5. LA RIZICULTURE DANS LA ZONE D'ETUDE
5.1. Introduction
La culture du riz joue un rôle important dans la
construction du revenu des populations des villages d'étude. Elle
constitue avec le soja le substituant de la culture du coton. Ces populations
produisent le riz préférentiellement non pas pour les besoins
alimentaires du ménage mais pour la vente à travers laquelle
elles arrivent à faire la richesse. L'objectif poursuivi par ce chapitre
est de présenter la filière riz dans la zone d'étude
à travers l'organisation de la production, de la transformation et de la
commercialisation et de mettre en exergue les contraintes à
différents niveaux.
5.2. La production du riz
La production du riz regroupe l'ensemble des activités
partant de la préparation du sol jusqu'à la récolte.
5.2.1. Préparation du sol
C'est un ensemble d'opérations qui conditionne une
bonne végétation et par conséquent une bonne production et
une meilleure rentabilité du riz. L'objectif principal du travail du sol
est de créer un environnement favorable pour la germination et la
croissance de la plante. En effet, une bonne préparation du sol permet
:
- d'améliorer la structure du sol (aération,
perméabilité et ameublissement de la zone racinaire) ;
- d'améliorer la topologie du terrain pour faciliter le
planage de la parcelle ; - de mieux répartir et incorporer la
matière organique ;
- d'obtenir une meilleure efficacité des engrais
minéraux et de mieux contrôler les adventices.
La préparation du sol regroupe trois opérations
que sont : le défrichement, le labour et le planage. Ces
opérations nécessitent une main d'oeuvre abondante que le
ménage agricole n'arrive pas toujours à satisfaire et fait
parfois recours à la main d'oeuvre salariée.
La préparation du sol se fait dans les villages
étudiés vers la fin du mois de Mai ou début Juin. Les
équipements utilisés sont essentiellement le coupe-coupe pour le
défrichage et la houe et le daba pour le labour et le planage.
L'utilisation de ces outils de travail entraîne
une perte de temps et augmente considérablement la
pénibilité du travail surtout lorsqu'on s'est que le sol est
argileux dans la plupart des cas. Mais la principale raison d'utilisation de
ces outils rudimentaires est la cherté des équipements et par
ricoché les moyens financiers.
5.2.2. Le semis
Le semis fait suite à la préparation du sol et
marque le démarrage de la production du riz. Il consiste à la
mise en terre des semences pour la germination. Dans tous les Villages
d'étude, seul le semis direct est pratiqué. Le semis se fait
directement à la main, à l'aide des pieds ou à l'aide de
la roulette pour faire les paquets (en ligne dans ce cas).
5.2.3. L'entretien
L'entretien regroupe les activités de désherbage
qui peuvent être manuels ou à l'aide de produits chimiques. En
effet, les adventices sont considérés comme la contrainte
biologique la plus importante faisant obstacle à la production rizicole.
La concurrence entre la plante pour les ressources essentielles à la
croissante (la lumière, les éléments nutritifs et l'eau
dans les zones pluviales) est le facteur limitant de la production rizicole
(Johnson, 1997). Le désherbage est donc une opération très
importante.
Dans la zone d'étude, parmi les adventices les plus
redoutables nous pouvons citer ceux résumés dans le tableau 8
ci-dessous.
Tableau 8: Exemples d'adventices redoutables
Noms en langue locale Mahi Noms en langue locale Idaatcha
Noms scientifiques
Gnibougbé - Synedrella nodiflora
Adrimakougbé Olirékou Commelina
bengalensis
Gbékoun Akpa-adja Digitaria horizontalis
Source : enquête, 2006
Il est important de signaler que l'apparition des ces
adventices contraint certains producteurs à abandonner le casier
rizicole du fait de la résistance de ces derniers au sarclage manuel et
même au désherbage chimique.
En effet, on note deux types de désherbage : le
sarclage manuel et le désherbage chimique (utilisation d'herbicide). Les
riziculteurs effectuent généralement deux sarclages. Le premier
intervient un mois après le semis et le second deux mois après le
semis. Le premier sarclage se fait avec la houe et le second uniquement
à la main et consiste à l'arrachage des
adventices disséminés dans le champ. Le sarclage
est une opération qui nécessite une certaine prudence de la part
du sarcleur. En effet, les adventices du riz contiennent souvent des
gaminées qui peuvent être confondues avec les jeunes plants. La
moindre inattention entraîne alors un enlèvement des plants du
riz, réduisant ainsi la densité et par voie de faite la
production. Cette situation est d'autant plus accentuée lorsque la
densité de semis est forte et le semis n'est pas en ligne, obligeant
à plus d'attention. Les conséquences sont une durée assez
élevée du travail et donc une quantité de main d'oeuvre
importante. Par ailleurs les démangeaisons que provoquent les feuilles
de riz ne favorisent pas la tâche aux riziculteurs surtout compte tenu
des outils utilisés. Ceci constitue un problème sérieux
surtout lorsqu'on sait que le sarclage du champ de riz coïncide avec le
sarclage ou la préparation du sol pour certaines spéculations
notamment le soja et les cultures vivrières.
