3. METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Le but de ce chapitre est de retracer les différentes
démarches qui ont servi de base à la réalisation du
présent travail. Sur la base des informations fournies dans ce chapitre,
il doit être possible de reproduire sous des conditions et avec des
instruments similaires cette étude. Bien entendu, une cohérence
doit s'établir entre les démarches méthodologiques et la
problématique de la recherche. Avant tout, il est important de justifier
le choix de la zone d'étude et de retracer les stratégies
adoptées pour la collecte des données et les méthodes
d'analyse qui ont été utilisées.
3.1. Sources de données
Deux grandes sources sont explorées pour la collecte des
données de cette étude. Il s'agit de la documentation et du champ
de l'étude.
3.1.1. La documentation
Dans l'optique de faire le point des études
antérieures et d'orienter la recherche, les ouvrages traitant des
questions théoriques relatives à la problématique et les
travaux de recherche ayant trait au sujet de recherche ont été
consultés. Les informations tirées de ces sources constituent des
données secondaires indispensables pour cette étude. En effet, la
phase documentaire s'est déroulée sur toute la durée de la
recherche. Les centres documentaires suivants nous ont été d'une
grande utilité : la Bibliothèque Centre de Documentation (BIDOC)
de la FSA, le Centre de Documentation et d'Information sur l'Agriculture
Biologique (CDIAB) de l'Organisation Béninoise pour la Promotion de
l'Agriculture Biologique (OBEPAB), la bibliothèque de l'International
Institut of Tropical Agriculture (IITA), du Centre du Riz pour l'Afrique
(ADRAO), de l'INRAB, du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de
la Pêche (MAEP), du Centre Communal de Promotion Agricole (CeCPA) de
Glazoué, de RABEMAR- ONG, ONG Castor appuis-conseils, ONG Un Monde et de
l'Union des Riziculteurs des Collines (UNIRIZ-C). Des articles de journaux
traitant des questions relatives à l'adoption et la diffusion des
innovations agricoles ont été tirés des sites Internet
notamment celui de l'agora.
3.1.2. Champ de l'étude
Les données primaires proviennent de cette source. A cet
effet, un séjour continu de deux mois quinze jours (Août-
Septembre- Octobre 2006) dans la zone d'étude nous a permis
de collecter les données aussi bien qualitatives que
quantitatives nécessaires et indispensables à une bonne
compréhension des différents aspects de la problématique.
Ceci n'a été possible qu'à travers
l'échantillonnage et à l'aide d'outils méthodologiques
appropriés.
3.2. Echantillonnage
Les raisons du choix de la zone d'étude et de
l'échantillonnage des unités de recherche sont
présentées dans cette partie.
3.2.1. Choix de la zone d'étude
La zone d'étude retenue est la commune de
Glazoué dans le département des collines. Il s'agit de la zone
agro écologique n°15 selon le découpage effectué par
le service des statistiques du MAEP. Le choix de cette zone se justifie par le
fait qu'elle possède une longue tradition dans l'étuvage du riz
et constitue aussi l'une des premières zone d'introduction du dispositif
amélioré d'étuvage au Bénin par de nombreuses
institutions et ONGs parmi lesquelles on peut citer le Consortium Bas-fond
(CBF) en collaboration avec l'ADRAO et l'INRAB, le Programme Spécial
pour la Sécurité Alimentaire (PSSA), le Programme d'Appui au
Développement du Secteur Agricole (PADSA), l'ONG VECO Bénin
(Vredeseilanden Country Office) par le biais de ses partenaires (ONG : RABEMAR,
Un Monde, Castor Appuis-conseils, LDLD), l'ONG Oxfam Quebec par le biais du
Consortium pour la Professionnalisation de l'Agriculture dans les Collines
(CPAC) et de l'UNIRIZ-C.
3.2.2. Choix des villages d'étude
Trois villages ont été retenus dans le cadre de
cette étude. Il s'agit des villages de Magoumi, de Kpakpaza et de
Ouèdèmè. Ces villages ont été choisis du
fait qu'ils constituent les villages où les transformatrices ont
été formées à l'usage du dispositif
amélioré d'étuvage, à cause de l'importance de
l'activité d'étuvage dans ces villages, de leur
accessibilité et de la disponibilité des personnes à
enquêter pour les interviews.
3.2.3. Choix des unités de
recherche
Les unités de recherche concernées par cette
étude sont d'une part, les institutions ou structures qui jouent un
rôle déterminant dans la promotion du riz étuvé et
d'autre part, les acteurs locaux (transformatrices, meuniers, artisans,
commerçants de riz et consommateurs).
