue la mesure de l'intensité de l'innovation. Leur principal indicateur de concurrence est l'indice de Lerner ou la marge faite sur les prix. Ils vérifient empiriquement leurs résultats théoriques. La figure 1 montre que les données sont dispersées entre le 10ième et le 90ième décile de la distribution des brevets pondérés par leurs citations et forment une courbe exponentielle. On voit clairement une forme en U-inversé. Les coefficients évalués pour le modèle démontrent une forme en U-inversé significative.
En plus de fournir un raisonnement sur la relation en U-inversé, le modèle livre deux prédictions supplémentaires qui sont récapitulées dans les deux propositions suivantes. o PROPOSITION 3 : Le gap technologique, que l'on peut définir comme la distance qui sépare les concurrents de leurs frontières technologique, espéré dans une industrie augmente avec la concurrence de marché. L'intuition est simple : nous savons qu'une concurrence plus intense a pour effet d'élever le niveau de l'activité de R&D dans des secteurs « leveled » et au contraire de l'abaisser dans des secteurs « unleveled ». Or, il s'avère qu'une industrie passera une fraction plus grande de son temps étant « unleveled » pour qu'en moyenne le gap technologique entre les firmes de ce secteur soit plus élevé. D'après la loi des grands nombres, cela est vrai pour l'ensemble de l'économie. La proposition suivante est également intuitive : elle suppose l'existence d'une corrélation positive entre l'effet « échapper à la concurrence » et la distance moyenne de l'industrie à sa frontière. En effet, dans les industries où les sociétés sont plus proches de leurs frontières technologiques, l'effet « échapper à la concurrence » a tendance à être plus fort, c'est-à-dire que la partie croissante de la relation en U-inversé sera plus raide. Plus précisément, supposons qu'il y ait des industries avec un paramètre de spillover élevé h et d'autres avec un h faible. Celles avec un h élevé tendront à être plus identiques en moyenne au cour du temps. Maintenant, on peut comparer l'ampleur de l'effet « échapper à la concurrence », à travers l'industrie selon les différentes valeurs de h. Aghion et son équipe établissent ainsi que : o PROPOSITION 4 : Le sommet du U-inversé, est plus grand et, est atteint pour un degré de concurrence plus élevé dans les industries « neck- and- neck ».
Pour évaluer empiriquement ces nouvelles prédictions, nous avons tout d'abord besoin de définir le gap technologique entre les firmes dans une industrie. Nous le calculons en prenant la distance proportionnelle d'une firme à sa frontière technologique, mesuré par la productivité totale des facteurs (TFP). Plus formellement :
Ø Où F correspond à la frontière de la firme, avec la plus grande productivité des facteurs, et i représente les autres firmes. Aussi mit >0, et mFt =0. Nous posons mjt, comme la mesure du niveau de croissance de l'activité de recherche dans une industrie. Cette mesure correspond à la moyenne des différents niveaux des firmes composant l'industrie concernée. Une valeur faible de mjt indique que les firmes de l'industrie j sont proches de leurs frontières technologiques et que se sont plutôt des firmes identiques. À l'inverse, une valeur élevée de mjt suppose que ces firmes sont plus éloignées de leurs frontières, il s'agit alors plutôt de firmes traînardes dans un secteur « unleveled ». § La première prédiction que nous puissions établir est qu'à l'équilibre, le taux de croissance moyen de l'activité de R&D entre un leader et un follower devrait être une fonction croissante du niveau global de la concurrence dans l'industrie. Ce résultat est peut-être surprenant parce qu'intuitivement, dans un cadre statique, on pense qu'une élévation du degré de la concurrence aurait tendance à réduire la différence des TFP en augmentant le taux de sortie des firmes avec une TFP basse. Mais empiriquement, nous constatons que cet effet statique de la concurrence semble être dominé en faveur de l'effet dynamique pour augmenter le taux d'innovation. Comme les sociétés innovent pour essayer d'échapper à la concurrence, ils augmentent la différence des TFP dans l'industrie. § La deuxième prédiction théorique est que la relation en U-inversé, entre la concurrence sur le marché des produits et la croissance, devrait être plus raide dans des industries « leveled ». Premièrement, il apparaît qu'une industrie « neck-and-neck » a un taux d'innovation plus élevé que les autres industries et cela est vrai pour n'importe quel degré de concurrence. II. Conclusion Cet article étudie la relation entre la concurrence sur le marché des produits et l'innovation, donc la croissance. Pour comprendre ce qui conduit à cette forme en U-inversée, ils étendent la littérature théorique actuelle sur l'innovation « step-by-step » pour produire un modèle qui livre une prédiction en U-inversé. Dans ce modèle, la concurrence peut augmenter le bénéfice progressif de l'innovation, ce qu'ils nomment par l'effet « échapper à la concurrence", mais la concurrence peut aussi réduire l'incitation à innover des traînards, ce qu'ils ont appelé l'effet « Schumpeter ». Le solde entre ces deux effets est différent selon que le degré de concurrence soit élevé ou non, générant ainsi la forme de U-inversé. L'extension de cette théorie conduit à deux nouvelles prédictions. La première stipule que le niveau de technologie d'équilibre entre des firmes identiques est une fonction décroissante de la concurrence. La seconde démontre que la relation en U-inversé est plus raide lorsque les firmes sont identiques. Cette approche empirique et théorique fournit des résultats utiles sur l'impact de la concurrence et de la proximité dans l'espace technologique de l'innovation, mais aussi un modèle pour mieux comprendre et expérimenter des politiques. L'analyse théorique et empirique d'Aghion et son équipe, dans un cadre d'innovation « step-by-step » ont démontré que la concurrence favorise l'innovation, indirectement la croissance, jusqu'à un certain seuil, avant de l'inhiber. Dans leur article, ils abordent la question de l'effet de la concurrence sur la proximité des firmes à leurs frontières technologiques. Acemoglu, Aghion et Zilibotti se placent dans ce cadre d'analyse.
Deuxième classe de modèle : L'article précédent d'Aghion aborde la question de l'impact de la concurrence sur une firme par rapport à sa distance à la frontière technologique. Nous avons peu développé cette partie étant donné que nous allons l'aborder avec l'article d'Acemoglu. Son étude nous montre que l'innovation, aussi bien passée (technologie existante à la frontière) que future, est le moteur de la croissance. Sans elle, aucune convergence n'est possible. Il montre également la présence de deux effets (appropriation et bouclier de la rente) dont les impacts sont inverses sur la stratégie d'investissement, démontrant ainsi la nécessité d'avoir des politiques économiques adaptées pour continuer à converger. En effet, il établit que trop de concurrence empêche les économies de modifier leurs stratégies à temps ; de même qu'un marché protectionniste conduit les nations dans une trappe de non convergence. Pour plus de détails, étudions l'article de : Acemoglu, D., Aghion, P. et Zilibotti, F., (2004) « Distance to Frontier, Selection, and Economic Growth». I. Introduction Dans son essai célèbre, Economic Backwardness in Historical Perspectieve, Gerschenkron argumente que les économies relativement en retard (comme ce fut le cas pour la France, l'Allemagne et la Russie pendant le dix-neuvième siècle) pourraient rapidement rattraper des économies plus avancées en entreprenant de nombreux investissements et en adoptant des innovations présentes à la frontière technologique. Il donne de l'importance à certains arrangements « anti-concurrentiels ». Des relations de long terme entre les firmes et les banques ainsi que l'intervention de l'État pourraient faciliter une telle convergence. Si cette évaluation est correcte, les institutions politiques des nations relativement en arrière devraient encourager l'investissement et le développement de nouvelles technologies, même si cela implique un marché plus rigide et moins concurrentiel. Pour comprendre le principal mécanisme de leur modèle, imaginons une économie composée de trois agents : (i) les firmes sont à fortes compétences (high skill) ou à faibles capacités (low skill) ; (ii) il y`a des contraintes sur les crédits restreignant le montant d'investissement ; et (iii) les firmes s'engagent dans une activité de R&D et dans l'adoption de technologie existante provenant de la frontière technologique mondiale. Si une firme est couronnée de succès et se révèle être de type high skill, elle pourra continuer à opérer sur le marché. Par contre, si elle est de type low skill, elle peut être évincée du marché et être remplacée. Aussi bien qu'en moyenne, il n'y aura que des entreprises high skill. À cause des imperfections du marché des crédits, les bénéfices conservés permettent aux sociétés existantes (insiders) d'entreprendre de meilleurs investissements. Par conséquent, la décision d'évincer les firmes qui ont échoué, crée un compromis entre investissement et sélection. Il est également plausible que les compétences et la sélection des « bonnes » firmes soient plus importante pour l'activité d'innovation plutôt que pour l'adoption de technologies existantes : adoption et imitation sont des activités relativement simple comparé à celle de l'innovation. Cela mène à une implication clé de leur modèle : la conservation de sociétés qui ont échoué et de leurs entrepreneurs est plus coûteuse et surgira moins probablement à l'équilibre, lorsque l'activité d'innovation est importante. Un corollaire est que comme l'économie approche de la frontière technologique mondiale et qu'il reste moins de place pour l'adoption et l'imitation, conserver des firmes inefficaces devient moins probable. Une succession d'équilibres probables serait pour une économie de commencer une stratégie à base d'investissement, comptant sur des firmes existantes afin de maximiser l'investissement. Intuitivement, cette stratégie correspond à un équilibre où la sélection est moins importante, les firmes actives sont protégées, et les économies sont conservées par les entreprises existantes pour tenter de réaliser une croissance rapide de l'investissement et de l'adoption de technologie. Comme l'économie s'approche de la frontière technologique mondiale, le manque de sélection devient plus coûteux, il se produit donc un changement de stratégie. On passe à une stratégie à base d'innovation, où des firmes moins efficaces et leurs entrepreneurs sont évincés. En outre, comme suggéré par Gerschenkron, l'intervention des gouvernements pour encourager la stratégie à base d'investissement pourrait être utile, puisque cette stratégie pourrait ne pas émerger même lorsque cela est favorable à la croissance et au bien-être social. Cela est dû à l'effet standard d'appropriation dans des modèles avec une concurrence monopolistique : un investissement plus grand mène à une meilleure productivité et une production plus forte, mais les monopoleurs s'approprient seulement une part de ces gains, car ils supportent les dépenses d'investissement. Cela crée une tendance contre les grands investissements et par conséquent contre la stratégie à base d'investissement. Les subventions pour l'investissement ou bien les politiques anti-concurrentielles, qui permettent d'augmenter le montant des gains de productivité que le monopoleur peut s'approprier, encouragent la stratégie à base d'investissement et peut élever le taux de croissance à l'équilibre. Néanmoins, leur analyse révèle aussi que la stratégie d'investissement peut être socialement coûteuse à long terme. Résistant à l'effet d'appropriation, il y'a l'effet bouclier de la rente. En effet, la rente obtenue par les firmes efficaces, leur permet de résister à l'entrée de nouveaux concurrents encore plus efficaces. Cet effet peut dépasser l'effet d'appropriation ayant comme conséquence la poursuite de la stratégie d'investissement. Cela peut retarder le changement de stratégie, ce qui aura comme conséquence de réduire la croissance, parce que l'économie ne fait pas les bonnes opportunités d'innovations. Mais plus important encore, il existe un niveau de développement (la distance à la frontière) tel que, si une économie ne modifie pas sa stratégie avant ce seuil, elle sera coincée dans une trappe de non convergence, où la convergence vers la frontière s'arrête. Cette étude se poursuit de la façon suivante. La section II présente quelques motivations évidentes. La section III présente le modèle de base, tandis que la section IV caractérise l'équilibre. Nous finirons par conclure à la section V.
