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Quelle image le cinéma renvoie-t-il de la femme?


par Noor Ben Addi
Lycée Maria Assumpta -  2020
  

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1.4. LES ROLES FEMININS TYPES DANS LE CINEMA GRAND PUBLIC.

Vous avez sûrement remarqué les différents stéréotypes liés à la femme au cinéma. Ces rôles portent un nom, on appelle ça un « trope ». Je vais vous en exposer quelques-uns afin de rendre compte de ces appellations.

Regina Georges dans « Mean Girl »

Les plus présents sont la « mean girl » ou la méchante fille, vous l'avez vue dans presque tous les films pour adolescent. Le

meilleur exemple est Regina Georges dans « Mean Girl » ou

encore Blair Waldorf dans « Gossip Girl ». Physiquement, elle apparait comme une fille riche, populaire, jolie, hyper féminine,

stéréotypée comme jalouse et superficielle. Pourtant, elle est ambitieuse, forte et elle a confiance en elle. Malgré ça, elle éprouve de la rage et de la colère à l'égard de l'héroïne principale. Elle se cache derrière une gentillesse de façade pour effectuer des agressions relationnelles sur d'autres jeunes filles parce que seule une femme sait comment parfaitement en blesser une autre. En observant bien, nous remarquons que derrière cette méchanceté se cache une stratégie de défense. Elle reproduit des comportements des personnes élitistes et superficielles qui l'entourent. La « mean girl » est souvent comparée à la reine des abeilles, mais pourtant, elle ne contrôle pas son école et au contraire elle se plie aux attentes de la société. C'est ce qui la pousse à détester le personnage principal qui sort du lot et qui ne se sent pas contrainte. L'héroïne du film va essayer de descendre ce système de caste afin d'atteindre ses objectifs. De l'autre côté, la « mean girl » a compris le système hiérarchique de son école ou de la société et elle a décidé d'en profiter pour atteindre le sommet. Au final, la vilaine adolescente se sent claustrophobe d'un monde injuste et sexiste où elle ne peut pas exprimer son plein potentiel. Elle a juste besoin de trouver une manière plus saine de ressortir sa colère.

La « smart girl » ou la fille intelligente, pourrait être représentée par Liza Simpsons dans « Les Simpsons » en tête d'affiche ou encore avec les deux héroïnes du film Booksmart de Olivia Wilde. Souvent accessoirisée de lunettes parce qu'elle voit des choses que les autres ne voient pas. Ce personnage a conscience d'elle-même,

 

Liza Simpsons dans « Les Simpsons »

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elle se sait intelligente et en est fière. Elle est ambitieuse et est déterminée à réussir sa carrière. De l'extérieur, elle est vue comme arrogante et intolérante aux gens moins intelligents. La « smart girl » qui a tendance à trop réfléchir, se rend compte qu'elle ne rentre pas dans le moule. Elle ressent la pression de se conformer et va réajuster sa personnalité en essayant de paraitre moins « je sais tout » afin de plaire aux autres et de ne pas être mise sur le côté. Au cours des dernières années, on a pu assister à une évolution de ce trope. Au départ, une femme intelligente avait des agissements semblables à ceux d'un homme et elle représentait souvent une menace. Dans son propre développement, elle va connaitre l'échec, et par conséquent gagner en maturité. La « smart girl » d'aujourd'hui n'est plus unidimensionnelle. Elle montre que les femmes ne sont plus soit intelligentes soit jolies, elles peuvent être les deux à la fois. Les femmes intelligentes de ce monde ont souvent une fibre artistique ou sont engagées pour une cause (Malala, Greta Thunberg...). Dans les films ou dans la vie, elles cherchent désormais à avoir un impact sur le monde.

La « weird girl » ou la fille bizarre, qualifiée de bizarre parce que nous ne la comprenons pas. Elle a un style et des intérêts peu habituels. Elle a peu ou pas d'amis et est perçue comme inapte à avoir un partenaire amoureux. Sa sexualité est vue comme déviante ; c'est soit une « salope », soit une « lesbienne ». Il existe cinq sous-genres de « weird girl » ; la gothique, la maligne (the smartass), le cas désespéré (the basket case), la tête en l'air (the space cadet) et la marginale (the akward misfit).

