WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude de valorisation des rejets de la laverie de Kamatanda par concentration sur spirale et concentration magnétique


par Léopold Mutamba Lenge
Université de Lubumbashi - Bachelier en sciences de l'ingénieur civil  2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Introduction générale

La laverie de KAMATANDA alimente actuellement le circuit de lixiviation en tas des usines hydrométallurgiques de SHITURU pour la production d'un lixiviat principalement de cuivre. Les minerais alimentant la laverie de KAMATANDA subissent successivement une fragmentation, un lavage et une classification granulométrique. De cette classification granulométrique, trois fractions en résultent à savoir : les -30 mm +1mm destinées à la lixiviation en tas ; les -1 mm +0,8 mm et les -0,8 stockées comme rejets.

La capacité de traitement de la laverie de KAMATANDA est estimée à 3000 tonnes sèches par jour et se subdivise en fonction des différentes fractions granulométriques en 1500 tonnes sèches par jour pour la fraction des -30 mm à +1 mm, 780 tonnes sèches par jour pour la fraction des -1 mm à +0,8 mm et 720 tonnes sèches par jour pour la fraction des -0,8 mm.

La forte demande du cuivre sur le marché international et le besoin d'avoir une alimentation continue des usines hydrométallurgiques de SHITURU, a poussé la Gécamines à penser aux diverses sources d'alimentation, notamment la valorisation des rejets de la laverie de KAMATANDA. En effet, c'est depuis 2018 que la laverie de KAMATANDA lave les minerais cupro-cobaltifères oxydés de la mine à ciel ouvert de KAMATANDA.

Plusieurs études ont été initiées sur la valorisation de ces rejets dont la nôtre qui a pour but de valoriser uniquement la fraction inférieure à 0,8 mm titrant généralement 1,44 % pour le cuivre et 0,12% pour le cobalt par la concentration gravimétrique sur spirale et magnétique. Pour cette étude, la plage granulométrique alimentée dans le circuit est comprise entre - 0,8 mm et +53

?m.

Ces deux méthodes de concentration présentent des coûts opératoires relativement faibles étant donné qu'elles n'exigent aucun réactif particulier. Pour la concentration sur spirale, les paramètres qui seront étudiés sont l'ouverture de la cuillère (collecteur du concentré), le débit d'alimentation de la pulpe et le pourcentage solide de la pulpe. Le rejet spirale sera valorisé par séparation magnétique. Au terme de la réalisation de ces essais, un bilan métallurgique sera fait pour comparer les résultats obtenus aux critères d'alimentation des usines hydrométallurgiques de SHITURU.

Pour bien aborder ce sujet et répondre ainsi aux attentes de l'entreprise, ce travail a été réalisé au laboratoire et à l'usine pilote de la division minéralurgique du département d'études

2 | P a g e

métallurgiques de la Gécamines et comprendra deux parties essentielles reprises dans les lignes qui suivent outre l'introduction et la conclusion :

? La première, essentiellement bibliographique ; comprendra une présentation de la mine et de laverie de Kamatanda, des notions générales sur les techniques de concentration des minerais et particulièrement les techniques gravimétrique sur spirale et magnétique;

? La seconde partie, reprendra les matériels et méthodes utilisés ainsi que la présentation et l'analyse des résultats.

3 | P a g e

Présentation de la mine et de la laverie

de kamatanda

I.1. Mine à ciel ouvert de kamatanda I.1.1. Historique

La dénomination « KAMATANDA » est tirée du nom d'un petit cours d'eau situé à l'ouest de ce qui sera la mine à ciel ouvert de KAMATANDA. Les grandes dates de cette mine sont les suivantes (Mbwisha. 2021) :

· 1901 : indice d'exploitation artisanale dans la contrée de KAMATANDA par les habitants de cette contrée ;

· De 1923 à 1925 : prospection minière dans la contrée de KAMATANDA ;

· 1950 : découverture et début de l'exploitation minière de la mine à ciel ouvert de KAMATANDA ;

· 1963 : Suspension de l'exploitation de la mine ;

· 2006 : début de l'exploitation artisanale de la mine dans le cadre d'un partenariat entre la Gécamines et C.D.M ;

· 2015 : exploitation minière de la mine par la Gécamines dans le cadre du projet « heap leaching » ayant pour but l'alimentation des usines de SHITURU.

I.1.2. Localisation géographique

La mine à ciel ouvert de KAMATANDA est une propriété de la GECAMINES SA exploitant un gisement d'une superficie de 40,8 km2.

Elle est localisée au Nord-est de la ville de Likasi, à 6,8 km des usines hydrométallurgiques de SHITURU, aux coordonnées géographiques suivantes : 10°57'8,9» de latitude Sud et 26°46'19,47» de longitude Est.

I.1.3. Cadre géologique et minéralogique

La région du gisement est très vallonnée, les terrains rencontrés dans la zone du gisement sont de type Kundelungu et Roan moyen. Sur la route d'accès on descend graduellement dans l'échelle stratigraphique jusqu'au Kundelungu inferieur près de la mine. Elle se situe dans le flanc sud de l'anticlinal de Kapolowe dans une roche du Roan extrusif. Les pendages sont vers le Nord. L'aspect minéralogique de la mine nous montre que la malachite et la chrysocolle sont

4 | P a g e

les formes minéralogiques principales du cuivre et le cobalt s'y trouve sous forme d'Hétérogénite (Kabanda. 2020).

I.2. La laverie de kamatanda

D'une manière générale la laverie de KAMATANDA est alimentée par des minerais de granulométrie allant jusqu'à 400 mm et fournit trois fractions granulométriques :

? -30 mm à +1 mm : Fraction grossière (50% de la production) ? -1 mm à +0,8 mm : Fraction fine (26% de la production) ? -0,8 mm : Fraction fine (24 % de la production)

La fraction grossière est envoyée aux usines hydrométallurgiques de SHITURU par camions alors que la fraction de -1 mm à +0,8 mm et la fraction inférieure à 0,8 mm sont entreposées sur une aire de stockage en attendant une revalorisation future (Mbwisha. 2021).

La figure I.1 présente le flow sheet de la laverie de KAMATANDA.

