REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
INSTITUT SUPERIEUR D'INFORMATIQUE ET DE
GESTION
B.P. 841 GOMA
www.isig.ac.cd
GESTION DES RUMEURS DANS LES INSTITUTIONS
DE
MICROFINANCE : CAS DE LA MUTUELLE D'EPARGNE ET DE
CREDIT DE
GOMA
Par CHIRIMWAMI MWENGEYO Charles
Mémoire présenté et défendu
en vue de l'obtention du
diplôme de Licence en Gestion des Institutions de
Microfinance.
Directeur : CT Jean-Claude KASA-VUBU
Encadreur : CT Etienne KALOGE
ANNEE ACADEMIQUE : 2013-2014
IN MEMORIAM
Nos sincères remerciements s'adressent en premier
lieu à notre regretté père MWENGEYO Sébastien, lui
qui nous a dressés sur le droit chemin d'avenir.
II
DEDICACE
A vous ma mère Clotilde M'KAJEJE ; je suis
dépossédé de mot pour exprimer mon affection et ma
gratitude envers vous, maman.
A ma soeur Adolphine MWENGEYO pour tous les sacrifices qu'elle
n'a cessés de consacrer à mon égard et parfois même
des privations pour manifester son amour envers moi.
A Charlotte MWENGEYO pour le soutien matériel et moral
qu'elle ne cesse d'aménager pour moi.
A Godefride MWENGEYO pour ton amour envers moi.
A mes frères : Godefroid MWENGEYO, Pascal MWENGEYO et
Jean-Claude MWENGEYO pour leur amour envers moi.
A ma chère tante Vénatie M'MULASHI,
A mes beaux-frères : Janvier MUSHOKA et Jean de Dieu
CHIRHUZA pour leur amour envers moi.
CHIRIMWAMI MWENGEYO Charles
CHIRIMWAMI MWENGEYO Charles
III
REMERCIEMENTS
Qu'il nous soit permis au terme de ce travail, fruit de
plusieurs efforts, d'exprimer notre gratitude envers ceux de près ou de
loin ont contribué à notre formation.
Ainsi, nos sincères remerciements s'adressent en
premier lieu au C.T Jean-Claude KASA-VUBU ; Directeur de ce travail ainsi qu'au
C.T Etienne KALOGE ; encadreur, qui, malgré de multiples occupations,
ont accepté de prendre la direction de ce travail.
Par cette même occasion, nous remercions tout le corps
professoral de l'ISIG Goma ainsi que toutes les autorités
académiques : Prof Dr BUGANDWA MUNGUAKONKWA Deogratias, Prof Dr MORISHO
MWANA BININGO, C.T KASUKU KALABA, C.T BAGUMA Emmanuel, Ass. KINDU Jean Chirac,
etc, pour nous avoir rendus des hommes intègres dans la
société.
Nous pensons également à toute la famille
MWENGEYO : Faustin MWENGEYO, Marie-Jeanne MWENGEYO, J. Bosco MWENGEYO, Jules
MWENGEYO, Annie B, Mérida B, Willermine B, Sarah CH, Aristote, Ariane,
Arsène, Pascaline M, Edwige M, Joie M, Aline, Alain, Grâce M,
Grâce L, Adolphine, Patrick, Gloria, Ange, Bonheur, Lydie, Gentil,
Sébastien, Sylvain, Yvette, Solange BASH, Bernard B, Prof Alexis
BISIMWA, etc.
A tou(e)s nos ami(e)s, camarades étudiant(e)s et
compagnons de lutte,
Prière trouver l'expression de notre profonde
gratitude à travers cette oeuvre.
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
BAO : bouche-à-oreille
BCC : Banque Centrale du Congo
CNRS : centre national de recherche en sciences sociales
COOPEC : Coopérative d'Epargne et de Crédits
C.T : Chef des travaux
GOUV : Gouverneur de la Banque Centrale
IMF : Institution de Microfinance
ISIG : Institut Supérieur d'Informatique et de
Gestion
MAO : Menaces Assistées par Ordinateurs
MECRE : Mutuelle d'Epargne et de Crédit
MECREGO : Mutuelle d'Epargne et de Crédit de Goma
P & G : Procter et Gamble
PME : Petites et Moyennes Emprises
RDC : République Démocratique du Congo
USA : United States of America/ Etats Unis
d'Amérique.
- 1 -
INTRODUCTION GENERALE
1. Problématique
Depuis ses origines lointaines jusqu'aujourd'hui, la
Microfinance s'avère un outil efficace de lutte contre la
pauvreté très médiatisé qui bénéficie
d'une double légitimité au niveau international et
local1. Bien qu'elle s'illustre comme étant l'outil le plus
prometteur et le moins coûteux de lutte contre la pauvreté
mondiale, de très nombreuses Institutions de Microfinance se sont
trouvées, à un moment de leur existence, dans une situation
difficile mettant en jeu leur survie même.
Les expériences préalables d'un client avec les
services financiers fournis par des sources formelles et informelles ont un
impact majeur sur sa volonté à refaire appel à ces
institutions. D'un côté, une précédente exposition
à des services financiers institutionnels semble influer positivement
sur la demande de services supplémentaires. D'un autre
côté, une précédente exposition à des sources
de financement formelles (et informelles) peut aussi influer
négativement sur la demande. Les raisons se répartissent en deux
grandes catégories : le comportement des prestataires de services
financiers et l'environnement économique dans lequel ils
opèrent2.
Ceci étant, l'IMF peut tirer de ces expériences
un avantage concurrentiel qui se justifie par un marketing de
bouche-à-oreille ou un désavantage qui peut
dégénérer en rumeur, pouvant s'avilir en panique
bancaire.
La rumeur dont il est question ici est une influence sociale
pouvant prendre son origine dans un groupe ou dans une institution pour agir
sur les comportements, les croyances et les opinions d'un individu ou
même sur les activités quotidiennes d'une institution. Mais elle
peut aussi partir d'un fait et avoir une influence sur toute une
société. Il s'agit souvent d'une influence inconsciente car on ne
se rend pas compte de la réalité de la rumeur et encore moins de
l'impact de son message sur la vie quotidienne et surtout sur le bon
fonctionnement d'une institution3.
1 Emmanuelle Javoy, La finance durable a-t-elle
un avenir durable ? La perspective du microcrédit, PlaNet Finance,
Paris, 2012
2 Nations Unies, Construire des secteurs
financiers accessibles à tous, New York, 2006
3 Adeline Michel et al., Les rumeurs en
tant que phénomène d'influence sociale :
Dossier de psychologie sociale, Lyon, Mai 2004.
- 2 -
Il y a une rumeur lorsque chacun parle ou reparle de ce qu'il
a entendu sur un personnage public ou d'un sujet d'intérêt commun
dans le dessein de nuire4. La gestion de la rumeur serait alors
toute tentative soit d'amplifier, soit de minimiser l'effet d'une information
qui circule et dont l'intention manifeste est de nuire à un personnage
public ou à une institution quelconque.
Pour P. Froissart, l'idée de la rumeur, comme
phénomène social, a été construite. En effet, ce
terme a connu une forte croissance au XXe siècle ; la rumeur
va devenir un outil d'observation du moral des populations. Le même
siècle fera donc le lit d'une rumeur moderne, la notion devenant ainsi
fonctionnelle et fera partie des sciences sociales5.
Les institutions de Microfinance intervenant dans le social de
la population, quant à elles, font face à plusieurs
problèmes dans la gestion quotidienne de leurs activités. Ainsi,
la mission primordiale de ces institutions étant non seulement sociale
mais aussi financière, elles sont
obligées d'avoir des capitaux pouvant leur permettre
d'assurer la pérennité. Ceci n'est effectif
que grâce aux différents mouvements
opérés par leurs membres. Pendant ces opérations, les IMF
sont butées à plusieurs problèmes dont la rumeur. Cette
situation met ces Institutions de Microfinance en difficulté, pouvant
même conduire à la cessation de leurs activités.
Comme une traînée de poudre, la rumeur, au
même titre que la désinformation ou le dénigrement, peut
occasionner des dommages lourds et des conséquences pour une entreprise
si elle n'est pas bien gérée. Qu'elle soit orientée contre
une entreprise ou une institution, une marque ou une personne, la rumeur nuit
gravement à son image ; ce qui a pour effet d'anéantir la
crédibilité ou la notoriété de la personne, de
l'institution ou même du produit concerné6.
Mode courant et convaincant de communication et vecteur
d'influence non
négligeable, le phénomène de rumeurs a
atteint son degré paroxystique depuis plusieurs
décennies. Il a pris une ampleur
inégalée, suivant l'évolution du monde, au point où
il n'utilise plus que des canaux impersonnels, c'est-à-dire le
bouche-à-oreille, mais aussi les médias et Internet pour prendre
la forme de marketing viral et s'intégrer dans la stratégie
4KAPFERER J. N, Rumeurs : le plus vieux
média du monde, Ed. Seuil, Paris, 1987. 5P. Froissart,
Histoire ou fantasmes, Ed. Belin, Paris, 2002.
6Constant GUEY, Journal de l'Economie
n°277, Abidjan, Septembre 2014.
7 R.C. Nga Nkouma Tsanga, Rumeur de marque et
confiance du consommateur : facteurs explicatifs et implications
managériales, 10ème congrès International «
Tendances Marketing », Paris, 20-22 janvier 2011
- 3 -
marketing de l'entreprise7.
De ce fait, les Institutions de Microfinance à travers
le monde, et plus particulièrement celles évoluant dans la ville
de Goma, n'échappent pas à cette situation. Plusieurs
Institutions de Microfinance ayant exercé leurs activités dans la
Province du Nord-Kivu et surtout dans la ville de Goma ont été
victimes de la mauvaise gestion des rumeurs et celles qui ont persisté
continuent à en souffrir. Cet état de chose peut s'expliquer par
le fait que leurs membres les ont vite quittées à cause de ces
rumeurs qui frisaient partout et qui les décourageaient, mettant ainsi
leurs gestionnaires en difficulté. La MECREGO qui étant l'une de
ces IMF évoluant encore dans la ville de Goma, elle n'est pas
épargnée de cette situation.
Partant de la situation décrite ci-haut et faisant
allusion à la concurrence accrue des IMF en ville de Goma, l'objet de
cette étude est de chercher les politiques et mécanismes à
mettre en place par les gestionnaires de la MECREGO en vue de gérer
efficacement les rumeurs et les différentes difficultés qui en
découlent.
Au vu de ce qui précède ; la question principale
que nous nous sommes posés était celle de savoir comment
gérer les rumeurs au sein de la Mutuelle d'Epargne et de Crédit
de Goma, avec comme questions spécifiques ci-dessous constituant le fil
conducteur de notre recherche, telles que :
? Qu'est-ce qui est à la base de la naissance et
propagation d'une rumeur dans une Institution de Microfinance et le cas
pratique, la MECREGO?
? Quelle est la politique que la MECREGO doit mettre en
place afin de faire face à la rumeur au cas où
ele surviendrait?
2. Hypothèses du travail
Au regard des questions soulevées ci-haut, nous formulons
les hypothèses suivantes :
? La confidentialité ou la non circulation des
informations concernant l'évolution et les activités entreprises
par l'Institution serait à la base de la naissance d'une rumeur au sein
de la MECREGO.
? La politique de la gestion transparente de l'information
au sein de la MECREGO serait
- 4 -
un moyen pouvant permettre aux responsables de cette
institution d'opposer la rumeur à la réalité ; ce qui leur
permettrait de lutter efficacement contre ce phénomène.
3. Objectifs du travail
Pour arriver à affirmer, nuancer ou infirmer ces
hypothèses, le présent travail se propose comme objectifs de :
? Appréhender les facteurs qui sont à la base de
la naissance et de la propagation des rumeurs dans le secteur de Microfinance,
plus particulièrement la MECREGO;
? Mettre à la portée de la MECREGO des
politiques et mécanismes adéquats pour gérer efficacement
les rumeurs pouvant surgir dans cette institution.
