²²²²
GESTION ADMINISTRATIVE ET PÉDAGOGIQUE DES
ÉTABLISSEMENTS ET RENDEMENT INTERNE DES ÉCOLES : CAS DES
LYCÉES DU DÉPARTEMENT DE LA KABBIA AU TCHAD
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Master en Sciences de l'Éducation
Option : Planification et Administration scolaire
par :
BASSANA KADAKNA
Professeur Certifié d'Histoire-Géographie
Mat :12B0550N
Sous la direction de
Dr BÉCHÉ E MMANUEL
Chargé de cours
Année académique : 2012 - 2013DÉDICACE
À mes regrettés parents Enem Kadakna et
Tininga Agnès
À ma chère épouse Djockndé
Emeline
À mes enfants Waniko Sadoc, Appel Miabelle, Afateida
Annette, Attiyadou Hadassa, Kalasia ALfer, Assiame Elodie et Houvounssadi
Jules.
REMERCIEMENTS
Le travail de recherche que nous présentons ici est
parvenu à maturation avec le soutien et la collaboration de plusieurs
personnes que nous tenons à remercier.
Nous remercions sincèrement le Dr Béché
Emmanuel qui, a accepté d'assurer la direction de ce mémoire.
Nous tenons à remercier l'administration
académique de l'École Normale Supérieure de Maroua pour
avoir organisé cette formation doctorale.
Nous voudrons ensuite, exprimer nos plus sincères
remerciements à tous les professeurs de l'École Normale
Supérieure de Maroua, particulièrement ceux du Département
des Sciences de l'Éducation qui ont contribué à notre
formation.
Nous adressons nos vifs remerciements à
l'Inspection Départementale de l'Éducation Nationale de la Kabbia
particulièrement aux Proviseurs et Directeurs des établissements
secondaires qui nous ont fourni les informations recherchées.
À toute la promotion du Master Recherche en
Sciences de l'Éducation, nous disons merci pour la solidarité et
le sens de fraternité qui ont prévalu lors de notre formation.
À tous ceux qui, de près où loin nous ont
apporté leur soutien moral, nous leur disons sincèrement merci.
Que chacun trouve dans ce mémoire la joie de sa contribution.
RÉSUMÉ
La présente étude est
intitulée « Gestion administrative et pédagogique
des établissements et rendement interne de l'école : cas du
Département de la Kabbia ». Elle part du constat selon lequel
les établissements secondaires de la Kabbia présentent des
résultats scolaires faibles qui se traduisent par le redoublement,
l'abandon et l'exclusion des élèves. Ce qui nous a poussé
à se pencher sur la pratique de la gestion administrative et
pédagogique des établissements secondaires . A ce sujet, nous
nous sommes posés la question de savoir : Quel est l'impact de la
gestion administrative et pédagogique sur le rendement interne faible
des établissements secondaires du Département de la Kabbia?
Comment se traduit cet impact ? Quelle est sa portée ?
Dans cette optique, nous avons défini une hypothèse
générale selon laquelle la gestion administrative et
pédagogique impacte négativement sur le rendement interne des
établissements secondaires de la Kabbia. Pour la vérifier, nous
l'avons opérationnalisée en quatre hypothèses
spécifiques. Les données de cette étude ont
été recueillies par la technique de l'entretien. Inscrite dans la
perspective de la théorie des organisations de Henry Fayol et Likert
elles ont été analysées de manière à
conclure que la gestion administrative et pédagogique impacte
négativement le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia. Sur cette base, nous avons émis des
suggestions à l'endroit des acteurs du système éducatif
dans le sens de l'amélioration de la gestion administrative et
pédagogique des établissements secondaires.
Mots clés : Gestion administrative, gestion
pédagogique, rendement interne.
ABSTRACT
The present reearch is entitled:''Administrative and
educational management of school and its intern yield: case of secondary school
in the Departement of Kabbia in chad''. Due to the feeble result in the
secondary school in Kabbia that is explained by repeting classes, leaving
school and exclusion of students .This is why we have shown mare interest to
the practice of administrative and educational management in the secondary
school. To the topic we asked questions such as: Wath is the impact of
administrative aand educatiàonal management and the feeble intern yied
in the secondary school of Kabbia? Haw is the result of this impact? Wath is
its range? In this perspective, we have defined a geneal hypothesis that is the
administrative and educational management have a negative impact in the intern
school yield in the secondary school of Kabbia. For verification we have
proceeded in four specifie hypothesis . The data of this study has been
collected by the technique of the interview. Inscribed in the perspective of
the theory of Henry Fayol and Likert Rensis organizations. They have been
analysed in the manner to conclude that the administrative and educational have
a negative impact on the feeble intern yield in the secondary school of Kabbia.
Based on the survey, we have mede recommandations to improve the administrative
and educational management in secondary school.
Key words: Administrative management, educational
management, internal output.
LISTE DES TABLAEUX
Tableau no 1 : Résultats
au concours d'entrée en 6ème des cinq
dernières années 4
Tableau no 2 : Résultats
au Brevet des cinq dernières années 4
Tableau no 3 : Résultats
au Baccalauréat de cinq dernières années 5
Tableau no 4 : Tableau
synoptique d'opérationnalisation des variables 12
Tableau no 5 : Organigramme du
système éducatif tchadien 36
Tableau no 6: : Statistique des
répondants sur les activités économiques 44
Tableau no 7: Données
recceuillies sur les activités agricoles 45
Tableau no 8 : Avis des
repondants à propos de l'innondation des écoles 46
Tableau no 9 : Données
recceuillies sur la nomination des chefs d'établissement.....46
Tableau no 10 : Statistique des
répondants au manque de professionnalisme des chefs
d'établissement 47
Tableau no 11: Avis des repondants au
non prise en compte de l'ancienneté des chefs d'établissement
48
Tableau no 12: Statistique des
répondants au sujet de recrutement sans condition des
élèves dans les établissements 49
Tableau no 13 : Données des
repondants sur la promotion des élèves en classe
supérieure.........................................................................................49
Tableau no14 :
Répartition des avis au sujet de l'admission au rabais des
élèves en classe supérieure 50
Tableau no 15 : Statistique des
répondants relative à la subjectivité dans l'orientation
des élèves 51
Tableau no 16 : Répartition
des données sur la contestation de l'orientation
par les élèves 52
Tableau no 17 :
Données reccueillies sur la complaisance dans le choix de série
des
élèves..............................................................................................52
Tableau no18 : Effectifs
d'abandons et de redoublement des élèves 83
Tableau no19 : Nature de
diplôme des chefs d'établissement dans la Kabbia 95
Tableau no20 :
Répartition de chefs d'établissement selon l'ancienneté
98
Tableau no 21 : Statistiques des
élèves en déperdition dans la Kabbia 148
SIGLES ET ABREVIATIONS
APE : Association des Parents
d'Élèves
BAC : Baccalauréat de
l'Enseignement du Second Degré
BEPC : Brevet d'Études du
Premier Cycle
CAP-CEG : Certificat d'Aptitude
Pédagogique des Collèges d'Enseignement Général
CAPEN : Certificat d'Aptitude au
Professorat des Écoles Normales
CAPEL : Certificat d'Aptitude
Pédagogique de l'Enseignement dans les Lycées
CFC : Centre de Formation Continue
CEF : Centre d'Éducation
Féminine
CFEN : Certificat de fin d'Études
Normales
CEG : Collège d'Enseignement
Général
CEPT : Certificat d'Études
Primaire Tchadien
CNC : Centre National de Curricula
CRFC : Centres Régionaux de
Formation Continue
CNRST : Comité National de
Recherche Scientifique et Technique
COGES : Comité de Gestion des
Établissements Scolaire
CONFEMEN : Conférence des
Ministres de l'Éducation ayant le Français en partage.
CM1 : Cours Moyen Première
Année
CM2 : Cours Moyen deuxième
année
DARH : Direction d'Administration et des
Ressources Humaines
DAPLAN : Direction
d'Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales
DEUG : Diplôme d'Études
Universitaires Générales
DAPRO : Direction d'Analyse et de la
Prospective
ENI : École normale
d'instituteur
FCFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine
HR : Hypothèse de Recherche
IPEP : Inspection Pédagogique de
l'Enseignement Primaire
ISSED : Institut Supérieure des
Sciences de l'Éducation
LMD : Licence Master Doctorat
MA : Ministère de
l'Agriculture
MEQ : Ministère de
l'Éducation Québécoise
MEPS : Ministère de
l'Enseignement Primaire et Secondaire
MENJS : Ministère de
l'Éducation Nationale de la Jeunesse et d'Sport
OCDE : Organisation de
Coopération et de Développement Économique
ONDR : Office National de
Développement Rural
PIB : Produit Intérieur Brut
PR : Présidence de la
République
SAEP : Secteur d'Alphabétisation
et d'Éducation Permanente
SET : Syndicat des Enseignant du
Tchad
UNESCO : Organisation des Nations Unis
pour l'Éducation, la Science et la Culture
INTRODUCTION GÉNÉRALE
L'éducation est un sujet d'une pertinence sociale et
l'on remarque un intérêt grandissant ces dernières
années pour les questions de réussite comme celles de
l'échec. Le rendement scolaire est un phénomène
d'actualité dans la plus part des pays du monde et mérite
à cet égard une attention particulière. C'est ainsi que la
gestion de l'entreprise éducative a attiré notre attention dans
l'atteinte de ses objectifs.
I-PROBLÈMATIQUE
L'éducation constitue un puissant levier d'accession
à l'autonomie des individus et des peuples, de lutte contre la
pauvreté et pour le développement durable. Le rôle
primordial de l'éducation consiste à former des citoyens capables
de contribuer au développement économique, social et politique de
leur communauté. Depuis le Traité des droits de l'Homme en 1990,
la communauté internationale reconnait l'éducation comme un droit
fondamental de l'être humain. Ses principales préoccupations
étaient l'accès et l'amélioration de la qualité de
l'éducation. Ces préoccupations ont été souvent
abordées à des multiples occasions lors des conférences
internationales dont celles d'Addis -Abèba en 1960, de Jomtien en 1990
et de Dakar en 2000. Ce qui retenait l'attention, ce sont la faible
efficacité et le faible rendement du système scolaire qui,
après une période d'expansion massive et rapide, se sont vus
confrontés à d'énormes difficultés provoquant
l'échec et la déperdition scolaire.
De nos jours, les principes d'efficacité sont de
plus en plus recherchés, sinon prônés dans toutes les
entreprises ou institutions et en particulier dans le domaine de
l'éducation. À l'heure où les objectifs du système
éducatif visent à accroître le nombre d'enfants
scolarisés et à améliorer la qualité de
l'enseignement, il est de plus en plus reconnu que le rendement scolaire est
faible. Selon le rapport de l'Organisation des Nations Unies pour
l'Éducation, la Science et la Culture (2000), les élèves
sont en « échec scolaire » entre la première
année fondamentale et la dernière année du secondaire et
cet échec prend plusieurs formes : redoublement, orientation ou
exclusion. Toujours selon le même document, 50% d'élèves en
Afrique quittent l'école sans qualification et sur 100
élèves, 27 seulement réussissent au baccalauréat.
Cette situation est semblable à celle du Département de la Kabbia
dans la région du Mayo-Kebbi Est (Tchad). Le faible taux de rendement
scolaire est également confirmé par les résultats des
grandes enquêtes internationales (UNESCO 2007, ADEA 2006). Dans son
étude, l'UNESCO (2007) conclut que les systèmes éducatifs
de nombreux pays du monde sont caractérisés par des acquis
d'apprentissage relativement insuffisants et inégaux en langues et en
mathématiques et ceci est plus particulièrement notable dans les
systèmes éducatifs africains où l'efficacité des
systèmes demeure particulièrement faible.
Dans un document intitulé Éducation en
Afrique subsaharienne (2013), les auteurs corroborent à cet état
de choses et soulignent que l'efficacité interne et la
qualité de l'enseignement au secondaire restent faibles en Afrique
subsaharienne et que le taux de redoublement est de 16% alors qu'au niveau
mondial, il est seulement de 3%. En moyenne, moins de 30% des
élèves du groupe d'âge concerné terminent le premier
cycle du secondaire, et moins de 15% parviennent jusqu'à la fin du
second cycle. Cela montre que les élèves quittent souvent
l'école sans disposer des compétences de base pour
s'insérer dans la vie active.
Dans la recherche portant sur les systèmes
éducatifs africains, Orivel et Perrot (1989 : 337) aboutissent
à la conclusion selon laquelle : « le redoublement est le facteur
le plus significatif de l'abandon scolaire ». Selon eux : «
les deux phénomènes conduisent à un `` gaspillage''
des ressources financières allouées à
l'éducation ». Ils ont reconnu que, plus le taux de
redoublement est élevé, plus le taux d'abandon est important et
le « gaspillage » conséquent. Ainsi, ils
définissent le rendement interne de l'école comme le rapport
entre les élèves inscrits en début d'année et leur
résultat en fin d'année, c'est-à-dire comme le rapport
entre le nombre des élèves admis et l'effectif de ceux qui
reprennent et abandonnent l'école.
La mondialisation de ce phénomène de rendement
interne nous a amené à le circonscrire au cas particulier du
Tchad et plus précisément à celui du Département de
la Kabbia. En effet, selon les statistiques disponibles dans les services
compétents, le Département de la Kabbia compte 40 collèges
et 11 lycées d'enseignements secondaires, soit 51 établissements
au total. En 2010, l'effectif des élèves dans cette
circonscription administrative était de 12667 au collège et 7424
au lycée, pour un total de 20091. Cet effectif a régressé,
passant à 11181 dans les collèges et à 5186 dans les
lycées en 2014, ce qui indique qu'environ 3724 élèves ont
quitté le système scolaire. Ces élèves sont
encadrés par 138 enseignants dont 27 qualifiés et 111
contractuels. Les résultats aux examens et concours
présentés aux tableaux 1, 2 et 3 ci-dessous sont traducteurs de
l'insatisfaction des élèves, des autorités scolaires et
des parents.
En 2012, pendant qu'au niveau national le Premier
Ministre annonce la seconde session de baccalauréat suite aux
résultats très insuffisants, dans la Kabbia, l'Inspecteur
Départemental recommande aux présidents des centres de concours
d'entrée en 6ème de proclamer pour une
deuxième fois ces résultats jugés catastrophiques. Le cas
de l'entrée en 6ème pour le centre de Léo
Mbassa, dans le canton Léo est l'un des exemples. En effet, sur 594
candidats inscrits, 128 soit 21,24% ont été
déclarés admis avec 25 points sur une moyenne
générale de 120. Ces résultats médiocres ont
poussé l'Inspecteur Départemental de l'Éducation Nationale
de la Kabbia à faire pression sur le proviseur, président dudit
centre, de proclamer pour une deuxième fois l'admission
d'élèves en 6ème. Ce dernier hésita
longtemps avant de revenir sur la décision du jury où il
déclara 244 admis avec une moyenne de 15 points sur 120.
À Pont Carol, un autre établissement de la
localité, les parents d'élèves mécontents des
résultats au baccalauréat, s'insurgent contre le personnel
administratif considéré selon eux comme la cause de
l'échec des enfants. Pour exprimer leur mécontentement, ils n'ont
pas hésité à écrire contre les responsables
scolaires, en demandant le départ des uns et des autres. Pour preuve, le
secrétaire de la sous-préfecture de Pont-Carol, a dans son
écrit demandé le départ du deuxième censeur
considéré selon lui comme la cause de l'échec des
élèves.
Aux résultats de fin d'année scolaire, l'on
enregistre un nombre important de redoublants et d' exclus ainsi que des
abandons. Au lycée Maldom
Bada Abbas de Gounou-Gaya, pour l'année 2011-2012 par
exemple, sur un effectif de 1600 élèves, 750 ont redoublé
leur classe, 296 ont été exclus de l'établissement et 146
ont abandonné les cours(rapport de fin d'année 2012). Une
situation lamentable qui poussa la confession chrétienne de
l'église catholique à organiser des cours de soutien grâce
auxquels elle récupéra plus de 400 élèves. Cet
effectif considérable dépasse de loin celui d'autres
collèges du Département. Cette situation n'est pas
différente de celle du collège de Pont Carol où au cours
de la même année, sur un effectif de 864 élèves, 265
ont repris leur classe, 187 ont été exclus et 78 ont
abandonné l'école.
Les résultats scolaires insatisfaisants dans le
Département de la Kabbia se traduisent par le redoublement, l'exclusion
et l'abandon des élèves. Ainsi, les statistiques des cinq
dernières années des différents examens et concours
illustrent à suffisance le rendement interne des établissements
secondaires dans ce Département.
Tableau no
1 : Résultats au concours d'entrée en 6ème
des cinq dernières années
Années
|
Effectifs
|
Admis
|
Pourcentage
|
Redoublement
|
%
|
2009-2010
|
5311
|
2634
|
49,51%
|
2677
|
50,40%
|
2010-2011
|
5788
|
2974
|
51,38%
|
2814
|
34,79%
|
2011-2012
|
6026
|
2759
|
45,78%
|
1172
|
46,54%
|
2012-2013
|
6493
|
3179
|
48,96%
|
3314
|
51,03%
|
2013-2014
|
6491
|
3143
|
48,42%
|
3312
|
51,02%
|
Source : Statistiques
des concours d'entrée en 6ème :
IDEN/KABBIA
Dans ce tableau, il est à noter que le pourcentage des
admis est généralement inferieur à 50% sauf pour
l'année 2010- 2011, où il atteint 51,38%. Par contre le
pourcentage des échoués durant ces années est passé
à plus de 50% sauf pour l'année 2010- 2011où il est
tombé à 34,79 %.
Tableau no
2 : Résultats au Brevet des cinq dernières
années
Années
|
Effectifs
|
Admis
|
Pourcentage
|
Redoublement
|
%
|
2009-2010
|
2421
|
1963
|
81,08%
|
458
|
18,91%
|
2010-2011
|
2285
|
1198
|
52,42%
|
1087
|
47,57%
|
2011-2012
|
2518
|
1338
|
53,13%
|
1180
|
43,86%
|
2012-2013
|
2759
|
1574
|
68,07%
|
1185
|
42,95%
|
2013-2014
|
2457
|
1254
|
61,50%
|
1203
|
48,96%
|
Source : Statistiques de BEPC :
IDEN/KABBIA
Dans ce tableau, contrairement au tableau no1, on
note que le pourcentage des admis est probablement supérieur à
50%. Ce pourcentage qui plafonne entre 52,42% à 81,08% s'explique par
l'effectif croissant des élèves durant ces années qui est
de 1963 largement supérieur aux effectifs des autres années.
Bien que se situant à 81,08% en 2009-2010, ce pourcentage n'a jamais
atteint les 100 pour 100 et laisse voir que 18,91% des
élèves sont en déperdition scolaire.
Tableau no
3 . Résultats au Baccalauréat de cinq dernières
années
Centre de Gounou- Gaya
|
Années
|
Inscrits
|
Admis
|
Pourcentage
|
Redoublement
|
Pourcentage
|
2009-2010
|
1379
|
42
|
3,04%
|
1337
|
96,95%
|
2010-2011
|
919
|
37
|
4,02%
|
882
|
95,97%
|
2011-2012
|
1884
|
119
|
6,31%
|
1765
|
93,68%
|
2012-2013
|
1074
|
64
|
5,95%
|
1010
|
94,04%
|
2013-2014
|
493
|
148
|
30,02%
|
374
|
75,86%
|
Centre d'examen de Pont Carol
|
2009-2010
|
752
|
8
|
1,06%
|
744
|
98,93%
|
2010-2011
|
923
|
37
|
4,00%
|
886
|
95,99%
|
2011-2012
|
735
|
15
|
2,04%
|
720
|
97,95%
|
2012-2013
|
513
|
11
|
2,11%
|
502
|
97,85%
|
2013-2014
|
583
|
56
|
9,57%
|
529
|
90,42%
|
Source : statistique des admis au
BAC : Centre de Gounou-Gaya et Pont Carol
Contrairement aux tableaux précédents où
l'effectif des élèves admis passe de 45, 78 à 51,38% au
concours d'entrée en 6ème et de 52,42% à 81,08%
au BEPC, celui au baccalauréat est très lamentable. Il varie
entre 3,04% et 30,02% au centre de Gounou-Gaya à 1,06% à 9,51%
au centre de Pont Carol pour les années 2009 et 2010. Ces pourcentages
laissent également voir qu'il y a un taux important des
échoués qui oscille entre 93,68% et 96,95% pour le centre de
Gounou-Gaya et 90,42% et 98,93% pour le centre de Pont Carol.
Les données recueillies sur les
résultats aux différents examens et concours montrent à
suffisance que les établissements secondaires de la Kabbia sont peu
efficaces. Or, le rendement interne qui mesure le rapport entre les
élèves normalement inscrits et leur résultat à la
fin de l'année est de plus en plus recherché.
Pour Mahomet (2010), le rendement interne mesure le
rapport entre les résultats et les moyens, entre les produits obtenus
scolaires et les ressources engagées, entre les outputs et les inputs.
Ce rendement interne s'apprécie selon l'auteur en termes qualitatifs et
quantitatifs. D'après lui, le premier aspect mesure le rapport entre les
connaissances, les attitudes et aptitudes acquises, d'une part, et les
objectifs pédagogiques d'autre part. Le deuxième assimile le
système éducatif à une entreprise, mesure la
quantité des produits finis, les diplômes, finissants (outputs),
par rapport aux ressources engagées, c'est-à-dire le nombre
d'étudiants inscrits, le nombre d'années passées dans le
système, en rapport avec les coûts (inputs).
Se faisant, pour maximiser la réussite des
élèves, les chefs d'établissement doivent faire preuve
d'une meilleure gestion des établissements. Or, la gestion est l'art de
diriger, d'administrer une entreprise ou un groupement en mettant en commun des
moyens matériels, des ressources humaines et tout en tenant compte des
capitaux mis en oeuvre afin d'atteindre un objectif précis de la
façon la plus efficace possible. Aussi, la gestion intègre
l'ensemble des questions relatives au pilotage du système
éducatif, à sa gestion administrative et pédagogique ainsi
qu'à son évaluation. De ce qui précède, nous avons
fait le constat suivant :
- La majorité des établissements secondaires du
Département de la Kabbia commencent les cours tard en novembre, voire
décembre ;
- Plusieurs établissements secondaires sont
gérés non seulement par les stagiaires mais aussi par des
contractuels à la charge des parents d'élèves qui n'ont
aucune formation professionnelle ;
- Le nomadisme des élèves dans les
établissements est trop fréquent;
- L'orientation des élèves dans leur
série respective est plus l'oeuvre de la complaisance de leur choix
que le mérite de ces derniers.
De nos jours, la question du rendement préoccupe tant
les experts de l'éducation, les hommes politiques, les administrateurs
scolaires ainsi que les chercheurs. Les études antérieures qui
ont traité la question du rendement scolaire l'ont souvent
abordée sous divers angles. Certains chercheurs ont mis en
évidence les facteurs socio-économiques tels que le statut
socioprofessionnel des parents, la taille de la famille, la quantité et
la qualité des moyens matériels. D'autres ont abordé les
facteurs sociaux des enseignants tels les qualifications et le suivi, la taille
de la classe, les pratiques pédagogiques et moins les facteurs
institutionnels.
C'est ainsi que Carron et Chau (1998), ont reconnu dans leur
étude que les pratiques culturelles sont l'un des paramètres qui
retentissent sur la manière dont les enfants réussissent à
l'école. Ils ont remarqué que le manque des contacts avec le
monde écrit était un des paramètres qui expliquent
l'échec scolaire. Ils ont conclu que les enfants ont peu des contacts
avec le monde des écrits en dehors de l'école. Cette opinion est
contraire à celle de Macaire (1993) qui trouve que le rendement scolaire
s'explique par le niveau de qualification des enseignants, le contrôle de
présence des élèves dans les classes et les
méthodes pédagogiques utilisées par les enseignants. Pour
les auteurs comme Bourdieu et Passeron (1970), l'origine sociale est un
élément crucial qui explique l'échec scolaire. Ils ont
formulé dans leur conclusion que les enfants qui proviennent des milieux
socioculturels défavorisés réussissent moins bien à
l'école, tandis que les enfants issus des milieux favorisés
socioculturellement réussissent normalement. À cela, Bellat et
Mingat (1988) ont plus tôt reconnu que le rendement interne de
l'école se résume au contexte de la classe, à la formation
des enseignants, au niveau de rémunération, à la taille
des classes, aux manuels scolaires et aux matériels pédagogiques.
Ils associent à ceux-ci, l'environnement physique comme les
bâtiments et les équipements, le temps scolaire.
Ces travaux antérieurs portant sur le rendement interne
de l'école n'ont pas suffisamment investigué sur les facteurs
institutionnels dans sa dimension managériale. Ce dernier angle
d'analyse a souvent été ignoré. En vue de contribuer
à combler cette lacune, nous nous sommes posé la question de
savoir quelle est la part de la gestion administrative et pédagogique
sur le rendement interne faible dans les établissements scolaires?
Ainsi nous voulons cerner la notion de « rendement
scolaire » comme : le rapport entre le nombre des
élèves normalement inscrits et les admis, le rapport entre le
nombre des inscrits et les redoublants et le rapport entre les
élèves inscrits et les abandons. Nous voulons également
cerner la question de la « faiblesse de rendement,
scolaire » dans le sens de l'inefficacité des
établissements à produire des résultats scolaires
quantitatifs.
Dans Cette étude, la faiblesse de rendement scolaire
s'explique part le faible taux d'admission des élèves en classe
supérieure, le faible taux de réussite des élèves
aux examens et concours, le fort taux de redoublement, d'exclusion et d'abandon
des élèves. Au regard des politiques et pratiques de la gestion
administrative des établissements, cette faiblesse s'explique par
l'insuffisance de temps scolaire, l'insuffisance dans le management des
établissements. Ainsi, nous entendons par gestion administrative et
pédagogique, la gestion de temps matériel des activités
scolaires, la gestion de choix au poste de chef d'établissement, la
gestion de recrutement et la promotion des élèves en classe
supérieure et la gestion de l'orientation des élèves dans
leur série.
La présente étude met en jeu la variable
indépendante et la variable dépendante. La variable
indépendante est la gestion administrative et pédagogique des
établissements. Les sous variables sont : La gestion de temps
matériel des activités scolaires, la gestion de choix des chefs
d'établissement, la gestion de recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure et la gestion de l'orientation
des élèves dans leur série. La variable dépendante
est le rendement interne. Nous nous sommes servi dans le cadre de ce travail de
certains indicateurs de la variable indépendante comme : le
démarrage tardif des cours, la qualification du chef
d'établissement, le recrutement sans condition et l'acceptation de
changement de série à tout moment. Les indicateurs de notre
variable dépendante sont les mêmes partout, il s'agit de :
Redoublement, exclusion, abandon et absentéisme des
élèves. Nous avons utilisé pour la variable
indépendante, les modalités suivantes: Souvent, assez souvent, ,
rarement. Quant à la variable dépendante, la modalité est
fréquemment, assez fréquemment.
Une telle étude a pour intérêt de
contribuer à la compréhension d'un des multiples
paramètres du rendement scolaire. Elle permet aussi aux acteurs de
l'éducation nationale de mieux comprendre les enjeux du rendement
scolaire. Cependant, cette étude axée sur le rendement scolaire
réfère au cadre théorique des organisations dont
l'objectif est la recherche de l'efficacité des entreprises. Selon Fayol
(1841-1925), l'entreprise efficace est une organisation qui encadre les hommes,
organise les tâches, donne des ordres, contrôle les performances et
prévoit le futur. Par contre, Likert (1903) pense que la réussite
dans une organisation passe par le style de leadership.
Dans le but de rendre opérationnelle cette recherche,
nous allons procéder à une formulation méthodique des
questions problèmes et des hypothèses.
II. QUESTION DE
RECHERCHE
Notre question de recherche dans cette étude se
décline en deux composantes : La question générale
et les questions secondaires
II.1. Question
générale
Dans le cadre de cette étude, la question
générale est formulée de la manière
suivante : Quel est l'impact de la gestion administrative et
pédagogique sur le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia? Comment se traduit cet impact ? Quelle est sa
portée ?
II.2. Questions
secondaires
Etant donné que la question générale ne
permet pas de bien cerner le problème, celle-ci a été
éclatée en quatre questions spécifiques
opérationnelles suivantes :
1. Quelle est l'influence de la gestion de temps
matériel des activités scolaires sur le rendement interne faible
des établissements secondaires de la Kabbia ? Comment se traduit
cette influence ? Quelle est sa portée ?
2. Quel est l'impact de choix au poste de chef
d'établissement sur le rendement interne faible dans les
établissements secondaires de la Kabbia ? Comment se traduit cet
impact ? Quelle est sa portée ?
3. Quel est l'effet de la gestion du recrutement et de la
promotion des élèves en classe supérieure sur le rendement
interne faible dans les établissements secondaires de la Kabbia ?
Comment se traduit cet effet ? Quelle est sa
portée ?
4. Quel est l'impact de la gestion de choix de série
des élèves sur le rendement interne faible des
établissements secondaires de la Kabbia ? Comment se traduit cet
impact ? Quelle est sa portée ?
III. FORMULATION DES
HYPOTHÈSES
Afin de bien mener cette étude, il est important de
relever les hypothèses qui vont nous guider tout au long de notre
travail de recherche. Dans ce travail, nous avons deux types
d'hypothèses : l'hypothèse générale et les
hypothèses de recherche.
III.1. Hypothèse
générale
Notre hypothèse générale est la
suivante : la gestion administrative et pédagogique impacte
négativement le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia. Au regard de notre théorie des organisations,
cette hypothèse s'explique par l'utilisation des ressources humaines,
matérielles et les techniques mises en oeuvre pour l'atteinte d'objectif
d'une organisation.
III.3. Hypothèses
secondaires
Dans notre recherche, nous avons quatre hypothèses de
recherche :
HR 1 : La gestion de temps
matériel des activités scolaires influence négativement
sur le rendement interne faible des établissements secondaires de la
Kabbia. Cette hypothèse s'explique au vu de notre théorie par le
respect de temps d'activités dans les entreprises par les
employés.
HR 2 : La gestion de choix au poste de
responsabilité de chef d'établissement impacte
négativement sur le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia. Au vu de notre théorie, cela s'explique par la
formation des responsables, leur recrutement, et leur pouvoir d'organiser les
entreprises.
HR 3 : La gestion de recrutement et la
promotion des élèves en classe supérieure ont un effet
négatif sur le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia. Cette hypothèse s'explique, au regard de notre
théorie par la sélection et le recrutement des ouvriers dans une
entreprise et l'élimination des éléments
incompétents.
HR 4 : La gestion de choix de
série des élèves impacte négativement sur le
rendement interne faible des établissements secondaires de la Kabbia. Au
regard de notre théorie, cette hypothèse explique par la
spécialisation des tâches dans les entreprises.
Tableau no
4 : Tableau synoptique d'opérationnalisation des
variables
Hypothèse générale
|
Hypothèse de recherche
|
Variables
|
Indicateurs
|
Modalités
|
La gestion administrative et pédagogique impacte
négativement le rendement interne faible des établissements
secondaires de Kabbia
|
HR1 : La gestion du temps matériel des
activités scolaires influence négativement le rendement interne
faible des établissements scolaires
|
VI : La gestion du temps matériel des
activités scolaires
|
-Démarrage tardif des cours
-Arrêt précoce des cours
-Respect du chronogramme des activités
|
Toujours
Souvent
Rarement
|
VD. Rendement interne faible des établissements
scolaires
|
-Redoublement
-Exclusion - Abandon
-Absentéisme des élèves
|
Frequemment
Assez requemment
|
HR2 : La gestion de choix au poste de chef
d'établissement impacte négativement le rendement interne faible
des établissements scolaires
|
VI. La gestion de choix au poste de chef
d'établissement
|
-Non qualification du chef d'établissement
-Non expérience de chef d'établissement
|
Toujours
Souvent
|
VD. Rendement interne faible des établissements
scolaires
|
-Redoublement
-Exclusion
- Abandon
-Absentéisme des élèves
|
Frequemment
Assez frequemment
|
HR3 : La gestion du recrutement et de la promotion en
classe supérieure a un effet négatif le rendement interne faible
des établissements secondaires
|
VI. La gestion du recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure
|
-Le recrutement sans condition
-La promotion subjective des élèves
|
Toujours
Souvent
|
VD. Rendement interne faible des établissements
secondaires
|
-Redoublement
-Exclusion
- Abandon
-Absentéisme des élèves
|
Frequemment
Assez requemment
|
HR4 : La gestion du choix de série des
élèves impacte négativement le rendement interne faible
des établissements scolaires
|
VI. La gestion du choix de série des
élèves
|
-Acceptation de changement de série à tout
moment
-Retour sur la décision de l'orientation
|
Toujours
Souvent
|
VD. Rendement interne faible des établissements
scolaire
|
-Redoublement
-Exclusion
- Abandon
-Absentéisme des élèves
|
Frequemment
Assez frequemment
|
IV. OBJECTIFS DE
L'ÉTUDE
Dans le cadre de notre étude, nous avons deux types
d'objectifs : L'objectif général et les objectifs
secondaires.
IV.1. Objectif
général
L'objectif général est d'expliquer le faible
niveau de rendement scolaire dans le Département de la Kabbia au regard
des politiques et des pratiques de la gestion administrative et
pédagogique des établissements secondaires.
IV.2. Objectifs
secondaires
Pour
mieux présenter l'objectif général ci-dessus, nous l'avons
opérationnalisé en quatre objectifs secondaires qui sont ainsi
décrits.
1. Décrire l'influence de la gestion de temps
matériel des activités scolaires sur le rendement interne faible
des établissements secondaires de la Kabbia ;
2. Verifier l'impact de la gestion de choix au poste de
chef d'établissement sur le rendement interne faible des
établissements secondaires de la Kabbia ;
3. Prouver l'effet de recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure sur le rendement interne
faible des établissements secondaires de la Kabbia ;
4. Montrer l'impact de choix de série des
élèves sur le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia.
V.LA REVUE DE
LITTÉRATURE
La gestion administrative et pédagogique des
établissements scolaires est un domaine qui ne saurait laisser les
acteurs du système éducatif indifférents. D'une
manière ou d'une autre, beaucoup d'auteurs ont abordé le
problème à travers une documentation variée. Dans cette
étude, nous nous intéresserons aux travaux réalisés
par certains auteurs au sujet de la gestion des établissements et
notamment ceux axés sur le mode de gestion et son impact sur le
rendement de l'école.
V.1. Sur
l'efficacité d'une gestion
Les recherches en éducation ont
montré que les principes modernes du management ont fait irruption dans
le champ éducatif. L'école est aujourd'hui gérée
comme une entreprise. On y trouve toutes les préoccupations liées
à la gestion des entreprises. C'est ainsi que, la question de
l'efficacité de la gestion scolaire a acquis de l'importance et a retenu
l'attention des chercheurs en éducation. Mais, le concept
d'efficacité organisationnelle n'est pas facile à définir
selon les auteurs. Pour Brunet (1991), les réalités et les
objectifs étant différents d'une organisation à une autre,
le sens que peut revêtir cette notion d'efficacité, ici, n'est pas
forcément celui qu'elle a ailleurs. Par contre, Cameron et Whetten
(1983) soulignent que plusieurs centaines d'articles et des livres ont
été écrits durant la période 1970-1982 et que la
majorité de ces documents ne s'accordent ni sur le sens de
l'efficacité organisationnelle, ni sur la façon de
l'évaluer adéquatement. De plus, une autre difficulté qui
ne permet pas de saisir aisément la notion d'efficacité dans une
organisation, c'est qu'on confond très souvent efficacité et
efficience. Selon ces auteurs les deux termes ne signifient pas la même
chose. Une organisation peut être efficace sans être efficiente.
Une organisation peut aussi être efficiente sans être efficace.
Pour Brunet (1991 : 24), « l'efficience
représente le rapport entre les entrées et les sorties tandis que
l'efficacité réfère au degré de succès de
l'organisation ». C'est-à-dire le total des ressources
utilisées dans une unité de production. Il conclut qu'une
organisation est efficace si elle atteint les résultats qu'elle s'est
fixés. Ainsi, l'acception la plus courante réfère
l'efficacité aux résultats obtenus. C'est ainsi que Gather
Thurler (2000) lie l'efficacité au changement. Elle soutient, que les
écoles dites efficaces produisent des résultats remarquables sur
les apprentissages des élèves en s'appuyant sur les changements
introduits par les systèmes éducatifs. Les études de ces
auteurs touchent notre sujet qui cherche à décrire
l'efficacité des établissements secondaires dans le
Département de la Kabbia.
V.2.La gestion
participative en milieu scolaire
L'évolution de la gestion en éducation nous
amène à voir 1'école comme un système ouvert
où les forces de l'environnement se côtoient.
Considérée comme une bureaucratie professionnelle, l'école
se caractérise selon Ethier (1987), par les qualifications
professionnelles qui servent en partie à la coordination des
activités éducatives, au contrôle des enseignants quant
à 1eur acte pédagogique, à la formalisation des
comportements. L'organisation a tendance à être organique
plutôt que bureaucratique, plusieurs mécanismes de liaison
agissent à divers niveaux de la structure. La décentralisation
des décisions professionnelles est favorisée et les syndicats ou
les associations professionnelles jouent un rôle important.
Abondant dans le même sens, Maroy (1992) a essayé
de comprendre les procédures, la hiérarchie, les rôles
définis par les chefs d'établissement pour rationaliser
l'activité d'enseignement. Selon l'auteur, l'école fonctionne
comme une structure organisationnelle à base professionnelle, qui est
plus proche d'un mode d'organisation à faible interdépendance. Ce
type d'organisation se justifie par le fait que les enseignants ont la
responsabilité d'une classe. Et en conséquence, le travail qu'ils
accomplissent avec les élèves relève de leur propre
responsabilité. Il se crée donc des relations difficiles entre
les enseignants et les chefs d'établissement. Si le directeur a la
tâche de contrôler le travail de l'enseignant par des
règlements intérieurs, il va se heurter à deux
problèmes : d'une part, à cause de l'asymétrie
informationnelle, il lui sera très difficile de vérifier le
respect du règlement et vérifier le contenu du travail de
l'enseignant et d'autre part, l'enseignant pourrait interpréter le
contrôle de son enseignement comme une atteinte à son
professionnalisme. Ces auteurs ont abordé dans leur étude la
question de la bureaucratie professionnelle dans le système
éducatif en général alors que nous cherchons à
comprendre l'organisation professionnelle dans les établissements
secondaires de la Kabbia.
Contrairement à ces auteurs, Moisset (1987 : 86)
trouve que ce modèle, de part sa rigidité et son conservatisme,
ne convient totalement au milieu scolaire qui recherche une approche en gestion
souple où « la participation à la prise de
décisions devient le plus un grand défi pour le gestionnaire en
éducation ». Selon lui, la participation à la prise de
décisions reconnait le potentiel de l'individu et entraine
1'amélioration du climat et de la productivité. À ce
titre, il est dont important pour 1'administrateur scolaire d'obtenir la
collaboration des membres de son organisation à la prise de
décisions. L'auteur privilégie la participation des
collaborateurs à la prise de décision dans le milieu scolaire en
général, mais nous nous intéresserons à la
participation des acteurs à la prise de décisions dans les
établissements secondaires de la Kabbia.
Hacher (2005) a défini le leadership partagé
comme le fait d'endosser des responsabilités de management :
C'est-à-dire diriger une équipe, coordonner un groupe
d'enseignants. En ce sens, il a noté que le gouvernement Britannique a
développé un programme destiné à former des leaders
dans des enseignements spécialisés. Ces enseignements concernent
le développement d'aptitudes génériques, par exemples,
comme motiver les gens et organiser le travail du personnel. Ils touchent aux
aptitudes spécifiques du rôle du leader. Ce type de leadership
peut être identifié par la façon d'exploiter les
données sur la performance, d'entrainer, de former les équipes et
de développer les normes cohérentes de comportements. En d'autres
termes, ce leadership recouvre toutes les tâches d'encadrement, au sein
d'une politique stratégique. L'auteur a étudié les
responsabilités des leaderships partagé en Grande Bretagne alors
que nôtre étude cherche à comprendre les
responsabilités partagé des chefs d'établissements dans le
Département des la Kabbia.
Selon Gather Thurler (2000), l'établissement
performant adopte un mode de gestion ou d'organisation du travail basé
sur un modèle « adhocratique ». Il s'agit de
l'utilisation des initiatives des uns et des autres pour identifier et
résoudre les problèmes, produire et développer des
savoirs, créer des structures et des pratiques, et cela, même en
l'absence des contraintes hiérarchiques. Or, la coopération
professionnelle a été identifiée comme un
élément incitatif à la participation des parties prenantes
dans les services de développement de l'école. Dans un
établissement où les acteurs partagent leurs conceptions dans la
définition des objectifs et l'utilisation des moyens, ils
développent des pratiques des groupes et abordent ensemble les
stratégies, ce qui renforce la capacité de
l'établissement. L'auteur a donc étudié l'initiative des
chefs d'établissement dans la pratique de groupe de travail et la
motivation en général alors que nous voulons étudier la
motivation et l'initiative de travail en groupe des chefs
d'établissement dans la Kabbia.
V.3. La gestion
participative et le partenariat
Il devient de nos jours nécessaire pour l'école
de s'ouvrir et de chercher à nouer un partenariat avec d'autres
secteurs. La gestion participative et le partenariat sont liés.
L'intervention de personnes ou de structures, souvent étrangères
à la gestion de l'école, que cela soit formalisé ou pas,
se traduit le plus souvent dans les faits, par leur participation au cadre
d'administration de cette école.
Selon Saint-Pierre (2004 : 132), le partenariat est
« une convergence d'intérêts qui se manifestent par une
action collective pour atteindre des objectifs communs, basés sur le
partage des informations et des compétences ». Dans la pratique, la
gestion participative, entendue au sens de l'implication de divers segments de
la société dans la marche de l'école, est de rigueur. La
décentralisation a entraîné, de ce fait, une nouvelle
façon d'administrer l'école. Les populations, se sentant
directement concernées, se mobilisent et participent à la gestion
de leur école. Les associations et les Organisations Non
Gouvernementales apportent leur concours à côté des
pouvoirs publics, à ce qui se fait à l'école. Dans chaque
établissement, il existe une association de parents
d'élèves qui s'implique dans la gestion. Cette gestion
participative met l'école au service de la communauté. L'auteur a
étudié l'implication des partenaires de l'éducation en
général alors que notre étude a pour ambition de
comprendre l'implication des parents dans la gestion scolaire dans le
Département de la Kabbia.
Le Boterf et Lessard (1986) ont formulé
1'hypothèse qu'une institution qui se développe élaborera
et réalisera son propre projet à partir d'une démarche
souple et participative. Ces auteurs parlent même au sein de cet
organisme d'une ingénierie participative où le processus
d'ingénierie est défini comme l'ensemble coordonné
des travaux méthodiques de conception, de réalisation, de suivi
et d'évaluation de projets. Ils précisent la nécessaire
participation des intervenants. Selon eux, ce n'est que dans la mesure
où les acteurs concernés seront associés directement
à 1'élaboration et à la mise en oeuvre du projet qui les
concerne que ce dernier aura des chances d'être viable, de
résister aux épreuves du temps et d'être
maîtrisé par les acteurs eux-mêmes. Ils concluent que dans
la société postindustrielle, la participation permet à
1'individu de jouer son rôle dans un ensemble social de plus en plus
complet et de plus en plus changeant. Les auteurs ont étudié la
participation des acteurs dans le projet d'établissement de
manière générale alors que notre étude cherche
à comprendre la participation des acteurs au projet
d'établissement dans le Département de la Kabbia.
Selon Meyer et al (1981), dans les environnements
institutionnels fortement chargés des établissements scolaires,
l'activité de management est davantage déterminée par des
pressions institutionnelles extérieures que par une préoccupation
interne pour l'output technique. Cela ne signifie pas que l'« output
» technique n'est pas un souci des managers scolaires. Un modèle
faiblement couplé suggère plutôt que beaucoup d'autres
objectifs aussi occupent le temps et les efforts des managers scolaires et que
ceux-ci obéissent souvent à des exigences institutionnelles
extérieures.
Abondant dans le même sens, Wiseman (2004)
conclut dans son étude que des systèmes éducatifs
nationalement décentralisés créent des environnements
techniques plus complexes que des systèmes centralisés. De plus,
dans des environnements organisationnels plus complexes, les principaux
consacrent plus de temps à gérer les processus externes. Des
environnements moins complexes produisent des résultats opposés.
Autrement dit, l'activité de management scolaire peut s'orienter
davantage vers la légitimité externe que vers le management
interne selon le niveau de pénétration régionale ou
nationale dans les établissements scolaires. Les études de ces
auteurs débouchent sur le déplacement de but par les agents en
général alors que nous cherchons à comprendre le
déplacement de but des agents dans les établissements secondaires
de la Kabbia.
V.4. Gestion autonome des
établissements
Les premiers travaux sur l'autonomie des établissements
scolaires sont l'oeuvre de Murphy et Beck (1995). Ces auteurs ont avancé
que l'autonomie peut être une action efficace pour améliorer la
performance scolaire. En effet, le renforcement de l'autonomie des
écoles a été une des recommandations pour améliorer
la performance dans les établissements scolaires publics dans les pays
nordiques, particulièrement aux Etats-Unis.
Ce nouveau modèle de gestion permet à
l'État et aux parents d'élèves de mieux gérer les
relations de pouvoir avec les chefs d'établissement afin d'arriver
à une allocation plus efficace des ressources. Ces auteurs avancent que
les acteurs qui sont les plus proches d'une organisation donnée sont les
mieux placés pour la coordonner. Ils arguent que les activités
quotidiennes des élèves et des enseignants peuvent être
plus facilement coordonnées par les chefs d'établissement que
l'administration centrale. Ainsi le modèle à envisager doit
accorder justement plus de pouvoir, de droit à la parole, d'implication
et d'influence dans les décisions. L'autonomie accroit leur
professionnalisme, leur sentiment de pouvoir être efficace, leur
engagement et leur motivation. Cette attitude de professionnalisme permet de
créer un environnement de travail qui facilite un meilleur apprentissage
des élèves. Ce qui permet d'améliorer la performance de
l'école. Les auteurs ont étudié l'autonomie des
établissements aux Etats-Unis alors que nous évoquons cette
autonomie dans les établissements secondaires de la Kabbia.
Cependant, vue sous l'angle de théorie
économique et sociologique, Duru Bellat et Meuret (2001), croient que
l'autonomie offre très peu des garanties face au problème de
principal-agent. Car soulignent-ils, il n'est pas certain que le chef
d'établissement fera une allocation optimale des inputs mis à sa
disposition pour maximiser les outputs (élèves
diplômés). On ne peut pas savoir non plus la garantie que les
enseignants autonomes seront spontanément mus par le désir
d'enseigner efficacement aux élèves. Les auteurs ont dans leur
étude mis l'accent sur le problème du principal-agent en
général alors que mous voulons parler de cela dans les
établissements secondaires de la Kabbia.
