Politiques publiques et lutte contre la dépendance alimentaire dans la province du Haut-Katangapar Pascal Ilunga Ngoy Universite de Lubumbashi/ UNILU - Licence Economie de developpement 2021 |
2.1.5.1. L'objectif d'indépendance alimentaire invariant dans le tempsL'objectif d'indépendance alimentaire est revendiquer aussi bien chez les politiques que chez les économistes et ceux-ci reposent leur argumentaire sur la spécificité de la production agricole et alimentaire. La nourriture étantoctroyéegénéreusement par la providence. Ainsi d'après les premiers économistes un pays qui a la chance de bénéficier d'un tel avantage doit tout faire pour le conserver. Tout pays disposant de la capacité naturelle de produire ce dont il a besoin sans obligation d'achat à l'extérieur est tenu de le faire. Il existe également une raison politique, en effet l'autosuffisance alimentaire permet d'éliminer la dépendance vis-à-vis des étrangers. Les théoriciens semblent avoir trouvé un consensus sur la nécessité de l'indépendance alimentaire, cependant cet accord n'est plus de mise des qu'il s'agit de voir quel sont les couts et les modalités de cette indépendance. 2.1.5.2. L'indépendance alimentaire par le protectionnisme ou le libre échangePour assurer l'objectif d'indépendance alimentaire les mercantilistes défendent la thèse selon laquelle il faudrait limiter les échanges avec l'extérieur par des taxations élevées des produits alimentaires a la sortie du territoire. Cette politique fut appliquée en Angleterre avec l'application des corns laws au 15eme siècle. Les politiques des TUDORS et STUARTS autorisaient le commerce extérieur des produits alimentaires seulement en période d'abondance et a condition que ces échanges ne conduisent pas a une hausse artificielle des prix alimentaires. Des politiques similaires sont appliquées en France pour la mêmeépoque. Cette politique d'interventionnisme était égalementdéfendue au 18eme siècle et 19èmesiècle par les auteurs comme MALTHUS qui sont favorables a l'application des corns laws. Les physiocrates vont défendre une solution tout à fait contraire à ceux des mercantilistes et qui va se révélertrès impopulaire. Ainsi ils affirment que le libre commerce des céréales est le seul moyen d'assurer l'indépendance alimentaire, et à cet effet furent les précurseurs des mesures de libéralisation des années 1763-1764. D'après la théorie physiocrate l'agriculture est le seul pourvoyeur de richesse et tout doit être mis en oeuvre pour favoriser son indépendance. Le bien alimentaire doit répondre a un impératif de rentabilité car n'étant plus considérer comme un simple bien de subsistance mais comme une marchandise qui a un prix même s'il doit également satisfaire les besoins populaires. Le peuple réclame toujours une alimentation à bon marchée sans se préoccuper des conditions de production. Pour QUESNAY(1757) il n'y a pas de contradiction entre abondance et cherté. Il faudra concentrer les efforts sur les conditions de production, et non sur les conditions de distributions donc favoriser l'agriculture marchande en fournissant à la terre les capitaux nécessaires a sa productivité. Seul le bon prix est en mesure de régler les problèmes d'approvisionnement alimentaires. « La non valeur avec l'abondance n'est point richesse, la cherté avec pénurie est misère ».42(*) Le bon prix doit permettre au fermier de se dédommager et de récupérer ses avances ce qui l'incitera a continuéà produire et en plus grande quantité car un résultat financier négatif n'est point encourageant. La liberté de commerce doit être totale pour favoriser l'apparition d'un bon prix. Cette liberté de commerce loin de remettre en cause l'objectif d'indépendance alimentaire la renforce selon les Physiocrates. En effet même si le libre échange permet un prix au producteur plus grand par la vente a l'extérieur de l'excèdent, les quantitéséchangées sont faibles car « plus le commerce extérieur est libre moins il y a d'échange ». En résumer il y a un objectif d'indépendance alimentaire, largement partager et qui tient en grande partie a la quantitéintrinsèque des biens agricoles, soit en tant que marchandises source unique d'enrichissement pour les autres. Mais les moyens d'atteindre cet objectif sont en totale opposition. Tout en partageant l'idée que la nation doit nourrir son peuple, les Physiocrates ont considérer les produits agricoles plus comme un objet de commerce que comme un simple bien de subsistance. Dans une certaine mesure, ils ont contribuéà orienter la gestion agricole vers les problèmes de la production et non plus vers ceux de la consommation et de l'approvisionnement des marcher. La théorieéconomique toujours dans cette spécifitée qu'elle accorde au fait alimentaires doitêtresatisfaite et aussi a l'enjeu de l'objectif d'indépendance alimentaire s'est aussi penchée sur les causes de la faim dans le monde. * 42 François QUESNAY, « Grains », (économie politique), Ms 1757, dans encyclopédie, Paris, Briasson, 1751-1780, volume 7, P.821-831, réédition Paris, éd Calmann-Lévy, 1969, P.135-229, citation P.288 |
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