Figure I.1.Flow sheet de la laverie de Kamatanda
(Mbwisha. 2021)

En effet, les minerais tout venant d'environs 400 mm sont alimentés dans la trémie réceptrice ; puis grâce à un déverseur, ces minerais sont envoyés dans le concasseur à rouleaux où ils seront

5 | P a g e

concassés jusqu'à une granulométrie d'environ 150 mm. A la sortie du concasseur, grâce à la bande transporteuse T1, ces minerais sont envoyés au laveur (SCRUBBER). Le lavage permet de débarrasser les minerais des particules de -1 mm à envoyer par pompage au « dewatering » pour la production fine et l'obtention des rejets usine. Ainsi, après passage des minerais lavés dans le premier tamis vibrant à double-deck, les produits suivants sont obtenus (Mbwisha. 2021) :

· Les minerais de granulométrie comprise entre -30 mm et +1 mm qui constitue la production grossière de l'usine ;

· Les minerais de granulométrie +30 mm qui sont envoyés à un deuxième concassage (concasseur à cône). Après concassage, ces minerais passent par un deuxième tamis vibrant à double deck, qui fournit à son tour les produits de -1 mm à envoyer au dewatering, les produits de +30 mm à recirculer, c'est-à-dire à mélanger avec les produits de sortie lavage. Et enfin les produits de granulométrie comprise entre -30 et +1 mm qui constituent la production grossière et

· Les produits de -1 mm sont traités au dewatering pour obtenir la fraction fine (+0,8 mm) et le rejet de la laverie (-0,8 mm).

I.3. Estimation de la quantité des rejets de la laverie

La capacité de traitement de la laverie de KAMATANDA est estimée à 3000 tonnes sèches par jour. Tenant compte des données sur les proportions produites après classification granulométrique et l'année de début de la production de la laverie, la quantité des rejets ayant une granulométrie inférieure à 0,8 mm pourrait être estimée à maximum 1 296 000 tonnes sèches stockées sur une période de 5 ans. Ce qui représente environ 18 662,4 tonnes sèches de cuivre.

Les critères à observer pour l'alimentation de l'unité de lixiviation en tank agité aux US sont :

· Un concentré ou un minerai ayant une teneur en cuivre d'environ 3% ;

· Un d80 de 75 tm.

6 | P a g e

Synthèse bibliographique sur la

concentration des minerais

II.1. Généralités sur la concentration

II.1.1. Introduction

A la sortie de la mine, le minerai se présente généralement sous forme des gros blocs pouvant aller jusqu'à 1 m de diamètre et présentant des teneurs diverses. Une telle matière subit en premier lieu une opération de fragmentation visant à libérer les éléments valorisables contenus dans la matière hétérogène et à réduire la taille de la matière à une granulométrie dictée par les utilisateurs. En second lieu, une opération de concentration ou d'enrichissement est généralement nécessaire. Elle consiste en une séparation des constituants d'une matière suivant l'espèce en se basant sur la différence des propriétés physiques de masse ou physico-chimiques de surface : couleur, réflectivité, forme, transparence, réfraction, radioactivité, perméabilité magnétique, conductivité électrique, poids spécifique, dimension, forme, mouillabilité superficielle (Kalenga. 2016).

II.1.2. Méthodes de concentration

L'existence des plusieurs propriétés exploitables dans la concentration conduit à un grand nombre de méthodes de concentration connues de nos jours. Les méthodes de concentration peuvent être classées selon plusieurs critères, la classification suivante est faite selon les propriétés intervenant dans le mécanisme de concentration (Kalenga. 2016) :

? Concentration par triage manuel et mécanique

Le triage manuel et mécanique est basé sur la différence de couleur, de réflectivité et de forme des minéraux en présence.

? Concentration gravimétrique

La concentration gravimétrique regroupe l'ensemble des méthodes de concentration dont la propriété exploitée pour la séparation est le poids spécifique des minéraux qui entre en compétition avec la dimension et la forme des particules. Les forces qui interviennent sont la pesanteur, la résistance hydraulique et la force centrifuge. Quatre méthodes ont été mises au

7 | P a g e

point industriellement, il s'agit de la méthode de la nappe pelliculaire fluente, de l'accélération différentielle, des milieux denses et des procédés utilisant la centrifugation.

? Concentration magnétique

La concentration magnétique est une méthode de séparation des constituants magnétiques des non magnétiques. Mais seules quelques substances, dont le prototype est le fer doux, sont naturellement magnétiques. Cependant lorsqu'ils sont soumis à l'action d'un champ magnétique tous les minéraux, à des degrés divers sont perméables au champ.

? Concentration électrostatique

La méthode de concentration électrostatique consiste en une séparation des constituants conducteurs de non conducteurs. Son application nécessite la présence conjointe de deux phénomènes qui sont l'existence d'un champ électrique d'intensité suffisante pour pouvoir dévier une particule chargée électriquement et l'existence d'une polarité de la particule.

? Concentration par flottation

La flottation est une méthode de concentration exploitant la susceptibilité qu'ont certains minéraux de mouiller leur surface. Le mécanisme de flottation consiste en la formation, avec certains minéraux, d'un complexe plus léger que l'ensemble restant, sur lequel ce complexe peut flotter et dont il peut être séparé. Ce procédé est très différent d'une simple séparation par différence de densité entre solides.

Dans ce travail, nous nous attarderons beaucoup plus sur la concentration sur spirale, qui est l'une des méthodes de concentration gravimétriques, et sur la concentration magnétique qui sont les méthodes de concentration utilisées pour cette étude.

II.2. Concentration sur spirale

II.2.1. Introduction

En tant que technologie de séparation par gravité la plus simple, et sans doute la plus efficace, les concentrateurs à spirale jouent depuis longtemps un rôle important dans le traitement des minéraux. Le concentrateur à spirale est l'un des dispositifs les plus efficaces et les moins coûteux pour la concentration gravimétrique des minerais. Les spirales nécessitent un minimum de maintenance et d'entretien et offrent un fonctionnement unitaire relativement simple qui se traduit par des faibles coûts d'investissement et d'exploitation. Ceci, couplé à un traitement sans réactif, fournit un procédé souhaitable du point de vue environnemental et économique.

8 | P a g e

Elle est utilisée principalement pour concentrer les minerais de fer, pour lesquels elle produit un premier concentré de nettoyage, mais de teneur généralement insuffisante pour des étapes d'extraction ultérieure. Son utilisation n'est cependant pas limitée aux minerais de fer. On s'en sert aussi pour les minerais d'ilménite, pour le traitement du charbon et pour la concentration du mica et du graphite (Bouchard. 2001).

II.2.2. Description et principe de fonctionnement d'une spirale Humphreys

? Description

Humphreys introduit la méthode de concentration sur spirale en 1947 (Apodaca. 1990). Le premier model est fait en métal, parfois en ciment pourvu d'un trou et utilisé dans le traitement de minerais de fer, de chromite et aussi dans d'autres applications (Lalafandeferana. 2009).

