La baisse du nombre de licenciés de tennis en Francepar Lucile Pothier INSEEC U. Chambéry - Master 2 2020 |
2. DEVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DES CLUBSPour faire face à la concurrence accrue des salles de sport et des autres sports qui disposent d'équipements modernes, la FFT a développé un projet national d'aide au développement des clubs et de la pratique. Comme le précise Julien Isard, chargé de développement à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis, «on travaille énormément sur l'équipement des clubs, c'est très important. La FFT, les ligues régionales et les comités départementaux travaillent très étroitement avec les collectivités locales, les municipalités et les régions. Ce n'est pas facile de développer la pratique au sein d'un club de tennis sans terrains couverts, même s'il y a des terrains extérieurs, des bons enseignants et des dirigeants motivés. En effet, si par exemple à côté il y a un club de football avec des infrastructures magnifiques, un gymnase flambant neuf et chauffé pour le handball et le basket-ball, et une salle de sport privée avec des équipements récents, la concurrence est très difficile. On travaille aussi beaucoup pour enlever les terrains en bétons poreux pour mettre de la terre battue artificielle, plus confortable pour le jeu et plus accessible toute l'année» (il s'agit d'une surface qui absorbe davantage l'eau donc utilisable même durant l'hiver). Cette aide au développement des clubs et de la pratique permet de répondre aux principales raisons d'abandons chez les adultes que nous avons observées 102 dans l'état des lieux de cette étude. En effet, en 2010, selon l'enquête menée par l'IRDS sur les raisons d'abandon du tennis chez les adultes, la demande pour les courts couverts prédominait (38 %) ainsi que la diversité des revêtements (32 %)84. Les équipements sont souvent une préoccupation majeure au sein des clubs. Certains clubs de tennis ne disposent pas assez de terrains ce qui entraîne une saturation du taux d'occupation des courts. D'autres se retrouvent face à un manque crucial de courts couverts. Il a été remarqué dans l'état des lieux que seulement 13 % des terrains de tennis sont couverts. C'est une situation négative pour la pratique du tennis. Certains joueurs se retrouvent dans l'incapacité de pratiquer du tennis durant toute l'année, ce qui entraîne un risque qu'ils privilégient une autre activité sportive, plus accessible. L'équipement des clubs est un facteur déterminant dans la fidélisation des licenciés et la FFT accompagne ses clubs pour remédier à cela. Dans ce projet national d'aide au développement des clubs et de de la pratique, la FFT investi beaucoup dans l'expansion des clubs, «500 clubs par an sont aidés et accompagnés par la FFT et les collectivités locales. Ils sont principalement accompagnés dans la rénovation ou le développement de leurs infrastructures sportives telles que les courts, l'installation d'éclairages, la création ou l'amélioration des club-houses, etc. En 2017, 1,7 million d'euros étaient investis, aujourd'hui on est à peu près à 7 millions d'investissement par an. Améliorer les infrastructures des clubs crée une dynamique importante parce qu'il y a une forte corrélation entre la qualité des infrastructures, le développement de la pratique et l'attractivité du sport», explique Lionel Maltese, en charge du développement économique de la FFT. Ces investissements sont primordiaux pour renforcer la dynamique de développement des clubs. Selon Yannick Duc, président du Tennis Club de Mouxy (189 licenciés), l'ajout d'un troisième court ainsi que l'éclairage ont été bénéfique dans son club sur plusieurs aspects, «on a pu élargir notre offre d'entraînements en proposant plus de créneaux aux joueurs. Un court en plus permet d'entraîner quatre à six joueurs et de laisser un terrain pour les adhérents ou pour une location. C'est également une opportunité pour nous d'avoir un tournoi où on peut programmer plus de matchs donc accepter plus d'inscriptions. Le tournoi du club représente des retombées financières primordiales». 84 Institut Régional de Développement du Sport. (2010). Les raisons de l'abandon, et les motivations de la pratique du tennis en France. Consulté à l'adresse https://www.irds-idf.fr/fileadmin/DataStorageKit/IRDS/Publications/collaboration/plaquettetennis.pdf 103 Par ailleurs, comme beaucoup d'associations sportives, les clubs de tennis se retrouvent face une contrainte de flexibilité au niveau de ses horaires d'ouvertures pour accéder aux terrains. Beaucoup de clubs ne possèdent pas les ressources financières pour disposer d'une personne présente en permanence qui garantit l'accès aux courts. Si une personne n'est ni licenciée, ni adhérente au club, elle ne dispose pas de clés ou bien de badges pour accéder aux terrains. Si une permanence n'est pas assurée pour accueillir ce type de joueurs, alors c'est une perte potentielle de location de terrains pour les clubs voire même d'un futur adhérent. Romain Cottarel85, entraîneur titulaire du DE JEPS au sein des club de tennis de Drumettaz-Clarafond (100 licenciés) et du Bourget-du-Lac (85 licenciés), explique l'importance pour les petits clubs de développer leurs infrastructures pour faciliter l'accès aux terrains et surtout pour attirer de nouveaux pratiquants : «refaire nos courts de tennis en 2018 a fait doubler notre effectif d'adhérents dès la rentrée de septembre 2019. Nous avons aussi mis en place un système de réservation en ligne avec des codes d'accès pour rentrer sur les terrains. Les personnes reçoivent ces codes par message ou email. Ils ont également accès aux vestiaires et l'éclairage se met également en route, si besoin, pendant le créneau réservé. On n'avait pas de permanence parce qu'on ne pouvait pas embaucher quelqu'un à l'année en tant que salarié. Ce système permet de faire une rentrée financière supplémentaire parce qu'on ne manque plus de locations de terrains. On avait besoin de redynamiser le club. Après ce système de code d'accès a coûté entre 8 000 et 15 000 euros, cela reste un investissement conséquent, surtout pour un petit club». De plus, développer les infrastructures des clubs en les rendant plus ouvertes est aussi un objectif pour redonner une image plus accessible de la pratique du tennis. D'après Gilles Moretton, président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis, «aujourd'hui, l'image qu'on reflète de nos clubs est la suivante : quand vous êtes membres du club, les portes vous sont ouvertes. Mais si vous ne l'êtes pas et que vous souhaitez tout de même jouer, l'accès vous sera refusé. Il y a comme une présence de barbelés ou de mur qui vous indique si vous êtes «in or out». C'est une caricature, mais ces barrières de club doivent tomber pour rendre notre sport plus accessible». Ainsi, la FFT investi beaucoup dans le développement des clubs pour faire face à la concurrence, permettre aux clubs de diversifier leurs offres, être plus attractifs et surtout plus accessibles. 85 INTERVIEW 13 - Romain COTTAREL 104 |
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