4. Choix et intérêt du sujet
L'intérêt de cette étude se situe tant sur
le plan pratique que sur le plan scientifique. Sur le plan pratique, elle est
menée en vue d'édifier les gestionnaires des IMF de Goma en
matière de gestion des rumeurs et de mettre à leur portée
des politiques et mécanismes adéquats pour gérer
efficacement les rumeurs pouvant surgir dans leur secteur. Sur le plan
scientifique, nombreuses études ont cherché à tester
empiriquement la validité des déterminants théoriques de
la gestion des rumeurs sur les activités des firmes et des
établissements publics. Parmi celles-ci, nous pouvons retenir les
travaux de Béatrice Bocquet et al, d'Adeline Michel et al, de Christophe
De Gaule, de Mathieu Lahierre et de Pierre-Henri Badel. Contrairement à
ces études antérieures qui ont été plus
orientées dans le domaine de psychologie sociale et de commerce et
marketing, la nôtre contribue à la littérature sur la
gestion des rumeurs en se concentrant uniquement sur « la gestion des
rumeurs dans les IMF ».
5. Délimitation du sujet
Etant donné que le travail scientifique n'embrasse pas
tout le cadre géographique et historique, notre étude est
limitée dans l'espace et dans le temps. Sur le plan spatial, notre
thème d'étude axé sur la gestion des rumeurs concerne les
IMF de la ville de Goma : cas de l'IMF MECREGO. Sur le plan temporel, un
intérêt particulier sera porté aux données des
années 2010 et 2013. Ceci revient à dire que dans le temps, nos
recherches vont s'étendre sur une durée de 4 ans.
- 5 -
6. Difficultés rencontrées
Bien mener un travail scientifique est un aspect qui est
malheureusement freiné par des difficultés qui ne cessent de
contraindre le chercheur, de le vouer à l'échec. Au cours de
l'élaboration de notre travail, nous nous sommes heurtés à
plusieurs difficultés parmi lesquelles nous esquissons les plus
saillantes ci-après :
- La récolte des données au sein de la MECREGO
n'a pas été chose facile. Nous avons été
reçus difficilement pour des raisons de convenances personnelles.
- Les moyens financiers ont été très
limités pour nous ; ce qui a retardé la finition de ce
travail.
- Le manque d'une documentation sûre et certaine
relative à notre sujet d'étude a constitué le plus grand
goulot d'étranglement lors de la rédaction de ce travail.
Seul le courage, l'assiduité au travail, le
dévouement et la grâce divine nous ont permis de contourner ces
difficultés évoquées ci-haut.
7. Présentation sommaire du travail
Outre l'introduction et la conclusion générale,
ce travail s'articule autour de trois chapitres. Premier chapitre est
intitulé « Revue de la littérature », et comprend deux
points. Le premier point concerne la revue de la littérature
théorique sur le phénomène « rumeur » et le
second est consacré à la revue de la littérature empirique
sur la gestion des rumeurs. Le deuxième chapitre est intitulé
« considérations méthodologiques et présentation du
site d'étude (la MECREGO) », et enfin, le troisième
concerne« la présentation et discussion des résultats de
l'enquête ».
- 6 -
Chapitre I : REVUE DE LA LITTERATURE
I.1. REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE SUR LE PHENOMENE
« RUMEUR »
Dans ce chapitre, il est question d'élucider les
concepts clés en rapport avec notre travail. Nous y définissons
la rumeur et passons en revue la gestion des rumeurs.
I.1.1. Définition et évolution du terme
« rumeur »
I.1.1.1. Définition.
Il n'existe pas de définition universelle pour la
rumeur, mais une multitude allant de la légende au mythe, en passant par
le conte, la désinformation et la contre-information. La rumeur englobe
donc plusieurs termes et domaines d'action qu'il s'agit d'identifier pour
savoir et pouvoir les gérer. Elle ne désigne pas une
réalité immédiate qui s'imposerait d'elle-même
à tout observateur, mais traduit une certaine façon de lire la
réalité, c'est-à-dire de la découper, de
l'organiser et de la questionner.
Selon le Dictionnaire Larousse, le mot « rumeur »
signifie un bruit de voix confuse. Elle désigne une nouvelle qui se
répand dans la population, une rumeur publique. La rumeur est un
récit qui véhicule sous une forme symbolique des peurs, des
fantasmes, des espoirs et tout ce qui ne peut pas être dit autrement.
À ce titre, les rumeurs ont pour fonction première de faire
passer des "messages" indicibles directement. Elles sont donc une photographie
de l'état d'esprit d'une société à un moment
donné, un formidable révélateur de ce que pensent et
croient les individus. Elles sont inséparables des échanges oraux
entre individus dont elles constituent la partie la plus
vivante8.
La rumeur est un processus de diffusion en chaîne, avec
une force de propagation et une amplitude importante dont le résultat
est audible et que l'on peut suivre. Sa source est non officielle, son contenu
est une nouvelle et elle porte sur un fait d'actualité9.
Quant à nous, nous pouvons définir « la
rumeur » comme une information qui circule de manière informelle
et, la plupart de temps, sans source déterminée. Tantôt
outil d'une stratégie délibérée de
dénigrement et de manipulation, tantôt conséquence d'un
climat d'angoisse,
8 Béatrice Bocquet et al, Quand on
prêche le faux par la rumeur, quelles en sont les finalités ?
Mémoire inédit, Pôle universitaire
Léonard-de-Vinci, 2001-2002
9 Jean-Noël Kapferer, Rumeur : le plus vieux
média du monde, Ed. Seuil, Paris, 1995
- 7 -
pouvant nuire gravement à la réputation d'une
personne, d'une institution et/ou semer un vent de panique au sein d'un groupe
de personnes, voire dans la population.
I.1.1.2. Naissance de la rumeur
On ne connaît généralement pas l'origine
exacte de la rumeur. Le philosophe Edgar Morin considérait qu'il
existait des rumeurs pures, qui ne partaient de rien. Mais dans la plupart des
cas, on constate que la rumeur est reliée à quelque chose qui
s'est passé, à une marque ou une personne emblématique et
pour le cas de la Microfinance, elle peut être reliée à
l'activité faite par l'institution telle que les produits ou services
offerts par cette dernière.
La source d'une rumeur peut provenir de certains
événements, faits ou personnes. Jean-Noël
Kapferer10, essayant de passer en revue ces derniers, soutient
qu'une rumeur peut provenir
d'un faux problème, des discours des experts, des
confidences, d'un fait troublant, d'un témoignage, des fantasmes, des
mythes flottants, d'un malentendu, des manipulations ou d'une publication
innocente de faits non vérifiés. Les rumeurs naissent,
continue-t-il, dans le milieu judiciaire, professionnel, commercial,
financier, en politique et dans le milieu des
célébrités.
Le passage11 des phénomènes de
"on-dit" au phénomène de rumeur est un mélange entre le
contenu et le contexte. Il faut que le contenu
intéresse le cercle d'individus dans lequel la rumeur va essayer de
fonctionner. Il y a donc une appropriation entre le contenu et le public. S'il
n'y a pas cette consistance, il n'y a pas de rumeur. Il doit y avoir une
consistance dans le social et pour qu'une rumeur s'amplifie il doit y avoir des
propagateurs qui vont pouvoir s'emparer de cette rumeur. Pour des rumeurs
nationales, ce sont les médias qui les propagent. Les scoops
journalistiques sont souvent à l'origine de rumeurs.
Les informations subissent des pressions, des manipulations. C'est par ce
processus d'adhésion et de mobilisation d'un groupe social qui
répand l'information, le message entendu, qui constitue la rumeur.
On peut noter certaines étapes initiales de
déclenchement des rumeurs :
- L'apparition spontanée d'experts qui
interprètent, accusent et révèlent la vérité
sur la situation qui est objet de rumeurs.
- L'apparition d'un fait troublant et ambigu à l'origine
du déclenchement de rumeurs alarmistes.
10 Jean-Noël Kapferer, Op.cit.
11 Béatrice Bocquet et al., Quand on
«prêche» le faux par la rumeur, quelles en sont les
finalités ? Mémoire inédit, Pôle universitaire
Léonard-de-Vinci, 2001-2002
12 Adeline Michel et al., Les rumeurs en tant
que phénomène d'influence sociale, Dossier de
psychologie sociale, Mai 2004
- 8 -
- Les manipulations et les confidences. Dans le domaine
commercial, comme dans celui des rumeurs visant des personnes, les rumeurs
apparaissent souvent à la suite de bruits lancés par des groupes
ou des personnes hostiles.
Dans les entreprises, dans certains cas, la rumeur peut
provenir d'une stratégie délibérée de l'opposant ou
d'un concurrent qui va tout faire pour parasiter ou saper l'image de
l'institution. Néanmoins, même si elle est relayée, la
rumeur reste souvent évoquée au conditionnel et circule souvent
de manière informelle. Elle est fragile, incertaine et son statut
lui-même reste incertain, tant qu'il n'a pas été
validé par un média, la science ou encore la justice,
précise Philippe Aldrin. D'autant que la rumeur va s'alimenter au fur et
à mesure, chaque personne qui transmet la rumeur va la modifier. Et si
aujourd'hui l'internet favorise la circulation de la rumeur, celle-ci devient
plus traçable.
I.1.1.3. Evolution du sens du mot « rumeur
»
L'origine du mot rumeur : « rumor » signifie en
latin « bruit qui court, rumeur publique ». A l'origine, la rumeur
désigne donc le bruit confus de voix qui émane d'une foule. Au
XIIIe siècle, le mot rumeur a encore une connotation, celle
de bruit, tapage, querelle, révolte. On trouve en effet les
premières traces écrites du mot dans un document du parlement de
Paris datant de 1274. Il désigne alors le « haro », le cri
qu'était obligé de pousser tout citoyen s'il assistait à
un crime de manière à attirer l'attention de la
maréchaussée. Au XVIe siècle, le sens latin
revient et c'est une nouvelle qui se repend dans le public et dans l'opinion.
La rumeur implique donc la notion de nouvelle d'information. C'est en remontant
vers le XVIIIe siècle et vers la notion du bruit
qu'apparaît les notions de vrai bruit et de faux bruit avec la notion un
peu plus moderne de propagation et de démentit ou au contraire
d'authentification de la rumeur. Le mot continue à évoluer
jusqu'à la deuxième guerre mondiale où il acquiert la
signification que nous lui
connaissons12.
I.1.1.4. Les phénomènes proches de la
rumeur
De manière générale, les rumeurs sont
souvent comparées aux contes populaires (mythes et légendes),
désignant différents types de récits
véhiculés par les traditions orales et écrites du monde
entier. Bien que les contes populaires, qui appartiennent au folklore,
soient
- 9 -
généralement transmis par le
bouche-à-oreille de génération en génération
et connaissent, de ce fait, de nombreuses altérations et de profondes
variantes, d'autres concepts, tels que les propagandes, sont également
à lier au phénomène de rumeur.
I.1.1.4.1. Les mythes et
légendes13
Les légendes sont des contes populaires qui, bien que
traitant de sujets religieux, diffèrent des mythes en ce qu'elles
évoquent ce qui s'est passé dans le monde après sa
création. Les sujets en sont variés (vie des saints, histoires de
loups-garous ou de fantômes, aventures surnaturelles mettant en cause le
monde réel, etc.). De leur côté, au sens strict, les mythes
sont des contes populaires à portée religieuse qui ont pour
vocation d'expliquer l'univers et le sens de la vie. Ces histoires sont tenues
pour vraies par le narrateur et par son public.
I.1.1.4.2. Les propagandes14
Les propagandes sont des diffusions d'idées, de
doctrines ou d'opinions destinées à influencer ou à
conditionner le comportement humain. Fréquemment employé pour
dénoncer une pratique trompeuse ou mensongère, le terme de
«propagande» a une connotation péjorative. Il n'en reste pas
moins que toute forme de communication de masse. On désigne par cette
expression toute technique permettant de diffuser à un large public
toutes sortes de messages de natures et de finalités diverses. On parle
ainsi de propagande religieuse ou politique, mais on peut également
parler de propagande au sujet de la publicité, de l'information ou de
l'éducation. La propagande est inhérente à la vie sociale.
Toute personne ou tout groupe de personnes désirant rallier des
partisans à une cause déterminée ou désirant
provoquer un comportement spécifique, use d'une forme de propagande.
Quel que soit son objectif, la propagande a recours à différentes
techniques de persuasion rendues explicites par la psychologie
expérimentale et la psychologie sociale.
I.1.1.4.3. Le conte
Il a pour objectif le divertissement. C'est pourquoi il y a
une grande variété de contes : conte merveilleux, d'aventures,
d'épouvante, facétieux, etc. Le conte est perçu comme une
fiction. Les
13 Béatrice Bocquet et al., Quand on
prêche le faux par la rumeur, quelles en sont les finalités ?
Mémoire inédit, Pôle universitaire
Léonard-de-Vinci, 2001-2002
14 Emmanuel TAIEB, Persistance de la rumeur :
Sociologie des rumeurs électroniques, Ed. .Harmattan, Paris,
2001
- 10 -
personnages ne sont pas individualisés ; ils
représentent des types (rois, sorcière, prince charmant, bonne
fée) et même les noms propres relèvent des
caractéristiques physiques du personnage. L'action n'est ni
temporalisée (il était une fois dans un pays lointain). Il existe
des cas particuliers du conte comme la fable (c'est un conte bref, à
tendance moralisante, dans lequel les personnages sont le plus souvent des
animaux ou des objets anthropomorphisés) ou la parabole (c'est un
récit exemplaire fictif bref qui s'intègre dans un enseignement
moral ou religieux). Les protagonistes sont généralement anonymes
et stéréotypés15.
I.1.1.5. Différentes approches de la rumeur.
La rumeur peut être décrite selon sept
caractéristiques réparties en trois classes, telles que
formalisées par M. L. Rouquette16 :
? La situation
- La rumeur apparaît dans une situation de crise, mais elle
n'est pas toujours le signe d'un
dysfonctionnement social.
- Les canaux formels de communication ne véhiculent qu'une
information réduite sur certains
événements ou aspects de cette situation,
c'est-à-dire que devant la privation d'information les
individus vont créer des rumeurs.
? Le processus de transmission
- La rumeur se transmet oralement de personne à personne,
par le bouche-à-oreille, mais aussi
par les médias. Les canaux sont donc formels
(médias) et informels (bouche-à-oreille).
- Cette communication a lieu entre des individus également
impliqués dans la situation.
? Le contenu
- Le contenu de la rumeur connaît différentes
distorsions au cours de son processus de
transmission.
- Ce contenu traduit la pensée de désir de la
population. Elle témoigne de l'exercice d'une
pensée sociale. La rumeur devient une sorte d'écran
projectif où se déchiffre une dynamique
socioaffective.
- Il entretient un rapport avec l'actualité.
15 Adeline Michel et al., Les rumeurs
en tant que phénomène d'influence sociale, Dossier de psychologie
sociale, Mai 2004
16 Michel-Louis Rouquette, La rumeur et le meurtre
: l'affaire Fualdès, PUF, Paris, 1992
- 11 -
I.1.1.6. Les acteurs de la rumeur17
La rumeur est une oeuvre collective, produit de la participation
de chacun. Néanmoins, dans ce
processus dynamique, les rôles sont soigneusement
répartis. Ces derniers sont divers, mais les
plus courants sont :
- « L'instigateur » : celui qui pose la question ou qui
amène un doute.
- « L'interprète » : celui qui répond aux
interrogations de l'instigateur et propose une explication
cohérente et convaincante.
- « Le leader d'opinion » : celui dont l'avis va
déterminer l'opinion du groupe.
- « Les apôtres » : qui, s'identifiant totalement
à la rumeur, tentent de convaincre la cité.
- « Le récupérateur » : qui trouve un
intérêt à ce que la rumeur se poursuive, sans
nécessairement la croire.
- «L'opportuniste » : qui s'en sert pour affermir son
autorité morale.
- « Le flirteur » : ne croit pas la rumeur, mais la
savoure avec délice. Il joue en parlant d'elle
autour de lui, prenant plaisir à créer un certain
trouble dans son auditoire.
- « Les relais passifs » : ceux qui se déclarent
ne pas être convaincus par la rumeur, mais qui
questionnent l'entourage, soupçonnés de
connaître la vérité.
- « Les résistants » : mènent la riposte
et constituent des protagonistes à l'anti-rumeur.
I.1.1.7. Les moyens de propagation des rumeurs18
Le premier moyen et de loin le plus ancien n'est autre que le
bouche à oreille. Les rumeurs se propagent très rapidement de
cette manière et la transformation du message de base est
assurée. Mais aujourd'hui, il existe des moyens de propagation plus
rapides encore, entre autre l'internet qui est un terrain
privilégié pour la naissance et la propagation des rumeurs.
En effet, poster un message sur un forum, suffisamment
étonnant pour être repris par des milliers de sites, est à
la portée de n'importe quel internaute. Plus récents, les blogs
ne sont pas en reste. Ils reprennent, modifient, réinterprètent,
voire déforment à leur guise des informations, qu'elles soient
vraies ou fausses d'ailleurs. A côté de cela, il y a
également tous les médias (télévision, journaux,
magazines,...) qui sont des nids à rumeurs. Et cela est accentué
par le fait
17 Adeline Michel et al., Les rumeurs
en tant que phénomène d'influence sociale, Dossier de psychologie
sociale, Mai 2004
18 J. Doyon, La rumeur, menace ou outil de
communication ? Revue Française de Marketing,
Paris, 1987
- 12 -
que celui qui rapportera l'information la plus démentie
augmentera considérablement ses ventes (et ce, même au
mépris de la véracité de cette information).
I.1.1.8. Conséquences possibles d'une rumeur sur
une institution
Certaines rumeurs peuvent être inoffensives d'une part
si elles sont contrecarrées rapidement et correctement ou encore si
elles sont peu crédibles aux yeux de la population parce que peu
vraisemblables par exemple. Elles s'éteignent alors d'elles-mêmes.
Mais elles peuvent aussi avoir des conséquences négatives.
Beaucoup d'entre elles sont d'ailleurs colportées afin de nuire à
une ou des institutions concurrentes ou aussi pour casser la
notoriété d'une personne ou d'un produit. Le choix du moment
où la rumeur est lancée n'est pas lui non plus sans influence sur
ses conséquences. Rappelons-nous l'exemple de la rumeur qui a
frappé la chaîne McDonalds en pleine crise de « la vache
folle ». Dans ce cas précis, la rumeur a profité du climat
de crise sanitaire en place pour s'installer, ce qui n'a fait qu'amplifier la
situation de crise qui touchait déjà
l'entreprise19.
Mais les rumeurs peuvent encore faire de nombreux autres
dégâts comme détruire le coeur et l'âme d'une
institution. En générant et en exacerbant malentendus et
craintes, elles peuvent diminuer la productivité et créer un
stress injustifié parmi le personnel et les consommateurs. Elles peuvent
ternir l'image de la société et de la marque, ébranler la
crédibilité de l'institution, favoriser des boycotts par les
consommateurs ou clients et faire des ravages sur les marchés
financiers. De nombreux dirigeants ont appris à leurs dépens
qu'une absence de réponse rapide et efficace aux rumeurs peut avoir des
conséquences désastreuses20.
I.1.1.9. Réaction face aux rumeurs qui
atteignent l'institution
Pour développer ce point, il est important de
présenter un nouvel exemple frappant, apparu au début des
années 80 aux Etats-Unis. En fait, il s'agit de la société
Procter & Gamble21 (P & G) devenue la cible d'une rumeur
dans tout le pays qui l'associait à la sorcellerie et au satanisme. P
& G répondit de différentes façons, qui allaient du
profil bas (dans l'espoir que les histoires s'éteignent
d'elles-mêmes), jusqu'au combat agressif de la rumeur par l'envoi de
courriers aux
19 Mathieu Lahierre, La
rumeur : une arme de déstabilisation des PME, Octobre 2009
20 R. Denis, La rumeur, une chance pour
l'entreprise ?, Revue Française du Marketing, 1987
21Multinationale américaine
spécialisée dans les biens de consommation courante
(hygiène et produits de beauté).
- 13 -
églises, par la proclamation de démentis dans
les médias et par la menace de poursuite de ses propagateurs. En fin de
compte, la société décida de retirer le logo de la
société (prétendument symbole de satanisme et de culte du
démon) des emballages de ses produits. Mais, alors que ces
stratégies réussirent relativement bien à court terme, P
& G continue à ce jour de recevoir des questions de consommateurs
inquiets. Au cours de ces dernières années, P & G a
répondu à environ 200000 appels et lettres au sujet de ces
fausses rumeurs et a récemment déposé plainte contre un
concurrent suspecté d'avoir joué un rôle dans leur
diffusion. Cet exemple nous donne déjà quelques pistes de
réaction applicables en tant que manager. Mais prévenir vaut
encore mieux que guérir dit-on.
I.1.1.9.1. Les actions de prévention des
rumeurs22
On peut mettre en place, au sein d'une institution afin de
combattre les rumeurs des travailleurs, des stratégies de veille, en
amont, pour savoir ce qui se dit dans l'entreprise. Cela ne se fait pas
simplement en prêtant l'oreille aux discussions: il s'agit plutôt
de mettre en place des espaces et des moments de discussion qui permettront de
révéler au grand jour les doutes ou les interrogations des
salariés. Il faudra alors garder à l'esprit que les
différents groupes en présence dans l'entreprise (les cadres et
les ouvriers ou les créatifs et les commerciaux...) n'ont ni les
mêmes attentes, ni les mêmes informations et craintes.
On peut également dire que le type d'organisation de
l'institution joue aussi un rôle important dans le développement
des rumeurs. En effet, dans une structure très hiérarchique, il
est habituel de recevoir des informations et de les retransmettre. A l'inverse,
dans une organisation transversale, l'information est plus difficile à
saisir, elle suit des chemins plus hasardeux, ce qui crée un climat plus
propice aux rumeurs.
Serge Galam, physicien au CNRS et chercheur à l'Ecole
Polytechnique, a analysé le poids des relations
employeurs-employés : « La culture des employés
vis-à-vis de la direction peut inspirer un climat de confiance ou au
contraire une ambiance de manipulation qui vont jouer sur l'opinion des gens
». Cet arrière-plan culturel aura un impact direct sur la prise de
la rumeur.
En tant que managers, lorsqu'on reçoit de l'information
stratégique, il est nécessaire de la transmettre aux
collaborateurs en suivant une double contrainte : taire les
éléments
22 Jean GUISNEL, Les folles rumeurs du
Net, Le Point 1541, 29 mars 2002
- 14 -
confidentiels et adapter le discours à
l'activité de l'équipe. Cela nécessite un important effort
rédactionnel car le langage de la direction est souvent
éloigné de celui des travailleurs. Pour être comprise,
l'information doit donc être traduite et argumentée, afin
d'éviter toute ambiguïté ou doutes qui pourraient faire
naître une rumeur. Pour cela, on conseille aux managers d'imaginer toutes
les questions, interprétations et rumeurs qui pourraient être
générées par la communication afin d'y répondre
avant qu'elles n'apparaissent. Bien sûr, en période de mouvement
pour l'entreprise, certaines informations ne peuvent être
révélées aux travailleurs. Il est malgré tout
indispensable de communiquer auprès des équipes sur l'avancement
des négociations et les dates auxquelles ils pourront en savoir plus.
Cela permet alors de rassurer les salariés en leur apportant la preuve
de la bonne volonté de l'entreprise et éviter toute rumeur
interne à ce sujet.
Il est donc indispensable afin de prévenir les rumeurs
de garder une certaine transparence dans l'entreprise : plus les gens en
savent, moins ils auront tendance à colporter une rumeur car ils sauront
faire la différence entre le vrai et le faux. Il est donc
nécessaire de donner un maximum d'explications sur le déroulement
de l'entreprise afin que les employés ne restent pas dans le flou.
