b) L'inflation chronique
C'est le modèle d'inflation le plus grave et est
caractérisé par une hausse des prix plus importante atteignant
des taux annuels compris entre 10 % et 30 %dans certains pays
industrialisés et parfois même 100 % ou plus dans quelques pays du
tiers-monde. L'inflation chronique tend à devenir permanente et installe
un cercle vicieux. Pour s'adapter à l'inflation chronique, les
activités économiques normales se dérèglent : les
consommateurs achètent des biens et des services pour éviter de
payer des prix encore plus élevés dans le futur ; la
spéculation immobilière s'accroît ; les investissements
commerciaux se concentrent sur le court terme ; les incitations à
épargner, ou à souscrire à une assurance, à un plan
de retraite ou à des obligations à long terme sont restreintes,
car l'inflation réduit le pouvoir d'achat à terme de ces produits
financiers ; les gouvernements accroissent rapidement leurs dépenses
dans l'attente de revenus gonflés ; les nations exportatrices voient la
compétitivité de leur commerce compromise et sont contraintes de
recourir au protectionnisme et à un contrôle arbitraire de la
monnaie.
c) L'hyperinflation
Dans sa forme extrême, la hausse chronique des prix
devient de l'hyperinflation et provoque la chute du système
économique entier. Par exemple, l'hyperinflation qui frappa l'Allemagne
après la Première Guerre mondiale eut pour effet de multiplier le
volume de la monnaie en circulation par plus de 7 millions et les prix par 10
millions sur les seize mois qui précédèrent novembre 1923.
D'autres exemples d'hyperinflation se produisirent aux États-Unis et en
France à la fin du XVIIIe siècle, en URSS et en Autriche
après la Première Guerre mondiale, en Hongrie, en Chine et en
Grèce après la Seconde Guerre mondiale, et dans quelques pays du
tiers-monde au cours de ces dernières années. Au cours d'une
période d'hyperinflation, la monnaie et le crédit s'accroissent
à un rythme exponentiel, détruisant tous les liens existant entre
valeur réelle et valeur nominale et rendant nécessaires des
systèmes complexes de troc. Les gouvernements recourent à la
planche à billets pour financer l'augmentation des programmes de
dépenses, et ces financements inflationnistes des déficits
budgétaires détruisent la stabilité économique,
sociale et politique.
d) L'adultération de la monnaie
A l'époque du bimétallisme ou de l'étalon
or, une forme importante d'inflation était, l'adultération de la
monnaie qui consistait pour un souverain à réduire la
quantité de métal précieux contenue dans les pièces
de monnaie. Si cette opération assurait des profits à court terme
à l'État, qui pouvait frapper plus de monnaie pour la même
quantité de métal précieux, elle faisait monter les prix
à long terme, en raison de la loi de Gresham, qui veut que la «
mauvaise monnaie chasse la bonne ». Ces adultérations servaient
souvent à financer l'effort de guerre, ce qui explique en partie la
corrélation qui existe entre l'inflation et les soulèvements
politiques. En Europe, l'afflux d'argent venu du Nouveau Monde à partir
du XVIe siècle aurait également contribué à la
croissance progressive de l'inflation à partir de cette époque,
la valeur du métal précieux tendant à diminuer. Les
gouvernements actuels procèdent à de telles adultérations
lorsqu'ils impriment plus de monnaie ou en modifient la valeur par un autre
moyen.
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