Gestion des espaces verts municipaux et leurs apports dans le développement durable des communes de Yaoundé 2 et 3par Hubert Aristide Manga Mvondo Université de Yaoundé 1 - Master en géographie 2023 |
V- REVUE DE LITTÉRATUREDès lors qu'apparut l'idée de donner à la nature une place en milieu urbain, de nombreux auteurs ont produit des connaissances relatives à la gestion de ces espaces. S'il y a nécessité d'intégrer la nature en ville, des procédés d'entretien (équitables) de ces espaces doivent tout aussi être mis sur pied. La revue de littérature de notre recherche est chronologique, elle propose l'évolution des savoirs développés par des auteurs sur la question de la gestion du végétal en milieu urbain. Dugas (1997) a abordé la question de la gestion des espaces naturels dans le prisme des responsabilités qui incombent aux élus en matière de leur gestion. L'auteur a d'abord souligné la délicatesse de traiter d'une telle question devant les élus surtout quand cette approche est celle d'un universitaire ; car les maires sont considérés comme des hommes de terrain par excellence et donc maîtrisent la question de la gestion des espaces verts mieux qu'un universitaire qui, par nature, par formation ou par fonction conçoivent les problèmes selon une méthode dogmatique que les élus. Toutefois, l'observation ou l'interprétation que l'on peut faire à propos d'un fait ne saurait être le propre d'une catégorie de personne ; si le végétal a pu trouver une place en milieu urbain, lieu où vivent les populations, il serait tout à fait logique que ces populations aient des appréhensions ou des perceptions et appréciations sur la présence du végétal ainsi que leur gestion en milieu urbain. La responsabilité des élus est donc de prendre des décisions en vue d'une gestion durable des espaces verts et de veiller à ce que ces décisions soient mises en pratique en milieu urbain. Cependant, on peut parfois observer des insuffisances, des inégalités ou encore des difficultés de gestion de ces espaces naturels en milieu urbain souvent causées par les différences d'aménagement de ces espaces verts. La question de la responsabilité des élus en matière de gestion des espaces verts est largement abordée par l'auteur. Façonner les paysages, mettre en place des espaces verts consiste à donner un coup de pouce à la biodiversité ; c'est du reste l'orientation que veulent donner les entreprises du paysage à leur métier en découvrant ou redécouvrant des pratiques alternatives (Fabrégat, 2010). Le végétal occupe une place importante en milieu urbain. D'après Manusset (2012), l'écologisation des espaces urbains ne devrait pas davantage tendre vers la construction de sorte de « cités vertes ». L'auteure pense que pour répondre à l'enjeu de l'urbanisme durable, il convient d'intégrer le volet sociétal, environnemental. Tout au long de son article, l'auteure présente une méthodologie précise qui propose de définir le volet sociétal de l'urbanisme de demain en prenant en compte les appréhensions des usagers par rapport à la présence des espaces verts en milieu urbain. De manière fondamentale, l'auteure propose de présenter, au-delà des impacts environnementaux, sociologiques et culturels, les impacts psychologiques des espaces verts. Botolisam et al.(2015) ont démontré que la présence des espaces verts en milieu urbain pose un réel problème des politiques liées à leur gestion. Par ailleurs, de nombreux problèmes sont reconnus aux espaces verts en milieu urbain dans les villes d'Algérie tels que les présente Ali-Khodja (2010), il s'agit entre autres des problèmes du design et des aménagements verts urbains réalisés souvent inappropriés et ne répondant pas généralement aux besoins des populations. L'auteure décrit également le manque d'espaces verts de proximité, l'insécurité, l'accessibilité. D'après cette auteure, les espaces verts urbains ne jouent plus leur vrai rôle social comme lieu de sociabilité et de vie communautaire et ceci impacte sur leur fréquentation. D'après Ali-Khodja (2010), l'impact sur le taux de fréquentation des espaces verts urbains pousse les populations à visiter davantage les espaces verts péri urbains plutôt que ceux qui sont localisés dans la ville. De plus, Bopda (1996) soulignait pour sa part que l'accès difficile à un espace limite son attrait1(*). Ces problèmes traduisent en effet, une non-prise en compte voire une non-considération particulière de la place du végétal en milieu urbain. Par ailleurs, dans une étude menée par Long et Tonini (2012) en prenant l'exemple des villes occidentales et en particulier la ville de Strasbourg, les auteurs soulignent le fait que le végétal occupe une place importante en milieu urbain, et que les populations désirent davantage plus d'espaces verts (entretenus) autour d'eux. D'après Akbari (2002) cité par Long et Tonini(2012), les espaces verts jouent un rôle important ; ce sont des lieux qui contribuent à l'apaisement et à la réduction de certains maux urbains telle la pollution des eaux, de l'air ou de l'îlot de chaleur urbain. D'ailleurs, septFrançais sur dix choisissent leur milieu de vie en fonction de la présence d'espaces verts à proximité de leurs habitations (UNEP, 2008) (op.cit.). Dans une étude réalisée une année plus tôt, Vida.