Malheureusement, on ne parvient pas systématiquement à
prévenir les rumeurs. Mais alors, lorsqu'elles éclatent on peut
encore agir afin de les contrer et de limiter les dégâts.
I.1.1.9.2. Quand la rumeur explose23
Afin d'agir le plus efficacement possible contre la rumeur, il
est nécessaire de connaître les rumeurs en circulation avec leur
degré de véracité, leur crédibilité et leur
éventuelle source. Ces connaissances ajoutées à la
rapidité de réaction permettent d'envisager des actions
stratégiques pour les éteindre ou les maîtriser.
Parmi les actions de communication, on peut mettre en
évidence le rôle du démenti (explication formelle et
cohérente qui réfute catégoriquement tous les arguments du
récit), l'importance de la reconnaissance (reconnaître la part de
vérité et mettre en oeuvre un plan de communication de crise),
l'intérêt du « dépositionnement » (attribuer une
nouvelle identité à la rumeur, en accentuant fortement un
thème secondaire que l'on estime condamnable), la force explicative
(mettre en avant le caractère douteux du message, insister sur les
incohérences et
23 Paul Nougé, Des mots à la rumeur
: une pense oblique, L'âge d'homme, Paris, 1990
- 15 -
invraisemblances du récit), l'opportunisme ou la
récupération (désigner de faux coupables en attribuant le
mal à des individus ou à des groupes), le choix du silence
(éviter d'accroître la notoriété du message) et le
traitement ironique (ridiculiser une rumeur peu crédible).
I.1.1.10. Rumeur comme outil de contre-intelligence
économique
L'information est une ressource maîtresse pour
l'entreprise dans la mesure où elle permet l'accès à tous
les autres biens et services. Sa maîtrise est indispensable et sa
possession est l'objet de rudes combats. La rumeur apparaît dès
lors comme un outil stratégique en intelligence économique via
des pratiques telles que la désinformation et la contre-information.
I.1.1.10.1. La désinformation24
La désinformation est l'une des techniques de combat
par l'information les plus anciennes du monde. Son acception historique
répond aux impératifs de voir sans être vu et de conduire
l'adversaire à se découvrir ou à se prendre tout seul au
piège en utilisant des leurres. Aujourd'hui, sur le terrain de la guerre
économique, les techniques de leurre prennent différentes formes.
Le leurre technologique est par exemple un moyen permettant de surinformer sur
des projets plausibles, cohérents avec une stratégie d'ensemble
mais dans une fausse direction par le dépôt de brevets
inutilisables. Les entreprises japonaises ont souvent usé de cette
technique qui épuise les forces de l'adversaire en recherche et
développement (en économisant les leurs) sur de fausses pistes
technologiques, pour gagner du temps (liberté d'action) sur le
développement d'une autre technologie (concentration des forces).
Ainsi, dans un système économique où
chacun cherche l'autre par l'information, l'émission de signaux
contradictoires peut permettre d'opacifier la stratégie et
d'apparaître inintelligible pour les adversaires. Cette démarche
assure plus qu'une sécurité puisqu'elle consiste en une
défense offensive : n'être nulle part, c'est être
potentiellement partout. Cette forme de désinformation reste toutefois
difficile à orchestrer puisque l'entreprise est prise dans un maillage
de relations environnementales qui l'obligent à assurer une
cohérence permanente entre ses intentions et ses capacités.
Émettre des signaux brouille pistes suppose que l'on sache gérer
leur interprétation par les concurrents autant que par les
24 Pascal Gustave, Le cas PERRIER :
guerre et contre guerre de l'information économique,
Paris, 1994.
- 16 -
partenaires.
La désinformation consiste le plus souvent en une
attaque gratuite et strictement informationnelle qui vise à
altérer ou détruire l'image des concurrents. Il s'agit
d'organiser la rumeur en exploitant de l'information relative à des
faits réels tout en désinformant quant à leurs
conséquences.
I.1.1.10.2. Le concept de
contre-information25
La contre-information est une stratégie indirecte
visant à contourner la cible en passant par l'opinion publique
partiellement informée et manipulable ou en touchant les relais
d'opinion. Il faut pour cela connaître parfaitement les relais de
communication, les leaders d'opinion pour inoculer l'information au
bon endroit et au bon moment. Le système fonctionne alors tout seul,
conférant un poids et une efficacité largement supérieurs
aux seules forces en confrontation (conformément au principe
d'économie des forces de Ferdinand Foch). En somme, la
contre-information utilise les mêmes canaux que la désinformation
(qui elle-même emprunte les voies de l'information). Mais dans son aspect
défensif elle nécessite une intelligence permanente dudit
système pour permettre une grande réactivité, gage de son
efficacité.
I.1.1.11. Internet, moyen propice à la
rumeur
Comme l'a souligné Jean-Noël Kapferer, l'internet
supprime d'un seul coup le problème majeur de la circulation des
rumeurs, qui est l'absence de mémoire. En effet, pour une rumeur
normale, hors Internet, la mémoire peut faire défaut car la
rumeur est souvent déformée ou oubliée. Grâce
à Internet, on peut toucher rapidement un grand nombre de personnes. Le
net apparaît donc un outil performant de la propagation des rumeurs sur
lequel il faut se pencher.
I.1.1.11.1. La rumeur, un virus
informationnel26
La rumeur est l'une des menaces principales des
démocraties. Il s'agit d'une forme de désinformation
auto-entretenue qui, bien utilisée, permet les prises de pouvoir, de
plonger les nations démocratiques dans la guerre (le conflit yougoslave
qui a été largement préparé par la
25 Béatrice Bocquet et al., Quand
on «prêche» le faux par la rumeur, quelles en
sont les finalités ? Mémoire
inédit, Pôle universitaire Léonard-de-Vinci,
2001-2002
26 Idem
- 17 -
diffusion de rumeurs...). Elle peut autant devenir une arme de
propagande redoutable qu'une arme économique. Or, avant même
qu'Internet puisse être considéré comme un outil de
démocratie, la rumeur s'y est déjà installée et les
internautes la croisent chaque jour. Il existe plusieurs formes de rumeurs.
La forme de rumeur la plus répandue sur le
réseau est celle qui traite, justement, du réseau. Voici un
exemple : Le virus Good News se propageant par e-mail détruit les
ordinateurs qui reçoivent un message au nom même du virus.
Une autre rumeur, bien ancrée dans les mentalités,
était que : Lorsqu'une personne se connecte au Net depuis son
ordinateur personnel, un pirate peut prendre le contrôle de celui-ci,
visiter le disque dur et y détruire les fichiers. Aucune de ces
rumeurs n'a réellement été prouvée par un
quelconque témoignage et il est difficile d'en connaître le but ;
on pourrait cependant dire que celles-ci profitent de la crainte d'Internet,
qu'ont encore certaines personnes. D'autres rumeurs semblent insensées,
car elles ne reposent sur aucun élément sérieux.
L'internet est un support favorable à la rumeur du fait
que ce que l'on peut y trouver est nouveau et donc potentiellement vrai. Comme
le Net est l'accès pour tous à la source même de
l'information, on estime qu'il s'agit de l'information «vraie». Au
fil des décennies, les outils technologiques évoluent de plus en
plus rapidement et les utilisateurs y consacrent du temps pour les
maîtriser. Comme il n'est pas facile d'accéder rapidement à
l'information, la vérifier ne viendrait pas à l'esprit de tous
les utilisateurs. Les rumeurs circulant sur Internet dépassent largement
en quantité et en qualité, donc en capacité de nuisance,
ce que les médias
traditionnels et le bouche-à-oreille permettaient
jusqu'ici. La diffusion instantanée de
l'information ne laisse pas le
temps aux « victimes » des rumeurs de s'y parer. Avant même que
les dénégations, les explications, les réactions soient
à leur tour émises, la rumeur aura fait le tour de la
planète.
- 18 -
I.1.1.11.2. Les processus de diffusion des rumeurs sur
Internet27
L'e-mail est le principal moyen pour diffuser les rumeurs. Il
est fréquent que les boîtes aux lettres regorgent de rumeurs, d'un
type particulier. Dans le jargon des Internautes, on les appelle des
hoax. Les hoax sont des rumeurs qui font état de faux
virus ou de bons plans (gagnez un téléphone WAP, gagnez un voyage
avec Mickey...), la traduction la plus courante est canular.
Grâce au courrier électronique, le hoax se répand
en quelques heures comme une traînée de poudre, sur le
réseau mondial, par réexpédition du message
véhiculé.
Concernant les rumeurs technologiques, le mail annonce
généralement avec majuscules et points d'exclamation qu'un
apocalyptique virus détruisant le disque dur ou le processeur est en
route via un message du type " good times "; "win a holiday
". Selon les producteurs de logiciel antivirus, ces rumeurs proviennent de
personnes mal intentionnées, qui veulent faire paniquer les utilisateurs
d'ordinateurs, surtout ceux qui sont inexpérimentés. Pour lutter
contre les rumeurs véhiculées par les e-mails, il faut
se poser les questions suivantes : qui m'écrit ? Pour quelles raisons ?
Dans quels buts ?
Les Newsgroups sont un autre moyen de diffusion des
rumeurs. Les News sont des forums fédérés par
thème, où pendant une durée de temps donnée, tous
les courriers envoyés sont conservés. Ainsi sur un forum traitant
d'un sujet donné, les questions des uns sont envoyées sous forme
de message et quelques heures plus tard les réponses des autres trouvent
leur place. Les News sont ainsi de formidables réservoirs
d'informations vivantes sur un sujet. Malheureusement, peuvent venir se glisser
dans les Newsgroups toutes sortes d'informations non
vérifiées. Certains groupes sont dits modérés,
lorsque les articles qui sont envoyés sont contrôlés par un
ou plusieurs responsables (appelés modérateurs), qui
pourront accepter ou refuser la publication de l'article. Un tel
procédé est très favorable au contrôle de la rumeur,
mais il représente simultanément l'antithèse du principe
de l'Internet, à savoir la possibilité pour chacun de s'exprimer
librement. C'est pourquoi les groupes modérés représentent
une très petite minorité.
Actuellement, on assiste à l'explosion des forums
concernant la bourse et la finance. Les spécialistes commencent à
s'inquiéter de l'importance qu'ils pourront avoir, chacun mettant
27 Aquilla J. & David R., The advent of net
war, RAND CO, 1996.
- 19 -
en avant la question de la rumeur. Ainsi, sur un site comme
www.boursorama.com, 800
forums sont accessibles, où 250 000 messages sont échangés
chaque jour. Le Monde nous informe, dans son numéro daté
du 28 mars, que ces messages sont souvent brefs et illustrent tous
les registres du sentiment boursier : de la panique à l'euphorie en
passant par la méfiance ou l'interrogation. De fait, il
apparaît que peu d'informations vraies circulent et le peu qui est vrai
est amplifié et extrapolé.
Le risque majeur est bien sûr la dérive
liée à la rumeur. François-Xavier Pietri, rédacteur
en chef « d'Investir », cité par « Le Monde
», trouve gênant de voir quatre ou cinq personnes anonymes
se mettre ensemble sur un forum afin de soutenir artificiellement un
cours. La manoeuvre est simple : il suffit de répandre sur le forum
une rumeur selon laquelle telle entreprise est sur le point d'engranger
d'importants bénéfices.
Les MAO, soit Menaces Assistées par Ordinateurs, sont
des logiciels dont on se sert dans les News groups. Ces MAO servent
à véhiculer des rumeurs concernant essentiellement
l'économie (une entreprise ou institution financière s'en sert
pour véhiculer des rumeurs sur ses concurrents). Le fonctionnement est
le suivant : le logiciel MAO envoie, à fréquence
régulière, des messages de rumeur, dont le contenu est semblable,
mais la formulation différente. De la sorte, on peut penser que cette
rumeur, provenant de plusieurs sources, est avérée.
