La problématique de l'eau dans les relations internationales: conflits ou coopérationspar Patient Germain Sewanou UATM Gasa Formation - Master 2 2014 |
SECTION II : De l'abondance d'une ressource à sa raréfactionLes eaux douces, concernent essentiellement les systèmes hydrologiques que sont les bassins versants et les aquifères. Elles constituent des ressources stratégiques permettant de satisfaire la demande en eau des populations et des activités, notamment industrielles et agricoles. Cette seconde section a précisément pour objet de rendre compte premièrement de l'abondance de la ressource et de sa rareté relative (Paragraphe I), puis de la crise sanitaire due à l'incapacité de certains Etats à la mobiliser (Paragraphe II). PARAGRAPHE I : L'eau, une ressource abondante à la répartition inégaleIl sera question pour nous de rendre compte de la quantité d'eau qui existe sur la planète (A) puis de mettre l'accent sur son inégale répartition (B) A) Une ressource abondante L'eau est une ressource abondante sur la planète terre. En effet, 75% de la surface du globe est recouverte d'eau. Cependant, la proportion d'eau douce est très faible puisque les mers et océans représentent 97,5% des stocks d'eau disponible. Près de 70% de l'eau douce sont prisonniers des glaces, soit 2% du stock total d'eaux. En outre, 30% des eaux douces sont souterraines, stockées dans les aquifères, le reste se trouvant dans les lacs, les cours d'eaux, l'atmosphère et la biosphère. La part d'eau douce disponible représente donc nettement 1% du stock total d'eau mondiale. Selon la FAO, sur les 1,4 milliards de km3 d'eau présents sur la planète, seuls 45000 km3 sont de l'eau 15 14 www.partagedeseaux.info/article166.html consulté le 07 juin 2014 Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr) La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations consommable et 9000 à 14000 km3 d'eau sont accessibles15. Cette quantité d'eau est stable et renouvelable grâce au cycle hydrologique, communément appelé le « grand cycle de l'eau ». Chaque année, il s'évapore plus d'eau qu'il n'en tombe sur les océans, mais il tombe plus d'eau qu'il ne s'en évapore sur les continents. Chaque année 500 000 km3 s'évaporent au-dessus des océans et 8 %, près de 40 000 km3, sont transférés sur les continents sous forme de précipitations (les autres retombent sous forme de pluie sur les océans). La vapeur océanique se transforme donc en pluie sur les continents, ce qui permet d'approvisionner les cours d'eau et les réserves souterraines. Le climat influe sur la répartition géographique de la ressource en créant des conditions variées d'évaporation et de pluviométrie qui, combinées, affectent la répartition de la ressource. Concernant l'évaporation, les zones à températures très chaudes voient leurs réserves d'eau s'amenuiser plus rapidement que les régions au climat tempéré ou froid, pour qui le renouvellement de l'eau est plus facile et la ressource disponible en grande quantité. Concernant la pluviométrie, l'eau évaporée est restituée sous forme de précipitations, dont la quantité varie en fonctions des régions. Ainsi, certains pays connaissent une pluviométrie plus importante que d'autres, et peuvent donc régénérer leurs réserves en eau douce, notamment souterraines par les processus de percolation16 et d'infiltration. Les eaux souterraines résultent de l'infiltration des eaux de pluie dans le sol. Elles forment des réserves d'eaux stockées dans des aquifères, qui peuvent atteindre des tailles gigantesques. L'eau de ces nappes phréatiques s'écoulent en sous-sol avant de ressortir à l'air libre, alimentant une source ou un cours d'eau. Ces eaux souterraines représentent 98% des stocks d'eaux douces de la planète, soit 8 à 10 millions de km3 et un volume annuellement renouvelable de l'ordre de 10.000km3. Elles constituent plus de 70% de l'eau utilisée dans l'union européenne et sont souvent une des seules, voire l'unique source d'approvisionnement dans les régions arides ou semi-arides. Par exemple 100% en Arabie Saoudite ou à Malte, 95% en Tunisie ou 75% au Maroc. Quatre pays 16 15 http://www.cieau.com/les-ressources-en-eau/dans-le-monde/ressources-en-eau-monde consulté le 10 avril 2014 à 22h 30mn 16 La percolation consiste pour l'eau de pluie à migrer lentement dans les sols pour alimenter notamment les nappes phréatiques. Elle se distingue ainsi du phénomène d'infiltration, où l'eau s'infiltre dans les fissures naturelles des roches et sols. Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr) La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations prélèvent près de la moitié des eaux souterraines dans le monde : Inde : 190 km3/an, Pakistan : 60 km3/an, Chine : 53 km3/an, USA : 110 km3/an. Pris isolément, les paramètres climatiques ont un impact relatif sur la ressource en eau mais cet impact peut devenir très élevé s'ils se conjuguent. Les régions qui connaissent une faible pluviométrie et des températures très élevées correspondent aux zones souffrant de stress ou de pénurie. B) Une ressource inégalement répartie Les inégalités face à l'eau tiennent à la répartition géographique et à la population présente sur un territoire donné. Tandis que l'Asie dispose de près de 60% de la population mondiale, elle ne dispose que de 30% des ressources mondiales disponibles en eau douce17. A l'opposé, l'Amazonie, qui ne compte que 0,3% de la population mondiale, possède 15% des ressources en eau18. Neuf pays concentrent à eux seuls 60% des réserves d'eau douce mondiale: le Brésil, l'Inde, le Canada, la Chine, la Colombie, l'Indonésie, le Pérou, la Russie et les USA. Le Canada dispose ainsi de 86177m3 d'eau par habitant et par an. Prise dans sa globalité, la ressource hydrique est suffisamment abondante pour satisfaire les besoins d'une population de près de 7 milliards d'individus. Chaque être dispose en effet en moyenne de 5000 m3 d'eau par an. Paradoxalement, nombreuses sont les régions où la quantité d'eau disponible par habitant est grandement inférieure à cette moyenne, alors que certaines régions bénéficient d'une surabondance. Par exemple, entre la bande de Gaza en Palestine, très pauvre en eau (59 m3 /habitant/an) et l'Islande, où la ressource est pléthorique (538 000 m3 /habitant/an), le fossé est énorme. Par convention, des seuils ont été fixés pour qualifier les degrés d'adéquation ou d'inadéquation de la quantité de la ressource et du nombre d'habitants. En deçà du seuil de 2500 m3/habitant/an, il y a abondance hydrique. Un pays est considéré comme chronique en dessous du seuil de 1000 m3 /habitant/an. La situation est qualifiée de critique en dessous de 500 m3 /habitant/an19. 17 17 Assemblée Nationale française « Rapport d'information : la géopolitique de l'eau » ; 2011 ; page 18. 18 Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ; « Rapport mondial sur le développement humain : Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau » 2006 ; page 135. 19 Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ; « Rapport mondial sur le développement humain : Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau » ; Op.cit Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr) La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations Environ un tiers de la population mondiale, plus de 2 milliards de personnes, vit en dessous du seuil de stress hydrique. 20 pays dans le monde sont en état de pénurie (douze en Afrique : Algérie, Burundi, Somalie, Ethiopie, Kenya, Libye, Egypte, Afrique du Sud, Malawi, Maroc, Rwanda, Tunisie ; sept au Moyen-Orient : Iran, Arabie Saoudite, Jordanie, Israël, Palestine, Yémen, Koweït). En réalité, des millions de personnes vivent avec moins de 500 m3 /an. Situation obérant toute perspective de développement et de croissance. Le manque d'eau est structurel dans plus de vingt pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient, qui présentent une situation de pénurie chronique (moins de 1000 m3 d'eau douce par an). Les Etats-Unis, pour ne citer qu'eux, sont bien au-delà des seuils fixés avec une moyenne de 9 800 m3 par habitant et par an et pourtant l'ouest du pays connaît des situations de pénurie. Parfois, la répartition de la population ne coïncide pas toujours avec les territoires les mieux desservis en eau. C'est le cas en Namibie dont la population se concentre au centre du pays, à plus de 450 kilomètres des fleuves. |
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