DEUXIEME CHAPITRE :
GESTION DES REVENDICATIONS DES ETUDIANTS
Après avoir cerné le cadre
général de notre étude, il est question d'analyser dans ce
chapitre la gestion des revendications estudiantines de l'UNIKIS.
Pour ce faire, nous le souscrivons en quelques sections
ci-après : aperçu sur les revendications des
étudiants de l'UNIKIS, en passant par l'identification et la
description ; procédures en matière de
revendications et enfin, la gestion des revendications estudiantines, la
gestion interne d'une part, c'est-à-dire voir comment
l'Université et la Coordination générale des
étudiants gèrent ces revendications, et la gestion externe,
c'est-à-dire l'autorité publique (Gouverneur de Province, Maire
de la Ville, l'ANR, la PNC).
Section 1. Aperçu
sur les revendications des étudiants de l'Université de
Kisangani
Loin de nous la prétention de présenter les
faits dans un ordre chronologique, ou faire une histoire
événementielle sur les revendications des étudiants
où, on doit présenter chaque fait avec sa date ; mais il
s'agit d'une histoire compréhensive ou analyse factuelle à
laquelle nous essayons, sans nul doute, de présenter les
événements avec une approche beaucoup plus globale de quelques
faits revendicatifs qui ont été enregistrés afin de
comprendre la trajectoire des revendications des étudiants de
l'Université de Kisangani.
A cela, nous faisons un rétrospectif sur les deux
dernières années au cours desquelles nous n'avons pas une
idée très précise sur la date des différentes
revendications qui y ont eu lieu ; néanmoins, nous
présentons ces revendications de manière globale. Il s'agit,
notamment des années académiques 2019-2020 et 2020-2021, durant
lesquelles les étudiants ont pu également revendiquer pour les
habituels motifs, en l'occurrence, l'électricité, la hausse des
frais académiques, frais de logement, le calendrier académique,
la compassion avec la situation sécuritaire du pays, etc.
Généralement, les revendications des
étudiants de l'UNIKIS, comme celles d'autres institutions de l'ESU de
Kisangani, voire de tout le pays portent presque toujours, pour la plupart de
temps, sur les mêmes motifs précités ; et au cours
desquelles on assiste par des échanges de tirs de grenades
lacrymogènes contre les habituels jets de pierres des étudiants.
Moins de revendications de l'étudiant congolais en
général, celui de l'UNIKIS en particulier, voire rare
d'entre-elles portent sur des questions d'ordre politique, économique,
social, sécuritaire, et bien d'autres. De nos jours, il est rare de voir
l'étudiant congolais revendiquer la bourse d'étude.
Durant les deux premières années de notre
étude (2019-2020 et 2020-2021), il y a eu, sans aucun doute, bon nombre
de revendications estudiantines.
Pour cette année académique qui est en cours,
nous avons enregistré trois grands mouvements de revendications :
la revendication portant sur la hausse des frais de logement pour les
étudiants pensionnaires des homes, au mois de juin ; la
revendication du 09 août 2022 dont l'objet était de
dénoncer la majoration des frais d'entérinement des
diplômes pour les étudiants finalistes ; celle des 25
(la nuit) et 26 septembre 2022avec comme motif
l'électricité ; la revendication du 08 novembre
2022, avec comme motif de dénoncer l'agression rwando-M23 dont
notre pays est victime et enfin, la revendication sur le calendrier des
examens du second semestreet le conditionnement pour les finalistes du
1er et 2ème cycle de passer les examens
qu'à condition de payer les frais d'entérinement ou
d'homologation des diplômes au début du mois de décembre
(le 30 novembre).
Voici ci-dessous les détails de quelques-unes de ces
revendications, les parties prenantes et les résolutions.
a. Revendication sur la hausse des de logement
§ Motif : l'augmentation des frais
de logement de 125.000FC à 200.000FC.
Il sied de noter cependant la réplique d'une
tournure ratée dans sa première phase, mais tenue dans sa
deuxième phase, avec la forme d'une autorité maintenue.
En effet, l'année passée, avec le Recteur
sortant, l'Université avait tenté de majorer les frais de
logement pour les étudiants pensionnaires des homes de 125.000FC
à 200.000FC. Après revendication de ces derniers,
l'Université avait fait preuve de bonne foi, l'écoute et
l'ouverture vis-à-vis des étudiants ; et va finalement
revenir sur sa décision pour maintenir le montant
précédent. C'est-à-dire à 125.000FC.
Mais avec le nouveau Patron du Bâtiment Administratif
(BATAM), le Professeur Ordinaire Jean-Faustin BONGILO, ces frais vont connaitre
une augmentation pour finalement revenir au montant tenter, 200.000FC. Comme
d'habitude, les concernés vos rejoindre la rue au mois de juin 2022,
pour protester contre la décision, mais sans gain de cause finalement.
L'autorité s'imposant donc. Il y a eu même des menaces d'exclure
certains étudiants à la suite de cette revendication.
§ Parties prenantes :les
étudiants pensionnaires des homes et le COGE, ainsi la Direction des
oeuvres estudiantines.
§ Résolution :maintien du
montant augmenté, c'est-à-dire 200.000FC.
b. Revendication sur les frais d'entérinement
ou d'homologation des diplômes
§ Motif : dénoncer la hausse
de ces frais qui, selon les finalistes, ces frais sont toujours
incorporés dans les frais académiques ; mais pour cette
année, ils sont séparés et connaissent une augmentation
mais sans justification convaincante.
Alors que les étudiants de l'UNIKIS s'apprêtaient
pour affronter les examens du premier semestre, les finalistes du
1er et 2ème cycle ont dû descendre à
la rue, à la suite d'une décision du COGE portant sur les
frais d'entérinement ou d'homologation des diplômes.
Le mouvement a eu lieu comme ça pendant au moins
trois jours successifs malgré les interventions musclées
des forces de l'ordre, mais les étudiants avaient séché le
cours durant toute une semaine.
Pour essayer d'apaiser les esprits et éteindre le feu,
les Doyens des différentes Facultés et Ecole supérieure
(Directrice) avaient organisé, chacun à son niveau, une rencontre
avec ses étudiants, afin de leur montrer les avantages et
inconvénients de poursuivre avec le mouvement. Au cours de cette
rencontre, ilsont essayé de tendre la main aux étudiants de ne
pas poursuivre le mouvement.Cette demande a été positivement
reçue par les étudiants.
C'est ainsi qu'il n'y avait plus de mouvement au matin de la
rencontre ; et les activités avaient repris normalement à la
faculté, et même la passation des examens anticipés
malgré quelques peu de cris que l'on pouvait entendre et observer sur le
campus.
A noter : il y avait un malentendu
entre étudiants manifestants et le COGE à propos de mobile
de cette revendication. Car, au départ, les étudiants
revendiquaient non pas pour la réduction de ces frais, selon la vue du
COGE, mais pour la suppression totale de ces frais qu'ils estimaient
d'illégales. Ce qui était un impossible, parce que ces frais
concernent toutes les Institutions de l'ESU car repris sur l'instruction
académique 023 de l'année en cours. Mais ce qui posait
problème était le taux de ce frais qui n'était pas
explicitement repris sur ce document.
§ Résolution :
- Réduction de ces frais à 123.000FC et quelque
chose au lieu de 150.000FC ;
- Prolongement de l'échéance de paiement
à trois mois, à compter du mois de septembre au lieu d'une
semaine ;
- Paiement par tranche, dont 41.000FC par tranche (trois
tranches au total).
c. Revendication sur le calendrier des examens du
second semestre et le conditionnement des finalistes du 1er et
2ème cycle de payer les frais d'entérinement avant la
passation des examens
§ Motifs : réclamer le
réaménagement du calendrier et suppression de
conditionnement des finalistes du 1er et
2ème cycle de payer les frais d'entérinement avant la
passation des examens.
En effet, pendant ce mouvement de deux jours successifs, nous
avions assisté comme d'habitude, à l'affrontement entre les
forces de l'ordre (la police) contre les étudiants. Ce qui s'est
soldé à la répression et la violence policière, en
tirant sur les étudiants. Parmi les victimes blessées et
internées aux cliniques universitaires, il y a notamment un
étudiant finaliste de 1er cycle (de la FLSH) qui a
été tiré dans le bras droit d'arme marque AK47, d'une
balle réelle par un policier dans la cité TOENGAHO dans une
bureautique pendant qu'il imprimait son travail pour le déposer chez son
encadreur. Il est transféré à Kinshasa pour des soins
appropriés.