Abondant dans le même sens, Sheerens (2000)
fait remarquer que la gestion d'une école comme toute autre organisation
d'ailleurs consiste à faire une bonne allocation des ressources mises
à sa disposition pour maximiser la production des entrants. L'auteur a
montré que le niveau de performance varie d'une école à
l'autre et elle dépend de la qualité de gestion, du degré
d'engagement du personnel enseignant dans la définition de la poursuite
des objectifs pédagogiques , de la qualité des relations entre
enseignants et élèves, de la qualité de gestion
administrative et pédagogique du directeur et de la participation des
parents. Cette étude aborde aussi notre sujet qui cherche à
décrire la qualité de gestion et le degré d'engagement des
chefs d'établissement dans la Kabbia.
V.5. L'organisation
apprenante
L'efficacité de directeur se définit par rapport
à ses tâches pédagogiques, administratives et
relationnelles. Chaque caractéristique est précisée par
des indicateurs de performance dans une école donnée. Une
organisation apprenante place l'apprentissage du personnel au centre de ces
préoccupations dans un but du changement de comportement
organisationnel, afin d'atteindre des objectifs collectifs.
L'organisation apprenante constitue un instrument de
développement, d'abord individuel puis collectif. Elle permet aux
individus qui la composent de développer ensemble leur potentiel ainsi
que des compétences ciblées et de contribuer ainsi à
l'avancement du savoir collectif. Cette approche de gestion s'applique en
milieu scolaire pour permettre de développer des capacités
pédagogiques et organisationnelles pour le personnel enseignant et pour
les chefs d'établissement. Les problèmes auxquels est
confronté ce type d'organisation sont considérés comme
incitatifs au changement. Or les écoles ont souvent fait face à
divers problèmes qui les empêchent d'améliorer leur niveau
de performance. Dès lors, l'école devait opter pour une
organisation apprenante où elle s'engagerait dans un processus
d'apprentissage, d'identification et de résolutions des problèmes
afin de pouvoir améliorer sa performance.
Pour Legendre (1993), ce type d'organisation permet de
normaliser une action ou un comportement dans le but d'en assurer la
qualité de l'adéquation chez l'ensemble du personnel de
l'école.
Par ailleurs, la théorie de l'organisation apprenante
permet d'identifier certains principes de gestion qui peuvent être
adoptés dans une école. Par exemple, dans certains projets
d'école de qualité, le concept équipe-école a
souvent été utilisé pour permettre de créer un
environnement collégial d'apprentissage tant au bénéfice
des enseignants qu'à celui des chefs d'établissement. Ces
équipes constituent des entités sur lesquelles la performance de
l'école est bâtie. Ils se forment des groupes de travail qui
communiquent entre eux. Ils travaillent ensemble sur des actions communes. Ils
échangent leur idées, leurs point de vue, leurs
intérêts et contribuent à l'ensemble des activités
pour permettre d'améliorer la performance globale de l'école.
Tout ceci se base sur la coopération qui présente un
élément crucial dans ce mode de fonctionnement organisationnel.
L'organisation apprenante se dirige selon les principes de gestion de
proximité. On trouve comme le comité de gestion offrant aux
acteurs immédiats la possibilité de s'exprimer sur les
orientations de l'école.
VI. DÉFINITIONS DES
CONCEPTS
Dans cette partie, notre objectif est d'expliciter les
concepts-clés de l'étude afin de nous faire comprendre par les
lecteurs. Nous essayons de clarifier le concept de gestion administrative,
gestion pédagogique et rendement interne de l'école. Un accent
particulier sera mis sur l'état de connaissances des recherches
effectuées sur le phénomène de rendement interne dans les
établissements.
VI.1. Gestion
administrative
La gestion est l'art de diriger, d'administrer une entreprise ou
un groupement en mettant en commun des moyens matériels et des
ressources humaines et tout en tenant compte des capitaux mis en oeuvre afin
d'atteindre un objectif précis de la façon la plus efficace
possible.
Selon Ethier (2003) la gestion est l'ensemble des fonctions
ou champ d'études, de recherche et d'intervention, qui s'applique de
manière générale à des organisations oeuvrant dans
n'importe quel secteur d'activité, de caractère public ou
privé, lucratif ou non, et de manière particulière. Le mot
gestion renferme selon l'auteur, une multitude diversités de notions,
mais l'élément central est la manière d'aménager
les ressources de l'organisation et de coordonner les efforts de ses membres en
vue de la meilleure réalisation possible de sa mission et de ses
objectifs. Autour de ce noyau central s'est constitué, un ensemble de
connaissances et de pratiques relatives aux comportements des organisations,
aux comportements des individus et des groupes au sein des organisations,
relatifs également à ces processus touchant les ressources de
l'organisation, acquisition, transformation, contrôle, distribution.
Souvent, l'accent étant mis, d'une part, sur les qualités et de
créativité de leadership du gestionnaire plutôt que sur ses
connaissances.
Lefèvre (2014 :28), note que la gestion
administrative un « art ou une action, qui permet de conduire une
organisation, de la diriger, de planifier son développement, de la
contrôler, il s'applique à tous les domaines d'activité de
l'entreprise». Il conduit à obtenir des personnes que les
tâches soient accomplies dans les meilleures conditions. Il recouvre
toutes les fonctions attachées à l'entreprise comme
l'organisation de la production, la gestion des ressources humaines, le
développement, la recherche ou l'innovation. L'administration renvoie
aux théories relatives tantôt aux organisations tantôt aux
stratégies qui impliquent l'entreprise dans la gestion et l'animation de
ses différentes ressources au regard de ses objectifs. C'est une
réponse alternative au fonctionnement des entreprises charismatiques ou
paternalistes, c'est une démarche de rationalisation de l'action
organisée, dans les entreprises confrontées à une
complexification accrue des contraintes, tant au niveau humain que
technique.
Lamia Tshikuna Tshituka (2007) définit la gestion
administrative comme l'ensemble des actes tendant, dans le cadre de la
politique prévisionnelle définie, à déclencher,
suivre et contrôler le fonctionnement à court et à moyen
termes des éléments dont dispose l'entreprise pour atteindre les
buts fixés. Pour lui, gérer, c'est dont mettre en oeuvre tous les
éléments à la disposition de l'entreprise en vue de
réaliser le but fixé ; gérer, c'est aussi piloter un
processus que prend un problème à l'état ou le
gestionnaire, pour le conduire au seuil de décision ; gérer
c'est donc organiser un processus de prise de décision et de telle
façon que cette décision soit prise en un temps opportun par les
personnes les mieux placées et ayant autorité pour la prendre en
intégrant toutes les données et paramètres
nécessaires à la qualité de cette décision. La
gestion implique donc les règles qui régissent les processus et
n'anticipe pas la solution. Gérer ne consiste pas à
élaborer d'abord des règles capables de résoudre tous les
cas susceptibles de se présenter puis ensuite de les appliquer aux
situations. Gérer c'est élaborer des règles à
appliquer afin que, pour chaque cas, la meilleure solution soit trouvée,
retenue et appliquée. La direction administrative coordonne, dirige, et
exerce un contrôle de la gestion sur les services placés sous son
autorité.
Pour nous, la gestion administration est l'ensemble
d'activités qui consistent à former un tout organisé en
vue de l'atteinte des buts et d'en assurer le fonctionnement de
l'évolution. C'est donc l'ensemble des idées, des techniques, des
méthodes et des procédures utilisées par une organisation
pour gérer ses ressources humaines et matérielles.
VI. 2. Gestion
pédagogique
Selon le dictionnaire actuel de
l'éducation (2005), la pédagogie est l'art d'enseigner ou
méthode d'enseignement propre à une discipline, à une
matière, un ordre d'enseignement, à un établissement
d'enseignement ou à une philosophie de l'éducation.
Pour l'UNESCO (2006), la gestion pédagogique est
l'ensemble des tâches dites pédagogiques qui sont exercées
dans un établissement scolaire dont les frontières ne sont pas
précisément définies. Selon le document, le processus
d'apprentissage des élèves et l'activité centrale de
l'école sont influencés par tous les aspects de son
fonctionnement. Ainsi, la gestion pédagogique concerne le contenu de
l'enseignement, son organisation et ses méthodes, l'évaluation
des apprentissages des élèves et de leur progression. L'autonomie
pédagogique la plus large confie la responsabilité
complète de la gestion pédagogique à
l'établissement qui décide des programmes à enseigner, des
méthodes à mettre en oeuvre, des modes de groupement des
élèves, des modalités d'évaluation de leurs
apprentissages et de l'éventuelle individualisation de leurs parcours.
Par ailleurs, Obin (2000), trouve que les chefs
d'établissement exercent des responsabilités administratives et
pédagogiques lorsqu'on veut signifier qu'ils organisent l'enseignement,
et principalement la pédagogie et les méthodes d'enseignement,
confectionnent les emplois du temps, définissent les structures,
ouverture d'options, organisation des modules, projet d'établissement...
Aussi, ils sont ceux qui permettent que l'enseignement puisse être
souverainement dispensé par les professeurs, en gérant
convenablement le temps, l'espace et les relations, ce vaste domaine que l'on
appelle parfois la vie scolaire.
Pour Elicel (2010), la gestion pédagogique met l'accent
sur la présence du directeur dans l'établissement, les moyens de
contrôle des présences effectives des élèves et des
enseignants et les mesures administratives envisagées pour contraindre
ou inciter les enseignants à être à l'heure dans les cours,
les pratiques d'évaluation des progrès d'élèves qui
sont des éléments déterminants dans la performance
scolaire. Les documents administratifs représentent des outils de
management permettant d'améliorer la gestion administrative et
pédagogique de l'école, ce qui pourrait exercer une influence sur
la performance scolaire. Le mécanisme de contrôle du travail des
enseignants et la présence des élèves dans les classes, le
temps alloué par la direction pour que l'enseignant puisse dispenser ses
enseignements, la qualité du travail que l'élève doit
effectuer à la maison, les modalités de l'évaluation de
progrès des élèves, les attentes de directeur en
matière de performance devraient avoir un impact sur la performance
indépendamment des ressources apportées à l'école
(Duru-Bellat 1988).
Selon Meuret (2000), un mode de gestion qui se traduit par un
système de contrôle de présence des enseignants et leurs
activités, le soutien pédagogique du directeur apporté au
personnel enseignant, la présence de chef d'etablissement à
l'école, semble avoir un impact positif sur la performance. Il semble
que les collèges performants sont ceux dans lesquels des mesures ont
été prises pour favoriser le travail en classe. On n'y trouve une
pratique de surveillance des progrès des élèves et de
performance des établissements. Ces écoles cherchent à
maximiser le temps consacré à l'apprentissage des
élèves. Elles adoptent une discipline claire et rigoureuse.
Dans notre travail, la gestion pédagogique est
l'ensemble des activités du chef d'établissement qui se traduit
par l'organisation des enseignements, le contrôle des activités
des élèves et des enseignants, le soutien pédagogique
qu'il apporte à ces derniers.
VI.3. Rendement interne
D'après Legendre (1993 : 476), le rendement
interne s'apparente au concept d'efficacité qui selon lui se
définit d'une manière générale comme le «
degré de réalisation des objectifs d'un programme », se
traduisant par le rapport entre les résultats obtenus sur les objectifs
visés. L'efficacité serait alors de l'ordre de la visée.
Dans ce cas, les sorties sont comparables aux résultats obtenus. Les
sorties peuvent être assimilées au nombre d'élèves
qui passent en classe supérieure, par exemple. Le nombre total
d'élèves diplômés ou les compétences
effectivement acquises grâce au programme d'études peuvent
également servir à mesurer les sorties. Le nombre de
diplômés attendus ou souhaités et les objectifs
pédagogiques visés constituent respectivement, dans ces deux
derniers cas, les entrées.
Selon Psacharopoulos et Woodhall (1988), l'efficacité
interne s'intéresse aux résultats obtenus sur le plan interne
dans un système éducatif ou par un programme de formation en
cours. Elle se traduit par le rapport entre les inputs éducatifs et les
résultats scolaires ou académiques. Les résultats peuvent
être établis dans un système ou à un niveau du
système. L'évaluation de l'efficacité interne prend en
compte les produits ou effets internes au système, en son sein,
c'est-à-dire ses performances sans prise en compte de leur mise en
application ou de leurs conséquences hors du système. Il s'agit,
par exemple compte tenu d'un effectif initial d'inscrits, de déterminer
les taux de réussite, de redoublement, d'abandon, etc. Pour ces auteurs,
l'efficacité interne s'intéresse aux relations entre les inputs
éducatifs et les résultats scolaires, soit à
l'intérieur du système éducatif dans son ensemble, soit au
sein d'une institution scolaire déterminée.
Dans le même sens, De Ketele (1989) dit que
l'efficacité de l'école est de l'ordre de la visée et
serait le rapport entre les sorties observés et les entrées que
sont les effectifs, les objectifs déclarés, etc.
L'efficacité interne s'intéresse à des critères
spécifiquement pédagogiques ou scolaires. Il ajoute que
l'efficacité interne s'intéresse aux résultats obtenus sur
le plan interne dans un système éducatif ou par un programme de
formation en cours. Dans ce sens, elle fait recours au fonctionnement du
système éducatif et se réfère aux acquis des
élèves exprimés en termes de résultats scolaires
(connaissances acquises) ou de mesures des flux des élèves (taux
de promotion, de redoublement et d'abandon).
Si les auteurs ont défini le rendement interne comme
les connaissances acquises par les élèves, le degré de
réalisation des objectifs de programme, le rapport entre input et les
résultats scolaires, nous utilisons ce mot dans notre travail pour
designer les résultats de fin d'année scolaire qui sont
marqué par le taux de réussite, de redoublement, et d'abandon
scolaire.
VII. THÉORIES
EXPLICATIVES DE SUJET
Dans cette partie, il s'agira de ressortir les théories
des organisations sociales en rapport avec le sujet de cette étude. Pour
ce faire, la théorie administrative et la théorie de comportement
expliqueront ledit sujet.
VII.1. La théorie
administrative d'Henri Fayol (1841-1925)
La théorie administrative des organisations remonte
à l'ingénieur français Henri Fayol qui, a
concentré sa réflexion sur la direction et
précisément sur la fonction administrative des
établissements. Il estime que toutes les activités dans les
établissements se répartissent en six fonctions
séparées et complémentaires : technique, commerciale,
financière, de comptabilité, de sécurité et
administrative
C'est dont cette dernière fonction qui retient toute
l'attention de Fayol.
Pour lui, administrer, c'est prévoir; « organiser
», au sens fort du terme, « constituer » l'organisme qu'est
l'entreprise; c'est commander, permettre au personnel de remplir ses fonctions
en lui donnant des ordres; c'est aussi coordonner, harmoniser les efforts et
les travaux de chacun dans un ensemble; c'est enfin contrôler, veiller au
respect des ordres et des règles établis. Il revient à
Fayol d'avoir insisté sur la nécessité dans laquelle se
trouvent les responsables d'organisation d'acquérir une formation
administrative. Sa théorie ne pas seulement une science du travail, mais
elle traite de l'organisation humaine, qui n'a plus pour seule fin le
rendement, mais le meilleur fonctionnement global de l'entreprise, et qui, par
conséquent, concerne davantage les dirigeants que les exécutants.
À cette fin, il est essentiel de dresser des « tableaux
d'organisation » qui permettent de saisir d'un coup d'oeil l'ensemble de
l'organisme, les services, leurs structures et la filière
hiérarchique. C'est par l'étude minutieuse de ces tableaux,
ancêtres de ce qu'on appelle aujourd'hui l'organigramme, qu'on
découvrira tous les défauts d'organisation, ou qu'on
décèlera l'absence d'unité dans le commandement, qui
constitue la faute la plus grave aux yeux de Fayol. Ce dernier a
dégagé quatorze principes d'administration. Parmi les plus
significatifs, le principe d'autorité est posé comme « le
droit de commander » et le pouvoir de se faire obéir.
Le principe de l'unité de commandement est
resté célèbre: « Pour une action quelconque, un agent
ne doit recevoir des ordres que d'un seul chef ». En termes
mathématiques, la hiérarchie doit être schématisable
en arbre, et non en réseau. On sait que dans un arbre un seul chemin est
possible pour aller en un point donné, tandis que dans un réseau
il existe plusieurs voies pour se rendre au même point. Un agent qui peut
recevoir des ordres de plusieurs chefs est embarrassé: il ne sait auquel
obéir. Les instructions reçues peuvent être
contradictoires. L'unité de commandement, au contraire, permet la
sûreté et la rapidité de l'exécution.
À ce principe, qui s'applique à la façon
dont les ordres, dans chaque service de l'organisation, sont transmis au
personnel, Fayol ajoute celui de l'unité de direction, qui concerne la
structure globale de l'entreprise. Fayol précise que: «
L'unité de commandement ne peut exister sans l'unité de
direction, mais elle n'en découle pas ». On peut, enfin, signaler,
dans l'analyse fayolienne de la hiérarchie, l'intérêt du
principe de la « passerelle ». Il s'agit de prévoir, dans la
voie hiérarchique, des passages directs d'un service à un autre,
sans que l'on soit obligé de remonter jusqu'au chef suprême.
Nécessaire pour la rapidité de l'action, ce dispositif ne
contredira pas le principe de la hiérarchie, si les agents qui entrent
en contact le font avec l'accord et l'autorisation préalables de leurs
supérieurs directs. Ces principes d'organisation devaient, dans l'esprit
de Fayol, prendre place dans un « code administratif » qu'il appelait
de ses voeux. La nécessité de constituer une science de
l'administration ne lui avait pas échappé. C'est par son souci de
la voir naître qu'il représente une étape très
importante dans l'histoire de la théorie des organisations.
Ainsi, pour Fayol, lorsque la prévoyance,
l'organisation, le commandement, la coordination et le contrôle
s'exercent efficacement sur toutes les parties de l'entreprise, toutes les
fonctions s'effectuent convenablement et la marche de l'entreprise est
satisfaisante.
Cette théorie qui recourt aux principes
d'organisation et de régulation explique à suffisance notre
sujet. Le principe d'organisation renvoie à la manière dont le
travail entre les hommes est divisé et coordonné et le principe
de régulation porte sur la manière dont est
contrôlée le travail. Cette méthode est toujours
d'actualité dans les entreprises. Dans le cadre de notre travail,
certains aspects comme la gestion de temps matériel, la gestion de
recrutement des élèves dans les établissements et leur
orientation recourent à cette théorie. Le recours à cette
théorie nous permet d'expliquer les hypothèses une, trois
et quatre. Cette théorie s'applique à notre travail en
ce sens que les établissements scolaires ont besoin d'une organisation
et d'une régulation pour la réussite des objectifs fixés.
Ainsi, le manque de principe d'administration mettant l'accent sur la
prévoyance, l'organisation, le commandement, la coordination et le
contrôle dans les établissements peuvent être à
l'origine de rendement interne faible de l'école.
VII.2. La théorie de
comportement de Likert.R (1903 -1981)
Psychologue Américain, Likert (1903-1981)
cherche à comprendre comment les relations entre les hommes au travail
peuvent produire des bons résultats. Il s'intéresse plus
particulièrement aux rapports entre les chefs et leurs
subordonnés. Selon l'auteur, le principe de relations
intégrées est un principe majeur de l'organisation : chacun
doit se sentir important et nécessaire au sein de l'entreprise, car
personne ne peut travailler efficacement s'il n'a pas le sentiment d'être
utile. De plus, pour qu'une organisation soit efficace, Likert conseille
d'abandonner la « relation contre homme » et opter pour une
forme d'organisation par groupe qui doit être
généralisée au niveau de toute l'entreprise. Partant de ce
fait, il préconise une organisation de travail par groupe, car il
considérait que cela créait des meilleures relations entre chef
et subordonnés. Il distingue quatre types de direction :
-Le style despotique ou
exportateur : Ce style se rapproche de la pensée
taylorienne. En effet, c'est le management par la peur et la contrainte,
fondé sur la crainte et le respect des ordres reçus. Il n'existe
aucun support aux employés. La prise de décisions appartient au
décideur c'est-à-dire que la communication est à sens
unique et part du sommet. L'esprit d'équipe est inexistant et le
dirigeant n'a aucune confiance à ses subordonnés. C'est pourquoi
il privilégie les sanctions et récompense rarement les
subordonnés. Ce style autoritaire utilise la peur, la menace et la
violence pour obtenir le travail qu'il attend des employés. La
communication va du haut vers le bas et les employés et les employeurs
sont psychologiquement séparés les uns des autres et toutes les
décisions se prennent au sommet de la hiérarchie.
- Le style bienveillant ou
paternaliste : Le manager tient compte de la
nécessité de la relation humaine donc paternaliste. Mais ses
rapports avec ses subordonnés sont assez distants mais l'avis et les
suggestions des subordonnés sont pris en compte dans la prise de
décisions. Ils sont contraints par un système de sanctions
plutôt positives parfois récompensés mais restent toujours
soumis. L'esprit d'équipe est faible. Les informations qui montent ne
sont celles que le chef veut entendre. Les décisions sur les politiques
sont prises au sommet mais certaines décisions moins importantes peuvent
être prises au niveau inferieur.
- Le style consultatif : Dans ce
système, le manager est un peu plus proche de ses subordonnés. Il
entretient de bon rapport avec ceux-ci. Il existe un certain désir de
participation à la prise de décisions c'est-à-dire les
subordonnés sont consultés très fréquemment et ne
prennent pas des décisions. Aussi, la direction utilise-t-elle des
sanctions négatives et positives. Cela se traduit par un esprit
d'équipe assez fort.
- Le style participatif : Le chef
fait participer les subordonnés à la prise des décisions.
Le style participatif repose sur trois éléments fondamentaux
à savoir le rapport de coopération entre les membres de
l'organisation, la prise de décisions et de contrôle par les
groupes et la fixation à l'intérieur des groupes d'objectifs
globaux et personnels ambitieux. C'est aussi l'instauration de groupe de
travail doté d'un pouvoir de décision. La direction fixe les
objectifs et travaille avec les employés pour les stimuler dans la
réalisation des performances. La communication est aussi bien verticale
dans les deux sens. Les décisions sont prises de manière
consensuelle. La coopération est forte, l'information circule librement.
Les groupes sont reliés à la fois des groupes et de
l'encadrement. Le dirigeant est ouvert et chaleureux ; il a une confiance
absolue en ses subordonnés et développe un esprit d'équipe
avec ceux-ci. Il les récompense en fonction de leur implication dans
l'exécution des différentes tâches qu'il leur assigne.
Selon Likert, c'est l'évolution de l'exigence de travailleurs et en
particulier l'évolution du niveau culturel des salariés qui
amène les dirigeants à adapter leur style de comportement. Selon
que l'on privilégie telle ou telle forme de motivation, le style de
direction et la mise en oeuvre du management seront différents. Le style
participatif est la faveur de Likert. Il invite les managers à
gérer leur unité de façon à ce que chacun se sente
responsable de la réalisation des objectifs.
Cette théorie nous montre que le principe
de relation intégrée est un principe majeur dans une structure
éducative. Chacun des membres de la communauté éducative
doit se sentir important et nécessaire au sein d'une école. Etant
donné que l'éducation est l'affaire de tous, l'implication de
toute la communauté éducative dans la gestion de la vie scolaire
s'avère nécessaire. Dans le cadre de notre travail, certains
éléments comme la rentrée scolaire tardive, le choix
à un poste de direction ont recours à cette théorie. Elle
explique dans le cadre de notre travail les hypothèses une et deux. Elle
s'applique à notre travail pour expliquer le manque de participation des
parents d'élèves, des enseignants et même des
élèves à la prise des décisions qui concernent la
vie de l'établissement. Or cette théorie justifie la
participation par le fait que le climat organisationnel rapproche davantage la
communauté éducative. Ainsi, la moindre participation de la
communauté éducative peut causer un faible rendement de
l'école.
VIII. MÉTHODOLOGIE
DE L'ÉTUDE
La méthodologie de recherche est un ensemble des
méthodes et techniques de recherche appliquées à
l'étude d'un domaine particulier. Au cours de cette section, nous
aborderons les aspects comme le site de l'étude, le type de recherche,
la population de l'étude, l'échantillonnage, le choix de
répondants, les instruments de collecte de données, le
déroulement de l'entretien, le guide d'entretien et la technique
d'analyse des données.
VIII.1. Site de
l'étude
La zone d'étude est la région du Mayo-Kebbi
Est, précisément le département de la Kabbia,
limité au nord et à l'ouest par le département de
Mont-Ili, à l'est par le département de Mayo Boney et de la
Tandjilé, au sud par le département de Mayo Dallah. Il couvre une
superficie de 3000 km2 avec une population de 350000 habitants, rapport de
rentrée scolaire (2010-2011). C'est une population dont la couche
scolarisable est très grande. Née de la cendre de la
délégation départementale, l'inspection
départementale de la Kabbia a été créée par
le décret no414/PR/PM/MEN/07 du 17/05/07. Elle renferme
quatre unités administratives à savoir l'inspection
pédagogique de Gounou-Gaya, de Berem, de Djodo-Gassa et de Pont Carol.
VIII.2.
Type de recherche
Afin de tester nos hypothèses, nous avons fait
appel à l'approche qualitative compte tenu de la nature des informations
recherchées. C'est ainsi qu'un guide d'entretien a été
confectionné et adressé aux chefs des différents
établissements impliqués dans la gestion d'établissement
scolaire. Cette approche a permis de dégager les différents
points de vue sur ce fait social notamment ses causes, ses conséquences.
Notre étude est de type qualitatif parce que nous voulons identifier la
relation qui existe entre les différentes variables de
l'étude.
VIII.3. Population de
l'étude
Notre population est constituée de l'ensemble des
administrateurs des établissements secondaires publics et privés
du Département de la Kabbia. Il s'agit en effet des proviseurs, des
censeurs, des directeurs administratifs, des directeurs des études, et
des surveillants. Toutefois, cette population n'est toujours pas à la
portée de chercheur compte tenu du temps. Ainsi, notre population
accessible est dont constituée de tous les proviseurs des lycées
et des directeurs des collèges qui ont la charge des
établissements scolaires(51 chefs d'établissement).
VIII.4. Échantillon
Pour découper l'échantillon de notre
étude, nous avons fait appel à la technique de choix
aléatoire. Les responsables étaient choisis en fonction de
caractéristique de chef d'établissement, et en raison de leur
implication directe dans la gestion des établissements. Nous avons
retenu dans cette étude tous les chefs d'établissement dans
l'objectif d'observer des situations réelles de leur organisation. Le
nombre d'échantillon choisi est proportionnel au nombre des
collèges et lycées se trouvant dans le Département :
40 collèges et 11 lycées avec à leur tête un chef
d'établissement. Ce qui nous a donné un échantillon de 51
chefs d'établissements publics, privés et communautaires.
VIII.5. L'entretien
L'entretien a été la technique qui nous a permis
de collecter les données sur les variables associées au rendement
interne faible de l'école. À cet effet, nous nous sommes servis
de l'entretien semi-directif qui consiste à poser de questions et
laisser l'interlocuteur répondre librement. Ainsi, la période du
17-03 -2014 au14-04- 2014 a été marquée par la descente
sur le terrain après une note de services délivrée par
l'Inspection Départementale de l'Éducation Nationale de la Kabbia
et visée par le préfet du Département. C'est après
cette étape que nous avions entrepris la tournée dans les
différents lycées et collèges du Département muni
d'un guide d'entretien.
VIII.6. Guide
d'entretien
Les entretiens ont été rendus possibles
grâce aux chefs des établissements secondaires publics,
privés et communautaires. Nous avons abordé avec eux le sujet
relatif à la gestion de temps materiel des activités scolaires,
la question relative au choix au poste des chefs d'établissements
secondaires, le thème relatif au recrutement et la promotion des
élèves en classe superieure et la question d'orientation des
élèves dans leur série.
VIII.7. Technique d'analyse
des données recueillies
L'analyse des données a été conduite
selon les procédures d'explication des données qualitatives
recueillies lors de l'entretien avec les administrateurs scolaires. Nous avons
effectué une descente sur le terrain où nous avons recueilli les
données qui ont été analysées manuellement avant
d'être regroupés en tableaux. Ce qui nous a permis de
procéder à une analyse statistique à travers les tendances
et le croisement des variables. L'analyse s'est faite à partir des
pourcentages afin de comparer les alternatives des réponses des
données et d'en tirer les conclusions qui s'imposent.
IX. PLAN DU TRAVAIL
Le présent travail comporte six chapitres :
§ Chapitre I : Le contexte de l'administration
scolaire tchadienne
§ Chapitre II : Administration et rendement
scolaire : regard panoramique
§ Chapitre III : La gestion de temps matériel
des activités scolaires
§ Chapitre IV : La gestion de choix au poste de chef
d'établissement
§ Chapitre V : La gestion de recrutement et
promotion des élèves en classe supérieure
§ Chapitre VI : La gestion de l'orientation des
élèves dans leur série.
Enfin une conclusion générale clôture le
travail.
CHAPITRE I. LE CONTEXTE
DE L'ADMINISTRATION SCOLAIRE TCHADIENNE
L'éducation constitue un droit fondamental reconnu par
la constitution tchadienne. En, vue d'assurer l'accès à une
éducation de qualité, voire gratuite à ses citoyens, le
gouvernement tchadien a concrétisé dans ce secteur un
système de gestion décentralisé. Sur le plan
administratif, le pays est subdivisé selon le Ministère de
l'Enseignement Primaire et l'Éducation Civique (2012) en 22
régions. Ces régions sont subdivisées en
départements qui sont à leur tour subdivisés en
sous-préfectures. Les sous-préfectures sont composées de
cantons et les cantons sont les regroupements des villages. Toujours selon le
document, on compte 61 départements administratifs et 300
sous-préfectures. Ainsi, le découpage scolaire correspond
à la répartition administrative du pays.
Pour le Ministère de l'Éducation Nationale
(1996), la décentralisation avait pour missions de:
-veiller à la bonne application de la politique
éducative du gouvernement au niveau de la région relevant de sa
compétence ;
- Assurer la coordination, l'animation, la gestion et le
contrôle de l'ensemble des structures et activités administratives
et pédagogiques ;
-Participer à l'évaluation des actions
entreprises dans la délégation en matière de mise en
oeuvre de la politique éducative ;
- Proposer au Ministre des mesures susceptibles de contribuer
à l'amélioration des structures de l'éducation et de la
stratégie éducative en vigueur ;
-Assurer la gestion et le suivi de la carrière du
personnel de l'éducation.
I. STRUCTURE ET
ORGANISATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF TCHADIEN
Comme les autres pays du monde, le système
éducatif tchadien fonctionne suivant un organigramme établi
avant l'adoption de la loi d'orientation de 2006 comme suit.
Tableau no
5 : Organigramme du système éducatif tchadien
Université de N'Djamena et instituts publics et
privés
|
Baccalauréat
|
18
|
Terminale
|
17
|
1ere
|
16
|
Seconde
|
Second cycle :
Enseignement général
Ecole normale
Technique professionnel
d'instituteur
BEPC
|
15
|
3e
|
14
|
4e
|
13
|
5e
|
12
|
6e
|
Premier cycle:
enseignement secondaire
Collège ;d'enseignement technique et
professionnel
général
.
.
CEPC
|
11
|
CM2
|
10
|
CM1
|
9
|
CE2
|
8
|
CE1
|
7
|
CP2
|
6
|
CP1
|
Enseignement
Apprentissage
primaire
Source : UNESCO (2010-2011: 8)
Age
Ce tableau présente l'organigramme du système
éducatif selon l'âge, le niveau et les diplômes obtenus.
Quatre types d'enseignement sont à retenir : enseignement primaire,
premier cycle d'enseignement secondaire, enseignement secondaire
général et technique et l'enseignement supérieur.
I.1. Enseignement
primaire
Au terme de la loi d'orientation 2006, l'enseignement
fondamental comprend l'enseignement primaire et l'enseignement moyen.
L'enseignement au premier cycle fondamental est dispensé dans les
langues officielles (français et arabe), dans les écoles
primaires ouvertes aux enfants de 6 à douze ans. Il est également
dispensé en un cycle unique de six ans structuré en trois cours
ayant chacun deux niveaux : les cours préparatoires, les cours
élémentaires et cours moyens. Chaque cours dure deux ans.
I.2. L'enseignement
secondaire
L'enseignement moyen ou second cycle de l'enseignement
fondamental dure quatre ans et il est dispensé dans les collèges
d'enseignement général. L'enseignement fondamental est
sanctionné par un brevet d'enseignement fondamental (BEF).
L'enseignement secondaire général compte un cycle unique d'une
durée de trois ans. Il accueille les élèves issus du
fondamental ayant satisfait aux critères de sélection
fixés par voie réglementaire. L'enseignement secondaire
général est dispensé dans les lycées d'enseignement
général et sanctionné par le diplôme de
baccalauréat de l'enseignement de secondaire. L'enseignement secondaire,
technique et professionnel est dispensé dans les centres de formations
techniques et professionnelles ; les collèges d'enseignement
technique professionnel ou les lycées d'enseignement technique et
professionnel. Ces centres d'enseignement techniques et professionnel
accueillent en deux ans les élèves âgés de 15 ans au
moins issus de l'enseignement fondamental. Ils préparent au
diplôme de formation technique et professionnel. Les collèges
d'enseignement technique accueillent pendant deux ans les élèves
titulaires de diplôme de fin de cycle. Les lycées d'enseignement
technique et professionnel accueillent pendant trois ans, les
élèves titulaires du diplôme de fin de cycle de
l'enseignement fondamental ou titulaires d'un autre diplôme admis en
équivalence.
Les études sont sanctionnées, selon les
filières choisies soit par un baccalauréat technologique, soit
par un baccalauréat ou le brevet de technicien.
I.3. L'enseignement
supérieur
L'enseignement supérieur public et privé est
dispensé dans les universités, les grandes écoles, les
instituts et les centres spécialisés. Il est souvent ouvert aux
titulaires d'un baccalauréat de l'enseignement secondaire ou de tout
autre diplôme admis comme équivalence. Les formations conduisant
à l'obtention d'un diplôme universitaire (DEUG), ont une
durée de deux ans. La licence est délivrée après
une année d'études post-diplôme. Au deuxième cycle,
les formations conduisant à la maitrise durent un ou deux ans. Les
études conduisant à l'obtention du Doctorat en médecine
ont une durée de sept ans. Dans le cadre du programme politique
présenté à l'Assemblée Nationale en mars 2010, le
gouvernement s'est engagé dans la mise en place effective d'une nouvelle
organisation des études supérieures selon le modèle LMD
(licence master doctorat).
Au terme de l'article 80 de la loi d'orientation de 2006,
l'année scolaire pour l'enseignement fondamental et secondaire a une
durée de 36 semaines, repartie en trois trimestres de douze semaines
chacun. L'année universitaire comporte 25 semaines au moins et 36
semaines au plus reparties en deux semestres. Hormis les fêtes
légales observées, chaque établissement d'enseignement a
droit à un jour par an pour fêter l'anniversaire ou tenir sa
journée culturelle.
II. LA GESTION
ADMINISTRATIVE ET PÉDAGOGIQUE DU SYSTÈME ÉDUCATIF
TCHADIEN
Le système éducatif tchadien est
géré à travers deux Ministères à savoir le
Ministère de l'Éducation Nationale et le Ministère de
l'Enseignement Supérieur. Aussi ces appellations ne sont-elles pas
stables. L'Organigramme du (MEN) se présente de la manière
suivante, conformément au Décret n°299/PR/MEBSA/ 97 du 07
juillet 1997 réorganisant ledit Ministère.
II.1.Au niveau national
Selon le décret no 039/PR/2007 portant
structure du gouvernement et attribution de ses membres, le (MEN) est
chargé de la conception de la coordination, de la mise en oeuvre et du
suivi de la politique générale, technique et professionnelle. Le
Ministère est assisté par plusieurs directions
générales et techniques, des établissements sous tutelle
et de l'organe de consultation et du conseil. Au Cabinet du Ministre sont
rattachés la Commission Nationale Tchadienne pour l'UNESCO, et des
Organes consultatifs. Ces organes sont la Commission Nationale d'Affectation et
de Mutation de tout le personnel du département. Elle regroupe
annuellement les Directions techniques centrales et les
Délégations départementales de l'Éducation
Nationale, le Comité Budgétaire National, la Commission Nationale
des Programmes, du Livres et des Matériels Didactiques, le Conseil
National de la Carte Scolaire et le Comité National pour l'Elimination
de l'Analphabétisme au Tchad.
- L'Inspection générale des Services, une
nouvelle Institution mise en place par le Décret n°176/PR/MEN/97 du
28/04/97 à rang et prérogatives d'une Direction
générale de l'Administration Centrale. Elle est animée par
un Inspecteur Général des Services, assisté de quatre (4)
Inspecteurs des Services responsables de : l'Inspection des services
chargés des Ressources humaines, l'Inspection des services
chargés du Contrôle Financier et Matériel, l'Inspection des
Services chargés de la Réglementation des Textes, et l'Inspection
des Services chargée du Contrôle des Activités
pédagogiques, d'Analyse et de la Prospective. L'Inspection
générale des Services est donc une structure d'inspection et de
Contrôle de l'ensemble des Services Centraux et Extérieurs
relevant du Ministère de l'Éducation Nationale.
II.1.1. La Direction
Générale
Elle est dirigée par un Directeur Général
assisté d'un Directeur Général Adjoint, tous deux
nommés par Décret. Ils ont pour tâche d'assurer l'animation
générale et la Coordination des différentes directions
techniques centrales et départementales et les services relevant du
Ministère de l'Éducation Nationale ainsi que les liaisons avec
les autres départements Ministériels, le Secrétariat
Général du Gouvernement, les collectivités locales, les
établissements publics, les sociétés d'Économie
mixte et les Organismes Internationaux ou étrangers pour toutes les
questions relevant de la compétences du Ministère de
l'Éducation Nationale. À la Direction générale sont
rattachés: le service du Secrétariat, le service d'Études,
de la Réglementation, des Documents et des Archives, la cellule de
Coordination de la stratégie éducation Formation-Emploi et le
Bureau d'Appui Pédagogique.
II.1.2. Autres services
En plus de ces services consignés dans le Décret
n°299, le Ministère a vu la nécessité de créer
et de rattacher à la Direction Générale les Services
ci-après: le Service du Courrier central, le Service d'Evaluation et de
Suivi, le Service de l'Enseignement Privé et la Division du
Bilinguisme.
Récemment, en janvier 2000, le Comité de
Préparation du Projet Éducation de Base VI est mis en place par
Arrêté du Ministère de l'Éducation Nationale avec
plusieurs groupes de travail. Le projet de 2001 - 2010 dont l'exécution
est probable à compter d'octobre 2001 focalise ses objectifs sur les
pôles de l'équité de l'éducation, la qualité
de l'éducation et du partenariat État- Association des Parents
d'Élèves.
II.2. Au niveau
central
La Direction Générale coordonne huit Directions
Techniques chargées chacune de l'animation et du contrôle de son
domaine de compétence. Il s'agit de:
II.2.1. La Direction de
l'Enseignement de Base
Elle est chargée de gérer les Inspections de
l'Enseignement Elémentaire qui sont au nombre 119 aujourd'hui. Les
Inspections sont réorganisées en secteurs d'Animation
Pédagogique.
II.2.2. LA Direction de
l'Enseignement Secondaire Général
Elle gère les Lycées et les Collèges
d'Enseignement Général qui passent de 175 en 1997-1998 à
258 en 2000-2001.
II.2.3. La Direction de
l'Enseignement Secondaire Technique et Professionnel
Elle gère le Lycée Technique Industriel de
N'djamena, les Lycées Techniques Commerciaux de N'djamena et de Moundou,
le Collège d'enseignement Technique de Sarh et les Centres
d'Apprentissage Technique de perfectionnement. Depuis des années le
Secteur public de l'enseignement technique n'évolue pas. On peut noter
au niveau des privés quelques centres de formation professionnelle plus
ou moins reconnus dans le marché de l'emploi.
II.2.4. La Direction de
l'Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales
La DAPLAN coiffe 76 Secteurs d'Alphabétisation et
d'Éducation Permanente (SAEP) au niveau régional et les cours du
soir et centres d'Alphabétisation existant dans les écoles, les
centres sociaux, les lieux de culte, etc. Vu l'engouement des apprenants, le
nombre des centres est passé de 1068 en 1997 à 1.829 en 1999 soit
un taux d'accroissement de 30,08 % et le nombre d'apprenants est passé
de 46159 en 1997 à 89788 en 1999. L'accent a été mis sur
les femmes et les filles ainsi qu'à l'utilisation des langues nationales
dans l'apprentissage, contrairement au cours de rattrapage autrefois
menés uniquement en français.
II.2.5. La Direction de
l'Administration et des Ressources Humaines
La DARH est une structure chargée de la gestion des
ressources humaines, financières et matérielles du
Ministère de l'Éducation Nationale. Elle gère l'emploi et
la carrière de l'ensemble des personnels du Ministère. La DARH
loge en son sein les Service financier et le service du matériel.
II.2.6. La Direction de la
Formation et de l'Action Pédagogique
La DFAP est une structure chargée de l'animation
pédagogique et de la formation initiale et continue des enseignants de
l'élémentaire et de l'alphabétisation. Ainsi, la DFAP
coordonne les activités de 34 Centres de Formation Continue (CFC)
appelés entre temps Centres Régionaux de Formation Continue
(CRFC), les Écoles Normales d'Instituteurs (ENI) dont le nombre est
passé de 5 en 1994 avec 550 étudiants à 7 en 2000 - 2001
avec 1930 étudiants. La DFAP gère également les Centres
d'Éducation Féminine (CEF) placés dans 14 chefs lieux des
Préfectures et les écoles d'application. La cellule technique
pour la Promotion de la Scolarisation des Filles précédemment
rattachée à la Direction Générale revient à
présent à la Direction de la formation et de l'Action
Pédagogique.
II.2.7. La Direction de
l'Analyse et de la Prospective
La Direction de l'Analyse et du Prospectif est chargée
de la prévision, la programmation des données et des
activités relatives à l'évolution du système
éducatif dans le cadre de la politique d'éducation et de
formation. Elle fait la synthèse des données aux fins
d'information des différentes structures et partenaires sur la situation
présente du secteur de l'éducation et de la formation.
La DAPRO coiffe le service national des examens et concours et
les services de planifications au niveau déconcentré pour la
collecte des données.
II.2.8. La Direction des
Projets Éducation
La Direction des Projets Éducation est une structure
Technique chargée de la définition des orientations, la
Coordination et l'animation de l'application de la politique de l'État
en matière de conception, d'élaboration, de suivi et
d'évaluation des projets d'investissement du Secteur d'éducation
et de formation.
La Direction du Projet Éducation gère le service
des cantines scolaires.
II.3. Au niveau
déconcentré
Au niveau des Départements (anciennement appelés
Préfectures), le Ministère a mis en place les
Délégations Départementales de l'Éducation
Nationale qui passent de 14 (ancien découpage administratif) à 29
correspondant au nouveau découpage administratif. Les
délégations sont compétentes pour toutes les questions
relatives à l'Éducation et à la formation. Elles assurent
la Coordination, l'animation, la gestion, le contrôle de toutes les
structures relevant du Ministère de l'Éducation Nationale au
niveau du Département.
Placés sous l'autorité directe du Directeur
Général du Ministère de l'Éducation Nationale, les
Délégués servent de courroies de transmission entre les
Directions techniques Centrales et les services extérieurs dans le
Département.
II.4. Au niveau local
Les établissements secondaires dépendent de
l'autorité décentralisée de la région. Le
lycée est dirigé par un proviseur qui est secondé par des
censeurs et des surveillants généraux. Selon Biock
(2003 :58) : « les lycées d'enseignement
général et les lycées d'enseignement technique ont
à leur tête un proviseur. Il est désigné par
l'autorité de l'état, il a plusieurs attributions et il est
responsable de tout ce qui intéresse la vie de l'établissement.
C'est lui qui assure la direction pédagogique et financière de
l'établissement. Il veille à l'application des horaires et
programmes ainsi qu'au respect de la législation scolaire. Il veille
à la sécurité et au bon entretien de
l'établissement, préside tous les conseils à l'exception
de celui de l'établissement. Il est seul responsable des signatures et
de certification des documents qui sortent de l'établissement.
Le collège d'enseignement général est
dirigé par un directeur qui est secondé par un directeur des
études et des surveillants généraux. Au niveau de chaque
établissement primaire ou secondaire se trouve une association des
parents d'élèves qui aide financièrement et
matériellement les établissements à fonctionner. Prenant
en charge jusqu'à 70% des dépenses de fonctionnement, ces
associations des parents d'élèves sont devenues au cours des
années un partenaire indispensable pour le système
éducatif. C'est pourquoi ces associations sont désormais
officiellement organisées en fédération et sont
consultées par le gouvernement pour toutes les questions importantes
concernant le système.
Il y a des directeurs dans les établissements
d'enseignement de base et dans les collèges d'enseignement secondaire et
des chefs d'établissements dans les lycées. Les responsables des
établissements scolaires cumulent leur rôle d'administrateur et de
pédagogue et sont chargés très souvent de cours. Ils
jouent ainsi par leur fonction un rôle tampon entre la hiérarchie
supérieure de l'administration et le personnel, d'interlocuteur des
parents d'élèves et d'animateur du personnel. L'autonomie
accordée aux responsables des établissements est très
limitée. Cependant, cette autonomie est en train de s'accroître
avec le désengagement de plus en plus prononcé de l'État
dans le fonctionnement des établissements. Au secondaire, le chef
d'établissement est le président du comité de gestion et
préside les différents conseils. Il représente
l'État et l'établissement auprès des partenaires. Au
primaire, le directeur d'école est toujours chargé de cours
hormis quelques exceptions. L'essentiel de l'action pédagogique se passe
dans la classe. Les activités de formation se font sous la houlette de
l'enseignant qui est soit un facilitateur, soit un communicateur du savoir
selon qu'il implique ou pas les élèves, selon que les
élèves s'aménagent pour être acteurs actifs ou
passifs.
CHAPITRE II. ADMINISTRATION
ET RENDEMENT SCOLAIRE : REGARD PANORAMIQUE
Dans ce chapitre, il sera question de présenter les
résultats du traitement des données recueillies auprès de
nos informateurs . L'objectif est de tester à travers les données
collectées l'interdependance entre les variables.
I. LES ACTIVITES SOCIAUX
ÉCONOMIQUES
Dans nos entretiens, la premiere question-problème que
nous avons posé est la suivante : Comment les faits
sociaux économiques impactent le rendement interne des
établissements secondaires ? Pour répondre
à cette question, nous formulons l'hypothèse selon
lesquelles les activités économiques, agricoles
et le changement climatique influencent négativement le rendement
interne faible des établissements secondaires de la Kabbia.
