I.1.2.3. La monnaie scripturale
ou la monnaie de banque
On appelle ainsi la forme de la monnaie consistant en une
écriture dans les livres d'une banque sous la forme de l'ouverture d'un
compte à un client donnant naissance à un dépôt qui
est une reconnaissance de dette de la banque envers son titulaire, et qui
circule, sert à payer ses créanciers, est
transférée sur le compte d'un autre agent par
l'intermédiaire d'instruments tels que les chèques, les ordres de
virement et les cartes bancaires. Il s'agit de pratiques très anciennes.
Ainsi les Grecs et les Romains connaissaient les virements de même que
les arabes qui les utilisaient au IXe et Xe siècles. Cependant leur
véritable développement date du XIIe siècle grâce
aux marchands italiens et flamands.
Les premières techniques dites « bancaires »
apparaissent sous la forme de virements effectués à partir des
comptes courants de marchands tenus par des banquiers changeurs. Les transferts
pouvaient s'opérer entre banques. Les règlements se faisaient par
débits et crédits de comptes et des avances en comptes courants
(découverts ou prêts gagés) étaient possibles. Les
comptes étaient ouverts sans dépôts d'espèces
préalables.
Viendront ensuite les procédés de paiements
à distance et lettres de change. Ces techniques présentent
l'avantage de permettre de payer sur une autre place un exportateur
étranger par exemple. Pour cela, on utilisait les reconnaissances de
dettes écrites à échéance fixée. Au moment
des Foires ou Places, on concentrait en un lieu et une date, un grand nombre de
ses créances pour lesquelles on procédait à la
compensation générale. Les soldes étaient rarement
payés en espèces (car dangereux et coûteux) et plus
généralement par report à la Foire suivante.
La lettre de change fût le type de reconnaissance de
dette le plus répandu. Elle apparaît au XIVe siècle et va
devenir un outil indispensable du commerce et plus particulièrement du
commerce international. Ce mécanisme permet le paiement à
distance et met en relation plusieurs agents.
Ces pratiques en se généralisant, notamment dans
le cadre de Foires, vont donner lieu à de vastes systèmes de
compensation multilatérale dans lesquels les intermédiaires
spécialisés vont s'interposer pour centraliser les lettres de
change, évaluer leur qualité (juger la liquidité des
débiteurs) eteffectuer le change de celles-ci puisqu'elles sont
libellées dans des unités de compte différentes. Ainsi
apparaissent des marchands de dettes spécialisés :
Les banquiers. Le rôle de ces intermédiaires
spécialisés va progressivement s'accroître. Ils vont tout
d'abord permettre au système des paiements de s'améliorer en
accélérant la circulation des dettes par la technique de
l'endossement de lettres de change qui cependant peut être
opéré par n'importe quel agent. Le transfert de créance
s'effectuant alors par signature du nouveau créancier, les banquiers
vont accepter de se substituer aux créanciers, ce qui permet de
régler plus vite les créanciers initiaux. Ils vont ensuite
faciliter le tirage de lettres de change en les émettant
spontanément sur eux-mêmes pour permettre à leur client de
régler et améliorer la compensation.
A partir du XVIIIe siècle, apparaît l'escompte. A
cette occasion, ils ajoutent à leur fonction de participation aux
mécanismes de paiements celle de faire des crédits. La Banque
achète alors la traite à son client et lui remet en
échange des espèces ou des billets. Cette opération
l'oblige à détenir des réserves. Ce sera un facteur de
développement d'une autre activité caractéristique des
banques; celle de recevoir des dépôts du public.
La monnaie scripturale représente de nos jours, une
part très importante des moyens de règlement. La lettre de change
et le billet à ordre sont cependant de moins en moins utilisés au
profit d'autres instruments :
- Le chèque est un ordre de paiement écrit
adressé à sa banque (le tiré) que le payeur (le tireur)
remet au bénéficiaire. Celui-ci peut se faire payer auprès
de la banque du tiré directement ou le remettre à sa propre
banque pour créditer son compte. Ainsi un dépôt bancaire
(une dette du tiré) sera transféré du compte du payeur
vers le compte du bénéficiaire.
- Le virement est un ordre du payeur adressé
directement à sa banque afin que celle-ci effectue un transfert de fonds
sur le compte d'un bénéficiaire par débit ou
crédit. Celui-ci peut être un ordre automatique (permanent)
donné à la banque afin que cette dernière vire à
date fixe un montant déterminé à un tiers
désigné à l'avance par le payeur. Le virement et le
chèque sont rédigés sur du papier mais sont traités
par l'informatique.
- L'avis de prélèvement automatique est à
l'initiative du créancier qui opère un Prélèvement
dans le cadre d'une autorisation donnée par le titulaire du compte. Cet
instrument est généralement utilisé pour le paiement des
impôts et des factures (téléphone,
électricité...). La somme est automatiquement et
régulièrement prélevée sur le compte du
débiteur.
- Le titre interbancaire de paiement; le débiteur donne
son accord pour le paiement de chaque opération, mais le titre fait
ultérieurement l'objet d'un traitement informatique.
- La carte bancaire est l'instrument le plus
dématérialisé. Lors du paiement, les coordonnées
bancaires du payeur sont saisies par lecture d'une piste magnétique de
sa carte.
Elles permettront de pouvoir automatiquement débiter
son compte et créditer le bénéficiaire de façon
immédiate ou différée selon le type de contrat qui lie la
banque et le détenteur de la carte. Il existe des formes
élaborées qui permettent des opérations encore plus
rapides, plus sûres et plus anonymes. Ainsi un code secret peut
être joint à la carte qui est composé par le payeur rendant
le débit immédiat. Les cartes à puces sont des cartes
bancaires possédant un ordinateur miniaturisé permettant de
stocker des informations sur un compte bancaire et de le débiter
très rapidement. On parle également de monnaie
électronique.
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