Annexe 8 : Retranscription - Luc
Présentation
J'ai grandi à Toulouse jusque mes 18 ans. On
était entre la ville et la campagne. Ma mère est professeur et
mon père architecte, ma soeur est professeur des écoles
également. J'ai fait une filière S, je suis parti à
Bordeaux pour faire une prépa intégrée, où je suis
resté 2 ans, avec un cursus général mais orienté
scientifique. On avait un choix parmi 33 écoles, j'ai choisi
l'école l'Ense3 (école de l'énergie, de l'eau
et de l'environnement). A la différence des prépas classiques
où tu as ton école par rapport au classement, tu choisis plus par
rapport à ce que tu aimes, par rapport à tes
préférences. Donc je suis parti faire 3 ans d'école
d'ingénieur à Grenoble à l'ense3. On a pas mal
approfondi les thématiques de l'énergie, où j'ai eu une
première vue sur ces sujets-là. Il y avait aussi des
conférences organisées par les alumnis. C'était une bonne
initiation aux enjeux énergie et environnement.
J'ai fait une année de césure où j'ai
fait un stage sur l'électricité en Martinique, et j'ai fait un
volontariat associatif de 3 mois à Madagascar où j'étais
avec une ONG qui s'appelle « Hydraulique sans frontières » et
j'ai aidé des villages dans l'apport de l'eau potable. Ça m'a pas
mal ouvert l'esprit et requestionné sur ma vie en France. Tu relativises
pas mal de choses. Aujourd'hui je suis consultant énergie-climat
à B&L évolution et j'accompagne des territoires sur des plans
climat.
Connaissance et sources d'informations
Je pense que oui à travers ma formation et mon
métier. Un peu moins sur la dimension sociale. A la fin de mon stage de
fin d'études, j'ai été un petit peu au chômage, j'ai
pris un peu de vacances puis j'étais en recherche d'emploi. Du coup
j'avais pas mal de temps pour moi, et j'ai passé pas mal de temps
à regarder des vidéos sur internet style Thinkerview, autres
podcasts, MOOCs... C'est très accessible sur internet donc ça va
vite de vouloir s'informer sur des sujets que tu voudrais approfondir. J'ai
été 3 mois au chômage et ça m'a permis de vraiment
affiner et creuser le sujet, clairement. J'ai aussi pris beaucoup l'habitude de
lire des livres de compréhension de l'histoire de l'humanité, sur
la géopolitique... Des livres comme Sapiens, « Votre cerveau vous
joue des tours », « Le petit traité de manipulation à
l'usage des honnêtes gens », Jancovici... Du coup je me documente
principalement en lectures, pas mal de vidéos sur internet, j'essaie
d'écouter des podcasts 34 fois par semaines, des MOOCs, des
médias un peu (Le Monde), et de la veille sur des sujets qui
m'intéressent à travers les alertes google.
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Gravité des crises
Comme je suis assez conscient des enjeux écologiques,
énergétiques et du changement climatique, à travers ma
formation, mon métier, mes proches et mon association, je pense que je
suis pas mal au courant, et quand t'es pas mal au courant, t'as une vision
plutôt pessimiste sur ce qui va arriver dans les 5, 10, 30, 50 ans
à venir. Donc ma vision de la crise est plutôt pessimiste, j'ai
l'impression qu'on fonce un peu dans le mur. Et ce n'est pas qu'une impression,
c'est aussi un constat partagé par les scientifiques, notamment le GIEC.
Donc ma vision est plutôt mitigée. Je pense qu'on peut s'en
sortir, mais il faut remettre totalement en question le système, et
même nous, l'humain, qu'on se remette en question sur ce qu'on fait. On
consomme tout le temps, tous les jours. Si on veut s'en sortir, il faut
remettre en question tout ça. Mais c'est super difficile de tout
remettre en question.
Engagement au quotidien
La consommation est un des impacts les plus importants.
Là-dessus, j'essaie de consommer de saison, local
(périmètre Ile-de-France). J'ai réduit ma consommation de
viande. Sur la consommation de biens en général, j'ai aussi
réduit les biens électroniques. Sur la mobilité, je
privilégie le train par rapport à l'avion et à la voiture.