Une spirale est un appareil de séparation gravimétrique par nappe pelliculaire fluente. Elle est constituée :

y' D'une boite d'alimentation : servant à alimenter l'appareil ;

y' D'une coquille (hélice) : constituée d'un ou plusieurs pas ;

y' Et d'une boite de sortie : servant à séparer le minerai traité et à son évacuation.

L'une des spécificités de la spirale est qu'elle ne comprend pas d'organe en mouvement, ce qui explique en partie sa faible consommation d'énergie (EK C. 1973).

Une illustration d'une boite d'alimentation et d'une spirale Humphreys est faite à la figure II.1 et II.2.

Figure II.1.Boite d'alimentation d'une spirale Humphreys
(Lalafandeferana. 2009)

9 | P a g e

Figure II.2.Une spirale Humphreys
(Lalafandeferana. 2009)

Les principaux phénomènes responsables de la séparation des particules sur une spirale sont (Lalafandeferana. 2009) :

V' La sédimentation V' La centrifugation

La séparation sur spirale est basée sur la différence de gravité spécifique présente dans une suite minérale d'alimentation. Lorsqu'ils sont alimentés avec un mélange de pulpe diluée de minéraux de densités spécifiques différentes, les minéraux plus légers sont plus facilement mis en suspension par l'eau et atteignent des vitesses tangentielles relativement élevées de sorte qu'ils grimpent vers le bord extérieur de l'auge en spirale. Dans le même temps, les grains non suspendus plus lourds migrent par saltation le long de la partie la plus basse de la section transversale de la spirale. La saltation est définie comme un mouvement non linéaire qui est une combinaison de roulement et de rebond. Dans certains modèles, la boue est sélectivement dirigée avec des séparateurs de produit réglables dans les orifices de sortie de décharge du produit le long de l'hélice. D'autres modèles utilisent des protubérances pour agiter la boue qui coule et aider à libérer les minéraux piégés pour une meilleure récupération. Enfin, certains modèles utilisent l'ajout d'eau de lavage à divers points de la colonne pour un lavage plus efficace du concentré. Le modèle spécifique requis pour une séparation précise dépend des besoins d'une application spécifique.

Comme la plupart des dispositifs de concentration qui utilisent des principes de séparation physiques, la spirale fonctionne mieux avec une alimentation de taille raisonnablement

10 | P age

proche mais, dans certains cas, l'unité a une certaine tolérance pour de larges gammes de tailles. En général, une limite de taille grossière serait d'environ 20 mesh (Tyler Standard), soit 1 mm, et une limite fine d'environ 325 mesh (45 microns). Pour de meilleures performances, l'alimentation doit être relativement exempte de boues, car une teneur élevée en boue peut agir comme un "milieu lourd" et diminuer les différences effectives de gravité spécifique entre les minéraux à séparer. En règle générale, une boue de -325 mesh (-45 microns) dépassant 5% en poids de l'alimentation en spirale peut réduire l'efficacité ; et le déschlammage, en tant qu'étape de pré-concentration, doit être évalué. Si la quantité de boue dépasse 10 % en poids, le déschlammage avant la concentration en spirale entraînera presque certainement une amélioration des performances de la spirale. Une différence de gravité spécifique d'au moins 1 est nécessaire entre les particules légères et lourdes pour réussir une séparation par gravité (IMSC group. 2018).

La concentration sur spirale nécessite plusieurs forces dont la plupart d'entre elles n'est pas mesurable, cinq forces principales peuvent être citées, étant donné que le vecteur résultant de ces cinq forces détermine la particule dans la gouttière de la spirale (De Souza. 2009) :

y' La force de pesanteur Fg : agi sur le diamètre d et la densité ó de la particule submergée dans le fluide (eau) de densité ?? en donnant :

???? = ?? 6 ???? 3(??-?)g II.1

y' La force centrifuge Fc : cette force provoque le mouvement radial dirigeant des particules légères vers la paroi de la gouttière de rayon r à une vitesse vp.

???? =

II.2

??3

?? ??(ó-?)???? 2

6 ??

y' La trainée hydrodynamique Fd ou T : cette force est exercée sur la particule dans la nappe pelliculaire suite au contact de celle-ci avec le fluide (eau) en donnant :

????= ????????? 2h sin ? II.3

4

y' La force de Bagnold FBg : incite les particules les plus grosses (>100um) à se mouvoir vers le dessus du lit, là où les contraintes de cisaillement sont minimales et les plus petites vers le haut où les contraintes de cisaillement sont maximales à la façon inverse d'un classificateur.

???? ??(??????) = 0,04??(ødp)2(????

????)2 II.4

11 | P a g e

? La force de friction Ff : causée par la surface de la gouttière qui s'oppose au mouvement des particules.

???? = ???? tan ? II.5
Avec FN la force normale (Kalongo. 2016).

Une illustration de la répartition des particules minérales sur une spirale en fonction de leurs densités est faite sur la figure II.3.

Figure II.3.Répartition des minéraux sur une spirale
(IMSC group. 2018)

II.2.3. Catégories des séparateurs en spirale

Il existe plusieurs manières de classer les spirales, elles peuvent être groupées selon la fabrication (en tenant compte des caractéristiques physiques de la conception), selon les caractéristiques de l'alimentation (teneur en élément utile, la granulométrie, ...), etc

Cependant les spirales peuvent être classées en deux grands types(Lalafandeferana. 2009) : ? Les spirales Washwaterless

Ce type de spirale est utilisé dans la plupart des applications, en particulier pour concentrer les minerais à faible teneur. La seule eau nécessaire est ajoutée avec les solides avant d'introduire l'alimentation dans la spirale. Les concentrés sont retirés soit par le bas directement dans la boîte de produit, soit à plusieurs points de prélèvement intermédiaires le long de la spirale. Ce type de spirale est utilisé à l'usine pilote de minéralurgie à la GCM/EMT. Une illustration de cette catégorie de spirale est faite à la figure II.4.

12 | P a g e

Figure II.4.Spirale Washwaterless
(IMSC group. 2018)

? Les spirales Wash Water

Les spirales Wash Water nécessitent l'ajout d'eau à divers points le long de la spirale et fournissent donc un « lavage » du concentré, c'est-à-dire qu'elles évacuent la gangue légère de la bande de concentré. La conception de ce type de spirales, et en particulier le système d'eau de lavage, a été développé pour répondre aux besoins des producteurs modernes. La coupelle d'eau de lavage ouverte minimise la possibilité de colmatage tout en offrant un débit variable et un contrôle ponctuel au niveau de l'auge en spirale. La quantité d'eau de lavage et sa distribution dans la cuve en spirale peuvent être ajustées pour répondre aux exigences de fonctionnement. Le contrôle ponctuel minimise les besoins totaux en eau en dirigeant efficacement l'eau dans la pâte qui s'écoule à l'angle le plus efficace.

