Conclusion
La sécurité foncière au Cameroun est
consacrée à la fois par les institutions que par les nomes et les
procédures. De ce fait, pour en arriver à ce stade, la
socialisation juridique se présente comme étant indispensable au
regard de la complexité de l'objet : le foncier. Les experts en la
matière ont parfois du mal face à la complexité de la
chose, car en dehors du droit dans sa dimension régulatrice, la paix
sociale semble être très capitale. Ceci dit, le droit et les
rapports sociaux davantage communautaires méritent d'être pris en
compte dans les dynamiques foncières.
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CHAPITRE V :
LA PROBLEMATIQUE SECURITE FONCIERE DANS LA MEFOU
ET
AFAMBA
Introduction
La sociologie de l'action publique saisie par les institutions
permet en effet, de rendre compte des dynamiques sociales des politiques
publiques dans les rapports qu'entretiennent le centre et la
périphérie. Les nouvelles stratégies gouvernementales
d'intervention publique dans le domaine du foncier au Cameroun permettent de
mener une sociologie de la réception des normes et procédures en
la matière par les populations du département de la Mefou et
Afamba.
Les dynamiques sociales de l'action publique de la
sécurité foncière au Cameroun et particulièrement
dans le département de la Mefou et Afamba permettent d'analyser
l'ancrage sociologique de ce processus, les pratiques quotidiennes, l'habitus
des populations en la matière. Cette sociologie de
l'implémentation s'inscrit dans une dimension cognitive qui permet de
saisir l'impact des institutions sur les comportements des populations, en
fournissant des schèmes de représentation cognitifs que se
taillent les administrés du département de la Mefou et Afamba. Ce
chapitre au détail, s'attèle à faire une sociologie de la
sécurité foncière dans la Mefou et Afamba, afin de saisir
les facteurs, obstacles et écueils éventuels. De plus, il sera
question d'analyser la connaissance par les populations, des règles de
procédures de sécurisation des terres. A l'épreuve des
faits, il est aisé de s'apercevoir que la sécurité
foncière ne se présente pas comme la chose du monde la mieux
partagée chez les populations du département de ma Mefou et
Afamba. Une telle situation est causée par de nombreux écueils
dont les premiers semblent être logistiques entendus au sens des moyens
économiques et intellectuels (section I), et les seconds sociologiques,
au regard du nombre important des conflits familiaux et des oppositions
(section II).
Section I. La sécurité foncière dans la
Mefou et Afamba : des heurts logistiques
La sécurité foncière dans le
département de la Mefou et Afamba semble être et demeurer une
réelle bastille à prendre. Cette situation est, à
l'épreuve des faits, due à un certain nombre d'heurts à
consonance logistique, qui hissent l'indigence économique (I) et
l'ignorance des textes et procédures (II), au pinacle d'un
déficit de sécurité en matière foncière.
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I. La sécurité foncière dans le
département de la Mefou et Afamba neutralisée par l'indigence
économique des populations
Le processus de sécurité ou de
sécurisation foncière est adossé sur des relents d'ordre
économique ou financier. C'est dire que la sécurité des
terres a un coût (A). Cependant à l'épreuve des faits et de
l'observation, ce coût se présente comme étant un obstacle
à la sécurité des terres des populations de la Mefou et
Afamba, qui, séduites par les financiers, sont parfois obligées
de brader leur patrimoine foncier (B).
A. Aperçu de la consistance du coût de la
sécurité foncière
La consistance économique ou financière de la
sécurité foncière varie selon les cas d'immatriculation
directe ou de concession (1), mais ces deux procédures
n'échappent point aux travaux topographiques et cadastraux (2).
1. Grille tarifaire des droits afférents aux
procédures d'immatriculation et de concession
Les procédures d'immatriculation et de concession sont
frappées d'une fiscalité, conformément à la loi des
finances. Dans cette veine, par voie d'immatriculation sur le domaine national
de première catégorie, dix francs par m2 dans la zone
urbaine, avec pour minimum à percevoir de 5000 FCFA, et un franc par
m2 dans la zone rurale avec pour minimum à percevoir de 3000
FCFA. La redevance de base des concessions des dépendances du domaine
national est, suivant la nature de l'affectation du terrain fixée de la
manière suivante :
Tableau 3 : redevance de base des concessions des
dépendances du domaine national
Affectation du terrain
|
Terrain urbain
|
Terrain rural
|
Résidentiel
|
200 francs
|
100 francs
|
Commercial
|
300 francs
|
150 francs
|
Industriel
|
90 francs
|
45 francs
|
Social
|
30 francs
|
15 francs
|
Culturel
|
15 francs
|
8 francs
|
Agricole
|
1 franc
|
1 franc
|
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A toutes ces redevances et perceptions, s'ajoutent les frais
inhérents aux travaux topographiques et cadastraux.
2. Aperçu du coût des travaux topographiques et
cadastraux
Les travaux topographiques et cadastraux se
répartissent en deux groupes à savoir, les travaux topographiques
de terrain, et les travaux de bureau. Dans le groupe des travaux topographiques
figurent les travaux planimétriques et altimétriques. Les
premiers comportent le bornage et les divers travaux planimétriques. En
effet, les bornages d'immatriculation et de concession sont frappés de
tarifs, qui varient selon la situation de l'immeuble. En la
réalité, pour les terrains situés à
l'intérieur du périmètre urbain, le coût est de
25000 FCFA pour une superficie inférieure ou égal à 5000
m2, et 2000 FCFA par are en plus, pour la superficie
supérieure à 5000 m2. Pour les terrains situés
hors du périmètre urbain, le coût est de 25000 FCFA pour
une superficie inférieure ou égale à 5 hectares, 50000
FCFA pour une superficie comprise entre 5 hectares et 20 hectares, et 10000
FCFA par hectare supplémentaire au-delà de 20 hectares. Pour les
divers travaux planimétriques, il est perçu un droit fixe de
25000 FCFA avant toute descente sur le terrain, et 5000 FCFA par borne
reconstituée, rectifiée ou implantée.
Les seconds comportent les levées avec des points
côtes et éventuellement le traçage de courbes à
niveau. Pour ces travaux, il est perçu 35000 FCFA pour une superficie
inférieure ou égale à 1000 m2, 700 FCFA par are
supplémentaire pour une superficie supérieure à 1000
m2. Dans le groupe des travaux de bureaux, rentrent les tirages de
plans, le dossier de plans et la mise à jour des plans. Le tableau
ci-après fait état des tarifs des tirages de plans.
Tableau 4 : tarifs des tirages de plans
Nature du format
|
Coût par tirage
|
Format 21*31 cm
|
150 FCFA
|
Format 26*37 cm
|
250 FCFA
|
Format 37*52 cm
|
300 FCFA
|
Format 52*105 cm
|
1000 FCFA
|
Au regard de ce qui précède, il semble
aisé de s'apercevoir que le processus de sécurisation ou de
sécurité des terres est d'un coût relativement
élevé, et par conséquent
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difficilement à la portée des populations du
département de la Mefou et Afamba. Sur ce point de vue, l'indigence
économique de ces populations constitue un obstacle à la
sécurité foncière.
B. Le niveau de vie des populations comme obstacle à la
sécurité foncière dans le département de la Mefou
et Afamba
L'analyse du niveau de vie des populations du
département de la Mefou et Afamba se présente comme un obstacle
pour elles, quant à la sécurité foncière. En effet,
les populations de la région de l'Est sont en majorité
commerçantes et agricultrices et la terre se présente comme
étant leur patrimoine essentiel. Ainsi, si les populations du
département de la Mefou et Afamba ne peuvent pas facilement
sécuriser leurs terres en raison de leur niveau de vie (1), elles ne
résistent que difficilement au charme économique de ces
financiers (2).
1. La vie économique des populations du département
de la Mefou et Afamba
Les populations cibles ne présentent pas une vie
économique et financière assez fructueuse. A l'épreuve des
faits, la vie économique et financière des populations de ce
département relativement à leur revenu journalier ne place pas la
sécurité foncière au premier rang des priorités.
Ainsi, les autochtones et les propriétaires terriens ne disposent pas de
revenus stables pour ainsi permettre d'initier le processus de
sécurisation des terres, au regard de son coût relativement
important. L'exploration du niveau de vie de quelque enquêté nous
a permis de comprendre que, dans Le département, les populations ont
davantage des besoins physiologiques58 que des besoins de
sécurité, d'appartenance, d'estime ou encore
d'autodétermination. De ce point de vue, elles ne peuvent que
difficilement lancer le processus de sécurité foncière,
car cette action leur prendrait non seulement beaucoup de temps dans la
quête de la satisfaction de leur besoin physiologique, mais
également beaucoup d'argent pour ainsi suivre quotidiennement le
dossier. C'est certainement la raison pour laquelle, elles
préfèrent brader leurs terres, aux financiers.
58 Abraham H. Maslow théorise
la hiérarchie des besoins. Il part du principe selon lequel, les
individus ont un ensemble complexe de besoins exceptionnellement forts, qui
peuvent être classés dans un ordre hiérarchique. Voir dans
cette direction, Abraham H. Maslow, « Theory of human motivation »,
Psychological Review, 1943, n°80, p370-396 ou son ouvrage Motivation and
personnality, New York, Harper and Row, 1970.
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2. Sécurité foncière, populations du
département de la Mefou et Afamba et les « financiers »
Le département de la Mefou et Afamba connait une
pression foncière des plus accrue et prononcée. Cette pression et
convoitise font émerger un phénomène localisé,
connu sous le vocable de « financier ». En la réalité,
les financiers constituent cette catégorie d'acteurs au fort poids
économique et financier, qui pour des raisons agricoles ou autres,
s'accaparent de milliers d'hectares dans le département de la Mefou et
Afamba, au grand-dam des populations locales. La tendance
générale au sein du département de la Mefou et Afamba est
l'insécurité foncière, qui manifestement plombe la
licéité des transactions. De ces points de vue et face à
l'indigence économique des populations du département de la Mefou
et Afamba, ces financiers se présentent comme étant des
bienfaiteurs, plombant ainsi l'important patrimoine foncier du
département. Ce point de vue avait été
généralisé par le Préfet du département,
qui, lors de sa tournée de prise de contact et de redynamisation
socioéconomique, interpellait déjà la vigilance et la
sagesse des populations sur la question, et les invitait à recourir
à la sécurité foncière. Dans une localité
comme Awae, le phénomène est prégnant disait monsieur le
Maire « on retrouve une seule personne avec plus de 50 hectares,
c'est-à-dire presque tout un village »59. Toutefois,
l'indigence économique ne saurait être hissé comme le seul
obstacle à la sécurité foncière dans le
département de la Mefou et Afamba, car l'ignorance des procédures
se présente aussi comme un cimetière où vont s'enterrer
les prétentions de sécurité foncière des
populations de ce département.
II. L'ignorance des textes et des procédures comme entrave
à la sécurité foncière dans le département
de la Mefou et Afamba
Dans le département de la Mefou et Afamba, l'ignorance
des textes (A) et procédures (B) par les populations reste et demeure un
cimetière où vont s'enterrer les prétentions
sécuritaires des populations. En la réalité, les
populations du département observé, font preuve d'un
sous-développement juridique important dans le domaine foncier.
59 Entretien avec Monsieur le Maire de la Commune
d'Awae le 6 mai 2021.
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A. Le sous-développement juridique des populations du
département de la Mefou et Afamba en matière foncière
Les populations du département de la Mefou et Afamba
font état d'un substantiel sous-développement juridique, qui se
manifeste par la quasi-méconnaissance des textes régissant le
foncier au Cameroun, que ce soit en matière des terres de
première catégorie (1) ou en matière des terres de
deuxième catégorie (2).
1. L'ignorance du droit foncier substantiel en matière
d'immatriculation par les populations
L'obtention d'un titre foncier par la procédure
d'immatriculation directe est régie par le décret n°76/165
du 27 avril 1976 fixant les conditions d'obtention du titre foncier,
modifié et complété par le décret n°2005/481
du 16 décembre 2005. Ce décret en l'occurrence n'est pas
vulgarisé auprès des populations, ce qui justifie l'important
taux de rejet des demandes en immatriculation directe dans le
département. Ces populations fortement rurales ne se sont pas
appropriées de telles dispositions normatives afin de recourir à
la sécurité de leur patrimoine foncier. C'est certainement la
raison pour laquelle, elles sont parfois obligées de barder leurs
terres, ne maitrisant pas la règlementation. C'est état des
choses est également perceptible en matière de gestion des terres
du domaine national de deuxième catégorie.
