6.2. Recommandation
L'optimisation des rendements des exploitations agricoles
devient au fil du temps une réalité à considérer vu
le besoin d'assurer la sécurité alimentaire des ménages
agricoles et de générer des revenus substantiels pour ses
membres. Considérant les contraintes auxquelles sont soumises les
exploitations agricoles, il faudrait des pistes de solution durable
basées non sur les effets de ces contraintes mais sur les causes qui les
ont engendrées dans la zone d'étude.
? Face aux déficiences infrastructurelles, le Bassin
Diamant situant en amont de l'habitation Coronel dans la zone d'étude
pourrait servir à alimenter certains ménages en eau potable et
d'arroser plus d'une centaine de parcelles dans la zone d'étude. D'autre
part, les réseaux routiers communaux devraient au moins être
entretenus de façon à faciliter le transport et réduire
les risques qui y sont liés.
? Face aux aléas climatiques, l'utilisation d'une forme
de compensation du déficit pluviométrique aiderait à
réduire la probabilité de perte des récoltes. Par
ailleurs, face à l'instabilité du foncier, l'exploitant pourrait
recourir au fermage pour lequel une rente foncière est sine qua non.
L'exploitant, à cet effet, devrait s'assurer que le propriétaire
lui signe l'engagement défini dans le temps et dans l'espace.
? Face au manque d'intrants et matériels agricoles, une
boutique agricole municipale au moins dans la section aidera mieux à
procurer aux exploitants des matériels et des semences de qualité
résistantes, tolérantes et non mélangées en termes
de qualité variétale.
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? Face au sous-développement de la zone d'étude,
il s'avère nécessaire de prendre en compte les
préoccupations des EA dans l'élaboration des programmes de
recherche. De ce fait, vu que cette étude ne pourrait couvrir
exhaustivement l'agriculture dans la zone d'étude, il est
conseillé aux chercheurs de mener une étude évaluative sur
la durabilité des exploitations agricoles selon les échelles de
la durabilité environnementale, sociale et économique.
? Face au manque de savoir-faire des exploitants et
d'encadrement technique, des séances de formation participative doivent
être organisées sur les thématiques suivantes :
Densité de peuplement, techniques de conservation des sols et des eaux,
soins sanitaires aux plantes et animaux, utilisation raisonnée des
ressources de l'EA, transformation des fruits en période de
pléthore, amendement des sols, importance de la succession et rotation
culturale, production et utilisation du fumier, compost, engrais vert, etc.
? De façon à inciter la diversité
culturale dans les différentes catégories d'exploitation agricole
de la commune de Milot, il est suggérable d'expérimenter des
fermes agricoles oeuvrant dans la culture maraichère. Ces fermes
agricoles devraient être gérées par des organisations
paysannes qui consentissent le besoin de la zone. Vu que les moyens de
production ne seront pas facilement joignables, des concertations devraient
être trouvées de manière formelle avec les exploitants qui
acceptent que telle organisation exploite leur terre sans les exclure dans
l'organisation du travail. Par ailleurs, l'irrigation d'appoint pourrait
être efficace selon la répartition des tâches au sein des
organisations paysannes.
En outre, si l'introduction de nouvelles espèces de
genre bovin (vache laitière) et caprin aiderait beaucoup les EA de la
commune de Milot, l'intégration de l'élevage dans les
exploitations agricoles est à promouvoir en vue d'augmenter les revenus
des ménages agricoles, voire les disponibilités en fumure
organique. Du même angle, le développement de l'entreprenariat est
conseillé en milieu rural dans le souci de développer des
activités découlant des matières premières
agricoles pour accroître les revenus par l'appui du secteur de
l'artisanat, par le conditionnement du fumier dont nombreuses guildives en
produisent, par la transformation et le commerce des produits agricoles.
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6.2.1. Recommandation technique
A- Pour ce qui concerne le choix de la succession
culturale, la prise en compte des spécificités de chaque
culture permet d'établir de bonnes successions culturales. Il existe
quelques principes à respecter. Il est conseillé
généralement d'alterner :
Les légumineuses (fixatrices d'azote
atmosphérique) et les cultures exigeantes en azote; Les cultures
salissantes et nettoyantes;
Les cultures de grande saison et de petite saison (pour
rompre le cycle des bio-agresseurs); Les cultures à enracinements
différents en vue d'avoir une meilleure gestion des nutriments et une
amélioration de la structure du sol.
