La création de valeur dans l'entreprise : le rôle
de la gouvernance et des leviers financiers.
Introduction
Les révolutions industrielles successives de la
fin du XVIIIe et du XIXe siècle ont
constitué un facteur majeur pour le développement du capitalisme
occidental et lui ont donné progressivement les traits qui le
caractérisent encore aujourd'hui. Dans cette mouvance, l'entreprise en
tant que structure qui rassemble des êtres humains qui s'organisent afin
d'agir sur la nature pour obtenir des résultats utiles et donc de
créer de la valeur a toujours été au coeur de ce
système capitaliste.
Cependant, au cours des dernières
décennies, des transformations multiples ont affecté le
capitalisme financier et ont donné un nouveau relief à la
création de valeur pour les actionnaires de l'entreprise. Cela a eu
comme conséquence l'apparition d'une forme de management orientée
pour faire progresser cette valeur financière et mobiliser les
salariés vers cet objectif. Cette focalisation sur la création de
valeur s'explique par un souci de satisfaire les exigences de
l'actionnaire car celui-ci est devenu dans le monde financier actuel un
roi de plus en plus adulé et de plus en plus capricieux. Sans aucun
doute, cette logique a largement influencé la conduite de la
stratégie des entreprises qui font preuve d'ingéniosité
pour faire face à la concurrence et rester compétitives.
Toutefois, elle a fait l'objet de profondes remises
en cause à l'occasion d'un certain nombre de scandales qui ont
marqué d'une empreinte indélébile l'histoire de la finance
et qui ont eu pour corollaire le renforcement des dispositifs institutionnels
de réglementation des entreprises et des marchés financiers. De
même, les leviers financiers qui peuvent jouer un rôle crucial dans
les performances de l'entreprise ont rencontré un certain nombre de
limites.
Dans un tel contexte de remise en cause, de
suspicion et doute à l'égard des pratiques managériales ,
s'interroger sur le rôle de la gouvernance et des leviers financiers ne
relève t-il pas d'une importance absolue pour appréhender les
mutations qui s'opèrent au sein de l'entreprise ?
Ainsi, pour les besoins de cette présente étude
nous nous pencherons sur deux points.
D'abord, nous mettrons l'accent sur lien entre
la gouvernance d'entreprise et les performances de l'entreprise. Cela passera
par la définition et l'explication des concepts de gouvernance
d'entreprise et de création de valeur, par l'étude de l'impact
positif de la gouvernance dans la création de valeur et des limites de
cette gouvernance.
Ensuite, nous nous appesantirons sur le
rôle des leviers financiers dans la création de valeur en
abordant successivement les principes du management par la valeur
financière, les mécanismes de création de la valeur
financière et des limites du management par la valeur
financière.
I. Gouvernance d'entreprise et performances de
l'entreprise
A.Définition et explication des
concepts-clé
1) Le concept de gouvernance d'entreprise
On peut considérer que les pratiques relevant de la
gouvernance d'entreprise ont des origines anciennes dans la mesure où
elles sont indissociables du concept même d'entreprise. En effet, la
gouvernance d'entreprise faisait déjà problème au XVIIIe
siècle. Adam Smith posait ainsi dès 1776, dans la Richesse des
nations, le problème de la séparation des
intérêts entre les dirigeants et les propriétaires dans les
compagnies par action. Cette interrogation prendra une tournure nouvelle avec
l'apparition, en 1807 en France puis en Angleterre avec le Company Act et un
peu plus tard encore aux Etats unis, de la société anonyme.
Mais l'acception qui est actuellement donnée à
ce terme est très contingente aux caractéristiques de la
société américaine contemporaine.
La gouvernance se réfère au dispositif
institutionnel et comportemental régissant les relations entre les
dirigeants d'une entreprise - plus largement, d'une organisation - et les
parties concernées par le devenir de la dite organisation, en premier
lieu celles qui détiennent des « droits
légitimes » sur celle-ci, à savoir les actionnaires
1(*). Même
formulée si généralement et dans le but d'éclairer
notre analyse, une telle définition appelle des précisions.
D'abord, la gouvernance est focalisée sur une
catégorie d'acteurs de toute organisation: les dirigeants de cette
organisation, catégorie réduite parfois à une personne, le
plus souvent représentée par un petit groupe fortement
hiérarchisé
autour du leader, quelquefois exprimée par un
réseau semi-hiérarchisé et aux contours mal
définis. Quelles que soient les difficultés pour la
définir exactement et la circonscrire, c'est cette catégorie
d'acteurs dirigeants qui polarise l'attention dans un système de
gouvernance.
Ensuite, la problématique de la gouvernance est aussi
celle du rôle et du contrôle des mandataires sociaux au sein des
personnes morales. Les dirigeants d'une organisation finalisée -
société commerciale, établissement public, ... -
s'expriment et agissent au nom de cette organisation : a ce titre ils
peuvent acheter, vendre, embaucher, licencier etc. Ils disposent pour cela des
moyens financiers, matériels, humains qui peuvent être
considérables voire démesurés. Les questions relatives
à leur nomination comme mandataires sociaux, aux conditions d'exercice
de leurs mandats sont, par là, légitimes et font de la
gouvernance des entreprises un point essentiel des systèmes de
management de ces dernières.
Enfin, le système de gouvernance comprend divers
éléments constitutifs que l'on peut, en simplifiant, regrouper en
trois séries de composantes : des structures, des procédures
et des comportements. On parle d'ailleurs de paradigme SPC et ces trois
séries de composantes et leurs interactions définissent les
systèmes de gouvernance, leurs modes de fonctionnement et de
régulation.
Les structures mobilisées par le système de
gouvernance sont variées. Certaines sont propres à l'organisation
concernée : assemblée générale, conseil
d'administration, comités ad hoc. D'autres sont externes et
interviennent sur la base de missions contractuelles ( auditeurs comptables,
agences de notation ) ou dans le cadre de missions d'intérêt
général (autorités de régulation ).
Les procédures sont également très
variées et plus ou moins diversifiées dans des codes ou des
recueils s'imposant aux acteurs concernés ( plan comptable, code de
commerce ...). Elles peuvent concerner tant les modalités de collecte et
de diffusion de l'information utile sur le fonctionnement des entités
concernées que les voies et moyens pour effectuer telle ou telle
opération comme la modification du paramètre de la structure ou
la cotation sur le marché financier.
Les comportements complètent les deux premières
composantes en leur apportant une dimension sans laquelle elles resteraient,
pour l'essentiel formelles. Ces comportement sont ceux des agents - les
personnes physiques est non la fiction juridique constituée par les
personnes morales - concernés par le dispositif institutionnel et
chargés de le mettre en oeuvre et de l'animer. Dès lors,
leurs «bonnes pratiques», leur déontologie ou, à
l'opposé, leur absence de scrupules et leurs déviations ont une
part majeure dans l'efficacité des systèmes de gouvernance
à l'instar de tout système humain.
2) La notion de création de valeur
Quant à la création de valeur, il s'agit
d'un concept ambigu en raison de la multiplicité des pratiques
managériales qui lui sont associées : valeur
d'échange, valeur comptable ou économique, valeur partenariale,
valeur pour le client, etc.
Précisons que ces multiples approches connaissent des
succès divers. Ainsi, si certaines d'entre elles relèvent
plutôt d'un effet de mode, d'autres semblent davantage ancrées
dans la réalité du management. C'est notamment le cas dans le
domaine de la stratégie avec la généralisation des
thèmes liés à l'avantage concurrentiel qui
détermine la valeur qu'une firme peut créer pour ses clients et
dans le domaine de la finance avec le concept de maximisation de la valeur
actionnariale.
Cependant, ces deux thèmes font
référence à des logiques managériales distinctes.
En schématisant, on peut opposer une logique de financiarisation
où prédomine la création de valeur financière et
une logique d'intégration qui met en relation les différents
aspects de la création de valeur.
