Conclusion et recommandations:
Nous voici à la fin de notre travail, l'objectif
était d'analyser la situation portant sur les transferts privés
et la croissance économique en Haïti pour la période qui va
de 1996 à 2013. Pour vérifier nos hypothèses, nous avons
procédé à différentes estimations. Les
résultats de cette étude révèlent que l'influence
des transferts sans contrepartie sur la croissance économique est peu
significative. En effet, l'estimation du modèle nous montre qu'une
augmentation de 1% des transferts sans contrepartie engendra une augmentation
de 0.239599% de la croissance économique. Même si les transferts
d'argents effectués par les migrants Haïtiens sont de petits
montants, et qu'ainsi ils peuvent être difficilement mobilisés
dans le cadre de grands programmes nationaux, une meilleure canalisation de
cette contribution est possible. Rappelons que, ceux-ci parviennent à
hisser à la fois le revenu individuel des familles receveuses et peut
provoquer dans un pays comme Haïti une poussée de la croissance
économique par la relance de la consommation dans la mesure où la
production nationale suit le même rythme que cette demande. Ces
transferts sont surtout effectués par les migrants, et constituent une
ressource stable qui contribue largement à la sécurité
financière des ménages récipiendaires.
Il a été démontré que les
transferts privés ont un impact limité sur la croissance
économique parce qu'ils ne participent pas ou parce qu'ils participent
trop peu à la production nationale. Par conséquent, les
transferts sans contrepartie ne sont pas un « outil de
développement » car ils participent faiblement à
l'investissement productif dans l'économie nationale.
La dépense des transferts reçus par les
ménages dans la consommation est souvent opposée à la
dépense d'investissement. Donc, l'analyse d'un possible « effet-
fuite » vers les importations nous parait être un prolongement
indispensable de ce travail, afin de déterminer la cause de «
l'improductivité » des transferts privés en Haïti.
Les envois de fonds des travailleurs augmentent la
disponibilité des revenus dans l'économie locale et alimentent le
circuit de la consommation des biens et services produits tant par
l'économie nationale que par le reste du monde. Face à ce double
objectif accompli par ces flux de capitaux, il importe d'en assurer une
certaine canalisation dans le souci d'en faire bénéficier la
production locale.
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Malgré le doute qui pèse sur la potentialité
réelle, les envois de fonds peuvent contribuer
à la croissance à condition que des mesures
soient prises pour les canaliser afin de maximiser leur rendement. Et ce
d'autant plus qu'en contribuant à la croissance, les ressources des
migrants créent les conditions pour une réduction de la
dépendance des populations vis-à-vis de ces flux financiers. Il
revient alors aux autorités de poursuivre et d'achever la politique
d'amélioration des conditions d'investissement dans le pays. Cette
politique doit encourager les Haïtiens de l'extérieur à
accroitre leur investissement dans des secteurs clés en s'inspirant des
expériences menées dans d'autres pays.
Une politique de la diaspora axé sur les trois
instruments suivants peut contribuer à créer un environnement
favorable à l'investissement et au développement
économique.
? La création d'un environnement viable propice
à l'engagement de la diaspora, généralement à
travers l'adaptation de la législation.
? Le montage et la gestion de programmes qui ciblent
spécifiquement les membres de la diaspora en tant qu'acteurs de
développement.
? Création de Cadre pour l'engagement de la diaspora,
la première étape pour attirer les investissements de la diaspora
consiste à créer une atmosphère économique
adéquate ainsi qu'en leur fournissant certains privilèges qui les
incitent à investir dans le pays d'origine tels que :
? Droits de propriété, Une
autre façon d'augmenter les investissements de la diaspora est de leur
er des droits de propriété spéciaux. Cette politique a
été tentée en Inde et aux Philippines. N'importe qui de
n'importe quel pays qui n'avait jamais obtenu un passeport indien ou dont le
père ou grand-père était citoyen indien peut
acquérir une quantité illimitée de terrains à usage
commercial. Aux Philippines, les personnes émigrées et
nées citoyens de ce pays peuvent acheter un terrain résidentiel
ou commercial dans le pays.
? Impôts sur les Revenus, Certains pays
offrent des taux d'impôt sur le revenu réduit pour les membres de
la diaspora qui ont travaillé à l'étranger. Le «
Returning Expert Program » (REP) de la Malaisie en est un exemple. La
politique offre des exonérations fiscales pour ces ménages ainsi
que pour leurs importations de voitures. Elle garantit un taux d'imposition
forfaitaire de 15% du revenu d'emploi pendant une période de cinq
ans.
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En synthèse : Une politique qui
permettrait aux membres de la diaspora haïtienne d'investir dans leur pays
d'origine serait nécessaire pour Haïti, compte tenu du niveau du
déficit budgétaire qui semble être un problème
structurel. Ce déficit était fixé de l'ordre de 8.3
milliards gourdes, soit environ 2% du PIB en 2013. De l'épargne
additionnelle mobilisée pour le financement du développement,
provenant de sources non traditionnelles et l'apport des ressources humaines
qualifiées de la diaspora facilitant l'opérationnalisation de
projets économiques viables en Haïti seraient plus que
nécessaire pour ce pays. Les problèmes mentionnés
ci-dessus montrent que les problèmes économiques et sociaux
d'Haïti sont compliqués. Une politique de la diaspora peut avoir
des retombées sur le développement économique du pays. Car
l'épargne de la diaspora orientée vers l'économie
haïtienne peut contribuer á la réalisation de politiques ou
de programmes dans ce pays. Le succès, qu'il faut espérer, aura
certainement un impact significatif sur la création d'emplois et la
croissance économique.
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