Une illustration de ce type de spirale est faite à la figure II.5.

Figure II.5. Spirale Wash water
(IMSC group. 2018)

13 | P a g e

II.2.4. Paramètres opératoires

Les procédés gravimétriques sont simples et ne comportent que peu de variables opératoires, les principales variables opératoires sur la spirale Humphreys sont la granulométrie, le débit d'alimentation de la pulpe, le pourcentage solide de l'alimentation, le débit d'eau de lavage et la position des cuillères (collecteur de concentré) (Kalongo. 2016).

? La granulométrie

Les spirales ont une limitation dans la plage granulométrique qui peut être traitée efficacement, cela est dû à la géométrie générale et à la conception. La gamme de taille la plus efficace se situe entre 45 et 500 tm dans les applications de sables minéraux lourds (Bornman. 2020).

La teneur en boue dans l'alimentation est aussi un facteur influant sur les performances de la spirale. Les boues sont définies comme des particules présentes dans l'alimentation et ayant une granulométrie inférieure à 45 t (Bornman. 2020). Pour de meilleures performances, l'alimentation doit être relativement exempte de boues (-45 t), car une teneur élevée en boue peut agir comme un "milieu lourd" et diminuer les différences effectives de gravité spécifique entre les minéraux à séparer. En règle générale, une boue dépassant 5% en poids de l'alimentation en spirale peut réduire l'efficacité, et le déschlammage, en tant qu'étape de pré-concentration, doit être évalué. Si la quantité de boue dépasse 10 % en poids, le déschlammage avant la concentration sur spirale entraînera presque certainement une amélioration des performances de la spirale(Bornman. 2020).

? Le débit de la pulpe

Un accroissement du débit de pulpe fait augmenter la vitesse de descente de la pulpe dans le couloir, de sorte que la vitesse tangentielle des solides augmente, de même que la force centrifuge qui s'y applique, dans ces conditions, plus de solides sont refoulés vers l'extérieur. La conséquence de ce phénomène est que plus de particules mixtes se dirigent au rejet, de sorte que le rendement métal décroit au concentré, sa teneur augmente par le fait même. Une baisse de débit a l'effet contraire (Kalongo. 2016). Les fluctuations du débit d'alimentation affecteront la qualité du concentré puisque la largeur de la bande de concentré changera (IMSC group. 2018).

14 | P age

? Le débit de l'eau de lavage

L'eau de lavage, lorsqu'elle est utilisée, arrive presque perpendiculairement à la direction d'écoulement du flot de pulpe. C'est-à-dire que, si son débit croît, la strate de particules de plus petite masse volumique, souvent des particules mixtes, qui continue à subsister sur le dessus de la strate de particules de haute densité est décapée et entrainée vers l'extérieur du couloir de façon plus rapide et efficace. Il en résulte un refoulement dans cette zone des particules mixtes, donc une baisse de rendement métal au concentré, mais une augmentation de sa teneur. Evidemment, un débit moindre a l'effet contraire (Kalongo. 2016).

? Le positionnement du collecteur de concentré

Une concentration efficace dépend de la sélection appropriée des orifices de prélèvement et des ouvertures du séparateur utilisé (IMSC group. 2018).

L'ajustement des ouvertures de récupération du concentré est la seule variable opératoire modifiée systématiquement et au besoin dans l'usine. Son effet est simple à déduire ; un degré d'ouverture plus grand permet une récupération plus complète des particules denses, de sorte que les solides résiduels ayant échappé aux ouvertures ont une teneur moindre. Il en résulte un concentré final plus pauvre et un rendement métal plus élevé. Une ouverture plus petite a l'effet contraire (Bouchard. 2001).

? Le pourcentage solide de l'alimentation

Enfin, La concentration de la pulpe de l'alimentation peut varier selon les cas de 15 à 40 % en solides (généralement 25 à 30 %) (Kalongo. 2016).

Au cours des essais, les différents paramètres peuvent être modifiés pour obtenir les résultats de séparation souhaités, en gardant à l'esprit qu'une spirale atteindra normalement un rapport de valorisation de 3/1 (rapport entre la qualité du concentré et la qualité d'alimentation en minéraux lourds). Par conséquent, comme avec la plupart des concentrateurs gravitaires, un schéma de traitement à plusieurs passages est souvent nécessaire pour obtenir la qualité et la récupération souhaitées des minéraux lourds (IMSC group. 2018).

II.3. Concentration magnétique

II.3.1. Introduction

Les phénomènes magnétiques sont connus et exploités depuis de nombreux siècles. Les premières expériences avec le magnétisme impliquaient la magnétite, le seul matériau qui se

15 | P a g e

produit naturellement à l'état magnétique. L'importance pratique de l'attraction magnétique en tant que forme précurseur de la séparation magnétique a été reconnue en 1792, lorsque W. Fullarton a obtenu un brevet anglais pour la séparation du minerai de fer par attraction magnétique. Depuis lors, la science et l'ingénierie du magnétisme et de la séparation magnétique ont progressé rapidement et un grand nombre de brevets ont été délivrés. Alors que la séparation des constituants intrinsèquement magnétiques était une des premières applications naturelles du magnétisme, le séparateur de Wetherill, conçu en 1895, était une innovation importante. Elle a démontré qu'il était possible de séparer deux composants, tous deux généralement considérés comme non magnétiques. Dans la période qui a suivi, divers types de séparateurs magnétiques secs à disque, à tambour et à rouleau ont été développés, bien que le spectre des minéraux pouvant être traités par ces machines se soit limité à des matériaux plutôt grossiers et modérément magnétiques. Depuis la fin du XIXème siècle, il y a eu une expansion constante à la fois de l'équipement disponible et de la gamme de minerais auxquels la séparation magnétique est applicable. Le développement des matériaux magnétiques permanents et l'amélioration de leurs propriétés magnétiques ont été les principaux moteurs de l'innovation dans la séparation magnétique (Svoboda. 2004).

II.3.2. Aperçu général sur la séparation magnétique ? Principes

Un champ magnétique est une région de l'espace où une force magnétique fait sentir son influence. Par exemple, le champ magnétique terrestre permet de s'orienter en affectant l'aiguille de la boussole. Celle-ci va alors suivre les lignes du champ magnétique terrestre pour s'aligner vers le pôle positif, ce qui permet de s'orienter. Sous l'effet d'un champ magnétique, les corps vont réagir de différentes façons. S'ils sont Diamagnétiques, la matière répond par un champ magnétique opposé à celui qui lui est appliqué, ce qui annule son effet ; Paramagnétiques, la matière répond par une aimantation dirigée vers le même sens que celui du champ imposé, ce qui l'attire vers les pôles ; Ferromagnétiques, s'aimantent fortement sous l'effet d'un champ magnétique et ceci même après la disparition de ce dernier (Will. 1998).