Le désherbage chimique s'effectue à l'aide d'un
herbicide de post-levé sélectif du riz. L'application de
l'herbicide se fait dans la zone d'étude au plus tard 21 jours
après semis. Dans certain cas, malgré l'utilisation de
l'herbicide, le second sarclage est nécessaire.
5.2.4. La fumure minérale
Deux types d'engrais sont utilisés pour fumer les
parcelles rizicoles : le NPK et l'urée. Le NPK permet un bon
développement de l'appareil végétatif tandis que
l'urée est très importante pour la formation du paddy.
L'épandage de l'engrais se fait à la volée. Les moments
d'application de l'engrais varient d'un producteur à un autre et suivant
la variété du riz cultivée. D'une façon
générale, pour les variétés de riz à cycle
long, l'application du NPK intervient un mois après semis, juste
après le premier sarclage et l'urée deux mois après semis.
Toutefois certains producteurs appliquent un mélange NPK - urée
et ceci quarante cinq jours après semis.
Notons qu'en fin de cycle du développement du riz, les
riziculteurs doivent faire face aux menaces des oiseaux. La chasse aux oiseaux
se fait généralement par les enfants à l'aide des lances
pierres, des castagnettes et autres pièges et ceci chaque jour pendant
une dizaine d'heure. D'autres moyens endogènes sont aussi
utilisés pour chasser les oiseaux. Ces moyens consistent à placer
des épouvantails dans le champ ou à attacher entre deux poteaux
des bandes de cassette qui, sous l'effet du vent, produit du bruit qui dissuade
les oiseaux. Ces manières de luttes contre les oiseaux constituent, en
soi, une perte énorme de temps dans la mesure où ce temps aurait
pu être consacré à d'autres activités. Il urge donc
que des actions soient entreprises afin d'améliorer la lutte contre ces
oiseaux ravageurs.
5.3. Les opérations de récolte
Les opérations de récolte regroupent la coupe,
le battage, le vannage et le séchage du paddy. Ces opérations
sont très importantes dans la mesure où leurs mauvaises conduites
engendrent une perte de rendement et donc un effet non négligeable sur
la rentabilité de la production.
5.3.1. La coupe
La coupe du riz se fait à la fin du cycle de production
en un seul tenant ou de façon échelonnée. Elle est
échelonnée à cause de la rareté de la main
d'oeuvre, de l'entendu des superficies et du manque de moyen financier pour la
réalisation de la récolte en un seul trait. Les producteurs qui
adoptent la forme de récolte en un seul tenant attendent la maturation
complète des casiers rizicoles, puis engagent sur leur
périmètre une main d'oeuvre suffisante. Cette main d'oeuvre est
généralement composée d'hommes et de femmes qui
s'organisent et se divisent autour du travail : les hommes coupent les pailles
(récolte du paddy), les enfants et les femmes les mettent en tas. La
coupe se réalise à l'aide de coupe-coupe ou de couteaux. La
rémunération de la main d'oeuvre se fait en argent ou en
échange d'une certaine quantité de riz.
Le moment de la récolte est un paramètre
très important pour l'obtention d'un bon produit au décorticage.
En effet, les producteurs s'assurent de la maturité complète des
casiers lorsque les épis ou panicules sont jaune et se courbent. Ces
indices sont précédés par un jaunissement des feuilles,
mais suivi du durcissement des grains qui, sous la dent produisent un son aigu.
Au stade avancé de la maturation, les grains commencent à tomber
seul ou au passage du producteur dans le champ. Pendant cette période la
récolte devient très délicate et l'activité
destructrice des oiseaux granivores très intense. Ainsi enregistre-t-on
déjà des pertes à la récolte. Dans ces conditions,
quand bien même le battage sera rapide, force est de constater que ce
paddy déjà trop sec depuis le champ occasionne assez de brisures
au décorticage. Ceci présente comme conséquence la
réduction du rendement et la diminution de la valeur marchande du riz
à cause des brisures.
Une récolte précoce présente bien aussi
de conséquences telles que le taux d'humidité encore
élevé des pailles rendant le ramassage difficile ; le collage des
paddy aux panicules rendant le battage long et pénible, aboutissant
à cet effet à d'énormes pertes et par conséquent
à un faible rendement.
Notons enfin que dans les bonnes pratiques de fauchage, on
évite de couper près du sol ainsi que d'arracher le plant de riz
afin d'éviter que la terre ne se trouve à la récolte avec
le paddy. Une récolte de paddy souillée avec la terre se conserve
mal et donne après un riz de mauvaise qualité.