2. L'ignorance du décret fixant des modalités de
gestion du domaine national
Tout comme le décret fixant les conditions d'obtention
du titre foncier, le décret n°76/166 du 27 avril 1976 fixant les
modalités de gestion domaine national est tout aussi ignoré par
les populations du département de la Mefou et Afamba. En la
réalité, l'ensemble de l'échantillon, opte pour
l'immatriculation directe alors qu'on observe une mise en valeur
problématique des terres datant d'avant le 5 août 1974. La
tendance est très souvent un essai de contournement aux fins
d'immatriculation directe, d'où la quantité importe des
procès60. Toutefois, si le droit substantiel en
matière foncière est ignoré par les populations du
60 Certaines personnes dans
l'échantillon ont eu l'idée de contourner la procédure de
concession pour celle de l'immatriculation directe, en immatriculant le terrain
au non d'une personne âgée de plus de 47. Mais parfois ça
tournait mal, car avant la procédure de mutation, la personne en
question décède est ses enfants, avec raison, s'accaparent du
terrain et généralement le vendent.
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département de la Mefou et Afamba, le droit processuel
l'est davantage, plombant ainsi la dynamique de sécurité
foncière prônée par l'Etat du Cameroun.
B. Un droit foncier processuel ésotériste chez
les populations du département de la Mefou et Afamba
Les populations du département de la Mefou et Afamba
connaissent très peu le droit foncier processuel. En effet, les
descentes sur le terrain permettent de comprendre que la procédure en
matière foncière constitue un obstacle à la
procédure foncière pour ces populations qui l'ignorent quasiment
(1), mais optent davantage pour des transactions illicites (2).
1. Une méconnaissance accrue des procédures chez
les populations
La sociologie de la connaissance des procédures en
matière foncière dans le département de la Mefou et Afamba
révèle une méconnaissance profonde de la part des
populations. De cette considération, il est possible de relever une
vulgarisation absente des procédures que ce soit celle de
l'immatriculation directe ou celle de la concession. Cette ignorance des
procédures conjuguées à l'important formalisme ne peuvent
que pousser les populations à opter les transactions illicites.
2. Le fait majoritaire des transactions illicites : la
persistance de l'abandon des droits coutumiers
Lors de la tournée de prise de contact et de
redynamisation socioéconomique de Monsieur le Préfet dans
l'arrondissement d'Assamba, un conseiller municipal posait alors la question
sur la valeur juridique du certificat d'abandon des droits coutumiers. La
réponse était sans appel : « le certificat d'abandon des
droits coutumiers n'a aucune valeur juridique ». Cependant, l'on note
le fait majoritaire des transactions foncières sous le fondement de ce
certificat dans le département de la Mefou et Afamba, grippant ainsi la
chaine de la sécurité foncière au Cameroun. Mais cette
sécurité foncière n'est pas seulement mise à mal
par l'indigence économique des populations et leur
sous-développement juridique, mais également par l'important taux
d'opposition et de conflits familiaux.
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Section II. Les obstacles sociologiques à la
sécurité foncière dans le département de
la Mefou et Afamba
L'une des principales caractéristiques du
Département de la Mefou et Afamba est l'important rythme des
transactions foncières. Soient-elles illicites ou licites, les
transactions foncières meublent le quotidien des populations de la Mefou
et Afamba. Aussi nombreuses sont-elles, elles ne sont pas exemptes de toutes
irrégularités qui justifient parfois, l'important nombre de
conflits familiaux (I) et d'oppositions (II).
I Les conflits fonciers intrafamiliaux : des obstacles
à la sécurité foncière dans le département
de la Mefou et Afamba
L'analyse de la situation foncière de la Mefou et
Afamba permet de distinguer deux catégories de populations, les
populations détentrices de droits d'appropriation sur la terre, et les
populations dont les membres accèdent à la terre essentiellement
à travers des arrangements institutionnels locaux à l'instar de
la location, du métayage, des prêts contre entretien des
plantations. Les conflits qui peuvent en naitre, sont de l'ordre de la donation
intergénérationnelle (A), d'une part, et des transferts
intrafamiliaux d'autre part (B).
A. Impact de la donation sur le foncier familial et entrave
à la sécurité foncière
Le fonctionnement du système foncier fait apparaitre
des changements sociaux importants dans le processus de transmission
intergénérationnelle des droits sur la ressource. La donation
constitue le mode principal de transmission des droits de gestion sur le
patrimoine foncier familial. Cependant, le réseau de parenté dans
le département de la Mefou et Afamba permet de diffuser et d'entretenir
des conflits. Dans le village « Ebolmedjom » dans
l'arrondissement de Nkolafamba en l'occurrence, la transmission
intergénérationnelle des droits fonciers a été
à l'origine des conflits résolus par le Sous-préfet de
cette unité administrative. En l'espèce, le système de
donation remis en cause par les membres de la famille biologique avait abouti
à des conflits énormes diffusés par l'appétit
foncier. Quoiqu'il en soit, la dynamique de donation est appelé à
disparaitre sous réserve d'un établissement sous forme
notariée. Ces conflits familiaux se manifestent également par un
transfert intrafamilial des terres ou des plantations.