La séparation magnétique est utilisée pour la concentration des matériaux magnétiques et pour l'élimination des particules magnétisables des flux de fluides. La séparation est réalisée en faisant passer les suspensions ou les mélanges de particules dans un champ magnétique non homogène. Ce processus conduit à une rétention ou déviation préférentielle des particules magnétisables. Le même objectif est souvent atteint de manière très différente, les caractéristiques communes étant une compétition entre un large spectre de forces de diverses

16 | P age

amplitudes et portées. Dans la séparation magnétique, la force externe de séparation est la force magnétique. La séparation d'un matériau d'un autre ou l'élimination des particules magnétisables des flux dépendent de leur mouvement en réponse à la force magnétique et à d'autres forces externes concurrentes, à savoir les forces gravitationnelles, inertielles, hydrodynamiques et centrifuges. Les forces inter particulaires d'origine électromagnétique et électrostatique contribuent au scénario global(Svoboda. 2004).

? Propriétés magnétiques des matériaux

Le magnétisme représente un ensemble de phénomènes physiques dans lesquels les objets exercent des forces attractives ou répulsives sur d'autres matériaux. Les courants électriques et les moments magnétiques des particules élémentaires fondamentales sont à l'origine du champ magnétique qui engendre ces forces. Tous les matériaux sont influencés, de manière plus ou moins complexe, par la présence d'un champ magnétique, et l'état magnétique d'un matériau dépend de sa température (et d'autres variables telles que la pression et le champ magnétique extérieur) de sorte qu'un matériau peut présenter différentes formes de magnétisme selon sa température. Les propriétés magnétiques des matériaux proviennent des courants électriques existant à l'échelle microscopique en leur sein. Il existe donc (Vuninga. 2020) :

V' Le mouvement orbital : c'est le mouvement des électrons autour de noyau ; V' Le mouvement de spin : c'est le mouvement de rotation de l'électron ;

Figure II.6.mouvement des électrons
(Vuninga. 2020)

V' L'électron (blanc) : particule portant une charge négative et tournant autour du noyau ;

V' Le proton (rouge) : particule portant une charge positive et située dans le noyau, pesant environ 1850 fois la masse de l'électron ;

V' Le neutron (bleu) : particule sans charge, située dans le noyau, pesant la même masse que le proton.

Les aimants permanents possèdent des moments magnétiques permanents à l'origine du ferromagnétisme. Cependant, la plupart des matériaux ne possèdent pas de moments permanents. Parmi ces derniers, certains sont attirés par la présence d'un champ magnétique (paramagnétisme); d'autres sont au contraire repoussés par celui-ci (diamagnétisme) ; d'autres encore ont une relation beaucoup plus complexe avec un champ magnétique appliqué (antiferromagnétisme) (Vuninga. 2020).

? Définitions des grandeurs fondamentales du magnétisme ? Champ magnétique et magnétisation

Lorsque l'on décrit un champ magnétique, deux entités distinctes sont employées : l'intensité

? ? ? ?

de champ magnétique ??

et la densité de flux magnétique (ou induction magnétique) ??

. ??

et ??

 

sont deux grandeurs vectorielles pourvues d'une direction et d'une norme, s'exprimant respectivement dans le S.I (système international d'unités) en Ampère par mètre (A/m) et en Tesla (1T= 10000 Gauss). Dans le vide, ces deux grandeurs ne sont pas indépendantes et sont reliées par la relation (Yoann R., 2020) :

?

??

?

= 1u0??

II.6

 

1u0 est la perméabilité magnétique du vide et est égale à 4ð.10-7 Henry par mètre (H/m). La perméabilité magnétique de l'air est de 37.10-6 % et supérieure à celle du vide (Cullity et al.,2008).

Cette relation n'est plus valable à l'intérieur d'une matière aimantée de magnétisation ???

. La

 

densité de flux magnétique totale devient alors :

= 1u0(??

? ) II.7

?

??

? +??

17 | P a g e

La magnétisation ??? , de même dimension que ??? , est définie par le rapport du moment magnétique total 1u?? des dipôles et du volume V, tel que :

??? = 1u?? II.8

??

Dans la convention de Kennelly, particulièrement privilégiée par les ingénieurs électriciens, la densité de flux magnétique ??? est donnée par la relation (Svoboda. 2004) :

??? = 1u0??? + ?? II.9

?

Où ?? est la polarisation magnétique qui est reliée à ??

par la relation :

 

?

?? = P0?? II.10

La polarisation magnétique ?? s'exprime en Tesla. La densité de flux magnétique inclut la

?

contribution de l'aimantation ??

, qui est définie comme le moment dipolaire magnétique d'un

 

corps par unité de volume ou polarisation ?? définie par l'équation ci-dessus. ? Susceptibilité et perméabilité magnétique

Généralement, l'aimantation (magnétisation) d'un matériau dépend du champ magnétique agissant sur lui. Pour de nombreux matériaux, l'aimantation ??? est proportionnelle à l'intensité

? ?

du champ magnétique ?? (du moins quand ?? n'est pas trop élevée), ainsi leur relation est telle que (Svoboda. 2004) :

?

= k?? II.11

?

??

k, la susceptibilité magnétique volumique, est une propriété physique du matériau représentant sa faculté à s'aimanter sous l'action d'une excitation magnétique (Coey. 2010).

ont alors la même dimension et k est une variable sans dimension. La susceptibilité

? ?

?? et ??

??? = P0(1+k)???

?

= P0P????

?

=P??

II.14

 

magnétique peut être reliée à la perméabilité magnétique relative Pr du matériau, telle que :

P?? = 1 + k II.12

La perméabilité relative P?t est définie à partir de la perméabilité magnétique P. La perméabilité magnétique est une grandeur caractérisant la capacité d'un matériau à modifier la densité de

?

flux magnétique ?? , c'est-à-dire à modifier les lignes de flux magnétique. La perméabilité magnétique et la perméabilité relative sont reliées par la relation suivante :

P = PrP0 II.13

P s'exprime en Henry par mètre (H/m) et Pr est sans dimension.

En combinant, les équations II.11 et II.7, la densité de flux magnétique ??? devient :

18 | P a g e

? ?

Cette relation est valable lorsque le matériau est isotrope et linéaire, M

et H

ont la même

 

19 | P a g e

direction. Cependant, la relation n'est pas complétement valable dans le cas de matériau ferromagnétiques.

