![]() |
Discriminations et conflits, Contribution à l'étude de la « conscience de condition » de la population de Ngaba( Télécharger le fichier original )par Jean Pierre Mpiana Tshitenge wa Masengu Université de Kinshasa - D.E.A en sociologie 2004 |
1.2. Etat des lieux des études congolaises de classes sociales.Au Congo, la plupart des études sur la stratification sociale se sont inscrites dans le modèle marxiste et ont porté sur les classes sociales saisies à partir de l'intégration de cette formation sociale dans le mode de production capitaliste. Ces études ont décrit les différentes classes de la société congolaise, leurs rapports ainsi que leur rôle dans le devenir national. Parties des années 1950, les études sur les classes sociales au Congo peuvent être regroupées en trois périodes correspondant chacune à une thématique spécifique. 1.2.1. La constitution de la classe organique à la colonisationLa première période court de 1950 à 1970. Les études de cette période sont dominées par l'analyse de la classe moyenne qui se développe en marge des colons blancs et des "indigènes"10(*). La constitution de cette classe, comme l'entrevoyait les colons belges, devrait répondre aux impératifs de l'efficacité de l'entreprise coloniale belge au Congo. Dans une correspondance confidentielle adressée à Buiseret, Ministre des colonies, la Fédacol (Fédération congolaise des classes moyennes) stigmatisait la vocation de cette classe en ces termes : « Il faut organiser une classe d'indigènes évolués (...) qui se déclarerait d'accord avec les idéaux et les principes de notre civilisation occidentale, et qui seront, à standing égal, nos égaux en droits et devoirs ; moins nombreux que la masse indigène, mais puissants et influents, ils seront ces alliés qu'il nous est indispensable de trouver auprès des communautés indigènes. Ces classes moyennes seront la bourgeoisie noire qui commence à se développer partout, que nous devons aider à s'enrichir et à organiser et qui, comme tous les bourgeois du monde, seront opposés à tout bouleversement aussi bien intérieur que venant de l'extérieur11(*) ». Ce projet de formation d'une classe moyenne des indigènes alliés à l'entreprise coloniale n'a pas suscité que d'enthousiasme dans les milieux coloniaux. Certains redoutaient du revirement de la situation et du danger qui en résulterait pour l'entreprise coloniale. A ce sujet, le CEPSI, repris par Crawford Young, déclarait que « l'expérience coloniale des nations européennes doit nous inciter à éviter de créer hâtivement une classe d'indigènes hautement qualifiés de laquelle surgiraient probablement des éléments cherchant à s'emparer de la masse inculte pour accéder au pouvoir et la priver de l'assistance encore indispensable du peuple colonisateur12(*) ». Les événements qui conduisirent à l'indépendance du Congo en 1960 confirmèrent cette crainte exprimée par CEPSI. Cette classe moyenne avait joué un rôle important dans la lutte pour la souveraineté du Congo. * 10 A titre indicatif, on peut retenir pour cette période les travaux ci-après :
Octobre, Kinshasa, 1965. * 11 Fedacol, Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 5, 3 juillet 1959, cité par Crawford Young, Introduction à la politique congolaise, éd. Universitaire du Congo, CRISP, Bruxelles, 1965, p.35 * 12 CEPSI cité par Crawford, Y., op.cit, p.35. |
|