I.5. Des
éléments d'explication des résultats observés dans
l'analyse précédente
Dans les lignes qui suivent, nous essayons de fournir certains
éléments justifiant les constats précédents
relatifs à la contre-performance observée dans la mise en oeuvre
du projet. On fera allusion entre autres aux implications d'un choix
inapproprié des indicateurs, une rupture en approvisionnement lors de la
phase II du projet et aussi du processus de centralisation des projets de
l'ACMS qui induit des distorsions dans la mise en oeuvre.
I.5.1. Quelques éléments de
justification de la contre-performance enregistrée dans la lutte contre
la stigmatisation et la discrimination des PVVIH
Dans la section relative à l'analyse de
l'efficacité du PPSAC, il est apparu que, l'indicateur de projet ayant
enregistré la contre-performance la plus élevée est
l'indicateur IOP 6 faisant référence au pourcentage des personnes
qui acceptent les PVVIH et OEV. Cet indicateur a en effet enregistré une
baisse de 35 % ce qui veut simplement dire que la valeur de l'indicateur
à la fin de la phase II en 2012 était de 35 % inferieure à
sa valeur de référence en 2006. Plusieurs éléments
peuvent être avancés pour expliquer cette situation ; parmi
eux, le choix des indicateurs de résultat inapproprié, la
concentration excessive sur des activités sans lien direct avec la
planification de base et enfin le manque d'expérience des AMS en ce qui
concerne le domaine de l'action systématique contre les méfaits
de la stigmatisation et la discrimination des PVVIH.
Le choix d'indicateurs inappropriés pour mesurer la
performance du résultat 3 du PPSAC apparait comme l'une des raisons
justifiant la mauvaise performance qu'on y a observée. Le
troisième résultat (R.3) a été défini comme
« Les comportements tendant à la stigmatisation et à la
marginalisation envers les PVVIH sont réduits». Au niveau de
l'objectif de projet, un indicateur correspondant à ce résultat a
été défini (IOP 6 : « Augmentation de la
part des personnes au sein de la population générale qui
acceptent les PVVIH/OEV »). Le rapport entre le résultat 3
à atteindre et les indicateurs y relatifs n'est pas toujours
établi. Considérons à titre d'exemple l'indicateur IR3.2
(le nombre de personnes candidate au conseil de dépistage
volontaire) ; l'intérêt ou le fait de se faire
dépister n'indique pas forcement un changement de comportement positif
en faveur des PVVIH. Moyennant certaines hypothèses, cela peut
même cacher au contraire une attitude négative vis-à-vis
des PVVIH. En effet, la communication autour du dépistage peut masquer
l'envie inavoué de recenser l'ensemble des PVVIH en vue de mieux les
discriminer. Outre l'indicateur IR3.2, l'indicateur relatif à
l'adhésion aux associations de PVVIH (IR3.1) n'a qu'un lien très
indirect avec des changements positifs dans le sens de la stigmatisation. En
effet, beaucoup d'autres facteurs pourraient influencer l'adhésion
à une association des PVVIH comme l'intérêt de recevoir un
soutien nutritionnel.
La concentration excessive sur des activités sans lien
direct avec la planification de base est l'autre raison qui pourrait être
avancée pour justifier la contre contre-performance de l'indicateur IOP
6. En effet, les interventions de l'ACMS dans le cadre du PPSAC
prévoient de contribuer à la mise en place des associations de
PVVIH et de les accompagner à la vie associative, à la
prévention des réinfections et à la vie positive. Ceci
englobe une contribution du PPSAC à la prise en charge communautaire et
nutritionnelle des PVVIH qui constitue une des huit activités maitresses
du résultat 3. On constate cependant que la distribution de la Spiruline
a pris des proportions très importantes. Pendant la phase deux du
projet, des réflexions ont été menées en vue d'en
faire une source de revenue pour les PVVIH ; et ce malgré l'absence
d'évidence scientifique en faveur de son efficacité. La
proportion prise par cette activité (distribution de la spiruline) est
d'autant plus fâcheuse qu'elle manque de lien direct avec les objectifs
du PPSAC.
Les activités de l'ACMS en particulier et des AMS en
général sont traditionnellement centrées sur la
prévention du VIH/SIDA (à travers la communication pour le
changement de comportement et la vente des préservatifs), la lutte
contre le paludisme et la santé de la reproduction. Le domaine de
l'action systématique contre les méfaits de la stigmatisation et
la discrimination est un champ d'action relativement nouveau pour l'ACMS.
Ajouté à cette absence d'expérience des AMS,
l'étroitesse des moyens alloués aux activités relatives
à ce résultat dans le cadre du PPSAC ; en effet un peu moins
10 % des ressources du projet ont été allouées aux
activités relatives au résultat 3 lors de la phase II du projet.
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