Cependant, face à tous ces moyens de diffusion des
rumeurs, il existe plusieurs solutions afin de les contrecarrer. Il existe des
sites tels que
www.hoaxbuster.com,
www.bugbrother.com,
www.urbanlegends.com qui sont
spécialisés dans les démentis de rumeurs. Par ailleurs,
lorsque les « victimes » des rumeurs sont des entreprises, celles-ci
peuvent agir de façon active de façon à lutter contre les
rumeurs. Elles doivent être au courant de ce qui se dit sur elles. De
plus, il est préférable qu'elles surveillent le Web et toutes ses
sources : sites officiels et officieux du groupe, mots clés sur les
moteurs de recherches, liens sur les entités du groupe, sites de
discussions. Enfin, elles peuvent communiquer autant en interne qu'en externe
auprès des clients.
- 20 -
I.1.1.12. La rumeur : un outil commercial28
La rumeur peut aussi être un outil commercial. Le
marketing viral au coeur des entreprises en est une preuve palpable.
Quand les réalisateurs font leur cinéma, par exemple,
certaines campagnes de promotion comme celles mises en place pour la sortie des
films « Blair Witch » et « Artificial Intelligence » ont
démontré l'efficacité et l'adhérence du public
à un effacement total de la marque ou une avancée masquée
de l'annonceur. La promotion du film « Blair Witch » a fait
jurisprudence en la matière : malgré un budget de communication
dérisoire, le film a connu un succès économique
grâce à une rumeur sur Internet. Celle-ci annonçait la
découverte d'une cassette authentique réalisée par un
groupe de jeunes lycées disparus alors qu'ils enquêtaient sur la
légende d'une sorcière. Cette vidéo aurait
été retrouvée et expliquerait la disparition de ces
étudiants. La diffusion et l'entretien de cette rumeur reposaient sur la
création de faux sites « perso » confirmant ou
dénonçant l'exactitude de la rumeur, des forums de discussion etc
; tous ces supports étant évidemment sous le contrôle des
instigateurs. L'annonceur contrôlait ainsi parfaitement sa communication
puisqu'en plus de gérer l'approche qui lui était favorable, il
avait la main mise sur les détracteurs : la critique, l'opposition, etc.
Grâce à cette technique, « Blair Witch » est ainsi
devenu le film le plus rentable de tous les temps, dépassant les 150
millions de recettes rien qu'aux Etats-Unis. Plus récemment, la sortie
du film fantastique « Artificial Intelligence » de Steven Spielberg a
été précédée d'une campagne de marketing
viral fracassante.
En utilisant la rumeur comme approche exempte de discours
commercial direct, il ne s'agit plus de contraindre le consommateur à
entendre un argumentaire vantant ici un film, mais plutôt de l'amener
à désirer et à instaurer une relation de proximité
avec la marque. Créer la rumeur, la diffuser, l'amplifier par un effet
de contamination. À ce titre, les films « Blair Witch » et
« Artificial Intelligence » sont les exemples les plus frappants du
marketing viral, technique réinventant le bouche-à-oreille et que
les internautes appellent d'ailleurs la BAO, bouche-à-oreille
électronique. Concrètement, le marketing viral consiste à
encourager les individus à échanger des messages concernant un
service ou une marque de produit, en ce qui concerne le cinéma, un film
ou un événement qui lui est lié, par le truchement de la
messagerie électronique, de sites Web, de forums de discussion et autres
bulletins boards.
28 Extrait tiré de «
L'avènement imminent du marketing viral »,
INSEC
- 21 -
Dans le domaine du marketing viral, la meilleure
stratégie consiste à créer la rumeur. Pour cela, rien de
tel que d'offrir le produit à quelques leaders d'opinion ou
encore de le réserver à quelques lieux particulièrement
branchés. Il s'agit donc de faire la publicité du produit par ses
utilisateurs. La bonne parole se répand alors selon un système
pyramidal, des prescripteurs de
tendance vers les diffuseurs d'information jusqu'aux
consommateurs lambda. Dans cette optique, l'entreprise envoie
systématiquement ses nouveaux modèles à des personnes bien
en vue, des journalistes célèbres ou des acteurs, par exemple.
Chacun y trouve son compte : le destinataire, qui peut toujours arborer un
mobile au design dernier cri, et la marque, qui profite
de l'aura de la personnalité en question. Adapté
à Internet, cela donne une rumeur positive sur les produits ou
l'entreprise, qui circule dans les messageries des internautes ou sur des
forums. Mais attention, le message doit s'adresser à une
communauté, à une tribu. Il faut rendre les membres de cette
tribu complices, flatter leur ego afin d'obtenir leur "consentement" donc, leur
participation au processus de contagion : relayer l'information avec leur
caution. Si on laisse "traîner" un avis sur un forum inadapté (en
ce sens que la communauté virtuelle qui s'y retrouve ne se sent pas
concernée par le message), cela risque d'avoir un effet
désastreux ; de même, pour un message commercial pur qui risque de
ruiner la campagne. Dans la pratique, l'outil est à double tranchant et
à utiliser avec prudence et tact : une fois la première phase
amorcée, l'entreprise ne maîtrise plus le phénomène.
Le message peut être bien perçu et créer un effet «
boule neige » favorable, comme il peut être un raté
intégral.
I.1.2. La gestion des rumeurs
La rumeur, comme on a essayé de la circonscrire
ci-haut, peut avoir un effet favorable ou plus encore défavorable. Elle
connaît plusieurs étapes dans sa vie. Elle comprend plusieurs
stades de propagation. Dans le stade d'incubation, elle circule dans
des lieux bien fermés tels que des internats, des petits magasins ou des
villages. Le stade de propagation fait qu'elle s'échappe des
endroits fermés pour se propager dans les endroits clef, comme les
églises ou les écoles. De plus, le stade de
prolifération fait que la rumeur vient à toucher toutes les
couches sociales, ce qui ne va faire que renforcer cette information. En
dernier lieu, le stade cyclonal fait qu'elle s'étende de
village en village, de ville en ville, de pays en pays ou encore, de continent
à continent. Elle peut très bien s'éteindre rapidement,
à tout jamais, mais aussi renaître vingt ans après, sous
une autre forme. Etant donné que les rumeurs peuvent être
dévastatrices pour une
entreprise et causer des dégâts parfois
irréversibles, il est important que l'entreprise envisage
- 22 -
quelques astuces permettant de débusquer les rumeurs et
qu'elle les gère correctement de stade en stade de leur
vie29.
I.1.2.1 Les actions préventives de base30
Étape 1 : Anticiper les rumeurs
Pour réduire la probabilité de leur apparition,
tout événement susceptible de créer une incertitude ou de
l'anxiété doit être évité. Pour cela, il est
possible de se faire une bonne idée des actions pouvant
générer des rumeurs en restant en contact avec les consommateurs,
les distributeurs, les détaillants et les autres parties prenantes de
l'entreprise.
Étape 2 : Etablir la confiance et la
crédibilité
Maintenir un climat de confiance à la fois dans et hors
de l'organisation peut limiter l'émergence de rumeurs malveillantes.
Étape 3 : Informer régulièrement les
clients
Il est particulièrement important de garder des voies
d'information accessibles dès le début, en établissant une
ligne téléphonique directe ou un site Internet interactif pour
répondre aux interrogations des consommateurs.
Étape 4 : Surveiller les effets possibles des
rumeurs
Des changements dans le volume des ventes, dans le chiffre
d'affaires de la force de vente, et des indications de changement de marque par
les consommateurs peuvent signaler des effets précoces de rumeurs. La
détection précoce des rumeurs est essentielle pour réduire
leur dissémination, car plus une rumeur est répétée
plus elle sera susceptible d'être crue. De plus, au fur et à
mesure qu'elle circule, les propagateurs de la rumeur auront tendance à
l'affiner vers une proposition plus plausible. Le lobbying, la manipulation de
l'opinion, la désinformation se sont considérablement
développés et constituent les fondements de la guerre
économique.
29 Anthony Octave et Gil Coreira Lima, La rumeur :
travail de groupe, 2013
30 Béatrice Bocquet et al., Quand on
«prêche» le faux par la rumeur, quelles en sont les
finalités ? Mémoire inédit, Pôle universitaire
Léonard-de-Vinci, 2001-2002
- 23 -
I.1.2.2. Gestion de crise31
Option 1 : Stopper l'attaque en utilisant les moyens
légaux
Il faut identifier, via les sources ouvertes, le responsable
de cette attaque. Il s'agit ensuite de rechercher les faiblesses de
l'adversaire, repérer les contradictions dans son discours d'attaque,
les fausses informations qu'il a peut-être distillées.
Option 2 : Démarrer un processus de
négociation
Exploiter les failles de l'adversaire, en déclenchant
une polémique publique, est une voie possible. La détection et
l'identification des menaces peuvent faire reculer l'entreprise
prédatrice qui n'a pas l'habitude de voir ses victimes réagir.
Option 3 : Ne pas s'ériger en victime
Trop d'entreprises sont effrayées à l'idée
d'attaquer leur adversaire. Dès qu'on est
soupçonné, on est coupable. De même, cette
attitude est commercialement dangereuse car elle peut effrayer les clients.
I.1.2.3. Gestion des rumeurs existantes32
Option 1 : Ne rien faire
De nombreuses sociétés ont d'abord
répondu aux rumeurs en ne faisant rien, dans l'espoir qu'elles
s'éteignent progressivement d'elles-mêmes. Telle a
été la réponse du Président fondateur de la Snapple
Beverage Corporation à des rumeurs de soutien de groupes anti-avortement
aux USA par son entreprise au début des années 90.
Considérant l'histoire ridicule, il l'a ignorée, avant de
s'apercevoir qu'en quelques semaines la rumeur anti-avortement ainsi que
d'autres mensonges sur sa société s'étaient
répandus dans tout le pays et commençaient à susciter des
menaces de boycottages chez les consommateurs. L'approche consistant à
ne rien faire n'est recommandée que dans des cas limités, quand
la rumeur va vraisemblablement devenir non pertinente, où qu'elle
échoue à générer un intérêt
continu.
31 Béatrice Bocquet et al., Opcit,
2001-2002
32 Béatrice Bocquet et al, Quand on
«prêche» le faux par la rumeur, quelles en sont les
finalités ? Mémoire inédit, Pôle universitaire
Léonard-de-Vinci, 2001-2002
Au terme de chapitre il sied de retenir qu'une entreprise qui
sait lutter contre les rumeurs doit savoir visualiser le contexte dans lequel
les rumeurs lui parviennent, sentir si celles-ci sont
- 24 -
Option 2 : Ridiculiser une rumeur
Voici une autre stratégie ayant des possibilités
limitées. Attirer l'attention sur une rumeur de façon spirituelle
ou ne pas en tenir compte pour la raison que son absurdité ne justifie
pas une défense peut servir à ébranler la croyance dans
une rumeur. Cependant, si les inquiétudes sont importantes et la rumeur
plausible, cette stratégie peut exacerber le problème en
suggérant que la société ne prend pas en compte
sérieusement les préoccupations du public.
Option 3 : Confirmer une vraie rumeur
Les rumeurs contiennent souvent un brin de vérité.
Une façon de réduire la production de
rumeurs est de confirmer la part qui est exacte. Cette
franchise peut permettre d'établir une confiance à l'égard
de l'entreprise et réduire l'envie de diffuser une information non
vérifiée.
Option 4 : Réfuter une fausse rumeur
Parce qu'ils sont attendus, les démentis
catégoriques sont souvent reçus avec scepticisme et
peuvent en fait augmenter la croyance dans les rumeurs. Quand
une fausse rumeur est niée, elle doit l'être vite et avec
efficacité, sans la répéter plus que nécessaire. Un
porte-parole approprié devrait émettre un démenti à
la hauteur du sérieux et de la portée de la rumeur. Des
personnalités extérieures crédibles - telles que des
leaders reconnus - peuvent aussi être engagées. Les meilleurs
démentis sont ceux qui sont basés sur la vérité,
faciles à comprendre et présentés comme des messages
forts, concis et mémorables. Pour des rumeurs particulièrement
gênantes, il est recommandé aux sociétés d'inclure
leurs démentis dans une campagne globale d'affrontement, avec des
conférences de presse et des informations dans lesquelles la rumeur est
décrite comme un mensonge flagrant, d'une injustice grossière.