L'échantillon qui a servi de base pour les
enquêtes individuelles auprès des transformatrices est
composé de quatre vingt dix (90) transformatrices dont trente (30)
par
village. Au niveau de chaque village, le choix des
transformatrices s'est fait en tenant compte de la typologie que nous avons
réalisée au cours de phase exploratoire. Cette typologie des
transformatrices s'est basée sur les critères activités
principales et quantité de paddy transformée et vendue par
semaine. Ceci nous a permis de distinguer trois types de transformatrices : les
producteurs-transformateurs, les collecteurs-transformateurs et les
grossistes-transformateurs. Les producteurs-transformateurs sont les femmes qui
produisent et transforment tout ou partie de leur production ou celui de leur
conjoint. L'étuvage du riz constitue pour elles une activité
secondaire après l'agriculture. Elles n'étuvent guère plus
qu'une bassine de paddy par semaine soit un équivalent de 3 3,25 kg et
ceci en période d'intense activité (novembre à mars),
avant le début de la saison agricole. Les collecteurstransformateurs
sont celles qui achètent du paddy, le transforme puis le met sur le
marché. Leur capacité de transformation varie entre un et trois
bassines de paddy par semaine (soit un équivalent 33,25 à 100
kg). Les grossistes-transformateurs regroupent celles pour qui l'étuvage
constitue une activité principale. L'étuvage constitue pour
certaines d'entre elles leur seule et unique activité. Cette
catégorie de transformatrice embrasse au minimum cinq bassines de paddy
par semaine et ceci toute l'année. La différence entre cette
dernière catégorie et la deuxième se trouve donc dans la
quantité de riz transformée. Le tableau 1 montre la
classification des transformatrices recensées par village. Le tableau 2
montre la répartition des trente transformatrices
sélectionnées par village et par catégorie. Au total,
notre échantillon est composé de 72% de
producteurs-transformateurs, 17% de collecteurstransformateurs et 11% de
grossistes-transformateurs. Le critère de choix des
enquêtés dans chaque catégorie est leur
disponibilité à répondre à nos questions.
Tableau 1: Classification des transformatrices par
catégorie
Catégories
|
Producteurs
|
Collecteurs-
|
Grossistes-
|
|
Villages
|
transformateurs
|
transformateurs
|
transformateurs
|
Total
|
Magoumi
|
60
|
20
|
15
|
95
|
Kpakpaza
|
30
|
5
|
2
|
37
|
Ouèdèmè
|
55
|
12
|
7
|
74
|
Source : Enquête, 2006
Tableau 2: Répartition des 30 transformatrices
sélectionnées par village
Catégories
|
Producteurs
|
Collecteurs-
|
Grossistes-
|
|
Villages
|
transformateurs
|
transformateurs
|
transformateurs
|
Total
|
Magoumi
|
19
|
6
|
5
|
30
|
Kpakpaza
|
24
|
4
|
2
|
30
|
Ouèdèmè
|
22
|
5
|
3
|
30
|
Total
|
65
|
15
|
10
|
90
|
Source : Enquête, 2006
Parallèlement aux entretiens individuels avec les
transformatrices, nous avons eu des discussions de groupe avec les membres des
groupements dans lesquels le dispositif a été introduit.
Au niveau des institutions, nous avons enquêté
systématiquement les responsables et agents des structures qui
interviennent directement dans la diffusion du dispositif
amélioré d'étuvage du riz. L'enquête
systématique a concerné aussi les artisans locaux
impliqués dans la duplication du dispositif qui sont au nombre de trois
dont deux formés pour cette activité.
3.3. Différentes phases de déroulement
de l'enquête
Les enquêtes de terrain se sont déroulées
en deux phases : la phase exploratoire et la phase d'enquête
approfondie.
3.3.1. Phase exploratoire
La phase exploratoire qui a duré deux semaines a
consisté en une prise de contact, de reconnaissance et
d'intégration dans le milieu d'étude. Elle nous a permis de
connaître véritablement le milieu d'étude. C'est au cours
de cette phase que des contacts ont été pris avec les
autorités administratives du milieu (Maire, chef d'Arrondissement, chef
de Village), les autorités des organismes de développement et
d'encadrement (CeRPA, ONG RABEMAR, Castor appuis-conseils et Un Monde,
Organisations Paysannes, etc.), mais aussi avec les autres pouvoirs locaux
(chef religieux, chef de terre, etc.) et les personnes ressources pour discuter
du sujet. Ainsi, les discussions individuelles et de groupes avec ces
différents acteurs nous ont permis non seulement de choisir les
unités d'étude, ainsi que l'échantillon à
enquêter, mais aussi la redéfinition et la réadaptation des
objectifs, questions et la méthodologie de recherche,
l'élaboration et le test des instruments de mesure.