La gothique, avec Wednesday Adams dans « La Famille Adams », est le plus souvent habillée de noir. Elle s'intéresse aux choses auxquelles les autres ne portent pas attention. C'est comme ça que dans certains films, elle parviendra à communiquer avec des éléments du fantastique comme des fantômes. La « goth » ne va pas changer pour les autres, elle reste elle-même en toute circonstance.

La maligne, avec Daria, utilise le sarcasme pour se protéger. Elle se définit elle-même par ce qu'elle n'est pas plutôt que par ce qu'elle est. Elle n'est pas comme les autres, d'ailleurs elle les juge trop normaux.

 

Daria dans « Daria »

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Le cas désespéré, avec Allison Reynold dans « The Breakfast Club », est la version la plus chaotique et dramatique de la « weird girl ». Elle performe sa bizarrerie pour attirer l'attention.

La tête en l'air, avec Phoebe Buffay dans « Friends », existe dans son propre monde et par conséquent, elle ne se soucie pas de l'avis des autres. Souvent sous-estimée, elle se révèle plus intelligente que nous le pensons.

 

Phoebe Buffay dans « Friends »

La marginale est la version la plus triste. Son manque d'habilité à s'intégrer lui vaut un harcèlement de la part de ses camarades. Ces agressions à répétitions ne lui seront aucunement bénéfique et elle aura tendance à reproduire ces comportements quand elle sera en position de force.

Quel que soit la forme de la « weird girl », elle représente la peur de son époque. Une fille était considérée comme bizarre si elle se comportait comme un homme, si elle ne portait pas d'intérêt au mariage, ou si elle voulait avoir accès à une éducation et voyager. La fille décalée est toujours restée indépendante malgré le cliché qui traine dans certains films qu'elle aurait besoin d'un homme pour être normalisée et même sauvée. Aujourd'hui, c'est une bonne chose d'être « bizarre » car la différence est plus acceptée voire glorifiée. Ce qui rendait une fille masculine avant rentre aujourd'hui dans la norme.

La seule et l'unique « manic pixie dream girl », (MPDG), est un trope introduit par le critique

Claire Colburn dans « Elisabethtown »

Nathan Rabin, en 2007, pour caractériser un type de personnage féminin récurent qui n'existe que dans l'imagination des réalisateurs/scénaristes. Il visait le personnage de Claire Colburn dans « Elisabethtown ». Elle est sociable, c'est elle qui approchera le protagoniste masculin en première et celui-ci en opposition sera timide et distant. La MPDG a des goûts et un style bien à elle, « elle n'est pas comme les autres ». Mais surtout elle n'abandonne jamais le

premier rôle masculin, elle est toujours enjouée, de bonne humeur et elle se fout du regard

des gens. Elle est là pour apporter un développement à l'homme du film, elle va lui redonner

la joie de vivre. Ce trope à la base fait pour mettre l'accent sur un comportement sexiste de

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certains réalisateurs a fini par se retourner contre lui-même. Utilisé à tort pour décrédibiliser un film ou trop vite le ranger dans une case sans plus analyser le personnage féminin. Ce terme est même utilisé comme insulte pour désigner une fille « manquant de personnalité » dont le seul but est d'attirer l'attention d'un homme.

Mikaela Banes dans « Transformers »

La « Cool girl » ou la fille cool, est encore un autre fantasme masculin. C'est un homme dans le corps d'une femme belle et sexy, elle aime les activités traditionnellement d'hommes, la bière et les hamburgers. Nous parlons de ce trope comme un mythe créé par les hommes et perpétué par les femmes qui après l'avoir vu dans autant de films ont fini par

l'incarner. Le problème avec la cool girl c'est qu'elle est appréciée par les hommes qui l'entoure tant qu'elle reste à leur niveau, il ne faudrait pas qu'elle les challenge. C'est

pourquoi, elle ne dit rien sur la hiérarchie homme-femme qui la pousse toujours au second rang malgré ses qualifications. Celle-ci est facile à vivre et elle ne se fâche jamais sur son homme. Mais la cool girl moderne se détache de ce monde d'homme et vit selon ses propres règles comme nous l'avons vu dans les nouveaux Marvel.

