Introduction
Les pullulations d'Orthoptères en Afrique du Nord
semblent être la conséquence d'accidents
météorologiques. Le climat de la région d'étude se
caractérise, en effet, par des précipitations automno-hivernales
très irrégulières d'une année à l'autre. De
ce fait, le pays traverse des périodes pluriannuelles relativement
humides alternant avec des périodes sèches comme ce fut le cas
des années 1983 et 1987 à déficit hydrique. Il se produit
alors des multiplications intenses de criquets dans différentes
régions d'Algérie notamment dans celles de Médéa
(Doumandji-Mitiche et al..,1992), de Batna, de Sétif et en
particulier de Bordj Bou Arreridj (Doumandji et al, 1993). Les
informations en provenance des pays frontaliers, laissent sans nul doute,
planer sur l'Algérie le spectre d'une menace d'invasion de ce
fléau. Ainsi, les Criquets pèlerins auraient ravagé au
Soudan pas moins de 400.000 hectares. Ceci laisse entrevoir les prémices
d'une imminente invasion au Tchad et au Mali (Anonyme,
1993a). La capitale mauritanienne, Nouakchott, est envahie par
des essaims de Criquets qui sont devenus un véritable calvaire pour
la nature et pour la population. Dans plusieurs quartiers, des espaces verts
sont totalement détruits. Les arbres jaunissent et se
dégarnissent de leurs feuilles ravagés par les Criquets que l'on
rencontre désormais partout (Anonyme, 1993b). La banque mondiale, qui a
approuvé en décembre 1993 l'octroi à l'Algérie d'un
prêt de 30 millions de dollars pour lutter contre une possible
avancée de Criquets jusqu'au Nord du pays, tient à venir en aide
à l'Algérie en raison des enjeux très importants que
constitue une telle menace. Si la somme de 30 millions de dollars peut
paraître énorme, elle se Justifie pleinement comparée aux
60 millions de dollars de pertes qui pourraient résulter de
l'anéantissement par les sauterelles de seulement 1% de l'agriculture
algérienne. Si l'Algérie ne parvient pas à stopper les
sauterelles au niveau de l'Atlas, les insectes pourraient dévaster la
totalité des cultures, selon la banque mondiale, qui rappelle qu'une
colonie moyenne de Criquets adultes soit 150 millions d'individus peut
dévorer l'équivalent de 100 tonnes de végétation
par jour (Anonyme, 1994). Selon Duranton et al (1986) les moyens
économiques sont paradoxalement plus difficiles à obtenir. Il
faut en contre partie des signes très positifs de relance.
L'émergence de chercheurs nationaux motivés est indispensable. En
effet, l'existence d'équipes pluridisciplinaires et la création
de réseaux associatifs en vue d'échanges d'informations peuvent
mettre fin à ce phénomène. C'est ainsi que de nombreux
travaux sont effectués au Maroc (Ben Halima, 1983) et
particulièrement en Algérie, par Chara (1987) en plus des travaux
faits au département de zoologie agricole et forestière de
l'Institut National Agronomique d'El Harrach, tels que ceux de Fellaouine
(1984,1989), Djenidi (1989), Mohammedi (1989), Hamdi (1989,1992), Benrima
(1990,1993) et Zergoun (1991). Compte
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tenu des problèmes acridiens posés chaque
année en Algérie nous abordons l'étude
bioécologique des Orthoptères dans la région de
Ghardaïa et le régime alimentaire d'Acrotylus patruelis
(Herrich-Schaeffer, 1838). Le premier chapitre comporte des données
bibliographiques sur les Orthoptères. Nous présentons la
région d'étude dans le deuxième chapitre. Le
matériel utilisé et les méthodes de travail
employées au cours de l'étude, constituent le troisième
chapitre. Dans le quatrième chapitre une approche bioécologique
des peuplements d'Orthoptères dans cette région est
réalisée. Une analyse statistique et écologique des
résultats est présentée dans le cinquième chapitre.
Enfin, nous terminons ce travail en abordant le régime alimentaire
d'Acrotylus patruelis.
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