3.3.2. Phase d'enquête approfondie
La phase d'enquête approfondie a duré deux mois.
Elle a consisté à l'exécution de l'enquête sur la
base de questionnaire et des guides d'entretiens auprès des
différentes unités de recherche (personnes ressources,
transformatrices, Institutions de micro finance, paysans, ONGs et autres
structures d'intervention). Cette phase nous a permis de collecter les
informations relatives à nos objectifs de recherche.
3.4. Méthodes et Outils de collecte des
données
Cette étude a plus un caractère qualitatif et la
méthodologie utilisée est conforme à cette orientation.
Ainsi, les données ont été collectées avec
essentiellement quatre techniques que sont les observations participantes, les
entretiens non structurés, semi-structurés et structurés
et la triangulation.
3.4.1. Observations participantes
Selon Daane et al. (1992), l'observation participante
est une technique d'étude des acteurs sociaux et de leur interaction
dans leur contexte réel par un chercheur qui est intégré
dans le milieu. Cette méthode permet aussi, en participant aux
activités des acteurs, de gagner leur confiance et de pouvoir avoir des
informations fiables. Ainsi, notre séjour dans le milieu d'étude
pendant deux mois quinze jours nous a permis de nous familiariser avec les
ménages enquêtés auprès desquels nos visites nous
ont aidés à collecter et à vérifier les
données par observation participante.
Les observations participantes nous ont permis en particulier
de vérifier les unités de mesure du paddy au niveau des
transformatrices, d'observer le processus d'étuvage du riz (traditionnel
et amélioré), de vérifier le système de
commercialisation du riz local, le fonctionnement des groupements et les
systèmes d'information en vogue dans le milieu.
3.4.2. Les entretiens
Trois types d'entretiens ont été surtout
utilisés dans le cadre de cette étude. Il s'agit des entretiens
non structurés, entretiens semi-structurés et entretiens
structurés.
3.4.2.1. Entretiens non structurés
Ces entretiens ont été réalisés
tout au long de l'étude, d'abord pour mieux cibler les différents
acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé et du
dispositif amélioré d'étuvage, et ensuite pour explorer
certains contours du sujet de recherche ou pour
approfondir des aspects spécifiques. A cet effet, nous
avons rencontré les responsables des différentes structures
concernées, les membres des groupements villageois et d'autres personnes
ressources.
Ce type d'entretien nous a permis de comprendre la perception
des différents acteurs enquêtés et les réseaux
informels de communication entre ces derniers.
3.4.2.2. Entretiens semi-structurés
Les entretiens semi-structurés ont été
réalisés sur la base d'un guide d'entretien à
différents niveaux. Au cours des discussions de groupe et les entretiens
avec les institutions, les enquêtés ont été
invités à se prononcer de façon exhaustive, sur des
questions posées. Parfois, au cours de ces entretiens, nous intervenons
pour "redresser" les déviations persistantes éventuelles ou pour
orienter l'interlocuteur sur des aspects qui se sont
révélés pertinents lors de l'enquête standard
auprès des transformatrices. Ces entretiens de groupe ont
été réalisés avec les membres des groupements
retenus pour l'enquête, élargie à quelques
transformatrices. L'objectif de ces entretiens est de comprendre d'une part, le
fonctionnement des groupements et d'autre part les interrelations entre les
différents acteurs.
Au niveau des différentes institutions qui
interviennent dans la promotion du riz étuvé et du dispositif
amélioré, ce type d'entretien a été utilisé
pour comprendre leurs objectifs et rôles dans la diffusion du dispositif
de même que leurs perspectives futures dans le domaine
post-récolte du riz.
3.4.2.3. Entretiens structurés
Ces entretiens ont été administrés aux
transformatrices sur la base d'un questionnaire. Ils nous ont permis d'avoir
des informations sur l'organisation individuelle de la transformation du paddy,
les perceptions des transformatrices des atouts et contraintes liés
à l'utilisation du dispositif amélioré
d'étuvage.
3.4.3. La triangulation
La plupart des outils et lieux de collecte des données
ne permettent pas d'appréhender tous les contours du sujet
abordé. C'est en vue d'éviter les biais que nous avons
effectué une triangulation des outils de collecte, des lieux
d'observation et des sources d'information. Les mêmes informations ont
été recherchées au niveau de plusieurs sources et avec
différents outils. Les informations retenues sont celles provenant de
plusieurs sources concordantes.
Cette technique a l'avantage de rassurer de la fiabilité
et de la crédibilité des données collectées.
