Gestion de mouvement des revendications des étudiants et leurs résolutions: cas de l'UNIKIS de 2019-2022par Chadrac EKOTE MILAMBO Université de Kisangani - Gradué 2022 |
0.2. Etat de la questionLa revue de la littérature antérieure s'impose à tout chercheur qui veut entreprendre une recherche scientifique en vue notamment de se faire une idée sur l'état de la question qu'il veut aborder. C'est à ce titre qu'ESISO ASIA-AMANI F4(*)estime qu' « il faut parcourir la documentation existante à ce sujet, il faut interroger la littérature ou les travaux antérieurs, pour dégager un problème nouveau et original pouvant faire l'objet d'une étude nouvelle ». L'étude approfondie des travaux antérieurs, empiriques ou théoriques, poursuit-il, conduit souvent à poser le problème sur des bases nouvelles et à l'élargir. Voilà pourquoi en tant que chercheur, nous ne sommes pas exempté de cet impératif. Il sied, alors, de noter que, en dépit de multiplicité des travaux sur les revendications des étudiants, la présente étude aborde la gestion de mouvement des revendications des étudiants et leurs résolutions. Cas de l'Université de Kisangani. Ainsi, la gestion concerne, en effet, les actes d'autorisation, d'interdiction, d'encadrement ou de répression des fautes ou délits commis à la suite de revendication (ou manifestions) estudiantine. En effet, cette problématique a déjà fait l'objet de bien d'autres analyses antérieures. Ce qui voudrait dire que nous ne sommes pas le tout premier à vouloir entreprendre une telle étude. Ainsi, la revue des quelques travaux portant sur le domaine que le nôtre nous a été d'une importance non négligeable pour la réalisation de ce travail. En octobre 19685(*), alors que le Mexique s'apprêtait à célébrer les Jeux Olympiques, un mouvement estudiantin s'organise à Mexico et dans l'ensemble du pays pour protester contre les violences policières ; puis pour exiger une réforme de la Constitution et du système Universitaire. L'incapacité du pouvoir fédéral à dialoguer avec les étudiants a entrainé, de ce fait, une radicalisation du mouvement et sa répression. Angelo Montoni6(*) a mené son étude sur la « gestion du conflit social et attentes morales. La contestation estudiantine dans le Chili post-dictatorial ». Son objectif a été de relever les processus et les évènements qui permettent de retracer le parcours d'un épisode contestataire. Après analyse et interprétation des données, elle conclut que des nouveaux mouvements de contestation au Chili permet de comprendre que les motivations derrière leur apparition sont nourries et liés aux attentes de la population et d'aspects moraux liés à des conflits de valeur entre les groupes dominants et des jeunes qui résistent à l'idéologie, à la démocratie autoritaire et à la criminalisation de la protestation. Le contexte de la mobilisation permet de constater que les jeunes sont souvent guidés par des dynamiques émotionnelles particulières. Le refus par les autorités d'entendre les revendications des jeunes provoque chez ces derniers une série de réponse émotionnelle exprimée d'abord par un mécontentement, ensuite par une indignation, puis une colère qui, finalement se transforme en rage. Il est possible alors de découvrir un processus qui mènerait à une radicalisation de l'action collective, où les pouvoirs politiques en ignorant, en méprisant, en disqualifiant et finalement en réprimant le mouvement de contestation jouent un rôle crucial ; ajoute l'auteure. Cette mobilisation a des conséquences concrètes dans les rapports que l'Etats tisse avec sa population. On observe des effets politiques importants, tout d'abord dans l'acceptation du mouvement étudiant comme porte-parole légitime dans la gestion de problèmes publics. Il y a eu notamment un changement de gouvernement et l'approbation par ce dernier de plusieurs revendications du mouvement avec la promulgation d'une loi de la gratuité de l'enseignement supérieur, principale du mouvement (actuellement la gratuité de l'enseignement supérieur atteint 60% de jeunes), conclut-elle. Pierre BARUANI A7(*) a étudié « La police nationale congolaise face à la gestion des manifestations estudiantines à Kisangani de 2016 à 2021. Il s'est donné comme préoccupation d'analyser des raisons non-professionnelles de la répression des étudiants manifestants par la police nationale congolaise et identifier les conséquences qui en découlent. A la fin de ses analyses, l'auteur tire la conclusion selon laquelle l'intervention de la police dans le rétablissement de l'ordre public n'a pas enregistré des pertes en vie humaine, aucun étudiant n'a connu la mort