Conclusion
En conclusion, cette recherche nous a permis de plonger au
coeur des dynamiques culturelles en Guadeloupe, en mettant en lumière
les complexités et les défis qui jalonnent ce territoire
insulaire. Nous avons constaté que l'histoire de la Guadeloupe,
marquée par une série d'événements et d'influences
culturelles diverses, a donné naissance à une culture hybride et
riche en diversité.
Afin de comprendre la conséquence des dynamiques
territoriales de cette région sur les pratiques artistiques et leur
préservation, il a été important de me pencher sur
l'histoire de l'archipel. Marquée en partie par l'esclavage et la
départementalisation, ces épisodes ont profondément
influencé ses pratiques culturelles. Le commerce triangulaire, d'une
part, a donné naissance à une culture créolisée,
imprégnée d'influences africaines, européennes et
asiatiques, qui se manifeste dans la musique, la danse, le théâtre
et la tradition orale. La départementalisation, quant à elle, a
entraîné une intégration culturelle plus qu'étroite
avec la France hexagonale, favorisant la diffusion de la culture
française en Guadeloupe. C'est de cette manière que nous avons pu
observer des champs de lutte et de sauvegarde s'opérer et des notions se
soulever telles que l'eurocentrisme face au folklorisme. Au-delà de la
fragmentation dû à l'insularité, une fragmentation
idéologique, dû à l'histoire et ses répercussions,
s'est construite dans les consciences du peuple. Elle a exalté une
culture occidentale plus-value d'un côté et a fait surgir, d'un
autre, un besoin de réappropriation identitaire en passant par la
pratique artistique d'un héritage afro-descendant.
La départementalisation a poussé d'autant plus
à une réorganisation de cette société sur le plan
structurel. Cependant, l'intégration culturelle a également
suscité des débats sur l'identité guadeloupéenne.
Encore une fois, elle a mis en lumière les tensions entre l'appartenance
à l'hexagone et la préservation de la culture locale du fait de
l'assimilation. Malgré ces défis, de nombreuses associations
culturelles en Guadeloupe ont cherché à réaffirmer leur
identité à travers la mise en avant de l'univers gwoka, les
musiques afro-descendantes, le théâtre créole ainsi que la
pratique du conte.
De ce fait, à travers mes recherches, j'ai pu observer
que la manière de concevoir la culture est toute autre sur mon archipel.
Par manque de moyens mais avec une volonté de préservation, des
espaces se sont créés par l'initiative du peuple et des
associations avant de
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passer par les politiques culturelles de la Région
Guadeloupe. En effet, ces actions ont mis en exergue une question de
légitimité à exercer des pratiques culturelles locales en
dehors des institutions culturelles élitistes.
La fragmentation de l'archipel joue également un
rôle dans les dynamiques culturelles ainsi que les pratiques artistiques
comme j'ai pu le soulever. Ces éléments influent non seulement la
préservation des pratiques culturelles locales mais aussi
l'accessibilité des offres déjà peu nombreuses à
cause de moyens faibles malgré les politiques culturelles
définies par la Région. L'accessibilité aux oeuvres pour
le plus grand nombre est tout autant lacunaire que la possibilité de
formation artistique ce que bafoue le principe de démocratisation
culturelle voulue.
Cependant, les institutions artistiques en Guadeloupe se
caractérisent principalement par leur multidisciplinarité, ce qui
reflète une vision culturelle hybride. L'Artchipel et le CAC, bien que
ce dernier ait été réhabilité par un collectif, en
sont des exemples notables. À l'avenir, il est impératif de
persévérer dans nos efforts pour préserver cette richesse
culturelle tout en développant de nouvelles initiatives visant à
favoriser l'épanouissement des artistes et du public. La
démocratisation culturelle doit demeurer au coeur de nos
préoccupations, tout en reconnaissant la diversité des formes
artistiques et en encourageant la réappropriation du territoire par sa
population.
En définitive, cette étude nous rappelle que la
culture guadeloupéenne, malgré les défis auxquels elle est
confrontée, demeure une source d'inspiration et de résilience.
Elle incarne la richesse de la diversité culturelle et souligne
l'importance de la notion d'identité en passant par les pratiques
artistiques. Il est essentiel d'adopter des approches contemporaines pour la
gestion des équipements culturels, notamment en mutualisant les
ressources, en établissant des réseaux professionnels et en
promouvant une politique de coopération interrégionale. En
d'autres termes, les perspectives d'amélioration passent par la mise en
place de réseaux de collaboration culturelle, permettant aux artistes et
aux praticiens culturels de s'inspirer mutuellement et d'échanger des
idées et des ressources. Il est également nécessaire de
revoir le budget alloué par l'État pour soutenir les initiatives
telles que celles présentées dans cette étude afin de
garantir une véritable démocratisation culturelle en
Guadeloupe.
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Dans le contexte guadeloupéen, la notion de dynamique
territoriale se réfère aux notions de fragmentation et
d'archipélisation. Cette dernière exerce une influence
significative sur les pratiques culturelles, dévoilant à la fois
des richesses et des difficultés. Cette diversité est à la
fois une source d'enrichissement et un défi à relever. La
dispersion géographique complexifie la préservation et la
diffusion de ces expressions culturelles uniques. Malgré ces obstacles,
l'archipélisation renforce la diversité culturelle de la
Guadeloupe, une richesse qui mérite d'être
préservée.
Il est néanmoins nécessaire de reconnaître
les limites de notre travail. Ces limites nous rappellent l'importance de
poursuivre la recherche et l'exploration pour une compréhension plus
complète et nuancée. Bien que nous ayons cherché à
inclure diverses perspectives, y compris celles des communautés locales,
des artistes et des acteurs culturels, il est possible que certaines voix
n'aient pas été suffisamment représentées, ce qui
pourrait affecter la profondeur de notre compréhension. Des ressources
limitées ont pu influencer certains aspects de notre
méthodologie, tels que le nombre d'entretiens, les lieux
étudiés ou d'autres paramètres. Cette limitation peut
avoir des répercussions sur la généralisation de nos
résultats. C'est aussi de cette manière que j'espère
trouver à l'avenir des ressources plus vastes sur le sujet, ne serait-ce
que l'implantation et la création de centres sur l'archipel, des
initiatives lancées par des acteurs culturels car je ne doute pas de
l'existence de celles-ci. Il serait alors nécessaire de mettre en
lumière ces prises mesures précieuses car il m'a fallu du temps
pour faire des recherches comme par exemple la mutualisation des moyens
établies à Petit-Canal pour rendre plus accessibles les lieux
culturels sur l'archipel.
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