II. Évidence La principale hypothèse de notre analyse est que l'innovation et la sélection deviennent plus importantes quand l'économie approche de la frontière technologique mondiale. Nous allons d'abord enquêter sur la plausibilité de cette hypothèse, en regardant la corrélation entre la distance à la frontière et l'intensité de R&D pour un niveau d'industrie, utilisant des données de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) précédemment analysées par, entre autres, Griffith, Redding et Van Reenen (2003). Pour estimer la distance d'une industrie à la
frontière technologique, on utilise è Les résultats démontrent une corrélation significativement positive entre la proximité à la frontière et l'intensité de R&D. Les industries proches de leurs frontières respectives ont une activité d'innovation plus importante. Cette analyse implique également que les barrières de la concurrence devraient limiter les dépenses, voir même les bénéfices, quand les pays sont loin de la frontière technologique mondiale, mais devenir plus coûteuses près de la frontière. Ces implications apparaissent compatibles avec l'expérience de beaucoup de pays d'Amérique Latine, aussi bien qu'avec ceux de la Corée ou du Japon. Pour faire un premier pas dans cette direction, ils font une autre étude empirique. Ils considèrent un ensemble de pays n'appartenant pas à l'OCDE, incluant ceux qui l'on rejoint dans les années 90 comme la Corée ou le Mexique, mais excluant les anciens pays « socialistes ». L'échantillon est choisi de manière à évaluer les pays follower qui sont significativement derrière la frontière technologique. Ils divisent l'échantillon en deux catégories de pays, ceux avec des « low-barrier » et les autres qui ont des « high-barrier », en définissant l'intensité des barrières à l'entrée par le nombre de procédures pour ouvrir une entreprise. Les estimations de cette étude montrent qu'il existe une forte corrélation négative entre la proximité de la frontière et la croissance des pays ayant de fortes barrières à l'entrée. Cette relation est beaucoup plus faible pour des pays avec de faibles barrières. è Autrement dit, les pays high-barrier convergent rapidement quand ils sont loin de la frontière, mais ralentissent significativement près de la frontière. Tandis que les pays low-barrier croissent aussi bien près que loin de la frontière. Ceci est compatible avec l'idée que les barrières à l'entrée sont plus nuisibles à la croissance lorsque le pays est proche de la frontière. III. Le modèle
L'économie du modèle se compose d'un
chevauchement de générations d'agents neutres aux risques vivant
durant deux périodes et actualisant le futur au taux Il y'a un unique bien final dans l'économie,
également utilisé comme input pour produire les biens
intermédiaires. Nous prenons ce bien comme numéraire. Le bien
final est produit grâce à la compétitivité du
travail et à un continuum Ø Où Dans chaque secteur intermédiaire Le secteur du bien final est compétitif, aussi chaque
producteur de bien intermédiaire Cette équation combinée avec l'équation
Ø Où Ainsi un L'équation Il s'agit du niveau moyen de technologie de l'économie
à la date
Finalement, la production nette du bien final, Ø Où Ainsi, pour un niveau de technologie ii. Progrès technique et croissance de la productivité Chaque firme meneuse (capitaliste) requiert un entrepreneur
pour qu'elle fonctionne. Cela suppose que le nombre d'ouvriers de production
est égal La productivité des firmes est déterminée par les compétences managériales et la taille du projet que l'entrepreneur exploite. Pour simplifier la discussion, nous supposons qu'il y'a deux tailles possibles de projets : « petites » et « grandes ». Lancer un projet requiert un investissement supplémentaire, lequel est naturellement plus élevé si le projet est grand qu'il ne l'est si le projet est petit. Le coût de cet investissement peut être financé par les gains conservés par les entrepreneurs, ou bien par les capitalistes qui possèdent les firmes. Au début de la période, les capitalistes peuvent emprunter à un ensemble d'intermédiaires financiers compétitifs des fonds collectés aux consommateurs. L'intermédiation se fait sans coût et il y'a libre entrée dans cette activité. Les compétences managériales qui affectent la croissance de la productivité sont initialement inconnues et sont révélées aux agents après qu'ils eurent travaillé comme entrepreneur pour la première fois. Un management performant se définit en deux tâches : · Ils s'engagent dans une activité d'innovation, les compétences managériales sont importantes pour le succès de cette activité. · Ils adoptent également des technologies provenant de la frontière. Dans ce cas, leurs compétences jouent un rôle plus faible.
Autrement dit, le taux de croissance de la frontière
technologique, Retournons à la détermination de ce taux de
croissance. Tous les pays ont un taux de croissance de leur technologie, La productivité du bien intermédiaire Ø Où L'équation è Cela introduit l'hypothèse que les capacités managériales sont plus importantes pour l'innovation qu'elles ne le sont pour l'imitation. L'innovation repose sur la sélection des entrepreneurs. Finalement, l'équation L'équation Pour simplifier on suppose que Finalement, les coûts d'investissements pour un petit et un grand projet sont respectivement : Ø Où L'hypothèse que le coût d'investissement est
proportionnel à iii. Contrats, problème d'incitation et contrainte de crédit Les capitalistes peuvent emprunter de l'argent à des
intermédiaires financiers au taux d'intérêt exogène
Le coût d'investissement est financé à travers les gains conservés par les entrepreneurs ou les capitalistes. Pour simplifier la discussion, nos auteurs supposent qu'un jeune capitaliste (une nouvelle firme) ne peut pas engager un entrepreneur expérimenté, car il ne peut pas s'adapter aux nouvelles technologies, aussi elle emploiera un jeune manager. Les entrepreneurs engagés dans une activité
d'innovation sont difficiles à observer. Cela crée un
problème de hasard moral.
Nous supposons qu'un manager peut détourner une fraction · Il crée des contraintes de crédit restreignant les investissements, notamment pour les jeunes entrepreneurs qui n'ont pas encore fait d'économie. · Il offre un bouclier aux entrepreneurs expérimentés contre les dommages qu'ils peuvent subir face à l'entrée de nouveaux managers. Pour spécifier l'incitation compatible avec la
contrainte, définissons Ø Où Cette incitation requiert que le manager soit prêt
à payer une certaine fraction de son profit ex-post. Définissons
On peut maintenant définir la valeur d'un capitaliste
avec un projet d'envergure Avec : Ø comme le choix optimal de la taille du projet selon
la maximisation du profit, quand l'entrepreneur est d'âge Les capitalistes maximisent leurs retours
espérés sur investissement définit par l'équation
Ø Avec le paiement du manager Si les contraintes de participations sont relâchées, nous aurions un excès d'offres de jeunes entrepreneurs et un excès de demande de managers expérimentés qui révèle de fortes capacités managériales. La concurrence entre les capitalistes expérimentés implique que : Ø Un capitaliste expérimenté offrira un salaire plus élevé pour attirer les entrepreneurs expérimentés qui ont de fortes compétences. ____________________ *terme définit en annexe IV. Équilibre i. Définition de l'équilibre Pour définir l'équilibre, nous devons définir, auparavant, la notion de proximité à la frontière technologique. Pour cela, nous utilisons la mesure suivante :
Autrement dit, cette équation mesure l'inverse de la distance qui sépare la nation concernée de la frontière technologique mondiale. Cette variable sera résumée comme l'état de l'économie. La décision clé, dans cette économie, est le niveau d'investissement (la taille du projet) selon les différents types de managers. Il est clair qu'un manager à fortes compétences conservera des économies pour investir, mais le choix crucial est de savoir si un entrepreneur peu doué le fera ? On représente la décision de soutenir
l'entrepreneur par Un équilibre statique (donnant l'état de
l'économie Ø
La question de l'équilibre dynamique sera abordée dans les sections suivantes. ii. Investissement d'équilibre et décision de refinancement Nous allons caractériser l'investissement
d'équilibre (taille du projet) et la décision de refinancement.
Même quand, les problèmes de hasard moral sont absents,
il serait profitable pour les firmes de payer le coût d'investissement et
d'opérer un projet de grande envergure. En effet, les imperfections du
marché des crédits et le hasard moral peuvent mener
à un sous investissement à l'équilibre,
c'est-à-dire que les firmes choisissent des projets de faible envergure
même si les projets plus grands sont socialement optimaux. Pour
comprendre pourquoi, notons que, puisque l'incitation est contrainte, les
profits devront être partagés ex post entre les
capitalistes et les entrepreneurs avec les parts Le problème de sous investissement tend à être plus sévère lorsque les firmes évincent de jeunes entrepreneurs puisqu'ils n'ont pas de richesse, forçant les capitalistes à supporter tous les coûts d'investissements. Les managers expérimentés, au contraire, peuvent supporter une part des coûts en injectant les gains économisés. Malgré toutes les configurations possibles à l'équilibre, nous focalisons notre attention et décidons de mettre l'accent sur le fait que le financement d'un entrepreneur (qui a prouvé qu'il avait de faibles compétences) sera profitable ; étant donné que cela réduit les imperfections du marché des crédits. o LEMME 1 : Laissons
Et supposons que (1) Les jeunes entrepreneurs opéreront des projets
de faible envergure ( (2) Si un entrepreneur expérimenté, ayant de
faibles compétences, est maintenu ( (3) Tous les managers à fortes compétences
sont toujours maintenus et opèrent de larges projets ( L'hypothèse que Quand est-ce qu'une firme préférera maintenir un entrepreneur expérimenté aux compétences faibles plutôt que d'évincer un jeune entrepreneur ? Considérons la valeur d'une firme qui maintient un entrepreneur expérimenté aux compétences managériales faibles et opérant un projet de grande envergure. Pour simplifier, on suppose que Au contraire, la valeur d'une firme qui licencie un jeune entrepreneur et opère un petit projet est : Une firme maintiendra un entrepreneur expérimenté peu compétent si La condition Utilisant la condition Ce seuil Les statiques comparatives reflètent deux choses. La
première est l'effet d'appropriation, lequel implique
que les firmes ne capturent pas totalement le surplus créé par le
progrès technique. Les capitalistes supportent le coût
d'investissement, mais à cause de l'effet d'appropriation, ils
obtiennent seulement une fraction du retour de leurs investissements. Par
conséquent, ils ne sont pas incités à maintenir des
entrepreneurs expérimentés, lesquels sont associés
à de plus grandes dépenses d'investissements.
Deuxièmement, nous démontrons par la condition L'effet des problèmes d'incitations dus aux
imperfections du marché des crédits, D'autre part, un Au contraire, lorsque la condition L'équilibre statique est résumé dans la proposition suivante : o PROPOSITION 1 : Supposons que l'hypothèse A1 est maintenue et que
iii. Équilibre dynamique Caractérisons maintenant l'équilibre dynamique
de l'économie. Définissons premièrement,
l'évolution de La productivité moyenne parmi les anciennes firmes
dépend si nous avons En combinant tout cela, nous obtenons que : Cette équation nous montre qu'une
économie avec Les firmes entreprennent de meilleurs investissements, même si pour cela elles doivent payer les frais d'une mauvaise sélection des entrepreneurs. Cette stratégie implique une relation à long terme avec le manager, ce dernier ne sera jamais congédié puisqu'il sera protégé de l'arrivée de jeunes entrepreneurs. Au contraire, avec L'équilibre est simplement déterminé en
combinant l'évolution de l'équilibre décrit par
l'équation Les figures 3 et 4 représentent la dynamique de
l'équilibre. Lorsque La figure 3 nous monte également la possibilité de tomber dans une trappe de non convergence, dans laquelle l'économie arrête sa convergence vers la frontière technologique mondiale. Déterminons le taux de croissance mondiale. Il est
naturel de penser que le taux de croissance de la frontière
technologique mondiale est déterminé de façon
endogène par l'économie la plus avancée, qui poursuit une
stratégie d'innovations. L'équation Nous le supposerons positif. Pour qu'une stratégie
à base d'innovations engendre une meilleure croissance qu'une
stratégie à base d'investissements à la frontière,
Par conséquent, à Si l'économie poursuit sa stratégie
d'investissements, lorsque è L'économie, pour continuer à converger doit changer de stratégie avant ce seuil. Ainsi la condition nécessaire et suffisante pour que
l'économie converge normalement est que : o PROPOSITION 2 : Supposons que l'hypothèse (A1) est
vérifiée et que 1. Si 2. Si 3. Si iv. Stratégie de maximisation de la croissance Dans cette section, nous analysons les implications de la croissance dans différents développements stratégiques. Nous caractérisons, tout d'abord, la stratégie de maximisation de la croissance. Clairement, la maximisation de la croissance n'est pas le critère correct pour la comparaison du bien-être dès lors qu'il ignore les coûts d'investissements. Néanmoins, il est le plus approprié pour tirer des implications de la théorie qui sont comparables avec les évidences présentées dans la section II. L'équation La condition Comment comparer Si le marché est moins concurrentiel, on se situe en