malgré les interventions musclées de force de l'ordre. Alors que l'étude menée par Narcisse SEBUTU8(*) sur les facteurs motivationnels de comportement agressif des étudiants de l'Université de Kisangani vis-à-vis des policiers montre clairement l'antinomie qui existe entre ces derniers et les étudiants de l'Université de Kisangani. Il se développe chez les étudiants de l'Université de Kisangani, surtout ceux qui habitent les homes des comportements tels que : les injures, les menaces, les hurlements, les cris des étudiants envers les policiers lorsque ceux-ci sont de passage dans l'enceinte de l'Université. Quelques fois une tendance à l'agressivité physique de la part des étudiants contre les policiers. Il s'est alors, en effet, donné la préoccupation de chercher comment comprendre cette antinomie entre les étudiants et les policiers alors que les seconds sont censés protéger les premiers. Cet état de chose, poursuit-il, se pérennise à travers les années et au moindre incident on s'attend à des accrochages. A tel point qu'il est rare que la présence de la police règle ou apaise la tension. Au contraire, cette présence contribue à amplifier la tension par le jeu de pierre, des chants provocateurs si pas obscènes. De telle sorte que le milieu estudiantin demeure hostile aux agents de l'ordre et parfois le contraire apparait possible. Tel a été son constat. Pour sa part, Didier MATERANYA9(*) a étudié « la jeunesse estudiantine et valeurs républicaines en République Démocratique du Congo. Cas des étudiants de l'Université de Kisangani ». Selon cet auteur, cette élite intellectuelle se distingue par des actes d'irresponsabilité, exempts de toute considération au regard de la chose publique : bref, elle se caractérise par l'inversion des valeurs et plus particulièrement des valeurs républicaines. En effet, il s'est donné la peine de chercher à savoir si les étudiants de l'UNIKIS connaissent-ils les valeurs républicaines ; quel est le comportement de ces étudiants face aux valeurs républicaines ; et de comprendre finalement lorsque ces derniers se comportent ainsi, que pourraient être les conséquences de ces comportements du point de vue politique, économique et socioculturel. Au terme de son étude, il est abouti à la conclusion selon laquelle les étudiants de l'UNIKIS n'ont pas une connaissance nécessaire en matière des valeurs républicaines. Eu égard à ce qui précède, la lecture faite de ces différents documents (travaux antérieurs) nous a été d'un grand apport, notamment celui d'en dégager la ligne de démarcation. En effet, nos prédécesseurs ont le mérite, dans l'ensemble, d'avoir abordé les aspects motivationnels des revendications sociales en général, les caractéristiques des actions des revendicateurs ainsi que le comportement de ces derniers dans leurs actions. Par contre, leur limite se remarque du fait qu'ils n'ont pas pu clairement démontrer la gestion et la trajectoire que prennent les revendications. Cependant, notre originalité réside dans la mesure où notre étude se donne comme objet de comprendre la gestion des revendications des étudiants de l'UNIKIS en interne (au niveau de la Coordination des étudiants eux-mêmes et de l'Université) et à l'externe (le Gouvernement, Administration Publique) ; mais aussi les résolutions qui en découlent dans une période de trois années académiques, c'est-à-dire de 2019 à 2022. * 4 ESISO ASIAA-AMANI Frédéric, «La recherche en sciences sociales », Paris, Harmattan, 2018, p. 77. * 5 Guillaume Duarte, « Le mouvement étudiant méxicain de 1968 dans la presse régionale d'Oaxaca », ideas (En ligne)/ Printemps/Eté 2018, mis en ligne le 18 juin 2018, consulté le 19 juin 2022. Disponible sur : URL : http://journals.openedition.org/ideas/2709; DOI : https :doi.org/10.4000/ideas.2709. * 6 Angelo Montoni, « Gestion du conflit social et attentes morale. La contestation étudiante dans le Chili post-dictatorial », disponible sur https://doi.org/10.4000/sds. 11623, consulté le 19 juin 2022. * 7 Pierre BARUANI AMISI, « La police nationale congolaise face à la gestion des manifestations des étudiants à Kisangani de 2016 à 2021 », Mémoire de Licence, SPA, FSSAP, UNIKIS, 2018-2019 (Inedit). * 8 Narcisse SEBUTU BISAOLO, « Facteurs motivationnels de comportement agressif des étudiants de l'Université de Kisangani vis-à-vis des policiers », TFC, Psychologie, FPSE, UNIKIS, 2015-2016 (Inedit). * 9 Didier MATERANYA AKILI, « Jeunesse estudiantine et valeurs républicaines en République Démocratique du Congo », Mémoire de Licence, SPA, FSSAP, UNIKIS, 2006-2007 (Inedit). |
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