3.5. Données collectées
Les données collectées sont fonction des
objectifs spécifiques de la recherche, lesquelles dépendent des
questions de recherches formulées. Les principales données
collectées sont :
- les critères endogènes d'appréciation
du riz, leur hiérarchisation ainsi que la satisfaction des consommateurs
de la qualité du riz étuvé avec le dispositif
amélioré comparativement au dispositif traditionnel ;
- inventaire, caractérisation puis
catégorisation des acteurs intervenant dans la promotion du dispositif,
leurs interrelations, intérêts et rôles ainsi que leurs
perspectives ;
- perception des acteurs des caractéristiques du
dispositif amélioré ;
- organisation des interventions (vulgarisation) et le
système de communication entre les acteurs.
3.6. Méthodes et outils d'analyse des
données
Conformément à l'option méthodologique et
en fonction du caractère des données collectées au cours
de l'étude, les techniques d'analyse ont privilégié une
approche qualitative. Toutefois certaines données quantitatives ont
été recueillies et traitées par les logiciels Excel 2003
et SPSS 12.0. A cet effet, des analyses de tableaux, de graphes et graphiques,
les statistiques descriptives (moyenne, écart type, minimum, maximum)
ainsi que les tests t de student et le test de concordance de Kendall ont
été utilisés.
L'analyse des données qualitatives s'est faite à
travers les outils comme la comparaison, les citations, les diagrammes et
surtout l'outil "Enterprise Web"
3.6.1. La comparaison
La comparaison est une approche qualitative utilisée
pour établir la confrontation des objets et des pratiques. Elle permet
d'identifier les ressemblances et les écarts entre les
éléments comparés.
La comparaison, telle que utilisée dans notre
étude vise à faire ressortir les appréciations des acteurs
sur la qualité du riz, les atouts et contraintes liés à
l'utilisation du
dispositif amélioré tel que perçu par les
acteurs et ceci en relation avec la méthode traditionnelle
d'étuvage.
3.6.2. Les citations
Les citations constituent des témoignages qui viennent
illustrer les analyses effectuées. Elles sont en général
très utilisées dans le cadre de l'analyse des perceptions
où elles révèlent les opinions des divers acteurs par
rapport aux caractéristiques du dispositif amélioré.
3.6.3. Enterprise Web
Dans le continuum de la recherche-développement,
beaucoup de technologies agricoles appropriées ne sont pas
adoptées par les paysans. Parfois, ceci est dû à
l'inopportunité de la technologie, mais souvent à cause des
aspects socio - organisationnels relatifs à l'intervention (Drucker,
1985). L'outil "Enterprise Web" permet de prendre en compte les facteurs
d'ordre organisationnel nécessaire à la diffusion de la
technologie. C'est un outil analytique qui permet d'identifier les
séries d'activités nécessaires à la diffusion de la
technologie ainsi que leurs interrelations. Ainsi, la réalisation d'un
Enterprise Web devient un processus interactif et suppose que la technologie
répond aux critères d'acceptabilité/convenances des
paysans. En d'autres termes, il se focalise sur l'organisation des
interventions en mettant l'accent sur les relations nécessaires entre
les parties prenantes pour le succès de la vulgarisation (Magor,
2005).
L'Enterprise Web est représentée par un
schéma sur lequel l'acteur principal est placé au milieu. Dans
notre cas, l'acteur principal est représenté par les
transformatrices organisées en groupement ou non. Au-dessus de l'acteur
principal, sont dessinées toutes les activités nécessaires
pour adopter efficacement la technologie (le dispositif amélioré
d'étuvage dans notre cas). En dessous, on présente toutes les
activités utilisant le produit. Ceci peut faire aussi intervenir un
autre acteur avec des séries d'activités interactives. Dans le
cas de notre étude, le produit est le riz étuvé. Son
utilisation peut concerner l'autoconsommation ou la commercialisation sur le
marché local. Dans ce dernier cas, puisque la transformatrice participe
de ce fait à l'économie de marché, ses relations avec un
client (commerçant) peuvent être déterminantes pour
l'adoption du dispositif. Une forme générique d'un Enterprise Web
est présentée par la figure 2.
Figure 2: Forme générique d'un Enterprise
Web Source : Magor, 2005
Comme outil de visualisation, l'Enterprise Web est holistique.
Il aide à identifier toutes les activités essentielles et ainsi
aide les intermédiaires à structurer la prise de décision
concernant quel acteur pourrait mieux mettre en application telle ou telle
activité. Il est également possible d'employer l'Enterprise Web
pour déterminer les coûts de transaction auxquels le paysan devra
faire face en adoptant une nouvelle technologie et chercher ainsi à les
minimiser pour faciliter l'adoption.
|