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La problématique de l'eau dans les relations internationales: conflits ou coopérations


par Patient Germain Sewanou
UATM Gasa Formation - Master 2 2014
  

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PARAGRAPHE II : L'eau, révélateur de puissance

La tendance à considérer l'eau comme révélateur de puissance consiste en la capacité des Etats à s'assurer de l'approvisionnement en eaux (A) et à se protéger contre toute attaque de ses installations hydrauliques du moment où cette eau peut être utilisée comme arme ou cible militaire (B)

A) L'eau, enjeu de puissance

En matière hydrique, est considérée comme une puissance hégémonique un Etat qui possède suffisamment de pouvoir au sein d'un bassin versant pour

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11 Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ; « Rapport mondial sur le développement humain : Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau », 2006, P. 137

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

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s'assurer la direction du contrôle des ressources en eau et agir ainsi comme un leader vis-à vis des autres pays riverains du bassin. En clair, sont visés les Etats qui disposent d'une capacité à mobiliser la ressource en eau qui leur confère logiquement une position dominante. Cette capacité est assise sur une solide expertise technique, des moyens financiers, propres ou externes et une politique de mise en valeur endossée par les plus hautes autorités.

Les tensions peuvent alors émerger lorsque d'autres Etats décident de se soustraire à cette domination, de conduire des projets qui ne s'intègrent pas dans le schéma de l'hydro-hégémonie ou tout simplement contestent les orientations adoptées. A l'inverse, cette situation, lorsqu'elle est acceptée, peut déboucher sur des coopérations, parfois au désavantage, il est vrai, de l'Etat le plus faible.

Les puissances hydrauliques ne tirent pas nécessairement leur avantage d'une situation géographique particulière. Ils peuvent ne pas être situés en amont des fleuves. C'est le cas de l'Égypte qui a manifesté son savoir-faire par la réalisation du barrage d'Assouan, décidé par Nasser en 1956 et inauguré en 1971, et qui a toujours cherché à exercer une domination hydraulique. C'est aussi le cas d'Israël qui a assis sa domination sur les eaux du Jourdain et les aquifères de Cisjordanie et de Gaza et dispose d'une incroyable maîtrise technologique y compris dans les secteurs de pointe comme le dessalement. Il utilise désormais ce savoir-faire comme un instrument d'influence. On peut également ajouter le cas de l'Afrique du Sud en Afrique australe. Ce dernier pays dispose d'un savoir-faire ancien en la matière. Au terme d'un demi-siècle d'aménagements, Il compte 24 transferts (dont 17 sur le seul système Orange-Vaal) totalisant 4,2 km3 par an obtenus grâce au stockage de 25 km3 dans divers réservoirs. Or, une bonne part de ces transferts procède du Lesotho Highlands Water Project opérant sur le territoire du Lesotho, Etat d'amont théoriquement indépendant mais enclavé dans l'Union sud-africaine et dont les ressources ont été confisquées à l'époque de l'apartheid.

La Chine est indubitablement une puissance hydro hégémonique dont le comportement recèle d'innombrables potentiels de conflits tant ses besoins de maîtrise des eaux et son comportement souverainiste affectent ses multiples voisins. Dans cette partie du monde, l'eau devient un des premiers enjeux si ce n'est le premier et tous les voisins de la Chine sont soucieux de la manière dont celle-ci y répondra. En effet, la Chine se situe au coeur de problèmes d'eau de

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Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

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l'Asie, car c'est sur son territoire que se trouvent le Tibet, château d'eau de l'Asie, et une grande partie de la chaîne de l'Himalaya. Le contrôle de l'eau a probablement joué un rôle déterminant dans l'annexion du Tibet en 1950.

B) L'eau, arme ou cible stratégique dans les conflits

Le désir de posséder le contrôle de la ressource en eau peut se traduire par la requalification de certaines installations hydrauliques en objectifs militaires ou politiques. A l'inverse, elles peuvent devenir des cibles militaires. L'eau peut être aussi utilisée comme une arme. Plusieurs exemples peuvent venir illustrer le rôle de l'eau dans la guerre, guerre psychologique ou guerre militaire.

Lors du conflit vietnamien, les Etats-Unis ont bombardé les digues et, entre 1966 et 1972, ont ensemencé les nuages avec de l'iodure d'argent pour gêner la progression des forces Viêt-Cong en provoquant des précipitations inattendues voire cataclysmiques12. De même, la première attaque de l'OLP a visé les installations hydrauliques du National Water Carrier (NWC) qui amène l'eau du lac de Tibériade au Néguev13.

Certains Etats sont particulièrement exposés à cette menace compte tenu des modalités de leur approvisionnement et des pénuries en eau auxquelles ils s'exposeraient si certains ouvrages étaient détruits. C'est le cas par exemple de l'Arabie Saoudite qui dispose de plus de 200 barrages de stockage des eaux de pluie et d'usines de dessalement, qui sont très consommatrices d'énergie, d'origine pétrolière notamment. Ces dernières peuvent être attaquées indirectement par le bombardement d'une raffinerie par exemple qui, en provoquant une marée noire, les rendrait inopérantes. On soulignera également que l'alimentation en eau peut être coupée à la suite de la destruction des systèmes électriques qui permettent d'extraire l'eau, de l'acheminer, de la disperser, de l'évacuer, de la traiter ou de la produire.

La maîtrise de l'eau en amont permet à un Etat de disposer d'un outil de chantage politique ou de riposte. La Turquie avait menacé l'Irak de fermer les vannes du barrage Atatürk lors de la première guerre du Golfe, l'Irak riposta en

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12 MAMPAEY Luc; « Observatoire/Forces armées et environnement» ; Note du GRIP, 01 janvier 2000, Bruxelles.

13 AMIOT Hervé ; « Eaux et conflits dans le bassin du Jourdain » ; http://www.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du.html consulté le 17 mai 2014.

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

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menaçant de bombarder le barrage14. Le régime des Talibans, hostile à Téhéran, avait fermé les grands barrages afghans construits par les Américains dans les années 1940.

L'eau peut enfin être porteuse d'armes si elle est contaminée à des fins criminelles. Soulignons tout de même que l'aggravation des pollutions par rejets industriels et par composants chimiques et l'absence de traitement des eaux constituent déjà, dans le cas de cours d'eau ou d'aquifères transfrontaliers, des comportements criminels.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault