Section3: Les aspirations des
locataires quant aux changements de leur condition de vie.
L'analyse des aspirations des locataires quant aux changements
de leur condition de vie est basée sur un échantillon de 116
ménages locataires de l'enquête "Coût des habitations"
effectuée en 2002 à Cotonou par l'INSAE. La dite analyse sera
basée exclusivement sur la rubrique souhaits des locataires.
§1- Arrondissements de résidence souhaités
et les raisons sous jacentes
Une analyse du tableau croisé de l'arrondissement de
résidence actuelle du locataire et de l'arrondissement souhaité
indique que 13,8% des ménages enquêtés ne veulent pas
changer d'arrondissement de résidence. 37,9% ont l'intention de quitter
la ville de Cotonou et 48,3% veulent changer d'arrondissement. Parmi ces
derniers, la majorité penche pour les 12ème,
1er, 7ème et 5ème
arrondissements, mais l'indice d'attraction montre que le
5ème arrondissement est plus désiré que le
7ème.
Donc trois arrondissements sont convoités par les
ménages locataires désirant changer d'arrondissement de
résidence à savoir le 12ème arrondissement
(indice d'attraction : 4,50), le 1er arrondissement (indice
d'attraction : 3,00) et le 5ème arrondissement (indice
d'attraction : 1,00).
Les raisons évoquées pour le choix des
arrondissements souhaités sont diverses : "zone calme", " pas
de pollution ", " zone accessible" ; " près du
centre ville ", "zone commerciale" "zone animée" ;
"proche du lieu de travail ", "pour éviter l'inondation ",
"autres".
Une distribution de ces attributs selon la mobilité des
locataires montre que ceux qui veulent changer d'arrondissement dans Cotonou
sont en quête d'une zone calme en priorité et ceux qui veulent
quitter Cotonou, en dehors du fait que leur départ soit lié
à la recherche d'autres attributs, sont non seulement en quête
d'une zone calme mais également d'une zone où il n'y a pas de
pollution. Il peut être surprenant de noter que très peu de
locataires cherchent à éviter le risque d'inondation qu'il peut
courir en s'installant.
§2- Analyse des dispositions prises par les locataires
pour améliorer leur condition de logement
Plusieurs options s'offrent aux locataires pour
améliorer leur conditions de logement : changer de logement,
acquérir un terrain, bâtir un terrain que l'on possède
déjà, trouver une habitation économique et autres...
Aucune de ces dispositions ne semble être dominant. En
effet, un locataire sur quatre (25%) désirent changer de logement en vue
d'améliorer sa condition de logement, environ un locataire sur quatre
(24,6%) comptent bâtir un terrain qu'ils possèdent
déjà et plus d'un locataire sur cinq comptent acquérir un
terrain (22,8%). Les locataires qui comptent trouver une habitation
économique représente seulement 6% de l'effectif total.
En plus l'horizon de réalisation de ces mesures
diffère. Ceux qui veulent changer de logement veut le faire dans un
temps moyen de deux ans et demi mais la majorité le veut dans
l'immédiat ou dans deux ans. L'acquisition d'un terrain est
prévue dans un temps moyen de quatre ans, mais la majorité veut
le faire dans deux ans, cinq ans au plus. Bâtir le terrain qu'on
possède déjà est prévu dans un temps moyen d'au
plus trois ans et ceux qui veulent vivre dans une habitation économique
compte le réaliser dans un temps moyen de deux ans.
Section 4 : Les
limites du travail et les approches de solution
§1: Les limites du travail
Cette étude comme on pouvait s'en douter n'est pas
restée sans limites. Elle a été faite à l'aide des
données du recensement qui en réalité n'ont pas
été collectées aux fins d'une pareille étude.
Dans les recensements, les données sur les logements
sont inadéquates puisque, souvent, elles ne portent que sur la texture
des matériaux constitutifs des murs, du toit, du sol et sans qu'aucun
effort ne soit fait en direction d'une typologie de l'habitat. La notion de
ménage vient souvent prendre la place ou se confondre avec celle de
logement (habitation), sans que l'on puisse savoir si un ou plusieurs
ménages occupe (nt) le même logement ou la même concession.
Ce problème pouvait être réglé si l'on ne notait pas
l'inexistence d'un plan d'urbanisme de la ville de Cotonou. Celui-ci pouvait
nous renseigner sur l'occupation des logements, la composition des
ménages et bien d'autres choses encore.