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B. Les transferts intrafamiliaux des terres et des plantations
comme source de conflits et entraves à la sécurité
foncière
Les transferts intrafamiliaux des terres ou des plantations
s'opèrent majoritairement en ligne patrilinéaire. Les
gestionnaires actuels des patrimoines dans leur stratégie de
transmission des droits de propriété sur la terre des nouvelles
générations, distribuent une proportion importante des terres
à leurs propres enfants via la donation. Ce résultat traduit une
évolution dans les pratiques sociales de transmission des droits sur la
terre. Dans un contexte de recomposition des relations sociales entre les
membres de la famille sous l'influence des facteurs internes, et externes, les
structures familiales foncières du département de la Mefou et
Afamba ne peuvent garantir actuellement la sécurité
foncière. Avec les changements qui s'opèrent et la
généralisation des pratiques de l'agriculture, la gestion des
patrimoines fonciers familiaux n'incombe au seul chef de matrilignage, mais
à différents aînés au sein des familles. Toutefois,
il importe également de relever le fait majoritaire des oppositions,
comme entrave à la sécurité foncière dans le
département de la Mefou et Afamba.
II Les oppositions comme obstacles à la
sécurité foncière dans la Mefou la Mefou et Afamba
Les oppositions trouvent leur fondement à l'article 16
nouveau du décret n°2005/481 du 16 décembre 2005. En effet,
à partir du jour du dépôt à la
sous-préfecture de la réquisition d'immatriculation, et
jusqu'à la publication au bulletin des avis fonciers et domaniaux, de
l'avis de clôture de bornage, toute personne intéressée
peut intervenir soit par voie d'opposition, soit par demande d'inscription. Ces
oppositions sont omniprésentes dans le département de la Mefou et
Afamba (B), même si la législation les encadre en termes de
conditions (A).
A. Les conditions de l'opposition
Il se dégage du décret n°2005/481 du 16
décembre 2005 que, les personnes habilitées à faire
opposition doivent préalablement avoir un intérêt. Aussi,
l'auteur de l'opposition ou des demandes d'inscription doit être un tiers
à la procédure d'immatriculation, c'est-à-dire une
personne autre que le requérant, comme le souligne Nenzeko Kagho
Clarisse Julienne61. L'opposant peut alors être une personne
physique ou morale dont l'immatriculation préjudicie
61 C.J Nenzeko Kagho, Le contentieux foncier,
Mémoire de DEA droit privé, Université de Yaoundé
II, 2003.
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à ses droits. De même, une collectivité
coutumière peut s'opposer pour le compte de ses membres. Cependant,
l'intérêt doit être suffisant pour faire opposition ou
demander une inscription. Ainsi, le titulaire d'une autorisation d'exporter de
l'or a un intérêt suffisant pour faire opposition, lorsque le
législateur lui donne le droit d'occuper le terrain
domanial62. Ces oppositions constituent alors à proprement
parlé, une entrave à la sécurité
foncière.
B. L'impossible sécurité foncière dans le
Mefou et Afamba en cas d'opposition
Les oppositions à l'immatriculation constituent l'un
des obstacles des plus prégnants à la sécurité
foncière dans le département de la Mefou et Afamba. En la
réalité et sous peine de nullité, aucun titre foncier ne
saurait être établi avec des oppositions en marge. Dans le
département de la Mefou et Afamba en l'occurrence, l'on observe un
important rythme des oppositions chez les populations. Ce
phénomène est observable dans presque tous les arrondissements
que compte la Mefou et Afamba. Dans l'arrondissement de la Nkolafamba
spécifiquement, les descentes sur le terrain ont permis de constater la
surcharge du calendrier de Monsieur le Sous-Préfet pour cause de
levée d'oppositions, afin de booster la dynamique de sécurisation
foncière dans l'unité administrative dont il a la charge.
62 V. Gasse, Le droit foncier
outre-mer et son évolution depuis les indépendances, Th.
Dacty, Tome I, Aix-Marseille, 1968, p. 77.
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