c) Une nouvelle manière de faire
Le cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté (CSLP) semble avoir pour vocation à devenir le
document de référence en ce qui a trait aux rapports entre les
pays concernés et les bailleurs de fonds
(bi/multilateraux). Ce document répond à la
nécessité de mettre en place des stratégies de
réduction de
la pauvreté, avec comme acteurs principaux les
pays eux-mêmes, en accord avec les objectifs internationaux de
développement et plans d'actions formulés lors des
principaux sommets internationaux.78 La lutte contre la
pauvreté est placée dorénavant au coeur des
politiques de développement. Au niveau national, de nombreux
pays se sont engagés dans ce processus - une soixantaine de
pays en 2002 signale le FMI79- et ont déjà
adopté cette démarche. Elle implique certaines exigences,
introduit des innovations et transfère aux pays certaines
responsabilités, de nouvelles charges dans le souci d'assurer
l'efficacité de la démarche et des mesures. La conception des
mesures anti-pauvreté est, par exemple, de leur ressort
plutôt qu'imposée de l'extérieur comme auparavant.
Cette nouvelle démarche continue de soulever de
nombreux questionnements quant à leurs enjeux véritables et
des critiques aussi bien sur les plans technique que politique. En
plus des différents enjeux qu'elle suscite, notamment celui de
passer de la conditionnalité à la sélectivité,
la nouvelle démarche est à la base d'autres modifications comme
les rapports entre les institutions de financement multilatéral et les
pays membres d'un coté, et ces institutions entre elles, qu'on
a assimilé à un
« changement de culture et de comportement
institutionnels».80 Ce processus de changement touche
l'ensemble des acteurs depuis les bailleurs jusqu'au
gouvernement récepteur qui se voit obliger à
78 Ces objectifs procèdent d'accords et de
résolutions issus des conférences mondiales organisées
par l'ONU dans la première moitié des années 90, qui ont
donné à la communauté internationale l'occasion de se
mettre d'accord sur les mesures à prendre pour réduire la
misère et
parvenir au développement durable. [...] Ces objectifs
internationaux de développement visent l'aspiration la plus chère
à tout être humain,
un monde libéré de la pauvreté et des
souffrances qu'elle cause. Ces objectifs sont quantitatifs, de sorte
que l'on peut suivre les progrès
[...].Chacun des sept objectifs vise un aspect précis de
la pauvreté; il faut les considérer comme un tout dans la mesure
où ils se renforcent
les uns les autres : Réduire de moitié entre 1990
et 2015, la proportion de la population qui vit dans l'extrême
pauvreté ; Scolariser tous les enfants dans l'enseignement primaire
d'ici à 2015 ; Progresser vers l'égalité des sexes et
l'autonomisation des femmes, éliminer les disparités
entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici
à 2005 ; Réduire des deux tiers les taux de mortalité
infantile et juvénile entre
1990 et 2015 , Réduire des trois quarts les taux de
mortalité liée à la maternité entre 1990 et 2015 ;
Mettre les services de santé en matière de reproduction à
la disposition de tous ceux qui en ont besoin d'ici à 2015 ; Appliquer
des stratégies nationales axées sur le développement
durable d'ici à 2005, de manière à
réparer les dommages causés aux ressources environnementales.
Cf. : FMI, Banque mondiale, OCDE, ONU, Poursuite des
objectifs internationaux de développement. Un monde meilleur pour
tous, 2000
79 « Documents de stratégie pour la
réduction de la pauvreté »
www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/prspf.htm , Fiche technique
Août 2002,
80 Voir CHAVAGNEUX Christian, « Lutte
contre la pauvreté : Les enjeux politiques d'un slogan ».
Politiques africaines, No 82, éditions
Karthala, juin 2001.
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Crises, réformes économiques et pauvreté
en Haïti
48
trouver des formes de compromis avec les
différents acteurs politiques nationaux et locaux, les
représentants des différents secteurs sociaux dans le but
de favoriser les procédures participatives. N'empêche que
l'on ne peut que douter de l'efficacité de ces
procédures quand on se réfère aux
caractéristiques, structures et mode de fonctionnement des pays
bénéficiaires : concentration des pouvoirs, faiblesse de la
décentralisation, dispersion des organisations de la
société civile, déficit démocratique seront
mêmes sont loin d'être maîtrisées.
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