J'ai beaucoup pris l'avion pour des voyages. Cet été on devait
partir avec ma bande d'amis. Ils voulaient partir au Costa Rica mais j'avais
d'autres plans, comme un voyage à vélo en Europe. On a eu une
grosse discussion tous ensemble, pas facile. Parce qu'il y en a qui disent
qu'ils travaillent pour ça, pour pouvoir partir loin, s'éva-der,
changer de culture... Et toi tu essaies de convaincre, mais c'est
compliqué de faire le « relou ». Finalement on va partir en
Andalousie et au Maroc en prenant le bateau, c'est un bon compromis. Sur le
textile, je n'ai quasiment pas acheté de nouveaux habits, je
réduis au maximum. Les choses les plus compliquées sont sur les
vacances. Si tu veux partir avec des amis mais qu'ils sont moins
sensibilisés, c'est compliqué, et vraiment source de frustration.
Réduire totalement ma consommation de viande, je n'y suis pas encore
tout à fait. Le reste, je le vis bien et ça ne me change pas
grand-chose au final.
Engagement dans le métier et
études
Dans mon métier, mon but est d'accompagner des
collectivités à mettre en oeuvre la transition
énergétique et atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
On essaie de décliner les grandes stratégies nationales sur les
territoires. On prend les thématiques mobilités et transports,
bâtiments et habitat, agriculture et consommation, économie
locale, et on essaie de voir comment réduire les consommations
énergétiques et les émissions de gaz à effet de
serre (GES) sur le territoire. C'est aussi intéressant parce qu'on
discute avec les élus, on voit leur point de vue, on voit comment ils
seraient prêts à évoluer ou pas... On essaie au max de
pousser des arguments pour faire bouger les choses. C'est super stimulant,
ça me plait et je me vois faire ça toute ma vie parce que c'est
un but à côté duquel on ne peut pas passer. Le cabinet dans
lequel je suis est très investi dans ces thématiques, c'est
plaisant de pouvoir en parler au quotidien et de pouvoir évoluer dans ce
domaine. Même si au final quand t'en parles au boulot, chez toi, et que
tu regardes des articles, t'écoutes des podcasts... c'est tout le temps
présent au quotidien et t'as aussi envie de « déconnecter
» un peu parfois. Sinon ça prend tout l'espace et la charge
mentale. Je pense que c'est important d'avoir un peu de distance par rapport
à ça de temps en temps parce que sinon c'est dur. En plus, quand
t'es dans ta bulle, tu ne vois pas forcément le reste, tu penses que
tout est partout comme ça alors que pas du tout.
Engagement associatif
J'ai vu AC et l'ACademy passer sur les fils
d'actualités d'anciens de mon école. L'an dernier, j'avais envie
de m'investir dans une asso pour apprendre, rencontrer des gens,
échanger sur ces sujets, m'investir personnellement dans une cause.
J'aimerais bien continuer à m'investir dans certains projets qui me
tiennent à coeur et pour lesquels je pense qu'il faut
persévérer, comme l'ACademy dont on a reçu la formation,
et dont j'aimerais bien maintenant dispenser et transmettre les savoirs qu'on a
appris, et aussi apprendre des nouveaux qui arrivent. Il y a aussi EduClimat
qui est un projet pour accompagner les écoles et les professeurs pour
enseigner
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ces thématiques dans l'éducation nationale.
C'est un projet qui a beaucoup d'ambition et qui peut avoir un énorme
impact s'il est mené à bien, parce que tous les
élèves en France seraient sensibilisés à ces
sujets-là, et comme c'est eux qui détiennent les rênes de
l'avenir, c'est un enjeu super important. Donc niveau asso, Avenir Climatique.
Ça prend pas mal de temps, on peut s'investir sur différents
projets, et si t'as des projets en tête, tu peux les proposer.
Engagement collectif
J'ai déjà fait des marches pour le climat,
poussé des amis à les faire. A travers le vote, aux
européennes ou autres élections. Sinon, je n'ai jamais fait
d'actions de désobéissance civile. Ça fait un peu peur au
premier regard, tu ne sais pas trop ce que c'est. C'est sur des journées
de travail en général. C'est un engagement au stade
supérieur, peut-être qu'à terme, si je trouve que ça
a un impact, je m'y mettrai. Pour l'instant je ne me suis pas trop posé
la question, je me dis c'est vachement extrême, tu te confrontes à
des policiers, à des CRS... c'est le côté un peu
extrême. Et pourtant, je pense que si j'avais en tête que ça
pouvait avoir de l'impact, je m'y serais plus intéressé, je ne me
suis pas trop posé la question encore. Ça va peut-être
évoluer. C'est aussi le côté un peu illégal et image
que tu donnes à la société. Ça fait un peu peur.