dessous de ce seuil, ainsi è Limiter la concurrence devrait augmenter la croissance. v Remarque Il existe un seuil de niveau de concurrence, V. Conclusion Cet article expose un modèle de croissance dans lequel les firmes sont engagées à la fois dans une activité d'adoption de technologie existante provenant de la frontière technologique mais aussi dans une activité d'innovation. Plus l'économie se rapproche de la frontière technologique mondiale, plus grande est l'importance de l'innovation relativement à l'imitation comme source de croissance de la productivité. Dès lors, la sélection d'entrepreneurs compétents et des firmes est plus forte qu'elle ne l'est dans l'activité d'adoption de technologie. Le modèle montre la dynamique que doit suivre une économie pour converger. Une nation éloignée de la frontière technologique, commencera par poursuivre une activité à base d'investissements, afin de pouvoir adopter des technologies déjà existantes, se rapprochant alors de la frontière. Cela implique une relation de long terme entre les firmes (déjà présentes sur le marché) et les managers expérimentés (compétents ou pas), des investissements conséquents et peu de sélection. Une fois que l'économie se trouve proche de la frontière, pour continuer à converger et ne pas se retrouver dans une trappe de non convergence, la nation doit abandonner sa stratégie d'investissements au profit d'une stratégie à base d'innovations. Cela sous-entend des relations de court terme entre les firmes (nouvelles) et leurs managers (compétents), mais aussi moins d'investissements et une sélection plus rude des entrepreneurs. L'effet d'appropriation résultant du fait que les firmes n'internalisent pas le surplus des consommateurs qu'elles créent en investissant implique que le changement de stratégie se fera plus tôt. Au contraire, la présence de gains conservés par les entrepreneurs en exercice, leur permettent de supporter une partie des coûts d'investissements, mais sert également de bouclier contre les jeunes managers qui arrivent sur le marché. Cela conduit à ce que la stratégie d'investissements dure plus longtemps. Lorsque le changement de stratégie se fait plus tôt, l'intervention du gouvernement, via des politiques limitant la concurrence ou fournissant des subventions pour l'investissement, peut être utilisée pour permettre de continuer la stratégie d'investissements. Néanmoins, des politiques anti-concurrentielles peuvent mener vers la trappe de non convergence où l'économie stoppera toute convergence vers la frontière technologique mondiale. Passons à l'étude d'un modèle complètement différent. En effet, le modèle suivant se propose d'analyser l'impact de la concurrence sur la croissance dans un modèle Néo-Schumpétérien. Troisième classe de modèle :Les modèles Néo-Schumpétérien nous aident à comprendre l'effet de la concurrence sur l'incitation à innover et le taux de croissance de l'économie dans un modèle de croissance endogène. Nous présenterons le modèle développé par Denicolò et Zanchettin qui identifient l'effet du prix, de l'accumulation du profit et de l'efficacité productive associés à l'augmentation de la pression concurrentielle. L'effet prix réduit l'incitation à innover, cependant le profit (espéré) et l'efficacité productive incitent les entrepreneurs à se lancer dans une activité de R&D. Nos auteurs démontrent dans quelles circonstances l'effet efficacité productive domine l'effet prix. Dans de telles circonstances, les deux effets combinés de l'accumulation du profit et de l'efficacité productive permettent au taux de croissance de l'économie de croître avec le degré de concurrence. Aussi, nous analyserons l'article de : Denicolò V. et P. Zanchettin (2004) : « Competition and Growth in Neo-Schumpeterian Models ». I. Introduction Il a souvent été dit que la concurrence était bonne pour l'innovation et la croissance. En effet, les travaux théoriques et empiriques menés par Aghion et al. démontrent l'existence d'une relation en U-inversé entre la concurrence et la croissance. Cependant, de récents modèles de croissance endogène tendent à conclure que la concurrence érode la rente de monopole attendue par un innovateur, ne favorisant pas la croissance, et revenant ainsi au point de vue développé par Schumpeter. Cette étude a pour objectif de réconcilier le point de vue Schumpétérien, à savoir que la recherche de la rente de monopole est la première motivation d'un innovateur, et l'évidence empirique qu'il existe une corrélation positive entre la concurrence et la croissance. Cette conclusion dépend de l'hypothèse, qu'à chaque date, le leader technologique est la firme active. Dans des modèles plus structurés, deux ou plusieurs firmes peuvent êtres simultanément actives dans la même industrie, deux effets qualitatifs se produisent, celui de l'accumulation du profit ainsi que celui de l'efficacité productive, générant une corrélation positive entre la concurrence sur le marché des produits, l'innovation et la croissance. N'importe quelle définition de la concurrence implique l'idée qu'une concurrence plus intense réduit le prix d'équilibre donc l'incitation à innover des entrepreneurs qui investissent pour obtenir une rente de monopole, c'est ce qu'on appelle l'effet « prix ». Cependant, dans un marché compétitif, une grande fraction de cette rente est accumulée grâce aux innovations qui ont eu lieu durant le cycle de vie de la firme (l'effet « accumulation du profit »), et les firmes à bas coûts ont une plus grande part de marché, ce que l'on nomme par l'effet « efficacité productive ». Denicolò et Zanchettin démontrent dans quelles circonstances l'effet efficacité productive domine l'effet prix lorsque le taux d'innovation est élevé et/ou la concurrence est forte. Dans de telles circonstances, les deux effets combinés de l'accumulation du profit et de l'efficacité productive permettent au taux de croissance de l'économie de croître avec le degré de concurrence. Pour analyser ces effets nous utilisons un modèle de croissance endogène, que nous pouvons étendre en autorisant plusieurs firmes à être actives simultanément dans chaque industrie. Nous faisons l'hypothèse que l'innovation est protégée. Ceci implique que les firmes sont asymétriques et qu'elles ont accès à des technologies différentes. Dans ce type de modèle, le fait que seule la firme active dans l'industrie devient leader technologique suppose implicitement que l'innovation est drastique. C'est-à-dire que l'innovation permet d'abaisser le coût de production du produit, de telle manière que le prix de monopole est inférieur au prix pratiqué par les concurrents. Par conséquent, l'innovateur récupère tout le marché. De telles firmes sont donc en concurrence à la Bertrand. Pour étendre le modèle, nous étudierons le cas d'innovation dite non-drastique, c'est une innovation qui permet d'abaisser le coût de production du bien, mais contrairement à l'innovation drastique, elle ne permet pas à l'innovateur de pratiquer le prix de monopole car le coût de production n'a pas suffisamment diminué. Aussi les firmes seront en concurrence à la Cournot. Avec des firmes asymétriques, le nombre de firmes actives et leurs parts de marché respectives dépendront du mode de concurrence, Bertrand ou Cournot et de la taille de l'innovation. Dans leur modèle, à l'état stationnaire,
L'étude se structure ainsi. Dans la section II, nous discutons de la littérature. Nous analysons la valeur d'une innovation lorsque l'innovation est séquentielle dans la section III. La section IV étudie comment l'intensité de la concurrence affecte l'incitation à innover. Dans la section V, nous proposons quelques extensions du modèle, pour conclure à la section VI. II. Littérature... Nous allons analyser deux types différents de littératures : une qui concerne l'économie industrielle examinant l'effet de la concurrence sur l'incitation à innover et une plus récente qui concerne la croissance endogène essayant de réconcilier la relation entre concurrence et croissance. i. L'économie industrielle Le débat sur l'effet de la concurrence sur l'incitation à innover débute avec Schumpeter (1943) et Arrow (1962). Schumpeter clame qu'il existe une corrélation positive entre l'innovation et le pouvoir de marché. Pour lui, l'incitation à innover provient du fait que l'innovateur espère obtenir la rente du monopole permettant de couvrir les coûts de R&D. Cette vision n'est pas partagée par Arrow, qui stipule que l'incitation à innover est plus forte dans une industrie compétitive. En effet, plus l'intensité de la concurrence sera élevée, plus les entreprises seront incitées à innover pour survivre et rester sur le marché. Il définit ainsi la notion d'« effet de remplacement », qui stipule que l'incitation à innover provient du différentiel de profit. Si ce différentiel est positif, l'entrepreneur a intérêt à innover et continuer à produire son bien. Delbono et Denicolò (1990) démontrent que l'incitation à innover est plus grande dans un duopole à la Bertrand que dans un duopole à la Cournot lorsque les biens sont homogènes. Cependant Bonanno et Haworth (1998) prouvent que ce résultat peut être renversé dans le cas de biens différenciés. Boone (2000, 2001) montre que la relation entre la concurrence et l'incitation à innover est généralement non monotone.
Les différents résultats proposés sont dus principalement aux hypothèses posées par chacun ainsi que la nature de l'innovation. Dans notre modèle, l'innovation est séquentielle et sa valeur n'est pas égale au profit du leader technologique mais elle est pondérée par la moyenne des profits des firmes actives. L'effet positif d'une concurrence plus intense sur la part de marché du leader ne se traduit pas mécaniquement par une incitation à innover plus grande, mais via les effets efficacité productive et accumulation du profit. ii. La croissance La littérature sur la croissance endogène tente de réconcilier la théorie et l'évidence empirique sur la relation entre la concurrence et la croissance. Aghion, Dewatripont et Rey (1999) introduisent les considérations des agents, dans leur modèle, les managers qui ne cherchent pas à maximiser leur profit retardent l'adoption de la nouvelle technologie jusqu'à ce que leur profit tombe sous un certain seuil. Aghion et al. (2001) développent un modèle d'innovations « step-by-step ». Ils montrent ainsi que plus de concurrence, mesurée par le degré de substituabilité des biens, peut être bénéfique pour la croissance mais jusqu'à un certain seuil, puisqu'ils aboutissent à une relation en U-inversée. Encaoua et Ulph (2000) stipulent que l'introduction dans ce modèle de la possibilité de leapfrogging, c'est-à-dire que le follower peut dépasser le leader, renforce l'effet positif de la concurrence sur la croissance. La principale différence entre ces papiers et le modèle que nous développons est que Denicolò et Zanchettin utilisent un modèle standard de leapfrogging, où l'innovation est séquentielle. La nouveauté de leur analyse est qu'ils supposent que plusieurs firmes peuvent être actives simultanément, ce qui implique que l'innovation est non drastique et que la concurrence se fait plutôt à la Cournot qu'à la Bertrand. III. L'incitation à innover lorsque l'innovation est séquentielle Dans cette section, nous analysons les déterminants de l'incitation à innover dans un modèle où l'innovation est répétée. De ce fait, les auteurs supposent que l'innovation est séquentielle ainsi que cumulative et autorisent plusieurs firmes à être actives simultanément, à chaque date, dans chaque secteur. Autrement dit, l'activité d'innovation se produit
à un taux déterminé par l'effort de R&D. Dans chaque
période Pour fixer les idées, supposons qu'il y'a une
protection du brevet parfaite et d'une durée de vie infinie, autrement
dit personne ne peut imiter la technologie sans enfreindre le brevet. Puisque
l'innovation est protégée, à la période Pour déterminer la valeur espérée d'une
innovation Ainsi Ø Où Finalement, après Il y'a L'équation (1) stipule que la valeur de la
IV. Intensité de la concurrence et incitation à innover Nous allons analyser les effets d'une élévation de la pression concurrentielle sur l'incitation à se lancer dans une activité de R&D. La section précédente nous a permis de comprendre comment la concurrence affecte les profits de l'industrie et leurs répartitions entre les différentes firmes. Dans cette section, nous identifions l'effet « accumulation du profit », l'effet « prix » et l'effet « efficacité productive » qui interviennent avec un changement d'intensité concurrentielle. Nous procèderons également à la démonstration des circonstances dans lesquelles l'effet « prix » est dominé par l'effet « efficacité productive ». Pour souligner le fait que ces résultats sont indépendants de la particularité du modèle de croissance que nous développerons, l'analyse se situe dans un cadre d'équilibre partiel. i. Résultats préliminaires Considérons une industrie composée de Le nombre d'entreprises actives à l'équilibre,
Pour simplifier on pose que
La fonction de profit d'une firme est
a. Concurrence à la Bertand et à la Cournot Initialement le degré de concurrence est paramétré d'une telle façon que l'on passe d'une concurrence à la Cournot à une concurrence à la Bertrand. La concurrence à la Bertrand est une concurrence
intense où le prix d'équilibre est égal au coût
marginal de la seconde firme la plus efficace. Ainsi, toute la production de
biens est assurée par la firme low-cost : À l'équilibre de Cournot, la condition du premier ordre implique que : Notons que :
Cette relation est également vraie à l'équilibre de Bertrand. Cependant, à l'équilibre de Cournot, les firmes avec des coûts de production élevés ont une part de marché positive ce qui provoque de l'inefficacité productive. Cette inefficacité productive est importante pour expliquer pourquoi les profits de l'industrie sont plus grands sous une concurrence à la Bertrand, même si cela implique que le prix est plus faible qu'à l'équilibre de Cournot.
Le passage d'une concurrence à la Cournot à une concurrence à la Bertrand se traduit par une augmentation du degré de concurrence. Pour faciliter la comparaison nous présentons un modèle qui englobe les deux équilibres (Bertrand et Cournot). b. Forme réduite du modèle L'intensité de la concurrence peut être mesurée de différentes manières. Cependant, toutes les définitions de la concurrence induisent l'idée qu'elle réduit le prix d'équilibre du bien homogène. En accord avec cela, nous mesurons l'intensité de la concurrence par l'inverse du prix d'équilibre. Pour définir exactement l'équilibre de l'industrie, supposons que le ratio des parts de marché de deux firmes actives est égal au ratio respectif de leurs prix réduits du coût marginal, sans faire d'hypothèse spécifique sur la nature de la concurrence. Le nombre de firmes actives à l'équilibre, L'équation (3) nous fournit
Les équilibres de Bertrand et de Cournot sont
reproduits respectivement par c. L'effet « efficacité productive » Considérons maintenant une augmentation de
l'intensité de la concurrence, c'est-à-dire que diminution du
prix d'équilibre. Si le nombre de firmes actives et leurs parts
de marché restent constants, la baisse du prix d'équilibre
réduira, sans ambiguïté les profits Cependant, le nombre de firmes actives et leurs parts de
marché respectives se modifient avec le changement de prix
d'équilibre. Par conséquent,
L'effet « efficacité productive » est positif. L'intuition derrière le lemme 1 est qu'une élévation de la pression concurrentielle augmente les parts de marchés des firmes low-cost et diminue celles des firmes high-cost. Cela a pour conséquence de réduire le coût total de l'industrie. Un corollaire immédiat à ce lemme est que le passage d'une concurrence à la Cournot à une concurrence à la Bertrand améliore l'efficacité productive.
Une hausse du prix Une élévation du prix est positivement
associée à l'inverse de l'intensité concurrentielle,
mesurée par la moyenne du prix moins le coût marginal de
l'industrie ii. Principaux résultats Les résultats préliminaires étant présentés, on peut procéder à la présentation des principaux résultats. a. Concurrence et profit de l'industrie Commençons par nous intéresser à l'effet de la concurrence sur les profits de l'industrie. En particulier, nous regarderons dans quelles circonstances l'effet « efficacité productive » domine l'effet « prix » provoquant, malgré une intensification de la concurrence, une augmentation des profits de l'industrie. Avec des firmes asymétriques, l'effet « efficacité productive » est de premier ordre. Lorsque l'effet « prix » est de deuxième ordre, il est dominé par l `effet « efficacité productive ». Dans ce cas, la concurrence favorise l'innovation. Cependant l'effet « prix » est de second ordre quand le prix est proche du prix de monopole. Cette observation mène au résultat suivant.