L'objectif de cette stratégie est de convertir la rumeur en une histoire
sur une fausse rumeur.
La gestion de la rumeur n'est donc pas chose facile d'autant
plus que de nouveaux outils de diffusion de l'information sont propices
à la rumeur. En effet, Internet se révèle être
l'instrument idéal pour véhiculer une rumeur diffusée en
temps réel, à l'échelle de la planète. Certaines
entreprises ont mis en place des warrooms, des cellules internes qui
permettent de centraliser
l'information en cas de crise majeure.
- 25 -
exagérées ou si elles sortent de l'ordinaire.
Elle doit aussi se donner une ou deux minutes d'attention, se demander si ces
informations sont vraiment possibles ; il est même possible d'identifier
certaines rumeurs sur internet et de se rendre compte de l'inertie de la
rumeur. Après avoir bien compris le fonctionnement d'une rumeur, il est
conseillé de réagir intelligemment, car, de fois, la chasse aux
rumeurs peut s'avérer fructueuse pour l'entreprise.
Aujourd'hui, la rumeur s'est énormément
conceptualisée, les hommes en ont saisi l'intérêt
stratégique et la rumeur trouve sa place dans de nombreuses disciplines,
notamment l'intelligence économique. Ci-dessous, nous passons en revue
les différentes façons de gérer les rumeurs et quelques
travaux empiriques sur leur gestion.
I.2 : REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE SUR LA GESTION
DES RUMEURS
Dans ce point, nous abordons les différentes
façons de gérer les rumeurs auxquelles l'IMF est exposée
dans le processus d'exécution de ses activités et passons en
revue un certain nombre des travaux antérieurs ayant traité sur
la gestion des rumeurs en vue de relever les principaux résultats
auxquels ils ont abouti et d'avoir une idée plus claire sur
l'aboutissement de notre étude.
Différentes33 études ont
montré que les rumeurs se portent particulièrement bien dans un
environnement d'incertitude. Au sein des institutions et entreprises, la rumeur
naît souvent lorsque le personnel ne reçoit pas une information
claire en période de crise ou de changement et/ou lorsque les relations
entre le management et le personnel ne sont pas bonnes. La rumeur peut alors
être dévastatrice pour une entreprise et causer des
dégâts parfois irréversibles : elle peut miner un climat de
travail, casser la motivation et l'implication des collaborateurs, nuire
considérablement à l'image et à la santé d'une
personne, d'une organisation, provoquer un vent d'inquiétude, voire de
panique. Elle pose par ailleurs souvent un problème qui est de l'ordre
du double lien : ne pas réagir à la rumeur revient à
l'accréditer, mais réagir, c'est aussi l'accréditer. Une
information bien organisée et claire au sein de l'institution peut
éviter, voire rapidement désamorcer une rumeur. Une relation de
confiance entre direction et collaborateurs diminuera la probabilité
d'apparition de rumeur. Il faut éviter la politique de l'autruche. Les
membres du
33
www.nouveaudepart.be:Conseil en Image et en Communication
- 26 -
personnel peuvent s'imaginer que si la hiérarchie
ne réagit pas, c'est que la rumeur est forcément fondée et
donc vraie.
Réagir ne signifie pas pour autant s'emballer et faire
n'importe quoi : lorsque l'institution est proie à une rumeur, il faut
évaluer d'abord correctement l'ampleur de cele-ci
et essayer d'identifier, si possible, sa source. Si la source est
révélée, la rumeur aura moins d'impact et sera
discréditée, surtout s'il apparaît que le colporteur a un
intérêt à propager cette rumeur. Réagir à
trop grande échelle pourrait s'avérer contreproductif comme,
par exemple, la faire connaître aux personnes qui n'en ont pas entendu
parler et ainsi l'entretenir. L'utilisation de multiples canaux
d'information pour diffuser un démenti ne doit être
envisagée qu'en dernier recours. Et il faut, autant que possible,
contrer la rumeur par des faits, car pour toute rumeur ce qui est
invérifiable est fiable puisque personne ne peut apporter les preuves du
contraire. En outre, l'émetteur de l'information rectifiée
doit être digne de confiance, compétent et reconnu par le
récepteur, une personne capable de communiquer au nom de l'entreprise ou
de l'institution. Il peut s'agir, par exemple, d'un directeur des ressources
humaines, d'un chargé de communication, etc. A noter que
l'indépendance, l'absence de parti pris, est souvent un
critère de crédibilité dans la contre-attaque et permet le
recul nécessaire pour bien appréhender la situation.
L'amélioration de la communication managériale
est l'une des techniques pour gérer efficacement les rumeurs dans une
entreprise. Les managers se trouvent en situation de recevoir de l'information
stratégique et de devoir la répercuter aux collaborateurs en
suivant une double contrainte : taire les éléments confidentiels
et adapter leur discours à l'activité de l'équipe. Or,
comme le fait remarquer Laurence Houdeville, cela nécessite un
important effort rédactionnel car le langage de la direction est souvent
éloigné de celui opérationnel. Pour être comprise,
l'information doit donc être traduite et argumentée. Pour
cela, elle conseille aux managers d'imaginer toutes les questions,
interprétations et rumeurs qui peuvent être
générées par la communication afin d'y répondre
avant qu'elles n'apparaissent. Et surtout, il faut éviter la langue de
bois !34
34
www.google.com
: Prévenir par la communication
- 27 -
A part le fait que l'entreprise doit prévenir la
rumeur en communiquant avec ses employés, ele doit
rester vigilante pour détecter les prémices de la
rumeur35. Lorsqu'elle s'installe, il faut jouer franc-jeu. Un
grand nombre de rumeurs sont totalement infondées, mais certaines
d'entre elles possèdent un fond, voire une grande part de
vérité. L'entreprise doit préparer soigneusement ses
arguments et illustrations, confirmer les éléments
véridiques au moyen d'exemples précis, et être impitoyable
avec les assertions mensongères. La sincérité dont elle
fera part sera appréciée à sa juste valeur et
considérée comme une marque de respect vis-à-vis de ses
employés. Cette réunion pourra également fournir
l'occasion rêvée d'interroger ses collaborateurs sur les motifs de
leur inquiétude, en particulier si la rumeur est totalement fausse. Il
ne suffit pas d'apaiser la rumeur : encore faut-il en comprendre les
fondements.
Il existe plusieurs stratégies pour faire face aux
rumeurs. Ces méthodes sont plus connues dans le domaine politique, mais
peuvent être efficaces dans l'environnement de
l'entreprise36.
· Une rumeur se nourrit d'elle-même, donc
le premier réflexe qui est de s'en défendre ou la justifier est
à éviter à tout prix. Plus une personne cherchera à
se justifier, plus la rumeur sera confirmée et durera dans le temps. Une
rumeur est comme une bulle, elle se forme et grossit, puis finit par
éclater et disparaître, sans aucune intervention de notre part,
jusqu'à ce que les gens oublient et trouvent d'autres occupations. Si on
cherche à s'en défendre, l'effet inverse se produira et la rumeur
deviendra incontrôlable, elle se transformera en feu de paille et se
propagera de plus en plus fort et de plus en plus rapidement.
· La technique du 20/80 : cette technique
consiste à affirmer 20% de la rumeur en donnant beaucoup de
détails intéressants, tout en la transformant en positif, et cela
aura l'effet de renier de manière tacite les 80% restants de la
rumeur.
· La technique de la noyade : il s'agit de
lancer soi-même en parallèle cinq ou six rumeurs, toutes
différentes, pour noyer la rumeur initiale. Les personnes qui sont
à l'écoute ne sachant qui croire ou ne pas croire, se perdant
dans les rumeurs multiples, finissent par décrédibiliser la
source et s'ennuyer ou même s'irriter très vite face à un
flux d'informations contradictoires et non vérifiées.
35
www.google.com: Comment
réagir face à la rumeur ?
36
www.google.com: L'impact d'une
rumeur au travail sur une personne dépend de la
réceptivité de la personne calomniée
- 28 -
Au-delà de ces mesures préventives
citées ci-haut, l'entreprise peut avoir une sorte de règlement
interne, un code déontologique ou des règles de vie bien
arrêtées, donnant lieu à des sanctions et
pénalisations en termes de points sur l'évaluation annuelle par
exemple, ou alors faire simplement intervenir dans les cas extrêmes un
médiateur ou un facilitateur pour accompagner les concernés
(personne calomniée et personne à l'origine de la rumeur) dont le
rôle sera d'améliorer le relationnel des deux personnes
impliquées, mais aussi veiller à ce que le problème ne se
reproduise plus.
Dans leur travail intitulé «Quand on prêche
le faux par la rumeur, quelles en sont les finalités?»,
Béatrice Bocquet et al, ont voulu connaître les finalités
de « fausses rumeurs ». Ils ont montré que les « fausses
rumeurs » obéissent à une logique forte dont ils ont
présenté les mécanismes à travers quelques exemples
appliqués à de nombreux domaines comme le marketing,
l'Internet, la finance et la politique. Ils ont vu que les rumeurs sont
nombreuses et que même si certaines sont « fausses » et n'ont
pas de buts apparents, comme c'est souvent le cas sur Internet, elles sont de
plus en plus utilisées à des fins commerciales. L'une des
finalités les plus communes dans tous ces domaines est de
déstabiliser un concurrent en attaquant son image. Cependant, une
évidence demeure : les rumeurs seront toujours d'actualité,
puisque les individus communiqueront toujours ensemble. Pour ceux qui
penseraient que le secret peut résoudre le fléau des rumeurs en
croyant que l'ignorance entraîne le silence, il faut préciser que
le secret pourra éventuellement éviter la propagation de quelques
rumeurs mais il n'arrivera jamais à en éliminer la
totalité et pourra même en créer d'autres.
Nga Nkouma Tsanga Rosalie Christiane, dans son travail sur
« Rumeur de marque et confiance du consommateur : facteurs explicatifs et
implications managériales » a voulu identifier les facteurs
déterminant la confiance vis-à-vis de la rumeur commerciale. Pour
y parvenir, elle a menée une enquête auprès de deux cent
cinquante consommateurs en vue de mieux cerner les principales raisons de la
croyance à ce phénomène fuyant et d'en déduire des
propositions managériales. Sa méthodologie de recherche est
axée sur trois principaux éléments : le choix du terrain
d'investigation, le type d'étude, les instruments de mesure et les
outils d'analyse de données.
Au terme de cette recherche, elle prouve que les
consommateurs prêtent attention aux rumeurs parce que celles-ci leur sont
révélées par des personnes honnêtes et parce que les
entreprises dont les marques sont rumorées ne les démentent pas
toujours. Il ressort également que
- 29 -
certains accordent une attention particulière aux
rumeurs parce qu'ils ne font pas absolument confiance aux médias et
d'autres à cause de l'indisponibilité des médias dans
certaines zones. S'agissant des antécédents de la confiance, elle
a pu observer trois catégories : les anticipations
socio-hédoniques, les anticipations techniques et les anticipations
relationnelles. La confiance, continue-t-elle, est d'abord
caractérisée par des anticipations d'ordre
socio-hédoniques ; il s'agit principalement du sentiment de partage des
valeurs. Ainsi, la plupart des répondants (63,78%) développent
une proximité psychologique qui favorise la croyance à la rumeur.
La confiance à la rumeur est également
précédée des éléments techniques tels que la
réputation de la marque (56,1% des réponses obtenues) et le
comportement de l'entreprise dont la marque est rumorée (50, 45% des
déclarations). La familiarité des consommateurs avec la marque
est en outre un vecteur clé constituant un terrain favorable au
développement de la croyance à la rumeur la concernant (62, 23%
des déclarations obtenues).