L'approche financière privilégie
l'idée que tout actif est assimilable, au moins conceptuellement,
à un actif financier dont la mesure correcte est celle de la valeur
actuelle des flux attendus de cet actif, compte tenu du risque qui lui est
lié. Ainsi, par analogie avec les actifs financiers, il est possible de
vendre ou d'acheter à tout moment des actifs comparables ou de
réinvestir les fonds sur d'autres opportunités. L'option fait
donc partie du choix et constitue un des facteurs de la flexibilité.
La logique d'intégration reconnaît
l'importance de la création de valeur mais elle l'analyse comme le
résultat d'une synthèse des différentes composantes de la
valeur, qu'il s'agisse des aspects organisationnels, concurrentiels ou
institutionnels. Elle met en avant des concepts comme ceux de
compétences fondamentales, de savoir-faire de coopération et de
coordination, d'avantage compétitif. Elle suppose une vision
élargie de la performance et la mise au point d'un tableau de bord
comprenant des aspects non financiers.
Ce concept de création de valeur connaît
aujourd'hui un renouveau et cela pour plusieurs raisons. Ce renouveau
résulte d'abord incontestablement de la transformation du capitalisme
financier et a pour origine les mouvements d'OPA menés sur les
sociétés qui n'exploitaient pas efficacement leur base d'actifs
pour les actionnaires. Ces pratiques ont fourni une visibilité externe
à la « discipline de marché » qui a
incité les dirigeants à faire plus d'attention à la
création de valeur et à replacer l'actionnaire au centre de la
stratégie.
En outre, le développement de la globalisation et
l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication (
TIC ) ont accéléré les processus d'internationalisation
des entreprises et la constitution de réseaux complexes et
mondialisés. Il en est résulté une financiarisation de la
stratégie basée sur le recentrage sur le marché principal
et la recherche de la taille critique. C'est pourquoi, l'achat de parts de
marchés et les options de croissance externe sont
systématiquement privilégiés au détriment du
développement endogène de l'entreprise. Or, pour les
investisseurs institutionnels, qui contrôlent davantage de
sociétés grâce à leur puissance, la capacité
d'une entreprise à créer de la valeur est un critère
essentiel d'appréciation. Enfin, un autre facteur externe qui a
dynamisé la création de valeur est la disparition progressive des
monopoles d'Etat surtout dans le cas de la France. Le système de
monopole public reposait sur l'existence de participations croisées dont
la finalité était d'assurer un partenariat stable. La
globalisation financière a réduit progressivement
l'intérêt d'un actionnariat national en rendant moins essentiels
les bouclages en capital qui apportent peu de ressources.
B.L'impact positif de la gouvernance d'entreprise dans
la
création de valeur
Il y a aujourd'hui un consensus général
sur l'idée que la gouvernance joue un rôle crucial dans la
création de valeur. Les domaines sur lesquels la gouvernance peut agir
pour créer de la valeur sont multiples et variés et il ne saurait
être question de les envisager de façon exhaustive. C'est
pourquoi, nous nous limiterons à étudier trois points :
l'instauration de la confiance, le respect des intérêts des
parties prenantes, la prise en compte de la responsable sociale .
1) L'instauration de la confiance
L'instauration ou la restauration de la confiance des
actionnaires est devenue une condition nécessaire pour le fonctionnement
et même pour la survie des entreprises. En effet, une série des
scandales a récemment émaillé le monde de l'entreprise. Le
capitalisme s'est transformé de telle sorte que des chefs d'entreprise
s'enrichissent souvent aux dépens des actionnaires.
Dans ce sens, l'adoption de normes et de lois
financières garantissant une plus grande transparence dans la
comptabilité et la gestion et l'obligation de diligence des conseils
d'administration en matière de reddition des comptes peuvent redonner
confiance aux investisseurs.
Ainsi, la loi Sarbannes - Oxley votée par le
Congrès américain en juillet 2002 a adopté trois
principes : l'exactitude et l'accessibilité à l'information,
la responsabilité des gestionnaires et l'indépendance des
vérificateurs et auditeurs. Cette loi accroît donc de façon
très importante la transparence des modes de gouvernance en obligeant
à rendre des comptes beaucoup plus détaillés aux
investisseurs.
De même, la communication institutionnelle
« online » peut être un moyen non négligeable
au service de la gouvernance pour instaurer ou restaurer la confiance et
créer ainsi de la valeur. On remarque d'ailleurs que les grandes
entreprises disposent toutes aujourd'hui d'un site Internet et rivalisent de
plus en plus par la qualité de leur site institutionnel
« corporate ». Cela fait qu'aujourd'hui le premier
réflexe des actionnaires, journalistes, analystes financiers et
consommateurs est de visiter le site Internet de l'entreprise pour y trouver
l'information, toute l'information la concernant.
Mais pour créer ou maintenir la confiance des
investisseurs, les conseils d'administration font aussi des efforts pour
comprimer les salaires souvent très élevés des dirigeants
sociaux. Dans ce sens, lors de la période des assemblées
générales d'actionnaires, on remarque depuis quelques
années que des résolutions qui visent à comprimer les
salaires des PDG sont davantage prises. S'attaquer à cet
élément n'est cependant que s'attaquer à un des aspects
du problème de la rémunération au rendement.
Pour vraiment agir dans ce sens, ils ont le devoir de
déterminer la responsabilité des PDG et d'établir des
paramètres d'évaluation des rendements de ces derniers et de
celui de l'entreprise ainsi que le lien entre la rémunération et
le rendement. D'ailleurs, l' accent commence à être mis
davantage sur les honoraires forfaitaires. De même, pour veiller aux
intérêts à long terme des actionnaires, on offre aux
administrateurs des actions temporairement incessibles ou des unités
d'action différées. Les actions temporairement incessibles sont
des actions qui ne peuvent être vendues par les administrateurs
qu'après leur départ du conseil. Cela élimine la
possibilité qu'ils prennent des décisions ou fassent des
recommandations en fonction de leurs intérêts à court
terme.
Quant aux unités d'actions
différées, il ne s'agit pas à proprement parler d'actions,
mais leur valeur est liée à celle d'une action cotée.
Là encore, les administrateurs touchent la valeur des unités
d'action différées lorsqu'ils cessent de siéger au
conseil.
2) Le respect des intérêts des parties
prenantes
Concernant le respect des intérêts des
parties prenantes, notons que la responsabilisation sociale fait la une
des journaux depuis les scandales financiers des années passées.
Comme la plupart de ceux-ci se sont traduits par la chute vertigineuse de la
valeur des titres, l'attention se focalise sur la nécessité
d'accroître la responsabilisation de l'entreprise envers les
actionnaires. Des organismes tels que les bourses, les commissions des valeurs
mobilières et la profession comptable ont concentré leurs efforts
sur le rétablissement de la confiance dans le système
d'information financière, l'intégrité de l'entreprise et
les marchés boursiers. Nous assistons cependant à une mutation
à plus long terme de la responsabilisation des entreprises.
L'effondrement d'Enron, la mondialisation, la diffusion de l'information et les
enjeux écologiques pressants comme le changement climatique transforment
notre conception du rôle de l'entreprise dans la société.
Ainsi, le droit corporatif actuellement en vigueur dans la plupart des
entreprises donne priorité aux intérêts des actionnaires,
qui ne se résument pas à la maximisation des profits, et il les
protège aussi des pratiques abusives des dirigeants.
D'ailleurs, la bourse de New York a mis en place
l'indice Dow Jones axé sur la durabilité (Dow Jones
Sustainability Index), accessibles aux investisseurs et qui suit les
performances des entreprises du monde entier remplissant ses critères.
Les analyses du Dow Jones montrent que les entreprises inscrites à
l'indice axé sur la durabilité sont des chefs de file sur le plan
de la performance. Dans sa revue annuelle de l'indice pour 2000, Dow
Jones explique que la durabilité intéresse les
investisseurs, parce que c'est une stratégie d'entreprise qui
crée une valeur à long terme pour les actionnaires en saisissant
les possibilités et en gérant les risques associés aux
développements économiques, environnementaux et sociaux.
3) La prise en compte de la responsable sociale
Pour ce qui est de la prise en compte de la
responsabilité sociale des entreprises, il s'agit certes d'un champ
nouveau mais prometteur. En effet, le mouvement de responsabilité
sociale qui s'inscrit dans une tendance plus générale en faveur
du développement durable, pousse désormais les entreprises
à jouer un rôle pionnier dan le respect, mais aussi la
création et / ou à la transformation des valeurs
éthiques.
Concrètement, cela signifie que l'entreprise
est devenue, dans le domaine de l'éthique, plus attentive aux
préoccupations de ses parties prenantes, notamment de la
société civile, dont les ONG et les médias se font les
porte-voix.
Pour comprendre le lien entre la
responsabilité sociale des entreprises et la gouvernance, prenons le cas
Home Depot, une entreprise nord américaine. En 1998, le plus important
détaillant de bois d'oeuvre du monde était sur la sellette. Le
Rainforest Action Network (RAN), organisme voué à la protection
de l'environnement, accusait Home Depot de faire affaire avec des fournisseurs
dont les pratiques d'exploitation forestière détruisaient des
forêts anciennes, selon les allégations. Dans le cadre d'une
campagne fortement publicisée, RAN a qualifié Home Depot de plus
important détaillant de bois d'oeuvre provenant de forêts de
peuplement mûr du monde, et a organisé des manifestations devant
les magasins Home Depot, au siège social de la société et
lors de réunions des actionnaires.
Pour éviter de voir sa réputation
entachée, Home Depot a réagi. Dans les 10 mois qui ont suivi, le
détaillant a annoncé un plan pour éliminer progressivement
la vente de bois d'oeuvre provenant de forêts menacées. Il a
créé un poste de direction dont le titulaire est chargé
des questions environnementales et a le pouvoir d'annuler les contrats
d'exploitation forestière conclus avec des fournisseurs non respectueux
de l'environnement.
Revenons à aujourd'hui. Home Depot dispose
maintenant de systèmes qui lui permettent de retrouver l'origine de
chaque produit du bois qu'elle vend. La société s'engage
publiquement à ne pas acheter de produits du bois non certifiés
provenant de 10 régions forestières vulnérables, et de ne
pas accepter de produits faits à partir de 40 espèces d'arbres
menacées de disparition. RAN a publiquement salué les mesures
«impressionnantes» prises par Home Depot, et un article de fond paru
dans The Wall Street Journal a présenté la
société comme un modèle dans l'art de gérer les
risques découlant des exigences imposées par les groupes de
pression militants.
On pourrait multiplier les exemples en citant le cas
de Nike et Nestlé qui ont connu la même situation dans le
passé. Ainsi, on voit que les entreprises, soucieuses de soigner leur
réputation, renforcent finalement leur valeur et l'image de leurs
produits aux yeux du public en agissant de façon éthique.
C. Approche critique de la gouvernance
d'entreprise : le cas d'Enron
Le champ de la gouvernance a connu ces
dernières années une série de scandales qui a non
seulement ébranlé le monde de la finance mais aussi et surtout
les salariés et les épargnants qui en sont finalement les grands
perdants. Une gouvernance inefficace, des méthodes comptables
discutables ou une falsification des comptes, une rémunération
excessive et la cupidité des cadres de direction ont miné la
confiance des investisseurs et certains se demandent même si le
système capitaliste ne serait pas déréglé. Pour
mieux rendre compte de cette crise de la gouvernance, analysons le cas d'Enron
en nous intéressant aux causes et aux conséquences de cette
affaire.
1) Exposé et analyse de l'affaire Enron:
L'affaire Enron fait déjà partie des cas
d'école en business strategy, à la fois par son
avènement - le premier d'une longue série2(*) - et par le contexte de sa
révélation, ainsi que par l'importance intrinsèque du
dossier et les mises en cause successives qu'il a entraînées,
jusqu' à une crise de confiance de type systémique.
La société texane Enron a
été créée dan le secteur de l'énergie et
s'est spécialisée dans le courtage, activité mettant en
relation offreurs et demandeurs. Elle s' est développée sur
plusieurs secteurs de l'énergie et est passée d'une dimension
régionale à une taille nationale, puis internationale. En 1999,
Enron pointait avec plus de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires
déclaré, au septième rang des entreprises
américaines et était devenue un acteur incontournable du secteur.
Au-delà de sa croissance fulgurante, son modèle
économique, fondé sur la maîtrise des marchés
à terme et des produits dérivés en faisait un des cas de
success story donné en exemple aux firmes de la « vieille
économie ».
Mais les premiers craquements interviennent en octobre
2001 avec un avertissement sur résultats ( profit warning) en forte
baisse par rapport aux prévisions et l'apparition de premières
difficultés de trésorerie. Les événements se sont
ensuite précipités : baisse des cours, méfiance des
investisseurs, dégradation des notations, soupçons sur les
manipulations des comptes3(*), ... et la mise en faillite du groupe. Les
différentes enquêtes ont mis en lumière les principaux
aspects de ce sinistre majeur de l'ordre de 100 milliards de dollars de passif
dont une partie seulement pourra être comblée.
D'abord, les chiffres d'affaires avaient
été artificiellement gonflés en prenant comme base les
contrats conclus, voire en cours de négociation et non, comme c'est
l'usage pour un courtier, les seules commissions encaissées ou
acquises.
Ensuite, le groupe avait créé plusieurs
milliers de sociétés contrôlées soit par la
société, soit à titre personnel par des cadres dirigeants.
Cette prolifération correspondait à plusieurs objectifs, en plus
d'empêcher une vision globale du groupe à tout observateur non
initié : faire circuler des éléments d'actifs entre
composantes afin de créer des plus-values fictives, déconsolider
les dettes en les transférant d'une société à
l'autre, délocaliser les profits afin d'échapper à
l'impôt.
En conséquence, il apparaissait que la situation
patrimoniale présentée par le bilan était fausse :
les actifs étaient largement surévalués, voire fictifs,
et, en revanche, la passif était sous-évalué, voire
dissimulé.
Pourtant, ces comptes avaient été
audités et certifiés par Anderson, cabinet de renommée
mondiale. L'enquête a fait apparaître que non seulement les experts
d' Anderson avaient couvert les différentes manipulations comptables,
mais avaient contribué à les monter en apportant leur
savoir-faire sous forme de conseils.
Qui plus est, la communauté des analystes
financiers et les établissements qui les emploient ont été
mis en cause moins pour leur aveuglement qu'en raison des conflits
d'intérêt dans lesquels ils étaient mis en cause.
De même, les pouvoirs publics, dont le
président Bush, son entourage et des membres du Congrès ont
été indexés compte tenu de le leurs liens avec Kenneth Lay
ou des sommes reçues d' Enron.
2) Les conséquences de ce scandale
Les conséquences de ce scandale sont sans aucun
doute multiples : des milliers de salariés se retrouvent au
chômage, des épargnants perdent leur argent, la
crédibilité du système capitaliste est profondément
atteinte ... Mais l'importance des dysfonctionnements constatés tant au
niveau des dispositifs de gouvernance d'entreprise qu'à celui des
dispositifs d'appui - notamment auditeurs comptables et analystes financiers -
amène à s'interroger sur le système de régulation
et à envisager des réformes.
C'est pourquoi, aux Etats Unis, pays le plus
touché, les régulations comptables ont fait l'objet d'une remise
en question portant à la fois sur les méthodes - les normes US
GAPP ayant montré leurs limites - et sur les règles
déontologiques, surtout concernant la séparation des
activités relevant de la mission de contrôle des comptes et celles
relevant du conseil afin d'éviter des conflits
d'intérêts.