Lorsque le coût marginal de la seconde firme la plus
efficiente, L'intuition est la suivante, lorsque Avec une concurrence à la Bertrand,
la présence de la firme 1 contraint la firme low-cost (i.e la firme 0)
à fixer un prix Quand la concurrence se fait en quantité, la diminution
de
Débutant au prix d'équilibre de Bertrand, une petite augmentation du prix diminue les profits de l'industrie.
La proposition 2 stipule que si on commence par le prix
d'équilibre de Bertrand, une faible augmentation du prix laissera la
moyenne prix-coût marginal En effet, si b. Concurrence et distribution des profits La concurrence sur le marché des produits n'affecte pas seulement la somme totale des profits de l'industrie mais affecte également le déterminant de l'incitation à innover, c'est-à-dire la distribution des profits à travers les firmes actives. Comment une hausse de l'intensité concurrentielle affecte la distribution des profits, pour n'importe quel niveau de profit de l'industrie donnée ? Denicolò et Zanchettin démontrent que la distribution des profits devient plus inégale, en accord avec le critère de dominance de Lorenz*, lorsque la concurrence s'intensifie.
S'il y'a au moins deux firmes actives, une augmentation du degré de concurrence impliquera que la distribution des profits sera plus inégale, en accord avec le critère de dominance de Lorenz. è Lorsque le marché devient plus concurrentiel, les firmes low-cost font plus de profits, tandis que les firmes high-cost ont plus de pertes. La raison est double : premièrement, la part de
marché des firmes low-cost tend à croître avec
l'intensité de la concurrence et, deuxièmement, quand le prix
d'équilibre diminue, le pourcentage dans la moyenne prix-coût
marginal ____________________ *terme définit en annexe. V. Modèle de croissance Nous allons insérer l'intuition des sections précédentes dans un modèle de croissance. Pour simplifier, nous supposons qu'il existe un seul secteur mais le résultat principal est plus général et il peut être reproduit avec plusieurs autres modèles de qualité. i. Préférence et technologie La population est composée d'agents identiques dont la masse est normalisée à 1. Chaque agent a une fonction de préférence linéaire intertemporelle : Le taux de préférence pour le présent
Il convient de réécrire
Le bien final peut être consommé, utilisé pour produire des biens intermédiaires, ou utilisé dans la recherche. Indépendamment de sa qualité, le bien intermédiaire est produit utilisant le bien final avec un taux de transformation, marginal et constant, normalisé à 1. ii. Progrès technologique À chaque période, il y'a une course au brevet. Les sociétés en exercice ne font pas de recherche et il y'a libre entrée des outsiders qui sont neutres au risque. À la période Les projets de chaque firme sont indépendants, aussi la
probabilité de succès instantané et agrégée
est simplement la somme des probabilités individuelles de succès.
Laissons Si l'innovation était drastique, le leader
technologique ne serait pas concerné par les outsiders et pourrait
pratiquer un prix de monopole, et l'équilibre du modèle serait
indépendant du mode de concurrence sur le marché des produits.
Cependant nous avons supposé que l'innovation est non-drastique, avec
les réglages actuels menant à iii. État stationnaire À l'état stationnaire, le taux de croissance
d'équilibre est constant, et le prix du bien intermédiaire,
c'est-à-dire de la dernière qualité, sera constant. Ceci
implique que À l'état stationnaire, l'output, la
consommation, l'input des biens intermédiaires, le profit et la
dépense de R&D croîtront au même taux Afin de garantir l'existence d'un état stationnaire
avec une croissance positive, nous posons que Si ce n'est pas le cas, les consommateurs seront incités à reporter leur consommation indéfiniment. iv. Équilibre sur le marché des biens Rappelons nous que le Cependant, à la période Nous pouvons donc procéder comme si le bien
intermédiaire était homogène, bien que les firmes aient un
coût de production différent, i.e 1 pour le dernier innovateur,
Avec la fonction de demande, nous pouvons facilement déterminer le prix d'équilibre de Cournot Ø où La production individuelle d'output peut être obtenue en remplaçant le prix d'équilibre de Cournot par sa valeur dans l'équation (4). è À l'équilibre de Cournot, les firmes low-cost détiennent une plus grande part de marché que les entreprises high-cost, à chaque période. Comme des firmes inefficaces produisent le bien, on aura de l'inefficacité productive. Lorsque l'innovation est non-drastique, différentes qualités de biens intermédiaires seront produites simultanément, même si les anciennes qualités sont moins productives. Par contraste, l'équilibre de Bertrand est
caractérisé par un prix limite. Le leader fixe le prix è À l'équilibre de Bertrand, le prix imposé par le leader technologique évince les concurrents du marché. Ainsi, il n'y a pas d'inefficacité productive. Les profits correspondants sont Le lemme suivant confirme que le passage de Cournot à Bertrand capture la notion de sévérité de la concurrence.
Le prix d'équilibre sous une concurrence à la Cournot est meilleure que sous une concurrence à la Bertrand, du point de vu des firmes. è En effet, à l'équilibre de Cournot des firmes inefficaces peuvent produire, alors qu'à l'équilibre de Bertrand seule la firme la plus efficace produit. La concurrence à la Bertrand est plus sévère. Il n'y a donc pas d'inefficacité productive et le prix pratiqué est plus faible, ce qui est mieux pour le consommateur. v. Équilibre dans l'industrie de la recherche Intéressons nous au secteur de la recherche. Le
profit espéré actualisé par une firme
extérieure qui investit Ø Où est À l'équilibre, le profit net espéré par un outsider doit être égal à zéro (condition de libre entrée) À l'état stationnaire, L'équilibre dans le secteur de la recherche est déterminé en insérant l'équation (10) dans la condition de libre-entrée (9) :
L'équation (11) détermine le taux de hasard
d'équilibre, Une augmentation de
Pour Cette condition assure que la recherche est suffisamment
profitable et que l'activité de R&D conduit à
l'équilibre. Le niveau de recherche à l'état stationnaire
est une fonction croissante de l'effort de productivité dans la
R&D vi. Concurrence et croissance Notre tâche est d'analyser l'impact du passage d'une concurrence à la Cournot à une concurrence à la Bertrand, ou plus généralement l'impact d'une élévation de la pression concurrentielle sur le taux de croissance de l'économie.
Si les profits de l'industrie augmentent légèrement avec l'intensification de la pression concurrentielle, une augmentation du degré d'équilibre implique une hausse du taux de croissance. L'intuition est la suivante. Nous avons montré que la
valeur de l'innovation est pondérée par la moyenne des profits
des firmes actives, La proposition 4 mène au corollaire suivant :
Si l'innovation est suffisamment large (i.e, si l'innovation dure assez longtemps avant d'être remplacée), alors le taux de croissance sous une concurrence à la Bertrand est plus élevé que le taux de croissance sous une concurrence à la Cournot. La proposition 4 signifie que le taux de croissance peut être meilleur avec une concurrence à la Cournot, si la durée de l'innovation est suffisamment courte.
Si l'intensité concurrentielle est suffisamment élevée, une augmentation supplémentaire du degré de concurrence aurait pour conséquence d'augmenter le taux de croissance de l'économie. è En fait, la relation entre la concurrence et la croissance est monotone croissante, lorsque la taille de l'innovation est grande. VI. Remarque conclusive Dans cet article, Denicolò et Zanchettin reconsidèrent la relation entre concurrence et croissance dans un modèle Néo-Schumpéérien standard avec l'amélioration de la qualité. Ils s'intéressent au cas où l'innovation est non drastique et ont modélisé le passage d'une concurrence à la Cournot à une concurrence à la Bertrand. Ils ont démontré que la concurrence favorise la croissance à condition que la taille de l'innovation soit suffisamment large, ou que la concurrence s'intensifie, ou les deux. Ceci provient de deux effets qualitatifs, l'effet « efficacité productive » et l'effet « accumulation du profit » qui surviennent lorsque l'innovateur n'est pas immédiatement supplanté par l'arrivée d'une nouvelle innovation, ainsi deux firmes ou plus peuvent être simultanément actives dans la même industrie. Durant cette analyse, nous avons développé de nombreux modèles, chacun ayant son propre cadre d'analyse, débouchant ainsi sur un impact différent de la concurrence sur la croissance. Cependant, aucun de ces modèles n'a pris en compte les considérations des agents, en se posant la question de savoir s'il était rationnel de penser qu'un manager cherche à maximiser le profit de la firme qui l'emploi. Si ce n'est pas le cas, la concurrence améliore t-elle la productivité, comme certains modèles le prédisent ?
Quatrième classe de modèle : De nos jours, nombreuses sont les entreprises appartenant à des actionnaires, mais dirigées par un manager. Seulement, l'effort du manager n'est pas observable et sa rémunération dépend du résultat de la firme. Finalement, le manager a juste à éviter la faillite. Il est cependant intéressant de savoir si la concurrence affecte l'efficacité productive, donc la croissance. Est-ce qu'elle augmente le risque de faillite donc accroît l'incitation du manager à faire des efforts, augmentant ainsi l'efficacité productive du marché? Ou au contraire, une augmentation du degré de concurrence tend à diminuer les profits de l'industrie donc la rémunération des actionnaires et du dirigeant, ce qui ne motive pas ce dernier à faire des efforts, freinant ainsi l'innovation et augmentant l'inefficacité productive ? Dans ce dessein, nous allons étudier l'article de : Aghion, P., Dewatripont, M., et Rey, P., (1999) « Competition, Financial Discipline and Growth ». I. Introduction La relation entre la concurrence et la croissance économique, dans un pays ou une région, est sujette à de nombreux débats politiques. Par exemple, Michael Porter (1990) stipule qu'il existe une corrélation positive entre la concurrence et la croissance. Il prétend que la concurrence incite les firmes à innover et à devenir efficace. Cette vision « Darwinienne » est renforcée par les travaux empiriques de Nickell (1996) ou encore de Blundell et al. (1995). Certains auteurs maintiennent une vision Schumpetérienne de cette relation, considérant que c'est l'existence d'une rente de monopole qui pousse les firmes à innover, ayant pour résultat la croissance économique. Aghion et Howitt (1992) formalisent cette idée dans un modèle de croissance endogène. Caballero et Jaffe (1993) obtiennent un résultat similaire, la concurrence augmente l'élasticité de substitution entre les biens, et par conséquent réduit la rente de monopole, ce qui accroît le processus de création destructive. Comment réconcilier la vision « Darwinienne » avec la littérature Schumpétérienne ? La première approche consisterait à modifier les hypothèses technologiques. Par exemple, Aghion, Harris et Vickers (1995) considèrent le cas d'innovation « step-by-step », ils démontrent qu'une intensification de la concurrence entre des firmes ayant des technologies identiques augmentera l'incitation de chaque firme à se lancer dans une activité de R&D. La seconde approche, étudiée dans cet article, consiste à introduire les considérations des agents et analyser l'effet de la concurrence sur la motivation à adopter une technologie, en ne maximisant pas le profit de la firme. Une clé de ce papier est que le risque de faillite peut encourager un manager à rendre sa firme plus productive. Aussi la concurrence combinée au risque de faillite joue le rôle d'outil disciplinaire, encourageant l'adoption de nouvelle technologie. Cette approche ne se contente pas de confronter les théories de la croissance Schumpétérienne, mais va plus loin en améliorant la compréhension que l'on a sur comment la concurrence affecte la croissance. Le rôle incitatif de la concurrence sur le marché des produits a longtemps été étudié. Schmidt (1997) stipule qu'il y'a deux effets opposés de la concurrence sur l'incitation du manager à réduire les coûts. Le propriétaire d'une firme adopte une stratégie optimale de rémunération du manager selon le niveau de concurrence. La concurrence pousse le manager à réduire ses coûts afin d'être compétitif et ne pas sortir du marché. Autrement dit, il est incité à éviter la faillite dont les dommages augmentent avec le degré de concurrence. D'autre part, la concurrence dissuade la maximisation du profit du propriétaire, en le poussant à réduire ses coûts, tandis que son bénéfice dépend positivement du pouvoir de marché espéré par la firme. Bien que l'argument Schumpétérien travaille pour la maximisation du profit du propriétaire de la firme, l'argument Darwinien renforce l'incitation du manager à éviter la faillite. Une fois de plus, Schmidt démontre une relation ambiguë entre concurrence et croissance. Notre objectif est d'analyser à l'état stationnaire, dans un modèle dynamique, les effets de la concurrence sur le marché des produits et le rôle disciplinant des marchés des capitaux, sur l'incitation à innover donc la croissance. Aussi, nous développerons dans la section II un modèle général, où les producteurs de biens intermédiaires ont un coût fixe qui résulte de l'acquisition de la dernière technologie permettant d'avoir le coût marginal le plus faible.Dans la section III et IV, nous montrerons que si on considère la maximisation du profit des firmes, l'argument Schumpétérien est à l'oeuvre, aussi la concurrence dissuade l'adoption de nouvelle technologie donc la croissance. En revanche, si l'économie se compose de firmes dirigées par des entrepreneurs « conservateurs » dont l'unique désire est de retarder l'acquisition de nouvelle technologie, tout en évitant la faillite. L'argument Darwinien stipule que la concurrence est un outil qui permet de discipliner les managers, favorisant l'innovation donc la croissance. La section V analyse le rôle disciplinant de la dette. II. Le modèle basique
Il y'a trois biens dans l'économie : le travail,
la consommation de bien final et un continuum d'inputs intermédiaires.
Il existe un continuum d'agents avec une durée de vie infinie et des
préférences identiques caractérisées par leurs
consommations durant la période de vie et, le même taux de
préférence pour le présent L'utilité marginale de la consommation est constante
(égale à 1), et chaque agent dispose d'une unité de
travail qu'il fournit avec un coût de désutilité
équivalent à zéro. Ainsi
Nos auteurs supposent que chaque variété de biens intermédiaires est produite en monopole, tandis que le secteur du bien final est compétitif, la courbe de demande inverse à laquelle fait face le producteur d'un bien intermédiaire i est simplement : Ils supposent que l'ensemble des biens intermédiaires
( Ces producteurs font face à deux décisions :
Les biens intermédiaires sont produits en utilisant une
unité de travail (une unité de travail pour une unité de
bien intermédiaire). Un producteur de biens intermédiaires de
qualité À l'état stationnaire, où la qualité
la plus élevée
Supposons que le producteur de bien intermédiaire supporte un coût de production fixe
Aussi le flux de profit net d'une firme qui produit une
qualité
Avec le paramètre de profit :
Pour rendre la croissance endogène, ils introduisent
des spillovers* dans l'acquisition de la nouvelle
technologie. Aussi, ils supposent que la plus haute qualité ____________________ * terme définit en annexe. L'hypothèse de spillovers suppose qu'à
chaque date une firme innove, ce qui implique qu'elle passe de la
qualité À l'état stationnaire, nous avons : Finalement, appelons
Pour déterminer l'équilibre stationnaire, il nous
suffit de calculer
Nous savons, par ailleurs, que : Utilisons le fait que Ø Avec Nos hypothèses impliquent que la demande de
travail requis est indépendante de Le travail requis dans la recherche croît quand
l'innovation est fréquente, un ratio III. Comportement des entrepreneurs et acquisition de nouvelles technologies Dans cette analyse, nous considérons que l'incitation à innover d'une firme provient de la maximisation du profit. Nous allons plus loin, en considérant le cas où les producteurs de biens intermédiaires sont « conservateurs », dans le sens où ils supportent un coût privé à acquérir une nouvelle technologie, ce coût fait référence à l'effort nécessaire pour obtenir l'innovation. On abordera, brièvement, le cas où les entrepreneurs (de biens intermédiaires) sont « technology addicts », leur objectif premier étant d'établir une réputation, comme les pionniers d'une nouvelle idée. Il y'a plusieurs raisons qui font que la non maximisation du profit des firmes ou des managers peut survivre dans un environnement capitaliste. · La première raison est due à l'environnement concurrentiel : moins il y'a de concurrence parmi les producteurs de biens intermédiaires domestiques, plus grand est le risque de perte due à une mauvaise gestion dans des (petites) firmes dont les propriétaires ne sont pas, premièrement, intéressés par la maximisation du profit. · La seconde raison provient de l'existence de problèmes entre les dirigeants et les actionnaires. Les actionnaires sont ceux qui financent la R&D, tandis que les dirigeants sont ceux qui pilotent la stratégie de R&D. Les dirigeants peuvent avoir intérêt à conserver les bénéfices qu'ils retirent de leur position hiérarchique tout en minimisant les coûts. Dans la mesure où l'innovation est risquée, ils auront tendance à freiner l'adoption de nouvelles technologies : ils sont conservateurs. À l'inverse, les actionnaires seront intéressés par les profits futurs et verront un intérêt à effectuer plus de R&D. i. Maximisation du profit des firmes Sachant que le coût d'adoption de la nouvelle
technologie est positif et croît avec l'ensemble de l'économie au
taux Le choix optimal de
Il est facile de montrer que le choix de la décision
optimal
ii. Déviation de la maximisation du profit D'une part, il est raisonnable de penser que le propriétaire, ou le dirigeant, d'une firme avec peu de ressources financières cherchera à maximiser son profit. D'autre part, dans une entreprise avec un haut niveau de ressources financières, le dirigeant (propriétaire) s'inquiétera principalement de la préservation du surplus de son bénéfice privé, sachant d'avance que le retour monétaire attendu de ses efforts augmentera largement les ressources financières. Aussi, une détérioration des conditions de profits résultant de l'élévation du degré de la concurrence sur le marché des produits, incitera le manager (propriétaire) à travailler plus dur pour survivre à une telle perte. Nous considérons donc des firmes dans lesquelles le manager (propriétaire) ont comme fonction objective : Ø Dans laquelle, Maintenir la firme à flot signifie donc garder
à chaque période une richesse financière nette
positive. Concentrons notre attention sur le cas où le surplus
des bénéfices privés Plus formellement, on peut établir : o PROPOSITION 1 : Si Ø Où
Si les bénéfices privés
mesurés par Pour voir pourquoi un tel comportement est équivalent
à la prise de la décision Considérons une firme intermédiaire qui entre
dans le marché avec une richesse · Premièrement, il n'est pas optimal pour une firme de ne jamais recommencer à innover, puisqu'en faisant cela l'entreprise irait éventuellement droit à la faillite ; · Deuxièmement, il existe une date Maintenant, après l'innovation à la date Pour conclure, étudions brièvement le cas
opposé des managers « technology addict »,
ces derniers tentent de maximiser la fréquence d'innovation, c'est la
clé de leur survie au niveau financier. Nous supposons encore que les
firmes qui entrent avec une richesse IV. Analyse du modèle L'objectif de cette section est d'analyser les effets des
politiques de la concurrence et industrielles dans ce modèle. Dans notre
esprit, la concurrence peut être mesurée par Les politiques industrielles sont représentées
par le paramètre i. Un argument intuitif Regardons, premièrement, la réaction d'une seule
firme en gardant Ø Le membre de gauche de cette équation est
positif, augmentant avec Si une augmentation de
Que se passe t'il si on ne cherche pas à maximiser le
profit de la firme. Une réduction du coût d'adoption de la
technologie Par contre, si plus de concurrences (ce qui équivaut
à une augmentation de
ii. Analyse générale En fait, l'intuition de cette première sous partie
reste valide dans l'équilibre général, c'est-à-dire
en ajoutant à (P) et (F) la condition Nous considérerons premièrement, l'effet d'une
augmentation du degré a. Élévation du degré de substituabilité entre les biens intermédiaires Nous allons nous concentrer sur un cas simple : l'effet de
l'augmentation de
· La richesse est inférieure au coût
d'acquisition de la nouvelle technologie pour Aussi, l'équilibre dans lequel on retarde le plus
l'innovation se produit au point E où la richesse accumulée
décroît plus rapidement que le coût. Pareillement, une
augmentation du degré de substituabilité des biens
intermédiaires, donc de la compétitivité, réduira
le profit accumulé et la date d'innovation
Pour b. Augmentation du nombre de producteurs de biens intermédiaires Pour analyser l'effet du nombre de producteurs de biens intermédiaires, les auteurs se sont lancés dans une étude de statique comparative, aboutissant à la proposition suivante :
Pour Nous confirmons ainsi l'intuition simple développée précédemment. v Remarque : Aghion, Dewatripont et Rey ont choisi de donner de
l'importance aux effets sur l'innovation et la croissance du nombre et du
degré de substituabilité entre les producteurs
intermédiaires. Cependant, on peut penser à d'autres mesures. Par
exemple, introduisons la possibilité d'imiter. Supposons qu'avec la
probabilité V. Le rôle disciplinant du marché des capitaux Nous allons maintenant nous intéresser à l'influence de la dette d'une entreprise sur ses décisions stratégiques concernant l'activité de recherche et développement. Ainsi, nous « ouvrons » un marché des crédits. On suppose que le créditeur de la firme intermédiaire peut liquider cette dernière dans le cas où elle n'aurait pas réussi à rembourser sa dette. On pose, par hypothèse, que : (1). À partir du moment où les remboursements du créditeur n'ont pas été honorés, la liquidation est irréversible sans possibilité de renégociation ; (2). Une garantie est exigée pour contracter une nouvelle dette dans le futur. Le point fort de cette étude est de montrer précisément qu'une « forte » dette contractée rend la menace de liquidation crédible, ce qui peut être un instrument puissant pour inciter les managers qui ne cherchent pas à maximiser leurs profits, mais d'abord à maintenir leurs firmes sur le marché et à honorer leurs paiements chaque fois qu'ils le peuvent. En retour, cela implique que le marché des crédits ne leur prête de l'argent que lorsqu'ils estiment que la firme est capable de respecter la dette contractée. Pour déterminer l'équilibre, nous devons faire deux hypothèses supplémentaires : (3). L'application de nouvelle technologie est inobservable par un créditeur potentiel. L'hypothèse (3) exclut la possibilité de complication financière ; (4). Il y'a une offre de crédit parfaitement
élastique au taux d'intérêt sans risque, Sans perte de généralité, nous pouvons alors restreindre l'attention standard menant à une dette : (i) Un prêt initial « (ii) Une croissance ajustée constante des
remboursements planifiés (à l'état stationnaire), qui est
Qu'est ce qui détermine la solvabilité des firmes intermédiaires ou leurs capacités à rembourser ? La valeur nette actuelle de leurs profits dépend de leurs choix futurs. Étant chargées de rembourser leurs dettes, les firmes se verront contraintes d'adopter le choix de la maximisation du profit, afin de pouvoir honorer leurs engagements et d'éviter ainsi la liquidation. La proposition suivante montre, à l'état stationnaire, que l'effet disciplinant de la dette est extrêmement puissant. o PROPOSITION 4 : Lorsque les firmes intermédiaires peuvent accumuler
leurs dettes comme décrit par les hypothèses (1)-(4), à
l'état stationnaire le montant d'équilibre de la dette Une firme qui a accumulé une dette d'un montant De plus, l'hypothèse (2) stipule qu'on ne peut pas
contracter une nouvelle dette pour gagner du temps. Ainsi, le montant maximum
qu'une firme peut emprunter est
v Cette proposition est-elle robuste ? Aghion et al. remettent en cause les différentes hypothèses, établissant notamment que le montant de dette n'est que faiblement optimal pour un entrepreneur conservateur. Finalement, ils aboutissent à la conclusion que la proposition 4 n'est valable qu'à l'état stationnaire. VI. Remarques conclusives Ce papier a introduit les considérations des agents dans un modèle d'innovation et de croissance. Il a montré que les comportements individuels des firmes peuvent radicalement affecter l'impact des politiques industrielles et de la concurrence : avec des firmes maximisant leurs profits, la concurrence sur le marché des produits tend à réduire la croissance dans notre modèle, alors que subventionner l'innovation tend à la promouvoir ; tandis qu'avec des firmes conservatrices, ces deux effets sont inversés. Le rôle disciplinant de la dette a été prouvé grâce à leur modèle. Son effet est si puissant qu'il oblige, à l'état stationnaire, les firmes conservatrices à maximiser leurs profits.