La susceptibilité ou la perméabilité peut être utilisée pour caractériser un matériau. La susceptibilité magnétique volumique prend des valeurs proches de 0, positives et négatives, jusqu'à des valeurs supérieures à 1 pour différents matériaux.

? Classification magnétique des matériaux

La classification des matériaux est attribuable à l'alignement des moments magnétiques des atomes lorsqu'ils sont exposés à un champ magnétique indépendamment de l'agitation thermique. Tous les matériaux présentent des propriétés magnétiques, quels que soient leur état et leur composition (Svoboda,2004). La plus grande différence se situe par rapport aux comportements qu'ils affichent en présence d'un champ magnétique. Ces comportements représentent les propriétés magnétiques du matériau en présence. Selon leurs propriétés magnétiques, les matériaux peuvent être classés en cinq groupes de base(Yoann. 2020) :

Les diamagnétiques, les paramagnétiques, les ferromagnétiques, les antiferromagnétiques et les ferrimagnétiques.

Les trois derniers groupes ont généralement de très hautes valeurs de susceptibilités magnétiques et sont fréquemment appelés « ferromagnétiques » au sens large du terme.

? Les matériaux diamagnétiques

Ce type de matériaux est caractérisé par une susceptibilité relative négative de faible amplitude et de l'ordre de 10-9(SI). Le phénomène de diamagnétisme se caractérise par la modification du mouvement orbital des électrons autour du noyau atomique par l'application d'un champ magnétique externe. Le courant induit par ce champ magnétique donne lieu à un moment magnétique supplémentaire, autrement dit une faible aimantation est créée. Cependant, cette aimantation crée un champ magnétique opposé au champ magnétique externe. Ainsi, à l'approche d'un champ magnétique, un matériau diamagnétique est repoussé (Yoann. 2020).

La susceptibilité magnétique pour ce type de matériaux est totalement indépendante de la température. Un grand nombre de matériaux inorganiques et quasiment toutes les molécules organiques sont diamagnétiques. Dans beaucoup de matériaux, le diamagnétisme est prédominé par les effets de paramagnétisme et de ferromagnétisme (Svoboda. 2004).

20 | P a g e

? Les matériaux paramagnétiques

Dans les matériaux paramagnétiques, chaque molécule possède un moment magnétique. En l'absence de champ magnétique, les orientations des moments magnétiques des particules sont aléatoires et en moyenne nulle. Par contre si l'on applique un champ magnétique externe, ces derniers s'alignent avec le champ, une aimantation apparait et est dirigée dans le sens du champ appliqué. La susceptibilité magnétique est très petite mais positive de l'ordre de 10-5 à 10-6(SI). Elle varie en raison inverse de la température en obéissant à la loi de Curie suivante (Brissonneau. 1997) :

Xr = II.15

T

Avec T : la température absolue en Kelvin (K) C : la constante de Curie telle que :

C = c ?0n?2M

k

II.16

 

Où : c est une constante, n est le nombre de dipôles magnétiques, ?M est le moment magnétique et k est la constante de Boltzmann.

Une présentation des moments magnétiques dans un corps paramagnétique en présence et en absence d'un champ magnétique est faite à la figure II.7.

Figure II.7.Présentation des moments magnétiques dans un corps paramagnétique (a) en
absence et (b) en présence d'un champ magnétique externe

(Mbwisha. 2021)

? Les matériaux ferromagnétiques

Le phénomène de ferromagnétisme est le phénomène à l'origine des champs magnétiques les plus importants et est responsable du phénomène bien connu du magnétisme. Un matériau

21 | P a g e

ferromagnétique est attiré par un champ magnétique. La susceptibilité magnétique d'un matériau ferromagnétique est supérieure à 1(Svoboda. 2004).

Les matériaux ferromagnétiques ont une propriété de s'aimanter même en l'absence d'un champ magnétique. Lorsque le matériau est excité par un champ d'excitation, ses moments magnétiques atomiques sont orientés dans le même sens sur des petits domaines (interaction de proche en proche entre les atomes). Donc, la valeur de leur aimantation est très grande. Même après la suppression progressive de ce champ, le matériau conserve une aimantation. Ces matériaux ont aussi une température de curie, au-dessus de laquelle ils deviennent paramagnétiques donc il est caractérisé par la loi de curie comme suit(Brissonneau. 1997):

??

Xr = II.17

T-Tc

Une présentation des moments magnétiques dans un corps ferromagnétique est faite à la figure II.8.

Figure II.8.Présentation des moments magnétiques dans un corps ferromagnétique
(Brissonneau. 1997)

La susceptibilité magnétique d'un matériau ferromagnétique est dépendante de la température, diminuant d'un maximum à la température T = 0 K, jusqu'à un point critique à la température de Curie Tc. Au-delà de Tc, un matériau ferromagnétique se comporte comme un matériau paramagnétique. La susceptibilité magnétique ne suit pas la relation de Curie mais la relation de Curie-Weiss telle que décrite ci-haut (Yoann. 2020).

? Les matériaux antiferromagnétiques

Les matériaux antiferromagnétiques étaient à l'origine considérés comme une classe de paramagnétiques anormaux, car ils ont de petites susceptibilités positives d'amplitude similaire à de nombreux matériaux de cette dernière classe. Cependant, leur susceptibilité magnétique n'augmente pas régulièrement lorsque la température diminue jusqu'au zéro absolu(Svoboda. 2004).

Dans les matériaux antiferromagnétiques, les interactions d'échange entre atomes voisins conduisent à un alignement antiparallèle des moments magnétiques. Ainsi, l'aimantation totale

22 | P a g e

d'un matériau antiferromagnétique est nulle. La susceptibilité magnétique dépend aussi de la température du milieu, cependant elle n'augmente pas lorsque la température diminue. À très haute température, la susceptibilité magnétique suit la relation suivante :

X = ??

T-T??

II.18

 

Avec Tn : température de Néel (température au-delà de laquelle un matériau antiferromagnétique se comporte comme un paramagnétique).

Ainsi, lorsqu'un champ magnétique est appliqué à un matériau antiferromagnétique, il présente un comportement spécial dépendant de la température. Aux très basses températures, le solide ne présente aucune réponse au champ extérieur, car l'ordre antiparallèle des aimants atomiques est maintenu de manière rigide. À des températures plus élevées, certains moments magnétiques se libèrent de l'arrangement ordonné et s'alignent avec le champ externe. Cet alignement et le faible magnétisme qu'il produit dans le solide atteignent leur pic à la température de Néel. Au-dessus de cette température, l'agitation thermique empêche progressivement l'alignement des atomes avec le champ magnétique, de sorte que le faible magnétisme produit dans le solide par l'alignement de ses atomes diminue continuellement à mesure que la température augmente, on retrouve un comportement paramagnétique (Yoann. 2020).Une illustration des moments magnétiques dans un corps antiferromagnétique est faite à la figure II.9.