Autre forme d'engagement
Je réfléchis pas mal au sujet du voyage et de
l'écologie. On en parlait, c'est difficile quand t'es dans une
discussion avec des amis qui veulent partir loin, changer de culture... Du coup
j'essaie de réfléchir à comment lier voyage et
écologie, en essayant de voir les solutions de voyages
écologiques disponibles. Si tu veux faire un super voyage pas
très loin et bas carbone, est-ce que c'est attrayant ? Si oui, qu'est-ce
qui existe déjà ? Si non, qu'est-ce qu'on pourrait mettre en
place ? Je réfléchis à des types de voyages hyper
motivants et enthousiasmants que tu puisses proposer à tes amis et
qu'ils aient envie de le faire, et qui soient aussi respectueux de
l'environnement. J'aimerais rendre le tourisme plus durable et attrayant. Y a
du boulot !
Toutes ces actions sont à mener en parallèle. Le
plan climat, on ne peut pas le mettre en place sans l'accord et la
participation des citoyens. Donc s'ils ne sont pas sensibilisés ou s'ils
n'ont pas envie de mettre en place des choses, ça ne marchera pas. Donc
c'est nécessaire de mettre les différents types d'actions en
parallèle. Mais je pense que ce qui a beaucoup d'impact c'est le
changement de mentalité des citoyens. Je me dis que si moi je
réussis à faire ce cheminement, d'autres pourront aussi le faire,
et si tout le monde arrive à la faire, on pourra ensuite mettre des
moyens plus contraignants qui permettent vraiment de respecter ce qu'on doit
faire pour rester en dessous des 1,5 ou 2 degrés.
Cheminement
Je pense que mon intérêt pour ces sujets a
démarré assez tardivement, quand j'étais à
l'école, mais c'était un peu en surface. Je n'avais jamais lu de
livres, vu de vidéos... C'était une 1ère marche
sur laquelle j'étais et du coup mon cerveau avait quand même en
tête ces sujets-là. J'étais déjà un petit peu
dans le mouvement, sans vraiment m'intéresser.
Pendant mon année de césure, il y a eu mon
voyage à Madagascar, où je suis parti 3 mois avec une association
qui faisait des projets pour alimenter certains villages en eau potable. A
Madagascar, 70% de la population vit en zone rurale, et souvent n'a pas
accès à l'eau potable, à l'électricité,
à des moyens de mobilité. Tu relativises sur tellement de choses
que t'as et sur ton confort de vie et ton mode de vie européen. Il y a
tellement de différences entre le mode de vie malgache et le mode de vie
européen. Et par rapport au mode de vie qu'il faudrait avoir pour
pouvoir rester en dessous de certains seuils qu'on ne devrait pas
dépasser. Tu vois qu'il y a tout un tas de trucs qui ne sont pas
nécessaires, qu'on fait parce que c'est dans la norme et dans le
modèle sociétal, mais qui ne sont pas du tout obligatoires et sur
lesquels on ne se pose pas de question. Pouvoir se déplacer, faire Paris
Toulouse en train et mettre 4h, certains vont se plaindre parce que c'est trop
long et vouloir prendre l'avion. Tu vas à Madagascar, si tu veux prendre
un bus, il ne part pas tant qu'il n'est pas
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rempli, donc tu ne sais pas quand tu pars, ça peut
être dans 10min, dans 2h, dans 2 jours... En France tu as 5min de retard
dans ton train SNCF et tout le monde pète un câble. Du coup tu
relativises sur tout un tas de trucs et sur tout ton mode de vie. Tu te dis,
est-ce qu'on a vraiment besoin de tout ça ? Autant consommer... Il y a
tellement d'écart. Et au final, le bonheur n'est pas du tout
inférieur à Madagascar, les gens sont plutôt heureux.
Ça m'a fait beaucoup relativiser. Et pour la prise de conscience de
notre surconsommation, de notre modèle, ça m'a fait remettre en
question beaucoup de choses.