Synthèse 2 : Dans leur modèle d'innovation « step-by-step » Aghion et al. identifient deux effets de la concurrence sur l'innovation. La concurrence peut augmenter le bénéfice progressif de l'innovation, car l'incitation à innover provient du différentiel de profit post-innovation et pré-innovation, ce qu'ils nomment par l'effet « échapper à la concurrence". Cependant la concurrence peut aussi réduire l'incitation à innover des traînards, ceci provient du fait que les firmes voient leurs profits futurs se réduire et elles ne sont plus incitées à innover, ce qu'ils ont appelé l'effet « Schumpeter ». Le solde entre ces deux effets est différent selon que le degré de concurrence soit élevé ou non, générant ainsi la forme de U-inversé. Acemoglu et al. nous montre l'importance majeure de l'innovation (passé ou future) dans la convergence des économies vers la frontière technologique mondiale. Leur modèle montre la dynamique que doit suivre une économie pour converger. Une nation éloignée de la frontière optera pour une stratégie à base d'investissements, et au fur et à mesure qu'elle s'en rapproche elle adoptera une stratégie d'innovations, impliquant une sélection plus rude des firmes et de leurs managers. Il établit la nécessité fondamentale d'avoir des institutions et des politiques appropriés. En effet, si peu de concurrence permet de poursuivre plus longtemps la stratégie d'innovations, une limitation abusive de la concurrence peut empêcher la nation de modifier sa stratégie et la conduire ainsi vers la trappe de non convergence où sa croissance s'arrêtera. Denicolò et Zanchettin reconsidèrent la relation entre concurrence et croissance dans un modèle Néo-Schumpétérien standard avec amélioration de la qualité. Ils s'intéressent au cas où l'innovation est non-drastique. Ils démontrent que l'incitation à innover augmente avec l'intensité concurrentielle impliquant ainsi une élévation du taux de croissance de l'économie. Le modèle développé par Aghion, Dewatripont et Rey prend en compte les considérations des agents. Ils établissent ainsi que l'impact de l'intensité de la concurrence sur la croissance dépend du comportement adopté par les managers. Si on considère la maximisation du profit des firmes, l'argument Schumpétérien est à l'oeuvre, aussi la concurrence dissuade l'adoption de nouvelle technologie donc la croissance. En revanche, si l'économie se compose de firmes dirigées par des entrepreneurs « conservateurs » dont l'unique désire est de retarder l'acquisition de nouvelles technologies, tout en évitant la faillite. L'argument Darwinien stipule que la concurrence est un outil qui permet de discipliner les managers, favorisant l'innovation donc la croissance. Le rôle disciplinant de la dette a été prouvé grâce à leur modèle. De notre étude, il ressort que les économistes ne semblent pas s'accorder sur la forme de la relation mais sont d'accord sur le fait que la concurrence favorise la croissance jusqu'à un certains seuil. Espérons que l'expérience présentée dans la troisième partie pourra aboutir sur des comportements robustes d'innovations. TROISIÈME PARTIE Étude expérimentale de la relation entre concurrence et innovation Nous avons analysé l'impact d'une hausse de l'intensité de la concurrence, sur le marché des produits, sur l'incitation à innover en équilibre partiel et sur le taux de croissance en équilibre général. Il se dégage de cette étude, que la forme de cette relation dépend fortement des hypothèses adoptées. Pour clore cette analyse, j'ai décidé de vous présenter une expérience dont l'objectif est de tester la relation entre concurrence et innovation. Depuis quelque temps, on observe l'essor de l'économie expérimentale qui est très utilisée dans le domaine de l'économie industrielle. Cette dernière a pour objectif de tester la théorie. Étant donné qu'il est difficile pour les économistes de s'accorder sur la forme de la relation entre concurrence et innovation, pourquoi ne pas faire appel à l'économie expérimentale pour voir si on peut déboucher sur un résultat robuste empiriquement. Aussi, je trouve intéressant de vous présenter cette expérience très enrichissante réalisée par Cantner, Güth, Nicklish et Weiland : « Competition in product design : an experiment exploring innovation behavior ». Dans leur modèle, innover permet d'améliorer la qualité du bien final. Le succès d'un innovateur est récompensé par une rente de monopole temporaire. Ils considèrent un marché constitué d'un duopole, où il n'y a pas de concurrence par les prix. Ils supposent également que les sujets sont symétriques en ce qui concerne les coûts de recherche et l'appropriation de la rente. Ils divisent les sujets en sous-groupes, par type d'investisseurs et démontrent ainsi que la majorité des sujets conditionne leurs investissements au degré de concurrence mesuré par les ventes, tandis que pour les autres aucune corrélation n'est vérifiée. Notre étude débutera par la présentation détaillée de leur modèle théorique. Ceci étant, nous poursuivrons en présentant le protocole expérimental. Puis, nous définirons le benchmark théorique afin de pouvoir procéder à l'analyse des résultats. I. Modèle Durant l'expérience, les sujets doivent concevoir un « bien » A, une voiture par exemple. Ce produit est composé de multiples composants (couleur, moteur,...) que nous appellerons a1, ...., an. Pour chacun de ces composants, il existe différentes spécifications mj = aj 2, (avec j = 1, ..., n). Ainsi, à chaque période t, les sujets i = 1,2 sélectionnent ou maintiennent une spécification xij par composant, parmi les différentes alternatives aj1,..., ajmj dont ils disposent pour chaque composant j. L'objectif des sujets est d'identifier les préférences des consommateurs a1*, ...., an* (données exogènes). Plus leur configuration Ai, définie par xij,..., xin, se rapproche de la spécification idéale de chacun des composants (j = 1,..., n), plus élevé sera leur profit. Pour aligner leur conception sur la configuration optimale, les sujets peuvent pour un coût de c, (c>0) et par tentative de recherche, explorer certains ou toutes les n alternatives. Au coeur du jeu répété, les sujets sont libres d'identifier et d'adopter les spécifications idéales des différents composants. Ils sont régulièrement mis au courant des activités de recherche antérieures des concurrents et de la performance économique. Pour n'importe quel choix xij du sujet i = 1, 2, nous définissons « the former's distance 1 » du composant aj* par : Ø Autrement dit, si j'ai trouvé la bonne spécification xij = aj* de aj alors äij (xij, aj* ) vaut 0 et 1 sinon. La demande est positive si le sujet a au moins spécifié un aspect correctement. Ils définissent, arbitrairement, que chaque composant spécifié correctement augmente la demande de deux unités, tandis que les composants mal spécifiés ne rapportent rien. Ce cadre peut s'interpréter comme de la concurrence entre deux firmes activent sur n marchés (un pour chaque composant) sur lesquels ils peuvent entrer, après que la spécification idéale eut été découverte. i,jt (xijt, x-ijt) représente la demande que le sujet i attire, à travers le composant aj à la date t. Définissant ainsi : Ø Si les sujets coïncident correctement, dans la spécification d'un composant, la demande totale est divisée, équitablement, entre eux. Autrement dit, chacun reçoit une unité. Ø Au contraire, si seulement un sujet spécifie correctement un composant, il s'approprie la demande totale de ce composant, soit deux unités. __________________ 1 the former's distance correspond à la distance qui sépare le composant choisit par le joueur de la spécification idéale. Pour simplifier, ils supposent un coût de recherche et développement, uniforme et constant c, (c>0). Il s'agit du coût de l'investissement. Ces coûts représentent les coûts de commutation et sont seulement encourus si le sujet i choisit une nouvelle spécification pour le composant aj. Il peut revenir à la spécification antérieure de chaque composant gratuitement. La variable ãijt représente les dépenses de commutation qui sont encourues par le sujet i en choisissant une spécification d'un composant aj pour la première fois à la date t dans l'intervalle 1 = t = T, Ø Les dépenses sont nulles si le sujet n'investit pas et elles sont égales à deux si il investit dans la R&D. Le profit global (non actualisé)
À la fin de chaque période, les deux sujets reçoivent des informations sur la configuration du concurrent A-i. En l'absence de nouvelles restrictions, il est possible d'imiter les composants idéalement spécifiés par le concurrent sans avoir à investir dans la R&D. Aussi, pour protéger l'innovateur, c'est-à-dire le premier qui découvre la «bonne » spécification aj* du composant aj à la date t < T, nous introduisons un monopole temporaire (ou brevet) pour k période, k > 0. Pendant la durée du brevet, c'est-à-dire de la période t à la période t+k, l'imitation de aj* n'est pas autorisée. Une fois que le brevet a expiré, le concurrent peut choisir aj*ce qui lui coûte deux unités. Dans ce contexte, c représente le coût de R&D ou bien le coût d'imitation. Si les sujets identifient indépendamment aj* en même temps, ils peuvent librement choisir aj* après. II. Protocole L'expérience a été réalisée au Laboratoire de l'Institut d'Économie de Max Planck et a impliquée un total de 72 étudiants de l'Université de Jena, la majorité d'entre eux se spécialisant dans l'administration d'affaires ou l'économie. Quatre sessions ont été réalisées. Chacune d'entre elle comprenant deux séquences, d'une course au brevet, avec 15 périodes à chaque fois. Initialement, les paires de joueurs ont été aléatoirement formées. Puis, avant le début de la deuxième séquence, les paires sont recomposées de façon aléatoire, tout en respectant le fait que chaque sujet doit être associé à un nouveau joueur. Aucune communication entre les joueurs n'est autorisée. La compréhension générale des règles du jeu a été assurée au moyen d'un questionnaire de contrôle pré expérimental. Dans l'expérience, les paires de sujets rivalisent simultanément dans la recherche de la spécification idéale de huit composants distincts. Pour leurs faciliter la compréhension du jeu, on leur fournit un encadrement intuitif, à savoir que les sujets doivent concevoir une automobile et cette dernière est composée de multiples composants (couleurs, moteur,...). Pour chacun d'eux, ils existent plusieurs alternatives (bleu, rouge, noir,..., pour la couleur). Chaque fois que la spécification correcte d'un composant a été trouvée, la demande globale du produit augmente de une ou deux unités. Les sujets sont libres de modifier ou de maintenir un ou plusieurs composants de leur conception actuelle à chaque période. À la fin de chaque période, les sujets reçoivent des informations sur leur conception, sur leur succès d'investissement dans la recherche, c'est-à-dire lorsqu'un joueur obtient un brevet et sur la performance économique. Toutes ces informations sont connaissances communes. Les paramètres suivants ont été utilisés : chaque sujet a reçu une dotation de 40 unités au début de chaque séquence. Il n'y a eu aucune nouvelle dotation. Bien que ce soit théoriquement possible dans l'expérience d'épuiser entièrement son compte, atteignant ainsi la faillite, cela ne s'est pas produit. Ils peuvent utiliser ces unités pour investir dans huit composants distincts, définissant ainsi leur « produit ». Il existe deux types de composants qui diffèrent par leur niveau de risque.
Si on a attribué un brevet, il protége son propriétaire de l'imitation pour une durée de k = 4 périodes. Les bénéfices accumulés sont convertis en euros au taux de change de 1 unité = 0.08 euros. Il a fallut environ 65 minutes aux participants pour finir les deux séquences pendant lesquelles, ils ont gagné en moyenne 18.78 euros (3.16 euros) 2. La différence entre le gain le plus élevé (25.70 euros) et le plus faible (7.54 euros), rend compte que le succès d'innovation varie considérablement parmi les concurrents. ____________________ 2 les chiffres entre parenthèse correspondent à la variance. III. Benchmark Pour évaluer la qualité et la cohérence des décisions d'investissements observées, Cantner et son équipe ont exécuté une simulation de leur modèle théorique pour établir un benchmark 3 numérique. Ils estiment une régression linéaire pour quantifier l'effet du type de risque du joueur et celui du concurrent avec lequel il interagit sur son profit. Les résultats sont présentés Tableau 1. Le modèle considère le type de risque du joueur (ro), celui de notre concurrent (rc) et leur interaction (ro x rc). Il s'avère, que ro et rc influencent positivement notre profit.
Le tableau 2 est une matrice des gains qui présente les profits moyens par séquence, résultant de l'interaction des agents qui sont classés par type de risque (r). Cette présentation nous permet de tirer immédiatement l'équilibre unique de ce jeu simple. Chaque joueur adoptera le type de risque le plus élevé (r*=8) gagnant ainsi 108 unités.
____________________ 3 le benchmark correspond à un point de référence permettant d'analyser et de mieux comprendre les résultats. IV. Résultats i. Comportement régulier d'investissement Analysons d'abord les choix globaux d'investissements. La figure 1 4 montre la distribution d'investissements à travers toutes les périodes des deux séquences et illustre les revenus des sujets et leurs profits par période. Les investissements initiaux, dans chaque séquence, débutent à un niveau élevé. L'investisseur médian dépense le maximum possible dans la séquence 1 (il dépense 16 unités), tandis que dans la deuxième séquence, il se situe légèrement en dessous de la limite d'investissement (il dépense 12). Dans les périodes suivantes, l'intensité de l'investissement décroît avant de se stabiliser à un niveau faible à la fin de la première moitié de la séquence. Les brevets expirés du rival sont imités sans retard, représentant l'activité élevée d'investissements autour des périodes 6 et 7. Ensuite l'activité d'investissements baisse à un niveau marginal pour le reste de la séquence. Ceci peut s'expliquer par le fait que le modèle ne fournit pas d'occasions continues d'investissements* une fois que l'on a accordé un brevet d'invention dans un composant, l'investissement dans ce domaine est inutile, on a juste à payer le coût d'imitation. Le tableau du milieu et celui de droite de la figure 1 représentent l'évolution des revenus et des profits par périodes à travers la séquence. Les deux courbes sont quasiment semblables, la seule différence entre les deux est le coût de recherche que l'on a retiré au revenu pour obtenir le profit. è Notez que la baisse de la différence des profits marginaux entre les concurrents illustre l'érosion de la rente due à la concurrence, en l'absence de mise en application de droit de propriété intellectuelle. v Résultats 1 : Le taux d'investissement est maximal au début de la course au brevet et diminue continuellement. Les revenus et les profits par période augmentent rapidement et convergent vers un niveau de demande maximale, sans coût de recherche que les concurrents partagent équitablement. è La concurrence stimule l'incitation à innover au début, puis rien n'est fait pour protéger l'innovateur, aussi le taux d'investissement diminue. Trop de concurrence inhibe l'incitation à innover. Intéressons nous maintenant au rôle de leadership pendant la course. Plus particulièrement, étudions dans quelle mesure la position relative d'un sujet, être en avant ou en arrière, en terme de profits accumulés est dirigée par la dépendance au brevet. Nous constatons que la probabilité du leader actuel de maintenir son rang, dans la séquence, augmente de façon monotone à travers les périodes. À la fin de la première période, il n'est pas encore possible de discerner le gagnant le plus probable de la course au brevet. Pourtant, il devient de plus en plus évident que le leader actuel gagnera finalement la course. ____________________ *un papier de Cantner, Nicklish et Weiland soulève ce problème en considérant une course au brevet dans laquelle les agents sont autorisés à poursuivre leurs activités de recherche durant toute la séquence. 4 la figure 1 est présentée en annexe page 137. La probabilité empirique de gagner, éventuellement, la course, si on est en avance sur son concurrent, est égale à 74 % à la période 3 ; 84 % à la période 6 ; 94 % à la période 9. Ensuite, ils n'observent pas de changement de leader. Ils en déduisent que, dans la plupart des cas, la position relative des rivaux ne se modifie pas dans une séquence, si chacun est enclin à négliger le trouble dans les deux premières périodes de la compétition. Le changement dans la structure « leader-follower », mentionné également comme le « leap-frogging 4 » sont largement discutés dans la littérature économique sur la concurrence. Leurs données suggèrent que « success breeds success » (le succès entraîne le succès). De même dans une analyse empirique de trois cent une sociétés allemandes dans le secteur industriel, Flaig et Stadler (1994) démontrent une influence significative des innovations antérieures d'une firme sur son incitation à innover actuelle. Si un follower n'a pas été capable de réaliser une innovation dans la première moitié de la séquence, il restera probablement derrière. v Résultats 2 : Le « leap frogging »5, dans le sens où un follower dépasse un leader est rare. De plus, le laps de temps assez court pour investir dans la recherche, exclut une nouvelle dynamique de concurrence dans la deuxième moitié de la séquence.