Cette question se décline en plusieurs composantes.
I.1. Les activites
économiques
La première question posée dans cette partie est
la suivante : Comment les activités économiques se
repercutent sur activités scolaires?
L'hypothèse répondant à cette question est la
suivante : Les obstacles d'ordre économique
influencent négativement le rendement interne des établissements
secondaires.
Tableau no 6:
Statistique des répondants sur les activités
économiques
Statut des établissements
|
Nombre
|
Répondants
|
% des repondants
|
Collèges publics
|
27
|
13
|
25,49
|
Collèges communautaires
|
9
|
7
|
13,72
|
Collèges privés
|
4
|
3
|
5,88
|
Lycées publics
|
11
|
6
|
11,76
|
Total
|
51
|
29
|
56,86
|
Dans ce tableau, les résultats montrent que le
calendrier scolaire dans le Département de la Kabbia n'est pas
respecté. Le pourcentage de nos répondants en faveur de ce non
respect du calendrier s'élève à 84,27% contre 13, 72%. En
tenant compte de la réponse des répondants sur les obstacles
économiques, notre hypothèse est acceptée. Il y a une
relation entre le non respect du calendrier et le rendement interne des
établissements secondaires dans la Kabbia.
I.2. Les activités
agricoles
La deuxième question-problème spécifique
relative à ce sous-thème est libellée de la manière
suivante : Comment les activités agricoles
préoccupent les élèves pendant la rentrée
scolaire? Cette question amène l'hypothèse
suivante : Les obstacles liés aux
activités agricoles impactent négativement le rendement interne
des établissements secondaires.
Tableau no
7: Données recceuillies sur les activités agricoles
Statut d'établissements
|
Nombre
|
répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
27
|
52,94
|
Collèges communautaires
|
9
|
9
|
17,64
|
Collèges privés
|
4
|
4
|
7,84
|
Lycées
|
11
|
11
|
21,56
|
Total
|
51
|
51
|
100
|
La lecture de ce tableau nous fait comprendre que nos
répondants sont unanimes sur la question. Le pourcentage ci-haut nous
fait dire que notre hypothèse est non nulle. Il y a donc une
corrélation entre les conséquences des difficultés sur les
activités et le rendement interne des établissements.
I.3. L'innondation des
écoles
La troisième question posée dans cette partie
est la suivante : Comment le débordement des eaux
influe sur les activités scolaires ? L'hypothèse en
réponse à cette question est celle-ci : Les obstacles
d'ordre naturel impactent négativement le rendement interne des
établissements secondaires.
Tableau no
8 : Avis des repondants à propos de l'innondation des écoles
Statut d'établissements
|
Nombre
|
Répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
25
|
40,01
|
Collèges communautaires
|
9
|
8
|
15,68
|
Collèges privés
|
4
|
2
|
3,92
|
Lycées
|
11
|
9
|
17,64
|
Total
|
51
|
44
|
86,27
|
Au vu de ce tableau, notre hypothèse est non nulle car
tous nos répondants sont unanimes que le chronogramme annuel n'est pas
respecté. Il existe donc une relation de cause à effet entre la
variable dépendante et la variable indépendante.
II. LA PROMOTION AU POSTE
DE RESPONSABILITE
A propos de la promotion au poste de responsabilité,
nous avons posé la question suivante : Comment
sont promus les chefs à la tête des établissments ?.
Cette question amène l'hypothèse suivante : Le choix de
chef d'établissement a un effet négatif sur le rendement interne
des établissements secondaires. Cette question également se
décline en plusieurs composantes.
II.1. Les nominations des
chefs d'établissement
La question que nous avons posée est donc
celle-ci : Comment sont nommés les chefs
d'établissement secondaires ? L'hypothèse
en réponse à cette question est la suivante : Le choix
au poste ds chefs d'établissement a une influence négative sur le
rendement interne des établissements secondaires.
Tableau
no9 : Données reccueillies sur la nomination des chefs
d'établissements
Statut d'établissements
|
Nombre
|
Répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
24
|
47,05
|
Collèges communautaires
|
9
|
9
|
17,64
|
Collèges privés
|
4
|
4
|
7,84
|
Lycées publics
|
11
|
6
|
11,76
|
Total
|
51
|
43
|
84,31
|
La réponse obtenue de nos répondants sur ce
tableau confirme notre hypothèse conformément au pourcentage de
84,32%. Il y a donc une relation entre la variable dépendante et la
variable indépendante.
II.2. Le professionnalisme
des chefs d'établissements
La question problème dans cette partie est la
suivante : Comment les enseignants non professionnels sont
nommés comme chefs d'établissement secondaires ? A ce sujet
notre hypothèse répond que le manque de professionnalisme des
chefs d'établissements influence négativement le rendement
interne des établissements .
Tableau no10:
Statistique des répondants au manque de professionnalisme des chefs
d'établissements
Statut d'établissements
|
Nombre
|
Répondants
|
% de repondants
|
Collèges Collèges publics
|
27
|
25
|
49,01
|
Collèges communautaires
|
9
|
9
|
17,64
|
Collèges privés
|
4
|
4
|
7,84
|
Lycées publics
|
11
|
8
|
15,68
|
Total
|
51
|
46
|
90,19
|
Dans ce tableau, on note également une relation entre
la variable dépendante et la variable indépendante pour la simple
raison que le pourcentage de nos répondants s'élève
à 90,19%. Notre hypothèse est donc non nulle.
II.3. La négligeance
de l'ancieneté dans la promotion des chefs d'établissement
Dans cette partie nous avons posé la question
problème de la manière
suivante : Pourquoi les enseignants
experimentés ne sont nommés au poste de chef
d'établissement ?. L'hypothèse qui répond à
cette question est donc la suivante : La non prise en compte de
l'ancienneté de chef d'établissement a un effet négatif
sur le rendement interne des établissements secondaires.
Tableau no 11:
Avis des répondants au non prise en compte de l'ancienneté des
chefs d'établissement
Statut d'établissements
|
Nombre
|
Répondants
|
% de repondants
|
Collèges Publics
|
27
|
24
|
47,05
|
Collèges Communautaires
|
9
|
8
|
15,68
|
Collèges privés
|
4
|
4
|
7,84
|
Lycée publics
|
11
|
4
|
7,84
|
Total
|
51
515(51
|
40
|
78,43
|
Dans ce tableau, le pourcentage de nos répondants
s'élève à 78,43%. C'est qui prouve également que
notre hypothèse est non nulle. Il existe dans ce cas une co-relation
entre la variable dépendante et la variable indépendante.
III. L'ADMISSION DES ELEVES
EN CLASSE SUPERIEURE
La question problème dans cette partie est
libellée de la manière suivante : Dans
quelles conditions les élèves sont recrutés en classe
superieure ?. L'hypothèse qui répond
à cette question est la suivante : Le recrutement sans
condition des élèves en classe supérieure a un effet
négatif sur le rendement interne des établissements secondaires.
Cette question problème se décline aussi en plusieurs
composantes.
III.1. Le recrutement des
élèves dans les établissements secondaires
La première question posée dans cette sous
partie est la suivante : Comment les élèves sont
recrutés dans les établissements
secondaires ?. L'hypothèse répondant à cette
question est la suivante : Le recrutement sans
condition des élèves dans les établissements influence
négativement le rendement interne des établissements secondaires.
Tableau no 12:
Statistique des répondants au sujet de recrutement sans condition des
élèves dans les établissements
Statut d'établissements
|
nombre
|
répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
27
|
52,94
|
Collèges communautaires
|
9
|
9
|
17,64
|
Collèges privés
|
4
|
4
|
7,84
|
Lycées
|
11
|
11
|
21,56
|
Total
|
51
|
51
|
100
|
Dans ce tableau, la réponse de nos répondants
converge vers une affirmation. Tous nos répondants sont unanimes que la
facilitation de recrutement et la promotion non rigoureuse des
élèves en classe supérieure ont un impact sur le rendement
interne des établissements secondaires. À cet effet notre
hypothèse est non nulle car il y a une relation entre la variable
dépendante et la variable indépendante.
III.2. Le manque de rigueur
dans la promotion des élèves en classe supérieure
Dans cette partie nous avons posé la question
problème de la manière suivante : Comment
les élèves sont promus en classe superieures dans les
établissements secondaires ? . L'hypothèse qui
répond à cette question est celle-ci :
La promotion non rigoureuse des élèves en classe
supérieure impacte négativement le rendement interne des
établissements secondaires.
Tableau no 13:
Données reccueillies sur la promotion des élèves en classe
supérieure
Statut d'établissements
|
Nombre
|
répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
27
|
52,94
|
Collèges communautaires
|
9
|
9
|
17,64
|
Collèges privés
|
4
|
4
|
7,84
|
Lycées
|
11
|
11
|
21,56
|
Total
|
51
|
51
|
100
|
Pour ce tableau, la statistique nous fait comprendre que le
pourcentage de nos répondants est de l'ordre de 100 pour 100. Un
pourcentage qui confirme notre hypothèse. Il existe dont une relation de
cause à effet entre la variable dépendante et la variable
indépendante.
III.3. La faible moyenne de
passage des élèves en classe superieure
La troisième question posée dans cette sous
partie est celle-ci : comment et avec quelle moyenne
faites vous passer les élèves en classe superieure ?
L'hypothèse qui répond à cette question
est celle-ci : L'admission au rabais des
élèves en classe supérieure impacte le rendement interne
des établissements secondaires.
Tableau
no14 : Répartition des avis des répondants au
sujet de l'admission des élèves en classe supérieure
Statut d'établissements
|
Nombre
|
Répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
26
|
50,98
|
Collèges communautaires
|
9
|
7
|
13,72
|
Collèges privés
|
4
|
2
|
3,93
|
Lycées
|
11
|
7
|
13,72
|
Total
|
51
|
42
|
82,35
|
La réponse de nos répondants dans ce tableau
nous donne un pourcentage de 82,35% confirmant ainsi l'existence d'une relation
entre les variables. Notre hypothèse est donc non nulle.
IV. L'ORIENTATION DES
ÉLÈVES DANS LEUR SERIE
La question problème dans cette dernière partie
est libellée comme suit : Comment les
élèves sont orientés dans leur serie respective?
L'hypothèse qui répond à cette question est la
suivante : Le choix de série des élèves impacte
négativement le rendement interne des établissements secondaires.
Cette question se subdivise en plusieurs questions spécifiques.
IV.1. Le manque de rigueur
dans l'orientation des élèves
La première question dans cette
partie est la suivante : Comment les élèves non meritant
sont orientatés dans la serie scientifique? Cette
question fait appel à l'hypothèse suivante : La
subjectivité dans l'orientation des élèves impacte
négativement le rendement interne des établissements
secondaires.
Tableau no
15 : Statistique des répondants relative à la
subjectivité dans l'orientation des élèves
Statut d'établissements
|
Nombre
|
Répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
23
|
45,09
|
Collèges communautaires
|
9
|
9
|
17,64
|
Collèges privés
|
4
|
2
|
3,92
|
Lycées
|
11
|
10
|
12,60
|
Total
|
51
|
44
|
86,27
|
Le pourcentage de nos répondants sur ce tableau montre
qu'il y a une subjectivité dans l'orientation des élèves
dans leur série. Notre hypothèse qui a fourni la réponse
à la question problème n'est pas nulle. Il y a donc une relation
de cause à effet entre les variables.
IV.2. La remise en cause du
conseil d'orientation
Nous avons posé dans cette partie la question de la
manière suivante : Comment le conseil
d'orientation n'est pas souvent accueilli par les élèves ?
L'hypothèse qui répond à cette question est la
suivante : La contestation de l'orientation par les
élèves impacte le rendement interne des établissements
scolaires .
Tableau no 16:
Répartition des donnés sur la contestation de l'orientation des
élèves
Statut d'établissements
|
Nombre
|
Répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
22
|
43,13
|
Collèges communautaires
|
9
|
7
|
13,72
|
Collèges privés
|
4
|
3
|
5,88
|
Lycées
|
11
|
9
|
17,64
|
Total
|
51
|
41
|
80,39
|
Dans ce tableau statistique, la lecture de pourcentage nous
permet de confirmer notre hypothèse. Ce pourcentage de 80,39% nous
permet de dire qu'il existe une relation de cause à effet entre les
variables. Cette hypothèse n'est donc pas nulle.
IV.3. L'acceptation de
choix de serie par les chefs d'établissements
La question que nous avons formulée dans cette partie
est celle qui suit : Comment les
élèves choisissent leur serie selon leur desir?
L'hypothèse qui répond à cette question est donc
la suivante : La complaisance du choix de
série des élèves impacte le rendement interne des
établissements secondaires.
Tableau no
17 : Données reccueillies sur la complaisance dans le choix de
série des élèves
Statut d'établissements
|
Nombre
|
répondants
|
% de repondants
|
Collèges publics
|
27
|
21
|
41,17
|
Collèges communautaires
|
9
|
7
|
13,72
|
Collèges privées
|
4
|
4
|
7,84
|
Lycées
|
11
|
7
|
13,72
|
Total
|
51
|
39
|
76,47
|
La lecture de ce tableau permet enfin de comprendre qu'il y a
76,47% des répondants qui confirment qu'il y a une complaisance dans le
choix de série des élèves. Cette hypothèse non
nulle nous fait comprendre qu'il y a une relation de cause à effet de la
variable dépendante sur la variable indépendante.
L'analyse de ces données recueillies nous permet
d'aborder le troisième chapitre qui porte sur la gestion de temps
matériel des activités scolaires dans les établissements
secondaires de la Kabbia.
CHAPITRE III : LA
GESTION DE TEMPS MATÉRIEL DES ACTIVITÉS SCOLAIRES
Dans ce premier chapitre, nous nous intéressons aux
enjeux du respect de calendrier scolaire dans le Département de la
Kabbia. Cette section nous amènera à détailler les
difficultés qui font obstacles au bon déroulement des
activités scolaires dans la Kabbia.
I. LES MOBILES DE
L'INSTITUTION DU CALENDRIER SCOLAIRE.
Un calendrier est un système de repérage des
dates en fonction du temps qui a été inventé par les
hommes pour diviser le temps sur une longue durée. L'organisation du
temps dans un établissement d'enseignement au Tchad en
général et dans la Kabbia en particulier est définie dans
le respect de la réglementation du Ministère de
l'Éducation Nationale.
En rappel de l'arrêté
no99 /PR/PM/MESFP/SG/DGEFEC/DNECS/201de l'arrêté
no 40/PR/PM/MESFP/DGEF/DNES/2013 portant fixation du calendrier de
l'année scolaire du Ministère de l'Enseignement Secondaire et de
la formation Professionnelle au titre de l'année 2013-2014.
Selon l'article 1 : le calendrier scolaire 2013-2014 du
Ministère de l'Enseignement Secondaire et de la Formation
Professionnelle est fixé comme suit :
Le Lundi 16 septembre 2013, rentrée
administrative ;
Le Mardi 1er octobre 2013, rentrée des
classes ;
Le Samedi 05 octobre 2013, Journée Mondiale des
Enseignants ;
Le Jeudi 28 novembre2013, fête de la proclamation de la
République du Tchad ;
Dimanche 1er décembre 2013, fête de la
journée de la liberté et de la Démocratie ;
Du Mardi 24 décembre 2013 à la dernière
heure de cours au jeudi 02 janvier 2014 à la première heure de
cours, vacances de fin de premier trimestre ;
Du vendredi 18 Avril 2014 à la dernière heure de
cours au Mardi 22 avril 2014 à la première heure de cours,
congé de fin de second semestre ;
Du Samedi 21 Juin 2014 fin de l'exécution de programme
scolaire et des activités de soutien.
Du jeudi 30juin 2014 à la dernière heure du
cours au 31 août 2014 grandes vacances.
Du lundi 1er septembre 2014 rentrée
administrative 2014-2015.
Du lundi 15 septembre 2014 rentrée de classe.
Article 2 : Les journées commémorant les
fêtes sont chômées. Il s'agit de :
Toussaint (vendredi 1er novembre 2013), un
jour ; noël (mercredi 25 décembre 2013) un jour, pâques
(lundi 21 avril 2014), un jour. AID-EL-FITR (fin de ramadan), un jour ;
AID-EL-ADHA (tabaski), un jour ; AID-EL-AOULOUD (naissance du
prophète), un jour.
Article 3 : Les heures de rentrée et de fin des
classes sont fixées comme suit :
- Les cours dans la matinée commencent de 7 h 00mn et
prennent fin à 12 h 15mn.
- Les cours dans la soirée commencent de 12 h30 mn
à 17 h30 mn.
Une journée chargée de 5 h avec une pause de 15
mn détermine les activités d'enseignement dans le secondaire. Les
horaires scolaires hebdomadaires sont de l'ordre de trente (30 h) reparties sur
six (6) jours, du lundi au samedi. La durée de l'année scolaire
est donc de neuf (9) mois. Selon la loi no 16 /PR/2006 du
13 mars 2006 dans son article 80, l'année scolaire a une durée de
trente-six (36) semaines pour l'enseignement fondamental et secondaire,
réparties en trois trimestres de douze (12) semaines chacun. Le premier
trimestre commence du 1er octobre au 23 décembre ; le second
semestre quant à lui commence du 02 janvier à fin mars et le
troisième ou le dernier trimestre débute au mois d'avril à
fin mai et le reste du temps est consacré aux examens et concours. Ce
calendrier, s'il n'est pas respecté peut avoir un effet négatif
sur l'apprentissage des élèves.
I.1 .L'harmonisation
des activités scolaires
La tâche du chef d'établissement est de
prévoir la rentrée scolaire. Déjà à partir
de 15 juillet, le chef d'établissement prépare et envoie à
la hiérarchie suprême le conseil d'orientation, le rapport de fin
d'année et les changements d'établissement. Ces documents doivent
être accompagnés avec ceux qui ont trait aux examens et concours.
À partir du mois d'Août précisément
le 15, le chef d'établissement exploite le rapport de fin
d'année. Il entreprend des séries de prise de contact avec les
autorités locales et les associations des parents d'élèves
en vue de la réfection des structures d'accueil. Pendant ce temps, le
chef de la scolarité en la personne du censeur ou directeur des
études procède à la répartition des
élèves par ordre alphabétique, par niveau et par classes.
La répartition des professeurs par discipline et par niveau doit
également être entreprise. C'est aussi l'occasion pour le
personnel administratif de procéder à l'élaboration de
l'emploi de temps, qui doit être prêt pour la rentrée de
classes. Les imperfections constatées au cours de l'année
précédente doivent être soigneusement notées afin
qu'elles ne se répètent pas.
En mois de septembre, commencent les inscriptions et les
réinscriptions. C'est aussi la phase de nettoyage général
de l'établissement. Pendant ce temps, le chef d'établissement
doit mettre en place des documents de travail et de mobiliers (matériels
didactiques, fournitures et accessoires). Au tour de 25 septembre le chef
d'établissement provoque une rencontre avec les professeurs et met
à leur disposition des équipements pédagogiques comme les
matériels didactiques, les fournitures, le conseil d'orientation, et les
listes d'élèves admis en classe supérieure.
Le 1er octobre, c'est la rentrée des classes
où tous le monde doit être à l'école.
I.1.1. Les activités
au 1er trimestre (octobre-décembre)
Au début de démarrage de classes et surtout
à la première quinzaine du mois, le chef d'établissement
doit jouer son rôle administratif. À cet effet, il procède
dès ce moment à la nomination des chefs de classes et au choix
des professeurs principaux. Les chefs de classe dont le rôle est de
veiller au bon fonctionnement de groupe, d'assurer l'entretien des documents
administratifs, pédagogiques et d'autres matériels de classe
comme les cahiers de textes, les registres d'appel, et surtout le service de
nettoyage de classes. Aussi, ils assurent l'ordre des élèves
quand il s'agit de l'entrée et de sortie. Leur rôle crucial
consiste à chercher chaque matin les cahiers de texte et d'appel au
niveau de la surveillance et faire régner l'ordre entre les camarades de
classes. Ils sont donc les responsables directs de l'application du
règlement intérieur en vigueur.
Quant aux professeurs principaux, ils sont nommés par
le chef d'établissement en fonction des heures qu'ils dispensent dans
les classes. Selon le document de l'éducation civique et morale
(2005), le rôle de chaque professeur principal est d'aider les
élèves dans leurs études et de servir
d'intermédiaire entre eux d'une part, et l'administration et les
élèves d'autre part. Ils sont responsables de l'organisation du
travail, du calcul des moyennes générales et des disciplines dans
les classes. Le chef d'établissement doit veiller à accorder
à ces derniers une heure supplémentaire pour qu'ils apprennent
aux élèves à organiser leur travail pour réussir.
Exemple d'un travail qui consiste aux élèves de connaitre un
énoncé, d'apprendre une leçon. Après cette
étape, le chef d'établissement procède à la remise
des listes des élèves aux professeurs principaux.
Dans la deuxième quinzaine de mois d'octobre, le chef
d'établissement procède à la lecture et commentaire du
règlement intérieur de l'établissement. Ce qui permettra
aux élèves anciens comme nouveaux de savoir quels sont leurs
droits et leurs obligations. Il sera aussi question de la tenue du conseil
d'établissement. Toujours dans cette période, le chef
d'établissement procède à la mise en place d'un conseil de
discipline ou conseil intérieur composé de représentants
de l'administration, de professeurs et de représentants des
élèves. Ce conseil a pour tâche de régler les
questions relatives au fonctionnement de l'établissement.
À côté d'activités administratives,
le chef d'établissement planifie également les activités
pédagogiques. Ainsi, la première quinzaine du mois d'octobre est
marquée par un conseil d'enseignement dont le but est de préciser
les conditions d'enseignement de diverses disciplines, de trouver des solutions
aux problèmes pédagogiques rencontrés par les enseignants
et de réfléchir sur la pratique pédagogique. Durant ce
conseil, il sera examiné avec les enseignants de chaque discipline ou
avec les enseignants de différents niveaux la question de méthode
et des programmes, les ouvrages existants, la progression à suivre et le
retard à relever. C'est un moment très important pour les
nouveaux enseignants de profiter du conseil de leurs collègues
expérimentés et du chef d'établissement. Le chef
d'établissement doit en même temps élaborer le calendrier
pédagogique du trimestre qui renferme toutes les activités qui
pourront se dérouler dans la fourchette de ce temps. En plus de cela, il
élabore également un calendrier de devoirs surveillés.
Pour l'organisation proprement dite de devoirs surveillés, il importe
qu'en début de chaque trimestre, de conseil d'enseignement, le chef
d'établissement fixe un calendrier qui sera affiché dans les
classes.
Pendant le mois de novembre, le chef d'établissement
effectue des visites des classes dont l'objectif est d'évaluer les
actions pédagogiques afin de savoir replacer dans le cadre du programme
et des finalités de la formation des élèves. Il profite
aussi pendant ce mois de la mise en place des activités péri et
parascolaires dont le but est d'éveiller chez les élèves,
l'esprit de responsabilité, de la solidarité d'organisation et
d'amour du patrimoine commun. Ce sont donc les activités
socio-culturelles.
Sur le plan pédagogique, il élabore un autre
calendrier qui est celui du conseil de classe. Ce calendrier comporte certaines
étapes qui sont entre autres le calcul des moyennes par les professeurs
avec les élèves, la collecte des moyennes de chaque professeur
par le professeur principal pour le calcul de la moyenne
générale ; la remise des moyennes générales de
chaque classe au chef d'établissement et enfin le conseil de
discipline.
En décembre, le chef d'établissement
opère une deuxième visite pour s'assurer toujours du bon
déroulement des activités pédagogiques. Après cette
visite, il contrôle et vise les cahiers de texte mis en circulation
dès le début de la rentrée de classe dont leur tenue
revêt une importance particulière car ils contiennent toutes les
manifestations de l'homogénéité du travail de
l'enseignant. C'est donc pour le professeur un auxiliaire précieux qui
témoigne du sérieux de sa tâche. C'est pourquoi il doit
être régulièrement contrôlé par le chef
d'établissement mensuellement ou trimestriellement en vue
d'apprécier la progression de l'enseignant et lui faire des
observations.
Sur le plan pédagogique, le mois de décembre est
caractérisé par le déroulement des devoirs communs,
l'arrêt des notes du 1er trimestre et le calcul des moyennes.
Cette étape succède à celle de la tenue du conseil de
classe donc le calendrier a été établi au début par
le chef d'établissement.
I.1.2. Le deuxième
trimestre (Janvier-Mars)
Le deuxième trimestre commence le 02 janvier et prend
fin au mois de Mars.
En janvier, les activités du chef
d'établissement sont marquées tout d'abord par l'information des
candidats aux examens et concours. À cet effet, des notes d'information
seront affichées à l'intention des candidats pour le
dépôt des dossiers. Aussi, il procède pendant ce mois
à la visite des classes pour s'imprégner de l'évolution
des activités. Il doit, pendant ce mois organiser un conseil
d'enseignement pour renforcer les enseignants dans leurs activités pour
un meilleur apprentissage des élèves. Toujours dans ce mois, il
publie le calendrier des devoirs départementaux afin que les
élèves soient préparés pour les aborder sans
crainte ni peur. C'est dont ce calendrier qui pourra mieux les cadrer dans
leurs différentes activités pour une bonne réussite.
En Février, le chef d'établissement publie le
calendrier du conseil de classe dont sa tenue est prévue à la
fin du trimestre. Il élabore pendant ce mois la liste des candidats aux
différents examens et concours qui doit être envoyée
à la hiérarchie. Toujours dans ce mois, il effectue des visites
des classes pour s'assurer de la bonne marche des activités de
l'établissement. Une réunion pédagogique doit être
tenue en vue de préparer un examen blanc. Cet examen tend de nos jours
à être remplacé par les devoirs départementaux qui,
au troisième trimestre annoncent la fin de l'année scolaire.
C'est pourquoi l'on constate qu'à la fin du troisième trimestre,
après les devoirs départementaux, la cour est vide.
En mars, le chef d'établissement met à la
disposition de son personnel, des bulletins individuels des notes pour que
ceux-ci les remplissent. Après cela, il vise les cahiers des textes qui
lui permettront de s'assurer de l'évolution ou de la progression des
enseignants. Cette étape s'avère cruciale car c'est à
partir de là qu'il pourra mettre ses enseignants sur le même pied
d'égalité dans leur évolution. Il organise pendant ce
temps des devoirs harmonisés et procède à l'arrêt
des notes du deuxième trimestre et le calcul des moyennes des classes
avec les élèves. Après cette phase, un conseil de classe
doit être convoqué pour examiner la pratique de la discipline dans
les différentes classes. Cette étape aboutira à la remise
des bulletins aux élèves avant que ceux-ci ne partent en
congé de fin de deuxième trimestre.
I.1.3. Le troisième
trimestre (avril-juin)
Ce trimestre commence presqu'à la fin de la
première moitié du mois d'avril. Il est plus court que les autres
et ne dure qu'un mois ou un mois et demi. Les activités du chef d
établissement pendant ce moment sont marquées par la notation du
personnel. Aussi, il se tiendra dans ce mois un troisième conseil
d'enseignement afin de parachever les activités de l'année. Un
calendrier des devoirs surveillés sera publié en vue de
préparer l'esprit des élèves. Ce qui leur permettra de
s'engager dans les études afin de réussir.
Le mois de mai quant à lui est consacré à
la préparation des examens et concours. À cet effet, il sera
question de réunir les conditions matérielles nécessaires
à l'organisation. Avant le déroulement des examens, il sera
affiché la liste portant nomination des jurys des examens et
concours. Un calendrier de conseil d'orientation doit également
être publié en vue de préparer l'esprit des enseignants. La
fin de mois sera donc clôturée par les devoirs
harmonisés.
En juin, le chef d'établissement doit assurer le
déroulement des épreuves du BEPC et l'entrée en
6ème. Il doit aussi en ce mois de juin viser les cahiers de
textes et ceci pour se rassurer de l'exécution de programme dans son
établissement. Apres le déroulement des examens et concours, il
convoque le conseil d'orientation en vue de promouvoir les élèves
en classe supérieure conformément à leur mérite par
rapport aux différentes disciplines d'enseignement. Cependant, la
réalisation de ces activités est souvent handicaper par plusieurs
difficultés.
II. LES DIFFICULTÉS
DE RESPECT DE CALENDRIER SCOLAIRE
La confection du calendrier scolaire dans le
Département de la Kabbia fait souvent face à de nombreuses
difficultés qui handicapent plus souvent le bon fonctionnement des
établissements. Ces difficultés se résument par des
obstacles d'ordre économique, naturel et ceux liés aux
activités agricoles.
II.1. Les obstacles d'ordre
économique
L'approche qui nous intéresse dans ce travail est
celle prenant en compte le volet économique. Au Tchad en
général et dans le Département de la Kabbia en
particulier, la pauvreté est un phénomène qui handicape le
développement de la population. Les paysans ont un revenu faible. Selon
Ministère de l'Agriculture (2005), le seuil de pauvreté globale
au niveau national est estimé à 218 FCFA et le seuil de
pauvreté alimentaire à 194 FCFA par jour et par personne. Le
document note que ce seuil est largement inférieur au seuil de
pauvreté global standard international fixé à un dollar
par jour et par personne, soit environ 525 FCFA. Selon ces données, plus
d'un tchadien sur deux n'ont pas de revenu suffisant pour satisfaire leurs
besoins alimentaires et sont incapables d'assurer les prestations
élémentaires dans les domaines vitaux comme la santé,
l'éducation et autres services essentiels.
Le Département de la Kabbia est classé parmi les
six régions du Tchad qui présentent un haut profil de
pauvreté monétaire dont l'indice est significativement plus
élevé que la moyenne annuelle de 55% dont les taux de
pauvreté vont de 57,6% à 71,7% MA (2005). Dans notre
étude, il ressort que les activités économiques occupent
plus les élèves. En référence au tableau
no 7, 29 répondants soit 56,86% ont affirmé que le
retard dans la rentrée des classes est dû aux obstacles
économiques contre 22 soit 43,13%. Ces obstacles agissent directement
sur les heures d'apprentissage scolaire entrainant la non couverture de
programme d'où l'insuffisance des connaissances acquises par les
élèves. Ce qui provoque l'échec aux différents
examens officiels.
Les données de l'enquête ont été
reparties selon le statut des établissements comme suit : 13 soit
25,49% des répondants aux collèges publics, 7 soit 13,72% aux
collèges communautaires, 3 soit 5,88% aux collèges privés
et 6 soit 11,76% aux lycées en référence au tableau
no7. Nos enquêtés expliquent les obstacles
économiques par le manque des moyens financiers, l'occupation des
élèves dans les activités lucratives et l'aventure des
élèves à la recherche des moyens financiers. Les
activités scolaires en général et le démarrage des
classes en particulier ont souvent été paralysés. Ce
phénomène s'explique selon nos répondants par diverses
raisons.
Pour la plupart des enquêtés, les parents n'ont
pas les moyens financiers disponibles pour satisfaire aux besoins scolaires de
leurs enfants. Pour cette raison, notre répondant au lycée de
Tagal déclare ce qui suit : « Le démarrage des cours ne
respecte pas le calendrier pour raison de la pauvreté des parents qui ne
sont pas à mesure d'acheter les fournitures et de fournir les moyens
nécessaires à leurs enfants. Cela fait que les
élèves ne sont pas motivés à reprendre tôt le
chemin de l'école ». Pour l'intéressé, le fait que
les élèves n'ont pas des fournitures scolaires et des moyens
financiers pour s'inscrire les amène à prolonger leurs vacances.
Si cela est récurent chez les élèves issus des parents
pauvres, il n'est pas évident pour ceux qui se prennent en charge. Cette
situation est visiblement observée dans le Département de la
Kabbia où bon nombre d'élèves justifient leur retard par
le manque des fournitures, des moyens financiers ou encore le manque de tenue
scolaire.
Ainsi, la pauvreté non seulement entraine un retard
dans la rentrée des élèves mais elle est source de
démotivation tardive de ces deux derniers. Cette pauvreté qui se
traduit par le manque des fournitures scolaires, la confection de tenue et
les frais de scolarité amène également les
élèves à se lancer dans d'autres activités
lucratives dans le but est la recherche des moyens financiers.
Dans leur manière de chercher les moyens en vue de
satisfaire leurs besoins scolaires, l'enquête souligne que dans le chef
lieu du Département (Gounou-Gaya), les élèves s'occupent
beaucoup plus d'autres activités économiques. Pour le
Directeur de collège privé Doungkangson de Gaya
centre : « Le manque des moyens financiers oblige les
élèves à descendre au bord de la ``Zalla'' pour
fabriquer des briques en vue de s'acheter soit des fournitures scolaires, soit
pour payer leurs frais de scolarité ». Selon
l'intéressé, cette occupation des élèves non
seulement occasionne le retard dans la rentrée mais crée aussi
des absences pour ceux qui sont déjà sur le banc. Il est donc
vrai de convenir avec cet enquêté, que le bord de cette
marre `'Zalla'' a été pendant longtemps un site
réservé pour la fabrication des briques pour ceux qui
désirent ce travail. Mais compte tenu des difficultés que
rencontrent la plupart d'élèves, ceux-ci profitent
également de cette activité pour avoir quoi satisfaire leurs
besoins scolaires. C'est donc pour eux une manière de se battre pour
leur avenir.
Toujours dans le chef lieu de Département, notre
enquêté du lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya nous fait
comprendre que le commerce et les motos taxis sont des activités qui
préoccupent plus les élèves. À cet effet, il
déclare ceci : « Les élèves qui se
prennent en charge pour leur scolarité, se livrent aux activités
lucratives dont ils deviennent soit des commerçants ambulants ou des
motos taxi ». Pour l'intéressé, les
élèves n'ont pas les moyens et pour reprendre le chemin de
l'école, il leur faut beaucoup de gymnastiques. C'est pour cette raison
qu'ils se lancent dans le commerce et d'autres activités. Nous convenons
avec cet auteur car le constat démontre que ces élèves une
fois fini avec les cours sont devant leurs marchandises soit dans les boutiques
soit sur la route. Les motos taxis sont également sur leur moto pour
déposer les clients. Ceci devient leurs principales activités au
détriment des études.
Abondant dans le même sens, le Proviseur du
lycée de Pont Carol note que la plupart des élèves sont
des vendeurs ambulants, des dockers et des pousseurs qui occupent souvent les
allées du marché créant des embouteillages. C'est pour
cette raison que notre répondant au lycée de Pont-Carol souligne
que : « le manque de prise de conscience des
élèves, la démotivation due aux échecs au bac, la
fuite de responsabilité des parents amènent les enfants à
l'aventure. Il ajoute que face à cette situation, une grande partie des
élèves sont devenus des dockers et des vendeurs
ambulants ». Il est donc vrai de constater qu'à Pont Carol et
surtout le jour du marché, les élèves mènent plus
des activités économiques. Selon toujours notre informateur, le
jour du marché, les élèves se créent de
stratégies pour être renvoyés des classes et aller faire le
marché. C'est ainsi que certains viennent pour la plupart en demi tenue
pour bénéficier d'un renvoi. Au marché, ils sont partout
dans les boutiques en train de vendre des articles comme : les savons, les
piles torches, des sachets d'eau, des comprimés, la liste est longue.
Certains élèves se convertissent en pousseurs ou dockers,
adoptent le même comportement que les renommés de cette
activité. On entend souvent d'eux, un cri fort « derib,
derib » en arabe ou « vota, vota » en moussey qui
veut dire « laisser la route » en français. Au cas
où la route ne leur est pas laissée, ils vous bousculent au point
de vous faire tomber que vous soyez n'importe qui.
Les filles également n'échappent pas
à cette façon de faire. Elles sont aussi partout dans le
marché en train de vendre, soit assises devant leur « eau
blanche » ou boisson, soit en train de se promener avec des oeufs,
des bananes, arachides ... Il est donc à noter que le mercredi, jour du
marché de cette localité, certains oublient même qu'ils
sont des élèves.
Au lycée de Djodo Gassa notre répondant
reconnait un autre aspect qui contribue à la rentrée tardive des
écoles. Il affirme ce qui suit : « la
majorité des élèves sont des paysans ou issus des parents
pauvres qui n'arrivent pas à payer des fournitures scolaires à
leurs enfants et à leur confectionner des tenues .C'est donc cette
situation de pauvreté qui amène les enfants dans l'aventure hors
du pays dont le retour est toujours tardif ». Selon
l'intéressé, la pauvreté est la raison principale d'une
rentrée tardive dans les établissements. Non seulement elle
empêche les jeunes de prendre tôt le chemin de l'école, mais
les amène plus loin en aventure. Nous convenons avec cet
intéressé car depuis très longtemps, les jeunes n'ont pas
cessé de s'aventurer au Cameroun et même au-delà dans
l'objectif de préparer leur rentrée scolaire. Leur retour est
souvent retardé. Certains arrivent en mi novembre et d'autres en fin
novembre alors que les cours commencent le 1er octobre. Durant cette
aventure, certains élèves qui arrivent après la
clôture des inscriptions et réinscriptions perdent leur place dans
les grands lycées. Et comme solution, notre interlocuteur propose aux
jeunes de faire des champs collectifs en vue d'éviter ce problème
d'aventure aux conséquences incalculables.
En somme, les activités économiques que
ces enfants se livrent peuvent avoir des effets non moins importants sur leur
réussite. Les élèves dans la recherche des moyens non
seulement perdent suffisamment de temps scolaire mais oublient la notion
même de leur leçon. Ils se retrouvent plus souvent à la fin
de l'année en situation d'échec constante. Cette activité
économique n'est pas la seule handicape pour le bon fonctionnement des
activités scolaires dans la Kabbia. Il y a d'autres difficultés
liées à l'agriculture qui handicapent au maximum les
activités scolaires dans le Département de la Kabbia.
II.2. Les obstacles
liés aux activités agricoles
L'agriculture tchadienne, en dépit de ses grandes
dérives historiques, continue de jouer un rôle important dans
l'économie nationale. Selon MA (2005), elle contribue pour 21% au PIB et
emploie plus de 2,3 millions de personnes soit 80% de la population active du
pays dont plus de la moitié est composée de femmes. Ce qui montre
que l'agriculture contribue de façon substantielle à la
création des richesses et des emplois. C'est d'ailleurs à juste
titre que le Gouvernement fait de ce secteur le pilier de la croissance et de
la réduction de la pauvreté dans le pays.
Avec une pluviométrie moyenne annuelle comprise entre
600 et 1000 mm, le Département de la Kabbia connaît une alternance
à deux saisons: une saison pluvieuse de mai à octobre et une
saison sèche de novembre à avril.
L'agriculture est la première activité qui
permet à l'Homme Moussey de subvenir à ses besoins alimentaires,
économiques, et sociaux. Elle offre une gamme très
diversifiée des produits vivriers. On y trouve des
céréales, des tubercules, des féculents, des
oléagineux, des condiments. Cette agriculture dans la Kabbia est
associée à l'élevage bien qu'elle reste tributaire des
méthodes traditionnelles de production et de la pluviométrie. Les
grands travaux s'étalent entre mai et octobre livrant ainsi les paysans
à plusieurs mois d'inactivité en saison sèche. Cependant
dans la zone inondable où existe la culture à la décrue,
les activités peuvent se prolonger jusqu'en janvier. Les périodes
des activités allant d'octobre en janvier, caractérisées
par les récoltes ont un impact sur la rentrée scolaire. Ces
activités qui occupent les paysans en général et les
élèves en particulier s'articulent au tour de la récolte
des arachides, des sésames et la récolte du riz. D'après
nos entretiens, et conformément au tableau no8, nos
répondants sont unanimes que les activités agricoles sont la
cause de rentrée tardive dans les établissements. Ces
données reparties selon le statut des établissements nous font
savoir que 27 soit 52, 94% reconnaissent cet aspect dans les collèges
publics, 9 soit 17,64% dans les collèges communautaires, 4 soit 7,84%
dans les collèges privés et 11 soit 21,56% dans les
lycées. Ils expliquent cela par le fait que les enfants sont maintenus
par les parents dans le besoin de récolte.
Considérées au départ comme des cultures
de consommation, l'arachide, les sésames et le riz sont devenus des
cultures commerciales. À cet effet, l'on observe que dans la Kabbia, un
ménage le mieux placé peut labourer les arachides sur une grande
superficie (quatre à dix hectares). Mis à part le champ familial,
chaque femme et chaque jeune garçon a au moins un champ d'arachide.
Semées depuis le mois de mai ou juin, les arachides ont trois mois de
durée et demandent à être récoltées entre le
mois de septembre ou octobre qui est le mois décisif pour la
rentrée des classes.
A ce sujet, notre répondant du collège de Fegue
Hapma déclare en ces termes : « Ce qui empêche
les enfants d'aller à l'école est qu'ils constituent une main
d'oeuvre pour les parents et certains élèves responsables
s'occupent d'abord de leur récolte avant d'aller à l'école
». Selon l'enquêté, les parents ont une main mise sur les
enfants et les empêchent d'aller à l'école pour des raisons
de récolte. Cela prouve à suffisance notre constat fait dans ce
Département. Pendant la récolte, les hommes, les femmes et les
enfants sont tous au champ et personne n'y songe à une rentrée
scolaire. Et comme l'agriculture est tributaire de la pluie, chacun se
précipite à récolter à temps le sien avant la
dernière pluie pour éviter certaines désagréments.
Cette période est marquée par l'insuffisance de la main d'oeuvre
pour la simple raison que c'est une période d'abondance et personne ne
pense à aller travailler chez l'autre. Ce qui fait que les parents
maintiennent leurs enfants pour les aider à récolter. Aussi,
c'est avec ces produits de récolte que ceux-ci mettent leurs enfants
à l'école.
Cette situation générale dans la Kabbia est
bien observée au lycée de Pont Carol où nous avons
exercé pendant un certain temps. Dans cet établissement, l'on ne
peut parler de la rentrée des classes que quand la récolte des
arachides tire à sa fin. Pendant la récolte, même si les
enfants manifestent une volonté d'aller à l'école, cela
n'est pas le désir de leurs parents qui leur refusent de payer des
fournitures scolaires et d'autres nécessités pour les mettre sur
le chemin d'école. On peut aussi constater dans cette localité
que les écoles primaires démarrent avant les lycées et les
collèges pour la simple raison que les lycéens et les
collégiens sont des jeunes qui peuvent mieux avancer les travaux
champêtres. Bien que certains lycéens et collégiens
traversent la cour de l'école avant d'aller au champ, ils ne sont
gênés de rien puisqu'ils ont déjà pris goût
d'une rentrée tardive. Ces élèves qui sont les derniers
à aller en salle sont les premiers à revendiquer une admission en
classe supérieure malgré la faible acquisition de la
connaissance.
Si dans la zone exondée du Département de la
Kabbia, la récolte d'arachides et des sésames est un handicap
pour la rentrée scolaire, dans la plaine de ce Département, la
récolte du riz est un autre handicap. Interrogé à ce
sujet, le directeur du collège de Kourey Valangzou affirme ce qui
suit : « La récolte du riz trop pénible par
rapport à celui des arachides ne permet pas aux parents de
libérer les élèves considérés selon eux
comme une main d'oeuvre ». Ce travail en réalité
commence tôt le matin de 6 heures et finit tard dans la soirée
à 17 heures. Chacun cherche par tous les moyens à récolter
son champ dans une bonne période. Or, le riz est labouré sur une
grande superficie, sa récolte s'étend d'octobre à janvier
soit trois mois d'activités intenses. Cette période coïncide
non seulement avec la rentrée scolaire mais s'étend
jusqu'à la fin du premier trimestre. Pendant la récolte du riz en
général et la moisson en particulier, les parents ont la main
mise sur les enfants qu'ils considèrent comme ceux qui peuvent avancer
le travail.
Pour cette raison, les parents n'entendent plus parler
d'école, puisque, eux seuls ne peuvent pas et la main d'oeuvre n'est pas
facile durant ce moment. Ces cas sont plus rencontrés dans les cantons
Léo et Djarao considérés comme les zones rizicoles du
Département de la Kabbia. Dans ces cantons, à cause de la
récolte de cette denrée, les cours démarrent souvent avec
un grand retard de un à deux mois. Pour preuve, pendant la
rentrée académique 2013-2014, les cours ont commencé le 24
novembre au lycée de Léo Mbassa, chef-lieu de canton Léo
soit un mois et vingt-quatre jours après la reprise. Au collège
de Djarao Boro le 28 novembre soit un mois et 28 jours après le
calendrier national. Cette situation de retard à la rentrée a
provoqué la colère d'un inspecteur pédagogique qui laissa
un communiqué diffusé sur la Radio Rurale « Gaya
Tcholwa », menaçant de fermeture les établissements
dont les parents continuent à maintenir les enfants aux champs.
Et comme, c'est avec le produit de l'agriculture que les
paysans arrivent à subvenir leurs besoins, ceux-ci conçoivent mal
la décision d'une reprise de classe pendant les récoltes de
leurs produit agricoles. Pour certains parents qui comprennent, le début
de la rentrée de classe ou l'inscription de l'enfant n'est qu'une
manière de conserver la place à ce dernier. C'est pourquoi on
assiste souvent à la timidité des inscriptions et
réinscriptions dans les établissements. Bien que certains soient
inscrits, ils sont toujours maintenus pour le besoin de récoltes.
L'élève qui tente d'aller à l'école sans l'avis de
ses parents, est traité de tous les maux et se verra refuser même
l'achat des fournitures et le frais d'inscriptions. Pour ceux qui ont
reçu une souplesse d'aller en classe, ils regagneront
immédiatement les champs après les cours, où ils n'ont
aucun repos ni moins encore de temps pour étudier leur leçon. Une
situation qui décourage bon nombre des élèves dans leurs
études.
Si la rentrée de classe doit respecter le calendrier
établi par le Ministère, son influence sur la vie sociale n'a pas
toujours était puissante. Selon Longhai (2009), l'école
obligatoire instaurée le 28 mars 1882 par la loi Jules Ferry a
intégré les réalités d'une France rurale qui
utilisait les enfants dans divers travaux comme les moissons, les vendages ou
le ramassage de pomme de terre. Cette réalité se vit aujourd'hui
dans le Département de la Kabbia en général et les
établissements secondaires en particulier.
Ainsi, l'agriculture dans la Kabbia constitue pour bon nombre
des informateurs, un handicap pour le démarrage normal des classes car
les enfants perdent un grand temps deux à trois mois avant de
regagner les classes pendant que la grande partie du programme de premier
semestre est déjà écoulée. Ce temps perdu dans les
champs a un impact négatif sur l'acquisition des connaissances des
élèves et leur rendement scolaire. À ces deux facteurs,
s'ajoute l'obstacle naturel dont la portée est non négligeable
sur les activités scolaires dans la Kabbia.
II.3. Les obstacles d'ordre
naturel
Le facteur d'ordre naturel se résume au niveau de
changement climatique. Situé dans la zone soudanienne, le
Département de la Kabbia présente un climat de type soudanien
caractérisé par une pluviométrie comprise entre 750 et
1000 mm de pluies. Les premières pluies commencent au mois d'avril
à octobre ou de juin à novembre. Durant les mois de
juillet-août et septembre, la zone de pluie s'étend sur tout le
Département mais le mois d'août est le mois le plus arrosé.
L'inondation de la cour d'école non seulement entraine un
démarrage tardif des activités scolaires mais a des
conséquences directes sur la santé des élèves.
Pendant la période des grandes eaux, les
débordements des eaux de la Kabbia ont des conséquences non
seulement sur la production, mais aussi sur les activités scolaires.
Office National de Développement Rural (2013 :3), souligne que les
inondations ont causé des dégâts sur les ménages,
des cases, des vivres et les pertes des animaux. Les dégâts
recensés par le comité régional sont les suivants: 7597
sacs des denrées alimentaires dans l'eau à Oum hadjer
(Batha-Est) ; 3027 têtes d'animaux emportées par les eaux
à Oum hadjer (Batha-Est) ; 18490 sacs écroulés dans
l'ensemble des zones inondées surtout dans la Kabbia; 22955
ménages exposés soit 127975 membres de ménages
touchés, 630 villages touchés. Ces inondations n'ont pas
seulement des conséquences sur le plan matériel et humain mais
aussi sur le plan scolaire.
À travers nos entretiens avec les chefs
d'établissement, il ressort de notre analyse les données
suivantes : 25 soit 40,02% de répondants dans les collèges
publics ont reconnu l'obstacle naturel contre 3 soit 5,88%. Dans les
collèges communautaires, ils sont 8 soit 15,68% contre 1 soit 1,96%.
Dans les collèges privés, ils sont 2 soit 13,92% contre, 13,92%.
Aux lycées, 9 soit 17,64% contre 3 soit 5,88%. Au total, 44 soit 86,27%
des répondants ont reconnu que les obstacles d'ordre naturel ont un
impact négatif sur les activités scolaires. Ils expliquent cet
obstacle par l'inondation qui ne permet pas aux établissements de
commencer comme il se doit les activités scolaires. En effet,
l'inondation a été considérée comme un facteur non
négligeable au bon déroulement des activités scolaires.
Selon le document de travail (2012 :17), « les infrastructures
scolaires sont détruites ou endommagées compromettant
l'accès aux sites scolaires. L'ouverture des classes est effective
chaque année le 1er octobre, soit en pleine saison. Durant
les inondations de 2010, la rentrée a été retardée
dans certaines localités pour deux raisons : la destruction des
classes d'une part et l'occupation des écoles par les victimes d'autre
part ». Cela veut dire que le retard dans le démarrage des
activités scolaires s'explique par la reconstruction de salles de
classes détruites et l'occupation de la cour par les victimes de
l'inondation. Dans nos entretiens dans les différents
établissements par rapport au sujet, les informations recueillies nous
laissaient entendre que la moitié des écoles étaient
inondées et impraticables. Selon nos répondants, 26 écoles
soit 50,98% inondées, n'avaient pas respecté le calendrier de la
rentrée scolaire.
Les conséquences des inondations ne sont pas les seuls
obstacles des activités scolaires. Il y'a aussi l'arrivée
précoce de la pluie qui limite les cours à la fin de
l'année. Les effets de l'arrivée précoce de la pluie ont
un avantage positif qui permet aux parents d'avoir tôt les tiges pour la
construction des hangars. C'est ce que souligne notre répondant du
lycée de Pont Carol : « Une longue saison de pluie
fait que les herbes ne sont pas en maturité pour avoir les Secko et
monter les hangars. Il est donc très difficile d'organiser la
rentrée des classes. C'est pourquoi les cours commencent tard et
finissent tôt dès la première pluie ». Pour cet
auteur, la rentrée de classe est conditionnée par le changement
climatique dont les solutions sont à rechercher dans les structures
adéquates.
Au mois d'octobre, pendant que les établissements
s'apprêtent à accueillir les élèves, plusieurs
villes et villages sont entrecoupés par des eaux. Ces eaux rendent
difficile la traversée empêchant les élèves des
villages environnants. Pendant ce temps, les cours des écoles restent
encore inondées. Au collège de Kongrong et
particulièrement dans ce village, on note l'impraticabilité entre
les autres villages environnants. Le répondant de cet
établissement nous livre ses impressions en ces
termes : « La rentrée scolaire ne peut être
respectée car, il est très difficile pour les
élèves éloignés de l'établissement de
traverser 4 à 5 km d'eau pour rejoindre leur école et avec leur
affaire d'écolier très sensible à l'eau. Toujours selon
lui, même s'il n'y avait pas l'inondation, cette période fait face
au repiquage de bèré-bèré dont les enfants sont
encore maintenus par les parents dans ce but.
Il est donc vrai qu'au moment de l'inondation toutes les
routes subissent une dégradation de sorte que pendant la
traversée un élève peut enfoncer les pieds dans un trou et
tomber par la suite. De même une glissade peut le terrasser et ses
affaires, ses habits peuvent être mouillés. Une situation qui ne
permet aux élèves de prendre tôt le chemin de
l'école. Les cas des établissements des cantons Djarao et
Léo situés dans la plaine du Logone répondent bien
à cette situation. Dans le canton Djarao et précisément
au collège de Djarao Boro, les cours ne commencent chaque année
qu'à la fin de mois de novembre. Même si toutes les conditions
sont réunies pour un démarrage à temps, les
élèves eux refusent de prendre le chemin de l'école
à cause de l'état de la route. Cette situation n'exclut pas le
canton Léo et précisément au lycée de
Léo Mbassa où les élèves viennent de 7
à 8 kilomètres. Dans ce lycée, les cours commencent
généralement en novembre.
Si l'impraticabilité des routes entre les
écoles et les villages environnants est un obstacle à la
rentrée scolaire, l'inondation de la cour des écoles n'est pas du
reste. Or, l'environnement des établissements scolaires de
manière générale doit être saint et propre pour ne
pas nuire à la santé des élèves. En effet,
l'inondation est donc un phénomène naturel que l'on ne peut
maitriser et particulièrement dans ce Département. C'est
pourquoi en 2012-2013, le département de la Kabbia a été
sous l'eau où on a enregistré plusieurs écoles qui ont
démarré les cours avec retard.
Pour le répondant du collège Maldom-Bada Abas de
Gounou-Gaya malgré que les cours aient commencé tôt, les
dernières pluies perturbent encore la mise sur pied les hangars et cette
situation nuit à la bonne rentrée scolaire. Tous ces obstacles
ont été reconnus par nos informateurs comme des facteurs qui
influencent les activités scolaires aux conséquences
néfastes.
III. LES
CONSÉQUENCES DU NON-RESPECT DU CHRONOGRAMME ANNUEL
Dans le cadre précis de l'étude sur le
non-respect du calendrier scolaire, les conséquences se résument
au niveau de l'insuffisance de nombre d'heures de cours, la non couverture des
programmes d'enseignement, l'insuffisance de l'acquisition des savoirs par les
apprenants, le redoublement et l'abandon liés à l'insuffisance
intellectuelle des élèves.
III.1. Le nombre d'heures
de cours insuffisant
L'insuffisance de nombre d'heures des cours dans le
Département de la Kabbia est une des préoccupations majeures. Le
retard dû au manque des infrastructures scolaires, le manque des
enseignants, l'alternance des cours, les grèves
répétées des enseignants contractuels sont entre autres
les éléments qui réduisent considérablement les
heures d'enseignement dans les établissements de la Kabbia. Au cours de
nos entretiens, il ressort que certaines écoles ont commencé les
cours tard. Le dernier établissement à démarrer les cours
dans les Département de la Kabbia est le lycée de Tagal qui
selon notre informateur a démarré les cours le 24 novembre 2014.
L'intéressé pointe du doigt le manque de structures d'accueil
dignes pour effectuer une rentrée des classes.
C'est aussi le même souci du directeur de collège
de Dogom qui déclare que: « Le retard de la
rentrée scolaire est caractérisé par la lenteur dans la
construction des hangars, le recrutement des contractuels et la tenue de
l'assemblée de l'école ». Pour lui, bien que
le retard soit conditionné par la montée des hangars, les parents
retardent expressément la tenue de l'assemblée de l'école
pour ne pas recruter à temps les enseignants contractuels. Ce
recrutement retardé leur permet de réduire le traitement des
contractuels qui selon eux pose souvent des problèmes
d'arriérés en fin d'année. Cette réalité est
vraiment constatée dans le Département où la fin de
l'année est souvent marquée par des arriérés des
contractuels. La revendication de ces arriérés commence
dès le démarrage de la rentrée nouvelle. Le cas de
collège de Baidou 1 peut être cité comme l'un des exemples
où les cours n'ont pas été faits durant un mois et
vingt-cinq jours à cause de manque des infrastructures scolaires.
Au collège de Bagaye, malgré que les cours aient
commencé le 02 novembre soit un mois après la rentrée
scolaire, ils ont été suspendus avant notre tournée
c'est-à-dire avant le mois de mars suite à la revendication des
enseignants contractuels. Cette grève avait déjà
duré deux semaines sans solution selon notre informateur. Ceci
réduit considérablement les heures d'enseignement.
Si le retard dans la construction des hangars est pour
certains un élément de réduction des heures
d'enseignement, le manque des enseignants est aussi un élément
important dans la réduction des heures d'enseignement dans les
lycées et les collèges de la Kabbia. En effet, dans tout le
Département de la Kabbia, l'on compte 12 enseignants de l'état
repartis dans les collèges et les lycées. Les
établissements sont remplis des enseignants contractuels qui n'ont pas
une formation professionnelle ni moins encore une formation académique.
Dans l'attente des enseignants de l'état, les élèves
finissent l'année quelquefois sans faire cours dans telle ou telle
discipline. Ce retard dans le déploiement des enseignants et la mutation
en milieu d'année occasionnent l'insuffisance des heures des cours.
Au lycée de Pont Carol par exemple, pour l'année
2013-2014, les élèves de la seconde ont fini l'année sans
les professeurs de mathématique et de science de la vie et de la terre.
Selon notre répondant, le Professeur de mathématique de cet
établissement a été promu au poste de direction dans un
autre établissement en plein milieu d'année. Il n'a pas
été remplacé ainsi que celui de sciences de la vie et de
la terre qui n'avait pas regagné son poste de travail.
L'intéressé, nous apprend que les professeurs scientifiques sont
rares et il est très difficile de trouver un professeur pour le
remplacer car celui recruté a été admis à une
école de formation. Ainsi, les heures de ces matières n'ont pas
été assurées durant toute l'année. Ce manque des
enseignants a provoqué le départ massif des élèves
vers d'autres établissements.
Un autre élément non négligeable est
l'alternance des cours dans certains établissements. À cause de
manque des infrastructures d'accueil, certains établissements font
l'alternance comme quoi le lycée fonctionne dans la matinée et le
collège dans la soirée. C'est le cas des établissements
secondaires de Djodo Gassa. Selon notre informateur, « les
cours dans la soirée se déroulent de manière
insuffisante. Au lieu de 5 heures du temps comme prévues dans le
calendrier scolaire, 4 heures du temps seulement sont assurées dans la
soirée à cause de l'obscurité qui gagne le
temps ». Cela signifie qu'une heure du temps d'enseignement n'est pas
assurée du début jusqu'à la fin de la l'année. Il
est donc impossible de récupérer ce temps perdu souligne notre
enquêté.
Dans le Département de la Kabbia, il est à noter
que les établissements fonctionnent grâce aux contractuels qui
sont à la charge des parents. À cet effet, le problème
récurrent est celui de leur traitement. Et comme le problème
financier se pose souvent dans les établissements, les contractuels ne
tardent guère d'aller en grève pour revendiquer leur droit.
C'est pourquoi, lors de notre tournée, nous
avons constaté que deux collèges étaient fermés
dont les enseignants étaient allés en grève. Il s'agit de
collège de Bagaye dans le canton Domo et celui de Hori Zoundoula dans
le canton Djodo Gassa. Concernant ce temps perdu dans ces
établissements, les responsables nous font croire qu'il est très
difficile de rattraper ce temps, car les contractuels affirment qu'ils ne sont
pour rien. Toujours selon les répondants, les contractuels veulent
être payés doublement si l'on veut rattraper le temps perdu. Ce
qui est donc impossible au regard de chef d'établissement. Ainsi,
durant cette crise l'on peut toujours faire passer les élèves
avec un seul bulletin.
Les fêtes traditionnelles, le passage d'une
autorité, le cas de deuil dans le village sont des
éléments qui aussi réduisent les heures d'enseignement.
Dans le Département de la Kabbia, les fêtes comme le
« Vun tila » qui se déroulent le plus souvent entre
la fin de mois d'octobre a une incidence sur la rentrée scolaire.
Certains enfants attendent l'après fête pour regagner les
établissements et cela probablement en novembre. Les
élèves qui ont souvent le goût de cette fête ne
reprennent le chemin d'école qu'après une semaine. Cette
fête qui vient compléter les fêtes nationales a une
incidence sur les heures d'enseignement car les cours ne sont pas faits pendant
une semaine dans certains établissements. Ces heures perdues sont
difficiles d'être récupérées et allongent le chiffre
des heures non effectuées.
Si pendant les fêtes traditionnelles les cours ne
sont pas faits, il est à noter que lors de passage d'une autorité
les cours sont également suspendus. Le cas de la mission
ministérielle pour expliquer le bien-fondé de la
réhabilitation des établissements supprimés. Pendant ce
temps les cours n'ont été faits en raison de l'occupation des
enseignants et élèves précisément au lycée
Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya. Parlant d'une rentrée tardive
occasionnant de perte de temps d'enseignement, on note l'état des
infrastructures scolaires, qui ne permet aux établissements de bien
finir l'année. Dès les premières pluies, les hangars sont
presque tous détruits. Ce qui occasionne le départ des
élèves mettant ainsi fin aux activités scolaires en
général et la fin de l'année scolaire.
Au collège de Djodo-Bissera, notre
répondant note que c'est plutôt l'absence de directeur qui
entraine une rentrée tardive. Au début de l'année, les
parents ont une attention vers l'Etat qui doit envoyer le responsable de
l'etablissement. Mais l'absence ou le retard d'un directeur à son poste
est une occasion pour ceux-ci de profiter avec les enfants à la
récolte. Longtemps attendu en vain, ceux-ci s'en rendent compte que leur
école n'a pas un directeur et cela les oblige à organiser avec
retard et après leur récolte, la rentrée scolaire avec un
contractuel qu'ils confient la direction.
Cette situation tardive du démarrage de
classes réduit considérablement les heures d'enseignement qui ne
sont pas le plus souvent récupérées. Ce qui a amené
notre répondant de Djodo Gassa à affirmer en ces
termes : « les facteurs qui influencent le calendrier
scolaire réduisent au maximum les heures de cours qui au lieu de 900
heures, les enseignants ne font seulement que 300 heures ou 500 heures dans
l'année. Ce temps très minime est encore amputé par des
fêtes traditionnelles qui durent deux à trois jours et les
absences des enseignants ». Pour ce répondant, les
élèves ne peuvent avoir une performance scolaire lorsque les
heures fixées par le Ministère sont normalement
exécutées.
Pourtant, l'adéquation entre le début
effectif des cours en classe et le quantum horaire défini dans les
curricula est un élément fondamental pour garantir aux
élèves un temps d'apprentissage raisonnable dans le cadre de leur
cursus scolaire. Au Tchad, le curriculum prévoit 900 heures
d'enseignement réparties sur 34 semaines de cours à partir du
1er octobre de chaque année. Le Tchad est loin d'atteindre
les 900 heures fixées par le programme officiel.
En somme, le temps scolaire est un
élément fondamental de la performance scolaire. Compte tenu de
la situation sociale, ce temps est suffisamment réduit. Cette
insuffisance des heures d'enseignement a un impact négatif sur
l'apprentissage des élèves, car cela ne permet pas de couvrir le
programme scolaire.
III.2. La non couverture
des programmes d'enseignement
Le programme scolaire est un outil confectionné
en vue de donner le maximum de connaissances aux élèves.
Établi par le Ministère de l'Éducation Nationale, celui-ci
doit être exécuté ou respecté dans un délai
de 9 mois en vue de permettre une meilleure acquisition des connaissances aux
élèves. Pour le Ministère si le programme est totalement
couvert dans son contenu, rien ne pourra empêcher les
élèves d'avoir un bon niveau scolaire. Dans notre étude
nous n'avons pas perdu de vue cet aspect très important qui concerne la
couverture de programme d'enseignement.
Dans le Département de la Kabbia, le taux de
couverture de programme est en dessous de la moyenne dans tous les
établissements. Pendant nos entretiens, pour s'assurer de la couverture
de programme, nous avons consulté les cahiers de texte de certains
établissements. Ainsi, au lycée de Pont Carol par exemple, il
ressort qu'en seconde cinq chapitres ont été faits en
français, six en histoire, quatre en géographie, un chapitre en
mathématique, huit en science de la vie et de la terre et trois en
physique et chimie pour l'année 2013-2014.
À la question de savoir si le programme scolaire
est couvert comme il se doit dans l'établissement, nos répondants
sont unanimes que le programme scolaire n'est jamais couvert. Pour le
proviseur par intérim du lycée Maldom Bada Abbas de
Gounou-Gaya : « À cause des multiples enjeux qui
entravent le bon fonctionnement des établissements, le programme n'est
jamais couvert. La non exécution de programme et la démotivation
des élèves ont un impact négatif sur l'acquisition des
connaissances des élèves ». Pour cet
enquêté, bien que des multiples difficultés aboutissent
à la non couverture de programme, il y'a également une
démotivation du coté des élèves. Cette
démotivation s'explique par la paraisse des élèves dans
les études.
Si beaucoup de nos répondants affirment
organiser des cours de rattrapage pour récupérer le temps perdu,
cela n'est pas le cas chez d'autres comme souligne notre enquêté
du collège de Fegue Hapma : « Il est très
difficile de rattraper le temps perdu car les contractuels mal
rémunérés refusent d'organiser les cours de
rattrapage ». Selon cet auteur, si les cours de rattrapage sont
organisés, cela crée encore une autre occasion de revendication
des contractuels qui ne se reconnaissent pas à l' origine du retard de
rentrée. Même sonne de cloche pour le directeur du collège
de Zaba qui souligne qu'il y a une proposition de cours de rattrapage et que
cela est impossible compte tenu des moyens financiers.
L'intéressé conclut que le temps perdu est
irrécupérable. Pour le directeur du collège de Berem
Ngola : « l'école finit avec l'arrivée de la
première pluie. Le retard et l'arrêt précoce des cours ne
permettent en aucun cas de finir le programme scolaire ». Selon lui
si le programme n'est pas fini, les conséquences sont
énormes : insuffisance des connaissances chez les
élèves, baisse de niveau, redoublement et exclusion.
Le proviseur du lycée de Bongor Hanhan quant à
lui relève que les insuffisances des connaissances chez les
élèves sont dues au fait que l'école ne finit pas
normalement comme il se doit. Le problème de la couverture du programme
scolaire refait surface chaque année. La responsabilité est donc
partagée entre l'administration, les enseignants, des
élèves ainsi que des parents d'élèves. Le
problème est très sérieux surtout pour ceux qui auront
à passer un examen de fin d'année comme l'entrée en
6ème, le BEPC ou le Baccalauréat. L'achèvement
de programme dans les délais devient alors le premier souci de ces
derniers. Le retard dans les leçons est déjà
considérable, ce sera difficile de rattraper les cours. La place du
directeur et l'aménagement du calendrier scolaire constituent, certes,
des éléments importants à tenir compte lors de
l'évaluation de l'effet-enseignant mais aussi, d'autres
paramètres entrent en jeu, en l'occurrence, le travail de groupe. On
comprend dès lors, pourquoi certaines écoles connaissent de
mauvaises performances lors des examens organisés à
l'échelle nationale, à l'instar de ceux qui donnent accès
à l'enseignement secondaire ou supérieur.
Les candidats de certaines écoles abordent
ces épreuves sans avoir achevé le programme de l'année en
cours et dans d'autres cas, le programme est vu au rabais. Selon le rapport de
la Banque Mondiale (1988), les bons résultats relevés au sein des
écoles bénéficiant d'un encadrement adéquat du chef
d'établissement s'expliqueraient à la fois par le respect du
programme par les enseignants et l'utilisation du matériel didactique
qui leur est proposé par l'école.
Ainsi le programme scolaire est un
élément déterminant s'il est couvert dans sa
totalité. Le contraire entraine une insuffisance des connaissances chez
les élèves causant ainsi la baisse de niveau des apprenants
aboutissant à un mauvais rendement scolaire.
III.3. L'insuffisance de
l'acquisition des savoirs par les élèves
Quand on se réfère aux nombreuses
évaluations internationales qui se sont intéressées au
niveau des acquis scolaires dans l'enseignement, elles indiquent globalement
que les apprenants n'ont aucune maîtrise des compétences de base
(UNESCO, 2004 ; OCDE, 2007). Cette insuffisance semble affecter plus les pays
en voie de développement dont le Tchad. Dans la Kabbia où nous
menons nos études, la situation n'est pas du reste. Selon le rapport de
rencontre des chefs d'établissements (2011), initié par
l'Inspection Départementale de l'Éducation Nationale de la
Kabbia, les participants se sont accordés pour évaluer le niveau
d'acquisition des élèves.
À cet effet, un échantillon de 100 copies
du concours d'entrée en 6ème en dictée, calcul
et connaissances usuelles au CEPT ont été prélevées
ainsi que 100 copies de BEPC des matières littéraires et
scientifiques. De ce qui ressortait, en dictée à l'entrée
en 6ème et CEPT, les notes ont varié de 00 à
03 /20 pour 38 copies vérifiées de dictée et
calcul et de 00-12/20 pour 38 copies en connaissances usuelles. En
mathématique par contre, elles ont varié de 00 à 13/20 sur
30 copies vérifiées. Après les travaux de l'atelier, les
différents groupes ont restitué ce qui suit :
-Aucune connaissance nécessaire en vocabulaire
disponible chez les élèves et que toutes les fautes sont
commises en grammaire, orthographe et conjugaison ;
-Les élèves ne maitrisent pas la langue
d'apprentissage en l'occurrence le français ;
- Il y'a une incapacité notoire des
élèves à apprendre leurs leçons ou de
décrire avec exactitude les phénomènes biologiques et les
formules données pendant les cours ;
-Il y a également la non maitrise par les
élèves, de la conversion en système métrique et
arithmétique et le manque de raisonnement dans la
résolution des problèmes dans les disciplines scientifiques.
Les participants ont aussi apprécié de
justesse les notes accordées par les correcteurs et ont souligné
que les notes sont fictives dans la plupart des cas tout en reconnaissant le
mauvais comptage des points par les enseignants. Ce rapport d'évaluation
des examens et concours a prouvé que le niveau d'acquisition des
élèves dans le département de la Kabbia est très
faible. Ce faible taux d'acquisition des connaissances est aussi reconnues par
nos enquêtés.
C'est ainsi que certains chefs
d'établissement nous ont avoué que les élèves de
manière générale et ceux de la 6ème en
particulier ne savent lire et cela les obligent à insérer comme
initiative un cours de lecture surtout pendant les heures de français
pour permettre à ces élèves d'apprendre à lire.
Ici, il se pose un problème de qualité de l'éducation
prônée par le cadre d'action de Dakar 2000. Pour le document, le
progrès essentiellement quantitatif ne suffit pas et qu'il faut
améliorer les conditions d'accès à l'éducation en
ce sens que cela s'accompagne de progrès concernant la nature et la
qualité de l'enseignement. Ainsi l'un des objectifs de l'UNESCO (2000)
est d'améliorer sous tous ses aspects la qualité de
l'éducation dans un souci d'excellence, de façon à obtenir
pour tous des résultats d'apprentissage reconnus et quantifiables
notamment en ce qui concerne la lecture, l'écriture, le calcul et les
compétences indispensables dans la vie courante.
À ce propos Charbit et Kébé
(2006) pensent qu'il ne faut pas seulement être à mesure de
créer des écoles, de construire des classes ; le défi
majeur consiste à garantir la qualité de l'enseignement
dispensé à travers des acquis réels des apprenants. Selon
eux, la faiblesse des niveaux de performance serait liée au fait que
pendant plusieurs années, les systèmes éducatifs ont mis
l'accent sur l'accès à l'éducation en multipliant la
capacité d'accueil ou l'éducation de masse.
Ainsi le niveau d'acquisition des connaissances très
faible des élèves entraine au cours de l'année le
redoublement et l'abandon.
III.4. Le redoublement et l'abandon scolaire
liés à l'insuffisance intellectuelle des
élèves
Le redoublement est la décision de faire
reprendre l'année scolaire qu'un élève vient de terminer
compte tenu de sa réussite générale qui se relève
insuffisante au regard de l'apprentissage de base jugé essentiel pour
poursuivre sa formation scolaire avec des meilleures chances de succès.
Quant à l'abandon, c'est le fait pour un élève ou une
élève, de quitter l'école avant la fin de la
période de l'obligation scolaire. Le phénomène de
l'échec scolaire, qu'il prenne la forme d'abandon, de redoublement
fréquent ou des résultats scolaires médiocres, s'observe
à tous les niveaux du système éducatif en
général et dans l'enseignement secondaire en particulier.
Dans le Département de la Kabbia,
l'échec est observable à tous les niveaux. La baisse de la
qualité de l'enseignement se traduit par le taux élevé de
redoublement et d'abandon scolaire. Le taux de redoublement est un bon
indicateur de l'efficacité du système éducatif. Lorsque le
taux est élevé, cela signifie que beaucoup d'élèves
n'ont pas atteint le niveau attendu d'eux. Le redoublement, un
élément qui intervient dans la déperdition scolaire fait
qu'un élève reste dans la même classe et accomplit le
même travail que l'année précédente.
Le redoublement est considéré comme une
déperdition car il empêche d'autres enfants de
bénéficier dans l'immédiat de l'enseignement. C'est donc
un handicap pour les élèves car ceux-ci restent dans la
même classe et accomplissent le même travail que l'année
précédente. En plus des années perdues, le redoublement
provoque des dépenses supplémentaires tant pour l'Etat que pour
les familles. Cette situation lamentable laisse entendre que la plupart des
ressources utilisées dans la Kabbia sont gaspillées.
Cependant, on note un nombre considérable des
redoublants dans le Département de la Kabbia traduisant le
`` gaspillage'' des ressources. Au Lycée Maldom bada Abbas de
Gounou-Gaya, pour l'année 2012-2013, sur un effectif de 1600
élèves, l'on compte 750 redoublants soit un pourcentage de
46,87%. De même au lycée de Pont Carol, dans la même
année, sur un effectif de 1440 élèves, on dénombre
297 redoublants soit un pourcentage de 30,63%. Ce taux de redoublement
très important reflète l'image de la baisse de niveau des
élèves. Ainsi, note le Proviseur du lycée Maldom Bada
Abbas de Gounou-Gaya ce qui suit : « le taux
élevé de redoublement d'une année scolaire est la
conséquence du manque de niveau des élèves qui, ayant pris
goût à la facilité sont incapables de travailler dur et ne
peuvent supporter et rester dans la course pour l'excellence
prônée par le gouvernement dans les écoles, lycées
et universités ». Selon ce répondant, les
élèves optent plus à la facilité en mettant en jeu
les moyens financiers pour leur passage en classe supérieure.
Et comme le faible niveau des élèves ne leur
permet pas de rester dans la course pour l'excellence, d'autres abandonnent les
cours en milieu de l'année. Pourtant, le but d'un élève
inscrit dans un cycle déterminé est d'arrivée dans un
délai prescrit au bout du cycle. Dans ces conditions, tout abandon est
une déperdition, car l'élève a interrompu le mouvement de
la population scolaire. L'intéressé revient et reprend ces
études au bout d'un certain temps dans la même classe où il
devient redoublant.
Ce phénomène, bien observé dans le
Département de la Kabbia se présente selon l'enquête que
le taux d'abandon varie de 0,23% au collège de Fegué I à
20,81% au lycée de Domo Dambali. Comme le redoublement, l'abandon est
une véritable perte économique pour le système scolaire
car l'enfant désapprend facilement et devient analphabète.
L'abandon des élèves dans le Département de la Kabbia est
de deux sortes : il y a l'abandon volontaire et involontaire qui
intervient avant la fin du cycle et l'exclusion définitive par le
conseil d'orientation ou conseil de discipline pour insuffisance de travail et
le décès qui interrompe la vie et les études.
En effet, au terme d'une année scolaire, il est
fréquent de lire sur les bulletins des élèves des
appréciations comme : admis en classe supérieure,
redoublement, exclusion pour insuffisance de travail ou abandon. Si le
redoublement est fréquent dans les établissements de la Kabbia,
les exclusions pour insuffisance de travail ne sont pas du reste. Il varie de
00% au collège privé fille de Gounou-Gaya à 21,64% au
lycée de Pont Carol où 187 élèves ont
été exclus. Le tableau ci-après nous permet de faire une
lecture détaillée sur le redoublement et l'abandon des
élèves dans le département de la Kabbia.
Tableau
no18 : Effectifs d'abandons et de redoublement des
élèves
Etablissements
|
Effectifs
|
Abandons
|
%
|
Redoublants
|
%
|
|
|
Collèges
|
10074
|
756
|
7,50%
|
3321
|
32,96%
|
Lycées
|
9248
|
644
|
6,94%
|
3410
|
36,82%
|
Total
|
19322
|
1400
|
7,24%
|
6731
|
34,83%
|
Source de tableau :
Données des enquêtes
Ce tableau nous présente les statistiques de
redoublants et des abandons dans le Département la Kabbia. Concernant
les abandons, on note que sur un effectif de 19322 élèves, il
y'a 1400 élèves qui ont abandonné et 6731 ont
redoublé. Ce qui nous donne effectif total de 8131 élèves,
soit 42,08%. Ceci nous permet de confirmer que le rendement interne des
établissements secondaires du Département de la Kabbia est
faible.
En définitif, les activités scolaires dans le
Département de la kabbia font face à des nombreuses
difficultés. Au regard de développement ci-dessus, les
données de l'analyse permettent de confirmer l'hypothèse une (1)
de notre étude sur la gestion de temps matériel des
activités scolaires. Selon l'enquête, les activités
économiques accès sur la recherche des moyens financiers, le
maintien des élèves par les parents pour le besoin des
récoltes et l'inondation des écoles sont des facteurs qui
influencent négativement le rendement interne faible des
établissements secondaires de la kabbia. Ces facteurs agissent
directement sur les activités scolaires entrainant l'insuffisance de
nombre d'heure d'enseignement et la non couverture de programme scolaire qui
ont pour conséquences la faible acquisition des connaissances par les
élèves débouchent au redoublement et l'abandon scolaire.
Ainsi, les obstacles d'ordre économique, naturel et agricole qui
empêchent le bon déroulement des activités scolaires dans
le Département de la Kabbia sont la cause de rendement interne faible
des établissements secondaires.
CHAPITRE IV : LA
GESTION DE CHOIX AU POSTE DE CHEF d'ÉTABLISSEMENT
SCOLAIRE
Dans l'établissement d'enseignement secondaire, le
chef d'établissement est le premier maillon de la hiérarchie qui
représente l'État dans l'institution scolaire. Il assure et
veille scrupuleusement à l'application de la discipline et au respect de
la législation scolaire. Dans ce chapitre, nous abordons la
manière dont les responsables sont nommés au poste
d'établissement, leur professionnalisme, leur ancienneté et leurs
implications dans les établissements.
I. LES CONDITIONS A LA
NOMINATION DE CHEF D'ÉTABLISSEMENT
On observe à travers le monde, une grande
diversité dans la promotion des chefs d'établissement. Les
conditions préalables à la nomination peuvent être des
conditions de qualification ou d'expérience professionnelle en tant
qu'enseignant ou administrateur. Pour l'UNESCO (2006), la promotion
s'accompagne généralement d'une formation spécifique qui
peut être préalable ou intervenir lors de la prise de fonctions et
durant les premières années d'exercice des chefs
d'établissement.
Dans la plupart des pays du monde, les chefs
d'établissement doivent être qualifiés comme enseignants et
posséder une ancienneté dans les fonctions allant de 2 à
10 ans. UNESCO (2006) souligne qu'en Europe, seule la Finlande, exige des
enseignants qui veulent devenir chef d'établissement qu'ils
aient obtenu un diplôme supérieur d'administration scolaire. Les
autres Etats, n'imposent pas de conditions d'ancienneté de fonction. Aux
Etats-Unis, on exige pour accéder à la direction, une
qualification professionnelle spécifique (licensure)
conférée par une formation universitaire en gestion de
l'éducation. Cette qualification peut parfois être acquise
après la prise de fonction. Il arrive que cette licence soit
accordée en deux étapes, l'une précédant la
nomination et l'autre après quelques années. Si les
administrateurs de l'éducation ont généralement
débuté leur vie professionnelle comme enseignants, ce n'est pas
une exigence et l'accès au métier est assez diversifié.
Au Tchad, il n'existe pas une loi qui régit la
nomination de chef d'établissement scolaire. Néanmoins, la loi
no 16/PR du 13 mars 2006, en son article 103 indique que les
directeurs et les chefs d'établissement sont choisis parmi les
enseignants à partir d'une liste d'aptitude et que les modalités
sont déterminées par voie réglementaire. Ce qui nous
laisse comprendre que le responsable nommé à la tête d'un
établissement doit être au préalable un enseignant de
carrière qui doit jouer à la fois le rôle administratif et
pédagogique. Aussi, on note par là que les chefs
d'établissement sont nommés d'après leur
compétence, leur mérite et leur ancienneté.
Le Décret no 900/PR/PM/MFPTE/2006 Fixant le
statut particulier des corps de fonctionnaires du Secteur de
l'Éducation, précise en son article 15 les emplois normaux
correspondant aux différents corps du cadre de l'enseignement
secondaire. Ainsi, un professeur certifié de lycées
d'enseignement général a pour emploi normal l'enseignement dans
les lycées d'enseignement secondaire général. Il peut
cependant occuper les fonctions de Directeur Général, du
Délégué Régionale de l'Éducation Nationale,
de l'Inspecteur de l'enseignement général secondaire, du
Directeur de l'École Normale, de Proviseur de lycée et de censeur
de lycée.
Un Professeur de lycée d'enseignement secondaire
général a pour emploi normal l'enseignement dans un lycée
d'enseignement général. Mais, il peut occuper des fonctions qui
peuvent faire de lui un Directeur, un Délégué
Régional de l'Éducation Nationale, un Inspecteur de
l'enseignement général secondaire, un Directeur de l'École
Normale, un proviseur de lycée et un censeur.
Un professeur de collège d'enseignement
général a pour emploi l'enseignement au collège. Il peut
à cet effet occuper le poste de Directeur de CEG, de Directeur des
Études et de chef de services.
Tout contre fait, la loi no 17/PR/2001du 31
décembre 2001 en son article 53 souligne qu'il est formellement interdit
de faire assumer par un stagiaire les responsabilités afférentes
aux fonctions de direction ou de contrôle.
À cet effet, ils sont nommés soit par un
arrêté du Ministre en charge de l'Éducation Nationale soit
par une décision du délégué régional de
l'éducation nationale ou encore par une décision de l'Inspecteur
Départemental de l'Éducation Nationale pour
nécessité de service.
En effet, être à la tête d'un
établissement d'enseignement secondaire requiert un certain nombre de
compétences, d'habilités et de savoir-être. Tout
responsable nommé à la tête d'un secteur donné de
l'enseignement doit être au préalable un enseignant de
carrière car il a deux rôles à jouer : le rôle
administratif et le rôle pédagogique. Le chef
d'établissement est celui la qui remplit ces deux fonctions. En France,
le statut défini par le décret 81-487 du 8 mai 1981 fixe les
conditions de nomination dans certains emplois de direction
d'établissement d'enseignement relevant du Ministère de
l'Éducation Nationale. Au terme de l'article 5 de la loi
française, pour devenir proviseur principal, il faut remplir trois
conditions :
-Avoir au moins trente ans ;
-Avoir accompli au moins cinq années comme titulaire
dans un corps d'enseignant, d'éducation ou d'inspection de
l'éducation nationale ;
-Avoir été inscrit sur une liste d'aptitude.
Outre ces conditions, il faut que le proviseur soit marié.
Le manque de texte portant promotion au poste de chef
d'établissement aboutit à la nomination arbitraire des chefs
d'établissement.
I.1. La promotion au poste
des chefs d'établissement
La nomination est la
désignation d'une personne à un emploi ou à un poste de
travail. On observe à travers le monde une grande diversité dans
les conditions de nomination des chefs d'établissement.
Au Tchad, le chef d'établissement est
nommé soit par un arrêté du Ministre en charge de
l'Éducation Nationale, soit par une décision du
Délégué Régional de l'Éducation Nationale
ou encore par une décision de l'Inspecteur Départemental de
l'Éducation Nationale pour nécessité de service. En effet,
être à la tête d'un établissement d'enseignement
secondaire requiert un certain nombre de compétences, d'habilités
et de savoir être. Tout responsable nommé à la tête
d'un secteur donné de l'enseignement doit-être au préalable
un enseignant de carrière car il a deux rôles à
jouer : le rôle administratif et le rôle pédagogique.
Le chef d'établissement est celui-là qui remplit ces deux
fonctions. La loi no 16/PR du 13 mars 2006, en son article 103
stipule que les directeurs et les chefs d'établissement sont choisis
parmi les enseignants à partir d'une liste d'aptitude. Les
modalités de cette liste sont déterminées par voie
réglementaire. Par là, nous comprenons que tout responsable
nommé à la tête d'un établissement doit être
au préalable un enseignant de carrière qui doit jouer normalement
le rôle administratif et pédagogique à la fois. Cela nous
fait comprendre que les chefs d'établissement sont nommés
d'après leur compétence, leur mérite et leur
ancienneté.
Eu égard à ces conditions de
nomination des chefs d'établissement, nous avons interrogé nos
enquêtés sur le sujet. Ainssi, plusieurs tendances se sont
dégagées pour une négation. Sur 51 enquêtés
43 soit 84,31% chefs d'établissement ont affirmé que les
nominations sont arbitraires et ne respectent pas les textes en vigueur. Ce
pourcentage se repartit de la manière suivante : 24 soit 47,05% des
répondants des collèges publics, 9 soit 17,64% des
répondants des collèges communautaires, 4 soit 7,84% aux
collèges privés et 6 soit 11,76% des répondants aux
lycées. Nos répondants nous expliquent cela par la corruption,
l'affinité et l'appartenance politique ou ethnique.
Ainsi, au collège de Djodo Gassa, notre
répondant note que les nominations ne tiennent pas en compte les
facteurs techniques mais prennent plus d'ampleur
politique : « va manger ». Il continue en disant
que les techniciens sont abandonnés au profit de non techniciens et que
parmi ceux-là, il y a des responsables qui ne savent comment tenir le
cachet. On comprend de cet auteur que les nominations sont politisées
dans le but de récompenser certaines personnes et non d'arranger une
situation scolaire. Cela existe non seulement dans les écoles publiques
mais aussi dans les écoles communautaires et même privées.
Une telle situation a été relevée par le secrétaire
du SET qui reconnait que l'école tchadienne souffre aujourd'hui à
cause d'un bon nombre des dirigeants qui sont des novices voire des
parachutistes dans le système. Ils sont imposés au
Ministère de l'Éducation Nationale au nom d'une solidarité
gouvernementale, des hommes politiques qui cherchent à asseoir leur
politique. Comme exemple, il note qu'un homme politique et non de moindre
est intervenu pour exiger que tous les responsables scolaires de son terroir
soient des militants de son parti. Ce qui veut dire que l'accession au poste de
responsabilité d'un chef d'établissement ne dépend non de
la compétence mais de la possession d'une couleur ou d'une carte d'un
parti.
A ce sujet, notre répondant du collège
communautaire de Goye note que même les parents préfèrent
qu'il y ait toujours à la tête de leur collège un des leurs
enfants car disent-ils selon l'auteur : « si un homme
achète une vache, le lait revient à ses
enfants ». Pour cet intéressé, les parents
considèrent le poste de direction comme une vache à lait dont il
faut profiter les enfants de la localité et cela tout en oubliant
l'intérêt suprême des enfants qui est celui de la
réussite.
Toujours à ce sujet, le directeur de
collège Dougaye de Gounou n'est pas du reste et note ce qui suit :
« le système éducatif est dans un chaos total dans la
mesure où l'État est absent dans les établissements et
d'ajouter que la gestion catastrophique du personnel est
caractérisée par la mauvaise répartition au niveau de la
Kabbia ». Pour ce répondant, comme les techniciens n'ont pas
la parole devant les politiciens, la carte scolaire n'est pas respectée
et on assiste au clientélisme. Ce qui fait que les établissements
privés sont bourrés par les agents de l'État au
détriment des établissements publics.
Ce clientélisme ne laisse pas indifférent le
directeur du collège de Bagaye qui soutient que la nomination des
responsables scolaires est caractérisée par un
phénomène de corruption. Comme il y a une mauvaise
répartition qui se fait au niveau national, cela entraine au niveau
départemental et sous-préfectoral une mauvaise
répartition. Ainsi, pour avoir un enseignant ou un directeur
à la tête de son établissement, il faut dépenser des
moyens financiers. L'intéressé conclut que les chefs
d'établissement nommés par affinité et pour des raisons
politiques ne s'occupent pas normalement des établissements et se
cachent derrière la politique. Ce qui amène le directeur de
Djarao Baidou I à dire que : « Par manque de suivi de la
hiérarchie, les responsables nommés politiquement sont souvent
absents de leur poste car ceux-ci suivent plus le chemin de la politique dont
ils dépendent ». Autrement dit pour ce répondant, il y
a un laisser aller dans ce que font les responsables dans les
établissements scolaires.
Ce qui fait dire le directeur du collège Maldom
Bada-Abbas de Gounou-Gaya : « Qu'il y a un laisser aller de
l'état politique dans l'éducation et cela fait que chacun fait ce
qui lui semble bon ». Pour lui, à cause de manque des
enseignants qualifiés, on nomme les stagiaires. Le répondant
conclut que tout cela est l'oeuvre des hommes politiques locaux qui ont
lavé le cerveau des parents par des promesses et que la solution pour ce
problème est l'intervention de l'État.
Toujours au sujet de la responsabilité, le
directeur du collège de Domo Dambali n'est pas du reste. Pour lui :
« la nomination des responsables est illogique en ce sens que les
choses ne marchent pas. À partir du vécu, il met l'accent sur
l'appartenance régionale des natifs qui refusent les affectations en
dehors de leur localité ». Pour lui, ceux-ci tournent aux
alentours de la localité pour créer de problème aux non
natifs nommés à leur place. Mettant l'accent sur le
clientélisme, il confirme que le poste se négocie avec
l'équipe départementale qui affirme que de nos jours le poste
s'achète et tant que vous ne négociez pas vous allez demeurer
comme ça. Cette réalité se vie non seulement dans la
Kabbia mais aussi au niveau national. Comme exemple, l'ex Directeur du
collège de Djargaye qui deux ans durant est reconnu au niveau national
comme chef d'établissement de ce collège et au niveau
départemental est chargé des cours au lycée Maldom Bada
Abbas de Gounou-Gaya. Une situation contradictoire créée par les
parents d'élèves et l'Inspecteur Départemental. En 2012,
lors d'une rencontre avec l'Inspecteur Départemental, celui-ci se
pleignait en ce termes : « Quelque enseignants ont
été envoyés dans le Département de la Kabbia et que
certains étaient envoyés avec consigne de les mettre à
Pont Carol. Nous comprenons qu'il se passe beaucoup des choses inadmissibles
dans la Kabbia surtout en matière de responsabilité et que les
conséquences retombe sur les élèves. La question touche
aussi le directeur de Bellé Vangza qui s'exprime en ces
termes : « si les dirigeants ne changent pas dans leur
façon de faire, l'école évoluera toujours en
régression. Les nominations aux postes de direction sont juste une
manière de se procurer de l'argent de Comité de Gestion des
Établissements Scolaires qui est une vache à lait pour le chef
d'établissement et les inspecteurs ». Pour lui les responsables
scolaires ne visent que l'argent de COGES et se partagent avec leur chef
hiérarchique pour se maintenir à leur poste.
En somme, à travers les informations
recueillies des uns et des autres, il ressort que la promotion au poste de
direction ne respecte pas les textes en vigueur. Certaines nominations sont
tantôt politiques, tantôt par affinités et d'autres sont
l'oeuvre du clientélisme. C'est pourquoi, le rapport national sur le
développement de l'éducation au Tchad (1996) affirme en ce qui
concerne les chefs d'établissement qu'il n'y a pas une formation
spéciale de chefs d'établissement de quelque niveau que ce soit.
Selon le document, ils sont simplement nommés sur des critères
qui ne sont pas toujours ceux de la compétence. Ce critère ne
tient pas compte du professionnalisme de chef d'établissement.
I.2. Le professionnalisme
des chefs d'établissements
Tout métier exige une
formation professionnelle préalable. Il s'agit en effet pour celui qui
se spécialise dans une activité de connaitre les règles de
travail qui lui permettront d'obtenir les meilleurs résultats,
d'assimiler la technique mise au point par ceux qui l'ont
précédé. De manière générale, le
professionnalisme d'un chef d'établissement réfère
à sa conscience professionnelle qui se traduit par certaines pratiques
comme la morale professionnelle, la régularité et le zèle
au travail. Selon Pelletier (2006b), une profession se caractérise entre
autres par la présence d'activités complexes et de
compétences élevées, et par l'octroi d'un statut distinct
associé à des procédures de sélection pour
l'entrée en fonction.
Au Tchad, les instituts assurant la formation
professionnelle des enseignants sont : les ENI implantées dans les
vingt-trois régions qui assurent une formation initiale des enseignants
du primaire dont la finalité est de faire acquérir aux futurs
enseignants le savoir, le savoir-faire et le savoir-être à la
formation intellectuelle et morale des enfants.
Au niveau secondaire, la formation initiale des
enseignants est assurée dans les Écoles Normales
Supérieures d'Abéché, de Bongor, de N'Djamena et de Sarh.
Ces instituts assuraient au départ la formation initiale des professeurs
des collèges mais de nos jours préparent pendant trois ans, les
étudiants qui sortent avec une licence professionnelle. Quant à
l'École Normale Supérieure de N'Djamena, elle forme des
professeurs licenciés (bac+3ans) et les professeurs certifiés
(bac+4ans). Les lauréats sont destinés à l'enseignement
secondaire et technique.
Les conseillers pédagogiques, les
Inspecteurs pédagogiques de l'enseignement primaire et les professeurs
des écoles normales sont formés également dans cet
institut. L'institut de Bongor était spécialisé dans la
formation des enseignants dans des disciplines beaucoup plus scientifiques mais
de nos jours tend à être généralisé. Cette
formation aboutissait à l'obtention de CFEN pour les instituteurs et le
certificat d'aptitude professionnelle de l'enseignement au collège
général (CAP-CEG) deux ans de formation pour les titulaires de
baccalauréat) et certificat d'aptitude professionnelle de l'enseignement
dans les lycées (CAPEL).
Ce sont donc ceux-ci qui deviennent le plus
souvent des directeurs des collèges et des proviseurs des
lycées. Si le professionnalisme réfère à la
qualification, à la formation et à la conscience professionnelle,
il est à noter que dans le Département de la Kabbia, une grande
partie des chefs d'établissement sont sans formation professionnelle. Au
cours de nos entretiens, 46 soit 90,11% des répondants nous ont
confirmé que certains chefs d'établissement sont sans formation
professionnelle. Ces informations recueillies ont été reparties
selon les établissements dont le pourcentage sont les suivants : 25
soit 49,01% aux collèges publics, 9 soit 17,64% dans les collèges
communautaires, 4 soit 7,84% aux collèges privés et 8 soit 15,68
dans les lycées. Nos répondants expliquent le professionnalisme
des chefs d'établissement par le manque de formation professionnelle.
D'après nos enquêtés, le manque de
professionnalisme est considéré comme l'une de causes du
rendement interne faible des établissements dans la Kabbia. Les
répondants citent dans leurs informations les différents
établissements gérés par les bacheliers. Comme exemples,
le collège public de Kakou 4 est dirigé par un bachelier, le
collège public de Hori Zoundounla dirigé par un bachelier, le
collège public de Halmi dirigé par un instituteur bachelier, le
lycée public de Léo Mbassa dirigé par un contractuel et
tous les collèges communautaires et privés. Manqués d'une
formation professionnelle, ceux-ci apprennent leur métier dans le tas et
leur formation continue n'est pas assurée. Comme exemple un directeur
bachelier d'un collège n'ayant aucune notion de rédiger le
rapport est obligé de descendre au Département pour se renseigner
de la manière dont on rédige le rapport.
Aussi, les non formés tout comme ceux qui ont
suivi la formation sont sans morale professionnelle et négligent les
règles qui régissent le comportement des agents au sein de
l'établissement, donc se permettent n'importe quel acte et agissent
selon leur fantaisie. Ce manque de morale professionnelle occasionne la
mésentente au sein de l'établissement. Ce qui a engendré
en 2012 une bagarre entre un proviseur et son surveillant sur un propos mal
tenu à l'égard de son collaborateur. Débordé par la
colère, le surveillant ne tarda de bondir sur son Proviseur. Pourtant,
ces deux personnes sont appelées à travailler dans un même
établissement et témoigner leur professionnalisme à
l'environnement qui les entoure. Ce constat montre que certains chefs
d'établissements collaborent moins avec leur personnel.
Manqués toujours de conscience
professionnelle, ceux-ci ne font plus preuve de ponctualité et de
régularité dans leurs lieux de service. Pourtant, la
régularité est la disposition fondamentale de la vie morale et sa
condition première. Le chef d'établissement doit s'exiger cette
régularité s'il veut aussi l'obtenir de ses élèves
et enseignants. En outre, il ne peut y avoir un travail bien fait que du
travail strictement réglé. La régularité exige que
le chef d'établissement vienne chaque jour au bureau et toujours
à l'heure sinon avant l'heure et travailler régulièrement
et ne rentre pas avant l'heure sinon après les élèves.
L'idée d'une « heure africaine », fluctuante,
imprécise et aléatoire est un prétexte des paresseux et
des laxistes et doit être combattue.
Cette notion de régularité dans les
établissements de la Kabbia manque assez à certains chefs
d'établissement qui ont toujours à la tête la notion
« d'heure africaine ». Ils ne sont pas souvent ponctuels et
réguliers. À ce sujet, on note que la plupart des chefs
d'établissement de province résident dans les grands centres
situés entre 30 à 45 km, sont souvent en état de retard.
Les cas de certains collèges et lycées illustrent bien cet
état d'irrégularité. Au collège de Fegue Hapma par
exemple, nous avons constaté le retard du chef d'établissement
qui s'était présenté dans son bureau à 9 h 36 mn
alors que la rentrée des classes est fixée à 7 h 15 mn.
Or, le principe voudrait que celui-ci arrive avant les autres pour leur servir
les nécessaires.
C'est pourquoi, pendant nos entretiens, il ne nous
a pas caché de nous avouer que les chefs d'établissement viennent
aussi en retard au bureau. Dans un autre collège, une fois les
inscriptions terminées, le chef d'établissement brille par son
absence au bureau. On dirait comme si le rôle des chefs
d'établissement se résume au niveau des inscriptions et
réinscriptions. Même son de cloche pour le directeur de
collège de Belle Vangza qui réside à 45 km de son poste de
travail et aussi du proviseur du Lycée de Koumou. Cette situation
décourage non seulement la population mais aussi les autorités
scolaires qui ne cessent d'écrire contre ces derniers. C'est ainsi que
la population de Bellé Vangza a écrit à la
hiérarchie demandant le départ du directeur du collège
qui selon eux réside dans le chef-lieu de Département à 45
km. Si la conscience Professionnelle met l'accent sur la ponctualité,
celle-ci n'exclut pas la régularité.
La ponctualité et la régularité
permettent au chef d'établissement de bien contrôler les
activités au sein de son établissement. La
régularité d'un chef d'établissement motive ses personnels
au travail. La conscience professionnelle exige au chef d'établissement,
s'il veut avoir un bon résultat, d'être ponctuel et c'est cette
ponctualité qui lui permettra de contrôler les autres afin de les
reprocher au sujet de ce qui ne marche pas.
Tableau
no19 : Nature de diplôme des chefs d'établissement
dans la Kabbia
Diplôme
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Pourcentage
|
Bac
|
04
|
00
|
04
|
7,84%
|
CFEN
|
11
|
00
|
11
|
21,56%
|
CAP -CEG
|
18
|
01
|
19
|
37,25%
|
Licence
|
12
|
00
|
12
|
23,52%
|
Maitrise
|
05
|
00
|
05
|
9,80%
|
Total
|
50
|
01
|
51
|
100
|
Source de tableau: Données des
enquêtes
Dans ce tableau on retient que les chefs
d'établissement d'après leur formation initiale n'ont pas de
formation spéciale dans le domaine de la gestion des
établissements scolaires. On note parmi ceux-ci un pourcentage important
7,84% des directeurs bacheliers qui n'ont aucune formation professionnelle ou
académique, 21,56% de ceux qui ont reçu une formation
destinée à l'enseignement primaire se retrouvent à la
tête des collèges.
Or, les établissements secondaires ont besoin
de personnel qualifié et expérimenté. La qualité et
la formation du chef d'établissement sont reconnues par bon nombre des
chercheurs. Elles mettent l'accent sur ses tâches administratives, sa
gestion des ressources humaines, sa capacité d'écoute et ses
compétences d'animation d'équipes. Pour ce qui est de
l'expérience professionnelle des chefs d'établissement, les
résultats des études tendent à montrer que plus
l'expérience est longue, plus élevés sont les niveaux de
performance des élèves (Mingat & Jarousse, 1989). Il est
à noter que l'expérience interagit également avec la
formation académique, que celle-ci soit scolaire ou autre. En fait,
l'ambivalence de la relation entre l'expérience professionnelle de
l'enseignant et le rendement scolaire s'explique par le fait que
l'expérience professionnelle interagit, d'une part, avec l'âge et
d'autre part avec le niveau de qualification d'instruction.
Toutefois, l'expérience professionnelle qui
offre une mesure approchée de l'âge du chef d'établissement
est positivement associée à la progression des
élèves. L'analyse approfondie de cette question a conduit
à identifier des catégories d'ancienneté où l'on
constate le plus d'effet. Selon Lemrabott (2003), la tranche de plus de 11
années d'expérience est la plus favorable aux progressions des
enfants comparativement aux catégories des moins de six années
d'expérience. Bressoux, et al (2006) ont monté que
l'expérience semble également avoir un impact positif sur les
scores des élèves. Pour autant il ne s'agit pas de
considérer la bonne qualité du climat scolaire comme un processus
autocratique, ni l'autonomie des établissements comme un caporalisme. La
recherche suggère au contraire que la condition d'un climat scolaire
agréable et efficace réside dans la gouvernance
démocratique des établissements. Cela est vrai tant au niveau des
adultes que dans les instances de paroles des élèves.
En bref, il est à noter que la promotion au
poste de responsabilité reste un problème délicat dans la
mesure où la formation et le mérite de l'individu ne sont pas
pris en considération. Ce qui fait que certains collèges
officiels sont dirigés par des bacheliers, des instituteurs et des
stagiaires Ce qui nous amène à dire que la nomination des chefs
d'établissement ne prend pas en compte l'ancienneté des agents
nommés.
I.3. La non prise en
compte de l'ancienneté du chef d'établissement
Généralement, que ce soit dans
l'éducation ou dans une autre institution, la promotion à la
tête d'une organisation doit tenir compte de l'ancienneté.
Au Tchad, les nominations aux postes de chefs
d'établissement sont théoriquement déterminées par
la loi no 16/PR du 13 mars 2006 qui relève que pour
être nommé à la tête d'un établissement il
faut avoir son nom sur la liste d'aptitude. C'est une liste qui
détermine la qualification de l'enseignant, son expérience et son
ancienneté dans la fonction. Conformément à cette loi, la
réalité sur le terrain est tout autre chose dans le
Département de la Kabbia.
D'après notre enquête, 78,43% de nos
répondants nous ont affirmé que les nominations des chefs
d'établissement ne prennent pas en compte leur ancienneté. Ces
données ont été reparties par établissements comme
suit : 24 soit 47,05% aux collèges publics, 8 soit 15,64% dans les
collèges communautaires, 4 soit 7,84 dans les collèges
privés et 4 soit 7,84% dans les lycées. À ce sujet, nos
répondants parlent toujours de nomination politique, payante et par
affinité. À cet effet, un des répondants affirme
que: « la nomination des chefs d'établissement subit
beaucoup plus l'influence politique ; d'où la mauvaise
répartition caractérisée par la présence des
stagiaires qui ont assez des difficultés à noter les
échelonnés ». Selon l'intéressé, il y a
une forte présence des stagiaires à la tête des
établissements qui rencontrent assez des difficultés par manque
d'expérience. Comme solution il propose le désengagement
de la politique de l'éducation pour voir une nomination des responsables
selon le critère de mérite. Les difficultés de toutes
sortes que rencontrent les stagiaires à la tête des
établissements ont des répercussions directes sur le rendement
scolaire des élèves. C'est pourquoi une promotion par
mérite serait souhaitable pour un résultat probant.
Constatant la présence nombreuse des contractuels non
formés à la tête des établissements, un autre
répondant regrette l'absence de l'État dans
l'établissement en général et au lycée en
particulier. Face à ce constat, il affirme ce qui
suit : « Si les nominations aux postes des chefs
d'établissement ne respectent pas les mérites, c'est parce qu'il
y a trop de flou dans l'appareil d'État ». Selon lui, il ne peut
pas y avoir de raison pour qu'un lycée puisse manquer d'un responsable
en l'occurrence le lycée de Léo Mbassa où les enfants
préparent l'examen surtout le baccalauréat. L'absence de ce
personnage important a selon lui entrainé un grand retard dans le
démarrage des classes et ce qui a influencé sur les
résultats des élèves.
Le répondant d'un autre collège, lui
n'apprécie pas la nomination au poste de responsabilité des chefs
d'établissements qui se négocie auprès de l'équipe
d'Inspection. Il souligne avec précision que pour avoir un directeur ou
un enseignant, il faut débourser une somme de trente mille francs (30000
FCFA), une chèvre, un sac du riz. La lecture du tableau ci-après
nous en dit mieux en ce qui concerne l'ancienneté des chefs
d'etablissement dans la Kabbia.
Tableau
no20 : Répartition de chefs d'établissement selon
l'ancienneté
Ech Statut Statut
Ech
|
Bac
|
Instituteurs
|
CAP-CEG
CEG
|
Licence
|
Maitrise
|
Total
|
%
|
00
|
04
|
11
|
11
|
2
|
1
|
29
|
56,86
|
1er
|
|
|
4
|
1
|
|
5
|
9,80
|
2è
|
|
|
3
|
2
|
2
|
7
|
13,72
|
3è
|
|
|
|
6
|
|
6
|
11,76
|
4è
|
|
|
|
1
|
1
|
2
|
3,92
|
5è
|
|
|
|
|
|
|
|
6è
|
|
|
1
|
|
|
1
|
1,96
|
7è
|
|
|
|
|
|
|
|
8è
|
|
|
|
|
|
|
|
9è
|
|
|
|
|
1
|
1
|
1,96
|
10è
|
|
|
|
|
|
|
|
11è
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
04
|
11
|
19
|
12
|
5
|
51
|
100
|
Source de tableau : Donnés
des enquêtes
Dans ce tableau la lecture nous fait comprendre qu'il
y a un nombre important des chefs d'établissement 29 soit 56,86% qui
n'ont pas d'échelons. Ce sont soit des bacheliers ou des instituteurs
bacheliers qui en principe, devaient s'occuper des établissements
primaires. Ils sont au nombre de 15 soit un pourcentage de 29,41% suivis de 11
stagiaires soit 21,56% à diriger l'établissement secondaire
premier cycle. Les chefs d'établissement titulaires d'un échelon
et plus sont au nombre de 22 soit 43,13% repartis à la tête des
établissements secondaires comme moyens. Conformément à la
loi 900, on note à la tête des établissements des
contradictions où les certifiés destinés à
l'enseignement secondaire se retrouvent à la tête des
collèges et des professeurs de collège à la tête
des lycées. Tel est le cas de collège de Pont Carol où le
directeur est un professeur certifié contrairement au lycée de
Bongor Hanhan où le proviseur est un professeur de CAP-CEG de
1er échelon ainsi que le lycée de Domo Dambali.
L'autre cas est celui de lycée de Léo Mbassa ou il n'y a pas un
proviseur et c'est un contractuel diplômé en relations
internationales qui dirige l'établissement.
Cette mauvaise promotion au poste de chef
d'établissement a été également reconnue par le
secrétaire général du syndicat des enseignants du Tchad
qui affirme que : « Dans un lycée de la place, on a
poussé l'outrecuidance jusqu'à nommer un professeur de CEG
stagiaire comme directeur de CEG avec sous son autorité des professeurs
certifiés bardés d'échelons. Quelque part au Salamat
souligne-t-il, on a nommé un instituteur adjoint stagiaire comme
Inspecteur de l'Enseignement Primaire ». Pourtant, la loi
no 17/PR/2001du 31 décembre 2001 en son article 53 dit qu'il
est formellement interdit de faire assumer par un stagiaire les
responsabilités afférentes aux fonctions de direction ou de
contrôle. Cela nous amène à nous interroger sur ces
écoles et leur rendement. Or la qualité de chef
d'établissement est l'élément principal pour la
réussite de l'établissement. Selon l'Agence de Coopération
Culturelle et Technique (1992), les directeurs d'établissements
scolaires, d'après leur formation pédagogique et administrative,
déterminent dans une mesure importante, les conditions dans lesquelles
l'enseignement est dispensé et la possibilité d'une
amélioration de la formation dans l'école même. Pour
Kantabazé (2010), une étude menée en Egypte auprès
de 60 écoles aboutit aux résultats similaires. En effet, ladite
recherche conclut que les meilleurs résultats scolaires sont
enregistrés dans les écoles dont les directions sont
confiées aux personnes bénéficiant d'une formation
professionnelle et une longue expérience dans l'enseignement avant la
date d'accéder à ce poste.
L'ancienneté seule permet de connaitre l'agent, sa
qualification et son expérience dans le domaine. L'UNESCO (2006 )
nous fait comprendre que dans plusieurs pays, notamment en Allemagne, on a
envisagé doter les établissements scolaires de chefs
d'établissement formés en administration et en gestion et sans
expérience directe de l'enseignement. Le même document souligne
que dans la plupart des pays du monde, les chefs d'établissement doivent
être qualifiés comme enseignants et posséder une
ancienneté de fonctions dans un établissement d'enseignement
allant de 2 à 10 ans.
En définitive, la promotion au poste de chef
d'établissement a été reconnue par nos informateurs comme
illogique du fait que cela ne tient pas compte du professionnalisme, de
l'ancienneté des agents nommés. Le personnels non
expérimentés promus au poste de responsabilité
éprouvent d'énormes difficultés dans le management des
établissements.
II. LE MANAGEMENT DES
ÉTABLISSEMENTS SECONDAIRES
Le management des établissements peut être
considéré comme un ensemble d'activités nécessaires
à la conception, au contrôle et au développement de
systèmes sociaux déterminés. C'est donc une orientation
d'une conduite et un contrôle des efforts d'un groupe de personnes vers
l'atteinte des objectifs. Le rôle d'un manager se résume par un
contrôle direct, des lignes claires d'autorité et un processus
d'orientation. C'est donc l'ensemble des mesures propres à assurer
l'efficacité de l'enseignement. Dans cette partie, il sera question de
relever les insuffisances dans le management qui se résume par le manque
de planification, de suivi des activités pédagogiques et le
manque de motivation à l'initiative de travail en groupe dans les
établissements d'enseignement secondaire.
II.1. L'insuffisance dans
la Planification des établissements
L'organisation administrative des établissements
scolaires relève du domaine de la compétence de chef
d'établissement, responsable de la bonne marche des activités au
sein de l'établissement. À cet effet, un accent particulier est
mis sur la planification qui est donc l'activité qui consiste à
prévoir le futur, à arranger un plan d'opération.
À travers la planification, le chef
d'établissement décide ce qu'il faut faire et comment le faire
avant que cela ne soit fait. Ce qui consiste à fixer les objectifs et
déterminer à qui doit être fait et le temps
nécessaire pour l'atteinte de ces objectifs. Avant de rendre plus
effective, les établissements ont besoin d'une planification puisqu'ils
ont constamment de défis à relever dans la société.
Dans les établissements secondaires de la Kabbia nous avons
constaté un manque total de planification. Ceci se caractérise
par l'impréparation, l'inexistence d'un chronogramme d'activité
d'établissement. Au début de l'année, bon nombre des chefs
d'établissements ne préparent pas la rentrée et croisent
les bras, se justifiant par le manque des infrastructures.
Dans nos entretiens, le manque d'une préparation de la
liste des élèves a été toujours
relévé. Cette mauvaise répartition des
élèves a été également relevée par
Konto (2010) qui reconnait en disant ceci : « le pire est
que, bien que sachant la structure d'accueil insuffisante, les chefs
d'établissement se lancent malheureusement dans la spéculation de
la rentrée en moyennant les places. Ainsi le nombre
d'élèves admis officiellement en 6ème se trouve
facilement multiplié par trois à la rentrée. Ce qui
entraine le pléthore des élèves dans nos
établissements ». Ainsi d'après cette
déclaration nous comprenons que les chefs d'établissement n'ont
pas une maitrise d'effectifs des élèves malgré la
délibération du jury des examens, du concours et du conseil
d'orientation des établissements. Cela a souvent de répercussions
sur l'organisation pédagogique et le résultat des
élèves. La prévision pédagogique
réfère à la prévision d'effectifs des
élèves. Si l'on admet que la préparation de la
rentrée scolaire suppose la prise en compte de tous les
paramètres susceptibles de constituer une entrave au démarrage
des cours, un bon chef d'établissement doit prévoir le nombre
exact des élèves qui pourront suivre les cours dans
l'année scolaire qui démarre. Cette liste établie par
classe et par niveau doit être affichée pour permettre aux
élèves de s'assurer de leur place. Or nous avons constaté
lors de notre recherche au niveau de département en ce qui concerne les
rapports des différents chefs d'établissement qu'il y a un
laxisme qui se traduit par l'inexistence de résultats de fin
d'année dans certains rapports et l'absence du conseil d'orientation des
élèves. Nous nous sommes posé la question de savoir
pourquoi cela n'existe pas ?
Dès le début de l'année scolaire le chef
d'établissement présente un organigramme des activités de
l'établissement. Ce chronogramme doit être adopté par le
conseil des professeurs pour une meilleure évolution des
activités. Il doit renfermer toutes les dates retenues pour les
activités pédagogiques telles que : les dates des
différents conseils, d'arrêt de notes, de remplissage et de remise
des bulletins ainsi que les travaux manuels. Il s'agit d'un ensemble des
activités mettant en interaction les différentes composantes et
ressources disponibles pour mieux réussir les objectifs de
l'établissement.
Dans nos entretiens, nous avons relevé seulement que
13 établissements soit 25,49% ont pas de chronogramme annuel de travail
et 38 soit 74, 50% n'ont pas un chronogramme de travail. Autrement dit la
majorité des chefs d'établissements évoluent dans
l'impasse sans savoir où ils doivent aller. Cela peut avoir des
conséquences néfastes sur la réussite des
élèves dans la mesure où il n'y a pas un canevas à
suivre dans leur évolution pédagogique.
Le chef d'établissement, chef d'orchestre de cette
organisation, joue le rôle de gestionnaire s'occupant de l'organisation
de l'établissement et de la place de la discipline dans la
stratégie éducative.
Il veille au respect des lois, des règlements et des
instructions en vigueur dans son établissement. Pour Keitamba
(2010 : 23), l'école n'est pas un endroit où on forme
uniquement l'intelligence. On doit chercher à apprendre aux
élèves d'avoir une conscience droite, « science
sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Pour lui le chef
d'établissement doit beaucoup veiller à la discipline s'il veut
maximiser les résultats aux examens et aux concours. Un exemple du
règlement intérieur du lycée Maldom Bada Abbas de
Gounou-Gaya dont l'article 5 et 6 et 20 précise ce qui suit :
-Article 5 de la participation aux cours et du retard.
L'élève admis au lycée Maldom Bada Abbas s'engage à
suivre avec ponctualité et assiduité tous les cours prévus
à l'emploi de temps. Aucun retard en cours n'est admissible. Un
élève qui arrive en retard en début des cours doit
obligatoirement se présenter à la surveillance. Le surveillant,
après avoir apprécié l'importance et la nature du retard,
délivrera éventuellement un billet d'entrée aux cours que
l'élève devra présenter à son professeur. En cas
d'un retard à l'issu e d'un intercours, l'élève se
présente directement au professeur qui peut ne pas l'accepter, et dans
ce cas le relever absent. L'élève devra alors se rendre à
la surveillance. Tout élève qui, sans autorisation
préalable de l'administration : quitterait l'établissement
avant la fin des cours n'assisterait pas à tel ou tel cours même
en restant dans l'enceinte du lycée, quitterait un cours pendant
son déroulement sans l'autorisation du professeur, serait quelque soit
le motif invoqué, suspendus une journée du lycée. En cas
de récidive, la suspension pourrait aller jusqu'à une semaine et
l'élève pourrait même faire l'objet d'une comparution
devant le conseil de discipline.
-Article 6. Du contrôle des absences et retards.
À chaque cours, les absences et retards sont pointés par les
professeurs et le chef de classe sur le cahier d'absences. Ce cahier d'absences
est contrôlé quotidiennement par le surveillant. Toute absence
doit être signalée le jour- même ou un jour avant par le
parent ou tuteur de l'élève ou par l'élève
lui-même. En cas d'une absence prolongée pour cause de maladie,
l'élève doit prendre une attestation de cessation de cours
auprès de censeur ou une attestation de reconduction de la
scolarité, surtout quand il s'agit d'un long repos médical,
auprès de Proviseur. Les absences figurent sur le bulletin semestriel.
Cinq heures d'absences injustifiées retranchent un point de la note de
conduite. Il est inutile de s'absenter avant d'inventer des raisons allant des
maladies imaginaires aux décès des parents. Toute falsification
de signature de la part de l'élève afin de justifier telle ou
telle absence (soin traditionnelle, visites familiales mariages et autres)
entrainera une sanction prévue à l'article 28 du présent
règlement.
-Article 20. Les élèves doivent être
disciplinés, respectueux et courtois vers le personnel enseignant, le
personnel administratif et entre eux-mêmes. L'élève qui se
rend coupable d'un mauvais acte (injure, agression, bagarre) sera
sanctionné conformément à l'article 28 de présent
règlement intérieur.
On note à cet effet que le respect et la rigueur dans
l'application du règlement intérieur constituent une garantie
pour le bon fonctionnement de l'établissement. C'est dont la condition
première du succès des élèves.
À travers nos enquêtes, il est à souligner
non seulement le manque de rigueur dans l'application de la discipline mais
l'inexistence du règlement intérieur lui-même. Ce qui nous
a permis de constater un nombre important des élèves en
état de retard dans les établissements. Il ressort aussi de nos
répondants que les élèves ne respectent pas le
règlement intérieur. Ils manquent du respect non seulement au
personnel enseignant mais aussi entre eux-mêmes. C'est pourquoi au
lycée de Tagal, un nombre important d'élèves
précisément 45 élèves récalcitrants selon le
répondant, qui par rapport à un litige du quartier refusent de
prendre cours avec certains professeurs. Ceci peut selon l'avis de notre
enquêté avoir un impact sur leur résultat. Par contre dans
certains établissements les enquêtés affirment que des cas
des bagarres sont enregistrés. C'est le cas du lycée de
Léo Mbassa où il y a un cas, du collège de Djargaye
où trois cas de bagarres ont été signalés et le
lycée de Domo Dambali où deux élèves ont
été renvoyés pour la même raison. Cela nous a
conduits à une synthèse selon laquelle la discipline dans les
établissements est faiblement appliquée. Il est donc certes de
noter que certains chefs d'établissement recherchent le consensus en
appliquant une discipline souple et adaptative, d'autres prônent l'action
en imposant des règles strictes.
Le contrôle de l'établissement par le chef
d'établissement s'avère très nécessaire pour la
régulation des activités éducatives. Les règles, le
règlement, la surveillance ainsi que les sanctions semblent être
parmi les moyens les plus efficaces et directs de contrôle et
d'orientation du comportement des employés. Pour que les
activités dans les établissements scolaires se déroulent
normalement, il faut de telles contraintes.
Ainsi les établissements considérés
comme des entreprises ont dont besoin d'une bonne organisation pour
réaliser les objectifs fixés. Cela passe également par un
bon suivi des activités pédagogiques des chefs
d'établissement.
II.2. Le suivi
pédagogique des chefs d'établissement
La réalisation des activités pédagogiques
au niveau des établissements passe par un suivi pédagogique des
chefs d'établissement. Elle se traduit par un mécanisme de
contrôle de travail des enseignants, la présence des
élèves dans les classes, des horaires d'enseignements,
l'organisation des devoirs et le respect de programme.
Le chef d'établissement pour la réalisation des
objectifs pédagogiques, doit mettre l'accent sur le suivi. Très
important pour la réalisation des objectifs assignés à
l'établissement, nous n'avons pas du tout perdu de vue ce volet qui
entre dans le cadre des activités des chefs d'établissement.
Avant de devenir administrateur, celui-ci était d'abord un
pédagogue. C'est pourquoi l'on s'accorde à dire que le chef
d'établissement joue deux rôles à la fois :
administratif et pédagogique. Ce qui veut dire que le chef
d'établissement doit être un professionnel qui a une certaine
expérience dans le domaine pour orienter les autres dans la
réussite de l'établissement. Or, dans nos entretiens cette
réalité n'existe pas sur le terrain. Interrogés à
ce sujet, un nombre important de nos répondants affirment n'avoir aucune
notion sur le suivi pédagogique. Sur 51 enquêtés, il
ressort que 6 chefs d'établissement soit 11,76% déclare avoir
fait le contrôle de suivi pédagogique alors que 45 chefs
d'établissement soit 88, 23% n'ont pas fait de suivi
pédagogique.
Pour le répondant d'un
établissement, le suivi pédagogique est l'affaire des inspecteurs
pédagogiques et qu'il attend un jour à l'autre leur
arrivée. Pour lui, le chef d'établissement ne joue que le
rôle administratif. Pourtant il est du devoir de celui-ci de suivre dans
les salles des classes les enseignants pour savoir clairement ce que ces
derniers font concrètement avec les élèves. Ce qui lui
permettra de savoir plus des choses sur l'enseignant, sa pratique
pédagogique, sa préparation des cours, sa façon de
conduire la leçon et sa manière de gérer la classe. Sans
ce suivi, l'enseignant ne pourra bien réaliser son enseignement.
À travers le suivi pédagogique, le chef d'établissement
peut avoir une idée sur la progression des enseignants, qui sont soit en
retard soit en avance par rapport aux autres. Ce qui lui permettra de faire de
reproche à l'égard d'un enseignant en retard
d'accélérer, ou en avance de ralentir pour mieux faire
comprendre la leçon aux élèves.
Le suivi pédagogique permet également
au chef d'établissement de savoir si le programme est bien
appliqué par les enseignants ou ceux-ci sont en train de divaguer. Ce
qui lui permettra de les rappeler à l'ordre dans l'application de
programme. Ainsi, le suivi pédagogique est un contrôle ou une
coordination des activités au sein de l'établissement.
Dans un établissement que nous avons
enquêté, nous avons cherché à consulter les cahiers
de textes de l'année passée pour voir si le chef
d'établissement à travers cela vise les cahiers de textes et
quelles sont ses appréciations. Après consultation nous avons
trouvé que les cahiers de textes ne sont pas visés par certains
chefs d'établissement. Cela nous a permis de dire que le travail que
font les enseignants n'est pas contrôlé. Ce manque de
contrôle fait qu'à la fin de l'année certains enseignants
font plus des chapitres que d'autres. Ce qui peut entrainer également la
non exécution de programme scolaire, car l'enseignant en retard ne peut
progresser s'il n'est pas reproché dans son travail.
Toujours par manque de suivi dans les
établissements, bien que 4 à 5 devoirs soient recommandés,
il est à noter que certains enseignants font seulement 1 ou deux
devoirs se justifiant par la pléthore des élèves. La
seule note figure à la fois dans la colonne de devoir de classe et de
devoir départemental. Cette manière de faire est due au manque de
suivi pédagogique dans les établissements.
Par manque de suivi pédagogique les enseignants ne
peuvent utiliser la méthode pédagogique en vigueur. Aussi,
certains enseignants ne préparent pas les cours et se contentent
quelquefois de copier le livre ou d'utiliser leurs vieux cahiers.
Dans un établissement, un professeur de physique chimie
de la classe de 6ème n'avait que son vieux cahier pour
dicter les cours aux élèves.
Ainsi, les chefs d'établissements doivent mettre
l'accent sur la qualité de travail que font les enseignants afin que
ceux-ci ne dérapent les élèves. Aussi par manque
d'expérience certains chefs d'établissent pensent que le suivi
pédagogique se fait par les inspecteurs et qu'ils attendent un jour
à l'autre l'arrivée de ceux-ci. Le suivi pédagogique est
donc un sérieux problème dans les établissements du moment
où chacun fait selon sa manière. Cela peut avoir des
répercussions sur le résultat attendu de l'établissement
et celui des élèves.
Des études menées dans ce cadre ont
montré que le mode de gestion qui se traduit par un système de
contrôle de présences des enseignants et leurs activités,
le soutien pédagogique de directeur apporté au personnel
enseignant, la présence du chef d'établissement à
l'école semble avoir un impact sur la performance.
Selon Meuret, (2000), les collèges performants sont
ceux dans lesquels les mesures ont été prises pour favoriser le
travail en classe. L'allocation du temps des chefs d'établissement varie
en fonction du niveau de contrôle exercé par les
supérieurs. En d'autres termes, les chefs d'établissement
consacreront plus de temps à un domaine fortement contrôlé
qu'à un domaine faiblement contrôlé. Il s'agit au
niveau du contrôle, d'assurer un suivi rigoureux des
établissements tant publics que privés, des équipements et
de l'application des programmes officiels par les enseignants. Une culture de
l'évaluation doit se développer par des évaluations
objectives qui mesurent effectivement ce que les élèves ont
réellement acquis. Le contrôle des élèves doit se
baser désormais sur les programmes réalisés.
En somme, à travers les établissements
performants, il est à noter que la coordination des activités
par les chefs d'établissement est indispensable. Par contre, le manque
de coordination par les chefs d'établissement entraine
l'inefficacité de l'établissement. Ainsi le faible rendement des
élèves serait le résultat d'un manque de coordination des
activités pédagogiques des chefs d'établissement.
II.3. La motivation et
l'initiative du travail en groupe
La motivation est un ensemble de désir et de
volonté qui pousse une personne à accomplir une tâche ou
à viser un objectif correspondant à un besoin. Pour atteindre
l'objectif que l'établissement s'est fixé dans la recherche des
résultats, le chef d'etablissement doit mettre un accent particulier sur
la motivation. Il doit encourager son personnel à la prise de
décision qui affecte la vie de leur travail. Il doit rencontrer
régulièrement les enseignants, prendre leurs impressions et leurs
sentiments sur les problèmes auxquels ils sont en train de faire face et
d'établir une communication du haut vers le bas et du bas vers le haut.
On constate cependant qu'il y a un manque de motivation des chefs
d'établissement dans les établissements secondaires de la Kabbia.
En effet les chefs d'établissement
dans la Kabbia travaillent dans des conditions difficiles qui sont souvent la
source de leur démotivation. Ces conditions se résument par le
manque des infrastructures d'accueil, le manque des matériels de travail
et l'insuffisance de personnel enseignant. Sur le plan infrastructurel, il est
à noter non seulement le manque de salles des classes mais aussi de
bureaux pour les responsables de mener à bien leur travail. C'est le cas
de certains établissements comme les collèges de Fegué
Hapma et de Gang Douka où les directeurs n'ont que l'ombre des arbres
pour faire leur travail comme le font les juges coutumiers. Ainsi tous les
problèmes se traitent à l'air libre où il n'y a pas un
secret professionnel. Cette situation connait aussi les enseignants qui n'ont
que l'ombre des arbres comme salle des professeurs sous les arbres. Le cas de
collège de Halmi et de Pont Carol sont des exemples parmi tant d'autres.
Dans ces établissements, on peut lire contre le tronc d'arbre :
« salles des professeurs ». Cela explique une certaine
démotivation dans les conditions des de travail des chefs
établissements qui ne cessent de se plaindre des mauvaises conditions de
travail.
Le manque des matériels de travail sont
également un élément de démotivation car cela peut
handicaper les activités toute une journée et causer une
mésentente entre les chefs de service. Le cas de collège de
Mogoye où notre répondant nous fait comprendre qu'il arrive de
fois qu'ils suspendent les cours toute une journée pour raison de craie.
Cette situation de manque de materiels de travail a créé en 2012,
une tension entre l'Inspecteur départemental et son proviseur. Ce
dernier a été mal noté pour avoir demandé à
son chef hiérarchique les craies parce que l'établissement en
manque. Les dossiers de proviseur mal noté par l'inspecteur sont
rejetés au niveau de la délégation pour conduite à
tenir. Ce qui opposa les deux personnes n'eut été la
médiation du préfet.
Le manque de consultation pour la
nomination au poste de chef d'établissement est aussi une source de
démotivation pour certains chefs qui préfèrent être
chargés des cours que d'être responsables dans une école de
brousse. Pour d'autres, leur nomination à un poste de
responsabilité en tant que stagiaire ne leur profite à rien.
C'est pourquoi le directeur du collège de Gang Douka affirme
que : « S'il était consulté, il accepterait
mieux être chargé des cours en ville que d'être directeur de
collège dans une brousse ». Pour ces raisons, on constate que la
démotivation est caractérisée par
l'irrégularité des chefs d'établissement au bureau.
La démotivation des responsables s'explique
également par le manque des actions multiples pour un travail en groupe.
Le chef d'établissement en tant que manager doit faire une mise en
oeuvre d'une stratégie commune à l'équipe pour une action
précise à l'intérieur du conseil d'enseignement. À
cet effet il doit savoir créer des équipes, savoir choisir un
responsable et faire une analyse clairvoyante des actions entreprises afin de
mieux les intégrer dans l'organisation générale de
l'établissement.
Dans nos entretiens, nous avons interrogé nos
enquêtés à se sujet, Six (6) répondants soit 11,76%
seulement affirment avoir un groupe de travail dans l'établissement
contre 45 soit 88, 23% qui affirment n'ont pas de groupe de travail dans
l'établissement avec les élèves. Pourtant un groupe de
travail dans un établissement avec les élèves est un grand
atout pour ceux-ci. Dans ce sens, Rutter et al cités par Bressoux (1994)
ont montré que les résultats aux examens étaient meilleurs
dans les écoles où règne une coopération entre les
enseignants que dans les écoles dotées d'enseignants travaillant
de façon isolée et sans aucune concertation. Non seulement le
travail en groupe favorise une bonne réussite des élèves,
mais aussi, il entraîne un climat davantage discipliné.
Un directeur efficace privilégie les activités
académiques, le travail en groupe des enseignants, le climat de la
discipline. Il développe de bonnes relations avec les autorités
hiérarchiques et tous les partenaires éducatifs, mobilise toutes
les ressources à sa disposition et ait régulier à son
poste d'attache; met l'accent sur la réussite; fixe les objectifs
à atteindre et reste optimiste quant à la capacité de les
atteindre Grisay, (1989). Le travail en groupe permet, dès lors, de
combler les déficits tant académiques que pédagogiques de
certains enseignants. Des échanges fréquents s'observent à
plusieurs occasions (voyages d'études, cours de soutien, excursion
scolaire, club scolaire, etc.) entre enseignants et élèves. Il
favorise une bonne cohésion du corps enseignant, et partant une bonne
réussite des élèves.
Le chef d'établissement doit jouer un
rôle clé en apportant un soutien aux enseignants et aux autres
membres du personnel de l'école dans la gestion de leurs
compétences et dans la préparation de leur formation.
En définitive, le management des établissements
est la technique dans laquelle le chef d'établissement déploie
pour organiser son établissement. L'établissement a besoin d'une
organisation sinon d'une bonne organisation pour réussir. Le manque
d'une bonne organisation a des conséquences négatives sur le
fonctionnement des établissements.
III. LES
CONSÉQUENCES DU CHOIX AU POSTE DES CHEFS D'ÉTABLISSEMENT
Le choix au poste de chef d'établissement qui ne tient
compte d'aucune réalité a des conséquences néfastes
sur les établissements. Ces conséquences se résument par
l'inefficacité des établissements et l'absentéisme des
élèves et des enseignants.
L'inefficacité de l'établissement
réfère à la faible qualité de l'éducation
qui était ces dernières années au coeur de
préoccupation du monde scolaire. L'un des objectifs de Dakar 2000 est
d'améliorer sous tous ses aspects la qualité de
l'éducation dans un souci d'excellence, de façon à obtenir
pour tous des résultats d'apprentissage reconnus et quantifiables
notamment en ce qui concerne la lecture, l'écriture et le calcul et les
compétences indispensables dans la vie courante. L'inefficacité
de l'établissement est le rapport entre les élèves
inscrits au débuté de l'année et ceux qui ont obtenu leur
diplôme de fin d'études ou qui sont admis en classe
supérieure. Ce rapport qui détermine les entrées et les
sorties permet de savoir si l'établissement est efficace ou non.
III.1.
L'inefficacité de l'établissement
Les établissements efficaces sont ceux dont le taux de
reussite est toujours inferieur au taux d'échec. Dans le cas des
établissements secondaires de la Kabbia on assiste souvent aux
résultats des examens et concours médiocres. Comme exemple,
certains établissements comme celui du lycée de Domo Dambali a en
2012-2013, un effectif total de 901 élèves inscrits dont 279 ont
été admis soit 25,13% , 463 ont redoublé soit
51,38%,92 ont été exclus soit 10,21%, 67 ont abandonné
soit 7,43%. Il en est de même pour le lycée de Berem
où durant la même année, sur 756 inscrits, 205 soit 27,11%
ont été déclarés admis, 457 soit 60,44% ont
redoublé, 94 soit 12,43% étaient exclus. Cette
médiocrité de pourcentage prouve que le système
éducatif dans le département de la Kabbia ne produit pas des
résultats quantitatifs et ait donc inefficace.
Cette inefficacité est due aux problèmes que
rencontrent les établissements dans la Kabbia. Cela s'explique par
l'absence d'une formation de qualité qui entraine la baisse de niveau
des élèves tant décriée. Cette baisse de niveau se
manifeste par l'insuffisance des connaissances acquises par les
élèves. Ce qui fait que dans la Kabbia, les élèves
n'ont pas des niveaux requis. C'est le cas des élèves
nouvellement admis en 6eme qui ne savent lire un texte en
français. Une situation générale dans les
établissements d'enseignement secondaire de la Kabbia et cela de la
6ème en terminale. Ce niveau des élèves se
comprend à travers les expressions orales et écrites. Un
élève de la terminale ne peut pas construire une phrase juste
tous comme un élève de la 6ème qui n'est pas
à mesure d'écrire son nom. Ce qui nous laisse dire que les
élèves ne reçoivent pas des connaissances suffisantes.
Une éducation de qualité répond aux
besoins d'apprentissage de base et enrichit l'existence des apprenants ainsi
que l'expérience globale qu'ils ont de la vie. Il existe à priori
de nombreuses façons alternatives d'organiser le fonctionnement d'un
établissement scolaire. Cette organisation seule détermine dans
le cadre précis de notre étude l'inefficacité d'un
établissement qui s'explique par la faible qualité de
l'enseignement, l'insuffisance d'appropriation des connaissances par les
apprenants et le résultat scolaire ou académique à
l'intérieur du système dans son ensemble. Il relève ainsi
d'une mauvaise stratégie mise en place pour diriger un
établissement dans l'amélioration de la qualité de
l'enseignement dispensé.
Les éléments permettant d'expliquer
l'inefficacité interne de l'établissement se résument par
le nombre pléthorique d'élèves dans les classes, le manque
d'organisation de l'enseignement, le non-respect de la gestion du temps
d'apprentissage, l'insuffisance d'encadrement des élèves, le
manque de suivi et d'exécution de programme, le manque
d'équipements, le manque d'intégration d'heures d'études
surveillées dans les emplois du temps des élèves, et la
faible disponibilité du matériel pédagogique. Les
établissements secondaires dans la Kabbia sont
caractérisés par une inefficacité interne à
produire de résultat escomptés. De manière
générale, les élèves n'ont pas des niveaux ;
c'est qui a amené certains chefs d'établissement selon nos
informateurs à savoir le directeur de collège de Fegue1 et celui
de Bongor Hanhan, compte tenu de niveau des élèves à
introduire pendant les heures de français un cours de lecture pour
améliorer le niveau des élèves en 6ème
en français. Les résultats de fin d'année sont souvent
marqués par un nombre important des redoublants et de exclus. Les
enseignements sont dispensés par les enseignants non formés,
irréguliers et un programme scolaire souvent inachevé. Le manque
des infrastructures qui ne permettent une organisation des activités
d'établissement digne de nom, par des responsables moins
expérimentés. Le rapport fait mention d'une insuffisance des
ressources financières et matérielles pédagogiques des
écoles, d'enseignants peu qualifiés et déficitaires en
nombre. Cette inefficacité des établissements se traduite ainsi
par l'absentéisme des enseignants et des élèves.
III.2. L'absentéisme
des élèves et des enseignants
L'absentéisme se définit communément
comme l'attitude de toute personne qui est régulièrement absente
de son lieu de travail ou de tout endroit où elle est tenue d'être
présente. Legendre (1993) définit l'absentéisme comme le
fait d'être absent des cours ou des jours de classe ; ou comme le
comportement d'un élève ou d'un enseignant qui s'absente
souvent.
L'absentéisme est un précurseur important de
l'abandon scolaire. C'est un phénomène qui est apparu avec la
massification à la fin des années 70. Défini par son
caractère répété, volontaire et injustifié
des absences, ce phénomène touche de nos jours un nombre
important des établissements qui doivent y faire face. C'est le cas des
établissements secondaires de la Kabbia où on fait face au
sérieux problème de l'absentéisme des élèves
et des enseignants. Selon nos entretiens, 50 chefs d'établissements soit
98,03% affirment être confrontés au problème
d'absentéisme et seulement 1 chef d'établissement soit 1,96%
affirme que les absences sont moins enregistrées dans son
établissement. Cette statistique a été repartie selon les
répondants comme suit : 27 soit 52,03% dans les collèges
publics, 9 soit 17,64% dans les établissements communautaires, 3 soit
5,8% dans les collèges privés et 11 soit 21,56% dans les
lycées. Ils avancent plusieurs raisons liées aux absences :
marchés hebdomadaires, cas des deuils, réunions familiales.
Ces faits ont été constatés lors de nos
entretiens. Le cas de lycée de Tagal peut être cité comme
un des exemples. Lors de notre descente dans l'établissement, nous
avons constaté que la cour était déserte. Notre
répondant nous laisse entendre que : « les enfants ne se
sont pas présentés à l'école à cause du
décès d'un homme dans le village ». Selon notre
enquêté, le village est constitué des personnes de
même clan et en cas d'un décès, c'est tout le monde qui se
réunit pour l'organisation de funérailles. Ce cas de malheur dans
le village est une occasion pour les élèves de s'absenter. Cela
crée toujours des absences justifiées ou injustifiées.
Dans un autre établissement où le marché hebdomadaire se
tient tout le mercredi les élèves n'ont pas d'autre choix
que de s'absenter. Le répondant de cet établissement nous
explique que : « Pendant le jour du
marché, des élèves créent des stratégies en
venant sans tenue ou en demi tenue pour gagner un renvoi en vue d'aller faire
le marché ». Pour ce répondant, les
élèves ne sont pas motivés à faire cours le jour du
marché. C'est pourquoi ils s'absentent volontairement à la
recherche des moyens ou encore sont obligés par leurs parents pour
s'absenter. Pendant les jours ordinaires, ils sont plus absents toutes les
premières et les dernières heures. Dans nos entretiens, les
absences relevées dans les établissements secondaires de la
Kabbia varient de 15 heures minima à 85 heures maximum. Pour les
absences à la première heure, notre répondant de Gounou
Gaskala souligne que les élèves manifestent un sentiment de peur
de sortir tôt. L'intéressé nous explique que ce canton
considéré de nos jours comme le bastion de la culture mousseille
conserve toujours certaines pratiques mystiques. Ainsi, pour chasser le
malheur, certains individus déposent après sacrifice au carrefour
une calebasse contenant le malheur et le premier à toucher, emporte avec
lui ce malheur. Cette crainte amène souvent les élèves
à être en retard à l'école.
Au lycée de Koumou, le répondant
affirme que : « les chefs des classes ont suspendu les appels
à cause des absences abusives ». L'on se pose dont la question
de savoir s'il est encore utile d'élire les chefs des classes dont le
rôle est celui de contrôler les absences des
élèves ? C'est ce que note le répondant de
collège de Goh Valang qui souligne que, certains parents viennent
retirer de la classe leurs enfants pour les envoyer derrière les boeufs.
Quant au directeur de Djodo Gassa confronté aux retards des
élèves au cours dans la soirée, il souligne que
malgré que les cours commencent à 12 h 45mn, les enfants viennent
à 13 h alors qu'ils ne peuvent pas faire 5 heures du temps à
cause de l'obscurité qui gagne le temps. Pour lui les
élèves sont aussi absents à la première heure qui
est celle de 12 h 45 mn.
Dans un autre établissement, un responsable
souligne avoir interrogé les élèves au sujet des absences
les jours du marché et la réponse était pour certains
qu'ils étaient envoyés par leurs parents pour le besoin de vendre
quelque chose et pour d'autres, c'est le goût de commerce et l'envie de
boire. Bien que les absences agissent sur la note de conduite, cela n'a pas un
grand effet sur ces élèves. C'est pourquoi dans un
collège du canton Djarao, les élèves en état de
retard sont très contents quand ils sont empêchés
d'entrée en salle, à la première heure. Le
répondant de cet établissement nous livre ses propos en ces
termes : « Les retardateurs, empêchés d'entrer
en salle non seulement se réjouissent de ce temps perdu, mais repartent
chez eux pour toute la journée ». Pour cet
intéressé, les élèves considèrent l'absence
comme un phénomène sans conséquence sur leur
apprentissage. C'est ainsi que des cas d'absence sont également
signalés selon nos informateurs pendant le cas de deuil dans le village,
les fêtes traditionnelles, la pêche collective.
D'autres absences sont
enregistrées beaucoup plus en période froide à cause du
froid excessif. Pour le Proviseur du lycée de Guetté, les
élèves se livrent dans les activités commerciales. Il
souligne que ces élèves exercent des petits commerces les jours
du marché hebdomadaire. Ceux-ci ne viennent pas à l'école,
les garçons deviennent des pousseurs et des vendeurs ambulants, alors
que les filles deviennent des vendeuses de fruits et de l'eau. Selon cet auteur
par contre, les parents forcent les élèves à aller
à l'école le jour de marché mais ceux-ci refusent. Ainsi,
la situation économique embarque bon nombre d'élèves
à la recherche des moyens financiers pour résoudre certaines
situations scolaires.
En ce qui concerne les absences chez les enseignants,
l'entretien révèle que ceux-ci brillent également par leur
absence dans les établissements. Pour le directeur de collège
Djarao Boro, les absences des enseignants a une influence directe sur
l'apprentissage des élèves et il regrette le sort des enseignants
qui une fois obtenu l'autorisation d'absence, la prolongent.
L'intéressé affirme ce qui suit : « les
enseignants, une fois obtenu une autorisation d'absence de trois jours, la
prolongent jusqu'à un mois ». Pour lui les enseignants ont
une manière de s'absenter quand ils obtiennent une autorisation
d'absences. Il pointe du doit les directeurs des écoles qui ont la
responsabilité du contrôle et de bon fonctionnement des
établissements scolaires. Il conclut qu'en absence du chef
d'établissement, les enseignants ne font pas bien leur travail. Cette
manière de faire ne peut en aucun cas aider l'établissement dans
la réalisation de ces objectifs.
Un autre répondant abonde dans le même sens et
souligne que : « les absences des enseignants sont plus
enregistrées avant et après la période de vacances ou d'un
congé ». Pour ce répondant, à la veille d'un
congé, les enseignants se créent des occasions des absences
allant du suivi des dossiers à la cérémonie de
funérailles en passant par la cérémonie de mariage.
À cet effet, certains déposent une autorisation et quittent soit
avant une semaine ou trois jours avant le congé. D'autres ne cherchent
pas à obtenir l'autorisation et appellent juste le chef
d'établissement pour le signaler de leur absence. Cette attitude selon
notre enquêté est répètitif à la reprise
où on assiste à une semaine ou trois jours de retard de certains
enseignants à regagner leur poste. Nous convenons avec cet
enquêté car le constat prouve qu'à la veuille ou la reprise
des cours après un congé, les absences des enseignants sont
fréquents et plusieurs heures de cours ne sont pas faites.
Pour un autre répondant, les enseignants, se croyant de
la localité s'absentent comme ils veulent et justifient leurs absences
par les réunions et les problèmes familiaux. Nous croyons avec
cet enquêté car au vu de notre constat, il est donc à
noter que la plupart des enseignants sont des contractuels recrutés dans
le compte de l'association des parents d'élèves. Ce sont dont les
fils de la localité qui sont appelés à aider leurs petits
frères et ils estiment que rien ne peut leur arriver malgré leurs
absences répétées. Ainsi, mises à part les absences
répétées ceux-ci ne donnent aucun respect à
l'administration dans ce qu'elle fait.
Pendant le virement, un chef d'établissement
souligne que les enseignants sont obligés de parcourir plusieurs
kilomètres pour percevoir leur salaire. Ce long déplacement de 50
à 75 kilomètres entraine des absences d'un ou de deux jours
à chaque fin de mois. Cela occasionne une perte de temps d'enseignement.
Cette réalité est bien observée dans le Département
de la Kabbia. Nous avons également constaté cet état de
fait pendant la période de virement. Certains enseignants une fois
perçu ne se rendent plus dans leur poste de travail. Cette
manière de se comporter a poussé l'un des inspecteurs
pédagogiques à suspendre le salaire de deux directeurs pour une
durée de trois mois. Cette sanction intervient non seulement dans le but
de réguler les absences à ces deux directeurs mais aussi une
manière de dire à tous que les absences au lieu de travail ne
sont pas bonnes.
Or, la loi no 17/PR/2001 du 31 décembre
2001 à son article 20 souligne que tout fonctionnaire est tenu
d'être présent et ponctuel à son poste de travail,
d'assurer par lui-même les tâches qui lui sont confiées et
respecter toutes les obligations que lui impose l'exercice de ses fonctions.
Des nombreuses études empiriques
effectuées un peu partout par les chercheurs sur les absences dans le
monde ont abouti à une corrélation constante entre le temps
consacré aux études et les connaissances acquises par les
enfants.
Ainsi, le document note que l'absentéisme des
enseignants impacte négativement les apprentissages des
élèves, à tous les niveaux et atteint des proportions
importantes. Les administrateurs scolaires renonceraient de plus en plus
à leur fonction de contrôle et de sanction des agents qui ne se
conforment pas à la réglementation sur l'éducation et que
les textes édités en la matière sont de moins en moins
respectés.
En ce qui concerne le retard, les répondants
sont unanimes que c'est le problème le plus récurent dans
l'établissement ou à la première heure des cours 1/3
d'élèves sont en état de retard. Pour ceux-ci, les
élèves expliquent leur retard par la distance, l'occupation
domestique, le froid en période froide, et la table commune. Certains
répondants ont affirmé que le retard des élèves
serait lié au retard au lit. Pour le proviseur du lycée de Gounou
« les élèves, non seulement se promènent trop la
nuit, mais ils chantent et dansent longtemps avant de regagner tardivement le
lit ».
Ainsi, nous pouvons dire que c'est le gain de volume
horaire qui explique les meilleures performances des écoles et qui
serait à l'origine de rendement des élèves.
En effet, l'absentéisme et le manque
d'assiduité au travail des professeurs privent les enfants d'une
éducation de qualité et influent négativement leurs
aptitudes cognitives et les résultats scolaires. Dans la plupart des
pays d'Afrique sub-saharienne et certains États arabes, une grande
partie du temps alloué à l'instruction est perdue du fait de
l'absentéisme des enseignants. En conséquence, les programmes
scolaires officiels sont rarement couverts. Ce qui conduit très souvent
à l'augmentation des taux de redoublement et à l'abandon
scolaire.
Remplacer des enseignants absents peut
s'avérer être une tâche ardue pour les établissements
lorsqu'il est difficile de trouver les enseignants remplaçants
appropriés. À long terme, l'absence des enseignants peut avoir
des répercussions négatives sur l'enseignement et
l'apprentissage. Par ailleurs, elle peut être un signe d'insatisfaction
au travail ou indiquer des problèmes de gestion. Selon l'enquête
internationale sur les enseignants, l'enseignement et l'apprentissage de l'OCDE
(2008), plus d'un tiers des enseignants avaient des chefs
d'établissement qui considéraient que l'absentéisme des
enseignants nuisait à l'enseignement « dans une certaine mesure
» ou « considérablement » dans leur établissement.
En somme, la nomination des chefs à la tête des
établissments a une part de responsabilité dans le rendement
interne faible de l'école. Au regard de développement ci-dessus,
les données d'analyse permettent de confirmer l'hypothèse deux
(2) de notre recherche sur la gestion de choix au poste des chefs
d'établissement. On retient à cet effet que les responsables
nommés à la tête des établissements sont sans
expérience nécessaire pour mener à bien les
activités scolaires . Ce qui explique la mauvaise organisation des
établissements caracterisée par l'insuffisance de la
planification, le manque de suivi pédagogique, le manque de motivation
à l'initiation de travail en groupe. Ces insuffisances dans le
management des établissements traduisent l'inefficacité de
l'école marquée par l'absentéisme des élèves
et des enseignants. Ainsi, la nomination de personnel non qualifié, sans
expérience et incompétant à la tête des
établissements est donc à l'origine de rendement interne faible
des établissements secondaires dans le Département de la Kabbia.
CHAPITRE V : LA
GESTION DE RECRUTEMENT ET PROMOTION DES ÉLÈVES EN CLASSE
SUPÉRIEURE
Dans ce chapitre, il sera question pour nous de mettre
l'accent sur le recrutement des élèves par les chefs
d'établissements, et la promotion de ceux-ci en classe
supérieure.
L'accès à l'enseignement secondaire est
réglementé par des textes et contrôlé par un examen
ou concours d'entrée en sixième.
L'article 1 de l'arrête no 96/MENJCS/83 du 22
juin 1983 portant modification et élargissement de l'arrête
no 070 /CSM/ENCJS relatif à l'organisation des conseils
de classes et d'orientation, souligne que le recrutement des
élèves en classe de sixième dans les établissements
scolaires publics et privés se fait par concours organisé par le
Ministère de l'Éducation Nationale, de la Culture, de la Jeunesse
et de Sport.
L'article 2 affirme que les candidats doivent être
âgés de 10 ans au minimum et de 15 ans au maximum au 31
décembre de l'année du concours.
L'article 3 nous fait comprendre que les candidats doivent
avoir accompli au moins une année de cours moyen deuxième
année.
Quant à l'article 4, aucun candidat ne sera admis
à se présenter plus de deux fois au concours d'entrée en
sixième.
Au Titre III du passage en classe supérieure en article
10 stipule que tout élève ayant une moyenne annuelle égale
ou supérieure à 10 sur 20 est admis dans la classe
supérieure.
À l'article 11, il appartient au conseil de
classe et d'orientation de chaque établissement de faire des
propositions d'admission en classe supérieure pour tout
élève qui, n'ayant pas la moyenne requise mais faisant preuve
d'une bonne conduite et d'une bonne assiduité d'une part et d'autre part
bénéficie des circonstances atténuantes justifiant
l'insuffisance de cette moyenne : maladie en cours d'année ou au
moment des contrôles continus, difficultés matérielles ou
événements familiaux , à condition que cette moyenne
insuffisante soit la plus proche possible de la moyenne exigée. Selon
l'article 17, l'admission en seconde est soumise à deux conditions qui
doivent toutes être remplies, à savoir :
Etre titulaire du BEPC ;
Avoir une moyenne annuelle supérieure ou égale
à 10 sur 20.
Quant à l'article 18, tout élève de la
classe de sixième jusqu'en classe de la 1ère ayant une moyenne
annuelle inférieure à 8 sur 20 est jugé inapte aux
études secondaires et exclu définitivement de tous les
établissements secondaires du Tchad. A l'article 19, tous les
élèves de la classe de terminale ayant une moyenne annuelle
inférieure à 7 sur 20 sont exclus définitivement de tous
les établissements secondaires du Tchad. Les élèves
reçus au BEPC et ayant obtenu une moyenne annuelle égale ou
supérieure à 10 sur 20 sont accueillis dans les lycées qui
les préparent en trois ans au diplôme de baccalauréat de
l'enseignement secondaire. Contrairement à cela, les
élèves sont recrutés selon des critères qui ne
respectent le texte.
I. LE RECRUTEMENT SANS
CONDITION DES ÉLÈVES
La fréquentation des élèves est de nos
jours marquée par un nomadisme dans les établissements.
Ceux-ci, après avoir connu l'échec, n'acceptent reprendre
dans leur établissement malgré qu'on leur refuse le changement
d'établissement. Ils sont acceptés dans d'autres
établissements bien qu'ils ne remplissent pas les conditions
nécessaires à leur inscription. Dans nos entretiens, nous avons
recueilli les avis de nos répondants à ce sujet. Il ressort que
100% des nos répondants reconnaissent le recrutement sans condition des
élèves dans les établissements comme la cause du rendement
interne faible de l'école. Ils avancent tant des raisons qui expliquent
ce recrutement comme l'installation anarchique des échoués en
classe supérieure, le recrutement pour constituer l'effectif
d'établissement, le recrutement parallèle, le recrutement
imposé et le transfert des exclus et redoublants.
I.1.L'installation
anarchique des redoublants en classe supérieure
C'est un nouveau système qu'utilisent les
élèves pour exprimer leur mécontentement face à
leur redoublement. Les élèves qui, ayant été
déclarés échoués pour n'avoir déployé
d'effort maximum pour être admis en classe supérieure, ne
cherchent ni à retirer leurs bulletins ni à voir
l'administration pour être orienter dans une classe. Comme les autres
camarades admis, ils se choisissent une salle et s'installent. Dès lors,
ils assistent frauduleusement aux cours et ne cherchent ni à s'inscrire
pour être découverts tôt par l'administration qui peut
à tout moment les ramener à leur niveau. Selon nos informateurs,
les élèves expliquent cette pratique par le manque des moyens
financiers. C'est pourquoi, au collège de Fegue I, l'on nous laisse
entendre que « les élèves en position d'échec,
refusent de retirer leurs bulletins et préfèrent s'installer dans
les classes supérieures avec un autre frais d'inscription ».
Ils justifient cette manière de faire selon notre informateur par le
fait qu'ils n'ont pas le moyen pour reprendre leur classe. C'est pourquoi,
quand ils sont ramenés conformément à la décision
du conseil d'orientation, ils quittent sans souci, abandonnent ainsi
l'école. Cette réalité a été relevée
au collège de Goh Valang où l'intéressé nous
explique que quatre cas ont été décelés dans son
établissement. Voulant ainsi mettre de l'ordre dans
l'établissement, il les a ramenés dans leur classe respective,
où il s'est rendu compte que trois d'entre eux ont abandonné
l'école.
L'installation anarchique s'explique aussi par
l'âge des élèves car les élèves
âgés ne veulent pas une reprise de classe qu'ils
considérent comme une perte de temps à leur égard. Ils
veulent vite avancer comme souligne un des nos répondants
pour : « devenir des fonctionnaires ». Cela veut
dire qu'ils ont une ambition de devenir le plus tôt possible des
fonctionnaires et peu importe le niveau d'acquisition des connaissances.
Cette pratique est soutenue par les parents
d'élèves et aussi les autorités de la place. Ce qui
amène souvent le désaccord entre les chefs d'établissement
et le comité des parents d'élèves. Selon un chef
d'établissement, le comité des parents d'élèves
souhaite qu'il faille laisser les élèves s'ils ont la
volonté de fréquenter malgré leur échec. Pour le
comité, le refus d'accepter les élèves anarchiquement
installés entrainerait leur départ vers d'autres
établissements ou à l'abandon de ceux-ci. C'est donc là
le point de discordance entre le comité et l'administration pour la
simple raison que c'est avec ces frais d'inscription qu'il prenne en charge les
contractuels.
Pour certains parents qui comprennent à peine,
la scolarité de leurs enfants, le fait de s'acquitter de la
scolarité d'un élève lui donne droit à l'admission
en classe supérieure. Pour cette raison, les parents affirment selon un
répondant que : « les élèves qui
reprennent leur classe sont ceux qui n'ont pas payé leurs frais
d'inscription ». Ainsi, pour les parents, tout élève
ayant payé son droit d'écolage doit automatiquement passer en
classe supérieure. Cela dit, les parents conçoivent aussi mal le
redoublement de leurs enfants. Dans la même direction, un autre
répondant affirme selon un élève, en ce qui concerne
l'installation anarchique ce qui suit : « mon papa m'a dit
de venir rester en classe supérieure ». Cette
déclaration prouve à suffisance que les élèves
n'acceptent pas reprendre leur classe trouvant comme issue un moyen d'aller
en classe supérieure.
La place des autorités locales est non
négligeable dans cette manière de faire. Elles mettent souvent
le bâton dans les roues des chefs d'établissement qui cherchent
à mettre de l'ordre dans leur établissement. C'est pourquoi dans
un autre lycée, le chef d'établissement nous fait savoir à
propos de l'installation anarchique des élèves que cela est un
véritable casse-tête lorsqu'un élève est
détecté après un semestre de cours. Il est donc
très difficile pour un chef d'établissement de trouver solution
à ce problème quand on sait que le politique est derrière.
Pour preuve, il nous fait savoir que « le sous-préfet de la
localité a dressé une liste des élèves non admis et
exclus de l'établissement qui sont anarchiquement installés dans
des salles des classes que le proviseur doit les accepter si non en cas de
quelque chose il serait responsable ». Ce qui enfonce davantage de
clou dans la responsabilité de chef d'établissement placé
entre le marteau et l'enclume ; donc il n'a pas les mains libres de faire
son travail comme il se doit.
L'installation anarchique des élèves
est encouragée de même par les enseignants surtout les
contractuels. C'est donc une entente entre les élèves et les
enseignants contractuels dont une ou deux places leurs sont accordées
pour exonérer leurs petits frères comme les font les titulaires.
Ils profitent de cette occasion pour prendre une grosse somme avec un
élève exclu, transféré d'un autre
établissement ou encore qui a redoublé et est à la
recherche de passage en classe supérieure. Ceux-ci se présentent
à la direction juste avec les noms de leurs parrains et les inscrits aux
frais de COGES qui est de 1250f pendant que l'élève est
déjà installé en salle de classe.
Ce qui fait dire à notre répondant de
Djodo Gassa que c'est l'octroi d'une place au professeur qui occasionne
l'inscription des exclus. Cette situation est un phénomène pour
les chefs d'établissement qui ne font que se lamenter de ces cas trop
frequants. Dans cette optique un chef d'établissement note que ces
élèves décelés trois mois après les cours,
sont acceptés pour éviter des perturbations dans les classes. On
comprend par là qu'il y a un problème sérieux qui est
celui d'installation anarchique des élèves redoublants et exclus
en classe supérieure. Ceci est donc un problème qu'il faut
gérer avec beaucoup de précaution car cela peut naitre un conflit
comme souligne un autre responsable que certains élèves tiennent
des propos menaçants comme quoi l'école est à eux. Si
l'installation anarchique des élèves leur donne une occasion des
s'inscrire en classe supérieure, il est de même que pour la
reconstitution d'effectif de l'établissement.
I.2. La reconstitution
d'effectif d'établissement
C'est un recrutement comme son nom l'indique qui se
fait dans le but de constituer l'effectif de l'établissement en vue
d'avoir des ressources financières pour parer aux difficultés
d'établissement.
Ainsi, dans les établissements, on recrute
tous les élèves qui se présentent et les conditions de
leur l'inscription sont de moindre importance. Cependant, dans nos entretiens,
il ressort que cette pratique est courante dans les établissements
publics, communautaires comme privés.
Au lycée de Koumou par exemple, notre
répondant souligne que les élèves ne veulent pas reprendre
leur classe parce qu'ils savent qu'ils sont accueillis à bras ouverts
dans d'autres établissements, si le moyen leur permet. C'est pourquoi,
les chefs d'établissement recrutent tous les élèves qui se
présentent sous cautions exigées sans tenir compte de leur
niveau.
Aussi, au collège de Fegué I par
exemple, le directeur nous assure que l'établissement est en quête
d'effectif et pour que les cours finissent dans des bonnes conditions il faut
fermer les yeux et laisser faire. Selon lui il n'est pas question de mettre la
rigueur dans la gestion de recrutement des élèves. La rigueur
dans le recrutement pourrait entrainer le départ des
élèves et occasionnerait la fermeture de l'établissement.
Dans cet établissement par exemple, l'effectif total des
élèves est de 86, donc un établissement en quête
d'effectif. Il en est de même pour le collège de Kourey Valangzou
où se pose le même problème. Dans cet établissement
le chef d'établissement nous affirme que, si ces élèves ne
sont pas inscrits en classe supérieure, ils quittent, abandonnent
l'école. C'est pourquoi l'administration est obligée non
seulement de les accepter mais aussi de recruter d'autres qui se
présentent sans conditions nécessaires en vue de grossir
l'effectif des élèves pour parer au traitement des contractuels.
Ainsi, l'intéressé souligne que même les
élèves qui n'ont pas passé le concours d'entrée en
6ème sont recrutés. Il est à noter que dans ce
collège l'effectif est de 37 élèves et il n'y a aucun
agent de l'état et pourtant le collège est officiel.
Ce recrutement des enfants sans conditions nécessaires
d'inscription, appuyé par les parents d'élèves entrainant
le nomadisme des élèves d'un établissement vers un autre.
Le lycée de domo Dambali est l'un des exemples qui illustre cette
situation. Dans cet établissement notre informateur affirme que la
réouverture du collège de Domo Bara a entrainé un
déplacement massif des centaines d'élèves du lycée
soit 200 élèves en échec ont quitté
l'établissement pour être recruter en classe supérieure.
Tous ces élèves qui arrivent par le vent, constituent pour le
comité des parents d'élèves, la force de l'association.
C'est pourquoi un enquêté note que: « Certains
établissements en combattant la baisse de niveau profitent aux
autres ». Les parents des élèves mecontents de voir les
enfants reprendre, proposent une somme au chef d'établissement dans le
souci de faire avancer leurs enfants.
Cette facilité dans le recrutement selon notre
informateur du lycée de Pont Carol est la raison qui pousse les
élèves à ne pas travailler car certains
établissements ont les portes ouvertes pour les accueillir afin de
grossir l'effectif. Il est donc certain que ces établissements sont
à l'attente des élèves pour parer à la situation
financière, surtout le traitement des contractuels. Cette situation est
aussi notée au lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya, où
quelques cas des élèves de la première qui ont repris leur
classe se retrouvent dans le collège privé Doungkangson où
ils ont été présentés comme candidats au
baccalauréat. Pourtant, il est difficile de comprendre que les
écoles privées sensées donner une formation de
qualité accueillent aussi en classe supérieure, les redoublants
venant d'autres établissements. C'est pour cette raison qu'un chef
d'établissement affirme que : « les collèges
communautaires sont à la recherche des élèves et en cas de
la mauvaise gestion, ceux-ci quittent pour les établissements
privés ». Selon l'intéressé, il faut
éviter par tous les moyens les erreurs dans la façon de recruter
les élèves sinon l'établissement risque d'être
vidé. Ce recrutement permet aux établissements
défavorisés de constituer l'effectif de l'établissement
alors que dans les grands centres, on note un recrutement parallèle.
I.3. Le recrutement
parallèle des chefs d'établissement
Le recrutement parallèle se résume par
la pratique des chefs d'établissements dans sa manière de
recruter des élèves. En tant que chef d'établissement, il
a le droit d'accepter ou de refuser tel ou tel élève dont les
conditions ne sont pas réunies. Dans nos entretiens, certains chefs
affirment avoir mis de la rigueur dans la gestion de recrutement des
élèves et d'autres non. Pour notre enquêté du
collège de Hori Zoundula, les redoublants, les exclus, quittent
l'établissement et se présentent dans un autre
établissement sans bulletins, ni dossier de transfert et sont
recrutés. Pour ces élèves souligne t-il, il suffit d'avoir
de l'argent puisse que certains chefs d'établissement exigent une somme
allant de 5000 à 10000f et même au-delà.
Ainsi, les élèves en position
d'échec ne voulant pas reprendre leur niveau préfèrent
changer d'établissement pour s'inscrire en classe supérieure. Ces
élèves une fois inscrits n'arrivent pas pour la plupart des cas
à franchir ce niveau qu'ils n'ont pas du tout mérité. Pour
certains chefs d'établissement, c'est juste une manière de ne pas
les perdre. C'est dans le souci de les récupérer que d'autres
chefs d'établissement utilisent la clémence, comme c'est le cas
au lycée de Berem où l'on nous fait savoir que parmi ces exclus
figure un élève qui a totalisé une moyenne annuelle de
1/20.
Ce genre d'élèves pour être
accepté dans une classe débourse une somme qui est toujours
supérieure à celle fixée par le comité des parents
d'élèves. C'est dans cette optique qu'un de nos répondants
note que les chefs d'établissement prennent de l'argent avec les
élèves pour les inscrire en classe supérieure. Cet
intéressé illustre cette pratique par le propos d'un enseignant
qui disait ceci : « je donne des mauvaises notes aux
élèves pour faire de l'argent à mon
chef d'établissement ». Nous comprenons à travers cette
réalité que les élèves subissent quelquefois de
l'injustice des enseignants qui manquent considérablement de la
conscience professionnelle. Ce mauvais traitement d'élèves par
les enseignants décourage aussi ces derniers qui pensent que leur
redoublement n'est pas toujours mérité. C'est qui entraine le
plus souvent des changements d'établissement.
C'est pourquoi dans un autre établissement, un
autre répondant s'inquiète de ce nomadisme fréquent des
élèves dans les établissements. Ainsi, quand
l'élève constate qu'il n'est pas admis, il change
d'établissement pour être en classe supérieure. Le
recrutement de ces élèves devient selon un autre
répondant, un intérêt égoïste pour les chefs
d'établissement qui prennent avec ces élèves une somme de
10000 FCFA et plus. L'intéressé conclut que ce sont les chefs
d'établissement qui enfoncent le clou aux élèves ignorant
de leur avenir.
Au lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya, ces
élèves qui redoublent rencontrent des difficultés à
se réinscrire en classe supérieure dans leur établissement
d'origine. C'est pourquoi ils quittent pour un autre établissement et
font les va-et-vient entre les établissements. Selon
l'enquêté, les élèves en difficultés disent
que l'inscription est une négociation avec le chef
d'établissement. Qu'on les réinscrive ou pas, ils ont les moyens
d'aller s'inscrire dans un autre établissement sans difficulté.
Ainsi, nous retenons à travers le nomadisme
des élèves une facilité dans leur recrutement et la
disponibilité des moyens qui leur permettent de consentir moins
d'efforts en vue de franchir une classe donnée dont ils ont souvent de
sérieux problème. Cette facilité est selon un
répondant le manque de rapport entre les différents chefs
d'établissement au sujet de recrutement des élèves. Ainsi,
ces derniers sont soient imposés par leurs parents ou soient s'imposent
d'eux mêmes bien qu'ils n'ont pas des connaissances acquises.
I.4. Le recrutement
imposé aux chefs d'établissement
Après le recrutement par
besoin et intérêt, une autre forme de recrutement s'opère
dans les établissements scolaires. C'est le recrutement imposé.
C'est l'influence extérieure que les chefs d'établissement
subissent quand il s'agit de recruter les élèves. Cette
manière d'imposer le recrutement des enfants ne répond à
aucun texte.
Dans nos entretiens avec les chefs
d'établissements, certaines personnes, y compris les
élèves eux-mêmes, imposent leur recrutement, malgré
leur difficulté à passer en classe supérieure. Au
lycée de Tagal par exemple, on nous fait apprendre que les parents
d'élèves interviennent auprès de l'administration pour lui
demander de recruter tous les élèves qui se présentent
dans l'établissement sans aucune condition. C'est qui entraine souvent
la mésentente entre les associations des parents d'élèves
et l'administration. C'est pourquoi note un enquêté que les
enfants imposent leur inscription en classe supérieure et s'ils ne sont
pas acceptés, ils quittent soit pour aller dans un autre
établissement soit pour regagner le quartier abandonnant l'école.
Cette crainte de laisser les enfants périr amène les responsables
à les accepter bien qu'ils sont imposés. Cela ne tient
guère compte tenu des normes comme soulignent les textes portant
recrutement des élèves dans l'enseignement secondaire.
Dans un autre établissement comme celui de Pont
Carol par exemple, les élèves en grande majorité ont de
problème à s'exprimer, et ce sont leurs parents et leurs
frères professeurs qui bousculent l'administration pour leur inscription
et réinscription. En cas de refus, pour incohérence, ils
contournent le chef d'établissement et s'inscrivent part la
complicité des collaborateurs ou le comité des parents
d'élèves. Ainsi, défié, l'élève est
inscrit et suit normalement ses cours. Ce dernier sera découvert lors
d'un contrôle ou pendant le remplissage des bulletins où il n'est
plus facile de prendre une décision le concernant. Dans un autre
lycée, un chef d'établissement note l'intervention des parents
qui imposent leurs enfants au chef d'établissement. Le refus d'une telle
imposition est donc couronné par de menaces tant du coté des
parents que des élèves. C'est pourquoi dans un collège, le
répondant nous informe que le recrutement des élèves est
caractérisé par un comportement violent. Quand ces redoublants et
exclus ne sont pas réinscrits, ils vous menacent, vous traitent de tous
et tiennent des propos tribalistes comme quoi ils sont chez eux, et que
l'école leur appartient. Cette manière de faire décourage
le chef d'établissement qui, au lieu de s'en tenir à la rigueur,
croupit sous le poids de la menace et aide ces enfants à avancer dans
l'ignorance puisqu'il n'a pas la liberté de faire ce qu'il est venu
faire.
Cette situation a été également
reconnue par Adoum Mahamat Konto (1992 :5), que
: « à chaque rentrée, il y'a toujours des parents
qui viennent tenter de justifier pourquoi leur enfant n'a pas pu passer tel ou
tel autre contrôle. Ils tentent par la même occasion d'obtenir le
passage en classe supérieure de leurs progénitures alors que le
problème du passage en cours supérieure est clos depuis la fin de
l'année scolaire écoulée ». Selon lui, le chef
d'établissement qui, d'une manière stricte refuse de céder
à ce jeu est soumis à une pression terrible des parents ou des
amis qui viennent supplier pour demander l'inscription de leurs enfants. Il est
dans ce cas impossible de dire non à tout le monde. Il y a
également des autorités, des hommes bien placés, des
supérieurs hiérarchiques qui par un mot ou un coup de
téléphone, sollicitent l'admission d'un frère, d'un cousin
ou d'une copine.
Pour arriver à leur fin ils n'hésitent pas
à proposer de l'argent, à vous rappeler l'amitié qui vous
lie depuis très longtemps. Une inscription non réussie dans
l'établissement d'origine pour raison d'insuffisance de travail aboutit
à un transfert dans un autre.
I.5. Le transfert des
exclus et les redoublants
Le transfert est un acte administratif autorisant le
déplacement d'un élève dans une école autre que
celle qu'il aurait dû normalement fréquenter.
L'élève peut être transféré dans une
école si l'école qu'il aurait dû fréquenter ne
possède pas des locaux adéquats ou en nombre suffisant, s'il est
impossible de former des classes.
Les élèves pour manifester leur
mécontentement face à leur redoublement et exclusion demande le
transfert dans un autre établissement pour être en classe
supérieure. À cet effet, ils négocient avec le chef
d'établissement d'origine qui leur facilite la tâche en leur
falsifiant le bulletin et leur déclarant admis en classe
supérieure. C'est ainsi que pendant nos entretiens, des sources
recueillies nous font comprendre que plusieurs techniques sont utilisées
pour le changement d'établissement des élèves.
Pour un des nos répondants, les chefs
d'établissements délivrent des changements
d'établissements aux redoublants et aux élèves exclus en
leur déclarant admis en classe supérieure. Selon
l'intéressé, après avoir falsifié le bulletin d'un
élève redoublant et une fois l'avoir déclaré admis,
ils apprécient dans le nouveau bulletin « admis à
redoubler ». Ainsi, arrivée dans le nouvel
établissement, l'élève est accueilli et recruté
comme prescrit.
Une autre technique qui laisse penser
un autre répondant est l'existence des bulletins en vente au quartier.
Selon cet intéressé, il existe des bulletins en vente au quartier
dûment signés par le chef d'établissement et il est
très difficile de remettre en cause un tel bulletin. Toujours selon
lui, tous les élèves qui reprennent ou qui sont exclus se
procurent de ces bulletins pour aller s'inscrire dans un autre
établissement sans aucune inquiétude. Cette situation
considérée comme une solution au problème des abandons,
les exclus et des redoublants est considérée comme un
désordre dans l'établissement. Le chef d'établissement en
voyant les bulletins dûment signés ne peut plus remettre en cause
un tel papier. Or au fond ce papier n'est qu'une fausseté.
Toujours à ce sujet, un autre
enquêté note ce qui suit : « les sans-papiers
mettent l'huile de côté ». Selon lui, tous les
élèves qui arrivent dans son établissement n'ont aucun
papier, justifiant qu'ils sont réellement des élèves
réguliers. Ils avancent comme argument ce qui
suit : « j'ai déserté les cours
l'année dernière, mes bulletins ont été
détruits par la pluie... ». Or, ce sont des exclus,
redoublants et même des abandons de longue date qui ne veulent pas
présenter leurs bulletins de peur d'être rejetés par le
chef d'établissement. Ils comptent plus sur l'argent dont ils
possèdent, car la présentation de leurs bulletins leur
compliquerait la situation et entrainerait pour eux, un refus par le chef
d'établissement.
Ainsi, certains se présentent tout au moins
avec leur carte d'identité scolaire de l'année
écoulée où ils ont eu à fréquenter.
Prêts à accepter toutes les exigences financières, ils sont
finalement recrutés selon leur désir. C'est pourquoi notre
enquêté conclut que les élèves peuvent n'avoir aucun
papier mais le moyen suffit pour qu'ils s'inscrivent. Pour les candidats
à l'entrée en 6ème qui ont connu l'échec
dans un centre lointain, ils se présentent également sans papier
afférent, avançant comme argument fondamental le refus du chef
d'établissement à leur délivrer le changement
d'établissement. Ceux-ci sont également recrutés par les
chefs d'établissement.
Ce recrutement des élèves qui n'honore
personne a fait l'objet d'une note circulaire de l'Inspecteur
Départemental de la Kabbia qui a attiré l'attention des chefs
d'établissement comme suit : « mon attention a
été attirée à cette pratique du fait que les
classes des examens sont bondés des élèves de niveau non
requis. Cette pratique constitue l'une des causes majeures de la
délinquance de notre système éducatif avec son corolaire
de baisse de niveau, de fort taux de redoublement et des résultats
médiocres aux examens et concours ». Selon l'auteur, si le
Département enregistre un taux élevé d'échec
scolaire, cela est due par le fait que l'on recrute n'importe quel
élève sans tenir compte de son niveau scolaire.
Il est dont à souligner que cette manière
de faire est monnaie courante dans les établissements. Pour le proviseur
de Domo Dambali, il existe un nomadisme croissant des élèves dans
les établissements. Les enfants mecontents de leur redoublement quittent
pour aller ailleurs où ils sont inscrits en classe supérieure et
ceux qui continuent dans l'établissement s'installent aussi dans les
classes suivantes. En cas de renvoi pour regagner leur classe normale, ceux-ci
abandonnent l'école. Pour ce répondant il y a un problème
qui se pose dans les établissements concernant le recrutement des
élèves. Le chef d'établissement est devant un fait qu'il
doit gérer avec beaucoup de patience. Ce phénomène est
semblable à celui de la promotion des élèves en classe
supérieure dont l'admission n'est pas rigoureuse.
II. LA PROMOTION DES
ÉLÈVES EN CLASSE SUPÉRIEURE
Le passage en classe supérieure
des élèves est déterminé par leur niveau
d'acquisition des connaissances du programme. Cette admission prend de nos
jours d'autres tournures qui se résument par la facilité
entrainant les élèves dans la paresse au travail. Dans nos
entretiens, des données ont été recueillies sur la
promotion des élèves en classe supérieure. Par rapport au
tableau 14, nos répondants ont reconnu unanimement que la promotion des
élèves en classe supérieure a un effet negatif sur le
rendement interne faible de l'école. Ces enquêtés
expliquent la promotion des élèves par le favoritisme et le
clientélisme.
II.1. Le favoritisme des
chefs d'établissement
Le favoritisme est une tendance à accorder des
faveurs illégales ou injustes à quelqu'un. C'est donc une
disposition de traiter quelqu'un avec une bienveillance, à lui accorder
une préférence. Cette pratique qui est monnaie courante n'exclut
pas les établissements scolaires en général et ceux de
l'enseignement secondaire en particulier où les chefs
d'établissement abusent de leur autorité dans l'octroi des
faveurs à certaines personnes. Ce favoritisme se manifeste par des liens
d'amitié, de parentés en passant par la tricherie dans
l'organisation des examens et concours ; bref dans l'admission des
élèves en classe supérieure. Intéressé par
la question, nous nous sommes entretenus avec les chefs d'établissement
pour recueillir leur avis concernant la place du favoritisme dans l'admission
des élèves en classe supérieure.
Il ressort de nos entretiens que les chefs
d'établissement font assez de faveur aux élèves dans leur
progression.
Dans une lettre au droit de réponse à
la pétition des chefs d'établissement (2010 :1-2),
l'Inspecteur Départemental de l'Éducation Nationale de la Kabbia
écrit en ces termes : « les vrais problèmes
qui minent le système éducatif dans le département de la
Kabbia se situent plutôt au niveau de l'organisation des examens et
concours... ». Selon le document, les responsables se
comportent très négativement pendant l'organisation des examens
et concours. Pour preuve, le document souligne qu'un proviseur a
été surpris par le président de centre en train de traiter
le sujet à une candidate et l'autre a fait composer un candidat à
la place d'un gendarme. Après ceux-ci, se fut le tour des censeurs qui
se sont enfermés dans leur bureau pour traiter et multiplier au carbone
et procéder à la distribution dans les salles de classes. Le
document conclut que les chefs d'établissement signent des cartes
d'identité scolaire aux individus pour composer à la place des
autres.
En effet, il est à noter que la part des
responsables des établissements dans le passage en classe
supérieure des élèves est non négligeable. Pour un
autre enquêté, l'entrée en 6éme par exemple est
politisée et les chefs d'établissement ne veulent pas que
certains élèves reprennent. Selon lui, le chef
d'établissement demande aux surveillants de laisser le temps libre aux
élèves et aux correcteurs d'alléger la correction. Pour le
directeur de Djodo Bissera, la pratique du favoritisme est non seulement au
secondaire mais aussi au primaire. Selon lui les directeurs des écoles
primaires, pour envoyer la liste des admis au concours d'entrée en
6ème dans les collèges glissent les noms des non
admis et il n'est pas facile de rejeter l'élève dans la mesure
où certains établissements sont en quête d'effectif. Le
favoritisme des chefs d'établissement aboutit pour la plus part au
clientélisme ou les établissements deviennent des centres de
corruption.
II. 2. Le
clientélisme des chefs d'établissement
Le clientélisme est le fait
pour un homme ou un parti, de chercher à augmenter son pouvoir en
s'appuyant sur une clientèle gagnée et entretenue à l'aide
des procédés démagogiques d'attribution des avantages.
Dans le domaine éducatif, c'est donc un acte
qui consiste à jouer sur la conscience d'un individu à travers un
moyen financier ou matériel pour obtenir des facilités ou des
services. De manière plus pratique, c'est le fait de soudoyer un
professeur, un chef d'établissement afin d'obtenir des notes ou
d'inscrire un protégé. Il s'agit donc en un mot de satisfaire par
des moyens très souvent illégaux. C'est une pratique qui est en
cours dans les établissements scolaires en général et ceux
du département de la Kabbia en particulier. Elle se caractérise
par des actions injustes des chefs d'établissement dans le recrutement
des élèves et leur admission en classe supérieure.
Les établissements sont donc des
véritables centres de corruption. Les administrateurs, les parents
d'élèves et les élèves eux-mêmes se livrent
au clientélisme et font de cette pratique un moyen pour satisfaire leur
insuffisance. En effet, dans beaucoup d'établissements, les chefs se
livrent aux pratiques de corruption vis-à-vis des parents
d'élèves et des élèves eux-mêmes. Les
administrateurs assoiffés n'encouragent pas les élèves au
travail sous entendu qu'ils viendront négocier leur admission en classe
supérieure. À leur arrivée une somme leur est fixée
et sans inquiétude de leur niveau d'études. Ces
élèves trouvent en cela une porte de sortie, raison pour laquelle
ils versent sans condition la somme exigée pour leur passage en classe
supérieure. Cela devient une habitude pour ces élèves
aimant la facilité. Ils deviennent ainsi des clients et des amis
incontournables des chefs d'établissement se livrant à cette
pratique illégale.
Dans les classes les notes s'achètent. Les
enseignants souvent traités des pauvres, se livrent à cette
pratique et oublient la mission qui leur est confiée, celle de relever
le défi du système éducatif. C'est ainsi que les
élèves qui ratent leur moyenne viennent plaider leur sort par
rapport à leurs notes. Les négociations se terminent toujours par
une somme d'argent qu'ils doivent à l'enseignant avant de voir la note
rehaussée.
Dans une étude sur la corruption
réalisée par le Réseau Ouest et Centre Africain de
Recherche en Éducation (2007), la corruption se manifeste dans la
falsification des bulletins de notes, les recrutements des
élèves, le transfert d'un établissement à un autre
et les attributions des bourses. Cette corruption met en face les correcteurs
et les parents d'élèves qui ont pour souci la réussite de
leurs élèves. Dans nos entretiens à ce sujet, il ressort
que le passage des élèves en classe supérieure
résulte du fait de la corruption dans les établissements.
À Djodo-Gassa, l'organisation de concours
d'entrée en sixième n'est qu'une formalité, souligne le
directeur. Selon lui, les élèves affirment que pour aller
l'entrée en 6ème, il suffit d'avoir le moyen de
côté pour passer. Pour le directeur de collège de Dogom, il
existe normalement la corruption dans le passage des élèves en
classe supérieure. Selon lui, les notes sont arbitrairement
attribuées aux élèves par les enseignants et les chefs
d'établissement se sont spécialisés dans la falsification
des bulletins de notes. Pour cet enquêté, lors de remplissage des
bulletins de notes, les enseignants se livrent aux pratiques qui n'honorent pas
la profession enseignante. Cela dit, ils attribuent les notes par
affinité et par copinage. Toujours selon ce répondant, les chefs
d'établissements ont une part importante en ce qui concerne le passage
des élèves en classe supérieure. Ceux-ci se livrent comme
les enseignants à falsifier les bulletins des redoublants et des exclus
pour les faire passer en classe supérieure.
Cette opinion intègre parfaitement le propos du
directeur de Bellé qui affirme que : « les chefs
d'établissement sont responsables de la falsification des bulletins de
notes des élèves ». À travers ces opinions, il
est à noter que l'admission des élèves en classe ne tient
pas compte du mérite des élèves. Pour le directeur du
collège de Goh-Valang par contre ce sont les contractuels qui sont
à l'origine de passage non mérité des élèves
en classe supérieure. Il affirme ce qui suit : « les
contractuels font passer les élèves avec une somme de
10000f ». Ce répondant explique ce passage par
l'existence des faux bulletins et changements dont la source n'est pas connue
qui sont délivrés aux élèves selon lui par les
contractuels. Aussi, lors de remplissage des bulletins, 68% de nos
enquêtés affirment que les enseignants modifient les notes de
leurs frères.
Pour le président de la fédération
nationale des parents d'élèves du Mali cité par ROCARE
(2007), la corruption à l'école est encouragée par la
facilité, la paresse intellectuelle, l'insouciante de lendemain et
l'absence de goût des études. Il invite les partenaires de
l'école à rétablir les établissements scolaires
dans leurs rôles originels des lieux d'études et de la
préparation à la vie.
Pourtant, l'ordonnance no09/PR/CNS/MJ du 23
février 1976 portant répression des fraudes aux examens et
concours publics en son article 1 stipule que : constitue un délit,
toute fraude aux examens et concours publics ayant pour objet soit
l'entrée dans une administration soit l'acquisition d'un diplôme
délivré par l'état ou d'un titre permettant l'accès
à une classe supérieure. L'article 2, quiconque se sera rendu
coupable de fraude aux examens et concours publics, notamment en communiquant,
avant ou pendant l'examen ou le concours le texte de l'épreuve à
un tiers ou bien en substituant une tierce personne au véritable
candidat sera puni d'un emprisonnement de un mois à deux ans et d'une
amande de 25000f à 100000f. Ce texte est toujours
négligé et les élèves profitent de ce favoritisme
et clientélisme des chefs d'établissement pour passer en classe
supérieure avec des faibles moyennes.
II.3. L'admission au rabais
des élèves en classe supérieure
Après neuf mois (9) d'activités
scolaires, les élèves des classes intermédiaires tout
comme ceux qui passent les examens s'attendent chacun à des
résultats de fin d'année. Ces résultats seront
publiés après la décision du jury pour les examens et
concours et la tenue de conseil d'orientation pour les classes
intermédiaires. Ceux-ci seront déclarés admis ou
échoués conformément à la moyenne obtenue par
rapport au barème fixé à atteindre.
Selon le Ministre en charge de l'Éducation
Nationale, le passage des élèves en classe supérieure est
fixé à une moyenne supérieure ou égale à
10/20 pour les classes intermédiaires. Pour les candidats à
l'entrée en sixième, ceux-ci doivent totaliser en moyenne 55
points pour être déclarer admis en sixième et 155 points
pour décrocher son Brevet d'Etude du Premier Cycle. En un mot il s'agit
de déclarer tous ceux qui ont mérité le passage en classe
supérieure.
Dans nos entretiens il ressort conformément
au tableau no 15 que 42 soit 82,35% de nos répondants ont reconnu que
l'admission des élèves en classe supérieure n'est pas
rigoureuse. 26 soit 50,98% dans les collèges publics ont reconnu ces
faits, 7 soit 13,72% dans les collèges communautaires, 2 soit 3,93% dans
les collèges privés et 7 soit 13,72% dans les lycées. Nos
répondants avancent comme argument la faible moyenne permettant aux
élèves de passer en classe suivante. Ainsi, pour le directeur de
Djodo Gassa, l'admission des élèves n'est pas rigoureuse car sur
140 admis en sixième 30 seulement sont déclarés admis
d'office et 121 repêchés alors qu'il se retrouve avec 200 et
quelques élèves à la rentrée des classes.
Cette admission fait suite aux notes arbitrairement
attribuées pendant les examens et concours par les enseignants qui se
permettent de copier également les résultats au tableau, aux
élèves. Ce qui fait que le passage en classe de
6ème est très lamentable car les enfants sont
recrutés avec une très faible moyenne : 20 points pour
certains établissements et 15 points pour d'autres.
Ainsi, pour un répondant, il y manque de
sensibilisation des parents d'accepter l'échec de leurs enfants. Il n'y
a pas de rigueur dans le recrutement des élèves. Pour ce
répondant, dans son centre de concours d'entrée en
6ème, il note 137 admis parmi lesquels il y a 126
repêchés. Dans ce centre l'enquêté nous fait
comprendre que le jury était descendu à 25 points pour chercher
à passer les élèves. Pour un autre chef
d'établissement, sur 502 élèves présentés au
concours d'entrée en 6ème, 132 sont
déclarés admis parmi lesquels 87 admis d'office et 45
repêchés. Selon cet enquêté, l'inspecteur de pool
associé à cette organisation a fui la délibération
en laissant la tâche aux directeurs en ces termes : « vous
connaissez mieux vos élèves ». Ce qui les a
amenés selon le répondant à descendre jusqu'à 25
points pour recruter les élèves.
Face à cette situation, nous disons que la
promotion des élèves en classe supérieure n'est pas
rigoureuse et ne tient pas compte de mérite de ceux derniers quand on
sait que la moyenne pour recruter les enfants est très faible. Pour un
autre répondant, l'organisation du concours d'entrée en
6ème n'est qu'une formalité quand on sait que
même les élèves du cours moyen première année
sont recrutés. L'enquêté nous précise qu'il a
rencontré une telle situation dans son établissement où un
élève du CM1se retrouve en 6ème. Ce qui nous
permet de deviner que les élèves qui sont admis par voie de
concours ne sont pas tous les élèves du cours moyen
deuxième année comme souligne le texte. Pour le directeur du
collège Djarao Boro, l'admission en classe supérieure en
général et celle de l'entrée en 6ème en
particulier n'est pas rigoureuse. Il souligne en ces
termes : « il faut ramasser car l'école est devenue
politique ». Pour lui le mérite ne compte pas assez dans le
passage des élèves en classe supérieure mais plutôt
l'on vise la quantité.
Le passage par mérite des élèves
en classe supérieure non seulement crée de problème entre
les élèves et les parents mais aussi les chefs
hiérarchiques. Ainsi en 2012, tenant compte de mérite des
élèves, un chef d'établissement était contraint par
son chef hiérarchique à déclarer pour une deuxième
fois le résultat de concours d'entrée en sixième où
ce dernier était redescendu à 15 points pour ramasser les
élèves. Cette situation a coûté le départ de
ce dernier pour avoir résisté devant son chef
hiérarchique. On comprend donc quelque fois que les chefs ont une part
de responsabilité dans la promotion des élèves en classe
supérieure. Le recrutement et la promotion des élèves en
classe supérieure ont des conséquences négatives sur le
fonctionnement des établissements scolaires.
III. LES
CONSÉQUENCES DU RECRUTEMENT ET DE LA PROMOTION DES
ÉLÈVES
Le recrutement abusif des élèves dans les
établissements secondaires et leur promotion dans les classes
supérieures ont des conséquences directes sur le fonctionnement
des établissements. Dans cette section, il sera question de mettre
l'accent sur la saturation des salles de classes et des enseignants, de la
réduction des évaluations séquentielles par les
enseignants, de la démotivation dans les études et de la
déperdition des élèves.
III.1. La saturation des
salles des classes et des enseignants
Dans le département de la
Kabbia, il se pose énormément le problème des structures
scolaires surtout dans les établissements secondaires. En dehors du seul
lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya, les restes des
établissements fonctionnent dans des salles de classe en Secko et en
tige de mil. Le rapport départemental de rentrée 2011-2012
souligne que la plus part des écoles fonctionnent dans des hangars.
Ainsi, pour les écoles primaires le document note que le nombre des
structures d'accueil s'élève dans l'ordre de huit cent
trente-quatre ( 834) salles de classes dont deux cent un ( 201) salles de
classes en dur, cent vingt-neuf (129) en semi dur, quarante-huit (48) en
potopoto et quatre cent cinquante-six (456) en Seko pour 50923
élèves.
Pour le mobilier 2564 tables-bancs ont
été enregistrées parmi lesquelles 607 sont en mauvais
état soit un ratio de 19 élèves par tables bancs.
Si dans les écoles primaires on compte
quelques bâtiments construits, cela n'est pas le cas dans l'enseignement
moyen ou presque tous les établissements fonctionnent dans des hangars
en Secko ou en tiges de mil. Ainsi, sur un total de 143 salles de classes, on
note treize 13 salles de classes en dur et 130 salles de classes en Secko pour
9427 élèves. En ce qui concerne les mobiliers, on dénombre
selon le rapport 476 tables bancs dont 39 en mauvais état soit un ratio
de 19 élèves par table-banc. Ce qui est toujours à notre
avis très impossible.
L'enseignement secondaire quant à lui manque
des informations en ce qui concerne les bâtiments. Mais le document
souligne en ce qui concerne les matériels qu'il y a 824 tables bancs
pour 9389 élèves, soit si on peut dire un ratio de 11
élèves par table-banc.
L'effectif pléthorique a été
souvent décrié comme un des facteurs qui entravent le bon
déroulement de l'apprentissage. Du point de vue politique,
l'accroissement des effectifs est perçu comme un indice de
réduction de taux d'analphabétisme. Mais du point de vue
pédagogique, ces effectifs pléthoriques entrent en contradiction
avec les structures d'accueil et bousculent les ratios
élèves/professeurs qui en principe devaient être pour 50
élèves au secondaire.
Ces effectifs d'élèves très mal
repartis dans les établissements de la Kabbia font qu'on rencontre dans
certaines écoles plus d'élèves que dans d'autres. Au
lycée de Pont Carol par exemple, dans les classes de terminale surtout,
l'on compte 190 à 200 élèves par classe. Cela est de
même au collège de Pont Carol où l'effectif dans les
classes varie de 120 à 150 élèves. Dans ces salles de
classes, il est très difficile pour l'enseignant de faire passer son
message à tous les élèves. Dans cette condition, le
professeur ne s'intéresse qu'à ceux qui sont au devant de lui,
abandonnant ceux qui sont au fond en train de causer ou dormir.
Ne pouvant interroger tous les élèves,
le professeur se résume à l'usage de moyen de bord très
courant qui consiste à ignorer la grande majorité des
élèves de la classe et ne travaille qu'avec ceux qui
répondent à ses questions. Ainsi, la majorité des
élèves se sentent très moins concernés par le
travail et le professeur de son coté demeure incertain quand il s'agit
de voir « qui a appris, qui n'a pas appris ». Ce qui ne
permet pas aux élèves d'avoir une formation de qualité.
Or, une éducation de bonne qualité repose notamment sur la taille
raisonnable des classes et sur le taux d'encadrement. Le taux d'encadrement est
mesuré par rapport au nombre d'élèves-enseignant. Plus ce
nombre est faible, plus l'enseignant peut consacrer davantage de temps à
chaque élève individuellement et lui assurer un meilleur
encadrement pédagogique.
Dans le cadre précis des établissements
de la Kabbia le ratio enseignant-élèves est de plus de 100
à 170 élèves dans certains établissements
secondaires. Cela ne permet pas un bon encadrement. Or, Selon l'UNESCO (1998),
au dessus de 40 élèves, l'apprentissage est entravé, car
des classes surchargées se soldent souvent par des résultats
négatifs quant à l'attitude des professeurs et à leur
comportement pédagogique, et par plus de stress des enseignants et des
apprenants.
Ainsi, souligne le document, la plupart des pays en
développement, optent pour la quantité que pour la qualité
de l'éducation. Dans ces pays, l'importance de la taille des classes a
pour effet de réduire les coûts salariaux de l'enseignant par
élève. Ainsi, le nombre d'élèves par enseignant
demeure trois fois plus élevé dans les pays en voie de
développement que dans les pays développés.
Analysant l'efficacité de l'enseignement et
les progrès des élèves issus des classes de tailles
différentes (12 à 30 élèves dont les deux tiers ont
entre 16 et 25), Suchaut et Le Bastard (2000), cités par Kalamo (2011)
trouvent un effet positif de la taille des classes jusqu'à 23
élèves, négatif ensuite au seuil de 1%. Brossard (2003),
toujours cité par le même auteur trouve au Bénin que la
taille des classes exerce un léger effet négatif sur la
réussite à l'examen. En moyenne, les écoles de plus de 65
élèves par maître affichent une probabilité de
réussite, pour leurs élèves, inférieure de 1, 2
point de pourcentage. La saturation des classes entraine pour la plus part des
cas la réduction des évaluations séquentielles par les
enseignants qui se justifient par le pléthore des élèves.
III. 2. La
réduction des évaluations séquentielles par les
enseignants
L'un des principaux actes professionnels qu'un
enseignant doit poser dans sa tâche quotidienne est l'évaluation
pédagogique. Elle fait partie d'enseignement-apprentissage pour
vérifier dans quelle mesure les résultats des efforts
déployés par les élèves permettent d'atteindre les
objectifs visés par l'enseignant. À cet effet trois, types
d'évaluations se dégagent : évaluation initiale,
formative et sommative.
L'évaluation initiale est d'une utilité
absolue en début de l'année scolaire, elle permet à
l'enseignant de commencer un nouvel enseignement. Ce sont les connaissances
pré-acquises qui permettent à l'enseignant d'élaborer ses
enseignements en prenant en compte la spécificité des
élèves. Il importe également à cette phase initiale
d'exploiter les différentes procédures d'apprentissage en
fonction des connaissances antérieures. Quant à
l'évaluation formative, elle consiste à aider
pédagogiquement les apprenants à améliorer leur style
d'apprentissage et à chercher à comprendre les différents
processus de réalisation d'une activité d'apprentissage. En fait,
lors d'une évaluation, il ne s'agit pas de juger essentiellement le
travail de l'apprenant, mais beaucoup plus de lui montrer ses erreurs,
identifier les mobiles de ces erreurs, corriger les insuffisances en fixant
définitivement les connaissances non acquises.
L'évaluation sommative : « c'est
une activité de synthèse sur un thème ou une des
unités didactiques développées, ou un cours d'un niveau
académique précis ». L'objectif est ici de savoir
à travers les exercices de synthèse proposés aux
apprenants, de voir s'ils ont atteint les résultats escomptés en
fonction des situations d'enseignement et d'apprentissage proposées
initialement. Cette évaluation peut avoir lieu à la fin d'un
trimestre ou d'une séquence. Selon le Ministère de
l'Éducation, 4 à 5 évaluations doivent être
effectuées par enseignant et selon la discipline enseignée par
trimestre pour évaluer les acquis des élèves.
Pendant nos entretiens, nous avons cherché à
savoir le nombre des évaluations fréquentes ou
séquentielles effectuées par les enseignants dans le trimestre.
Ainsi, 33 répondants soit 64,70% affirment que deux évaluations
seulement sont organisées par enseignant, 11 répondants soit
21,56% affirment que trois évaluations sont organisées par les
enseignants et 7 répondants soit 13,73% affirment que quatre
évaluations sont organisées par les enseignants. Le chef
d'établissements de Ngueté affirme que certains enseignants
compte tenu de l'effectif des élèves s'arrêtent à
deux devoirs et d'autres s'efforcent pour aller à trois devoirs.
Pourtant les études menées par bon nombre de chercheurs ont
montré que les évaluations fréquentes,
opérées au moment approprié, constituent un atout
favorable pour la réussite des élèves. Duru-Bellat et all.
(1992) cités par Kantabazé (op cite : 122) ont
révélé que la fréquence élevée des
devoirs associée à des exigences à l'endroit des
élèves constitue un paramètre influant beaucoup sur les
performances scolaires. En effet, plus l'élève s'exerce, plus il
découvre ses talents ou ses faiblesses.
Abondant dans le même sens, Schiefelbein et
Simmons (1981) cités aussi par cet auteur ont montré dans leur
étude que les enseignants qui donnent beaucoup de travaux à
domicile réussissent mieux que ceux qui restent réticents face
à cette pratique. De même, l'auteur cite également Caillods
et Postlethwaite (1989) qui appuient les auteurs précédents et
concluent que les apprenants tirent profit de l'effet d'entraînement.
L'évaluation fréquente est souvent considérée par
ces auteurs comme un indicateur de «l'effet-établissement»
pour la bonne raison que cette pratique revient à la politique globale
de l'école.
Selon MEPS (1993), cité enfin par l'auteur, le nombre
d'évaluations équivaut à la charge horaire hebdomadaire de
la discipline. Pour un cours de 6 heures par semaine, l'enseignant est tenu
à donner six travaux d'évaluation au cours d'un trimestre.
Cependant, il n'est pas rare d'observer des enseignants qui donnent un seul
travail à la place de quatre ou cinq, au moment où d'autres sont
en normes, dépassant même pour certains le nombre de travaux
exigés. En outre, l'évaluation doit être polarisée
sur la matière enseignée et s'étendre sur tout le
programme enseigné.
En effet, dans bien des cas, les mauvaises
performances observées au sein des établissements sont imputables
à l'évaluation mal opérée, portant sur la
matière hors du programme en vigueur. On peut reprocher aux enseignants
d'appliquer trop souvent des critères excessivement exigeants eu
égard à l'année d'études des élèves
qu'ils ont à juger. Le plus souvent, on repère des questions
d'examens qui portent sur la matière prévue aux programmes de
l'année à venir.
Tout se passe comme si les enseignants ne
s'attachent pas à évaluer les acquis de l'année qui se
termine, mais plutôt à pronostiquer dans quelle mesure leurs
élèves sont à même de maîtriser les
compétences qui seront les objectifs de l'année à venir.
Ceci constitue un argument avancé pour justifier pourquoi certains
élèves doublent une année d'études, pour la simple
raison qu'ils ont échoué à un examen portant, dans une
large mesure, sur la matière non enseignée au cours de
l'année. De telles révélations ont été
vérifiées par De Landsheere (1984). En analysant le contenu des
examens de 2ème primaire, ce dernier a dénombré
400 exercices de français sur un total de 650 qui portaient sur des
matières dont le programme officiel ne faisait mention qu'en 3ème
année. De surcroît, certains enseignants adaptent les questions au
niveau des élèves les plus avancés.
De Landsheere (1994) propose une formulation
synthétique de la manière suivante : « Quand un maître
sait ou croit d'avance que tous les élèves ignorent une
matière, il ne pose pas de questions d'examens à ce propos. De
même, quand il sait ou croit savoir d'avance que tous les
élèves réussissent une question, il l'évite. Bref,
le maîtres s'arrête de préférence aux matières
qui différencient les élèves entre eux. Il n'évalue
donc ni le déficit commun, ni l'acquis commun de leur classe, ce qui le
conduit à une surestimation de
l'hétérogénéité de leur classe ». Pour
cet auteur, les enseignants n'évaluent donc ni le déficit commun
des élèves, ni l'acquis commun de la classe, ce qui conduit
souvent ceux-ci aux résultats médiocres. Ce qui les amène
souvent à se démotiver dans leurs études.
III.3. La
démotivation dans les études
Sur le plan scolaire, la démotivation est
l'effet du manque de motivation chez les apprenants. Elle est
considérée comme une perte de motivation ou un
découragement dû à une certaine insatisfaction suite d'une
déception, d'un engagement pris dans lequel on avait l'espoir de
réussir. Dans le Département de la Kabbia, nos informateurs
expliquent la démotivation des élèves dans les
études par l'environnement scolaire, à l'activité
d'apprentissage et à la compétence des élèves
à réaliser cette activité, la mauvaise préparation
des leçons, la mauvaise qualité de l'enseignement, le
découragement, le manque d'espoir, le manque de performance au travail ,
la subjectivité dans l'évaluation, la mauvais climat en classe,
la non accessibilité à la promotion, la dictature et
l'intolérance. Du point de vu environnement scolaire, mis à part
le lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya, les autres
établissements secondaires souffrent de manque des infrastructures
pouvant mieux accueillir les élèves. Les hangars en tiges de mil
ou en Secko, construits par les parents d'élèves ne respectent
pas la taille d'une classe. Ils sont souvent trop restreints, trop bas et
contiennent beaucoup d'élèves qui sont mal assis. Les
matériels de travail comme le tableau, les tables-bureau et les chaises
pour l'enseignant laissent à désirer. C'est dans ces conditions
de travail que lors de la visite de l'Inspecteur Départemental de la
Kabbia en 2012 au collège de Djargaye, certains enseignants ont
été retirés. L'Inspecteur s'est donné comme raison
le manque de volonté des parents à s'impliquer normalement dans
le système éducatif. Dans nos entretiens, nous avons
également touchés à bout de doit cette
réalité. Nous avons constatés que les salles de classes
construites en hangars sont non seulement trop restreints et trop cours mais
sont aussi rongés par les animaux. Cela laisse plusieurs fenêtres
aux élèves leur empêchant de bien suivre les cours
donnés par les enseignants. Ce qui fait dire notre répondant du
collège de Goh Valang en ce termes : « Certains
élèves préfèrent les grands centres où les
structures d'accueille sont meilleurs ». Cela veut dire que les
élèves sont démotivés quand l'environnement
scolaire n'est pas satisfaisant. Ils donnent peu d'importance à
l'école qu'ils considèrent comme moins d'avenir. Il est donc
certains que l'environnement scolaire des établissements secondaires de
la Kabbia peut constituer une source de démotivation compte tenue de
l'état délabré des infrastructures d'accueil.
D'autres aspects de la démotivation dans les
études sont les activités d'apprentissage que les enseignants
proposent aux élèves. Selon certains de nos répondants,
l'élève est plus motivé au moment où il juge que
l'activité est très intéressante et très utile pour
son avenir. Si la leçon étudiée ne donne aucune
représentation mentale pour les apprenants, ceux-ci ne sont pas
intéressés à suivre, donc ils sont démotivés
Pour le directeur de collège de Zaba : « le manque
de professionnalisme des enseignants débouche à la mauvaise
préparation de la leçon dont les activités ne
correspondent pas aux intérêts et préoccupations des
élèves ». Selon l'intéressé, les
enseignants contractuels sans formation pédagogique ne préparent
pas les fiches et conduisent leur leçon selon la méthode
classique qui consiste à accorder peu de parole aux
élèves. Nous convenons avec l'intéressé sur cet
avis car le constat montre que non seulement les contractuels mais
également les formés ne préparent pas les fiches
pédagogiques. Les cours sont préparés et donnés de
manière magistrale. Ce qui explique souvent la non maitrise de contenu
de la leçon par les apprenants. C'est donc ce qui les démotive
souvent. Pour prouver leur mécontentement, ils ne cessent de manifester
pour demander le départ de tel ou tel l'enseignant dont ils ne
comprennent pas le cours. Ce qui pose souvent de problème quand on fait
face au manque des enseignants en général et des formés en
particulier.
Contrairement à cet enquêté, le proviseur
du lycée Ngueté souligne que : « la
démotivation des élèves est observé aux
résultats des évaluations ». Pour cet
enquêté, les élèves sont plus
démotivés quand ils obtiennent des mauvaises notes aux devoirs ou
à un examen. Ainsi, ils se désintéressent rapidement d'un
échec dû à leur incapacité à réussir
une activité. C'est le phénomène récurent dans les
établissements souligne le directeur du collège de Halmi qui
pense que : « les élèves ne peuvent
être motivés à un cours que quand ils obtiennent de bonnes
notes ». Selon l'interessé, les élèves
apprécient souvent l'enseignant qui les évalue objectivement dont
les résultats sont soldés par des bonnes notes. Par contre, ils
détestent les évaluations embusquée dont ile sont souvent
en perpétuel échec.
Pour ces raisons, certains enquêtés en
particulier le Directeur du collège de Gang Douka note que :
« la mauvaise relation de l'élève entre l'enseignant et
l'administration peut être un élément de
démotivation. Ce qui se résume souvent sous le fait de climat
scolaire ». Selon cet auteur, si l'élève n'a pas une
bonne relation entre l'enseignant et le chef d'établissement, cela peut
le démotiver dans ses études. Ce climat de tension nous a
été relevé dans certains établissements
précisément au lycée de tagal où un groupe
d'élèves refusent de participer au cours d'un enseignant suit
à une mauvaise relation entre celui-ci. Toujours selon
l'intéressé, ces effets de la démotivation sont
observables aussi en classe chez l'enseignant et les apprenants pendant l'acte
pédagogique. Il s'agit d'insuffisance de la matière
enseignée, de la non-maîtrise du contenu de la leçon, du
manque d'adaptation au niveau de la classe, du manque de la logique dans la
progression de la leçon et du manque de synthèse et
évaluation de la leçon. Tous ces éléments
démotivants xont non négligeables dans le processus
d'enseignement apprentissage dans la Kabbia. La démotivation des
élèves aboutit souvent à la déperdition scolaire.
III.4. Les
déperditions scolaires
La déperdition scolaire est un
phénomène qui touche le monde en général et le
système éducatif en particulier. Pour le dictionnaire actuel de
l'éducation, c'est un gaspillage de matériels et de temps pour le
système éducatif et de formation ainsi que pour la
société dans son ensemble occasionné par les
problèmes de redoublement et d'abandon au cours d'études.
À ces deux composantes s'ajoutent également d'autres
paramètres comme la non certification des compétences qui se
manifeste par l'insuffisance des connaissances et des compétences que
les élèves sont sensés maitriser à la sortie d'un
cycle de formation.
Pour Kantabazé (2010), la déperdition
est la diminution des effectifs d'un cohorte d'élèves suite
à l'abandon scolaire volontaire ou forcé , au redoublement, aux
décès et au changement de domicile de l'élève au
cours de l'année ; c'est aussi la non certification des
compétences qui se manifeste par la non maitrise des
éléments du cursus scolaire et enfin, c'est le ``gaspillage'' des
ressources humains et matérielles engagées dans la formation.
Cette définition illustre à suffisance le cas des
établissements secondaires dans le département de la Kabbia. Dans
notre étude, l'accent est mis sur le redoublement, l'abandon et
l'exclusion des élèves au cours d'une année scolaire.
En effet, l'on constate que mis à part la non
certification des connaissances, un nombre important d'élèves
redoublent leur classe, ou sont exclus de l'établissement ou encore
abandonnent l'école. Le tableau no21 ci après nous
permet de comprendre les déperditions des élèves dans les
établissements secondaires de la Kabbia.
De manière générale, on note que
10046 soit 51,99% des élèves sont en déperdition dans le
département de la Kabbia. Cette statistique prouve à suffisance
que les ressources matérielles, humaines et le temps d'enseignement
utilisés pour former ces élèves sont
« gaspillés ». Ce pourcentage très
élevé des élèves en déperdition est
inquiétant dans ce Département. Comme rappel, l'exemple de la
confession de l'église catholique de Gounou-Gaya inquiétée
par le nombre important des décrocheurs à organiser un cours de
soutien pour récupérer ces élèves en
déperdition.
On peut à travers cela comprendre que la
déperdition des élèves constitue non seulement un handicap
pour les établissements mais pour la société toute
entière car ces élèves sont les futurs piliers du
développement de demain. À ce sujet, un de nos répondants
laisse entendre en ce qui concerne la déperdition que tout le monde est
responsable : « L'État ne met pas du sérieux dans la
formation des formateurs, la politique s'est immixée dans le
système éducatif où les techniciens ne sont pas
impliqués dans la prise des décisions. La fuite de
responsabilité des parents dans le suivi de leurs enfants et la
démobilisation des enseignants due au manque de suivi auront des graves
conséquences sur l'avenir des décrocheurs ». Pour lui,
les conséquences sont la préparation des gens de la rue qui
deviennent des improductifs, des délinquants, des rebelles bref de
dangers publics ; certains se déguiseront en ganguisters et on
assistera à un chaos si l'on ne redresse pas cette situation. Toujours
selon l'intéressé, si les élèves sont en
déperdition, cela constitue un danger pour l'Etat que pour le public.
C'est pourquoi il appelle tout le monde à une prise de conscience. Il
est vrai de convenir avec cet intéressé car le constat prouve que
la déperdition scolaire constitue un mal pour ce Département.
Tableau no
21 : Statistiques des élèves en déperdition
dans la Kabbia
Etablissements
|
Effectifs
|
abandons
|
%
|
Redoublants
|
%
|
Exclus
|
%
|
Collèges
|
10074
|
756
|
7,50%
|
3321
|
32,96%
|
989
|
9,81%
|
Lycées
|
9248
|
644
|
6,94%
|
3410
|
36,82%
|
953
|
10,30%
|
Total
|
19322
|
1400
|
7,24%
|
6731
|
34,83%
|
1942
|
10,05%
|
Source de tableau :
Donnés des enquêtes
Dans ce tableau, la statistique nous montre que 1400 soit
7,24% des élèves ont abandonné les cours, 6731 soit 34,82%
ont redoublé leur classe et 1942 soit 10,05% des élèves
ont été exclus des établissements. Cela nous donne un
effectif de 10073 élèves soit un pourcentage
général de 52,13% des élèves en déperdition
dans les établissements secondaires de la Kabbia. Cette situation des
élèves en déperdition selon un de nos répondants a
des conséquences négatives non seulement sur la vie des
élèves mais sur le développement du Département de
manière générale. Ainsi, dans certains coins du
Département, certains décrocheurs qui se sont transformés
en dockers, pousseurs et autres deviennent des drogueurs pour faire leur
travail. Ils perdent toutes consciences et deviennent non seulement violent
mais agressif, prés à faire du mal. Malheur à celui qui
ose les provoquer, il risque de se retrouver sous le sac qu'il porte.
En somme, le recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure exercent une influence sur le
rendement de l'école. Au regard de développement ci-dessus, les
données d'analyse permettent de confirmer l'hypothèse trois (3)
de notre recherche sur la gestion de recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure. En effet, l'on retient que
les élèves sont recrutés de manière anarchique dans
le but, soit de constituer l'effectif de l'établissement, soit pour
l'intérêt égoïste des chefs d'établissement.
Aussi, les élèves sont promus en classe supérieure avec
des faibles moyennes. Tous ces éléments ne sont pas sans
conséquence sur le fonctionnement de l'établissement. C'est ainsi
qu'on assiste à la saturation des salles de classe et des enseignants,
à la réduction des évaluations séquentielles, bref
à la démotivation des élèves dans les études
et les déperditions scolaires. Ainsi, le recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure impactent negativement le
rendement interne faible des établissements secondaires de la Kabbia.
CHAPITRE VI : LE
SYSTÈME DE GESTION DE L'ORIENTATION DES ÉLÈVES PAR LES
CHEFS D'ÉTABLISSEMENTS
L'orientation est le décryptage de l'information sur
les filières de formation et les métiers. Elle consiste à
mettre l'individu en mesure de prendre conscience de ses
caractéristiques personnelles et les développer en vue du choix
de ses études et de ses activités professionnelles. C'est
l'affectation dans telle ou telle filière de formation. Cependant, elle
découle d'un conseil appelé conseil d'orientation.
I. L'INSTITUTION DU
CONSEIL DE CLASSE ET D'ORIENTATION
Conformément à l'arrêté
no 96/MENCJS/83 portant modification et élargissement de
l'arrêté no 070/CSN/ENCNJS relatif à
l'organisation des conseils de classe et d'orientation en son article 6, il est
institué dans chaque établissement du second degré des
conseils de classe et d'orientation. Le rôle de conseils de classes et
d'orientation est de décerner aux élèves à la fin
de chaque trimestre ou semestre, des mentions telles que : tableau
d'honneur, félicitation, encouragement, avertissement ou blâme
d'une part et proposer, dans la première quinzaine de juin et d'autre
part, la liste des élèves :
-Admis dans les classes supérieures ;
-Autorisés à redoubler ;
-Orientés dans les différentes séries. A,
B, C, D. du second cycle ;
-Jugés définitivement inaptes à
poursuivre des études secondaires.
Sont membre des conseils de classes et d'orientation, tous les
professeurs de l'établissement ainsi que le personnel de la
surveillance, les délégués des élèves, les
représentant de l'association des parents d'élèves, un
conseiller d'orientation scolaire et professionnelle et une assistance sociale.
Le conseil de classe est présidé par le chef
d'établissement assisté du censeur et du directeur des
études qui le supplée en cas d'absence. Le conseil d'orientation
se réunit dans la première quinzaine de juin et fait des
propositions conformément à l'article 6 du présent
arrêté. Le conseil des classes et d'orientation pourra en outre,
appeler, à titre consultatif, toute personne susceptible de
l'éclairer.
Au titre du passage en classe supérieure, l'article 10
nous fait comprendre que tout élève ayant une moyenne
égale ou supérieure à 10/20 est admis en classe
supérieure. Il appartient selon l'article 11, au conseil de classe et
d'orientation de faire des propositions d'admission dans les classes
supérieure pour tout élève qui, n'ayant pas la moyenne
requise mais faisant preuve d'une bonne conduite et d'une bonne
assiduité d'une part et d'autre part bénéficie des
circonstances atténuantes justifiant l'insuffisance de cette
moyenne : maladie en cours d'année ou au moment des
contrôles, difficultés matérielles et
événements familiaux etc. A condition que cette moyenne
insuffisante soit la plus proche de la moyenne exigée.
Parlant du redoublement, l'article 12, mentionne que deux
redoublements sont autorisés par cycle. Ce qui signifie qu'un
élève qui a redoublé la 6ème peut
redoubler le 5ème mai pas la 4ème ni la
3ème. Tout triplement est formellement interdit dans le
1er comme dans le second cycle. L'article 14, pour sa part note que
tout élève depuis la 6ème jusqu'en classe de la
1ère ayant une moyenne annuelle comprise entre 8 et 10 sur 20
est autorisé à redoubler sa classe s'il ne l'a pas encore fait.
Aussi tout élève de la classe de la 3ème ;
titulaire de BEPC, n'ayant pas une moyenne annuelle égale ou
supérieure à 10 sur 20 pour passer en classe de seconde, peut
redoubler sa classe s'il n'a pas encore eu deux redoublements dans le
1er cycle. En terminale, l'article 16 souligne que tout
élève ayant une moyenne annuelle comprise entre 7 et 10 sur 20
est autorisé à redoubler sa classe s'il ne l'a pas encore fait.
Le passage en second est soumise selon l'article 17 à deux
conditions :
- Etre titulaire de BEPC ;
- Avoir une moyenne supérieure ou égale
à10/20.
En ce qui concerne l'exclusion, l'article18, note que tout
élève de la classe de 6ème jusqu'en classe de
1ère ayant une moyenne annuelle inferieure à
8 /20 est jugé inapte aux études secondaires et ait exclu
définitivement de tous les établissements secondaires du Tchad.
Aussi tout élève de la classe de la terminale ayant une moyenne
annuelle inferieure à 7/20 est exclu définitivement de tous les
établissements secondaires du Tchad.
I.1.Le conseil de
classe
Un des moments clefs de la responsabilité
pédagogique du chef d'établissement est le conseil de classe. Il
le préside conjointement ou alternativement avec son adjoint. C'est
également, pour les enseignants, le moment d'échanger les points
de vue concernant les élèves et de remplir les bulletins
trimestriels ou semestriels. Il est aussi le moment d'examiner le travail et la
conduite des élèves. Ainsi, le conseil de classe examine le
travail pédagogique et disciplinaire de la classe. Son rôle est
d'harmoniser les points de vues sur les moyennes de passage, de décider
des redoublements et des exclusions, d'apprécier le comportement des
élèves et les problèmes sociaux qui peuvent entraver le
bon déroulement du travail pédagogique.
Selon Kaïtamba (2011), la première séance
de travail a lieu au cours du premier mois de l'année scolaire pour
organiser le travail des élèves en dehors de la classe et fixer
les jours de remise des différents devoirs écrits. Les trois
autres séances obligatoires sont celles de fin de trimestre et de fin
d'année. En dehors de ces conseils, d'autres réunions du conseil
de classe peuvent être décidées par le chef
d'établissement en cas de besoin ; lorsqu'une classe pose de
problème de discipline ou de travail.
Les séances des conseils de classes doivent être
courtes et soigneusement préparées à l'avance. Chaque
professeur vient au conseil avec ses notes personnelles sur les
élèves de la classe, notes d'écrits, notes orales et notes
de composition. Par contre, l'administration doit préparer des documents
de travail pour une meilleure appréciation des résultats. Ces
documents sont : les moyennes trimestrielles et annuelles de tous les
élèves de la classe. Les notes de composition doivent être
dressées par l'administration à l'intention des parents
d'élèves. Le calcul de la moyenne trimestrielle et annuelle sera
confié au professeur principal désigné à cet
effet.
Les délibérations des conseils de classes sont
secrètes pour éviter les attaques individuelles. Le
président de séance doit contrôler la composition du
conseil de classe avant chaque séance. Il doit exiger des absents des
excuses écrites. Les résultats du conseil de classes ne peuvent
être communiqués aux élèves que par le chef
d'établissement et de façon solennelle et publique.
En fin d'année scolaire, le conseil de classe
décide, en conseil d'orientation des élèves pour
l'année suivante, de l'admission en classe supérieure dans telle
ou telle série, de l'examen de passage dans une de deux matières,
redoublement et exclusion. Pour une moyenne inferieure à 7/20, le
conseil peut décider de l'exclusion ou de redoublement. Pour un
élève dont la moyenne est comprise entre 9,5/20, il peut
être admis par le conseil sauf cas exceptionnel à justifier pour
lequel un examen de passage est sollicité. La moyenne annuelle et la
décision doivent figurer sur le bulletin de 3ème
trimestre par le chef d'établissement et les bulletins signés.
Les bulletins sont rétirés par les parents
d'élèves, mais le chef d'établissement doit passer dans
chaque classe en fin de trimestre ou convoquer les parents
d'élèves pour communiquer aux élèves les
décisions du conseil de classe et faire le commentaire
approprié. Si le conseil de classes intègre le
différents corps cités par l'arrêté no
070/CSN/ENCNJS relatif à l'organisation des conseils de classe et
d'orientation, on note cependant, l'absence de l'association des parents
d'élèves, de conseiller d'orientation, de représentant de
l'assistance sociale et le délégué des
élèves. Selon le constat fait, le conseil de classe et
d'orientation ne prend en compte que le corps administratif et le personnel
enseignants. Ce qui fait qu'il y a toujours de subjectivité dans le
passage des élèves en classe supérieure et l'orientation
des élèves dans leur série respective.
I.2. La
subjectivité dans l'orientation des élèves dans leur
série
L'orientation est un conseil donné aux jeunes
par un personnel spécialisé afin de les aider à choisir
les programmes d'enseignement, la profession ou la carrière qui
correspondent les mieux à leurs aptitudes et à leurs centres
d'intérêts tout en tenant compte de leurs résultats
scolaires. Selon nos entretiens et en référence au tableau
no 16, 44 soit 86,27 répondants ont reconnu la
subjectivité dans l'orientation contre 7 soit13, 72%. Ces
données reparties selon les établissements nous laissent voir que
23 soit 45,09% reconnaissent cet état des faits dans les collèges
publics, 9 soit 17,64% les reconnaissent dans les collèges
communautaires, 2 soit 3,92% dans les collèges privés et 10 soit
19,60% dans les lycées. Voici comment ils s'expriment. Faisant un
aperçu historique, notre répondant du collège de
Djodo-Gassa souligne que par le passé, pour l'orientation, on remettait
une fiche que l'intéressé avant de remplir, la présente
aux parents en cochant la série qu'il désire et le chef
d'établissement à son tour fait recourt à ses bulletins
depuis l'entrée de l'élève en sixième.
C'était donc de cette manière qu'on orientait les
élèves. Il note que de nos jours, les enfants sont
orientés par rapport à leurs deux bulletins sans tenir compte de
leur parcours. Ceci intègre l'opinion de notre répondant du
lycée Maldom-Bada-Abbas de Gounou-Gaya qui reconnait quant à lui
que c'est le retard, les lacunes dans les écoles primaires et les
colleges qui poursuivent les élèves au second cycle. C'est donc
le manque du sérieux au fondamental qui poursuit les
élèves aux secondaires.
Au lycée de Leo Mbassa, on nous fait comprendre que
toutes les formes des pratiques entrent en jeux dans l'orientation des
élèves. Certains professeurs choisissent uniquement les classes
de seconde sous prétexte qu'ils sont pour l'orientation et orientent les
élèves non pas selon le mérite mais plutôt selon le
désir des élèves. À ce sujet, on note l'absence de
contrôle strict dans les évaluations précisément en
seconde occasionnant la tricherie qui aboutit souvent à une orientation
boiteuse. Le manque de rigueur dans les évaluations fait que les sujets
de troisième sont donnés en seconde. Suite à la campagne
de série que font certains enseignants pour attirer les
élèves dans la série scientifique, les
élèves trichent pour se jeter dans cette série sans
connaissance de la matière. Cette campagne en faveur de la série
scientifique embarque les élèves dans un choix par ambition,
juste de nom. Cette campagne ou publicité de série embarquent
même les nulards dans la série non préférée.
C'est pourquoi certains élèves font une auto-orientation en
négociant soit avec les professeurs principaux, soit avec le chef
d'établissement car, ils trouvent que la réussite est beaucoup
plus dans la série scientifique et il faut y aller par tous les moyens.
Certains parents à travers leur vision sollicitent que
leurs enfants soient orientés en série scientifique pour vite
réussir. Pour ces raisons, on assiste à une orientation des
élèves par affinité d'où l'attribution des notes
fictives par les professeurs. Il y a aussi selon lui une orientation par
copinage. Les relations enseignant-élève jouent un rôle
important et les élèves évoluent à cette
manière de faire. La présence nombreuse des enseignants
contractuels à la recherche d'un petit moyen de vivre fait que ceux-ci
marchandent les notes avec les élèves pour les orienter dans leur
série préférée.
Ce qui fait dire à notre répondant du
collège Maldom-Bada Abbas de Gounou-Gaya que l'orientation des
élèves n'est pas bien faite en ce sens que malgré la
décision du conseil d'orientation, les élèves
négocient leur orientation soit par le biais de leurs frères
enseignants ou directement avec le chef d'établissement. C'est une
lourde responsabilité souligne un chef d'établissement qui
reconnait qu'il n'y a pas une orientation faite par les techniciens, en
l'occurrence des enseignants qualifiés qui maitrisent les
élèves. Les parents préfèrent négocier avec
l'équipe d'orientation pour que leurs enfants soient orientés en
série scientifique. C'est pourquoi, certains professeurs font l'avocat
des élèves qui en réalité ne méritent pas
d'être orientés en série scientifique.
La part de responsabilité des chefs
d'établissement dans l'orientation des
élèves est non négligeable. Tout commence depuis
l'entrée en sixième où chaque chef d'établissement
cherche un meilleur pourcentage pour son école. Pour cette raison, ils
grossissent les moyennes pour faire passer les élèves. Au
secondaire, bien que le chef d'établissement soit le président du
conseil d'orientation, bien que sa voix soit prépondérante,
certains chefs d'établissement abusent de leur pratique dans la remise
en cause du conseil d'orientation. Cette manière de faire se traduit
par l'acceptation des revendications des élèves d'où la
corruption dans l'orientation de ceux-ci.
Pour un autre répondant, les chefs
d'établissement falsifient les bulletins des élèves pour
les orienter. Ces notes sont donc attribuées en contrepartie pour
favoriser les élèves dans leur choix d'orientation. Il n'y a pas
un travail sérieux fait par les enseignants et les chefs
d'établissement dans l'orientation des élèves.
Au collège de Djodo Bissera par exemple, on
nous fait comprendre que l'orientation n'est pas bien faite car la grande
partie des élèves sont orientés en première
scientifique. Pour ce répondant, le directeur n'a pas provoqué un
conseil d'orientation et a orienté les élèves seul. C'est
pourquoi note l'intéressé que tous ces élèves
orientés par le directeur, arrivés au grand lycée de
Djodo-Gassa ne tiennent plus et demandent eux-mêmes qu'on les
réoriente. Ce qui n'est pas du tout normal selon
l'intéressé qui reconnait que l'orientation des
élèves relève de la compétence du conseil
d'orientation.
Toujours à ce sujet, un autre répondant,
reconnaissant le manque des enseignants qualifiés et le manque de
professionnalisme des chefs d'établissement, nous apprend que ceux-ci
modifient les notes sur les bulletins d'élèves et les chefs
d'établissement demandent aux élèves qui veulent passer en
classe supérieure ou aller dans la série scientifique de donner
une somme de 10000 FCFA. C'est pourquoi selon toujours
l'intéressé, certains parents vont directement voir le chef
d'établissement pour négocier l'orientation de leurs enfants tout
comme le passage en classe supérieure. Ainsi, l'intéressé
conclut que les bulletins sont refaits soit par le chef d'établissement
lui-même ou encore remis à un des ses enseignants. Ce qui fait
qu'on ne peut parler d'une orientation dans la mesure où les
élèves sont orientés sur la demande et les chefs
d'établissement prennent eux de l'argent pour orienter ces derniers.
Le problème d'orientation se pose et peut en
être une des causes de l'interruption du cursus scolaire des
élèves qui ont subi une mauvaise orientation. Cette mauvaise
orientation poursuit les élèves même dans les études
supérieures. En effet, il arrive que certains étudiants fassent
leur choix de filière par ordre de préférence et se
retrouvent en fin de compte dans une filière qu'ils
préfèrent moins ou même qu'ils n'ont même pas
choisie. Cette mauvaise orientation décourage souvent les
étudiants qui se sentent obligés de poursuivre des études
qu'ils n'aiment pas ou n'ont pas envisagé faire. Par conséquent,
leur rendement scolaire se trouve affecté causant la plus part du temps
des redoublements et des renvois en cours de cycle. Cela interpelle une fois de
plus les comités d'orientation des élèves et
étudiants à respecter la première option du candidat pour
éviter la contestation par les élèves.
II. LA CONTESTATION
D'ORIENTATION PAR LES ÉLÈVES
La contestation est l'action de contester ou remettre
en cause quelque chose. C'est une discussion, un désaccord sur le bien
fondé d'un fait, d'un droit différant. C'est la remise en
question systématique de l'ordre, de conceptions dominantes au sein d'un
groupe de la société. Dans nos entretiens il ressort que 40 soit
80,39% des répondants ont reconnu que l'orientation des
élèves est toujours contestée. Conformément au
tableau no17, nous avons répartis les données comme
suit : 22 soit 43,13% dans les collèges publics, 7 soit 13,72% de
répondants aux collèges communautaires, 3 soit 5,88% aux
collèges privés et 9 soit 17,64% dans les lycées. Nos
enquêtés expliquent cette contestation par l'ambition de choix de
série des élèves et la non prise en compte du conseil
d'orientation par les chefs d'établissement.
II.1. L'ambition de choix
de série des élèves
De nos jours, la campagne ou publicité en
faveur de série fait que l'enfant s'embarque par ambition dans une
série où il ne maitrise pas. Pour la plus part des
répondants, l'orientation des élèves dans leur
série est faite par un choix d'ambition. Ce choix de série par
les élèves s'explique par diverses raisons selon eux.
- L'avènement de la nouvelle technologie de
l'information et de la communication est pour les élèves, une
source tendant à déterminer le choix de ces derniers. Cette
nouvelle technologie attire beaucoup des personnes en général et
les élèves en particulier, les amène à opter pour
une série scientifique. Chacun cherche par tous les moyens à
devenir un technicien pour se prendre en charge que de continuer à faire
des longues études. Cette réalité se vit bien dans
l'enseignement secondaire en général et celui du
Département de la Kabbia en particulier. C'est pourquoi conclut un de
nos répondants qui note que l'orientation des élèves est
basée sur un choix d'ambition et par imitation.
-La campagne en faveur de la série
scientifique embarque bon nombre des
élèves rien que de nom. En effet, certains enseignants
scientifiques passent tout leur temps en salle en train de faire l'éloge
de cette série considérée comme la seule vraie
série. Attirés par ce commentaire et en voulant imiter
l'enseignant, les élèves optent pour cette série qui selon
eux les conduirait sur la trace de ce professeur. C'est pourquoi un chef
d'établissement nous laisse entendre que l'ambition de choix de
série par les élèves est juste un plaisir de se glorifier
en soit disant qu'on est en terminale D, C ou E. C'est un simple orgueil des
élèves qui les amène à ce choix dont ils ne sont
pas capables de mesurer les conséquences. Ainsi, ils négligent la
série littéraire considérée comme une série
des femmes et une orientation dans une telle série est toujours
contestée. Au lycée de Tagal par exemple, notre
enquêté nous apprend que l'orientation des élèves
est faite par un choix d'ambition. Les élèves orientés en
première littéraire se retrouvent en première scientifique
et tiennent des propos comme quoi la série littéraire est une
série des femmes. C'est pour cette raison que certains
élèves imitent leurs camarades dans cette option.
- L'envie de gagner rapidement son pain pousse
également les élèves à choisir la série
scientifique qu'ils considèrent comme une série d'embauche. Vu le
besoin qui se pose à l'État en matière des enseignants
scientifiques et plus précisément le quota qu'accorde celui-ci
pour le recrutement de ces derniers à la fonction publique, le choix de
cette série devient une nécessité pour les
élèves. Ils optent pour cette série, une manière de
réduire le tes de chômage après leur formation. C'est donc
dans ce souci de gagner le plus tôt que possible son pain que les
élèves, malgré leurs insuffisances dans la connaissance
des matières scientifiques, optent dans celle-ci sans s'inquiéter
de leur niveau. Ce choix est pour eux une manière d'éviter de
chômer longtemps après leur formation, car ils constatent que la
plupart des chômeurs sont des littéraires.
-La promesse de certains parents amène les
élèves à choisir une série qu'ils ne
métrisent pas, donc un choix par ambition. Selon un répondant,
certains parents demandent à leurs enfants d'opter pour la série
scientifique avec promesse de les envoyer à l'extérieur
après l'obtention de leur baccalauréat. Attirés par une
telle promesse et pour ne pas perdre une telle chance, les élèves
malgré leur lacune, utilisent tous les moyens nécessaires afin
d'en arriver à ce choix qui a pour ambition d'aller étudier
à l'extérieur. C'est pourquoi un répondant souligne que
certains parents mêmes lettrés interviennent pour demander
l'orientation de leurs enfants en série scientifique. Selon lui, ces
parents ont une vision de leurs enfants après leur réussite au
baccalauréat scientifique. Pour ces raisons, certains parents, bien que
leurs enfants soient orientés en série littéraire,
interviennent auprès de chef d'établissement pour plaider leur
réorientation et avancent comme raison qu'il s'en chargera
personnellement d'eux.
- Le choix de série est occasionné par
les pratiques des enseignants et des chefs d'établissement. La part des
enseignants se traduit par l'attribution des notes d'affinité en vue
d'aider leurs petits frères à choisir la série
scientifique. C'est pourquoi un enquêté souligne que : «
la mauvaise orientation est l'oeuvre des enseignants du milieu ».
Selon lui, ce sont les enseignants du milieu qui favorisent le choix aux
enfants en leur attribuant des notes fictives. C'est ainsi que dans un
établissement, l'enquêté nous fait comprendre qu'un
professeur de mathématique a attribué aux élèves
des notes arbitraires allant de 10/20 à 18/20 dans l'objectif de les
orienter en série scientifique. Pour cet intéressé non
seulement les enseignants attribuent des notes arbitraires mais font l'avocat
des élèves quand il s'agit de leur orientation.
-Parlant des évaluations non rigoureuses, les
intéressés reconnaissent que le choix par ambition trouve sa
source dans les évaluations qui ne sont pas surveillées
occasionnant la tricherie qui aboutit à une orientation boiteuse. Cette
manière de faire relève du non qualification des enseignants et
leur manque de morale professionnelle. Comme les évaluations ne sont pas
surveillées dans les établissements, on aboutit souvent à
une orientation qui est celui de choix des élèves. Ainsi, au
collège privé Doungkangson, notre répondant laisse
entendre que « les élèves sont orientés sous
leur demande du choix de série et non sur leur
mérite ». Ceci est donc de la responsabilité du chef
d'établissement. Il pointe du doigt le favoritisme des enseignants et la
corruption dans l'orientation. Pourtant, le conseil d'orientation est le seul
organe de régulation de l'orientation des élèves. Mais il
semble selon un autre informateur qu'il est difficile de suivre le principe
d'orientation des élèves. C'est donc ce manque de principe qui
affecte l'orientation des élèves ; d'où on assiste au
choix de série par ambition, encouragé par les parents, les
enseignants et même les administrateurs.
Cette orientation est perçue par notre
répondant du collège de Berem Ngola comme une situation
lamentable. Pour lui, si certains élèves se retrouvent sans
série, c'est parce qu'ils ont été
désorientés par les parents, les chefs d'établissement et
les enseignants suite à l'attribution des notes arbitraires et
achetées. Pour l'intéressé, les enseignants attribuent
d'une part des notes aux élèves et les chefs
d'établissement falsifient d'autre part les bulletins pour les orienter.
C'est donc cette facilité qui permet aux élèves de changer
comme ils veulent leur série. Cette idée intègre l'opinion
de notre répondant du lycée Maldom Bada Abbas de Gounou-Gaya qui
soutient que le changement de série est une bonne manière dans la
mesure où certains élèves réussissent. Cela
n'intègre par contre pas l'opinion du répondant du lycée
et collège de Domo Dambali qui soutient que changer une série
n'est pas bon dans la logique des choses. Pour lui même si
l'élève arrive à obtenir le diplôme, il a toujours
des difficultés à poursuivre ses études supérieures
et les conséquences de son ballotage retombent sur les
élèves quant celui-ci sera recruté pour enseigner. Ainsi,
le changement de série est accepté par les chefs
d'établissement qui accordent les chances aux élèves en
échec. Ce changement de série ne tient guère du conseil
d'orientation qui est dont l'organe suprême.
II.2. La non prise en
compte du conseil d'orientation
Le conseil d'orientation est l'organe suprême qui permet
aux établissements d'orienter les élèves
conformément dans leur série et selon leur mérite. C'est
pourquoi, un élève qui a subi une bonne orientation ne peut avoir
de grandes difficultés dans sa série. Constatant l'échec
constant ces dernières années, le problème d'orientation
se révèle d'une importance capitale. Dans nos entretiens, les
informations recueillies nous laissent entendre que la décision du
conseil d'orientation n'est pas prise en compte par les chefs
d'établissement. Ce manque de prise en compte de conseil d'orientation
s'explique par diverses raisons selon nos informateurs.
Pour un des répondants, les chefs
d'établissement pour maintenir leur relation sociale, acceptent
réorienter les élèves considérés comme des
cas sociaux. Le répondant note qu'au lycée de Ngueté, ce
cas a été signalé où trois élèves ont
été réorientés quand ils ont changé
l'établissement pour se retrouver en ballottage au lycée moderne
de Kélo. Cela est donc un risque, souligne l'intéressé qui
se plaint de cette manière de désorienter les
élèves et s'interroge sur les causes de cette
désorientation. Les impressions de notre enquêté au
lycée de Pont Carol apportent quelques éléments de
réponse. L'intéressé souligne que le retour des chefs
d'établissement contre le conseil d'orientation s'explique par le manque
de protection. Pour lui la hiérarchie n'est pas présente dans ce
que font les chefs d'établissement et écoute plus la population
que ces derniers.
Ainsi, mécontent d'une décision prise par un
chef d'établissement pour arranger une situation pourrie dans
l'établissement, un paysan se met à écrire contre ce
dernier et son écrit est toujours pris en compte. L'État
écoute plus la population que les techniciens sur le terrain et pour
vous intimider, on vous brandit la démocratie. C'est ce qui se passe de
nos jours dans le Département de la Kabbia. Cette manière
d'écrire sur les fonctionnaires en général et les chefs
d'établissement en particulier a poussé le gouverneur de la
région du Mayo- kebbi Est lors de sa tournée à attirer
l'attention de la population de leurs écrits sur les responsables en ces
termes : « j'ai assez mare de vos écrits et que trop
c'est trop, je ne veux plus recevoir les écrits de la population contre
les agents de l'État ». Cela signifie que les agents de
l'État sont quelque fois frappés par des écrits de la
population à l'egard de toutes innovations dans un établissement.
C'est pourquoi le conseil d'orientation n'est pas pour la plupart pris en
compte par les chefs d'établissement.
Pendant la tenue du conseil d'orientation, il est
décidé le passage des élèves en classe
supérieure et l'orientation des élèves dans leur
série. De manière générale, un élève
doit avoir une moyenne générale de 10/20 pour aller en classe
supérieure. Compte tenu du niveau des élèves, le conseil
décide à sa manière de faire passer les
élèves. Ainsi, il peut descendre en dessous de cette moyenne pour
déclarer l'admissibilité des élèves. Cette moyenne
arrêtée est donc connue de tous le personnel de
l'établissement en général et des professeurs en
particulier.
Ainsi, au remplissage comme au calcul
des moyennes, les enseignants savent déjà les admis et les
redoublants. Ces bulletins sont déposés à la signature
avec la liste des élèves qui reprennent, qui sont admis et
exclus. Ainsi, validé par la signature et le cachet administratif, le
travail des élèves est donc consommé. Cependant, on
constate à la reprise suivante que non seulement les
élèves qui redoublent passent en classe supérieure, mais
également ceux qui sont exclus. C'est pourquoi dans un
établissement, un proviseur intérimaire a fait passer en seconde
tous les élèves de la troisième qui ont repris leur classe
avec une moyenne de 8,00/20. Ce qui était donc considéré
comme une trahison pour le conseil d'orientation et le chef
d'établissement. Pourtant, le redoublement d'un élève est
dû à un déficit d'acquisition des connaissances par
celui-ci.
Ce déficit s'il n'est pas comblé
poursuit l'élève tout au long de son parcours scolaire. Cette
manière de faire non seulement a des conséquences néfastes
sur les élèves mais également décourage les
enseignants qui sont les décideurs de ce conseil. Cette pratique n'exclu
pas l'orientation même des élèves dans leur série
respective. En effet, les élèves subissent une
réorientation à la rentrée suivante. Surpris de les voir
dans une série dans laquelle ils n'ont pas été
orientés, l'on finit par se demander comment ceux-ci ont fait ?
Certains élèves mecontents de leur orientation négocient
avec le chef d'établissement en vu de changer l'établissement.
Les cas sont multiples. Dans un établissement, un parent demande au chef
d'établissement d'établir un bulletin pour son enfant qui
redouble afin qu'il passe tout en lui changeant l'établissement. Ainsi,
la non prise en compte du conseil d'orientation a des conséquences
néfastes sur l'orientation des élèves.
III. LES
CONSÉQUENCES DE LA COMPLAISANCE DANS LE CHANGEMENT DE SERIE
La complaisance dans le changement de série des
élèves a toujours des conséquences néfastes sur
leur scolarité. Même si certains d'entre eux réussissent
par cette manière de faire comme dit un des répondants, bon
nombres sont en déperdition. D'après les informations recueillies
à ce sujet, 39 soit 76,47% des répondants reconnaissent que la
complaisance dans le changement de série a des conséquences sur
l'apprentissage de l'élève contre 12 soit 23,52%. La statistique
du tableau no18, les réponses des répondants ont
été répartis comme suit : 24 soit 47,05 % aux
collèges publics, 8 soit 15,64% dans les collèges communautaires,
4 soit 7,84% aux collèges privés et 4 soit 7,84% dans les
lycées. Les enquêtés avancent comme conséquences la
complaisance de changement de série, la démotivation des
élèves et la déperdition scolaire.
III.1. La
démotivation des élèves
La démotivation des élèves intervient
après plusieurs échecs quand ceux-ci n'arrivent pas à
passer en classe supérieure, ou à obtenir un diplôme qui
leur permet de s'intégrer dans la vie active. Depuis la
déclaration de l'an 1 de la renaissance de l'école tchadienne, la
démotivation des élèves est grandissante de manière
générale au Tchad et particulièrement dans le
département de la Kabbia. L'admission en classe supérieure
devient de plus en plus difficile, l'ouverture à la vie active semble
obscure du fait de l'obtention d'un diplôme comme le baccalauréat
que tous les élèves espèrent.
Ainsi, pendant nos entretiens, nos répondants
affirment que la démotivation des élèves est assez grande
et s'observe à travers le désengagement des élèves
dans les études.
C'est pourquoi, à la rentrée, les
élèves trainent le pas avant de reprendre le chemin de
l'école. Certains conservent leur place en s'inscrivant et continuent
à s'occuper de leur champ, alors que d'autres attendent le mois de
janvier avant de se réveiller de l'école. Bien qu'ils soient
inscrits, ils sont irréguliers aux cours et se justifient de leur
redoublement, oubliant que leur échec résulte d'une insuffisance
des connaissances acquises. Ce qui les surprend toujours dans les examens et
concours.
Au lycée de Pont Carol, par exemple dans les classes
de terminale, un nombre important des inscrits ne viennent pas à
l'école. Certains élèves choisissent quelques
matières où ils peuvent juste venir assister au cours et le reste
des matières ne leur dit absolument rien. C'est pourquoi, en terminale
scientifique, les élèves assistent massivement aux cours de
mathématique, de biologie et de physique et chimie. Par contre en
série littéraire, ils sont nombreux aux cours de français,
de philosophie, d'anglais et d'histoire géographie. Ces
décrocheurs qui se considèrent comme des tomes assistent à
certains cours juste pour perturber le professeur dans sa progression. Ils se
contentent non pas de suivre les cours mais de poser des questions juste une
manière de retarder la progression et perturber les nouveaux
élèves.
On ne peut faire la différence entre ces
élèves confondus aux paysans devant la boisson oubliant
même qu'ils sont des élèves. La révision des cours,
les entrainements et autres activités ne sont pas faits par ces
élèves. Ils n'ont donc aucun emploi personnel de travail et se
contentent des promenades inutiles qui font partie de leur première
activité.
Ainsi, dans certains villages par exemple on ne peut voir un
élève sortir avec un cahier pour étudier. Dans les classes
intermédiaires malgré les notes catastrophiques, les
élèves ne s'engagent guère dans les études afin de
fournir des efforts pour passer en classe supérieure. Certains
élèves, une fois fourni les dossiers, quittent pour regagner le
village et ne reviennent que le jour d'examen juste pour composer. D'autres par
contre commencent les cours en janvier juste une manière de fournir les
dossiers. La composition des devoirs ou d'un examen blanc n'est pas leur
affaire. Ils ne composent ni les devoirs de classe ni le bac blanc
organisé par la direction sauf au bac noir.
Dans un autre établissement, on nous fait savoir que
les élèves n'ont pas le goût de l'école.
Malgré que les professeurs aient la volonté d'organiser les cours
de soutien, on constate que très peu d'élèves sont
motivés. Ce qui aboutit souvent à la suspension de cette
activité qui va plus dans l'intérêt des
élèves. C'est pourquoi le répondant nous fait comprendre
qu'il n'existe pas de groupe d'entrainement entre élèves et
enseignants.
Dans certains lycées, on constate une pratique qui
démotive l'élève dans les études surtout en classe
de terminale quand il s'agit de constituer les dossiers au baccalauréat.
Ce dossier renferme certaines pièces parmi lesquelles le bulletin de
notes de premier trimestre avec une moyenne supérieure ou égale
à 10 sur 20. Cependant, d'après nos enquêtes, les
bulletins sont disponibles et en vente. C'est ainsi que note
l'enquêté en ce termes : « Les notes pour
constituer les dossiers de bac sont établies par l'administration et
vendues aux élèves au prix de 2000fcfa ». Selon
l'intéressé, les élèves ne déploient pas
assez d'efforts pour avoir même les moyennes au premier trimestre ni
même au semestre. Ce qui les amène souvent à abandonner
l'école.
III.2. L'abandon de
l'école
L'abandon est considéré selon MEQ (1991), comme
un décrocheur, tout jeune inscrit au niveau de l'enseignement secondaire
alors qu'il ne l'est plus dans l'établissement d'enseignement
l'année suivante sans avoir son diplôme d'études
secondaire, ni déménagé ni mort. Pour Le Than Khoi (1967),
il y a abandon chaque fois que les élèves interrompent leurs
études avant la fin d'un cycle scolaire dans lequel, ils sont exclus.
Pourtant le début d'un élève inscrit dans un cycle
déterminé est d'arriver dans le délai prescrit au bout du
cycle. Dans cette condition, tout abandon est une déperdition, car
l'élève a interrompu le mouvement de la population scolaire.
Ainsi, abandon et redoublement se superposent. Cet abandon est
provisoire ou prématuré car l'élève quitte
l'école avant la fin d'une étape. Il revient et reprend ses
études au bout d'un certain temps dans la même classe où il
devient redoublant.
Il existe cependant deux types d'abandon : l'abandon
volontaire dû à des raisons personnelles résultant des
situations socio-économiques, culturelles de l'environnement
familial ; et l'abandon involontaire où l'apprenant se trouve
obligé de quitter le banc de l'école suite à
l'échec ou au retard scolaire par décision d'un rapport
administratif ; c'est ce qu'on appelle exclusion scolaire. Dans le
département de la Kabbia l'effectif des abandons est
considérable.
Pour l'abandon volontaire, on note 1400 élèves
soit 7,24% et l'abandon involontaire 1942 soit un pourcentage de 10,05%. De
manière générale, l'abandon dans la Kabbia
s'élève à 3315 élèves soit un pourcentage de
17,15%. En ce qui concerne les abandons dans les 11 lycées de la Kabbia
en général et dans les classes de terminale en particulier, nous
nous sommes réservés de produire des données
chiffrées qui à notre avis ne seront pas fiables, car certains
lycées comme ceux de Bongor Hanhan, de Koumou, de Ngueté ont
fonctionné au titre des collèges suite à la
décision suspendant les lycées des provinces
considérés comme la source de la baisse de niveau des
élèves. Malgré la décision réhabilitant tous
ces lycées, les élèves ne sont plus revenus. Ce qui ne
nous permet de savoir qui a abandonné, qui poursuit ses études
dans un autre lycée non supprimé.
De toute les manières, il est à noter que les
deux centres de baccalauréat ont présenté des candidats
donc les effectifs sont les suivant : 585 pour le centre de Pont Carole et
493 pour le centre de Gounou-Gaya pour un total de 1078 candidats, pour le
département de la Kabbia. Contrairement aux effectifs des années
2009-2010 où 1379 candidats ont été
présentés dans ce centre et 752 au centre de Pont Carol, pour un
total de 2131 dans le département de la Kabbia. Cependant, les effectifs
accusent une diminution de 1053 élèves dans les classes de
terminale. Ce qui nous amène à conclure que certains
éléments cités ci-haut contribuent non seulement à
la démotivation des élèves mais aussi à l'abandon
de ceux-ci de l'école.
En bref, nous disons que l'orientation des
élèves dans leur série n'est pas sans conséquence
sur la réussite de ces derniers. Au regard de développement
ci-dessus, les données d'analyse premettent de confirmer
l'hypothèse quatre (4) de notre étude sur la gestion de
l'orientation des élèves dans leur série. En effet, les
élèves subissent une orientation boiteuse
caractérisée par le choix ambitieux, la subjectivité et la
non prise en compte de conseil d'orientation. Cette mauvaise orientation selon
nos informateurs est la cause de l'échec des élèves ainsi
que leur démotivation. Ce qui les amène souvent à
abandonner l'école. Ainsi, la mauvaise orientation des
élèves est à l'origine du rendement interne faible des
établissements secondaires de la Kabbia.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Le présent travail en Sciences de l'Éducation a
été consacré sur le thème qui s'inscrit dans le
cadre de l'évaluation des progrès réalisés des
établissements avec ambition de relever l'efficacité interne de
l'enseignement secondaire dans le Département de la Kabbia. Le
système éducatif étant considéré comme une
entreprise de production des services, doit être efficace pour atteindre
ses objectifs à court, à moyen et à long terme. Cette
étude a pour objectif majeur d'étudier l'impact de la gestion
administrative et pédagogique des établissements et le rendement
interne faible des établissements secondaires de la Kabbia.
Pour mieux saisir le fond de notre sujet, nous avons
analysé l'influence de la gestion de temps matériel des
activités scolaires sur le rendement interne faible des
établissements secondaires, l'impact de choix au poste de chef
d'établissement sur le rendement interne faible dans les
établissements secondaires de la Kabbia, l'effet de la gestion du
recrutement et de la promotion des élèves en classe
supérieure sur le rendement interne faible dans les
établissements secondaires de la Kabbia et l'impact de la gestion
de choix de série des élèves sur le rendement interne
faible des établissements secondaires de la Kabbia.
Pour répondre à ces questions
problèmes, nous avons émis quatre hypothèses qui
consistent à dire que la gestion de temps matériel des
activités scolaires qui au vu de notre theorie s'explique par le respect
de temps d'activités dans les entreprises par les employés ;
la gestion de choix au poste de responsabilité de chef
d'établissement qui au vu de notre théorie, s'explique par la
formation des responsables, leur recrutement et leur pouvoir d'organiser les
entreprises ; la gestion de recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure qui s'explique, au regard de
notre théorie par la sélection et le recrutement des ouvriers
dans une entreprise et l'élimination des éléments
incompétents ; et enfin la gestion de choix de série des
élèves qui au regard de notre théorie explique la
spécialisation des tâches dans les entreprises.
Notre objectif dans ce travail est de montrer que la gestion
de temps matériel des activités scolaires influence
négativement le rendement interne faible des établissements
secondaires ; la gestion de choix au poste de chef d'établissement
impacte négativement le rendement interne faible des
établissements secondaires ; la gestion de recrutement et la
promotion des élèves en classe supérieure ont un effet
négatif sur le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia ; et enfin la gestion de choix de série
des élèves impacte négativement le rendement interne
faible des établissements secondaires de la Kabbia.
Les entretiens avec les administrateurs chargés de la
gestion des établissements scolaires nous ont permis
d'appréhender davantage l'efficacité de la gestion administrative
et pédagogique des établissements dans le Département de
la Kabbia. Après un regard panoramique sur l'administration et
rendement scolaire, les resultats des données collectées ont
confirmé nos hypothèses. Ce qui nous a permis de conclure que la
gestion de temps matériel des activités scolaires influence
négativement le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia ; la gestion de choix au poste de chef
d'établissement impacte négativement le rendement interne faible
des établissements secondaires de la Kabbia ; la gestion de
recrutement et la promotion des élèves en classe
supérieure ont un effet négatif sur le rendement interne faible
des établissements secondaires de la Kabbia et enfin, la
gestion de choix de série des élèves impacte
négativement le rendement interne faible des établissements
secondaires de la Kabbia.
Ces résultats obtenus ont une portée
scientifique dans la mesure où ils viennent compléter les
recherches antérieures qui ont investigué sur le rendement
scolaire. Cependant, notre étude a des limites.
-Limites de l'étude
Au terme de ce travail, nous avons remarqués que de
nombreux points sont restés inexplorer et d'autres questions surgissent.
Dans notre étude, nous nous sommes focalisés uniquement sur la
gestion administrative et pédagogique et le rendement interne faible des
établissements secondaires. La première limite de notre
étude est liée au fait que notre échantillon a
été tiré d'un seul Département alors que le Tchad
en compte 62. La deuxième limite est le fait que l'étude n'a pas
pris en compte les établissements primaires qui jouent un rôle
déterminant dans la promotion des élèves au secondaire. En
fin la troisième limite se situe au niveau de la recherche quantitative
ou un grand nombre d'échantillons reste à interroger.
-Perspective de l'étude
À la suite de différentes limites, notre
étude a des perspectives dont les recherches futures pourront se
focaliser sur les points comme : impacte de l'abandon scolaire et le rendement
interne faible de l'école ; impacte de la non certification des
compétences des élèves et le rendement interne faible de
l'école ; elle peut être approfondie par une étude
comparative entre des établissements publics et privés. Elle
pourra en outre s'étendre au niveau national et chercher à
comprendre pourquoi certains Départements scolaires accusent des taux
élevés de redoublement par rapport à d'autres et voir si
les résultats issus de la présente étude sont valables
aussi pour les autres Départements.
I. RECOMMANDATIONS
Au terme de présent travail nous estimons qu'il est
important de faire des recommandations à l'endroit des acteurs
impliqués dans le système scolaire pour une gestion efficace des
établissements en général et ceux de la Kabbia en
particulier. Parmi ceux directement concernés figurent, les parents
d'élèves les chefs d'établissement, l'État, et les
enseignants.
I.1.
Aux parents d'élèves
La rentrée scolaire tardive dans les
établissements a été souvent marquée par des faits
socio-économiques aux conséquences néfastes sur la
scolarité des élèves. A cet effet, nous recommandons aux
parents ce qui suit :
- Prioriser les activités scolaires des enfants au
détriment des travaux champêtres pour permettre à ceux-ci
de reprendre tôt le banc de l'école. L'hypothèse (1) de
notre recherche confirme le constat selon lequel, les enfants sont maintenus
par les parents pour le besoin de récolte. Ce qui entraine souvent le
retard dans le démarrage effectif des activités scolaires aux
conséquences néfastes sur les résultats des
élèves.
- Doter les élèves en fournitures scolaires
avant la rentrée des classes pour les motiver à aller à
l'école car certains élèves découragés se
lancent à l'aventure et d'autres se jettent dans divers activités
à la recherche des moyens financiers. C'est ce que confirme notre
hypothèse (1) de recherche selon laquelle les élèves
à la recherche des moyens financiers regagnent très souvent les
cours avec retard donc la conséquence est le redoublement ;
- Mettre à temps des hangars servant des salles de
classe pour permettre aux chefs d'établissement de lancer
conformément au calendrier, la rentrée scolaire. Le retard dans
la mise à temps des hangars a été confirmé par
l'hypothèse (1) de recherche que les parents d'élèves
trainent les pâs dans le renouvèlement des hangars pour
réduire le traitement des contractuels qui leur pose souvent de
sérieux problème.
I.2. Aux chefs
d'établissements
Les chefs d'établissement sont ceux qui ont la charges
de conduire les établissements vers les objectifs assignés par
l'État. Ce sont des professionnels expérimentés et
compétents que l'État fait confiance en leur confiant la gestion
des établissements scolaires. Cependant, on note une insuffisance dans
le management des établissements. Nous recommandons aux chefs
d'établissement ce qui suit :
-La planification qui permet de suivre l'évolution des
activités pédagogique au cours de l'année car
l'hypothèse deux (2) de notre recherche confirme son inexistance dans
certains établissements. Une évolution pédagogique sans
planification a pour conséquence le mauvais résultat ;
-La rigueur dans le contrôle des
absences des enseignants et élèves pour s'assurer de la
progression des enseignements, du bon climat scolaire et du respect des heures
de travail. Cet élément trés important a été
confirmé par la même hypothèse qui reconnait que le
contrôle est faiblement exercé dans les établissements et a
pour conséquences l'absentéisme des élèves et des
enseignants ;
-Le principe dans le recrutement et la promotion des
élèves en classe supérieure pour éviter la
saturation des salles de classe que confirme l'hypothèse (3) de notre
recherche que le recrutement anarchique aboutit au pléthore des
élèves et influence négativement les apprentissages ;
- Le respect du conseil d'orientation menant au succès
les élèves précisément au baccalauréat ou il
ressort que l'échec à cet examen est le résultat de la
mauvaise orientation ;
-L'échange entre les établissements du conseil
d'orientation pour éviter le nomadisme des élèves que
l'hypothèse trois (3) de notre recherche confirme le changement
intempestible des élèves.
I.3. À
l'État
La responsabilité de l'État dans la
réalisation des activités scolaires reste assez grande surtout
dans le Département de la Kabbia. Compte tenue du manque des structures
d'accueil et la conduite des établissements par les contractuels non
formés, nous recommandons à l'État ce qui suit :
-La construction des établissements secondaires en
matériaux durables pour éviter le démarage tardif et
l'arrêt précoce des activités scolaire que confirme
l'hypothèse deux (2) de recherche selon laquelle les
établissements secondaires dans la Kabbia fonctionnent dans des hangars
en tige de mil ou en secko. Ce qui entraine souvent de retard dans le
démarrage des activités scolaires ;
-La nomination des responsables qualifiés,
expérimentés et compétents pour assurer la gestion
efficace des établissements secondaires que l'hypothèse deux (2)
de recherche confirme que les établissements secondaires sont
dirigés pour la plupart par les bacheliers, les instituteurs bacheliers
et les stagiaires ;
-L'intégration de suivi-évaluation des actions
de pilotage dans la gestion des établissements par la formation et le
suivi des chefs d'établissement que notre hypothèse deux (2)
confirme par le manque de formation de ces derniers;
- La Prise des décisions de
ré-médiations et la mise en place des mesures d'incitation par
des sanctions ou félicitations pour motiver les chefs
d'établissement dans leur gestion ;
-La Création et la formation des conseillers
d'orientation scolaire pour une meilleure orientation des
élèves donc la mauvaise orientation a été
confirmée par l'hypothèse quatre (4) de notre recherche, par le
manque de personnel qualifié en matière d'orientation.
I.4. Aux enseignants
Le véritable problème qui se pose
généralement aux enseignants est celui de l'exécution de
programme, la réduction des évaluations et le non respect de
l'emploi de temps. Ces éléments très importants ont des
répercutuions sur la réussite des élèves. A ce
sujet, nous recommandons à ces derniers ce qui suit :
-La couverture du programme scolaire pour permettre aux
élèves d'acquérir des connaissances nécessaires car
l'hypothèse de recherche une (1) confirme que le programme n'est pas
couvert dans les établissements et que deux à trois chapitres
seulement sont faits dans l'année. Cela entraine l'insuffisance
d'acquisition des connaissances chez les élèves ;
-Le respect des évaluations pour mieux évaluer
les élèves dans leur apprentissage que de les pénaliser
par une ou deux notes comme confirme l'hypothèse trois (3) de notre
recherche qu' un à deux devoirs seulement sont faits au lieu de quatre
à cinq exigés par l'administration. Les
mauvaises notes conduisent souvent les élèves au redoublement et
à l'exclusion dans les établissements.
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
Barnabé, C. et Girard, R.-C. (1987). Administration
scolaire, théorie et pratique. Chicoutimi Gaétan Morin.
Biock, M. (2003). Éducation à la
citoyenneté : Morale et civisme. Afredit.
Bressoux, P. (1994). « Les recherches sur les
effets-écoles et l'effets-maîtres ». Revue
française de pédagogie, no 108, P. 91-137.
Bressoux, P. (1995). « Effet-école,
effet-classe en lecture ». Revue française de la
sociologie, no. P 273-294.TOIRE
Bressoux, P. (2006). Évaluation et
orientation. Rapport de Haut Conseil d'Evaluation.
Bourdieu, P., Passeron, J-C. (1970). La Reproduction.
Eléments pour une théorie du système d'enseignement.
Paris, éditions de Minuit.
Brunet, L., Brassard, A., Courriveau, L. (1991).
Administration scolaire et efficacité dans les organisations.
Montreal. Agence d'Arc.
Brunet, L., Brassard, A., Courriveau, L.
(1993). « Climat organisationnel et efficacité de sept
polyvalentes au Québec en milieu métropolitain ».
Revue des sciences de l'éducation, vol 19, no 3, p.
483-499.
Cadre d'action de Dakar (2000). Éduction pour
tous : tenir nos engagements collectifs. Paris,UNESCO.
Carron, G., Châu, T. (1998). La qualité des
écoles primaires dans des contextes de développement
différent. Paris,UNESCO.
Charbit, Y., Kébé, M. (2006).
« Éducation et changement
démographique ». In Pilon.-M (dir.). Défis du
développement en Afrique subsaharienne : L'éducation en jeu.
Paris, UNESCO.
Daouda, C. (2009). La gestion des
établissements d'enseignement moyen et secondaire de la région de
Kaolack (Sénégal) dans le contexte de la décentralisation
administrative. Thèse de Doctorat
inédite.Université de Québec, Québec, Canada.
De Ketele, J.-M et Sall, H. N. (1989).
« L'évaluation du rendement des systèmes
éducatifs : apports des concepts d'efficacité,
d'efficience et d'équité». Mesure et évaluation
en éducation, Vol 19, n° 3, P.119-142.
Duru Bellat., Mingat, A. (1988). « Le
déroulement de la scolarité au collège : le contexte
fait des différences ». Revue française de
sociologie, vol 29, no42, P.649-666.
Éducation en Afrique Subsaharienne (2013). Panorama,
problématiques et défis
www.performancesgroup.comwr/
consulté le 12/09/2014.
Elicel, P. (2010). Déterminants de la performance des
écoles secondaires en Haïti. Le cas du département du
centre.
http://www.
Memoireoline.com/05/11/4527/m-Detreminants-de-la-performance-des-ecoles-secondaires-en-haiti-lecas-du-departement-du-centreo.htmancesgroup/
consulté le 17/03/2013.
Fayol, H. (1918).''Administration industrielle et
générale'' texte fondateur de management. Dunod.
http://mip-ms.cnam.fr/servlet/com.univ.collaboratif.uils.Le'ctureFichiergw ?
ID.FICHER=1295877017978/ consulté le 16/04/2015.
.com ou info@
Gather , T. (2000,). L'autoévaluation des
établissements scolaires comme moteur de changement.
Conférence donné lors du colloque organisé par l'Institut
Universitaire de Formation des Maîtres. Lyon, Franc.
Gérard, E. (2003). La gestion des ressources
humaines pour la réussite scolaire. Quebec, Presses de
l'Université de Québec.
Georges Rostan(2006). La théorie des
organisations : rappels historiques.
Kantabazé, P.-C. (2010). Les déperditions scolaires
dans le secteur de l'élémentaire au Burundi : cas de la
Mairie de Bujumbura. Thèse de Doctorat inédite.
Département de Sciences de l'Éducation. Université Cheikh
Anta-Diop, Dakar, Sénégal.
Kaïtamba, B. (2011). Guide pratique du chef
d'établissement. Tome1. Editions Nombisse, Bongor, Tchad.
Konto, A.-M. (1992). Les problèmes posés par la
rentrée scolaire dans les établissements secondaires au
Tchad : exemple du lycée Félix Eboué.
Mémoire d'Inspecteur Principal inédite. Département de
Sciences de l'Éducation Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature (ENAM), N'djamena, Tchad.
Lamia, T.-T. (2007). La gestion du personnel dans les
entreprises publiques, cas de L'INSS.
http://www.memoireoline.com/02/10/3193/m-la
gestio-du-personnel-dans-une-entreprisepublique-cas-de-L'Insso.htm/
consulté le 12/02/2015.
LE Boterf, G., Lessard, P. (1986). L'ingénierie des
projets de développement. Agence d'Arc Inc., Montréal,
178p.
Legendre, R. (1993). Dictionnaire de l'éducation
(2éme édition). Montréal, Guérin.
Legendre, R. (2005). Dictionnaire actuel de
l'éducation. Le défi de l'Éducation. Montréal,
Guerin.
Lê Thanh Khoï. (1967). L'industrie de
l'enseignement. Paris, éditions de Minuit.
Longhai, R. (2009). Dictionnaire de
l'éducation : pour mieux comprendre le système
éducatif. Vuibert.
MA. (2005). Tchad schéma directeur agricole (2006-2015)
et plan d'actions version finale.
Macaire, F., Gauthier, S. (1993). Notre beau
métier, manuel de pédagogie appliquée. Les classiques
africains. Franc.
Mahomet, A.-M. (2010). Rendement scolaire : Perspective
spéciale de l'enseignement primaire à l'Iles
Comores.http://www.comores-oline.com/mwezinet/education/rendementscolaire.htm/consulté
le 02/03/2014
Maroy, C. (1992). L'école à la
lumière de la sociologie des organisations. Université
Catholique de Louvain.
MEQ. (1991). Indicateurs sur la situation de l'enseignement
primaire et secondaire. Québec. Gouvernement du Canada.
Meuret, D. (2000). Les recherches sur
l'efficacité et l'équité des établissements
scolaires : Leçons pour l'inspection. Texte rédigé
pour la conférence au symposium international des Inspecteurs de
l'Éducation. Madrid.
MEN. (1996). Rapport national sur le développement
de l'éducation au Tchad.
MEN. (2005). Éducation Civique et Morale en
6ème, 5ème 4ème et
3ème. École et Société.
Meyer et al. (1981), Institutional and technical environments
sources of organizational structure: Explaining the structure of educational
organizations. In W.R. Scott& J.W. Meyer, Organizational environments:
Ritual and reality. Sage, p.45-67.
Moisset J.J., Plante J., Toussaint, P. (2003). La gestion des
ressources humaines pour laréussite scolaire. Saint - Foy : Presses
Universitaire de Québec.
Murphy J, Beak, L. G. (1995). School-based management as
school reform: Taking stok. California: Corwin. Press.
Obin, J.J. (2000). Les chefs d'établissement et ses
responsabilités pédagogiques. Conférence à
l'Université d'automne de Clermont-Ferrand.
OCDE. (2007). Améliorer la direction des
établissements scolaires.
OCDE. (2009). Améliorer la direction des
établissements Scolaire : la boite à outil.
ONDR. (2013). Situation de la campagne agricole au
Tchad.
Orivel, F et Perrot, J. (1989). Promotion, abandons et
redoublement dans les systèmes éducatifs africains.
Communication présentée aux journées d'économie
sociale. Caen. France.
Patrick, L. Théories et stratégies du
management. Les Cahiers de l'Actif. n°314-317.
Rapport de rencontre des chefs d'établissements (2011).
Évaluation des examens et concours dans le Département de la
Kabbia.
ROCARE. (2007). La corruption en milieu scolaire et
éducation des filles.
Saint,P., Brunet, L. (2004). De la décentralisation au
partenariat : Administration en milieu scolaire. Québec.
Presse Université Laval.
Shereens, J. (2000). Améliorer l'efficacité
dans les écoles. Paris. UNESCO.
UNESCO. (1996). La gestion du personnel
enseignant en Afrique. Paris.
UNESCO. (1998). Occasions perdues. Quand l'école
faillit à sa mission. Paris. UNESCO.
UNESCO. (2006). Les nouveaux rôles des chefs
d'établissements dans l'enseignement secondaire. Paris, UNESCO.
UNESCO. (2010). Données mondiales de
l'éducation.
Wiseman, A.W. (2004). « Management of Semi-Public
Organizations in Complex
Environments ». Public Administration and
Management, n°9, p.166-181.
La loi no 06-016 2006 -03 /PR Portant
orientation du Système Educatif Tchadien.
Loi no 17/PR/2001du 31 décembre 2001,
portant statut général de la fonction publique.
Décret no900/PR/PM/MFPTE/2006 Fixant le
statut particulier des corps de fonctionnaires du Secteur de l'Education.
Décret no 414/PR/PM/MEN/07 de la 17/05/07
portante création du l'Inspection Departementale de la Kabbia.
L'arrêté no477 du 16
septembre1992/PR/MENJS portant statut particulier des personnels de
l'enseignement élémentaire ,secondaire général et
technique de la jeunesse et d'sports ,de l'administration scolaire et de
l'intendance.
L'arrêté
no99 /PR/PM/MESFP/SG/DGEFEC/DNECS/2013 de l'arrêté
no 440/PR/PM/MESFP/DGEF/DNECS/2013 portant fixation du calendrier de
l'année scolaire du Ministère de l'Enseignement Secondaire et de
la formation Professionnelle au titre de l'année 2013-2014.
L'arrêté no 96 /MENJCS/83 du 22
juin1983 portant modification et élargissement de l'arrêté
no 070/CSM/ENCJS relatif à l'organisation de conseil de
classe et d'orientation et définissant les critères de
sélection dans les établissements du second degré aux
horaires d'enseignement appliqués dans ces établissements.
l'arrêté no 235/MEN/SE/DG /96 du
20 septembre 1996 portant institution du port de tenue dans les
établissements scolaires et l'article 1 et 2 de la lettre circulaire
no 010/MEN/SE/DG/96 du 18 novembre 1996 partant mise en application.
Arrêté no 377/MEN/DG/95 portant
exonération des élèves et étudiants
handicapés des frais d'inscription.
L'ordonnance no 09/PR/CNS/MJ du 23 février
1976 portant répression des fraudes aux examens et concours publics.
Note circulaire no 02/RMKE/DREN-MKE/IDEN-KB/014
relative au non respect du calendrier de la rentrée scolaire ; de
l'exécution du volume horaire et au retard accuse des enseignants dans
leur poste d'affectation.
Note circulaire no 003/RMKE/DREN-MKE/IDEN-KB/014
conformément à la note de service no
1830/PR/PM/MEN/SEEN/DGDGEFS/2014 du 09/10/2014 relative aux changements
intempestifs et à la délivrance des faux bulletins des notes sans
vérification préalable du niveau des apprenants.
TABLES DES MATIÈRES
DÉDICACE i
REMERCIEMENTS ii
RÉSUMÉ iii
ABSTRACT iv
LISTE DES TABLAEUX v
SIGLES ET ABREVIATIONS vi
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
I-PROBLÈMATIQUE 1
II. QUESTION DE RECHERCHE 9
II.1. Question générale 9
II.2. Questions secondaires 9
III. FORMULATION DES HYPOTHÈSES 10
III.1. Hypothèse générale 10
III.3. Hypothèses secondaires 10
IV. OBJECTIFS DE
L'ÉTUDE.........................................................13
IV.1. Objectif général 13
IV.2. Objectifs
secondaires............................................................13
V.LA REVUE DE LITTÉRATURE 13
V.1. Sur l'efficacité d'une gestion 14
V.2.La gestion participative en milieu scolaire 15
V.3. La gestion participative et le partenariat 17
V.4. Gestion autonome des établissements 19
V.5. L'organisation apprenante 20
VI. DÉFINITIONS DES CONCEPTS 21
VI.1. Gestion administrative 21
VI. 2. Gestion pédagogique 23
VI.3. Rendement interne 25
VII. THÉORIES EXPLICATIVES DE SUJET 26
VII.1. La théorie administrative d'Henri Fayol
(1841-1925) 26
VII.2. La théorie de comportement de Rensis Likert
(1903 -1981) 29
VIII. MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE 31
VIII.1. Site de l'étude 31
VIII.2. Type de recherche 32
VIII.3. Population de l'étude 32
VIII.4. Échantillon 32
VIII.5. L'entretien 33
VIII.6. Guide d'entretien 33
VIII.7. Technique d'analyse des données recueillies
33
IX. PLAN DU TRAVAIL 34
CHAPITRE I. LE CONTEXTE DE L'ADMINISTRATION SCOLAIRE
TCHADIENNE 35
I. STRUCTURE ET ORGANISATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF
TCHADIEN...................................................................................35
I.1. Enseignement primaire 36
I.2. L'enseignement secondaire 37
I.3. L'enseignement supérieur 37
II. LA GESTION ADMINISTRATIVE ET PÉDAGOGIQUE DU
SYSTÈME ÉDUCATIF TCHADIEN 38
II.1.Au niveau national 38
II.1.1. La Direction Générale 39
II.1.2. Autres services 40
II.2. Au niveau central 40
II.2.1. La Direction de l'Enseignement de Base 40
II.2.2. LA Direction de l'Enseignement Secondaire
Général 40
II.2.3. La Direction de l'Enseignement Secondaire Technique et
Professionnel 40
II.2.4. La Direction de l'Alphabétisation et de la
Promotion des Langues Nationales 41
II.2.5. La Direction de l'Administration et des Ressources
Humaines 41
II.2.6. La Direction de la Formation et de l'Action
Pédagogique 41
II.2.7. La Direction de l'Analyse et de la Prospective 41
II.2.8. La Direction des Projets Éducation 42
II.3. Au niveau déconcentré 42
II.4. Au niveau local 42
CHAPITRE II. ADMINISTRATION ET RENDEMENT
SCOLAIRE : REGARD
PANORAMIQUE...............................................................................44
I. LES ACTIVITES
SOCIO-ECONOMIQUES........................................................44
I.1. Les activités économiques 44
I.2. Les activités agricoles 45
I.3. L' innondation des écoles 45
II. LA PROMOTION AU POSTE DE RESPONSABILITE 46
II.1. La nomination des chefs d'établissement 46
II.2. La professionnalisation des chefs d'établissement
47
II.3. La négligeance de l'ancieneté dans la
promotion des chef d'établissement 47
III. L'ADMISSION DES ELEVES EN CLASSE SUPERIEURE 48
III.1. Le recrutement des élèves dans les
établissements 58
III.2. Le manque de rigueur dans la promotion des
élèves en classe supérieure 59
III.3. La faible moyenne de passage des élèves
en classe superieure 50
IV. L'ORIENTATION DES ÉLÈVES DANS LEUR SERIE
50
IV.1. Le manque de rigueur dans l'orientation des
élèves 50
IV.2. La remise en cause du conseil d'orientation 50
IV.3. L'acceptation de choix de serie par les chefs
d'établissements 50
CHAPITRE III : LA GESTION DE TEMPS
MATÉRIEL DES ACTIVITÉS SCOLAIRES 54
I. LES MOBILES DE L'INSTITUTION DU CALENDRIER SCOLAIRE. 54
I.1 .L'harmonisation des activités scolaires 56
I.1.1. Les activités au 1er trimestre
(octobre-décembre) 57
I.1.2. Le deuxième trimestre (Janvier-Mars) 59
I.1.3. Le troisième trimestre (avril-juin) 60
II. LES DIFFICULTÉS DU RESPECT DE CALENDRIER SCOLAIRE
DANS LE DÉPARTEMENT DE LA KABBIA 61
II.1. Les obstacles d'ordre économique 61
II.2. Les obstacles liés aux activités agricoles
65
II.3. Les obstacles d'ordre naturel 69
III. LES CONSÉQUENCES DU NON-RESPECT DU CHRONOGRAMME
ANNUEL 72
III.1. Le nombre d'heures de cours insuffisant 72
III.2. La non couverture des programmes 76
III.3. L'insuffisance de l'acquisition des savoirs par les
élèves 79
II.4. Le redoublement et l'abandon liés
à l'insuffisance des connaissances chez les
eleves ...................................................................................................81
CHAPITRE IV : LA GESTION DE
CHOIX AU POSTE DE CHEF d'ÉTABLISSEMENT 85
I. LES CONDITIONS A LA NOMINATION DE CHEF
D'ÉTABLISSEMENT 85
I.1. Les promotion au poste des chefs d'établissement
87
I.2. Le professionnalisme des chefs d'établissements
91
I.3. La non prise en compte de l'ancienneté du chef
d'établissement 96
II. LE MANAGEMENT DES ÉTABLISSEMENTS 100
II.1. Le manque de Planification 100
II.2. Le suivi pédagogique par les chefs
d'établissement 105
II.3. La motivation et l'initiative du travail en groupe
107
III. LES CONSÉQUENCES DU CHOIX DE CHEF
D'ÉTABLISSEMENT. 110
III.1. L'inefficacité de l'établissement 111
III.2. L'absentéisme des élèves et des
enseignants 113
CHAPITRE V : LA GESTION DE RECRUTEMENT ET
PROMOTION DES ÉLÈVES EN CLASSE SUPÉRIEURE 119
I. LE RECRUTEMENT SANS CONDITION DES ÉLÈVES
120
I.1.L'installation anarchique 121
I.2. La reconstitution d'effectif d'établissement
123
I.3. Le recrutement parallèle de chef
d'établissement 125
I.4. Le recrutement imposé 127
I.5. Le transfert des exclus et les redoublants 129
II. LA PROMOTION DES ÉLÈVES EN CLASSE
SUPÉRIEURE. 131
II.1. Le favoritisme des chefs d'établissement 132
II. 2. Le clientélisme des chefs d'établissement
133
II.3. L'admission au rabais des élèves en classe
supérieure 136
III. LES CONSÉQUENCES DU RECRUTEMENT ET DE LA PROMOTION
DES ÉLÈVES 138
III.1. La saturation des salles des classes et des enseignants
138
III. 2. La réduction des évaluations
séquentielles par les enseignants 140
III.3. La démotivation dans les études 143
III.4. Les déperditions scolaires 146
CHAPITRE VI : LE SYSTÈME DE GESTION DE
L'ORIENTATION DES ÉLÈVES PAR LES CHEFS D'ÉTABLISSEMENTS
150
I. L'INSTITUTION DU CONSEIL DE CLASSE ET D'ORIENTATION 150
I.1.Le conseil de classe 152
I.2. La subjectivité dans l'orientation des
élèves dans leur série 154
II. LA CONTESTATION D'ORIENTATION PAR LES ÉLÈVES
157
II.1. L'ambition de choix de série par les
élèves 157
II.2. La non prise en compte du conseil d'orientation 161
III. LES CONSÉQUENCES DE LA COMPLAISANCE DANS LE
CHANGEMENT DE SERIE 163
III.1. La démotivation des élèves 163
III.2. L'abandon de l'école 165
CONCLUSION 168
I. RECOMMANDATIONS 170
I.1. Aux parents d'élèves 170
I.2. Aux chefs d'établissements 171
I.3. À l'État 172
I.4. Aux
enseignants........................................................................173
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
174
Annexes
Guide d'entretien avec les administrateurs
scolaires
1- Quelle est la repercution de l'occupation
économique sur les activités scolaires?
2- Comment les activités agricoles
préoccupent les élèves pendant la rentrée
scolaire?
3- Comment le débordement des eaux empêche le bon
deroulement des activités scolaires ?
4- Comment sont nommés les chefs
d'établissement secondaires ?
5- Comment les enseignants non professionnels sont
nommés à la tête des établissements
secondaires ?
6- Pourquoi les enseignants experimentés sont rarement
promus au poste de responsabilité ?.
7- Comment les élèves sont recrutés
dans les établissements secondaires ?
8- Comment les élèves non meritant sont promus
dans les classes supérieures ?
9- comment et avec quelle moyenne faites vous passer les
élèves en classe supérieure ?
10- Comment élèves qui ne meritent pas sont
orientés dans la serie scientifique?
11- Comment est accueilli le conseil d'orientation par
les élèves ?
12 Comment les élèvés
choisissent la serie selon leur desir ?
|