CHAPITRE II : LA DEPRECIATION DE LA FORET ET
DE L'ENVIRONNEMENT ET SES CONSEQUENCES AU CAMEROUN
Dans le cadre de la présente étude, la
dépréciation de l'environnement est tout simplement la
dévalorisation de la forêt. Cette dévalorisation se fait
à travers la déforestation et la dégradation de
l'environnement. Ainsi, depuis la période coloniale, les forêts
camerounaises n'ont pas cessé d'être dévalorisées
dans un rythme rapide. Notre analyse s'appuie sur l'évaluation des
espaces atteints par la déforestation, les causes de celle-ci et les
conséquences qu'elles entrainent dans notre nature.
I - EVALUATION DES ESPACES ATTEINTS PAR LA
DEFORESTATION
Pour évaluer les espaces atteints par la
déforestation au Cameroun, il faut donner une évolution de
celle-ci depuis la période précoloniale jusqu'à nos jours
et évaluer ce qui reste de cette étendue.
A - EVOLUTION DE LA DEFORESTATION AU CAMEROUN DEPUIS LA
PERIODE PRECOLONIALE
Pour bien mesurer le degré de déforestation au
Cameroun, il faut partir de l'évolution de ce phénomène
depuis la fin du XXème siècle jusqu'à nos jours, en nous
appuyant sur les estimations des superficies forestières relativement
anciennes et celles d'aujourd'hui.
Les conclusions du rapport de l'Observation Mondial des
Forêts(OMF) de 2000 révèle que 18 millions d'hectares de
forêts originelles du Cameroun ont été
défrichés0. Alors que le dernier rapport 2010 de
l'Union internationale pour la conservation de la nature évalue à
19 639 000 hectares de forêts restants aujourd'hui0. Sans
être prétentieux, l'addition du nombre d'hectares des superficies
perdues aux superficies restantes nous permet de supposer que la région
forestière historique était de 37 639 000 hectares avant la
période coloniale. Ce qui semble se confirmer avec les informations
tirées du même rapport de l'OMF selon lequel le Cameroun a perdu
approximativement la moitié de sa couverture originelle des forêts
denses. Cette perte de l'étendue forestière a bien connu quelques
étapes.
0Bikié, Collomb. Et al (eds), Aperçu de la
situation de l'exploitation, 2000, p. 11.
0UICN, `'Rapport préliminaire sur l'état de
l'environnement en Afrique centrale», 2010, p. 71.
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Selon les cartes de concessions de 1959, 1971, 1995 et 1999,
au moins les 3/4 de la superficie forestière du Cameroun ont
été exploité ou leur mise en exploitation est
prévue. Entre 1980 et 1995 deux millions d'hectares de forêts
camerounaises ont été détruites0. Ainsi, selon
le fonds des nations unies pour l'agriculture et l'alimentation(FAO) sur 46,5
millions d'hectares de terre que compte le Cameroun, en 1980, environ 21,6
millions étaient des forêts, mais en 1995, leur superficie
n'était plus que de 19,6 millions0. Avec un taux de
déforestation annuel de 0,6%0.
Si en 1980 la FAO estime la superficie forestière du
Cameroun à 21,6 million d'hectares, nous pouvons dont penser qu'entre la
période ou les forêts camerounaises n'avaient pas connu de
perturbation (avant la colonisation) et 1980 le pays aurait perdu environ 16
millions d'hectares du couvert végétal. Ce qui semble être
la plus grande perte forestière accusée jusque là quand on
compare ces chiffres avec les 2 millions perdus au cours des décennies
80 et 90. Ceci semble s'expliquer du fait de l'installation et
l'établissement des villages par les populations bantou qui ont
émigré dans le grand Sud du Cameroun, la colonisation du pays
avec l'urbanisation, l'exploitation agricole, de mines, l'exploitation
forestière et la construction du chemin de fer qui ont
nécessité un déboisement important d'une grande partie des
forêts du pays. Ce qui a considérablement réduit
l'étendue forestière du pays.
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