Greene Lanterne

Nous avons le personnage féminin réduit à son minimum ; « The Fridge Lady » ou « la femme dans un réfrigérateur ». Ce trope tient son nom de l'écrivaine Gail Simone qui l'a utilisé en référence à l'épisode de la bande dessinée « Greene Lanterne ». Dans lequel la copine du héros est tuée et enfermée dans le réfrigérateur de celui-ci pour offrir un développement à son histoire. Ce personnage féminin meurt au début de l'histoire sans que nous ayons appris à la connaitre. Son copain ou mari essayera de la venger et de sauver le monde

par la même occasion. La mort d'un être aimé nous permet de sympathiser avec lui et lui offre

un passé triste. Le problème de cette représentation est qu'il réduit la femme à une propriété.

En effet, nous avons remarqué que dans la majorité des scénarios « ma femme » aurait pu

être remplacé par « mon chien » ou « ma voiture ». Nous pouvons reprocher cela surtout à la

mauvaise écriture de ce personnage car la mort d'un être cher aurait plus d'impact si celui-ci

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était multidimensionnel. Le souci c'est aussi la manière dont ces femmes sont tuées ; le meurtre est violent et sexuel comme si la femme existait seulement pour qu'une série de mauvaises choses lui arrive et que la pureté de son corps devait absolument être protégée par un homme.

La féministe est présente dans les films depuis longtemps mais elle était représentée négativement. Dépeinte comme une femme pas féminine, moche et détestant les hommes. Elle souhaite l'égalité des sexes parce qu'aucun garçon ne veut d'elle. Nous avons eu droit à la « straw feminist », parodie de la féministe réelle. Elle réagit excessivement à des situations minimes pour réduire et ridiculiser la cause à l'écran. Aujourd'hui, elle est toujours présente pour montrer les conséquences lorsque nous perdons des yeux la cause principale et que nous nous laissons emporter par la haine. Le trope de la féministe était souvent présent en opposition au personnage féminin principal qui, pourtant, regroupe les caractéristiques d'une réelle féministe mais qui se comporte comme individualiste dans sa quête de succès.

Scène de la série « Sex Education ,,

Aujourd'hui, on assiste à la prise de conscience des personnages féminins. Elles se rendent

compte de la société misogyne qui les entoure et de la culture du viol bien présente. Elles se joignent à la cause pour trouver une sorte de liberté.

Nous allons finir avec la femme fatale qui consacre sa vie à détruire le ou les protagonistes

Ramon et Destiny dans « Queens ,,

masculins. Elle est irrésistible. Elle fait habituellement une première apparition remarquée dans le film. Elle a une vision du monde cynique. Elle est froide et distante. La femme fatale est guidée par la soif d'argent pour arriver à ses fins elle utilise la manipulation et sa sexualité dont elle a le plein contrôle. Elle représente l'anxiété de son époque dans le sens où elle refuse les normes imposées aux femmes, elle sort, travaille, refuse de porter l'enfant d'un homme. Elle a

généralement droit à deux sortes de fin. La première, nous nous rendons compte qu'elle n'est

pas mauvaise et elle a droit à une fin heureuse. Ou la deuxième qui est plus courante, elle

s'avère être pourrie jusqu'à la moelle et elle est punie par la mort ou la prison. La femme fatale

peut paraître féministe car elle reprend son pouvoir, sa vie et sa sexualité lui appartiennent

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mais la manière dont elle nous est montrée est plutôt misogyne. Nous la voyons comme mauvaise ou comme une victime de la société lorsque nous avons droit à une rétrospection.

Il existe encore une liste non exhaustive de trope, certains personnages reflètent des caractéristiques de plusieurs d'entre eux à la fois. Plus un personnage est multidimensionnel plus il correspondra à différentes catégories. Bien que ces personnages récurrents ne soient pas toujours glorifiant, il en existe de nombreux. Mais peut-être l'avez-vous remarqué ; ils sont à quelques exceptions près toujours représentés par des femmes blanches, fixées comme la norme. Cette observation nous amène à nous poser la question suivante : Y'a -t-il des tropes spécifiques aux femmes de couleurs ?

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus