VI - 1 - 3 - L'alimentation chez les acridiens
La quantité et la qualité de l'alimentation
influencent considérablement les caractéristiques de croissance
des populations acridiennes. La natalité, la mortalité et
à la limite la dispersion, en sont effectuées (Duranton et al,
1982).
VI - 1 - 3 - 1 - Aspect quantitatif de l'alimentation
La nourriture source unique de l'énergie dont disposent
les insectes, est un facteur limitant lorsqu'elle est en quantité
insuffisante. La quantité de nourriture nécessaire est à
poids égal, beaucoup plus grande chez les espèces de petite
taille que chez celles de grande taille. La quantité de nourriture
influe sur la taille des individus. De même le jeûne chez les
insectes conduit à une réduction du nombre d'ovarioles et du
nombre d'oeufs pondus. Le développement est beaucoup plus rapide lorsque
les insectes sont nourris que lorsqu'ils sont sous-alimentés (Dajoz,
1971). Selon Gillon (1974), un jeune acridien peut ingérer en une
journée, une quantité de nourriture supérieur à la
moitié de son propre poids, mais très exceptionnellement
équivalente à son poids. D'après Mestre (1984), la
consommation journalière présente de trop grandes variations
selon les espèces acridiennes et celles des végétaux
consommés. Elle dépend de l'état physiologique de
l'insecte ou de la plante ou des conditions d'élevage pour pouvoir en
tirer des conclusions générales.
VI - 1 - 3 - 2 - Aspect qualitatif de l'alimentation
Selon Dajoz (1985), la composition chimique de la nourriture,
la présence en quantités plus ou moins grandes de substances
indispensables comme les protéines, les vitamines et les
oligoéléments sont des facteurs dont l'importance a
été maintes fois démontrée. Chez beaucoup
d'herbivores la nourriture est choisie sélectivement en fonction de sa
richesse en azote. La bonne qualité de l'alimentation est le facteur
essentiel de la survie des jeunes. Selon Launois (1976), l'aspect biologique de
la graminée, son degré de dureté, de teneur en eau ou sa
composition biochimique, conditionne la prise de nourriture de l'insecte pour
un stade phénologique bien précis. La valeur
énergétique globale selon Louveaux et al. (1983), est
également un élément d'appréciation de la
qualité d'un aliment.
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VI - 1 - 4 - Spectre et préférence
alimentaire chez les acridiens
La détermination du spectre alimentaire d'un acridien
permet de connaitre ces préférences ; ceci peut être utile
le choix des méthodes culturales visant à réduire les
populations de l'espèce en question ou à l'éloigner des
cultures protégées. Selon Le Gall et Gillon (1989), l'utilisation
des ressources alimentaires est variable en fonction du milieu où vit
l'acridien. Le choix de la plante-hôte est basé non seulement sur
les relations biochimiques insecte-plante, mais aussi sur la structure du
milieu. La sélectivité ne dépend pas que du milieu. Elle
dépend aussi de l'acridien. Des acridiens polyphages vivants dans un
même milieu ne consomment pas les végétaux présents
dans les mêmes proportions. Il est alors difficile de reprendre le
cliché classique du criquet polyphage capable d'ingérer toutes
sortes de plantes sans restrictions. Abushama et Elkhider (1976), notent que
Truxalis grandis grandis, est un acridien très répandu
de la région de Khartoum au Soudan. Il s'avère polyphage tout en
montrant une préférence marquée pour les herbes communes
telles que Cyperus rotundus et Cynodon dactylon.
Euphorbia heterophylla et Calotropis procera sont des plantes
invariablement rejetées. Le faite de changer la forme des feuilles ou de
mettre les animaux à jeûne ne semble pas modifier les
préférences alimentaires. D'après Raccaud-Schoeller
(1980), les orthoptères marquent souvent des préférences
nettes pour une espèce végétale donnée. Mestre
(1984), montre que l'acridien Machaeridia bilineata consomme les
graminées des savanes en fonction de leur abondance relative. Par contre
Chara et al. (1986), notent qu'Omocestus ventralis consomme
80%des espèces présentes dans les biotopes, mais exprime
toutefois des préférences qui ne sont pas en relation avec
l'abondance des graminées. En Algérie, Calliptamus barbarus
et Calliptamus wattenwylianus, deux Calliptaminae
très polyphages, font preuve d'une forte sélectivité
dans leur alimentation. En effet 26% et 15% des espèces
végétales présentes sont consommées respectivement
par les deux espèces (Chara, 1987).
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