Certaines variables économiques comme le revenu du
ménage, le coût du loyer et le coût du transport pourraient
permettre de mieux cerner la demande de logement mais ces variables ne sont pas
collectées lors du recensement. Une variable comme le revenu aurait pu
permettre d'évaluer le taux d'effort des ménages locataires, qui
n'est que la part du revenu consacré au loyer. Est-il besoin de rappeler
que consacrer un fort pourcentage de son revenu au loyer, c'est devoir couper
d'autres besoins essentiels, en premier lieu dans la nourriture ? On
pourrait aussi voir le pourcentage de ménages locataires consacrant plus
de part de leur revenu au loyer par sexe. Ceci permettrait de mieux voir si les
problèmes de logement ont un sexe.
Les pouvoirs explicatifs des différentes variables
introduites dans les modèles ont certainement souffert des insuffisances
de ces variables à expliquer les comportements étudiés,
quand bien même ont pu ressortir certains éléments
explicatifs. Il serait par conséquent intéressant qu'une
enquête soit spécifiquement conçue et menée pour une
pareille étude.
§2: les implications en terme de politiques de
logement
Compte tenu des difficultés rencontrées sur le
terrain pour la collecte des informations il serait important que la mairie de
Cotonou crée un service d'analyse des données urbaines. Ce
service aura pour mission la collecte des données statistiques, leur
analyse, l'étude des éléments de choix entre plusieurs
actions possibles. La collecte des données pourra permettre d'accumuler
les informations concernant
ü le parc immobilier;
ü le parc de logements;
ü la population;
ü les activités;
ü les équipements collectifs.
Mais l'aboutissement de cet idéal suppose que la mairie
dispose réellement d'une autonomie financière qui pourra lui
permettre de faire face aux dépenses y afférente.
Confier les services essentiels à des entreprises
privées: les entreprises privées peuvent assurer
l'approvisionnement en eau, en gaz et en électricité, s'occuper
des canaux, des services de la voirie. Pour ce faire, la municipalité
peut conclure des contrats à long terme avec ces entreprises,
essentiellement pour des raisons financières, car elle manque de
capitaux et les subventions de l'Etat sont très limitées.
Les mesures pertinentes à envisager peuvent
être:
ü La limitation de l'acquisition de parcelles par les
ménages à Cotonou ;
ü La mise en place d'un Plan d'action pour la
réhabilitation de la ville de Cotonou ;
ü La promotion et l'encouragement de la construction
verticale ;
ü La création d'une agence immobilière
sociale destinée à rapprocher l'offre et la demande de logements
adaptés. L'objectif premier sera de recenser la demande de logement non
satisfaite et de la rapprocher d'une offre soit existante soit à faire
émerger du parc privé de manière à atteindre une
certaine convergence entre l'offre et la demande de logements sociaux
adaptés.
ü L'adoption d'une politique d'habitation de logement
social par exemple les Habitations à Loyer Modéré (HLM)
qui sera gérée par la municipalité. Un logement social est
un logement qui appartient à la collectivité et non à des
intérêts privés ; il est sans but lucratif et il est
directement subventionné par l'Etat qui y exerce une certaine
réglementation. Il parait être la formule la plus complète
et la plus durable d'aide au logement et présente beaucoup
d'avantages :
Ø Parce qu'il n'est pas guidé par la notion de
profit, le logement social représente la seule solution permanente et
complète aux problèmes de logement ;
Ø Il offre une alternative au marché
privé plutôt que de passer par celui-ci ;
Ø Il permet de payer des loyers inférieurs
à ceux du marché ;
Ø A prix similaire, l'habitation sociale offre
généralement des logements de meilleure qualité que le
privé ;
Ø Le logement social peut aider les gens à
exercer un plus grand contrôle sur leurs conditions de vie,
particulièrement les logements coopératifs qui sont
gérés par leurs membres qui sont individuellement locataires de
leur logement et collectivement propriétaires de la
coopérative;
Ø Il contribue à l'amélioration physique
des logements, tout en permettant le maintien de la population
résidante. Il peut également jouer un rôle important dans
la revitalisation des quartiers anciens.
Le logement social doit être au coeur d'une politique
d'habitation qui devra aussi renforcer les contrôles sur le marché
privé plutôt que de les affaiblir. Par ailleurs, la lutte contre
les problèmes de logement ne sera menée à terme que si
tous les ménages se voient en même temps assurés d'un
revenu décent, suffisant pour subvenir à l'ensemble de leurs
besoins, dont celui de se loger.
Faire une perspective à long terme afin de
prévoir les besoins futurs de logement. En matière de logement,
on fait habituellement deux types de projections: des perspectives à
court terme qui portent sur les tendances économiques et sociales
actuelles et des prévisions à long terme qui examinent les
changements démographiques, permettant de prédire quelles seront
les tendances en matière de logement.
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