ii. Déterminants du taux investissement Pour examiner le modèle, dans lequel l'investissement diminue avec le temps, Cantner et son équipe calculent la propension moyenne pour la population type de s'engager dans une activité de recherche risquée à chaque période. Ils considèrent qu'un investissement, dans un composant, est risqué, si ce dernier contient au moins deux aspects inexplorés. ____________________ 5 leap-frogging signifie que le follower dépasse le leader, devenant leader à son tour. Le tableau situé à gauche, dans la figure 2 nous révèle que le taux d'investissement dans une activité de recherche risquée diminue considérablement avec le temps. On peut distinguer trois phases : § Une phase initiale, où la propension à investir est élevée (période 1-3). § Une phase dans laquelle le taux d'investissement s'atténue, mais ne décroît pas (période 4-12). § Une phase finale, où l'on observe que la propension à investir tend vers zéro (période 13-15). Les différences entre les trois phases peuvent être expliquées : initialement, les rivaux sont symétriques avec une dotation identique et aucun brevet d'invention. Puisque les brevets ont pour conséquence l'attribution d'une rente temporaire, donc un profit plus élevé pour leurs propriétaires. Les sujets sont fortement incités à investir dans la recherche, et ce dès le début de la course au brevet. Par la suite, le taux d'investissement diminue et se stabilise aux alentours de 40-50%, et moins de la moitié des investissements risqués disponibles est poursuivie. Certains brevets ont été déposés, donc on investit moins, on opte plutôt pour l'imitation. Vers la fin de la séquence, les sujets s'abstiennent d'investir, la plupart des spécifications idéales sont découvertes. De plus, les joueurs savent que le jeu se termine aussi ils ne voient pas l'intérêt de déposer un brevet. Le tableau situé à droite de la figure 2, nous montre que les choix d'investissements dans la recherche risquée sont corrélés à la part du profit du joueur dans les profits totaux (accumulés). S'ils ont choisi cette statistique, c'est parce qu'ils considèrent que la distance relative entre les profits des concurrents constituent une mesure appropriée de l'intensité de la concurrence dans une course au brevet. La statistique de « profit relatif » d'un sujet par rapport à son rival est définie comme la différence entre son profit et le profit du rival, que l'on divise par la somme de leurs profits. À première vue, ce tableau nous indique que la plupart des observations se situent dans un intervalle, où le profit relatif oscille entre -0.5 et 0.5. On remarque que le taux d'investissement et le profit relatif sont, très faiblement mais significativement, corrélés ( < 0.086, avec p < 0.001).
Une autre caractéristique dans la relation entre la concurrence (mesuré par le profit relatif) et le taux d'investissement est la présence d'un sommet prononcé dans la propension à investir (au niveau de 65 %) dans l'intervalle [-0.1, 0.1]. L'opposition du taux d'investissement entre le sommet et l'extérieur confirme que le changement vertical entre les deux échantillons est fortement significatif (p < 0.001). Cela fournit une preuve expérimentale forte que la concurrence entre deux firmes identiques, comme discuté dans Aghion et al (2005) et Palokangas (2006), incite les sujets à défier le leader actuel (si on est derrière) ou défendre sa position (si on est leader). Un tel effet est à peine compatible avec la rationalité puisque la position relative de concurrents est sans rapport avec les retours d'investissements. Ainsi, le changement significatif dans le comportement d'investissement des sujets peut être attribué aux effets psychologiques (par exemple, étant peu satisfait de sa propre performance). Bien qu'ils ne fournissent pas de motivation monétaire autre que le profit, devenir le leader provisoire ou éventuel dans la course au brevet semble être une incitation suffisante. Cette découverte nous laisse présager qu'au moins une minorité de sujets est négativement affecté quand ils restent en arrière, dans un environnement compétitif. De leur point de vue, de tels sujets intensifient leur activité d'investissement pour s'approprier le revenu supplémentaire. Dans le tableau suivant, ils fournissent une vue d'ensemble des facteurs qu'ils ont trouvés, ayant un impact significatif sur la propension du sujet à investir.
Les deux premiers coefficients, le linéaire et le terme de période quadratique, sont tous les deux fortement significatifs. Conjointement, ils décrivent une baisse (non monotone) de la propension à investir avec le temps. Ainsi, d'autres facteurs sont constants, les sujets investissent intensivement le plus tôt possible dans la course et investissent par la suite avec de moins en moins d'ardeur. Comme attendu, l'évaluation du coefficient du risque, c'est-à-dire le nombre de décision risquée qu'il reste pour la spécification d'un composant, est négatif. Cela montre que les sujets sont conscients du fait que la rentabilité de la recherche diminue avec le nombre d'options restantes. L'estimation positive de la dummy leader signifie que le fait d'être en avance sur son rival encourage fortement de nouveaux placements. Ainsi, une performance satisfaisante intensifie de nouvelles recherches. Le coefficient « spread », marquant la différence des revenus par période entre les rivaux, est positif. Si nous assumons que la concurrence est plus rude quand la différence entre le revenu marginal des concurrents est nulle, ce qui revient à dire que les entreprises sont identiques, alors on peut dire que le degré de concurrence augmente le taux d'investissement des followers, au moins plus qu'il n'inspire les leaders. Lorsque la concurrence est faible, une augmentation de celle-ci provoque un accroissement du taux de placement. Ils ont, également, évalué la signification et la pertinence économique du profit relatif des rivaux dont le coefficient s'est avéré être insignifiant. Cohen, Levin et Mowery (1987) sont parvenus à la même conclusion, après l'examen empirique de données de la Fédérale Trade Commission, à savoir que la taille d'une firme n'a pas significativement d'impact sur l'intensité de la R&D. Finalement, ils estiment un coefficient négatif de sequence2. En effet, l'apprentissage dans la première séquence incite des sujets à investir légèrement moins dans la deuxième séquence. Le taux d'investissement de première période est, notamment, plus bas dans la seconde séquence qu'il ne l'est dans la première. v Résultat 3 : La décision d'investir dans une activité de recherche risquée est significativement conditionnée à des facteurs génériques déterminant le retour attendu d'un investissement et sur les mesures particulières de la performance relative du sujet.
iii. Distinction d'investisseurs audacieux et prudents Jusqu'ici, nous avons exploré le comportement global. Bien que des régularités dans le comportement de recherche aient été découvertes, ces résultats ne peuvent pas êtres utilisés pour identifier les modèles comportementaux qui sont partagés entre des groupes distincts de sujets. Ils vont donc essayer de classer les participants. À cette fin, ils exécutent une analyse de groupe sur l'ensemble de données de choix individuels d'investissement. Pour ce faire, ils utilisent le taux moyen d'investissement des sujets dans des composants contenant 2-4 ou 5-8 spécifications différentes. Ils identifient, ainsi, un groupe minoritaire de sujets (28%) qui investissent dans une activité risquée de recherche, sans tenir compte du degré de concurrence. La majorité des participants (72%) conditionne leur activité d'investissement à l'intensité de la concurrence : · Des investisseurs audacieux (type A) investissent dans 90% des cas, dans lesquels il y a une opportunité de profit, négligeant le risque d'échec de l'investissement. Ils évaluent, arbitrairement, le risque d'investissement comme haut (bas) si les sujets investissent dans les composants 5-8 (2-4). · Des investisseurs prudents (type B) investissent dans 50% des cas où il y'a une possibilité de faire un profit. En moyenne, ils comptent plus souvent sur l'imitation (moins risqué). Conformément aux résultats de leur simulation, ils constatent qu'un investissement vigoureux mène à des profits supérieurs. La figure 3 illustre la relation entre l'intensité de concurrence (différence des revenus) et le taux d'investissement. Tandis qu'une association linéaire entre les deux aspects peut être identifiée pour le type d'investisseurs prudents, le taux d'investissement, des sujets audacieux, est indépendant du degré de concurrence. L'indépendance entre la concurrence et l'innovation, pour les investisseurs audacieux, n'est pas surprenante, comme la propension moyenne d'investissement de ce groupe est égale à 92% (87%) pour des investissements à bas risque (haut risque). Il est, cependant, remarquable que les investisseurs qui ne conditionnent pas leurs investissements sur l'intensité de la concurrence, représentent presque un tiers (de 27.8%) de la population. v Résultat 4 : La majorité des sujets conditionne leur choix d'investissement sur le degré de la concurrence, les leaders (follower) sont moins (plus) incités à investir avec l'élévation du degré de la concurrence. Environ un tiers de la population poursuit une stratégie inconditionnelle et vigoureuse d'investissement, en ignorant le degré de la concurrence. è L'intensité de la concurrence influence l'incitation à innover. V. Discussion Dans leur scénario de concurrence pour l'innovation, les paires de sujets peuvent activement investir dans la recherche ou rester passives, espérant d'une façon opportuniste profiter du spillovers 6 de l'information. L'objectif principal a été de rassembler des données sur les choix individuels, dans une expérience contrôlée. Permettant, ainsi, d'évaluer le lien entre la concurrence et l'activité d'innovation. Comme les modèles de course au brevet suggérés par Harris et Vickers (1987), leur conception expérimentale présente tant de l'incertitude que de l'interaction stratégique. Pourtant, à la différence du modèle d'Harris et Vickers (1987) et de plusieurs autres modèles de concurrence pour l'innovation, obtenir un brevet dans leur modèle ne termine pas l'interaction, mais représente plutôt un succès provisoire dans une course en cours. Ils identifient plusieurs facteurs guidant la décision d'innover. Certains d'entre eux liés aux aspects génériques de la tâche d'investissement (critères objectifs), comme la probabilité de succès ou le temps restant pour investir et obtenir une rente. Tandis que d'autres conditionnent leur décision d'investir sur la performance du rival qu'ils prennent comme un point de référence (critères relatifs), ils démontrent par ailleurs que le fait d'être en avance dans la compétition incite plus le leader à investir. Cela se conforme à la prédiction de modèles théoriques bien connus sur la concurrence pour l'innovation, comme ceux de Grossman et Shapiro (1987) ainsi que Harris et Vickers (1987). Les choix observés d'investissements sont conformes à la notion que les followers intensifient leurs efforts de recherche lorsque le degré de concurrence, mesuré par les parts de ventes augmente. Leurs données sont moins facilement réconciliées avec Aghion et al (2005) qui montrent empiriquement une décroissance du taux d'investissement des firmes leaders. En effet, ils ne réussissent pas à reproduire la relation positive présumée entre la concurrence et l'innovation pour des industries leaders. Pour eux, moins de concurrence augmente l'incitation à innover, tant que les coûts attendus de recherche peuvent êtres couverts par le retour attendu d'une innovation. Dans l'expérience, les leaders sont toujours incités à innover. Un groupe plutôt homogène de sujets, représentant environ un tiers de la population type, ne se conforme à aucune des prédictions d'interaction leader-follower des modèles théoriques sur la dynamique industrielle. Les membres, de ce groupe, investissent constamment dans la recherche indépendamment de la progression de la course, de la probabilité de succès de la recherche et le degré de concurrence. Initialement, on pourrait expliquer cela par la neutralité au risque. Mais plus tard dans la course, les sujets semblent être stimulés par le caractère de l'interaction du tournoi, leur inspirant un désir de gagner. Bien sûr, une préférence stable comme la curiosité pourrait aussi expliquer un tel comportement d'investissement. ____________________ 6 Terme définit en annexe. Conclusion Le débat sur la forme de la relation entre concurrence sur le marché des produits et l'incitation à innover débute en 1943 lorsque Schumpeter évoque le fait que trop de concurrence inhibe l'activité de R&D, étant donné que la concurrence réduit le profit post-innovation qu'espère obtenir l'innovateur. Les économistes nomment cela la « dissipation de la rente ». Arrow rétorque vingt ans plus tard, qu'une firme en place est moins incitée à innover qu'une entreprise en concurrence, car le différentielle de profit est moindre. En effet, un concurrent passe d'un profit nul à la rente de monopole, alors que la société en exercice se remplace. C'est ce qu'on appelle « l'effet de remplacement ». Autrement dit, la concurrence favorise l'innovation. Cette vision est l'opposée à celle de Schumpeter. De nombreux économistes vont essayer de démontrer la véritable forme de cette relation. Gilbert et Newberry, ainsi que Reinganum se place dans le même cadre d'analyse que Schumpeter et Arrow. Ils supposent qu'une firme en place sur un marché fait face à l'entrée de concurrents. Une différence majeure entre ces modèles est la définition du processus de découverte. Pour Gilbert et Newberry, ils le supposent déterministe, aboutissant à la conclusion que le monopole est plus incité qu'un entrant potentiel à innover et va même au-delà, puisqu'il anticipe et dépose des brevets anticipés. Ils vont à l'encontre de ce que pensait Arrow. Par contre Reinganum suppose que le processus est stochastique. Elle confirme ainsi la vision d'Arrow en démontrant que c'est le concurrent qui est le plus incité à se lancer dans une activité de R&D. On comprend déjà que l'impact de la concurrence sur l'innovation dépend