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Déforestation et dégradation de l'environnement au Cameroun 1960-2010.


par Marcel Koviel Songo
Université de Youndé I - Master en histoire 2012
  

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C - LES FORETS CAMEROUNAISES : UN PATRIMOINE CULTUREL

Au Cameroun, les forêts représentent toujours beaucoup de choses dans la vie des populations. En dehors d'être leur source de biens et de services, ces mêmes forêts sont pour elles un patrimoine culturel. Les forêts et tous ces éléments ont longtemps étaient la source

0 Serageldin, La protection des forêts tropicales, 1993, p. 6. 0 `'Déforestation», http : // fr. wikipedia.

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culturelle des populations bantou et un milieu de vie pour les peuples pygmées, appelés peuples des forêts.

1 - La forêt comme patrimoine culturel des peuples bantou

Depuis l'installation de l'homme dans la forêt comme nous avons dit plus haut, il a noué une relation vitale avec son milieu. Parmi les domaines qui nourrissent ce lien, il existe le rapport culturel. A l'époque précoloniale le rapport culturel était étroit, l'avènement du christianisme a fragilisé ce lien.

A cet effet, elles trouvaient les éléments manifestes de leur religion dans la forêt. Il y avait parmi ces éléments, certains grands arbres, certains grands animaux, certains fleuves. Ces éléments de la forêt alimentaient la spiritualité chez les peuples précoloniaux. Ainsi, quand ils n'étaient pas la représentation matérielle de leur dieu, ils étaient l'intermédiaire avec celui-ci. C'est pourquoi à l'arrivée des premiers Européens, ils vont déclarer que les peuples africains sont les animistes0.

Après l'introduction du christianisme au Cameroun au 19ème siècle, les peuples de forêt reconvertis en majorité à celui-ci abandonnent peu à peu cet attachement spirituel aux esprits de la forêt. Pourtant, jusqu'à ce jour, certains liens n'ont pas été coupés. Ainsi, dans les rites mystiques actuels, on utilise certains arbres. Cela dépend de la région, du pays où on se trouve. A titre illustratif, dans la neutralisation de la sorcellerie et l'initiation à la profession de guérisseur voyant, les Konabembé, les von-von et les Mbimo0 du departement de la Boumba et Ngoko utilisent un arbre forestier appelé en langue konabembé `'Essouom»0. Chez les peuples bamiléké, ils ont ce qu'ils appellent la `'forêt sacrée»0 qui est réservée aux rites

0 Dictionnaire Universel, Paris, Hachette Edicef, 2002, P. 58.

0 Les Von-Von sont une ethnie de l'arrondissement de Yokadouma. D'après l'histoire orale, elle serait une ethnie soeur des Konabembé, car leurs ancêtres étaient frères. Les Von-Von, troisième ethnie en importance occupent deux tronçons de route dans l'arrondissement. Elles sont installées à entre la ville de Yokadouma et Gieu (Est de l'arrondissement) et sur le tronçon Yokadouma Moloundou (Sud de l'arrondissement).Elles compte à peu près une vingtaine de villages.

Quant aux Mbimo, elles sont aussi du même arrondissement. Deuxième population la plus importante de l'arrondissement après les konabembé. Comme les Von-Von, elles occupent aussi deux tronçons de route dans cet arrondissement. Le premier tronçon va de la ville de Yokadouma à Gribi 27 kilomètres (Nord de l'arrondissement). Le deuxième part de la ville jusqu'à Mboye, village frontière entre le Cameroun et la République Centrafricaine (Sud -est de l'arrondissement). Elles seraient venues de la Centrafrique. Le nombre de leur village est évalué à environ trente.

0 Entretien avec Elarion Epopodengue, 60 ans environ, guérisseur-voyant, Yokadouma 5 novembre 2010. 0Entretien avec Joseph Nguedia, 60 ans environ, policier retraité, Yaoundé l8 mars 2011.

Et même le totémisme dans les cultures des sociétés camerounaises, on utilise de bêtes féroces et dangereuses de la forêt telles que la panthère, le gorille, le serpent l'aigle, etc. Et parfois certains arbres.

Dans la production artistique, le bois est la matière qui domine. Le Dictionnaire Universel situe l'usage du bois comme le support artistique à partir du VIII è siècle en Afrique0. Ainsi, les masques et les statuettes sont reproduits en bois, on les rencontre dans les grandes chefferies telles que le sultanat de Foumban et les chefferies de Bafoussam, Bafang, Bangangté, etc. Aujourd'hui, ces masques et statuettes sont une source culture dans cette région car ils sont l'héritage que ces peuples ont eu de leurs ancêtres et sont parfois les représentations de la société ancienne. Les fauteuils du musée d'art de Foumban et les tabourets des chefferies Bamileké sont autant d'exemples. A coté du bois, on trouve les lianes qui servent au tissage des paniers, les corbeilles, les sacs à mains, les pots de fleurs ; etc

Dans les villages des régions du Sud et de l'Est, le Bubinga et le Moabi sont des arbres culturels. Hauts de 60 mètres et ayant des diamètres de 4 mètres, ils sont des points de repère de référence dans la forêt et jouent le rôle social d'arbre à palabre sous lesquels les réponses à plusieurs problèmes sociaux étaient trouvées, voire la résolution des conflits0. Et même à l'époque précoloniale, chez les peuples Konabembé et Bulu, le moabi incarnait l'esprit des ancêtres, c'est sous les pieds des grands moabi qu'on enterrait les grands patriarches, qu'on laissait les blessés qui guérissaient mystérieusement. La même essence fait l'objet de plusieurs contes et de chansons dans les villages0. Nous pouvons constater cette grande importance que revêt cet arbre à travers la photo ci-après.

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0 Ibid. p. 27.

0 Verbelen, `'Exploitation abusive des forêts», 1999, p.29. 0Deravin, `'Projet Coeur de Forêt Cameroun», 2010.

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Photo n°6 : Un moabi dans le village de Nomedjoh (Est Cameroun)

Source : Deravin, `'projet coeur de forêt Cameroun», 2010, p. 7.

Cette image d'un grand arbre par le volume de son tronc, de sa hauteur et par son large feuillage, ne laisserait personne indiscrète. Aussi grand comme il est, le moabi attirait déjà la curiosité des populations qui l'ont immédiatement adopté comme leur arbre de choix.

La plupart des instruments musicaux rencontrés au Cameroun sont en bois (tambours, guitares traditionnelles, balafons ; etc). Ainsi, de la religion aux instruments musicaux en passant par les oeuvres artistiques, notre constat est clair, les populations forestières au Cameroun tirent leur patrimoine culturel des forêts. La preuve que la forêt reste l'élément essentiel dans la vie des populations riveraines. Par ailleurs, il ya des populations dont la culture est forestière.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo