III. 3. DYNAMIqUE MARINE :
La grande côte sénégalaise est
essentiellement dominée par la présence des houles de NW,
engendrant une dérive littorale de même direction. Les vagues
arrivent en général sur le rivage avec une certaine
obliquité qui explique l'existence, entre les lignes de
déferlement et le trait de côte, d'un courant parallèle au
littoral. Cette dérive littorale provoque un important transport de
sable qui a fini par édifier le cordon littoral sableux de la Langue de
Barbarie. Les houles du SW exercent une faible influence sur l'évolution
du littoral au large de Saint-Louis. Elles perdent une bonne partie de leur
énergie par suite d'une diffraction au niveau de la presqu'île du
Cap-Vert qui constitue un véritable écran dont l'abri englobe
toute la Langue de barbarie. Le transit sédimentaire assuré par
la dérive littorale aux larges des côtes saintlouisiennes est
soumis à des périodes d'accélération et de
ralentissement.
Les contours de la côte du delta du
Sénégal sont le résultat d'un état
d'équilibre entre l'action du fleuve et des courants de houle. La
morphologie de l'avant-côte est marquée de sillons
perpendiculaires au rivage, profonds de 0,6 à 1,3 m et larges de 3
à 5 m, qui se succèdent régulièrement sur une zone
de 30 à 40 m.
L'onde de marée qui se manifeste sur la côte
saint-louisienne est de type semi-diurne; mais présente tout de
même une composante diurne de l'ordre de 20 cm d'amplitude. Le marnage
est microtidal, un peu supérieur à 1 m. Il est de 0,50 m en morte
eau, ce qui a pour conséquence un faible développement des
estrans qui signifie zone de balancement des marées.
On observe deux grandes circulations superficielles: le
courant nord équatorial qui transporte vers l'Ouest les eaux froides du
courant des Canaries, le contre-courant équatorial qui transporte vers
l'est les eaux chaudes et salées formées sur la bordure sud du
tourbillon nord atlantique. Pendant la saison des alizés, de novembre
à mai, les courants océaniques, au large de Saint-Louis, sont
essentiellement tributaires du courant froid des Canaries.
Les côtes sénégalaises sont
baignées par d'importantes remontées d'eaux profondes ou
"upwellings" qui proviennent de la région des eaux centrales sud
atlantiques. Ces courants se manifestent intensément de février
à avril entre Saint-Louis et Dakar et dépendent essentiellement
de deux facteurs : la morphologie du plateau continental et le régime du
vent. Bbl-Sw (1985) a enregistré à 9 mètres de profondeur
avec une direction prédominante du sud (80 % du temps), entre janvier et
juin 1983, des vitesses de courant entre 5 et 20 cm.s-1 avec des
pointes de 42 cm.s-1. Dès le début de la saison
humide, les masses d'eau méridionales repoussent le front des
remontées d'eaux froides, le courant de surface se propage alors du sud
au nord à une vitesse entre 5 et 15 cm.s-1 avec des pointes
de 30 cm.s-1 .
Dans la région de Saint-Louis, deux types de houles se
manifestent suivant les périodes :
La houle du nord-ouest prédomine pendant toute la
saison sèche d'octobre à juin et a pour origine les
tempêtes lointaines de l'Atlantique nord du quadrant NW (N 320°
à N 3 60°). Cette houle atteint la côte sous forme de trains
de grande longueur d'onde (en moyenne de 190 à 300 mètres), son
amplitude est généralement plus forte (les valeurs moyennes sont
comprises entre 1 et 1,60 m) et elle se propage à une vitesse de l'ordre
de 22 m/s. La direction moyenne de propagation, pour ces houles d'origine
septentrionale, se situe par 22° nord-ouest. A l'approche de la côte
de Barbarie, elles subissent une réfraction sur le fond au niveau du
plateau continental ; elles perdent une grande partie de leur énergie et
déferlent plus ou moins obliquement par rapport à la côte.
La houle de NW provoque une mobilisation puis un important transport de sable
dans le sens nord-sud (dérive littorale).
Les houles du sud-ouest se manifestent de juin à
octobre et ont pour origine les grands vents d'ouest de l'Atlantique sud :
elles sont liées par leur direction et leur fréquence aux flux de
mousson issus de l'Anticyclone de Ste Hélène. Leur amplitude est
moins importante (valeurs moyennes comprises entre 0,80 et 1,20 m) et leur
période plus courte (entre 5 et 10 secondes). Leur action est aussi
moins marquante : elles perdent une bonne partie de leur énergie par
suite d'une diffraction subie au niveau de la presqu'île du Cap-Vert,
véritable écran dont l'abri englobe toute la Langue de Barbarie.
Cette période des houles australes correspond au
"démaigrissement" de la plage par suite de la diminution du transport du
matériel sableux.
Sur la côte, toutes ces houles, surtout celles du NW,
engendrent surtout la dérive littorale. C'est à son existence que
l'on attribue la faible élévation du seuil de l'embouchure du
fleuve Sénégal. Elle a une direction N-S en face de la Langue de
Barbarie ; sa vitesse varie
1
entre 0,13 et 0,57 m.s-1.Barusseau et al,
(1993) indiquent des valeurs mesurées de 0,30m.s-. Le transport de
sable occasionné par cette dérive littorale se produit surtout
dans cette zone des brisants à moins de 2,50 m IGN. On évalue
à environ 600 000 m3 le volume de sable apporté
annuellement à l'extrémité sud de la Langue de Barbarie
à partir des relevés topographiques et de son allongement moyen
annuel vers le sud (Kane, 1997).
Dans la vallée estuarienne, l'onde de marée en
régime naturel pouvait se propager dans le fleuve jusqu' à 450 km
de l'embouchure, par suite de la position du lit en contrebas de
l'océan. Dans l'estuaire court actuel, elle est réfléchie
à partir de la limite amont c'est-à-dire le barrage de Diama, une
vague est alors propagée vers l'embouchure.
Durant la période de la saison sèche, les
vitesses du courant diminuent en fonction de la profondeur et au fur et
à mesure que l'on s'éloigne de l'embouchure. A Gandiole on
enregistre près de 50 à 70 cm.s-1. On note pour les
durées d'écoulement, un équilibre relatif entre flot et
jusant, notamment pour les valeurs fournies par les mesures de surface et de
profondeur intermédiaire. Les vitesses de fond de chenal par contre
révèlent un rapport plutôt en faveur du jusant. Les maxima
de vitesse du jusant dépassent ceux du flot. Cette primauté du
jusant sur le flot est la traduction du comportement normal du fonctionnement
estuarien.
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