Mais je pense que le gros déclic a été
pendant mon chômage après mon stage de fin d'études, et que
j'ai eu du temps. Je me suis inscrit à AC, et je me suis
intéressé à ces sujets (écologie, énergie,
théorie de l'effondre-ment...). Quand tu commences à
écouter Jancovici, à lire sur le sujet, ça va vite. C'est
un engrenage, tu t'inté-resses à d'autres sujets qui semblent un
peu annexes mais qui vont ensemble et qui sont cohérents. Du coup je
pense que la plus grosse période c'était quand j'étais au
chômage. Ça m'a permis de beaucoup approfondir les sujets. Je me
souviens que je disais à mes collocs « regardez cette vidéo
»... Et eux me répondaient « je suis fatigué, je
travaille demain, j'ai pas le temps ». Donc le temps est vraiment
essentiel pour prendre conscience, et ce n'est pas donné à tout
le monde. Je pense que c'était ça la grosse brique.
Du coup après quand t'es dans le sujet, tu cherches un
boulot en rapport avec ça, t'achètes des bouquins en rapport avec
ça, Avenir Climatique tu rencontres plein de gens. C'est une
sphère qui t'entraine dans ce mouvement, et qui est super
intéressante, parce qu'à la fois c'est alarmant, et à la
fois tu vois qu'il y a plein de choses à faire, et tu te dis «
putain, on peut sauver le monde ». Après, on ne te dit pas vraiment
on peut sauver le monde, mais en tout cas t'essaie de le faire. C'est le
défi d'une vie, et c'est vraiment stimulant.
Théories de l'effondrement
J'ai regardé des vidéos de Pablo Servigne. Il
était très paisible, factuel, et il a un ton très
posé. Et ce qu'il disait était super intéressant.
Après j'ai creusé un peu, j'ai lu son bouquin « Comment tout
peut s'effondrer ». A Avenir Climatique aussi on en parle, on a des
débats mouvants dessus, ça permet aussi d'approfondir le sujet.
Quand t'es au courant que factuellement, on va dans la mauvaise direction
à grande vitesse, c'est difficile après de se dire qu'on peut
continuer comme ça. Et ça impacte toute ta vie en fait, parce
qu'on fait des choses tout le temps qui ont des impacts, ça remet tout
en question. Ça m'a aussi impacté dans le sens où j'en
parle à mes amis. Emotionnellement aussi, forcément, quand tu
vois ça, t'as pas une vision du futur super positive. Plutôt bon
comment on peut vivre durablement et en accord avec notre environnement.
Changement personnel
Certains traits de personnalité ont changé, oui.
Je parle beaucoup plus de ces sujets-là. Tu as tendance à tout
ramener à ça, ce qui est positif et aussi négatif, parce
que ça te fait de la charge mentale, et aussi parce que dans les
discussions tu vas toujours ramener ça à ça, alors que des
fois, t'es pas obligé de tout le temps en parler.
Mais je reste pas mal optimiste, j'ai envie de faire bouger
les choses. Ça me motive encore plus, parce que du coup tu te dis qu'on
est au courant de ça, qu'on a quelques années pour mettre en
place de grands changements, et c'est très stimulant. Ça stimule
encore plus d'avoir un défi de cette ampleur, dont tout le monde n'a pas
encore conscience, ce n'est pas une évidence pour tout le monde.
Je suis très impacté par ce que je vois et ce
que je lis. Quand je vois une vidéo, que je la trouve très
intéressante, j'ai envie de la partager à tout le monde, de
partager à tout le monde ce que j'ai appris ou retenu de cette
vidéo. Donc le fait d'être proactif et d'en parler autour de toi,
c'est une forme d'engagement, ça te donne des responsabilités et
une mission d'exemplarité, les gens vont regarder ce que tu fais, te
suivre parfois. Du coup ça influence aussi ma manière de faire,
ma manière d'agir, parce qu'il faut être en accord avec ce que tu
dis. Et donc ça m'engage et me sensibilise moi-même.
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Emotions négatives
Un peu de peur. Peur qu'on n'arrive pas à relever ce
défi et des conséquences que ça peut engendrer sur des
guerres, sur des populations, des minorités. Un peu de peur, et je n'ai
pas envie que ça arrive.
Un peu de frustration, parce qu'on nous le dit depuis
longtemps, on sait aussi ce qu'on peut faire, mais c'est pas du tout une
conscience partagée par tout le monde, et les règles ne sont pas
à la hauteur. Donc de la frustration, parce que c'est chiant, ça
fait chier.