Les cultures de familles différentes et d'organe
récoltable différent, c'est-à-dire, succession de cultures
ayant pour organe récoltable aérien et radical, ou aérien
et tige, ou radical et tige, ou radical et feuille, ou tige et feuille.
En somme, ces techniques permettront, d'une part, d'augmenter
la complémentarité en besoins nutritifs des cultures du suivant
ou associées. D'autre part, elles permettent d'éviter que les
cultures associées ou du suivant soient attaquées par des
bio-agresseurs. De là, ceci permettrait d'optimiser le rendement des
cultures agricoles des exploitations agricoles.
B- Pour ce qui réfère à la rotation
culturale, il serait assez intéressant que les exploitations
agricoles de la zone d'étude prennent en considération des
paramètres suivants :
Éviter les successions de céréales ;
Respecter le délai de retour des plantes (12 mois au
moins (deux saisons) avant le retour des espèces en question);
Éviter les sols nus lors des périodes cycloniques
de façon de prévenir l'érosion et les fuites d'azote.
C- Pour ce qui concerne les systèmes de
culture, le respect des principes de l'association culturale est
très important pour une bonne réussite des cultures. D'abord, il
faudrait que les espèces associées ne soient pas de la même
famille botanique, non plus ayant des organes récoltable de même
nature (ex : manioc-pois congo, car manioc a pour organe récoltable un
tubercule alors que le pois congo a pour organe récoltable des gousses ;
céréales-légumineuses ; plantes nettoyantes avec plantes
salissantes). Pour la culture pure, il serait mieux d'intercaler une autre
espèce sur chaque trois ans de culture pure. Pour la
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culture pure de canne-à-sucre, cultiver sur une
période de trois ans au moins des espèces de
légumineuses.
D- Pour ce qui concerne l'itinéraire technique
qui consiste à la mise en exécution de diverses
opérations culturales, il serait vu de bon oeil que
les exploitations agricoles ajoutent à leur coutume deux autres
opérations à savoir la fertilisation et la lutte
phytosanitaire:
La fertilisation organique
Les exploitations agricoles de la zone d'étude
détiennent une ressource très importante
dans le maintien de l'agriculture biologique. Cette ressource
tient pour nom L'HUMUS des bagasses qui se sont décomposées sur
une période quelconques dans les guildives. Les exploitations agricoles,
de ce fait, peuvent utiliser l'humus de bagasse de façon à
complémenter les besoins des espèces cultivées qui
réclament surtout une dose optimale en azote. Les espèces
auxquelles une dose leur sera favorable demeure surtout les
céréales. Du même angle, les guildives pourraient
rechercher des marchés du genre d'entreprise agricole en vue de
commercialiser les humus produits dans leur guildive.
La lutte phytosanitaire
L'utilisation d'une méthode phytosanitaire pour lutter
contre les pestes dans la zone d'étude dépendrait
indéniablement des moyens disponibles dans leur milieu. De là,
parmi les méthodes applicables aux exploitations agricoles, certaines se
révèlent plus nécessaires que d'autres, comme par exemple
: l'utilisation des pratiques agronomiques (rotation culturale, succession
culturale, itinéraire technique, etc.), la lutte physique (gestion des
facteurs topographiques), la lutte biologique (substances mutastatiques, lutte
autocide, inhibiteurs de la formation de la chitine, substances
anorexigènes, phéromones) et par lutte intégrée.
E- Pour ce qui concerne la conservation des sols, il serait
plus durable que les exploitations agricoles pratiquent davantage
l'agroforesterie dans les niveaux élevés alors qu'il serait de
bon de corriger les ravines à l'aide du clayonnage aussi appelé
klisaj ou waklaj dans le créole haïtien
(plantation sur courbes de niveau des piquets ou pieux, d'espèces qui
rejettent facilement, entre lesquels on entrelace horizontalement des rameaux
flexibles appelés clayons) et du fascinage aussi appelé
baryè pay dans le créole haïtien (attachement des
fagots de branchages derrière des lignes de piquets disposées en
courbes de niveau).
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