2 - La complaisance envers les nationaux
Plusieurs observateurs Camerounais (journalistes, consultants,
philosophe polytechnicien, économistes, historien, enseignant
d'université) remarquent qu'il y a beaucoup de complaisance du
ministère dans la gestion des affaires forestières. Cela
s'observe à travers l'attribution de licences et des concessions aux
personnes sans compétence ni moyens matériels et financiers. Il
s'agit des opérateurs des filières bois qualifiés de
nationaux à qui on attribue des concessions forestières à
tort et à travers. Sur ce sujet, Samuel Wafo disait qu' `'Il suffit
d'être originaire d'une région de la forêt, ministre ou
ancien ministre, haut fonctionnaire en retraite ou non, député du
parti au pouvoir, frère ou ami du prince''0. Les exemples
sont nombreux. On peut citer entre autres les cas du Général
Asso, propriétaire de l'UFA n°10-029 dans le Sud, de
l'Ex-Secrétaire d'Etat à la gendarmerie Jean Marie
Aléokol, propritaire de l'UFA 10-041 dans la région de
Lomié0. Cette pratique s'est développée depuis
la levée de l'interdiction de la sous-traitance jadis interdite. Ce qui
a entrainé l'intérêt de nombreux Camerounais qui trouvent
en elle une source d'enrichissement.
Ce phénomène nuit à l'exploitation
durable des forêts, car les nationaux sans capacité savent que la
sous-traitance, jadis interdite, est aujourd'hui permise. Ainsi, telle
compagnie forestière peut racheter ou louer la licence de telle
autre0. CAMBOIS par exemple utilisait la licence de Medou Djemba,
TTS utilisait la licence de la SFCS de M Botiba, Pallisco celle de Assene
Nkou0. Ce système d'affermage a de lourdes
conséquences sur la forêt. Car la loi forestière n'est pas
rigoureuse envers les nationaux et cela profite à leurs partenaires qui
peuvent abusivement exploiter la forêt.
Certains partenaires comme TTS qui, par ce canal, explosent
dans l'exploitation anarchique de l'UFA n° 10-023 comme nous
révélait le virgile de la société
propriétaire de la concession0. A ce cas, on peut ajouter
celui de la Cameroon Timber Company (CTC), une exploitation
forestière basée à Kokum, à une quarantaine de
kilomètres de Kumba. `'Elle appartient officiellement à M. N.,
détenteur d'une licence sur une concession de 22 000 hectares
délivrée en 19800. C'est un certain Aloysius Ejagham,
le maître des lieux, qui est en
0 Wafo, `'La clairière au détour du sentier'',
1998, p. 5.
0 `'Audit économique et financier '', MINEFI, sept 2006,
p. 34.
0 Ibid.
0 Ibid.
0 Pendant cet entretien le 6 novembre 2010, ledit virgile nous
confiait que TTS ne pratique pas l'aménagement,
ne paie pas bien et à temps ses ouvriers, ne paie pas bien
les taxes, bref cette société ne respecte aucune des
dispositions de la loi forestière. Pour cause, elle dit
que la forêt ne lui appartient pas. Alors si l'Etat la
sanctionne, c'est le concessionnaire qui va payer les peaux
cassées.
0 N'diaye, `'Le mirage asiatique'', 1998, p. 5.
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fait un sous-traitant qui, à son tour, est partenaire
des Malaisiens''0. Ce foisonnement d'opérateurs
accordé par l'Etat limite les contrôles. Le tableau du circuit des
opérateurs forestiers proposé à l'annexe II est plus
illustratif de ce phénomène0. La preuve est
l'exploitation abusive que ces Malaisiens font subir aux forêts de cette
localité. Et ils évacuent les produits par le port de
Limbé pour continuer à se déjouer de la vigilance des
autorités0. Face à cette situation, on peut penser que
les nationaux sont complices de cette situation. Chaque fois que l'on croit
avoir repéré un forestier Camerounais libre de tout patronage
exotique, surgit de derrière l'arbre un blanc, tout sourire, avec sa
valise0.
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