1. Identification de la problématique de
recherche :
Les aires protégées constituent la pierre
angulaire de la conservation in-situ de la biodiversité au Bénin.
Leur importance s'étend de la conservation de la diversité
biologique, au stockage du matériel génétique et à
la fourniture de biens et services essentiel au bien-être humain (CDB,
2004). Elles se retrouvent néanmoins confrontées à
d'énormes pressions érodant à grand échelle leur
richesse biologique (Sinsin et al., 2010).
De nos jours, les activités humaines sont l'une des
principales causes de l'évolution récente de la
végétation en Afrique, caractérisée par un
déclin du couvert végétal (Carr et al., 2005 ;
Oloukoi et al., 2006; Sounon et al., 2007; Shearman et
al., 2009), qui représente un des problèmes
écologiques majeur dans les pays en voie de développement,
particulièrement en Afrique (UNEP, 2008 ; Chazdon et al., 2009
; Arouna et al., 2011). Cette situation se trouve globalement
renforcer par la croissance démographique soutenue de ces
dernières décennies (Goudie, 2000). En effet, d'après la
4ème phase du recensement général de la
population et de l'habitat (INSAE, Juin 2013), le taux de croissance est
passé de 3,2% à 3,5%. Alors que, le taux de dégradation du
couvert végétal au niveau national est estimé à
50.000 ha par an (FAO, 2011).
Au Bénin, les tendances évolutives des
formations naturelles montrent une diminution des superficies
forestières au profit de celles des savanes et des espaces anthropiques
(Avakoudjo et al., 2014).Ainsi, le couvert végétal est
passé de 5 761 000 ha en 1990 à 4 561 000 ha en 2010, soit une
perte de 20,8%. Il est important de souligner que cette régression ou
transformation de la végétation se fait plus sentir à la
périphérie des aires protégées.
Bien que cette situation soit connue de tous les acteurs
(gestionnaires, élus locaux, communautés locales, scientifiques,
etc.) on dispose à ce jour de peu d'informations sur l'ampleur du
phénomène (en terme de régression du couvert
végétal) ainsi que sur sa dynamique au cours des dernières
décennies. La bonne connaissance du couvert végétal des
aires protégées et de leur dynamique suite aux différents
changements dans leur mode de gestion permettra de fournir des pistes de
solution pour la durabilité des actions qui s'y mènent.
Les études récentes sur l'évolution de la
végétation au Benin sont basées sur l'approche spatiale
à travers l'utilisation des images satellites et sur les études
botaniques de terrain. Il est cependant reconnu que les observations des
populations locales sont centrales dans l'appréhension des changements
à long terme, en matière de densité et de diversité
des espèces végétales, difficile à analyser par les
deux précédentes approches (Lykke, 2000; Wezel et Haigis,
2000).
Ainsi, pour mieux comprendre l'évolution récente
de la végétation autour de la Reserve de Biosphère du W,
il est important de prendre en compte les connaissances et les perceptions
locales qui, selon (West et al., 2008), constituent un
complément indispensable à la science. Cette approche est aussi
une source d'information fiable et a l'avantage de fournir des informations sur
chaque espèce végétale (Wezel et al., 2006).
C'est dans cette optique que nous formulons au vu des
observations faites le thème « Perception locale de la dynamique du
couvert végétal des terroirs riverains de la Réserve de
Biosphère du W Bénin : cas de la zone de Karimama ». La
présente étude permet de mieux renseigner le CENAGREF et tous les
acteurs sur l'utilité et la dynamique des espèces
végétales à la périphérie, et proposer un
mode de gestion efficace de ces dernières.
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