§ Parties prenantes : les
étudiants, le COGE, la PNC, le Gouverneur de Province et le Ministre de
l'ESU.
§ Résolution : les
affrontements entre les forces de l'ordre et les étudiants,
caractérisés par la violence policière, en violation de
l'autonomie de la cité universitaire avaient suscité
l'intervention directe de la Gouverneure de province. Après l'appel
phonique de cette dernière avec le ministre de tutelle (de l'ESU), on va
convoquer Conseil d'urgence impliquant la Gouverneure de Province, les
représentants des étudiants, le COGE ainsi que les forces de
l'ordre. A l'issu de cette assemblée extraordinaire, les
résolutions suivantes ont été prises :
- 10 Décembre 2022 : fin des
enseignements ;
- 20 Décembre 2022 : début des
examens ;
- Les auditoires qui n'auront pas fini dans ce délai
continueront avec les enseignements ;
- L'inscription à la session se poursuit jusqu'au 19
décembre 2022, au plus tard ;
- Les examens anticipés se poursuivent dans toutes les
facultés suivant le programme établi de commun accord avec les
étudiants ;
- La passation des examens pour les finalistes n'est pas
conditionnée par le paiement de frais d'entérinement du
diplôme.
A l'habituelle revendication du courant électrique, la
réaction que nous qualifions de moindre portée et impulsive de la
Société Nationale de l'Electricité (SNEL), sera celle
d'envoyer le Courant aux après-midi du mouvement ; on aurait
même placé la ligne Campus Centrale parmi les axes
stratégiques (ou prioritaires) de la SNEL. Une résolution,
à notre avis, précaire et ne présentant aucune
durabilité. Car c'est le même problème qu'on constate
jusqu'à preuve du contraire.
Néanmoins, le problème du courant est un
problème de toute la Ville. Avec la perpétuelle panne des
tribunes d'alimentation.
Par contre, l'on déplore cependant la mauvaise
volonté des autorités qui, pour réaliser une action en
faveur de la population, particulièrement les étudiants, il
faudrait seulement que ces derniers barricadent la route avec toutes les
conséquences possibles.
Alors que ces revendications entraînent de part et
d'autre des mesures plus offensives et entrent dans le cycle
protestation/répression dont l'issue n'est pas toujours clairement
décisive comme s'il y avait un épuisement réciproque des
forces en présence.
Egalement, la plupart de fois, les étudiants se
retrouvent dans la rue pour y manifester, entraînant dans leur sillage
des jeunes désoeuvrés qui n'ont jamais connu l'école ou
qui l'ont quittée depuis longtemps, toute une jeunesse qui se
reconnaît dans ses frustrations et qui perçoit aussi l'aspect
festif du mouvement, profitant de l'anonymat de la foule pour détruire
dans l'euphorie.
En conclusion, s'il faut penser en termes de nombre de
mouvement de revendications estudiantines depuis 2019 jusqu'à 2022, il
peut s'avérer très difficile de les comptabiliser.
Néanmoins, nous résumons ci-dessous quelques motifs, pour la plus
part de cas, de ces revendications :
1. La revendication sur la hausse des frais
académiques ;
2. Le fameux problème de
l'électricité ;
3. La majoration des frais de logement pour les
étudiants pensionnaires des homes (B1, B2, WAGENIA, ...) ;
4. Le problème de frais d'entérinement ou
d'homologation des diplômes pour les étudiants finalistes de
1er et 2ème cycle ;
5. La revendication sur le calendrier académique et
6. Le problème de l'eau ; la bourse
d'étude ; revendication pour qui a eu lieu au début de cette
année académique pour exiger au Gouvernement Central de
répondre à la grève des enseignants, afin d'entamer la
reprise des cours ; et bien d'autres motifs, sont des rares revendications
des étudiants de l'UNIKIS.
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