(2011) a abordé à son tour la thématique des espaces verts urbains en lien avec la santé. L'auteur a procédé à un examen des effets bénéfiques des espaces verts urbains pour la santé des populations en soulignant que ceux-ci jouent un rôle très important dans les milieux urbanisés ; dès lors ils sont considérés comme des régulateurs pour l'environnement, la santé physique et mentale des populations. À la fin l'auteur suggère que les espaces verts en milieu urbain doivent être considérés comme un élément central lors de la planification urbaine. Le besoin de verdir les espaces urbains est une priorité pour les pays qui allient l'urbanisme et l'environnement, mieux l'écologie. D'après une étude menée par Botolisam et al.(2015), L'émergence des espaces verts en milieu urbain pose le problème des politiques publiques liées à leur gestion durable. Les auteurs dans leur article font un bilan de la politique publique et de l'état des lieux de la gestion des espaces verts. Ils analysent également les dysfonctionnements et les manquements liés aux cadres institutionnel et juridique. Pour Coulomb et Coulon (2013), les espaces verts doivent être gérés de manière durable. Il s'agit pour ces auteurs de prendre en compte le développement durabledes espaces verts s'articule en trois piliers : écologique (diminuer les pollutions, protéger la biodiversité), économique (diminuer les coûts, en particulier de main d'oeuvre) et social (penser aux utilisateurs de ces espaces). Les espaces verts remplissent de nombreuses fonctions, on parle davantage de services écosystémiques (SE). D'après le Millenium Ecosystem Assessment (2005) cité par Mehdi et al.(2017), les services écosystémiques sont définis comme les bienfaits que les groupes humains tirent des écosystèmes. Mehdi et al.(2017) reviennent avec insistance sur les fonctions des espaces verts ou leur apport surtout en termes de services écosystémiques. De plus, Wissal et Weber.(2017) sur l'évaluation des services écosystémiques urbains abordent la complexité du concept de services écosystémiques et son aspect pragmatique la finalité étant de montrer que cette complexité n'est pas un frein quant à l'application du concept. Une évaluation ascendante des services écosystémiques a été développée par les auteurs basée sur la caractérisation de la végétation urbaine ce qui a permis d'étudier le fonctionnement des arbres urbains et de quantifier les services écosystémiques rendus par la société en appliquant le modèle « i-tree eco ». Lenoir (2018) aborde la question de la gestion des espaces verts en la rapportant à la thématique du développement durable. Pour l'auteur, le développement durable s'applique aux espaces verts à travers des pratiques telles que la diversification des essences plantées, la réduction des opérations de désherbage, la réduction des consommation d'eau. Par ailleurs, les travaux réalisés par Kabanyegeye et al.(2020) ont révélé une inégalité dans la répartition des espaces verts dans la ville de Bujumbura au Burundi. Ce qui tend à mettre en évidence des différences au niveau de l'entretien de ces espaces verts urbains. Dans une perspective de développement urbain durable, PAYSALIA (2023) martèle la nécessité de l'urbanisme durable en mettant en évidence de nombreux bienfaits de cette forme d'urbanisme qui promeut la croissance de villes vertes. D'après cette entreprise du paysage, l'urbanisme durable contribue à réduire le stress des citadins, diminuer la pollution de l'air, elle vise l'éducation à la biodiversité urbaine. De plus, l'urbanisme durable favorise l'insertion sociale et rafraichit les villes. Il s'agit donc d'une idéologie purement écologique que les villes devraient mettre en pratique afin de garantir « un avenir meilleur à tous ». quelques années avant, Fadel et al.(2015) présentent le développement durable comme une prise de conscience intégrée des différentes dimensions dans lesquelles l'homme se développe. Pour ces auteurs, la protection de l'environnement est une condition nécessaire à un développement durable. D'ailleurs, de nombreuses politiques urbaines ayant pris conscience de cet aspect du développement affectent les espaces verts sur des espaces non bâtis. À travers leur étude, ces auteurs ont démontré que les espaces verts permettent aux populations d'être plus à l'aise sur leur territoire et se réconcilier avec la nature. Tous ces travaux ont abordé la problématique des espaces verts en milieu urbain de façon particulière mettant en place différents éléments qui ont participé à l'atteinte des objectifs de chaque étude, qu'il s'agisse des concepts, des modèles, des approches ou des méthodologies. La dégradation, évaluation des services écosystémiques, impacts de la mauvaise gestion des espaces verts en milieu urbain ont constitué des angles d'approche de la plupart des recherches sans toutefois mettre un accent particulier sur le problème de l'inégalité de gestion des espaces verts en milieu urbain ou des différences d'aménagement qui peuvent tout aussi contribuer à l'accroissement de la pollution ou de la dégradation des espaces verts en milieu urbain. Notre contribution ne visant pas à clore les débats sur les modes de gestion des espaces verts en milieu urbain, nous envisageons, en s'appuyant sur les travaux existants, apporter notre modeste contribution pour de nouvelles connaissances en s'intéressant à un angle d'approche particulier qui est celui des implications relatives aux inégalités de gestion des espaces verts en milieu urbain. * 1 La plupart des espaces verts municipaux de Yaoundé II et III du fait de leur concentration au centre-ville limite leur taux de fréquentation par les populations urbaines ou péri urbaines. |
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