2. Le contexte
Il est nécessaire à la bonne compréhension de
l'énoncé qui est d'abord verbal mais qui a aussi une valeur
pragmatique, c'est-à-dire qu'il prétend instituer une certaine
relation avec son destinataire. Pour cela, il faut bien que
l'énoncé montre d'une manière ou d'une autre cette valeur
pragmatique, l'acte qu'il prétend accomplir par son énonciation.
Les conditions matérielles de présentation de
l'énoncé interviennent de manière décisive, mais il
existe également un « interdiscours »179(*) qui vient étayer
l'énoncé proprement dit.
Le contexte n'est pas nécessairement l'environnement physique,
le moment et le lieu de l'énonciation. Dans notre cas, où les
personnes ne sont pas présentes physiquement lors de l'interaction, il
s'agit de prendre en compte le contexte linguistique appelé le cotexte,
c'est-à-dire une référence dans le texte permettant de
comprendre. Dans notre cas, il est important aussi de prendre en
considération les savoirs antérieurs à
l'énonciation, qui peuvent être une source d'informations
nécessaire à la compréhension et à
l'interprétation, notamment les évènements survenus dans
la carrière de la chanteuse. Le destinataire n'est pas passif, il doit
définir lui-même le contexte dont il va tirer les informations
dont il a besoin pour interpréter l'énoncé. Par exemple,
si les interactants ont déjà une « histoire
conversationnelle » commune, il s'agit pour eux de manifester
qu'ils en ont quelques souvenances180(*). Cette « connaissance
partagée »181(*) par les interlocuteurs constitue un des
éléments les plus importants du contexte. Les participants
doivent alors être envisagés comme un « faisceau de
propriétés » mais surtout comme un ensemble de
savoirs, de croyances et de représentations. Le contexte s'observe donc
dans les données concrètes de la situation de communication mais
il se réfère également à tout ce qu'il y a de
commun chez les participants à la situation de communication. Dans notre
cas, il s'agirait notamment des différentes actualités de la
chanteuse, de ce qu'elle a pu faire ou ne pas faire dans sa courte
carrière, ceci forme ce que l'on pourrait appeler la
« mémoire collective »182(*), l'histoire commune
à tous les membres du forum, fans de la chanteuse Anne-Laure.
D.Maingueneau
évoque les normes que les interlocuteurs doivent respecter en
communication verbale. Le destinataire doit faire l'hypothèse que le
producteur de l'énoncé respecte certaines
« règles du jeu »183(*), accord tacite à
l'activité verbale, un savoir mutuellement connu : chacun postule
que son partenaire se conforme à ces règles et s'attend à
ce que l'autre s'y conforme. Dans notre étude du forum de discussion,
les règles du jeu sont fixées au départ par les
modérateurs du site et font l'objet d'une sorte de charte184(*). Nous pouvons parler
également de principe de coopération185(*).
* 179 MAINGUENEAU D. (1998)
op.cit.
* 180 GOFFMAN E. in
KERBRAT-ORECCHIONI C. Les interactions verbales (Tome 1), A.Colin,
Paris, 1990
* 181 STALNAKER R. in
KERBRAT-ORECCHIONI C. op.cit.
* 182 HALBWACHS M. Les
cadres sociaux de la mémoire, Albin Michel, Paris, 1994 (1925)
* 183 MAINGUENEAU D.
Analyser les textes de communication, Dunod, Paris, 1998
* 184 Voir cette charte en
annexes.
* 185 GRICE P
« Logique et conversation » (trad.fr.) in
Communication n°30, 1979
|