5.2) Restructuration du noyau traditionnel de Keur
massar
L'approche utilisée ici a été
inspirée de la restructuration in-situ, qui consiste à maintenir
le plus possible les populations qui habitent les quartiers irréguliers
sur le site et de faciliter leur accès à la
propriété foncière et aux infrastructures de base. Cette
approche a été inspirée du MOOC « Villes
africaines : restructuration des quartiers précaires » de
l'école polytechnique fédérale de Lausanne.
L'objectif final étant l'amélioration de leur
cadre de vie et de permettre un regain d'activité et de fluidité
dans le noyau traditionnel dense. Elle vise l'amélioration du quartier
en minimisant les déplacements de population.
L'amélioration des conditions de vie dans le noyau
traditionnel villageois (Keur Massar village) par le renforcement de son niveau
d'équipement et l'accélération de l'intégration
urbaine de ses populations aux structures formelles de la ville.
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Tableau 5: Avantages et inconvénients
de la restructuration in-situ
SAvantages
|
Inconvénients
|
maintient les populations sur place et renforcer leurs
situations
|
Nombreux litiges à arbitrer
|
Limiter les dégâts sociaux
|
Nécessité d'une ingénierie sociale
d'accompagnement
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Amorce d'une dynamique de changement in-situ
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Amélioration physique du quartier
différée
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Coûts modérés pour l'administration
|
Nécessité de maitriser l'existant et faible
maitrise des coûts
|
Source : MOOC restructuration des quartiers
précaires, EPFL (Plateforme Coursera)
« Tout projet de résorption de l'habitat
précaire quel que soit son échelle de référence et
d'action globale (ville) ou partielle (quartier), fait nécessairement
appel à une approche proprement technique et opérationnelle qui
se traduit par l'identification claire d'une série d'étapes
intermédiaires telles que la détermination des enjeux, le choix
d'une stratégie et enfin l'inventaire des scénarios » (MOOC
EPFL). Il fait également appel à une approche relationnelle
basée essentiellement sur la nécessité de l'incorporation
des populations de manière structurelle, et non seulement comme
bénéficiaires des projets d'habitat.
« L'examen de l'urbanisation actuelle au
Sénégal selon (TINE, 2012) révèle deux faits :
L'incapacité des pouvoirs publics à stabiliser
l'actuel accroissement urbain et à gérer le développement
cohérent des grandes agglomérations du pays.
La modestie des ressources budgétaires de l'Etat, ce qui
limite considérablement les actions ou velléités de
résorption de l'habitat spontané et de construction de logements
sociaux en nombres suffisants.
Toujours selon la même source une telle situation
justifie, l'élaboration d'une nouvelle politique urbaine plus
adéquate et basée sur une stratégie participative.
Celle-ci pourrait améliorer le sort de la grande masse des populations
des zones urbaines déshéritées, voire contribué
à la résorption des bidonvilles.
5.2.1) Scénario de restructuration inclusive
(concertée)
Dans un tel scénario, en raison d'un vouloir
d'adhésion et de pleine implication des populations dans
l'opération de restructuration et de son effectivité, l'inclusion
de la population semble être très évidente. Pour leur
permettre de mieux accueillir le projet et puisqu'étant les principaux
bénéficiaires du projet, leur adhésion est une condition
sine qua none. Pour (TOHOZIN, 2016), ce scénario dit participatif et
concerté peut faire l'objet d'un projet bénéficiant de
l'appui des partenaires et des collectivités locales.
Ainsi, des auteurs (ARSTEIN, 1969); (THIBAUT, LEQUIN, &
TREMBLAY, 2000)) ont préconisé différents niveaux
d'implications des populations. A cet effet, Arnstein, donne une échelle
allant de la non-participation des populations (manipulation et
thérapie) en passant par une participation symbolique (information,
consultation, réassurance), à un pouvoir effectif des citoyens.
Thibault, Lequin et Tremblay quant à eux mettent en relation les
techniques de participation avec le niveau de pouvoir des citoyens, mais en
proposant aux niveaux les plus bas la communication, le marketing et le
sondage.
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Graphique 3: Echelle d'Arstein Graphique
4: modalités de participation publique
Source : Thibaut et al
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En effet, cette opération pourrait être
confortée par la perception générale sur le niveau de vie
des populations. La population Keur Massar et en l'occurrence celle de Keur
Massar village (noyau traditionnel villageois) présente un certains
nombres de caractéristiques liées au statut
socio-économique de la plupart de ses habitants.
