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Les immunités parlementaires en droit positif congolais: considérations et perspectives


par Trudon LUKANDA
Université de Kinshasa - Graduat  2019
  

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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

Al. : Alinéa

Art. : Article

C.P. : Code pénal

C.P.I : Cour pénale internationale

C.P.P.C : Code de procédure pénale congolais

Ed. : Edition

M.P. : Ministère public

N° : Numéro

Op.cit. : Opus citatum « ouvrage déjà cité »

P. : Page

R.I.A.N. : Règlement intérieur de l'assemblée nationale

R.M.P. : Registre du ministère public

R.D.C : République Démocratique du Congo

R.F.F.D.A. : Requête aux fins de fixation de la date d'audience

1

INTRODUCTION

1. Position du problème

En principe, le ministère public a le droit, le devoir des poursuites, chaque fois qu'une infraction est portée à sa connaissance, il a donc la plénitude de l'exercice de l'action publique, Néanmoins, dans certains cas, la qualité de certains délinquants peut heurter l'action du ministère public, du point de lui empêcher de poser des actes d'instruction ou des poursuites. Le pouvoir du ministère public se trouve soit paralysé soit limité en raison de la qualité officielle de l'inculpé, cas ici des parlementaires qui bénéficient des immunités, d'inviolabilité et les privilèges de juridiction.

Apres que l'officier du ministère public ait connaissance de la commission d'une infraction, il doit se déployer en vue de mettre la main sur la personne qui a commis l'infraction mais il y a des personnes auxquelles le MP ne peut pas mettre la main sur eux si préalablement il n'a pas respecté certaines procédures pour pouvoir exercer l'action publique.

En droit congolais il existe des circonstances qui empêchent ou limitent l'exercice de l'exercice de l'action du MP contre une personne qui, visiblement, est auteur d'une infraction déterminée.

La rigueur de droit exigerait en effet, que lorsqu'une personne, quel que soit son rang social ou son statut commette une infraction soit poursuivie et jugé donc l'action publique doit être mise en mouvement pour aboutir à la condamnation ou à l'acquittement de son auteur. Mais par ailleurs l'exercice de l'action publique peut mettre à mal le fonctionnement d'une autre institution ou d'un autre pouvoir et d'empêcher ainsi de fonctionner.

L'on croyait que par cette intervention, le magistrat s'ingère dans le fonctionnement d'un autre pouvoir pour l'empêcher d'exercer sa mission. C'est pour cette raison que fonde les immunités.1

1 LUZOLO BAMBI LESSA E.J ET BAYONA Ba MEYA N.A, Manuel de Procédure pénale, Presses universitaires(PUC), Kinshasa, 2011, p.91-92

2

Toutes les constitutions que la République Démocratique du Congo a connue, ont toujours prévu des immunités parlementaires. Et l'actuelle constitution aussi n'a pas dérogé à ce qu'il convient de considérer désormais comme une tradition en disposant en son Art.107 qu'« Aucun parlementaire ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé en raison des opinions ou votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions. Aucun parlementaire ne peut, en cours de sessions, être poursuivi ou arrêté, sauf en cas de flagrant délit, qu'avec l'autorisation de l'assemblée nationale ou du sénat, selon le cas. En dehors de sessions, aucun parlementaire ne peut être arrêté qu'avec l'autorisation du bureau de l'assemblée nationale ou du sénat, sauf en cas de flagrant délit, de poursuites autorisées ou de condamnation définitive. La détention ou la poursuite d'un parlementaire est suspendu si la chambre dont il est membre le requiert. La suspension ne peut excéder la durée de la session en cours »2.

La doctrine soutient que, les immunités parlementaires appelées aussi les immunités politiques sont indispensables pour assurer le maintien et le fonctionnement des institutions les plus importantes de l'Etat. Elles couvrent non seulement les parlementaires dans leurs activités, mais aussi tous ceux qui peuvent être associés à l'activité parlementaire, tels que les ministres, les chefs des entreprises et des services publics appelés à prendre la parole à la tribune de l'une ou de ses deux chambres et les personnes entendues par des commissions d'enquête parlementaire3.

A la lumière de la séparation des pouvoirs, le pouvoir législatif peut remplir ses missions en toute indépendance sans se soucier des poursuites et pressions de la part du pouvoir exécutif ou judiciaire et du citoyen.

Mais le principe de la séparation de pouvoir et d'indépendance du juge veulent que le juge ne soit soumis à aucune pression, ni contrainte ou influence de quelques organes ou aux individus que ce soit.

La constitution consacre également cette indépendance de pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir exécutif et législatif. Sur ce nous mettons l'accent sur la mise sous tutelle du pouvoir judiciaire par le pouvoir législatif, celui-ci en vue de protéger ces sujets, auteurs de certains crimes graves non seulement qu'il s'ingère dans des affaires judiciaires mais il se permet également donc à donner des ordres aux juges. Ce que nous trouvons incohérent.

2 Article 107 de la constitution du 18 février 2006

3 NYABIRUNGU MWENE SONGA, Traité de droit pénal général, éd.2, Kinshasa, EUA, 2007, p.243

3

Il s'ensuit que, les immunités parlementaires dérogent au principe d'égalité de tous devant la loi et de non discriminatoire en prévoyant un régime spécifique pour les parlementaires. Les élus bénéficient d'une liberté d'expression complète qui leur permet de tout dire et de représenter adéquatement et authentiquement leurs électeurs.

Cependant pour arrêter un parlementaire, il faudra d'abord que le ministère public puisse demander la levée d'immunité de ce dernier avant de poser un quelconque acte des poursuites, d'où le travail de la chambre dont le parlementaire fait partie serait simplement d'après la commission de la justice du Senat Belge, de vérifier si la demande présente un caractère sérieux et sincère. 4

Mais dans la pratique, ces choses ne sont pas respectées, nous découvrons une sorte d'influence politique ou précisément une forme de discrimination entre parlementaire, cette discrimination se manifeste selon que le parlementaire appartient à telle ou telle autre famille politique ou selon qu'il est de la majorité ou de l'opposition au lieu que l'assemblé nationale ou le sénat se limite à regarder le caractère sérieux et sincère de la demande de la levée d'immunité. Cela veut dire tout couramment que, la demande doit être inspirée par des considérations liées à une bonne administration de la justice.

Vu ces différentes observations, nous osons croire que, ces immunités pourraient à la longue mettre la démocratie en danger étant donné que le peuple congolais est aujourd'hui victime des plusieurs faits infractionnels de la part des parlementaires qui restent non poursuivis parce que ces derniers bénéficient des immunités qui ne permettent pas à l'Etat de se relever pour son développement et au ministère public de déclencher l'action publique, ça constituent un danger pour la gestion saine et orthodoxe de l'Etat et crée des impunités.

Cela étant, il convient donc de nous poser la question de recherche principale de savoir :

- quelles sont les faiblesses des immunités parlementaires dans le contexte de la R.D.C ?

En tout état de cause, le chercheur se doit de se départir des préjugés en examinant le fond de la question, que soulève sa recherche en vue d'y apporter des conclusions objectives. C'est ainsi que d'entrée de jeu et en attendant l'analyse de quelques aspects dans ce travail, nous osons tenter de soutenir que les immunités parlementaires sont des dérogations au principe d'égalité de tous devant la loi et ça empêchent à l'autorité

4 NYABIRUNGU MWENE SONGA, op.cit., p. 244

4

compétente de poursuivre le parlementaire, si préalablement ses pairs ne sont pas prononcés sur la levée de son immunité.

Et les parlementaires ont profité de ces avantages pour commettre des bavures, en cas d'interpellation, ils se cachent derrière les immunités. Les parlementaires en profitent pour s'auto protégés entre eux, car on dit « les loups ne se mangent pas ».

Eu égard, les parlementaires commettent beaucoup d'abus avec toute conscience parce qu'ils savent, qu'ils ne seront pas poursuivis, puisqu'ils sont bénéficiaires des immunités, d'inviolabilité et des privilèges de juridiction, c'est pourquoi on doit leur bloquer tous ces avantages injustes afin qu'ils répondent devant la justice comme tout autre citoyen et ça sera la bonne justice que tout le monde applaudira.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe