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La grande pauvreté dans l'agglomération bordelaise en 2006: Etat des lieuxpar Maia MICHEL Université Bordeaux 2 - Master 2 Professionnel Chargé d'études sociologiques 2006 |
II. TROIS COMMUNES DE L'AGGLOMERATIONLes communes les plus en difficulté de l'agglomération bordelaise : Lormont, Mérignac et Pessac, font toutes partie de la première couronne de Bordeaux.89(*) Elles comportent chacune plusieurs quartiers prioritaires, zones classées ZUS ou ZRU. Les principaux acteurs institutionnels de l'action sociale territoriale intervenant sur l'ensemble de l'agglomération sont : les CCAS, les MDSI, l'ANPE, la CAF, le CAIO, les MOUS, les Missions locales, les Centres sociaux et culturels, le Centre Régional des OEuvres Universitaires et Scolaires (CROUS), la Caisse Régionale d'Assurance Maladie (CRAM), les Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS), la Fédération Nationale des établissements d'Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS), le Développement Social Urbain (DSU) etc. Parmi les associations on compte par exemple : la Ligue des Droits de l'Homme, Réseau 32, Logia 33, ATD Quart Monde. Enfin, au niveau caritatif on retrouve entre autres : la société St Vincent de Paul, le Secours Populaire Français, le Secours Catholique, le Secours Islamique, le Diaconat (Entraide protestante), les Restaurants du coeur, Emmaüs, la Croix Rouge Française. A Lormont, nous avons interviewé M. Alain Coqblin, directeur-adjoint du CCAS de Lormont, dans les locaux du CCAS. Celui-ci nous a rappelé quelques éléments historiques pour nous expliquer la formation de certaines zones de pauvreté dans la ville, avant d'évoquer les questions du logement et de l'aide sociale sur la commune. A Pessac, nous avons rencontré M. Thierry Lemière, Chef de projet de la MOUS communale de Pessac, à la mairie. La MOUS est un dispositif visant l'accès au logement des personnes défavorisées. C'est une démarche associant localement des équipes pluridisciplinaires (action sociale et logement) et dont l'objectif est de concevoir et de mettre en oeuvre des «solutions-logement» adaptées aux besoins de personnes défavorisées. Elle est généralement ciblée sur des catégories de personnes marginalisées nécessitant une action d'insertion spécifique.
A. Lormont :La commune de Lormont, située sur la rive droite de la Garonne, fait partie de l'ensemble des Hauts de Garonne, classé en ZRU. Sa situation géographique lui confère certaines caractéristiques qui ne sont pas sans conséquences, comme nous le verrons. 1. Question urbaine et sociale :Au XIXème siècle, Lormont était un lieu important de villégiature, comme en témoigne la présence de dix-sept châteaux. La ville a connu ensuite une phase de croissance lors de la période de plein emploi des années 1960, et c'est à cette époque qu'ont été construites les cités d'habitat social. Trois facteurs y ont contribué : le projet de développement du port de Bordeaux (qui n'a finalement pas été réalisé) ; la destruction de quartiers comme Mériadeck, nécessitant de reloger les populations ; l'arrivée des pieds noirs d'Afrique du Nord ou d'autres immigrants. La non extension du port de Bordeaux n'a pas engendré les emplois escomptés, ce qui posa un problème social majeur. De plus, le choc pétrolier et la crise économique qui suivirent dans les années 1970 aggravèrent cette situation et laissèrent les quartiers de Lormont de plus en plus défavorisés. La commune de Lormont compte aujourd'hui cinq quartiers prioritaires, parmi lesquels les plus en difficulté sont : Carriet et Génicart. a) Carriet :La cité a été créée au milieu des années 1960. Elle est localisée sur un site vallonné dominant la Garonne, dans un triangle pris entre la rocade, une voie ferroviaire et une voie rapide, avec vue sur le pont d'Aquitaine. Elle est composée de deux ensembles : d'un côté des petites maisons, de l'autre 1 400 logements HLM, regroupant au total 3 800 habitants - près d'un cinquième de la population lormontaise- sur 60 hectares (la densité résidentielle est de 130 hab/ha en moyenne). Ce quartier est une concentration d'habitat social à près de 95%. Son caractère a priori de quiétude cache de grosses difficultés, liées notamment au fort taux de monoparentalité, à des conflits de générations et à l'obsolescence de l'ensemble du patrimoine bâti, privé comme public. La population de l'habitat social a les caractéristiques des quartiers périphériques en difficulté, celle du tissu pavillonnaire est plus âgée. Les moins de 15 ans sont nombreux (26%), les 25- 59 et les plus de 60ans sont sous-représentés (45% et 15%). Il y a une très forte proportion d'étrangers (16%) et de ménages de plus de six personnes (6% contre 2% sur la CUB). Les habitants de Carriet sont très peu qualifiés : la moitié des plus de 15 ans n'a aucun diplôme, 10% ont le bac ou plus, contre 32% sur la CUB. Le taux de chômage est particulièrement élevé (35%), et affecte surtout les femmes et les jeunes, plutôt sur une longue durée (67%). Le secteur est bien équipé mais la plupart des équipements nécessitent une requalification. * 89 Cf. Tableau statistique comparatif en annexe. |
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