Cette recherche lui a permis, en outre, de mettre l'accent
sur l'indispensable présence d'éléments relationnels
favorisant la confiance. En effet, la plupart des répondants (89, 54%)
admettent, unanimement, qu'ils sont sensibles aux informations
rapportées par les membres de leurs groupes de référence
à condition que ces derniers soient des personnes qu'ils jugent
honnêtes. L'importance est également accordée aux
informations qui leur sont rendues par des leaders d'opinions et des
spécialistes (40,12% des déclarations obtenues). Les
consommateurs bâtissent en outre leur confiance sur la relation qu'ils
entretiennent avec la marque. En effet, elle a pu observer dans 59,12% de cas
que les consommateurs qui maintiennent une vieille relation avec les marques
rumorées ont souvent tendance à rejeter certaines rumeurs les
concernant. Les variables relatives au contenu de la rumeur, poursuit-elle,
semblent avoir une place déterminante dans la confiance vis-à-vis
de celle-ci. En effet, la plupart des personnes interrogées
déclarent qu'ils font confiance aux rumeurs qui semblent vraisemblables
(86,07%) et qui collent avec les sujets d'actualité (79, 53%). Les
résultats de cette recherche montrent également que la culture du
consommateur est un facteur explicatif de la confiance portée sur une
rumeur. En effet, elle a pu observer que les personnes les plus sensibles
à la rumeur (50,23% des déclarations obtenues) sont des individus
des modernes et non pas des traditionalistes. Pourtant, les connaissances a
priori du consommateur sur la marque paraissent plus significatives dans la
confiance en la rumeur la concernant. En effet, 61% des personnes
- 30 -
interviewées ont déclaré qu'elles ne
croient pas très souvent aux rumeurs qui viennent contredire leurs
représentations.
En revanche, elle a pu constater que la satisfaction du
consommateur est à la fois un antécédent et une
conséquence de la confiance. L'expérience satisfaisante constitue
un antécédent technique de la confiance (63, 39% de
déclarations); le passage par une expérience de consommation
directe de la marque ou le conseil d'une personne ayant
expérimenté avec satisfaction la marque influence les
prédispositions du consommateur à faire confiance à la
rumeur portée sur cette marque. Par ailleurs, la satisfaction du
consommateur constitue également une conséquence de la confiance
accordée à une rumeur relative à une marque donnée
(50,10% des réponses obtenues).
L'étude lui a permis de relever en plus un certain
nombre de conséquences de la confiance en la rumeur. Il s'agit de
l'engagement du consommateur vis-à-vis de la marque rumorée en
cas de rumeur positive et vice versa. En effet, 51, 03% des répondants
déclarent être prêts à continuer de consommer la
marque malgré les rumeurs négatives ; 67,31% de non consommateurs
ont déclaré se rapprocher désormais de la marque en cas de
rumeur positive.
Thierry Libaert et Christophe Roux-Dufort, de leur
côté, précisent, d'après une étude
menée en 1988 sur cent quatorze entreprises, que celles-ci avaient connu
au moins deux situations de crise déclenchée ou amplifiée
par les rumeurs dans les trois années précédant
l'étude . Pour Allan J. Kimmel, la même entreprise peut être
la cible de plusieurs rumeurs (processus convergent) et plusieurs entreprises
peuvent être victimes d'une même rumeur (processus divergent), pas
nécessairement en même temps.
Les travaux sur la théorie de la dissonance cognitive
ont été financés, à l'origine, par une bourse de
recherche attribuée par la Ford Foundation en 1951, qui
s'intéressait aux médias de masse et à la communication
interpersonnelle. Historiquement, les premières recherches ont
poussé l'équipe dirigée par Festinger à
s'intéresser à la diffusion de rumeurs s'étant
propagées en Inde en 1934 suite à un tremblement de terre. Plus
précisément, les scientifiques cherchaient à comprendre
pourquoi, après un grave séisme, une communauté dont les
voies de communication ont été coupées du reste du monde
faisait circuler des rumeurs annonçant une réplique du
séisme encore plus désastreuse. Festinger et ses
collègues, qui étaient intrigués par les mécanismes
amenant des personnes rendues anxieuses par un événement
catastrophique à s'attendre à un événement encore
pire, supposèrent que ce phénomène
- 31 -
devait reposer sur un mécanisme psychologiquement
« utile ». L'équipe de chercheurs posa alors les bases d'une
théorie : l'individu est à la recherche d'un équilibre
cognitif qui, lorsqu'il est rompu, génère un état de
tension, lequel motive à son tour l'individu à tendre vers un
univers cohérent. Selon eux, suite à la survenue du
séisme, les membres de la communauté auraient eu besoin
d'informations sur les répliques potentielles de ce séisme afin
de maîtriser leur environnement. Anxieux, sans que cela soit a priori
justifié (du fait du manque d'informations), les membres de la
communauté auraient développé une stratégie visant
à réduire et justifier leur anxiété : donner de
l'importance à des rumeurs allant dans le sens de la survenue d'une
nouvelle catastrophe. Ainsi, l'individu rend son univers cohérent en
trouvant des explications à son anxiété37.
37 Festinger L, & Carlsmith J M, Cognitive
Consequences of Forced Compliance, Journal of Abnormal and Social
Psychology, 1959.
- 32 -
Chapitre II : CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES ET
PRESENTATION DU
SITE D'ETUDE
Ici, il sera question de présenter explicitement la
démarche méthodologique du travail reprise d'une manière
brève dans l'introduction générale et le site
d'étude qu'est la MECREGO.
II.1. Considérations méthodologiques
II.1.1. Définition
La méthodologie de recherche se définit comme
un ensemble de moyens qu'utilise le chercheur afin de fournir l'information
à la réalisation d'un problème donné. Pour Rispal,
la méthodologie établit la façon dont on va analyser,
découvrir, décrypter un phénomène. Il existe dans
ce cas présent deux méthodes d'études. Il s'agit notamment
des méthodes quantitatives et des méthodes qualitatives. Selon
Thietart, la distinction entre ces deux méthodes passe par la nature des
données (données quantitatives, données qualitatives),
l'orientation de la recherche (la construction ou le test d'un objet
théorique), le caractère objectif ou subjectif des
résultats (objectivisme ou subjectivisme) et la flexibilité des
résultats. Pour Marie-Laure et al, une différence fondamentale de
l'analyse qualitative et l'analyse quantitative provient de la richesse et de
la complexité des données qualitatives par rapport aux
données quantitatives.
II.1.2. Méthode
Notre étude est inscrite dans une approche
dénommée « l'étude de cas » ou «
l'étude de site ». Ceci étant, nous avons choisi «
l'étude de cas » comme méthode de recherche.
II.1.2.1. La méthode d' « étude de
cas »38
L'étude de cas est une méthode de recherche qui
intègre différentes techniques, la plupart de celles-ci
étant de nature qualitative, mais certaines pouvant également
être de nature quantitative. La combinaison des différentes
techniques, celle de l'articulation et de la complémentarité des
matériaux sont des questions centrales dans l'approche de cas.
L'étude de cas est donc une méthode en soi. Elle est, au
même titre que les autres méthodes d'observation en sciences
humaines, apte à vérifier empiriquement des hypothèses
de
38 Luc Albarello, Choisir l'étude
de cas comme méthode de recherche, Ed. De Boeck,
Bruxelles, 2011
- 33 -
recherche. Selon Yin, l'étude de cas est une recherche
empirique qui étudie un phénomène
contemporain dans un contexte réel, lorsque les
frontières entre le phénomène et le contexte
n'apparaissent pas clairement, et dans laquelle on mobilise des ressources
empiriques multiples.
On parle, trop souvent, d'un « cas » comme d'un
« exemple » qui sert à illustrer un élément de
théorie. Un cas n'est alors rien d'autre qu'une illustration
concrète, une situation exemplative. Ou alors, on assimile le cas
à un « problème » à résoudre ou à
une situation problématique qu'il convient d'examiner selon un
dispositif généralement structuré comme suit : une analyse
interne et externe, un diagnostic et l'identification du problème, le
choix d'une stratégie et la
résolution du problème. Cette acception du
terme est particulièrement répandue en gestion et
en management. Un cas ou un site est un ensemble
d'interrelations, situé dans le temps et localisé dans l'espace.
Cette acception du terme semble la plus opérationnalisable dans un
processus de recherche. En sciences sociales, un site doit
nécessairement concerner plusieurs individus.
Dans l'étude de cas, les frontières entre le
phénomène et le contexte n'apparaissent pas clairement : ce
postulat est fondamental et quasiment fondateur de la méthode. L'un ne
va pas sans l'autre : le phénomène et le contexte
spécifique au sein duquel il trouve place ne peuvent être
dissociés. L'étude de cas (de site) peut alors apparaître
comme une option méthodologique tout à fait envisageable. Ainsi,
dans l'étude de cas, le contexte doit être considéré
dans un sens
strict et non dans une acception large du terme.
L'étude de cas n'est pas utilisée partout.
Yin39 précise les domaines (les champs) qui peuvent de
manière privilégiée faire l'objet d'une étude de
site : des comportements de groupes, des processus organisationnels, la mise en
oeuvre de modalités organisationnelles, des
changements de voisinage, des performances sociales, les
relations internationales et le développement d'initiatives
économiques. A ceux-ci, Luc Albarello ajoute les situations qui
concernent des conflits entre des acteurs et des groupes d'acteurs. L'analyse
de cas semble féconde lorsqu'il s'agit de comprendre les situations
contradictoires qui émergent constamment dans divers champs de la vie
sociale et relationnelle. Elle permet de mettre en présence, de
39 Yin R. K., «Case study
methods» in complementary Methods in Education
research, Washington, American Educational Research Association, 2OO6.
- 34 -
manière dialectique, les logiques d'action
émergentes ou qui se développent en opposant les
agents significatifs du champ social.
L'objet de l'étude de cas, en se basant sur l'ouvrage
de Creswell40, peut se justifier par trois situations qui peuvent
impliquer la mise en oeuvre d'une étude de cas : un
événement, un programme (un projet) ou une activité. Selon
l'essence de l'étude de cas, elle concerne une décision ou un
ensemble de décisions. A ce moment, elle consiste à examiner et
à comprendre
les motifs d'une telle décision, à cerner par
qui, pourquoi et comment elle a été concrétisée,
implémentée, quels ont été les résultats de
sa mise en oeuvre. Pour Collerette41, l'étude de cas peut
emprunter autant la forme inductive que la forme déductive. Elle peut
servir à faire
émerger des problèmes, leur évolution et
la signification qu'ils ont pour les acteurs concernés,
tout comme elle peut servir si une élaboration
théorique rend compte adéquatement des phénomènes
présents dans diverses situations.
Quel que soit l'objet de l'étude, le chercheur qui
utilise la méthode de l'étude de site est amené
à rechercher le plus rapidement possible le
référent théorique qui sera le plus apte à
permettre la compréhension du cas et à identifier les
hypothèses qui seront ultérieurement vérifiées par
la récolte des données et l'analyse de celles-ci. Ce
référent théorique évite au chercheur de «
partir dans tous les sens » et d'observer « tout et n'importe quoi
».
Le cas étudié doit être précis
dans le temps et circonscrit dans l'espace. Pour l'analyste, l'un des moments
les plus importants de la méthode de cas consiste à choisir
adéquatement son cas. Plusieurs options existent : étude
intra-site, étude multi-sites, sélection raisonnée du cas,
choix d'un cas extrême. Certains événements sont totalement
inattendus, accidentels, non prévus. D'autres s'inscrivent dans la
durée : une activité, un programme d'action, de formation. Pour
chaque cas choisi, l'analyste précise son point de départ et son
point d'arrivée. C'est cet effort de limitation temporelle et spatiale
qui définit le site. Il est crucial de définir avec
précision
le site sur lequel porteront l'observation et l'analyse.
40 Creswell John W., «
Qualitative inquiry and research design: Five
approaches», London, Sage Publication, 2007.
41 Collerette P., «
L'étude de cas au service de la recherche »,
in Recherche en soins infirmiers, n° 50, 1997.
- 35 -
Pour la préparation de la récolte des
données, dès le début de l'analyse, il est grandement
utile de réaliser un document dénommé protocole
d'analyse de cas qui énumère le plus
précisément
possible les informations dont l'analyste a réellement
besoin au regard des techniques qu'il conviendra de mettre en oeuvre en vue de
récolter ces informations et aussi en laissant de côté
celles qui ne s'avèrent pas nécessaires. La rédaction de
ce plan conduit l'analyste à anticiper les dispositifs et les techniques
de récolte et de traitement des données.