? Précarité des conditions de vie
? Faiblesse de la desserte en services collectifs et sociaux
? Faiblesse et insuffisance d'infrastructures et
d'équipements ? Occupation anarchique de l'espace géographique
Au vue d'une telle opération, la population pour un
besoin de rénovation et de réhabilitation du cadre de vie,
adhérera à la décision pour une amélioration par
rapport aux difficultés quotidiennes citées plus haut
La voirie urbaine :
L'élargissement de la voirie urbaine dans la zone du
noyau se fera suivant des critères préétablis par la
réglementation en vigueur au Sénégal. Ainsi, une zone
tampon de 10 mètres est appliquée sur l'axe des routes. En effet,
du fait du manque de voirie urbaine dans la zone d'étude, des axes ont
été rajoutés au circuit existant pour mieux desservir la
ville. Ces voies (4 tronçons au total) permettront d'aérer la
zone et la libre circulation des biens et des services. Sur la capture
suivante, la sélection de toutes les maisons qui empiètent sur
l'emprise de la voirie dans la zone du noyau ont été
sélectionnées.
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Capture 1: Sélection par
location
La fonction « select by location »
a permis d'avoir les maisons qui empiètent l'emprise de la voirie
urbaine. Ici, elle a été appliquée à la zone tampon
qui a été créée au départ. Mais la
sélection pouvait se faire suivant plusieurs méthodes d'analyse
spatiale.
Figure 7: Bâtis
sélectionnés empiétant l'emprise de la voirie urbaine
50
L'opération effectuée a permis de
sélectionner 144 unités de bâtis qui se retrouvent dans
l'emprise de la voirie urbaine. Elles se retrouvent pour la plus grande part
sur le long des axes qui ont été ajoutés.
Les voies principales :
Comme précédemment sur la voirie urbaine, la
route principale qui est une route à grande envergure va subir un
élargissement de son emprise. Sur les axes principaux, un buffer ou zone
tampon de 12 mètres est appliqué permettant ainsi de
dégager la voie pour une circulation plus fluide et efficace.
Capture 2: emprise de la route principale
Figure 8: Bâtis empiétant l'emprise de la
route
La sélection par location montre un ensemble
d'unités de bâti qui empiète la route. Un ensemble de 47
bâtis a été sélectionné. Toutes les
unités se retrouvent dans la zone du noyau traditionnel. L'implantation
du village de Keur Massar semble au départ échapper à
toutes idées de planification. Elle est marquée en partie par de
grandes concessions qui jouxtent de part et d'autres des routes.
Cette sélection montre très clairement que
l'extension de la zone de Keur Massar village n'empiète pas sur la route
principale. Ce qui explique que la nouvelle extension de la zone respecte le
règlement. Dans cette zone, l'implantation est l'oeuvre de promoteurs
immobiliers
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et des coopératives d'habitat qui répondent aux
désirs de plus en plus nombreux de parcelles à usages
d'habitation à Dakar par les populations.
Après avoir effectué toutes les
opérations de sélection des unités de bâtis sises
sur les emprises de routes, on passera à la suppression sur le plan de
ces unités qui ne respectent pas le règlement. L'essai de
régularisation n'est pas chose aisée, car devant toucher à
une couche défavorisée et aux conditions de vie
précaires
Figure 9: restructuration du bâti selon
l'approche concertée
Au vue de la situation de la zone après la simulation
de restructuration, l'effet escompté donne une cadre plus
agréable et conviviale. Au total 197 unités de bâti ont
été enlevées de la zone. Toutefois, bien que
nécessaire pour éradiquer la promiscuité, la
précarité des conditions sociales et la rénovation de cet
espace, il ne reste pas sans conséquence aussi.
Cette opération permettra une meilleure desserte de la
zone en transport et une libre circulation des personnes et des biens.
L'évacuation des ordures ménagères qui se trouve
être un problème très important de la zone pourrait
être enrayé car, les bennes à ordures peinent pour entrer
à
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l'intérieur en ce moment. En sus de cela, les camions
vidanges des fosses septiques éprouvent de réelles
difficultés à cause des petites ruelles étroites et
ensablées.
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