Figure II.9.Représentation des moments magnétiques dans un matériau antiferromagnétique

(Svoboda. 2004)

? Les matériaux ferrimagnétiques

Dans les matériaux ferrimagnétiques, la structure cristalline présente des sous-réseaux de moments magnétiques ordonnés dans une orientation antiparallèle. La somme des moments magnétiques pointant dans une direction est supérieure à celle des moments pointant dans la direction opposée. En l'absence d'un champ magnétique, un matériau ferrimagnétique se comporte comme un antiferromagnétique où les moments magnétiques sont alignés antiparallèlement. Les matériaux ferrimagnétiques ont des propriétés magnétiques similaires

aux matériaux ferromagnétiques. Lorsqu'un champ magnétique est appliqué, les moments magnétiques s'alignent dans la direction du champ magnétique.

À une température inférieure à la température de Curie, un matériau ferrimagnétique se comporte comme un ferromagnétique, au-delà de la température de Curie, il adopte un comportement similaire à un paramagnétique.

Le ferrimagnétisme apparaît en majorité dans les ferrites, qui sont des céramiques à base d'oxydes de fer mélangés avec d'autres éléments, et dans deux oxydes de fer que sont la magnétite Fe3O4 et la maghémite ã-Fe2O3(Yoann. 2020).

Figure II.10.Représentation des moments magnétiques dans un matériau ferrimagnétique

(Svoboda. 2004)

II.3.3. Classification des appareils de séparation magnétique

Dans la séparation magnétique, de nombreux appareils sont disponibles et leur description ne peut se faire sans une classification. Plusieurs critères de classement peuvent être utilisés, l'intensité du champ magnétique, le milieu de séparation (eau ou air), le mode de fonctionnement (extraction ou déviation), le générateur de champ magnétique, etc.

On distingue trois grandes familles des séparateurs magnétiques(Bousmina. 2015): séparateurs à basse intensité, séparateurs à haute intensité et les séparateurs à haut gradient et/ou haut champ. La classification présentée dans le tableau II.1 est faite en fonction du générateur de

champ et de l'expression ?0?? (??)2du séparateur magnétique(Bousmina. 2015). Tableau II.1.Classification des séparateurs magnétiques

Type de séparateur Générateur de champ ????? (??)??N/m3

Basse intensité Aimant permanent 2.104 à 106

Haute intensité Aimant permanent ou

électroaimant

2.107 à 109

 

Haut gradient et/ou haut champ

Solénoïde 6.1010 à 1012

 

23 | P a g e

24 | P a g e

? Séparateurs à basse intensité (SMBI)

Les séparateurs magnétiques à basse intensité fonctionnent normalement à champ ouvert, c'est-à-dire que les lignes de forces magnétiques se referment dans un milieu magnétique peu perméable, air ou eau. Ce sont en général des séparateurs à construction simple, peu onéreux et des dépenses énergétiques faibles. Ils s'utilisent principalement pour les matériaux ferromagnétiques et ferrimagnétiques (Bousmina. 2015).

Les SMBI sont généralement constitués d'aimants permanents. Ces matériaux sont caractérisés par une induction magnétique rémanente Br, leur permettant de créer un champ magnétique sans dépense énergétique. Les aimants permanent sont constitués d'alliages de céramique de type Co5RE (où le RE désigne un élément de terres rares) ou de fer-néodyme-bore (Fe-Nd-B) pouvant créer un champ magnétique d'intensité atteignant les 1,5 T (Gillet. 2003).

? Séparateurs magnétiques à haute intensité (SMHI)

Ces séparateurs à circuits conventionnels sont à champ magnétique fermé et développent des champs magnétiques allant de 400 kA/m à 1 600 kA/m pour une consommation énergétique comprise entre 0,5 et 2,5 kWh par tonne traitée. Les débits solides varient quant à eux suivant le mode de séparation et l'opération de traitement (concentration, épuration) entre 6 et 180t/h (Bousmina, 2015). Pour le traitement en voie sèche, des séparateurs à tambours à électroaimant sont utilisés. Le principe de séparation des particules paramagnétiques et diamagnétiques est illustré dans la figure II.11.

Figure II.11.Illustration du principe de fonctionnement d'un séparateur magnétique

(Vuninga. 2020)

25 | P a g e

Les particules diamagnétiques sont évacuées sous l'effet de la force centrifuge et de répulsion tandis que les paramagnétiques restent collées au rotor et en sont détachées à l'aide de ballais. Pour la séparation des particules non ferreuses préalablement débarrassés de ses composants ferreux, des séparateurs à tambours à aimants permanents fonctionnant sur la base des courants de Foucault sont utilisés.

En voie humide, les séparateurs SMHI sont utilisés pour séparer les particules diamagnétiques et paramagnétiques contenues dans des pulpes. Le premier des séparateurs utilisés en voie humide est le type Jones à carrousel construit par Humboldt (Nava. 1996). Actuellement, des séparateurs en voie humide sont mis en exploitation par plusieurs fabricants (ex. Eriez, Raoul lenoir, etc).

Ce séparateur est constitué de 2 pôles (N-S) créant un champ magnétique intense dans la cellule de séparation contenant des billes ferromagnétiques. L'utilisation de billes de diamètres variables mène à l'obtention d'un gradient de champ magnétique d'autant plus important que les billes sont petites. Ce gradient de champ magnétique constitue le potentiel de séparation. La pulpe est alimentée dans la cellule de séparation. Les particules paramagnétiques sont retenues sur les billes de fer tandis que les particules diamagnétiques sont emportées par le flux d'eau puis récoltées. Les particules paramagnétiques sont ensuite récoltées grâce à un lavage à l'eau après disparition du champ magnétique. Ce principe énoncé ci-haut est en application à notre machine (séparateur magnétique) d'étude. La figure II.12 illustre le principe de fonctionnement du SMHI en voie humide.

Figure II.12.Principe de séparation SMHI en voie humide en utilisant des billes Ferro

magnétiques

(Vuninga. 2020)

La figure II.13 montre l'image du séparateur magnétique utilisé dans le cadre de ce projet au laboratoire de minéralurgie de la GCM/EMT.

