Le mysticisme dans un enfant à tout prix de Charles Sohpar Elsa Gamnye Souop Universite - Licence es lettres bilingues 2021 |
I.1.3- La métamorphoseLa métamorphose selon Le Petit Robert est un changement de forme, de nature ou de structure telle que l'objet ou la chose métamorphosé n'est plus reconnaissable, exemple un homme ou un animale. Ce mot peut avoir pour synonyme la transformation. Il serait faux de croire qu'en Afrique la métamorphose soit une chose étrange, parce que nous avons à travers le temps, eu à entendre des contes ou des légendes dans lesquels on retrouvait souvent des scènes de transformations d'hommes en animaux : ce qui aurait certainement poussé certains auteurs africains à inclure des scènes de métamorphose dans leurs récits mystiques et surnaturels. Parmi ces auteurs donc, nous retrouvons Charles Soh, qui dans Un enfant à tout prix fait transparaitre la transformation d'un enfant en un serpent énorme. Dans son article « Écriture du surnaturel et contexte : du fantastique occidental au réalisme magico-religieux africain », P. Abossolo dit : « l'explication à donner à cette façon de concevoir la métamorphose comme un phénomène naturel réside dans un trait fondamental de l'anthropologie africaine : l'être vivant n'étant pas uniquement constitué de ce qui tombe sous la vue, il faut lui reconnaitre la capacité de se mouvoir et de se métamorphoser selon les circonstances. » (P. Abossolo : 2010, P.37) Cette intervention nous fait comprendre que, la métamorphose est un phénomène qu'on pourrait décrire comme étant normalisée dans le cadre africain. Dans L'homme-dieu de Bisso d'Étienne Yanou par exemple, les autochtones de Bisso (village fictif) croient fermement que « certains individus peuvent se dédoubler en chouettes, oiseaux auxquels on prêtait le pouvoir magique de soutirer le sang du coeur ou de couper une partie du poumon ». Cette croyance que des êtres humains peuvent se changer en animaux est confirmée, quand à l'ouverture du texte, nous sommes informés de la présence d'un homme-panthère, et plus tard dans le texte, des hommes-chouettes. Un autre cas de métamorphose est dans Un enfant à tout prix, quand Victoire beigne l'enfant dans le lac sacré de Baleng, et que celui-ci se transforme sous ses yeux. I.1.4- La traditionIl n'existe pas de communauté sans tradition. La tradition est, nous pouvons dire, l'élément même qui fait d'une société ce qu'elle est. On définira donc la tradition comme la manière d'agir ou de penser transmise de génération en génération à l'intérieur d'un groupe. Le dictionnaire Le Petit Robert la définit comme une « manière de penser, de faire ou d'agir qui est un héritage du passé ». Pour Honorat Aguessy3(*), ce terme exprime « ce qui, du plus profond de l'histoire de la vie d'une population, ne cesse d'être charrié et transmis à travers les multiples transformations et qui donne du poids aux faits, gestes et coutumes, et aux pensées de cette population. Non statique encombrant, mais changement enrichissant. » (Cité par René Tabard dans « Religions et cultures traditionnelles africaines : Un défi à la formation théologique », 2010) Dans Ceux qui sortent dans la nuit, lors de la cérémonie d'adieux de la jeune Dodo, certains rites sont faits de la manière la plus traditionnel possible : « Ce matin-là, on posa une cuvette sur sa tombe, remplie d'une mixture de feuilles et écorces de la brousse...Certains murmuraient quelque chose comme s'ils parlaient à la disparue, avant de se laver les mains dans la cuvette. Ici on est attentifs à peu de traditions qui subsistent, et il reste un ou deux patriarches qui savent organiser la cérémonie des adieux. » (P.8-9) Nous voyons là que cette communauté est rigoureuse lorsqu'il s'agit de l'application des rites ancestraux, ce qui montre l'intérêt de l'auteur sur la question. Raison pour laquelle il décide d'en parler dans son texte. Parlant toujours de la tradition africaine, on entrera dans Malédiction, pour voir à quel point l'auteure met l'emphase sur ce point. La tradition dans ce texte joue au niveau du mépris de Joël vis-à-vis d'elle, et des conséquences douloureuses auxquelles il a dû faire face ; pour dire que la tradition en Afrique est une chose sacrée, et nul n'a le droit de commettre des actes qui pourraient le mettre dans la même situation que Joël. * 3 H.AGUESSY, La religion africaine comme valeur de culture et de civilisation, Colloque international de Kinshasa, Religions africaines et christianisme, Janvier 1978. |
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