Les analystes financiers et leurs employeurs ont
été également rappelés à l'ordre, en
particulier sur l'autre risque majeur du conflit d'intérêt que
constitue la porosité entre l'activité de gestion des titres et
celles relevant d'opérations d'investissement - financement
menées par ces établissements. Ainsi, Merrill Lynch, banquier
d'affaires et gestionnaires de titres mis en cause par la SEC a dû
accepter de payer 100 millions de dollars et s'engager à modifier son
organisation interne.
La SEC (security exchange committee), autorité
dédiée à la régulation des marchés et
opérations financières a été l'instrument de ces
recommandations et a, elle-même été mise sur la sellette,
ses responsables n'étant pas exempts de tout reproche. D'ailleurs, son
président, Harwey Pitt a été conduit à
présenter sa démission en novembre 2002.
Les autorités politiques ont été
dans une situation comparable : d'une part, l'opinion publique attendait
d'elles qu'elles prennent des mesures exemplaires, comme certaines initiatives
et déclarations ont pu le laisser présager : création
par le congrès d'une commission d'enquête sur l'affaire Enron dont
le rapport a été remis en juillet 2002 ; déclarations
du président Bush etc. D'autre part, leurs représentants ne
semblent pas toujours les mieux placés pour agir, étant parfois
eux-mêmes mis en cause dans certaines affaires.
Finalement, c'est l'autorité judiciaire tant
au niveau du recours en responsabilité civile qu'au niveau pénal
qui est amenée à intervenir de la manière la plus
significative par l'inculpation et la condamnation d'un certain nombre de
protagonistes et par la fixation d'amendes et de dommages et
intérêts avec des montants significatifs. Ces procédures,
qui se sont multipliées au cours de l'année 2002 , vont accentuer
la tendance à la « judiciarisation de la
société » déjà très marquée
aux Etats Unis d'Amérique.
Dans cet ordre d'idées, le législateur a aussi
vigoureusement réagi avec la loi Sarbannes - Oxley. Cette loi,
promulguée en juillet 2002 est destinée à renforcer les
mesures de contrôle et à tenter de restaurer un climat de
confiance envers les comptes des sociétés cotées.
En France, il n'y a pas eu de conséquences
directes de cette affaire. Mais des conséquences indirectes il y en a
eu : le renforcement du dispositif de régulation. En effet, en 2003
est votée la « loi sur la sécurité
financière » qui concerne trois volets de la vie
financière : le renforcement des autorités de contrôle
avec notamment la création de l'Autorité des marchés
financiers
( AMF ), l'encadrement des activités de
démarchage commercial en matière financière et le
renforcement du contrôle des professions d'audit en interdisant les
activités parallèles de conseil et en créant du Haut
conseil du commissariat aux comptes.
Ainsi, nous constatons que les concepts de
gouvernance d'entreprise et de création de valeur sont aujourd'hui au
coeur de l'entreprise et par conséquent du capitalisme financier
contemporain. A cela, il faut ajouter que la gouvernance joue un rôle de
premier plan dans la création de valeur sous plusieurs angles même
s'il convient d'admettre que le monde de la gouvernance et donc de l'entreprise
a été secoué ces dernières années par des
scandales comme en témoigne l'affaire d'Enron. Mais qu'en est - il du
rôle de la finance dans la création de valeur ? Les leviers
financiers ont - ils subi un sort semblable à celui de la
gouvernance ?
C'est ce que nous verrons dans notre deuxième partie.
II. Le rôle de la finance dans la
création de valeur
A. Les principes du management par la valeur
financière
Le management par la valeur financière suit
un certain nombre de principes dont le principe du double marché, le
principe d'identification des principaux leviers financiers, et le principe du
pilotage interne que nous allons étudier successivement.
1) Le principe du double marché
Dans un premier temps, il faut une stratégie
financière globale basée sur le principe du double marché.
En effet, l'enjeu principal des modèles de création de valeur est
d'ordre stratégique : mettre en place en interne, les
éléments du pilotage de la valeur financière qu'on a
qualifié de value based management . Le management par la
valeur financière (MVF) apparaît, alors, comme le
dénominateur commun de la planification stratégique et
financière, de la politique d'acquisition et de
désinvestissement, et de la politique d'incitation.
Ainsi, les dirigeants et les salariés seront
incités à maximiser la valeur à partir des
mécanismes de primes ou de bonus liés à l'enrichissement
des actionnaires. Plus importante que le résultat final, cette
étape permet d'identifier les forces et faiblesses des
différentes activités de l'entreprise. Le concept de MVF repose
sur l'idée qu'une entreprise doit réussir à la fois sur le
marché des biens et services et sur le marché financier. Cela
suppose une stratégie économique visant à positionner
l'entreprise sur le marché des produits et une stratégie
financière visant à maximiser la valeur de l'action.
Dès lors, négliger
l'un des deux marchés ne manquera pas d'avoir des conséquences
sur l'autre marché car l'actionnaire est le client de la firme sur le
marché financier au même titre que le consommateur est un client
sur le marché des produits.
2) Le principe d'identification des leviers financiers
Dans un second temps, il convient d'identifier les
principaux leviers stratégiques de la création de valeur. La
première tâche du MVF consiste à identifier leviers de la
création de valeur à mettre en oeuvre par les dirigeants .
On peut en distinguer quatre : la rationalisation des coûts
destinée à accroître la productivité, le recentrage
stratégique sur les opportunités de croissance interne et externe
créatrices de valeur, la mise sous tension de l'organisation et du
personnel par un pilotage par le coût du capital, enfin l'optimisation
financière.
Notons tout de même que parmi ces indicateurs
de valeurs, il semble que seule la rationalisation des coûts en vue
d'augmenter leur productivité ait un impact inférieur aux
stratégies de recentrage qui concernent aussi bien la croissance interne
que la croissance externe. On assiste ainsi à un redéploiement de
la croissance interne sur les activités, les clients et les canaux de
distribution rentables. En même temps, ce recentrage est
fréquemment appuyé par des stratégies de croissance
externe qui visent à en accroître l'efficacité ( scissions,
cessions d'activités ou de participation).
3) Le principe du pilotage interne
Dans un troisième temps, il s'agit
d'appliquer le pilotage par l'évaluation et l'incitation. En effet, le
management par la valeur financière ne se réduit pas à des
manoeuvres stratégiques. Il consiste aussi de diffuser « la
pression actionnariale » au sein de l'organisation. Le pilotage des
performances est évalué par référence à une
performance externe : la valeur boursière. Des systèmes de
motivation et d'intéressement du personnel fondé sur les
indicateurs de création de valeur actionnariale sont mis en place de
façon systématique. L'objectif financier global est défini
en fonction du coût du capital investi. Cet objectif est ensuite
diffusé dans la structure de l'organisation. L'entreprise est
divisée en centres de profit qui sont autant de centres de
responsabilité. Chaque centre est responsable de sa performance
définie comme l'excédent de la rentabilité par rapport aux
capitaux investis dans le centre.
En outre, un système de bonus est mis en
place pour entraîner l'adhésion de chaque acteur à
l'objectif de création de valeur et les managers sont
responsabilisés sur la base de critères financiers .
B. Les mécanismes et la mesure de
création de la valeur
Les différents modèles de
création de valeur actionnariale sont fondés sur le même
cadre théorique, celui de la microéconomie financière. Ils
utilisent une variable commune, le coût du capital investi qui sert de
référentiel pour la mesure de la performance. Les
hypothèses sont celles des modèles financiers classiques
basés sur la rationalité des acteurs qui sont maximisateurs et
opportunistes.
La place prise par le thème de la
création de valeur en finance a conduit au développement d'une
batterie d'indicateurs qui tentent de la mesurer : TSR, MVA, EVA. Ce
foisonnement n'est pas sans avantage : la concurrence est saine et doit
normalement permettre au meilleur indicateur d'émerger. Plus
prosaïquement, certaines entreprises profitent du flou actuel et de
l'absence de normalisation des calculs pour choisir l'indicateur qui sert le
mieux leurs intérêts du moment, quitte à en changer
l'année suivante.
Ces indicateurs peuvent être de trois natures :
économique, comptable et boursière.4(*)
1) Les indicateurs de nature économique
D'abord, les indicateurs de nature économique
sont apparus avec la prise de conscience que la rentabilité
dégagée est, en tant telle un critère insuffisant en
matière de valeur puisqu'elle ne prend pas en compte la notion de
risque. La rentabilité dégagée reste à comparer au
coût des capitaux employés, c'est- à- dire au coût
moyen pondéré du capital pour mesurer si de la valeur a
été créée ou détruite.
Ainsi, la valeur actuelle nette ( VAN ) traduit la
création ou la destruction de valeur dégagée par
l'allocation des ressources de l'entreprise. Une création de valeur
signifie donc que les investisseurs anticipent l'existence d'une certaine rente
sur une certaine durée dont la valeur actuelle permet à l'actif
économique de l'entreprise de valoir plus que son montant comptable.
Tout comme pour le choix de l'allocation des ressources, il faut pour le choix
d'une source de financement se refuser à utiliser le coût
comptable, mais déterminer la valeur du titre de financement émis
et en déduire le taux de rentabilité exigé. On passe de ce
fait du coût explicite ou coût comptable au coût
financier : le taux de rentabilité exigé pour cette
catégorie de titres. Minimiser le coût d'une source de financement
revient donc à minimiser son coût financier.
De même, l'Economic Value Added ( EVA )
critère appelé aussi profit économique mesure
l'enrichissement de l'entreprise sur un exercice et tient compte, non seulement
du coût de la dette mais aussi du coût des capitaux propres.
L'innovation de l'approche de l'EVA consiste à dégager un niveau
de résultat à partir duquel de la valeur est créée
puisqu'il est calculé après rémunération des
créanciers et celle des actionnaires sur les fonds qu'ils ont
apportés à l'entreprise. Le profit économique mesure
d'abord quel a été le taux de rentabilité
économique en surplus du coût moyen pondéré du
capital. Cet écart est ensuite multiplié par le
montant comptable de l'actif économique de début de
période pour la création de valeur de la période,
soit :
Profit économique = Actif économique * ( Re - k
) , où Re est le taux des rentabilité économique comptable
après impôt et k le coût moyen pondéré du
capital.
Ainsi, une entreprise qui dispose en début
d'année d'un actif économique d'une valeur comptable de 100,
rapportant un taux de rentabilité économique ( après
impôt ) de 12% alors que le coût moyen pondéré du
capital n'est que de 10% aura donc gagné 2% de plus que le taux requis.
Sur le fonds des 100, elle aura donc créé de la valeur pour 2 sur
l'exercice.
2) Les indicateurs de nature comptable
Ensuite, concernant les indicateurs de nature
comptable, notons que jusqu'au milieu des années 1980, l'entreprise
communiquait essentiellement sur le résultat net ou
bénéfice par action, paramètre éminent de la
comptabilité mais aussi éminemment sujet à manipulations.
Mais une seconde génération d'indicateurs comptables est apparue
lorsque le raisonnement est passé en terme de rentabilité,
c'est-à-dire d'efficacité, qui rapporte les résultats
dégagés aux capitaux mobilisés pour les atteindre.
Dans ce sens, on peut envisager trois indicateurs de
création de valeur : le bénéfice par action, les taux
de rentabilité comptables et les capitaux propres par action.
Le bénéfice par action ( BPA ) reste
le favori de beaucoup de financiers d'entreprise : malgré ses
limites, c'est le critère le plus utilisé aujourd'hui en raison
du lien direct qui l'unit à la valeur de l'action par le multiple du
résultat net ( PER ). L'utilisation du bénéfice par
action est cependant fondée sur trois méprises : croire que
le bénéfice par action prend en compte le coût des capitaux
et donc le risque, croire que les données comptables ont une influence
sur la valeur de l'entreprise, croire que toute décision
financière qui tend à faire croître le
bénéfice par action fait croître la valeur .
En fait, le critère de BPA ne peut être
un indicateur pertinent de création de valeur que si trois conditions
sont respectées : le risque de l'actif économique doit
être le même d'un exercice sur l'autre, ou avant et après
une opération ( fusion, augmentation de capital, investissement, ...);
le taux de croissance des résultats doit être le même avant
et après une opération donnée ; la structure
financière de l'entreprise doit être la même d'un exercice
sur l'autre, ou avant et après une opération donnée.
Si ces trois conditions sont respectées,
alors on pourra assimiler croissance du BPA et création de valeur. Par
contre, si l'une d' entre elles au moins n'est pas respectée, il n'est
absolument pas possible de comparer les BPA et de dire que la croissance
témoigne d'une création de valeur et leur baisse d'une
destruction de valeur.
Les taux de rentabilité comptables recoupent
quant à eux le taux de rentabilité des capitaux propres ( ROE ),
le taux de rentabilité économique (ROCE ) et le Cash Flow
Return on Investment ( CFROI ) qui, dans sa version simplifiée rapporte
l'excédent brut d'exploitation à l'actif économique pris
en valeur brute.
A titre de précisions, il faut souligner que
les taux de rentabilités comptables peuvent être dangereux pour le
financier de l'entreprise. Il s'agit en effet de références
comptables et en aucune manière externes : tout se passe comme si
l'entreprise était dans un système clos ! Seule la
rentabilité exigée par le système financier doit
être utilisée comme minimum requis. Malheureusement, on constate
que les investisseurs et les dirigeants d'entreprise continuent à
analyser l'impact de leurs décisions sur les critères comptables
que nous venons de voir alors même que ceux-ci n'ont qu'un lointain
rapport avec la création de valeur.
Les capitaux propres par action donnent eux une image
du patrimoine de l'actionnaire ; on pourrait donc penser qu'il existe un
coefficient reliant la valeur de l'action et les capitaux propres ( le Price to
Book Ratio, PBR ).
Précisons tout de même que si les
capitaux propres sont comptablement correctement évalués, le PBR
est inférieure à 1 si la rentabilité espérée
des capitaux propres est inférieure à la rentabilité
exigée par les actionnaires et supérieure à 1 si la
rentabilité espérée est supérieure à la
rentabilité exigée.
Il faut donc noter que l'utilisation des critères
comptables qui, en soi n'est pas malsaine, ne doit pas conduire à
croire qu'en améliorant artificiellement le critère, on
crée de la valeur ou qu'il y a un rapport constant et automatique entre
l'amélioration de ces critères et la création de
valeur.
3) Les indicateurs de nature boursière
Enfin, les indicateurs de nature
boursière : la Market Value Added (MVA) et le Total Shareholder
Return ( TSR ) sont eux fortement influencés par la conjoncture
boursière.
Pour l'entreprise cotée, la création de
valeur boursière ( MVA ) correspond à : Création de
valeur boursière = capitalisation boursière + valeur de
l'endettement net - montant comptable de l'actif économique. Cependant,
dans la plupart des cas, en l'absence d'information la création de
valeur boursière est approximée par la différence entre la
capitalisation boursière et le montant comptable des capitaux propres
(PBR).
Quant au Total Shareholder Return ( TSR ), il se
calcule comme le taux de rentabilité de l'actionnaire qui a
acheté l'action en début de période , a touché des
dividendes que le plus on suppose réinvestis dans l'achat de nouvelles
actions, et qui valorise en fin de période son portefeuille sur la base
du dernier cours de l'action. Il s'agit en réalité d'un taux de
rendement actuariel dont le calcul doit s'effectuer sur une assez longue
période ( 5 à 10 ans ) afin de lisser l'impact des variations
boursières erratiques.