Quand t'es avec tes potes, avec tes parents, tu as
l'impression de pas du tout être sur la même longueur d'onde. Ceux
qui connaissent bien le sujet, ils ont des ordres de grandeurs, des
idées que tout le monde ne connait pas. Donc t'as l'impression de
rabâcher des trucs, t'as l'impression de passer un peu pour le
rabat-joie.
Emotions positives
Tous les engagements que j'ai pris, j'en suis content. Je ne
les vois pas du tout comme des obstacles, des freins, des contraintes. Je les
vois plutôt comme des opportunités de faire des choses
différemment, qui soient à la fois en accord avec tes valeurs, ce
en quoi tu crois, avec les constats scientifiques. Ça procure du
plaisir, de la satisfaction d'être en accord avec ces valeurs. T'as aussi
des opportunités de redécouvrir plein de choses que t'aurais pas
forcément pensé ou fait et qui vont être super et que tu
vas vivre pleinement justement parce que c'est en accord avec tes valeurs.
Autre chose, je trouve que c'est un énorme défi,
et c'est très challengeant. Pouvoir être à la hauteur de ce
défi et pouvoir répondre à certaines
problématiques, c'est hyper stimulant. Moi, ça me stimule. Et
comme c'est stimulant, ça me procure aussi pas mal de bien-être et
de bonheur. J'ai envie qu'on réussisse. Je trouve que c'est aussi une
belle aventure. Et on le voit, quand on est engagés avec des gens qui
sont un peu pareil, il y a des moments où tu te dis on va
révolutionner ça, on va écrire de nouveaux récits,
on va repenser des modes de transports, du coup ça ouvre plein de
nouvelles portes, de nouvelles opportunités et ça j'adore. Par
exemple, dans le domaine du voyage, pour moi le but c'est de rendre le tourisme
durable. Et pas de faire des agences de tourisme durable à
côté du tourisme « normal » ; de rendre le tourisme
durable. Du coup, ça implique tout un tas de choses sur lesquelles il
faut réfléchir en profondeur. Orienter les gens sur ce type de
tourisme, c'est super stimulant et tu peux trouver de nouvelles choses.
Après, c'est aussi positif parce que tu as l'impression
d'être un peu là en précurseur. T'as l'impression
d'ap-porter quelque chose et de faire avancer les choses sur un sujet qui est
hyper important. Il y a une part de fierté, et une satisfaction de
transmettre des savoirs que j'ai sur le sujet que d'autres n'ont pas
forcément.
Optimiste ou pessimiste
Je suis pessimiste dans le modèle actuel et comment on
évolue et ce qui va arriver, on ne pourra pas trop l'éviter.
Assez pessimiste parce que le modèle dans lequel on est tiré par
la consommation, le capitalisme, et je ne vois pas trop comment on peut en
sortir actuellement.
Mais je suis assez optimiste sur le fait que la population
humaine pourra prendre conscience de ces enjeux et avoir un chemin un peu
spirituel et intérieur pour remettre en question le modèle dans
lequel on est, et du coup faire un changement qu'on ne peut pas trop faire
à l'heure actuelle, mais je pense que ça peut arriver. Je ne sais
pas trop comment mais je pense que ça peut arriver, et il y a pas mal de
gens qui travaillent pour que ça arrive. Il y a cette citation qui dit :
« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes peuvent changer le
monde. En fait, c'est toujours ainsi que le monde a changé ».
Ça j'y crois.
Vision dans 30 ans
C'est difficile, tu as les images pessimistes mais
peut-être plus réalistes, et tu as les images que t'aimerais
avoir, où tu te dis qu'on aura réussi à effectuer les
changements nécessaires. Je préfère avoir ces
images-là. Ce serait beaucoup plus décentralisé, chacun
profiterait d'un confort réduit mais suffisant. Dans 30 ans, j'ai-merais
bien pouvoir vivre une vie hyper simple. Que tout le monde ait fait ce chemin
intérieur de devoir consommer en respectant l'environnement. Qu'on n'ait
pas besoin de restreindre ou forcer, que ce soit naturel.
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J'aimerais que tout le monde soit conscient et ait fait un shift.
Pour pouvoir ne pas lutter contre la société, mais faire
ensemble. Mais on n'y est pas encore...
Retour au mémoire
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