1.7.4 Patient/personne
dialysée
Le terme de « patient » est issu du
latin « patiens » qui
étymologiquement avait pour signification « personne qui
souffre en silence ». Selon le Nouveau Robert (2008), le patient est
une personne qui est l'objet d'un traitement médical et qui demeure
passif. Donc dans cette étude, c'est une personne qui est objet de
traitement de suppléance (hémodialyse). Elle subit la
décision du médecin pourtant elle est le premier acteur dans la
gestion de sa situation. Le patient est au 21ème siècle une
personne, malade ou non, car, comme le dit Winckler cité dans (Jouet,
2013), nous sommes tous des patients qui entrons en contact avec le
système de santé et ses acteurs. C'est en fait l'autorité
médicale et le système autour de laquelle évolue cette
dernière, par le regard qu'elle porte sur l'individu qui lui
confère ce statut de patient. De nos jours le terme de patient est de
moins en moins utilisé en faveur des termes comme personne malade,
client, bénéficiaire. Tout au long de ce développement,
ils seront utilisés les uns à la place des autres sans en tenir
rigueur.
La personne est différemment défini par les
courants de pensée infirmière. C'est ce qui justifie la
présentation de ce tableau.
Tableau III : Tableau
synoptique des courants de pensées infirmières
Paradigmes
|
Ecoles de pensée
|
La Personne
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Le leader
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CATEGORISATION
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L'école des besoins
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?tre biologique psychologique et social qui tend vers
l'indépendance relativement à la satisfaction de ses 14 besoins
fondamentaux.
|
Virginia Henderson
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L'école de l'interaction
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Un être bio-psycho-socio-spirituel en
développement constant qui présente des besoins et qui a la
capacité de transformer ses anxiétés en énergie
positive lui permettant de répondre à ses besoins.
|
Hildegard Peplau
|
L'école des effets souhaités
|
Système holiste d'adaptation ayant des
mécanismes régulateurs et cognitifs : être
biopsychosocial en interaction constante avec un environnement changeant et
ayant quatre modes d'adaptation : « physiologique »,
« concept de soi », « fonction selon les
rôles » et « interdépendance ».
|
Callista Roy
|
INTEGRATION
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L'école de l'apprentissage de la
santé.
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Famille et participant actif d'une famille ou d'un groupe
social capable d'apprendre de leurs expériences et d'accomplir les buts
qu'ils visent.
|
Moyra Allen
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L'école des patterns.
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Champ d'énergie unitaire et pandimensionnel
caractérisé par des patterns uniques, en changement constant et
dont le tout ne peut être compris à partir de la connaissance des
parties.
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Martha E. Rogers
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L'école du caring.
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Etre-dans-le-monde » en continuité dans le
temps et dans l'espace ; corps âme et esprit dont
l'expérience constitue un champ phénoménal unique.
|
Jean Watson
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(Pepin, Kérouac, & Ducharme, 2010)
Les besoins de la personne selon Watson
Cette partie présente le patient dialysé dans
ses besoins. En effet selon Watson (1998), la personne a quatre niveaux de
besoin. Successivement il s'agit des besoins biophysiques, psychophysiques,
psychosociaux et intrapersonnels.
Besoins biophysiques :Plusieurs pathologies sont la cause
du besoin de s'alimenter et de s'hydrater. Lorsque le processus de manger et de
boire pour maintenir la survie biologique est dévié pour assurer
la sécurité, il a des impacts sur les organes dû au
déséquilibre émotionnel. Dans le cadre de la dialyse, des
restrictions alimentaires et hydriques sont indispensables pour
l'efficacité du traitement. Aussi, le patient dialysé est en
suppléance permanente du besoin d'éliminer (les urines).
Besoins psychophysiques : Ce besoin permet de
récupérer de l'énergie afin de s'équilibrer avec
son environnement. En effet,plusieurs dimensionssont relevées.
La dimension activité : lorsque le patient est
hospitalisé ses activités sont réduites et toute
activité exige une dépense énergétique
énorme. Tous les patients s'opposent aux interdictions des
professionnels de santé, et veulent toujours mener des activités
pour dire qu'ils sont comme les autres non malades. Trois situations induisent
l'inactivité : il s'agit de la MRC, d'une restriction due au
traitement de la dialyse, une restriction personnelle pour restaurer de
l'énergie.
La dimension inactivité : le sommeil permet de
restaurer l'énergie, aide à équilibrer cette
énergie et constitue le bon moment. La privation de sommeil et son
insuffisance engendre des émotions avec une baisse de performance. Or
les médicaments que prennent le patient dialysé perturbent son
sommeil. Le repos est à la fois physique et psychologique tout
dépend de la perception que l'on en fait.
Besoins psychosociaux : ces besoins regorgent
essentiellement le besoin d'accomplissement et d'appartenance.
Le besoin d'accomplissement est fondamental car toute personne
a des ambitions. Lorsque le patient ne peut plus accomplir ce qu'il faisaitpour
des raisons de dialyse, cela diminue son estime de soi. C'est à ce titre
que l'infirmier doit aider ce dernier à se satisfaire de son niveau de
capacité et à faire le deuil de son ancienne situation. Ces
perturbations peuvent modifier la perception qu'a le patient de son propre
corps et avoir des répercussions sur son comportement. En fonction de sa
capacité à gérer la maladie et ses conséquences,
son humeur peut devenir plus instable, son anxiété plus
présente, ses colères plus fréquentes. Parfois, certaines
personnes ne peuvent plus assumer les tâches domestiques ou ont le
sentiment d'une perte d'autorité sur leurs enfants.
Le besoin d'appartenance est propre aux humains qui veulent
être accepté par autrui pour s'entraider, pour s'affirmer et
pouvoir sortir de leur solitude. Tous les auteurs s'accordent que le besoins
d'appartenance prend sa source depuis l'enfance et atteint son apogée au
troisième âge. Ce besoin permet de recevoir des
appréciations, des feed-back et de pouvoir diminuer son angoisse. En
Sciences infirmières, le besoin d'appartenance suscite la satisfaction
du besoin d'inclusion, de contrôle et d'affection. Le sentiment
d'appartenance se manifeste lorsqu'on est accepté, compris
apprécié et reconnu comme tel. La modification du comportement
d'appartenance du patient dialysé peut induire un isolement, de carence
affective et une rupture dans les activités de routine. L'infirmier dans
la science du caring doit renforcer les relations affectives des patients avec
des gens qui leur sont proches. D'autres peuvent traverser des phases plus ou
moins dépressives voire perdre l'estime de soi. Ce qui aura, bien
entendu, des répercussions sur la qualité des relations avec
l'ensemble de l'entourage (Volle, 2007).
Besoins intrapersonnels :
Situé au sommet de la hiérarchie, ces besoins
regroupent l'actualisation de soi et la prise en compte de facteurs
existentiels-phénoménologiques.
Le besoin d'actualisation se manifeste de façon unique
et individuelle. Il relève de la promotion de la santé donnant la
possibilité d'affronter la vie avec ses maux en transformant
l'environnement pour y aboutir.
La prise en compte de facteurs
existentiels-phénoménologiques permet d'aider le patient à
comprendre et à donner sens et responsabilité à sa vie. En
situation de maladie c'est la capacité du patient dialysé d'avoir
de bonne perception afin de soulager sa peine.
Définition de la
maladie
Les reins ont un rôle de filtre : ils éliminent
les déchets (urée, créatinine, acide urique etc.)
transportés par le sang et les évacuent sous forme d'urine. Ils
maintiennent constante la quantité d'eau dans le corps et
équilibrent les taux de sels minéraux nécessaires à
l'organisme. Ils produisent aussi des hormones, des enzymes et des vitamines,
indispensables à certaines fonctions.
L'érythropoïétine stimule la fabrication des globules rouges
par la moelle osseuse, la rénine participe à la régulation
de la pression artérielle et la vitamine D favorise l'absorption du
calcium dans le tube digestif et sa fixation sur les os. Beaucoup de maladies
peuvent toucher les reins et les abîmer, qu'elles soient d'origine
malformative et congénitale, héréditaire, ou encore
acquise. La MRC est définie par la présence, pendant plus de
trois mois, d'anomalies rénales biologiques, morphologiques ou
histologiques et/ou d'une insuffisance rénale. Lorsque les deux reins ne
fonctionnent plus correctement, notre organisme est petit à petit
empoisonné par les déchets qui ne sont plus
éliminés.
L'insuffisance rénale chronique est définie par
un seul critère : la réduction du débit de filtration
glomérulaire (DFG) inférieur à 60 ml/min pour 1,73
m², persistant pendant 3 mois ou plus.L'insuffisance rénale peut
être la conséquence d'une de ces maladies.
L'insuffisance rénale est dite chronique lorsque cette
perte de fonction est progressive et que les lésions présentes
dans les reins ont un caractère irréversible. Dans bien des cas,
elle progresse graduellement et peut évoluer sur un grand nombre
d'années, surtout si elle a été détectée
précocement et traitée de manière adéquate.
Malheureusement, il arrive fréquemment (dans au moins un tiers des cas)
que la maladie rénale ne soit découverte qu'au stade où le
traitement de suppléance rénale devient nécessaire. Ce
n'est qu'à un stade très avancé que peuvent
apparaître certains des symptômes suivants : besoin fréquent
d'uriner (notamment la nuit), mauvais goût dans la bouche, perte
d'appétit, nausées, essoufflement, démangeaisons
persistantes, crampes nocturnes, gonflement des paupières et/ou des
chevilles.
Lorsqu'une maladie rénale est diagnostiquée, il
est impératif de protéger les reins déjà
altérés pour ralentir ou stopper son évolution. Des
mesures thérapeutiques simples ont démontré leur
efficacité pour prévenir la dégradation de la fonction
rénale comme le traitement d'une hypertension artérielle, un
régime appauvri en sel et l'éviction des médicaments
toxiques pour les reins (par exemple les anti-inflammatoires
non-stéroïdiens et les examens à base d'iode).
Il est recommandé, en pratique clinique courante,
d'utiliser la formule de Cockcroft et Gault pour estimer le DFG chez tous les
patients.
DFG = [[140 - âge (années) x poids (kg)] x k] /
Créatininémie (umol/L)
k = 1,23 chez l'homme k = 1,04 chez la femme
Les résultats s'expriment en ml/min
La classification de sévérité des
maladies rénales et de l'insuffisance rénale selon K/DOQI est
présentée dans le tableau suivant :
Tableau IV :
Classification de sévérité des maladies rénales et
de l'insuffisance rénale selon K/DOQI
Stades
|
Descriptions
|
DFG
(ml/min/1,73 m²)
|
1
|
Maladie rénale avec DFG normal
|
> 90
|
2
|
Maladie rénale avec faible baisse du DFG
|
60-89
|
3
|
Baisse modérée du DFG
|
30-59
|
4
|
Baisse sévère du DFG
|
15-29
|
5
|
Insuffisance rénale chronique terminale
|
< 15 ou dialyse
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Source (Younous, 2012)
L'insuffisance rénale est dite terminale lorsque la
perte de la fonction rénale est telle que la vie de la personne est en
danger à court terme. Elle doit alors être traitée à
vie, soit par dialyse, soit par la greffe d'un rein (Volle, 2007).
Le traitement de l'insuffisance rénale utilise deux
techniques qui sont la dialyse et la transplantation rénale.
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