Toutefois, et c'est là leur principale
faiblesse, ces deux indicateurs peuvent faire apparaître une destruction
de valeur alors même que l'entreprise a dégagé sur son
actif économique une rentabilité supérieure au coût
du capital. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'ancienne autorité
de régulation des marchés ( COB ) avait préconisé
l'établissement d'une distinction claire entre indicateurs de
performance économique et indicateurs de valeur boursière.
C. Les limites du management par la valeur
financière
Malgré ses nombreux avantages et son
rôle croissant dans le système managérial le management par
la valeur financière comporte des limites qui remettent parfois en cause
son utilisation5(*). Ainsi,
l'abandon de l'EVA par le groupe ATT montre que le MVF est un exercice
stratégique difficile. En effet, en 1992, la firme adopte l'EVA et met
en place un plan d'incitation concernant environ 1100000 salariés. Deux
ans après, deux nouvelles mesures non financières
apparaissent : la valeur ajoutée pour le client et la valeur
ajoutée pour le personnel. En 1997, ce système est
abandonné au profit des ratios comptables traditionnels. La mesure
était trop complexe à comprendre pour la plupart des
salariés, malgré un important effort de formation.
Les limites des leviers financiers sont multiples.
1) Champ d'application limité et normes de
performance irréalistes
D'abord, leur champ d'application est limité
et les normes de performances souvent irréalistes. C'est pourquoi,
l'approche du MVF n'est pas bien adaptée aux activités bancaires
et financières car le montant des capitaux investis est
déterminé en partie par la réglementation prudentielle. De
même, dans les entreprises en démarrage ( start- up ) ,
les flux de revenus prévisionnels sont trop incertains pour être
utilisables. Enfin, la valorisation des entreprises de haute technologie n'est
pas fondée sur l'optimisation des capitaux employés, mais
plutôt sur la vitesse de réaction ou la capacité à
imposer une innovation technologique, ou encore sur l'aptitude à
gérer des options pour le développement futur, en particulier
dans les technologies de l'information.
De plus, les objectifs de rentabilité des
capitaux propres de 15% annoncés par certains dirigeants de grandes
entreprises sous la pression de leurs actionnaires institutionnels ( notamment
les fonds de pension ) ne peuvent pas être toujours atteints et, surtout,
maintenus dans la durée.
2) Transfert des risques de l'actionnaire vers le
salarié
Ensuite, le risque supporté par l'actionnaire
est souvent transféré vers le salarié. L'objectif de
maximisation de la valeur pour l'actionnaire implique un déplacement du
partage de la valeur ajoutée au profit des actionnaires et une
réduction du risque résiduel qu'ils supportent. L'importance de
ce déplacement dépend du rapport de force entre actionnaires,
dirigeants et salariés. Les contraintes de rentabilité
internalisées par les managers peuvent les conduire à
réduire d'abord les coûts salariaux et l'emploi pour diminuer le
risque supporté par l'actionnaire.
C'est dans ce contexte que se sont
développés des ajustements de plus en plus rapides de l'emploi,
une recherche accrue de flexibilité et des pratiques de
rémunérations variables.
3) Focalisation sur le court terme et limites liées
au coût du capital
Le MVF se focalise souvent sur le court terme.
Pourtant, un pilotage de l'entreprise fondé uniquement sur la
maximisation de la création de valeur pour l'actionnaire risque de
freiner la croissance et l'innovation et de favoriser le court terme au
détriment de la vision stratégique à long terme.
D'ailleurs, de nombreux travaux montrent que les entreprises pluricentenaires
ont valorisé conjointement capital humain et capital financier. La
priorité donnée à l'amélioration du rendement des
capitaux investis a conduit de nombreuses entreprises à se recentrer
sur les activités les plus rentables. Une entreprise qui dégage
sur ses activités existantes un taux de rentabilité des capitaux
employés élevé peut être tentée de
réduire sa croissance et ses investissements faute de projets
présentant au moins une rentabilité comparable.
De surcroît, le problème de
l'optimisation et de manipulations des indicateurs de création de valeur
se pose très fréquemment. En effet, dans un groupe, la question
du levier de l'endettement et du coût du capital est
généralement traitée au niveau du siège et
relève de la stratégie financière. En revanche, lorsque
les rémunérations des managers ( notamment sous forme de bonus )
sont liées en partie à des indicateurs de création de
valeur, des risques de manipulation de ces indicateurs apparaissent comme l'a
montré l'affaire Enron étudiée plus haut. Ces
manipulations peuvent concerner les deux éléments du taux de
rentabilité : augmentation apparente du résultat et
réduction artificielle des capitaux employés. La filialisation ou
la déconsolidation des comptes des actifs d'exploitation, la titrisation
des créances commerciales, le financement par des structures
spécifiques non consolidées sont des pratiques qui ont, on l'a
vu, été abondamment constatées.
Enfin, il y a des limites liées au coût
du capital. Le coût du capital est une donnée fondamentale pour
mesurer la création de valeur, mais sa détermination est un
exercice qui présente de nombreuses limites. L'estimation de cette
variable exerce une influence déterminante sur la mesure. Or, elle est
sujette à de nombreuses contestations. Une sous-estimation du coût
du capital peut se traduire par des investissements insuffisamment rentables et
un gaspillage des ressources financières. Sa surestimation peut priver
l'entreprise d'opportunités de croissance. De plus, le recours
systématique au coût du capital conduit des entreprises à
étalonner leurs performances internes sur des indicateurs externes
volatils déterminés sur des marchés financiers, dont
l'horizon temporel est généralement plus court que celui des
activités économiques.
Conclusion
Au terme de notre étude, il convient de noter
d'une part qu'il existe des liens entre la gouvernance d'entreprise et les
performances de l'entreprise. Ainsi, la gouvernance entendue au sens de pilier
reposant tant sur le rôle plus actif des administrateurs que sur la
surveillance ultime des actionnaires et au sens d'une gestion qui veille
à la valeur actionnariale et à une participation active aux
assemblées générales joue un rôle essentiel dans la
création de valeur. Dans ce sens, elle peut instaurer ou restaurer la
confiance des investisseurs, participer à la défense des
intérêts des parties prenantes dans l'entreprise par un
contrôle strict des managers. Elle peut également asseoir ou
renforcer la responsabilité sociale de l'entreprise qui a un impact sur
le cours des actions et qui, comme on l' a vu, est devenue une exigence majeure
de la plupart des investisseurs et des ONG.
Toutefois, force est de constater qu' au cours de ces
dernières années la gouvernance d'entreprise a connu une remise
en question sans précédent suite à un certain nombre de
scandales financiers qui ont mis en cause non seulement des dirigeants
d'entreprise mais aussi les autorités du système de
régulation de la gouvernance et des responsables politiques de premier
niveau. Ces manquements d'une grande ampleur avec toutes leurs
conséquences sont à l'origine d'un renforcement du dispositif de
régulation qui a été surtout le fait du législateur
plus que jamais soucieux de protéger les intérêts des
investisseurs et des épargnants.
D'autre part, le rôle de la finance dans la
création de valeur apparaît aujourd'hui incontournable. Dans cette
perspective, le management par la valeur financière s'appuie sur des
principes fondamentaux tels le principe du double marché qui veut que
l'entreprise réussisse autant sur le marché des biens que le
marché financier, l'identification des principaux leviers
stratégiques de la création de valeur et le pilotage interne qui
passe par l'incitation et l'évaluation. Et pour mesurer la
création de valeur, le management utilise un certain nombre d'
indicateurs qui peuvent être de nature économique ( VAN, EVA ...
), comptable ( BPA, PER, taux de rentabilité comptables ...) ou
boursière ( MVA, TSR ).