5.3.2. Le battage
Le battage est une opération qui suit la coupe du riz
au champ. C'est une opération de séparation des graines de
l'épi. Cette opération se fait généralement deux
jours après la récolte. Toutefois pour des raisons propres au
producteur, le délai peut varier allant même jusqu'à une
semaine.
5.3.2.1. Dispositions pré battage
Après la coupe, on procède en
général à la formation de botte en rangeant soigneusement
les épis coupés en de petits tas dans la même direction,
les panicules disposées les unes sur les autres pour le séchage.
Ces dispositions permettent la poursuite du séchage et le
détachement facile des grains paddy. Ceci permet donc d'obtenir un bon
rendement au battage.
5.3.2.2. Technique de battage du riz
Le battage se fait au champ sur une surface dure (tronc de
bois, dos de bassine renversé etc.). Cette opération est souvent
accomplie par les femmes et les enfants. Toutefois, les hommes peuvent
être aussi sollicités3. La réalisation de
l'opération de battage nécessite au préalable
l'étalement de bâche sur une surface bien dégagée au
champ. La surface dure est posée au milieu de la bâche
étalée sur le sol. Au cours du battage, les enfants sont
chargés de rapprocher les bottes de riz et les femmes s'occupent du
battage. L'opération consiste à taper les panicules du riz contre
la surface dure afin de détacher les paddy de l'épi. La
conséquence que cette technique de battage manuel peut présenter
est la cassure du grain de riz dans son enveloppe. Il en résulte donc un
taux important de brisure et par conséquent des pertes. Aussi
enregistre-t-on des pertes de grains paddy par projection au cours de
l'opération. De plus, beaucoup d'impuretés subsistent et exigent
dès lors un travail supplémentaire de vannage avant
l'opération de séchage suivante4.
3 Dans des cas exceptionnels, de manque de main d'oeuvre
féminine dans le ménage.
4 Dans le cas où le battage intervient avant le
séchage complète des graines dans le champ.
5.3.3. Le vannage
Le vannage intervient juste après le battage et
consiste à débarrasser le riz paddy des impuretés (sable,
débris et pailles...). Cette opération est réalisée
au champ par les femmes uniquement.
5.3.4. Le séchage du riz paddy
Le séchage du riz paddy est une technique de
réduction du taux d'humidité du paddy qui permet de
l'apprêter pour le stockage ou l'étuvage. Cette opération
est tributaire des conditions climatiques et se fait par exposition du riz
paddy au soleil. Dans la Commune de Glazoué, cette opération ne
se fait par le producteur que lorsque le battage intervient avant le
séchage complet des grains de paddy et se justifie par la
nécessité de continuer le séchage afin d'éviter des
pertes au stockage (moisissure des grains de riz). L'opération du
séchage consiste à étaler le paddy sur des bâches,
des sacs de jutes, des nattes ou des toiles cirées. Le paddy
étalé en couche mince au soleil est régulièrement
retourné pour favoriser le séchage des parties
inférieures. Selon les perceptions, le séchage n'est total que
lorsque le grain de riz quitte facilement la balle en triturant le paddy dans
la paume des mains.
L'opération de séchage tel que pratiquée
par les populations dans la zone d'étude présente beaucoup de
contraintes. La contrainte majeure est la surveillance des grains pendant tout
le temps d'exposition au soleil. La surveillance se fait contre les animaux
domestiques (l'opération se faisant à la maison) et aussi pour
éviter que la pluie ne tombe sur les grains.
Le séchage constitue une étape très
importante dans la phase post-récolte de riz. Cette étape
conditionne la qualité de riz obtenu et donc sa valeur marchande. En
effet, si le riz est mal séché le rendement au décorticage
et la qualité du produit fini en souffrirait. Un mauvais séchage
entrave profondément le stockage.
Pour être plus concret, le séchage
nécessite une certaine maîtrise. Cette maîtrise, selon
Troudé (1997), est difficile à réaliser lorsque le
séchage naturel est la seule technique utilisée. En effet, la
vitesse de séchage doit être maîtrisée : un
séchage trop rapide et/ou trop poussé provoque des amorces de
clivage dans le grain qui sont à l'origine des taux de brisures
élevés au décorticage. Le niveau de séchage doit
être optimal afin de ramener l'humidité dans l'ordre de 10%
environ (Houssou, 2002). Une teneur trop élevée peut
entraîner le développement de moisissures pendant le stockage
et/ou l'apparition de grains noirs. Elle réduit l'efficacité
du
décorticage et provoque le bourrage des machines. D'un
autre côté, un taux d'humidité trop faible fragilise le
grain et provoque des taux de brisures très élevés.
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