26 | P age

Figure II.13.Séparateur magnétique à haute intensité en voie humide du type WHIMS 3*4L pesant environ 320 kg

? Séparateurs magnétique à haut gradient de champ (SMHG) et/ou à haut champ

Ces séparateurs traitent les matériaux à très petite granulométrie et les matériaux paramagnétiques faibles. Le champ est généré par solénoïde en cuivre résistif ou en alliage supraconducteur qui permet d`atteindre une densité de force magnétique de 6.1010 à 1012N/m 3 (Ouili. 2013).

Le séparateur magnétique haut gradient (SMHG) à bobinage de cuivre fonctionne à température ambiante et nécessite un système de réfrigération par eau déionisée. Le séparateur à bobinage supraconducteur utilise quant à lui, un système cryostatique pour le refroidissement de la bobine à la température de l'hélium liquide. Quelle que soit la configuration de champ retenue, la séparation supraconductrice nécessite toujours un réservoir cryostatique rempli d'hélium liquide, destiné à refroidir le bobinage en alliage supraconducteur (Mehasni. 2007).

II.3.4. Paramètres opératoires de la séparation magnétique

Une particule de susceptibilité magnétique Xm et de volume V, plongée dans un champ magnétique non uniforme d'intensité H, est soumise à une force dont l'expression simplifiée est donnée par :

-

F = C XmV H? H II.19

Le gradient du champ magnétique étant dirigé selon la ligne d'action de la force (C'est une Constante).

27 | P a g e

On constate donc que la force à laquelle est soumise la particule dépend de sa nature, de son volume, de l'intensité du champ magnétique et du gradient de celui-ci. Nous allons voir ci-après l'importance de chaque paramètre dans l'utilisation de cette force pour la séparation magnétique(Svoboda. 2004).

· Gradient du champ magnétique

Le gradient du champ magnétique caractérise le taux de changement spatial des lignes du ,champ magnétique (convergence ou divergence). L'existence d'un tel gradient est la condition sine qua non pour qu'une particule plongée dans un champ magnétique soit soumise à une force.

· Nature des particules

La réaction d'un matériau à l'application d'un champ magnétique extérieur H? ?

est caractérisée

par l'induction magnétique B , laquelle représente l'intensité du champ magnétique à l'intérieur du matériau, les moments magnétiques des atomes s'alignant sur le champ extérieur.

?

L'induction magnétique B est ainsi égale à la somme du champ extérieur (champ inducteur) et du moment magnétique induit et on peut écrire :

? ? ?

B= B0 + ?0?? II.20

Nous pouvons avoir les matériaux paramagnétiques, diamagnétiques, ferromagnétiques et ferrimagnétiques.

· Granulométrie

Comme le montre la relation de la force agissant sur les particules, la force agissant sur les particules est proportionnelle à leur volume qu'on pourra assimiler à la granulométrie. Or, les opérations de séparation sont réalisées dans le champ de la pesanteur terrestre et le poids des particules est proportionnel à leur volume. La séparation entre particules se fait soit par extraction, soit par déviation des particules magnétiques. Dès lors, pour que la force magnétique soit suffisante pour surpasser la force de pesanteur, il est nécessaire de travailler sur des particules de faible dimension. Par ailleurs, deux particules de susceptibilités magnétiques et de dimensions différentes mais dont le produit ???? V est identique sont soumises à une force de même intensité. La séparation des grosses particules denses requiert un champ magnétique plus intense que la séparation des petites particules légères. Il est essentiel de souligner que

28 | P a g e

l'efficacité du procédé dépend du degré de libération ou de la pureté des matériaux à séparer (Gillet. 2003).

· Intensité du champ magnétique H

L'intensité du champ magnétique traduit le nombre de lignes de champ qui traverse une surface unitaire. Un champ magnétique peut être obtenu soit au moyen d'un aimant permanent soit au moyen d'un électroaimant. Antérieurement, on utilisait des aimants permanents (fer doux, alliages au cobalt) pour traiter des minerais contenant des minéraux ferromagnétiques (typiquement la magnétite) pour lesquels l'intensité du champ développé, assez faible, était suffisante et des électroaimants, capables de développer des champs magnétiques plus importants, pour la séparation des minéraux paramagnétiques (Vuninga. 2020).

· Les forces compétitrices dans un séparateur magnétique

Dans un séparateur magnétique, la force magnétique est en compétition avec de multiples forces externes comme les forces de gravité et d'inertie, la force centrifuge ou encore la force de traînée hydrodynamique. L'importance de la contribution de chacune de ces forces dépend du séparateur et des conditions d'opérations (Yoann. 2020).

Les différentes forces citées précédemment présentent des dépendances au rayon de la particule, pouvant être exprimées telles que (Yoann. 2020):

???? ?????2, ???? ?????3 et ???? ????? II.21

Ainsi, d'après l'équation II.21, la force de gravité et la force centrifuge sont dépendantes du rayon de la particule respectivement au carré et au cube, et leurs influences deviennent significatives pour de grosses particules. Dans le cas contraire, la force de traînée hydrodynamique, dans le régime d'écoulement de Stokes, devient plus importante pour des particules fines. Pour obtenir un taux de récupération élevé de composés magnétiques, la force magnétique de séparation doit être plus grande que la somme des forces compétitrices, tel que(Yoann. 2020):

???????????????????? II.22

A ces paramètres nous pouvons ajouter :

· La concentration solide de la pulpe, qui est important quand nous travaillons en séparation par voie humide ;

29 | P a g e

? La température de la pulpe qui est un paramètre influant sur les propriétés magnétiques des phases minérales constituant la pulpe ;

? Le débit volumique de la pulpe qui est le paramètre de l'appareil employé ;

? La nature et la dose du réactif employé selon le cas ; etc.

II.3.5. Application de la séparation magnétique en minéralurgie

L'industrie des minerais est confrontée à des problèmes de teneurs décroissantes des métaux valorisables dans les minerais, à des proportions croissantes d'impuretés nocives et à la nécessité de réduire la taille des particules afin de libérer les composants précieux. Les nouvelles technologies capables de relever ces défis doivent être conçues pour des raisons environnementales et de durabilité.

La séparation magnétique, contrairement à de nombreuses autres technologies de traitement des minéraux, peut répondre avec succès aux attentes. En utilisant une conception d'aimant sophistiquée ou des matériaux d'aimants permanents avancés, la consommation d'énergie peut être réduite de manière significative. Contrairement à la flottation, la séparation magnétique ne nécessite pas de produits chimiques responsables d'une augmentation constante des coûts d'exploitation et des préoccupations environnementales. De même, l'utilisation de liquides lourds, généralement toxiques et coûteux à acquérir et à éliminer, dans la séparation par densité et la préparation du charbon, peuvent être éliminés en utilisant des techniques basées sur le magnétisme (Svoboda. 2004).

Matériels et méthodes

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote