3.3. Emplois et nombre de personnes dont la vie en
dépend.
La cible de cette étude est une catégorie
sociale opérant dans le secteur informel, un concept qui tire son
origine dans une conférence internationale tenue en 1969 par le Bureau
International du Travail (BIT) et dont l'objectif était de
dégager les causes du chômage dans les pays en
développement (MALIKWISHA, 2000). Ce rapprochement du secteur informel
au chômage rapproche de nouveau et lie ces deux concepts à celui
de pauvreté. La pauvreté s'apprête comme une des
conséquences du chômage et une des explications de l'expansion du
secteur informel.
Dans ces conditions, une activité qui
génère un seul emploi sera positivement appréciée
d'autant plus qu'elle réduit le nombre de personnes en âge de
travailler mais qui ne peuvent pas accéder au travail à cause du
degré élevé du chômage.
Dans les quatre sites d'exploitation artisanale de moellons et
de graviers pris comme échantillon, l'enquête a permis de conclure
que :
? Environ 545 personnes sont occupées et la grande
majorité travaille à plein temps (6 jours de travail par semaine)
et est composée des creuseurs ayant au moins une personne en charge. Ces
chiffres suggèrent que les 31 sites d'exploitation artisanale
répertoriés par la Division provinciale des Mines emploieraient
environ 4.216 creuseurs.
Cette activité prendrait donc en charge une grande
population si l'on doit compter le nombre de personnes que ces creuseurs ont en
charge en termes de scolarisation, d'alimentation, des soins médicaux,
des besoins vestimentaires, etc.
A ce niveau, nous nous abstenons d'analyser l'aspect
quantitatif des salaires des creuseurs même si nous reconnaissons qu'ils
sont en-deçà du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG)
pour certaines catégories des creuseurs et au-delà pour
d'autres.
Liévin MPA dissertation Page - 45 -
Ce qui nous intéresse pour l'instant, dans un contexte
de pauvreté très élevée, c'est la
disponibilité et la durabilité du travail
rémunérateur dans la perspective de réduire le nombre
important des « sans emplois » ;
? A part les creuseurs et leurs familles comme premiers
bénéficiaires des emplois générés par cette
exploitation, il y a lieu de prendre en considération les nombreuses
personnes vendeuses au quotidien, dans ces carrières, des articles
alimentaires notamment les boissons, les fruits, les aliments cuits, ... Les
carrières sont donc devenues leurs marchés
privilégiés d'où ils tirent leurs moyens de subsistance
;
? Les personnes impliquées dans la vente et le
transport par camions des moellons et graviers réalisent aussi des
revenus grâce à cette activité. Les chauffeurs et
aide-chauffeurs y gagnent leurs salaires, les propriétaires des
véhicules y réalisent des revenus et les courtiers y gagnent
leurs commissions.
Un transporteur d'affirmer que « au lieu de faire le
transport Bukavu - Kamituga
(à plus ou moins 180 Km de Bukavu) par exemple
où nous pouvons gagner plus, nous préférons opérer
dans la ville et ses environs où nous gagnons peu mais le
véhicule ne s'amortit pas vite ; ce qui nous permet de continuer
à avoir du travail. Nous transportons pour 25 $ par course et le
propriétaire du véhicule me rémunère aux 10% des
recettes mensuelles. C'est ainsi que moi, mon aide-chauffeur et notre patron y
trouvons chacun son compte »
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