Cependant, il faut reconnaître que le
management par la valeur financière présente des limites qui
réduisent sa portée. Outre son champ d'application limité
lié à la focalisation sur le court terme, le transfert des
risques supportés par l'actionnaire vers le salarié, ..., le MVF
bute sur la détermination du coût du capital qui est pourtant une
donnée fondamentale pour mesurer la création de valeur.
Dans les années à venir, la gouvernance
et les leviers financiers garderont - ils le rôle de premier ordre qu'ils
occupent jusqu'ici dans le management des entreprises ? En d'autres
termes, seront-ils encore des facteurs clés de compréhension de
la dynamique de firmes ?
Il y a fort à parier que tout dépendra de
l'efficacité du système de régulation mis en place.
Bibliographie :
Albouy Michel, Décisions financières et
création de valeur Economica (2000)
Batsch Laurent, Finance et stratégie, Economica (1999
).
Brito C. , Desmartin J.P. , Lucas-Leclin V., Perrin F., L'
Investissement Socialement Responsable, Economica ( 2005 ) P.260 à
265.
Caby et Hirigoyen, La création de valeur de l'entreprise ,
Economica (2001) .
Hirigoyen, «Stratégie et finance :approche par
la création de valeur »,
Encyclopédie de gestion, tome 3, item 162,
p.3064-3092,
Economica (1997) .
Hoarau et Teller, Création de valeur et management de
l'entreprise, Vuibert (2002).
Pérez Roland, La gouvernance d'entreprise , La
Découverte ( 2003 )
Vernimmen Pierre, Finance d'entreprise, Dalloz ( 2002 ).
Revues :
· Charreaux Gérard et Desbierres Philippe in
Finance-Contrôle-Stratégie « Gouvernance des
entreprises : valeur partenariale contre valeur actionnariale »,
volume 1, n°2 , juin 1998.(p.68 à 84).
· Hoarau Christian in Cahiers français,
« Comprendre le management » Numéro 321( p. 77
à 82 ), juillet- août 2004.
· Monchatre Sylvie in Problèmes
économiques, « Les nouvelles tendances du
management : manager les compétences pour stimuler l'engagement
individuel» Numéro 2873 (p. 2 à 5 ), avril 2005
Sites Internet :
· AFG :
www.afg.fr
· AMF :
www.cob.fr
· CA Magazine:
www.camagazine.com
· OCDE :
www.oecd.org
· Vernimmen :
www.vernimmen.fr
Annexes :
Annexe 1 : Le système de gouvernance de
l'entreprise Bouygues
Le Conseil d'administration se réunit en séance
ordinaire quatre fois par an (février/mars, juin, septembre et
décembre). En février/mars, le conseil arrête les comptes
de l'exercice précédent ; en juin, il s'informe sur
l'activité du premier semestre et examine les axes stratégiques
des métiers et du Groupe ; en septembre, il examine les comptes du
premier semestre ; en décembre, il analyse l'activité et les
résultats estimés de l'exercice et de l'année suivante.
Depuis 2003, le conseil approuve et publie les comptes
trimestriels.
D'autres réunions du conseil sont organisées
lorsque l'activité du Groupe le requiert.
|
|
|
Président du Conseil
|
|
|
·
Martin
Bouygues, Président-directeur général
|
|
|
Administrateurs - Directeurs généraux
délégués
|
|
|
·
Olivier
Poupart-Lafarge, Directeur général
délégué de Bouygues
·
Olivier
Bouygues, Directeur général
délégué de Bouygues
|
|
|
Administrateurs
|
|
|
·
Pierre
Barberis, Directeur général
délégué de Oberthur Card Systems
·
Patricia
Barbizet, Vice-Président du conseil d'administration de
PPR et Directeur général de Financière Pinault
·
Madame
Francis Bouygues
·
Georges
Chodron de Courcel, Directeur général
délégué de BNP-Paribas
·
Charles
de Croisset, Vice Chairman de Goldman Sachs Europe
·
Michel
Derbesse, Administrateur
·
Lucien
Douroux, Président du Conseil d'administration de la
banque de Gestion Privée Indosuez
·
Alain
Dupont, Président-directeur général de
Colas
·
Yves
Gabriel, Président-directeur général de
Bouygues Construction
·
Patrick
Le Lay, Président-directeur général de
TF1
·
Jean
Peyrelevade, associé-gérant de Toulouse &
Associés et conseiller permanent du Cabinet de conseil en
stratégie Roland Berger Strategy Consultants Worldwide
·
François-Henri
Pinault, Président-directeur général de
PPR
·
Alain
Pouyat, Directeur général Informatique et
technologies nouvelles du groupe Bouygues
·
Michel
Rouger, Président Honoraire du Tribunal de commerce de
Paris
|
|
|
Représentant des fonds communs de placement
salariés
|
|
|
·
Jean-Michel
Gras, Représentant les salariés actionnaires
·
Thierry
Jourdaine, Représentant les salariés
actionnaires
|
|
|
Censeur
|
|
|
·
Philippe
Montagner, Directeur-général
Télécoms et Activités Nouvelles du groupe Bouygues et
Président-directeur général de Bouygues Telecom
|
|
|
|
|
Source : ( site Internet Bouygues(
www.bouygues.fr ) mis à jour
en octobre 2005. )
Annexe 2 : Les principales sociétés
mises en cause dans l'affaire Enron
Société
|
Faits ou conséquences
|
Domaine
|
Adelphia com
|
Mis en faillite le 26/06/2002
|
Opérateur télécom
|
Dynergy
|
Démission du président le 28 / 05 / 2002
|
Courtier en énergie
|
Eron
|
Démission du président le 23 / 01 / 2002
|
Courtier en énergie
|
Global crossing
|
Mis en faillite le 10 / 01 / 2002
|
Opérateur télécom
|
Imclone
|
Président inculpé le 12 / 01 / 02 pour délit
d'initié
|
Biotechnologie
|
Merck
|
Gonflement du chiffre d'affaires de 14 Md $
|
Pharmacie
|
Qwest Com. Int.
|
Enquête SEC
|
Télécom
|
Tyco
|
Dissimulation de centaines de Md de $ au fisc...
|
Conglomérat
|
Worldcom
|
Dissimulation de plusieurs Md de $, mis en faillite...
|
Télécom
|
Xerox
|
Gonflement du chiffre d'affaires : manipulation sur les
contrats de leasing.
|
|
Source : ( La gouvernance
d'entreprise, Roland Pérez, coll. Repères La Découverte,
p. 88 ).
Annexe 3: Enron et les aspects comptables
Les techniques financières
Les problèmes comptables s'inscrivent dans l'analyse , sur
le plan juridique et régulatoire, d'opérations qui mettaient en
oeuvre des montages particulièrement complexes d'
ingénierie
juridique et financière avec une large utilisation de
produits
dérivés et d'entités offshore dans le cadre
en particulier de montages de financements structurés. L'utilisation
d'entités ad hoc (Special Purpose Vehicles) a été mise en
lumière fin octobre 2001.
ENRON ET LES SPV
|
ENRON ET LES CONTRATS A TERME
|
ENRON ET LES CONTRATS A LONG
TERME
|
Un exemple
Enron avait créé en 1993 un partnership avec
CALPERS qui avait été dénommée JEDI (Joint Energy
development), chacun investissant 250 M$.
Fin 1997 Enron a proposé à Calpers une suite, JEDI
II, chacun apportant 500M$.
Enron a pour ce faire créé Chewco investments pour
ne pas liquider la partnership , ce qui aurait fait baisser ses
résultats et augmenter son endettement.
De ne pas consolider Chewco a permis de gonfler les profits de
396 M$
Andrew Fastow a touché 30 M$ en honoraires de gestion de
la partnership
Les SPV et les produits dérivés
Enron inscrivait un profit immédiat sur un investissement
fait dans une société d'un pays émergent.
Pour protéger ce profit Enron créait des SPV
appelés Raptor. Enron apportait à ces entités des actions
Enron et des stock options Enron. En contrepartie les SPV garantissait à
Enron la valeur de l'investissement affichée . Les Raptors
étaient présentés comme des entités
indépendantes ayant donc protégé Enron par un produit
dérivé.
La baisse des actions d'Enron a bien entendu rendue sans valeur
l'engagement des Raptors.
Dans d'autres
opérations
de dérivés c'est au contraire Enron qui garantissait la
valeur.
Vast LJM2 returns lured partners
Washington
Post March 21 2002l
|
Des contrats à terme
prépayés
Enron signe un contrat de vente à terme
d'électricité ou de gaz naturel à une entité,
Mahonia Ltd, qui paie le montant de la vente à terme dès
signature du contrat. Les fonds étaient mis à disposition de
Mahonia Ltd par J.P. Morgan. L'exécution du contrat par Enron faisait
l'objet de "performance bonds" par des assurances.
L'entité qui est bénéficiaire de
l'engagement de livraison revend l'électricité ou le gaz objet du
contrat à Enron, l'engagement se faisant éventuellement sous
forme de produits dérivés.
Enron traite comptablement les opérations comme des
ventes. Sur le plan financier la question posée en particulier par la
Federal Reserve Bank of New York (cf. WSJ 25.02.02) est de savoir si la
transaction ne doit pas être traitée comme un prêt.
Les transactions de cette nature ont été mises en
lumière par le refus d'assurances de payer au titre de couverture des
"opérations commerciales" au motif qu'il s'agissait en fait de
prêts déguisés comme du négoce d'énergie.
Les opérations faisaient par ailleurs l'objet de
"dérivés de crédit".
|
Des résultats immédiats
Enron inscrivait immédiatement à la signature les
résultats prévus pendant la durée de contrats de
fourniture à long terme (jusqu'à 20 ans) ou de vente de
produits dérivés.
Cette pratique avait été critiquée par un
article du Wall Street Journal en date du 20 septembre 2000.
Skilling avait défendu cette pratique lors d'une
réunion avec les employés le 3 octobre 2000 la justifiant au nom
du principe du "mark to market"
|
Source : ( Houston Business Journal,
4 février 2002 , disponible dans le site Internet
de ce journal )
Annexe 4 : Tableau de synthèse des
critères de mesure de la création de
valeur
|
Critères économiques
|
Critères boursiers
|
Critères comptables
|
Français
|
VAN
|
Profit écono-mique
|
Taux de rentabilité
interne
|
Création de valeur boursière
|
Taux de rentabilité total de l'actionnaire
|
BPA
|
Taux de rentabilité comptable
|
Capitaux propres par action
|
Anglais
|
NPV
|
EVA
|
CFROI
|
MVA
|
TSR
|
EPS
|
ROE , ROCE
|
Points forts
|
Le meilleur critère
|
Indicateur simple qui fait prendre conscience de la notion de
coût moyen pondéré du capital.
|
N'est pas limité aux résultats de
l'année.
|
Simplicité frappante.
Reflète la création de valeur totale et non
annuelle.
|
Sur le moyen / long terme, représente la
rentabilité de l'actionnaire
|
Son antériorité historique.
Sa simplicité.
|
Concepts
Simples.
|
|
Points faibles
|
Difficile à calculer pour
l'analyste
externe.
|
Limité à l'année. Evolutions
Au cours du temps
difficiles à apprécier.
|
Complexe
à calculer
|
Soumis à la volatilité des marchés
boursiers.
Difficile à appliquer à une société
non cotée.
|
Calculé sur une trop courte période., est soumis
à la volatilité des marchés boursiers.
|
Ne tient pas compte du risque.
Fort potentiel de manipu-lation. Ne tient pas compte du cout des
capitaux propres.
|
Compta-bles et ne tient donc pas compte du risque.
Limités à un exercice.
Doivent être comparés avec des taux exigés
pour être signifiants.
|
Rapport très lointain avec la création de
valeur.
|
Source : ( Finance
d'entreprise, Vernimmen, Ed. 2002, p.652. )
Annexe 5 : VAN , EVA , MVA et TSR de quelques
sociétés.
Sociétés
|
EVA ( en M € )
|
MVA ( en M € )
|
TSR ( 1992-2002
en % )
|
Shell
|
16955
|
|
|
PB Amoco
|
7135
|
|
|
GlaxoSmithKline
|
6537
|
|
|
Philips
|
4632
|
|
|
Unilever
|
2219
|
|
|
Austrian Alirlines
|
- 193
|
|
|
Ericson
|
- 304
|
|
|
Volvo
|
- 534
|
|
|
Swissair
|
-1282
|
|
|
Vodaphone
Airtouch
|
- 14891
|
|
|
NRJ
|
|
1705
|
|
Royal canin
|
|
1254
|
|
Clarins
|
|
1205
|
|
BIC
|
|
1126
|
|
Bolloré
|
|
1012
|
|
Kaufman et Broad
|
|
74
|
|
Gaumont
|
|
45
|
|
Infovista
|
|
- 6
|
|
Bongrain
|
|
- 49
|
|
Faurecia
|
|
- 722
|
|
Audi
|
|
|
26%
|
L'Oréal
|
|
|
22%
|
Sanofi-Synthélabo
|
|
|
22%
|
Telephonica
|
|
|
21%
|
Publicis
|
|
|
21%
|
AGF
|
|
|
4%
|
Olivetti
|
|
|
2%
|
Ericsson
|
|
|
2%
|
Fiat
|
|
|
1%
|
ABB
|
|
|
- 3%
|
Source : ( Finance d'entreprise,
Vernimmen, 2002, p. 643, 645, 646 ).
Table des matières
Pages
Introduction
...............................................................................................................2
I. Gouvernance d'entreprise et performances de
l'entreprise .............................5
A. Définition et explication des
concepts-clé
.........................................................5
1) Le concept de gouvernance d'entreprise
...........................................................5
2) La notion de création de valeur
...........................................................................7
B. L'impact positif de la gouvernance d'entreprise dans
la création de valeur .............9
1) L'instauration de la confiance.
............................................................................9
2) Le respect des intérêts des parties
prenantes. ...............................................11
3) La prise en compte de la responsabilité
sociale. .............................................12
C. Approche critique de la gouvernance
d'entreprise : le cas d'Enron .............14
1) Exposé et analyse de l'affaire Enron.
................................................................14
2) Les conséquences de ce scandale.
...................................................................17
II. Le rôle de la finance dans la création
de valeur ..............................................21
A. Les principes du management par la valeur
financière .................................21
1) Le principe du double marché.
..........................................................................21
2) Le principe d'identification des leviers financiers.
..........................................22
3) Le principe du pilotage interne.
.........................................................................22
B. Les mécanismes et mesure de création de
la valeur ......................................23
1) Les indicateurs de nature
économique..............................................................24
2) Les indicateurs de nature
comptable.................................................................25
3) Les indicateurs de nature
boursière..................................................................28
C. Les limites du management par la valeur
financière.......................................29
1) Champ d'application limité et normes de
performance irréalistes.................29
2) Transfert des risques de l'actionnaire vers le
salarié.......................................30
3) Focalisation sur le court terme et limites
liées au coût du capital..................30
Conclusion
..............................................................................................................34
Bibliographie.............................................................................................................37
Annexes
....................................................................................................................39
Tables des matières
............................................................................................... 49
* 1 Cf. annexe 1 : le
système de gouvernance de l'entreprise Bouygues
* 2 Cf. Annexe 2 : Les
principales sociétés mises en cause dans l'affaire Enron.
* 3 Cf. Annexe 3 : Enron et
les aspects comptables.
* 4 Cf. Annexe 4 : Tableau
de synthèse des critères de mesure de la création de
valeur.
* 5 Cf. Annexe 4 qui met en
avant les points faibles de quelques critères.
|