I.1.1.7. Contexte normatif ou culturel de
référence
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l'échange ou construites lors de celui-ci. Ce
processus, correspondant à l'un des enseignements majeurs issus de
l'ethnométhodologie, a déjà été largement
repris en sociologie, en psychologie de même que par les
psychothérapeutes de l'école de Palo Alto. De fait, nous savons
depuis longtemps combien le contexte normatif (i.e. l'ensemble de règles
sociales plus ou moins implicites et collectivement partagées
réglant les conduites et les jugements) est essentiel à la
compréhension des actions et communications. En effet, celui-ci forme un
système de références régulateur pour les acteurs
sociaux en même temps tout en venant, dans une certaine mesure,
contraindre l'échange ; il correspond aux « ressources de sens
» ou aux « évidences invisibles », c'est-à-dire,
globalement, à une sorte d'arrière-plan de sens commun. Ainsi,
aucune communication ne peut se produire hors d'un ensemble normatif qu'il soit
déjà préexistant ou qu'il émerge lors de
l'échange.
La logique relationnelle fait encore échos à ce
niveau dans la mesure où elle s'accompagne de certaines facettes de ce
contexte. En effet, cette vitrine de sens commun, partagé par les
acteurs lors d'un événement permet aux uns et aux autres de
pouvoir intervenir en se référant à une sorte de
constitution commune afin de ne pas heurter ni les sensibilités, ni les
douleurs des participants, mais au contraire de jouer sur les émotions
et les passions de ces derniers. C'est le cas du choix des invités ou
intervenants (qui intéressent ou censés intéresser plus ou
moins tous les participants), du choix de petits anecdotes à lancer
à un moment quelconque, du choix des thèmes à aborder au
cours de la célébration. En bref, tous ces petits
éléments qui peuvent survenir volontairement ou non se
réfèrent à un catalogue commun.
I.1.1.8. Contexte expressif des identités des
acteurs
Les processus d'expression identitaire induisent que c'est par
rapport aux intentions plus ou moins affichées des parties prenantes
d'un échange que ce qui est communiqué prend un sens. Ainsi, pour
Goffman, nous communiquons pour pouvoir avoir l'identité voulue dans la
situation de communication dans laquelle nous nous trouvons. Autrement dit,
l'action de communiquer a toujours la finalité générale
d'expression de cette identité. En communiquant, il est impossible de ne
pas affirmer son être personnel, son individualité et donc de ne
pas positionner sa « personnalité » par rapport à celle
du partenaire de l'échange. Par conséquent, il n'est pas possible
de saisir le sens d'une communication sans comprendre la motivation des acteurs
partenaires de l'échange. Ceci est d'autant plus vrai que les
entreprises qui interviennent dans l'accompagnement d'un
événement revendiquent toujours une position. Position qui n'est
autre que l'objet même de leur présence. En observant les objets
comme des
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roll up, des affiches ou encore des prospectus à
côté de la prise de parole des entreprises présentes lors
d'un événement, il est possible de saisir plus ou moins
clairement la personnalité et même l'intention de ces
dernières. Aux responsables de communication des entreprises, à
l'occasion d'un événement, de ménager des
éléments qui, une fois observés et mis ensemble, font
jaillir une image se rapprochant de celle voulue par ces dernières.
Les différents contextes (ou processus)
expliqués ci-haut ne constituent en aucun cas des données
exogènes et ne sont pas directement porteurs de contenu.
Ceux-ci, en effet, à l'instar de la signification, se
construisent à travers l'échange et dans la relation. C'est donc
à travers la combinaison de ces sept « processus de communication
» ou contextes, Inter-reliés et interdépendants et formant
ensemble un véritable système, que l'acteur social va donner un
sens à sa façon de communiquer et, plus
généralement, d'agir. De fait, pour Mucchielli, « il n'y a
pas de communication hors contexte » et, par conséquent,
l'observation de ces processus constitue pour l'auteur une grille de lecture
systémique opératoire et pertinente de tout
phénomène communicationnel. Selon l'approche
compréhensive, dans laquelle s'inscrit cette théorie, il n'existe
pas de «situation en soi», c'est-à-dire une situation qui est
une réalité objective.
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