1.2.
Problématique
Cette partie comporte la justification du sujet, les
hypothèses de recherche et les objectifs de travail.
1.2.1. Justification du sujet
La préservation de la biodiversité en Afrique de
l'Ouest et en Afrique centrale est un véritable défi, vu le
niveau de pauvreté et les problèmes institutionnels auxquels sont
confrontés des pays en développement qui ne sont pas encore en
mesure de conduire efficacement les programmes voulus dans ce domaine.
Près de 75 % des habitants les plus pauvres de cette région
vivent dans des zones rurales, où la plupart sont tributaires de
l'agriculture et d'activités connexes. Destruction des habitats,
surexploitation des ressources naturelles, espèces envahissantes et
pollution sont autant de menaces qui pèsent sur les
écosystèmes dont dépendent ces populations (FEM, 2010,
p.10). Le trafic d'espèces sauvages est l'une des menaces les plus
sérieuses pour la biodiversité. Ce commerce illégal
entraîne la disparition de nombreuses espèces d'animaux, d'arbres
et d'espèces aquatiques. Outre d'être une des
préoccupations les plus importantes pour la conservation, les
activités de trafic d'espèces sauvages mettent en péril
des vies humaines, et menacent la paix et la stabilité dans de
nombreuses régions du monde. En Afrique de l'Ouest, le problème a
atteint des niveaux extrêmes et affecté de façon critique
les éléphants, les pangolins, les rhinocéros, les requins,
les chimpanzés, les gorilles et plusieurs essences de bois
précieux (USAID, 2016, p.1).
Le commerce illégal d'espèces sauvages
représente 19 milliards de dollars par an. Près de 100
éléphants d'Afrique sont braconnés par jour et, en
décembre 2015, 700 kg d'ivoire, ayant une valeur d'un million de dollars
US, ont été expédiés du Nigeria à Singapour,
puis saisis en Thaïlande. En janvier 2016, 16 paires de défenses
d'éléphants, pesant 70 kg, transitant du Tchad à la
Côte d'Ivoire en passant par le Niger, ont été saisies au
Burkina Faso. En juin 2016, 500 kg d'écailles de pangolin, en provenance
de Guinée à destination du Nigeria, ont été saisies
au Kenya. L'héritage naturel et culturel de l'Afrique de l'Ouest est
volé des générations actuelles et futures (USAID, 2016,
p.1). L'Afrique de l'Ouest a perdu plus de 90 % de sa population
d'éléphants au cours du XXe siècle
(Commission européenne, 2016, p. 298).
Petit par sa taille, le Bénin est riche par sa
biodiversité (FEM, 2010, p.21).Le nombre d'espèces rares à
protéger au Bénin est si grand, qu'on pourrait se
décourager (P. Neuenshwander et al., 2011, p. 338).Les
mammifères myrmécophages sont menacés au Bénin et
courent le risque d'extinction si les tendances actuelles sont maintenues. En
effet, ces espèces sont très fragiles car la destruction de leur
habitat à un impact direct sur leur survie (A. Akpona et A. Daouda,
2011, p.302). Orycteropus afer n'est pas épargné par ces
menaces car selon M. Siako et F. Kedowide (2018, p. 10) à travers la
Fiche Descriptive Ramsar du Complexe W, Bénin il y a menace de
l'écologie alimentaire de l'espèce à cause de la
production cotonnière qui décime les insectes dont se nourrissent
l'espèce, et ces organes sont très recherchés pour les
mixtures traditionnelles de forces et de combat.
Le commerce de la viande de brousse des zones de savanes
africaines peut constituer une véritable menace pour
les populations d'oryctéropes dans certains pays (par exemple la
Zambie, le Mozambique). Les menaces localisées comprennent la perte
d'habitat due à l'agriculture et à la chasse de subsistance (A.
Taylor et al., 2016, p.4).
Au Bénin (ex-Dahomey), trois textes fondamentaux de
février 1935 et 1938 et de juillet 1938 ont été
nécessaires pour organiser le service des Eaux et Forêts qui
devraient assurer le classement des réserves. La plupart des actes de
classement ont été pris entre 1940 et 1956. Ainsi en seize ans,
58 massifs forestiers ont été classés, représentant
près de 25 % du territoire national. En fonction de leur richesse en
faune et en essences forestières de valeur, les différentes aires
protégées ainsi classées ont été
affectées à des modes de mise en valeur précis (B. Sinsin
et al., 2010, p.522).
Au niveau des forêts classées, la plupart des
réserves de petite taille sont de nos jours envahies par les
installations humaines. La faune n'a pas pu résister à cette
concurrence avec l'homme. Dans les forêts classées de grande
taille, on rencontre encore de petites populations de buffle, de
phacochère et d'antilopes de grande taille comme l'hippotrague, le
bubale, le waterbuck (B. Sinsin et al., 2010, p.527). La forêt
classée des Monts Kouffé et sa périphérie sud
subissent les pressions de la croissance démographique galopante, de
l'agriculture itinérante sur brûlis, du surpâturage, du
braconnage et de l'exploitation forestière anarchique (I. Toko, 2019,
p.478). Plusieurs facteurs provoquent la dégradation de l'habitat des
mammifères de la FCMK du côté de Manigri :
l'exploitation du miel (24 %), l'exploitation du bois d'oeuvre, et le
braconnage avec des proportions respectives de 21 % et 12 % ensuite viennent le
surpâturage (19 %), les feux de végétation (14 %), la
carbonisation (8 %) et la pollution sonore (2 %) provoquant ainsi une
disparition de façon progressive des mammifères (I.
Dotché, 2016, p.6).
Hormis les Réserves de Biosphère de la Pendjari
et du W, la Forêt Classée des Monts Kouffé reste l'un des
derniers refuges de Orycteropus afer au Bénin. Peu
d'études ont porté sur les pressions anthropiques sur la faune et
surtout ces populations de Orycteropus afer dans la FCMK d'où
l'importance de cette recherche. Cependant aux regards des constats, plusieurs
questions sont posées.
La principale question de cette recherche est : quels
sont les impacts des pressions anthropiques sur la survie de Orycteropus
afer dans la FCMK ?
De cette principale question découlent des questions
secondaires :
Ø quels sont les connaissances des populations locales
sur le comportement et les prédateurs Orycteropus afer dans la
FCMK ?
Ø quelles sont les formes de pressions exercées
sur Orycteropus afer dans la FCMK ?
Ø quels sont les effets des pressions anthropiques sur
la survie de Orycteropus afer dans la FCMK ?
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