TITRE 2. ANALYSE ET PERSPECTIVES DE LA
DÉFINITION.
94En temps de guerre.
Savoir si la définition du terrorisme retenue par le
projet de déclaration finale sera ou non acceptée par la
communauté internationale, relève presque de l'art divinatoire.
En effet, si certains éléments de la définition peuvent
faire l'objet d'un consensus (1), les déclarations de nombreux
États laissent néanmoins présager d'intenses
négociations autour de deux questions cruciales qui cristallisent depuis
longtemps déjà les clivages: la question du "terrorisme
d'État" (2) et celle du droit des peuples à
l'autodétermination (3).
CHAPITRE 1: UN CONSENSUS SUR CERTAINS ACTES
CONSTITUTIFS DU TERRORISME?
On l'a vu, le projet de déclaration finale qualifie de
terroriste :
- <<Tout acte commis dans l'intention de
causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des
non-combattants [...J » (Section 1).
- « [...J Lorsque l'objectif de cet acte, par sa
nature ou son contexte, est d'intimider une population ou de contraindre un
gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou
à s'abstenir de le faire>> (Section 2).
Section 1: Le meurtre de civils : un élément
incontestable du terrorisme.
En qualifiant la nature des cibles d'actes terroristes de
<<civils>> ou de
<<non-combattants >>, la définition du
projet de déclaration finale reprend ici une des pierres angulaires du
Droit International Humanitaire (DIH): le principe de distinction entre combatt
ants et non combattants.
Or, l'attaque indiscriminée, ou celle visant directement
des civils durante bello94 constitue
déjà une infraction internationale : le crime de guerre.
Le terrorisme ne serait donc en réalité qu'un crime
de guerre en temps de paix (durante pacis)?
Quoi qu'il en soit, définir le terrorisme par la
qualité de ses victimes permet d'éviter d'interminables
débats sur les motivations "justes" ou "légitimes" de ses
auteurs. Ainsi que le rappelle justement le Président du groupe des
Personnalités de Haut niveau, Anand Panyrachun95,
«Aucune cause sous le soleil ne peut justifier le meurtre
délibéré de civils. Le meurtre de civils n 'est pas
justifié, quelles que soient les circonstances
»96.
Ce serait s'engager vers une voie sans issue que de commencer
à examiner les causes défendues par les terroristes.
Si la définition universelle du terrorisme doit faire
abstraction des justifications idéologiques de l'acte, la seule
référence à la qualité des victimes ne suffit
pas:
L'objectif poursuivi distingue également le terrorisme
d'autres infractions.
Section 2: La finalité du terrorisme: autre
élément de consensus
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