fortement des hypothèses retenues et du cadre d'analyse. Boone étudie l'impact de la concurrence sur l'innovation dans un marché où les firmes sont asymétriques, elles diffèrent par leurs efficacités productives. Il démontre que si une élévation de la pression concurrentielle implique une amélioration de la productivité de l'industrie (effet d'adaptation), elle a également pour conséquence le fait de réduire le nombre de variétés de biens (effet de sélection). L'effet de « sélection » stipule que la concurrence poussera les firmes les moins efficientes à sortir du marché. L'effet « d'adaptation » correspond au fait que la concurrence encourage les firmes à améliorer leurs productivités plutôt que développer un nouveau bien. Dans un cadre d'équilibre partiel, on ne peut aboutir à une relation unique entre la concurrence et l'innovation. Notre étude se poursuit donc dans un cadre d'équilibre général. Dans ce cadre d'analyse, Aghion et son équipe démontrent théoriquement et empiriquement l'existence d'une relation en U-inversé. En effet, ils développent un modèle où la concurrence décourage les firmes en retard d'innover, en revanche elle incite les firmes identiques à se lancer dans une activité de R&D. La combinaison de ces deux effets, générant ainsi la relation en U-inversé. Autrement dit, cela suppose que la concurrence favorise l'activité de R&D, et par la même la croissance, jusqu'à un certain seuil. Acemoglu aborde la question de l'impact de la concurrence sur une firme par rapport à sa distance à la frontière technologique. Dans son modèle, il partage la vision d'Aghion. En effet, la concurrence favorise la stratégie d'investissements adoptée par une économie afin de pouvoir adopter les technologies existantes. Cependant trop de concurrence peut empêcher la nation de modifier sa stratégie d'investissements en stratégie à base d'innovations, se retrouvant ainsi dans une trappe de non-convergence où sa croissance stagne. Il semblerait que nos auteurs s'accordent sur le fait qu'un certain degré de concurrence favorise la croissance. Denicolò et Zanchettin partage cette vision dans leur modèle Néo-Schumpéterien. Ils identifient l'effet du prix, de l'accumulation du profit et de l'efficacité productive associée à l'augmentation de la pression concurrentielle. L'effet prix réduit l'incitation à innover, cependant le profit (espéré) et l'efficacité productive incitent les entrepreneurs à se lancer dans une activité de R&D. Nos auteurs démontrent dans quelles circonstances l'effet efficacité productive domine l'effet prix. Dans de telles circonstances, les deux effets combinés de l'accumulation du profit et de l'efficacité productive permettent au taux de croissance de l'économie de croître avec le degré de concurrence. Pour clore cette deuxième partie, nous avons présenté le modèle d'agence développé par Aghion, Dewatripont et Rey. Dans leur modèle, ils introduisent les considérations des agents et analysent l'effet de la concurrence sur la motivation à adopter une technologie, en ne maximisant pas le profit de la firme. Une clé de ce papier est que le risque de faillite peut encourager un manager à rendre sa firme plus productive. Aussi la concurrence combinée au risque de faillite joue le rôle d'outil disciplinaire, encourageant l'adoption de nouvelles technologies. L'expérience de Cantner avait pour objectif de parvenir à définir des comportements d'innovation robustes. Il démontre, avec son équipe, que le fait d'être en avance incite le leader à investir plus dans la R&D. De plus, les followers sont plus incités à investir dans la recherche lorsque la concurrence s'intensifie. Cette analyse de différents travaux théoriques a été réalisée afin de savoir si on pouvait adopter un point de vue clair et définitif quant à la relation entre concurrence sur le marché des produits et l'activité innovation. La réponse est NON. La littérature sur l'économie industrielle explique l'impact de décisions anti-concurrentielles spécifiques sur le bien-être, chacune donnant de l'importance à un aspect différent, aussi bien que les économistes ne s'accordent pas sur la forme de la relation entre concurrence et innovation. Cependant il semblerait que les économistes soient en accord avec les autorités de la concurrence. Dans le sens où ils s'accordent sur le fait qu'un certain degré de concurrence favorise l'innovation, qui s'est avéré être le moteur de la croissance ANNEXES v Jan Boone (2000): « Competitive pressure: the effects on investments in product and process innovation ». - Proof of Proposition 1: To find out whether a rise in By part (ii) of Definition 1, it is the case that Conversely, the only way in which a rise in v Aghion, P et al, (2005), «Competition and Innovation: An inverted U Relationship». - Proof of Proposition 1 : To solve for the equilibrium research intensities In words, the annuity value Now, using the fact that each firm chooses its own R&D intensity to maximize its current value, that is, to maximize the right-hand side of the corresponding Bellman equation, we obtain the first-order conditions: Eliminating the V's between the Bellman equations and first-order conditions (13) to (17), yield the reduced form R&D equations: This system is recursive, as the first equation solves for We immediately see that - Proof of Proposition 2 : Let : According to equation (21) above, Where : Thus, we can reexpress the aggregate innovation rate (10) as : With : The expression : is decreasing in at which Now let Thus, the inverted-U pattern will obtain whenever the escape-competition effect will strictly dominate over the
whole interval finally, the Schumpeterian effect will dominate over the whole
interval Each of the corresponding three regions is nonempty, which establishes Proposition 2. - Proof of Proposition 3: From equations (9) and (21) we have : where B is defined in the proof of Proposition 2 above. From this and (11) : Where So we need only show that : This clearly holds when It follows from equations (20) and (21) that : So : Therefore, which implies condition (22). - Proof of Proposition 4 : Note that the expected technological gap is given by : which can be reexpressed as : This latter expression is clearly increasing in - Proof of Proposition 5: Since therefore, is just equal to the direct effect :
which is unambiguously positive. The marginal effect of The peak lies farther to the right on the where : since : Therefore, v Acemoglu, D., Aghion, P., et Zilibotti, F., (2004) « Distance to Frontier, Selection, and Economic Growth». - The participation constraint: In this appendix we prove that if Let us denote which simply states that the payments minus retained earnings
that are injected must be greater than the wage rate. We will ensure that these
participation constraints hold even when all entrepreneurs inject all their
retained earnings, i.e., when The participation constraint for a young entrepreneur is slightly more involved, since he anticipates potential rents if he remains an entrepreneur in the future. We can write this constraint as : where the expected future rent is given by :
which uses the fact that future rents correspond to the future
participation constraints being slack. This expression also takes into account
that the entrepreneur is uncertain about this type, and he will receive future
rents when he has high skill or when he has low skill and the economy is in the
investment-based regime, i.e., We prove the main result in two steps. First, we prove that
low- and high-skill old entrepreneurs. Therefore, if For the first step, note that since the young have no retained
earnings, a sufficient condition for the participation constraint not to bind
when the incentive constraint binds is that Since To establish the second step, observe that the participation
constraints of old low-skill entrepreneurs is slack if and only if Similarly, the participation constraints of old high-skill
entrepreneurs is slack if and only if First, note that a sufficient condition for the LHS of both inequalities (36) and (37) to be positive is that - Proof of LEMMA 1 : Let It is immediate to verify that the assumption that Since the right-hand side increases in
Next, we establish that the retained earnings of an old
low-skill entrepreneur at are slack even when entrepreneurs inject all their retained
earnings. This plus the fact that capitalists make the contract offers imply
that old low-skill entrepreneurs inject all their earnings, i.e.,
Next, we show that, if Hence, We first show that, if
contradicting the assumption that
Since the left-hand side increases faster in ä than the
right-hand side, ensuring that this inequality holds for which is obviously true. Hence, for all And : which this concludes the proof of the Lemma. v Denicolò V. et P. Zanchettin (2004) : « Competition and Growth in Neo-Schumpeterian Models ». - Omitted details in the proof of Lemma 1: To prove the first equality in (6), i.e. note that : whence the result follows immediately. Next, note that : From (4) we get : Substituting into the above expression we get : because the first and third term on the right hand side cancel
out. But - Proof of Lemma 2 : From (6) we have : where the inequality follows because - Proof of proposition 1 : When C we have and so At From the first order conditions (3) one obtains At
But ( The fraction This means that - Proof of proposition 3: Let
whenever firms whence it immediately follows that : Inequalities (A1) imply : provided that there are at least two active firms at i.e Clearly, (A1) also implies And : These inequalities imply : and that there exists at least one Combining (A2) and (A3) we get : but this violates (A1). This contradiction establishes the result. - Proof of Lemma 4 : First of all, we show that A sufficient condition for and for all Therefore, we must prove that : or At
This completes the proof that Because v Aghion, P., Dewatripont, M., et Rey, P., (1999) « Competition, Financial Discipline and Growth ». - Proof of proposition 1: Consider an intermediate firm with initial wealth W at date 0. For B sufficiently large, it is optimal for the conservative manager to never go bankrupt. The optimal adoption plan thus solves the following programme : With It is straightforward to check that for any
Now, fix Then for The sequence wheras or equivalently (Note that this is indeed a feasible change: since The impact of this change on the objective is thus given by :
(using But for any in a - Proof of proposition 4: Let d* be the net present value of profits under profit maximization just after adoption where g = 1/T* is the rate of growth associated to the steady state defined by T*. A conservative firm which has accumulated debt d* will choose the adoption policy T* which is uniquely defined by : and :
v Figure 1 de l'expérience de Cantner et al.
v Instruction de l'expérience de Cantner et al. (non traduites) The following instructions were originally written in German. Thank you for participating in our experiment. We kindly ask you to refrain from any public announcements and attempts to communicate directly with other participants. In case you violate this rule, we have to exclude you from the experiment. If you have any questions, please raise your hand, and one of the experimenters will come to your place and answer your questions. In the experiment you will repeatedly - namely in periods We will now describe how your choice of vector a and the other's choice determine what you will earn in a given period. To do so let us refer to For your choice Thus, if you miss all eight ideal components Altogether you will therefore receive However, you will not receive any income in period It is important to note that if you are the first to discover
the ideal specification Also keep in mind that you have to pay 2 ECU every
time when you try out a new alternative You are free to leave one component unspecified, as well. This
option is free, but you will then definitely not earn any profit for this
component. Your total success score After each period t you will be informed about
After receiving this information feedback, we will start the
new period Before the first period starts, we kindly ask you to answer several questions concerning the rules of this experiment. Please answer them correctly. An experimenter will come to your place and explain things when answers are wrong. Définitions · Courbe de Lorenz : Elle a été développée par Max O.Lorenz comme une représentation graphique des inégalités de revenu. Elle peut aussi servir à mesurer l'inégalité d'un actif ou d'autres distributions. · Critère de dominance au sens de Lorenz : Il indique qu'une distribution est meilleure qu'une autre du point de vue de l'inégalité, dès lors que la courbe de Lorenz relative à la première distribution est située en dessous de celle de la seconde distribution. On définit de la même manière le critère absolu au sens de Lorenz à partir de la comparaison des courbes absolues des distributions. · Problème d'hasard moral : Cela correspond à une situation dans laquelle un principal délègue une action à un agent avec des préférences différentes. Cette action n'est pas observable par le principal. · Équilibre Markovien
parfait : Un équilibre markovien parfait correspond
à un profil de stratégies Pour tout et · Indice de Lerner : Cet indice correspond au taux de marge, il est aussi utilisé pour mesurer le pouvoir de marché d'une firme. · Innovation drastique : C'est une innovation qui permet d'abaisser le coût de production du produit, de telle manière que le prix de monopole est inférieur au prix pratiqué par les concurrents. Par conséquent, l'innovateur récupère tout le marché. · Innovation non drastique : C'est une innovation qui permet d'abaisser le coût de production du bien, mais contrairement à l'innovation drastique, elle ne permet pas à l'innovateur de pratiquer le prix de monopole car le coût de production n'a pas suffisamment diminué. · Spillover : En français, il s'agit d'un transfert sectoriel, qui par exemple, caractérise le transfert de l'information d'un secteur à un autre ou encore d'une entreprise à une autre. Références bibliographiques · Acemoglu, D., Aghion, P., et Ziliboti, F. 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