Pour la récolte des données, diverses
techniques de recueil des données peuvent être mises en oeuvre et
différents types des matériaux peuvent être
récoltés selon les hypothèses précises de la
recherche et selon la spécificité du cas. Des techniques
qualitatives et quantitatives peuvent être utilisées au sein d'une
même étude. Parfois, le poids principal sera de nature
quantitative, dans d'autres recherches, il sera davantage qualitatif. Ainsi,
divers principes transversaux sont de rigueur. Le premier de ces principes
méthodologiques est la diversification des sources. Trois principes
président à la récolte : la triangulation, la
sélection et la saturation.
Quant à l'analyse des données, il importe de
retenir que, comme dans toute approche qualitative, la phase d'analyse est
centrale dans l'étude de cas. Dès que les données ont
été recueillies et présentées (par les processus de
condensation et de catégorisation), l'analyse du matériau se
poursuit sur base des hypothèses sous-jacentes. Les outils
particulièrement pertinents et originaux sont, dans l'analyse de cas,
les matrices et les figures. Les matrices sont de différents types. Les
matrices de processus, les matrices d'effets, de résultats, de
même que les matrices plus synthétiques encore comme les matrices
de synthèse, les méta-matrices, etc., sont des outils
remarquables. Les techniques varient selon que l'on se trouve devant un
single case ou devant un multi-life cases. Dans la
présentation des données et des matrices, il est important de
faire preuve de transparence.
Avant d'interpréter les données, l'analyste
doit se rappeler le caractère fondamental de l'étude de cas :
a-t-elle une prétention exploratoire, descriptive ou bien
compréhensive. Ceci permettra que les interprétations suivent des
buts différents. Les stratégies interprétatives sont
nombreuses ; il importe de faire recours à celles qui semblent les plus
appropriées à l'étude que l'on mène. Ces
dernières sont : le comptage d'unités (renvoie à
l'analyse catégorielle accompagnée d'une logique de
pondération), la recherche de thèmes (en
privilégiant la logique de la récurrence), la recherche de la
plausibilité (il faut pouvoir capter les premiers signaux que
- 36 -
nous envoie le site tout en conservant une certaine
prudence), des regroupements (il s'agit d'effectuer des classements en
catégories, de créer des groupes ou d'identifier des attributs),
la métaphore (pour signifier que l'organisation
étudiée dans « l'étude de cas » est mal en
point), la subdivision des variables (plutôt que regrouper des
informations, l'analyste les scinde ; il obtient de la sorte un effet de
différenciation, de complexification, de nuance et d'approfondissement),
passer du particulier au général (en se posant la
question : « De quoi cet élément est-il un exemple ? »
On obtient de la sorte un effet d'abstraction en construisant des classes plus
générales, plus englobantes), factoriser (il s'agit de
se poser cette question : « Quel élément se trouve en grande
quantité dans un endroit et en petite quantité dans un autre ?),
repérer les relations entre les variables (il s'agit
d'identifier des liens entre les éléments ou des groupes
d'éléments), construire des chaînes logiques
(c'est-à-dire regrouper des résultats
précédemment obtenus. Il s'agit d'effectuer des
enchaînements entre variables sur base de raisonnements et d'articuler
les relations précédemment découvertes en visant
l'émergence d'une chaîne logique souvent non perçu par les
acteurs eux-mêmes) et rechercher une cohérence
conceptuele (il s'agit de confirmer une théorie ou
d'établir une confirmation d'une théorie à un champ
spécifique. Le chercheur vise une modification, une amélioration,
une précision de la théorie de référence).
II.1.3. Techniques utilisées dans notre
étude
Le niveau le plus opérationnel du travail de
recherche, ce sont les techniques, c'est-à-dire les outils permettant
concrètement que se réalise la collecte des données ; il
peut s'agir du questionnaire, du guide d'entretien, de notes de terrain, de
focus-groups42.
La méthode abordée ci-haut a été
appuyée par la technique documentaire, celle d'interview libre, de
jugement personnel et le protocole d'analyse de cas.
II.1.3.1. Technique documentaire
L'étude documentaire (ou desk reseach) consiste
à réexploiter, dans le cadre d'une problématique
spécifiée, des informations créées ou
collectées à d'autres fins ou pour d'autres circonstances que
celles qui président à l'étude visée. Les objectifs
de l'étude permettent d'identifier la nature des informations à
exploiter et les documents à chercher43.
42 Luc Albarello, Choisir l'étude
de cas comme méthode de recherche, Ed. De Boeck,
Bruxelles, 2011 43Daniel Caumont, Les Etudes de
marché, Dunod, Paris, 2002
- 37 -
Cette technique nous a permis de vérifier si le
problème que nous avons posé a déjà
été partiellement ou totalement traité, apportant ainsi
directement et de manière économique des éléments
de réponse. Elle nous a permis de recueillir des renseignements
adéquats relatifs à la gestion des rumeurs et d'enrichir notre
étude en se référant et en consultant certains documents
tels que les ouvrages scientifiques, les rapports, les cours suivis, les
articles et les sites Web.
II.1.3.2. Technique d'interview libre
Cette technique nous a permis d'obtenir l'information
recherchée à partir de l'exploration d'un échantillon de
personnes interviewées individuellement. Elle nous a permis de
dépasser le stade du discours stéréotypé pour
amener progressivement l'individu interviewé à exprimer ce qu'il
pense et ressent personnellement en relation avec la gestion des rumeurs par la
MECREGO.
II.1.3.3. Technique de jugement personnel
Cette technique couplée à celle d'observation
libre nous a aidés à formuler quelques variables non prises en
compte par nos enquêtés. Grâce à elle, nous avons
mené une investigation qui nous a permis de savoir comment la MECREGO se
comporte réellement dans une situation où elle doit minimiser les
pertes susceptibles d'affecter ses revenus ou son patrimoine. Elle nous a donc
permis de dresser un constat sur les pratiques de gestion des rumeurs par la
MECREGO.
II.1.3.4. Le protocole d'analyse de cas
Le protocole d'analyse de cas, comme outil, nous a permis de
récolter les données qualitatives sur terrain. Au total, il
contient douze questions qui nous ont permis de réaliser cette
tâche.
II.2. Présentation de l'IMF
MECREGO
II.2.1. Historique de la MECREGO
La MECREGO est une COOPEC qui fonctionne depuis le 30 Juin
2001. Elle est membre du réseau de mutuelles MECRECO. Elle a
été créée sous l'initiative de Messieurs
KATULANYA ISU Deogratias et Cléon MUFUNGIZO dans le souci
d'accompagner la population de Goma dans sa lutte contre la pauvreté et
de promouvoir le développement local. Le 17 janvier 2002, la
La population congolaise dans son ensemble constitue la cible
de la MECREGO. Ses produits sont étudiés et adressés aux
enseignants, aux salariés des entreprises publiques et
privées,
- 38 -
MECREGO est parmi les opérateurs financiers
sinistrés par l'éruption volcanique de Nyiragongo. Elle
réussit à sauver l'argent de ses membres. C'est ainsi que
commence un partenariat fort basé sur la confiance avec la population.
Très vite, ses activités s'intensifient et une seule agence n'est
plus capable de supporter les flux de membres. Elle a dû étendre
ses activités avec la création de MECRE KATINDO et VIRUNGA en
2003, puis sur demande pressante, des autres MECRE membres du réseau. La
MECREGO est agréée par la BCC le 14 Juin 2006 sous le
numéro d'agrément suivant : Gouv./D143/0810.
II.2.2. Vision de la MECREGO
La MECREGO vise à devenir la meilleure Mutuelle
d'Épargne et de Crédit qui contribue efficacement à la
réduction de la pauvreté et au développement du pays.
II.2.3. Mission de la MECREGO
La MECREGO a une double mission. Sa mission sociale
est d'améliorer les conditions sociales et économiques de
ses membres en leur fournissant de manière pérenne les services
financiers de base sur l'étendue de la ville de Goma. Sa mission
économique est d'atteindre un grand nombre à moindre
coût (rentabilité et pérennité, couverture des
charges de façon durable).
II.2.4. Valeurs de la MECREGO
Les valeurs de la MECREGO sont : la flexibilité, la
célérité, la proximité, l'efficience, la
sécurisation et le respect des membres.
II.2.5. Objectifs stratégiques de la MECREGO
Ses objectifs stratégiques sont la
professionnalisation des activités, l'atteinte de l'autonomie
opérationnelle et financière, l'accroissement du nombre des
membres par la création des guichets mobiles et la participation
à la réduction de la pauvreté et au développement
de la RDC.
II.2.6. Population cible de la MECREGO
- 39 -
aux PME, aux commerçants, aux étudiants et
autres jeunes, aux élèves et enfants, et aux autres
fonctionnaires de l'Etat.
II.2.7. Produits offerts par le MECREGO
La gamme de produits proposés par la MECREGO est
constituée des produits d'épargne et de prêt. Ses produits
d'épargne sont l'épargne à vue, l'épargne à
terme, l'épargne caution, l'épargne avec SYSCOFOP et
l'épargne pour enfant. Ses produits de prêt sont le crédit
individuel et le crédit solidaire.
- 40 -
III.2.8. Organigramme de la MECREGO
Assemblée Générale
Commission de Crédit
|
Conseil d'Administration
|
Commission de Surveillance
|
|
Direction ou Gérance
Service des
Opérations et
Crédits
Service de
Comptabilité et
Finances
Service de Maintenance et
Contrôle informatique
Agence principale
|
Agence
|
Agence
|
Agence
|
|
- 41 -
Chapitre III: PRESENTATION ET DISCUSSION DES
RESULTATS
Ce chapitre est axé sur la présentation des
résultats auxquels notre recherche a abouti. Nous y décrivons la
manière dont s'est tenue la récolte des informations sur terrain
et abordons les implications théoriques du travail ainsi que les
recommandations y relatives.
IV.1. Présentation des résultats de la
recherche
IV.1.1. Description de la récolte des
données
Tout au début, nous avons montré que notre
recherche est une étude de cas (de site). Pour cette raison, point
n'était besoin de tirer un échantillon. Le protocole d'analyse de
cas que nous avons élaboré n'a été soumis
qu'à la MECREGO qui est notre site d'étude.
Le protocole d'analyse de cas que nous avons soumis à
l'équipe dirigeante de la MECREGO comportait douze questions. Sur base
de ces questions, nous avons récolté des données
qualitatives en rapport avec notre sujet d'étude avec lesquelles nous
avons ressorti les résultats faisant objet de ce chapitre.
IV.1.2. Analyse des données qualitatives
Afin d'arriver à ressortir les résultats, nous
avons procédé à l'analyse des données qualitatives.
Cette analyse, dont la plus connue est l'Analyse de Contenu, est plus
répandue pour étudier les interviews ou les observations
qualitatives. Elle consiste à retranscrire les données
qualitatives, à se donner une grille d'analyse, à coder les
informations recueillies et à les traiter.
Ainsi, avec l'Analyse de Contenu nous avons cherché
à rendre compte de ce qu'ont dit les interviewés de la
façon la plus objective possible et la plus fiable possible. Ici,
l'objectif est d'analyser le matériel d'enquête collecté
à l'occasion d'entretiens individuels : les comportements, les mots, les
gestes, ce qui n'est pas dit et qui est sous-entendu. La procédure que
nous avons utilisée comprend généralement la
transformation d'un discours oral en texte, puis la construction d'un
instrument d'analyse pour étudier la signification des propos. Ensuite,
il y a notre intervention pour utiliser l'instrument d'analyse et
décoder ce qui a été dit. Enfin, l'analyse établit
le sens du discours. Ceci étant, nous avons suivi les étapes
suivantes : la retranscription des données, le codage des informations
et le traitement des données.
- 42 -
Tableau n° 01 : Retranscription des
données
N°
|
DONNEES RECOLTEES/REPONSES DONNEES AUX QUESTIONS
POSEES
|
Q1
|
Les rumeurs fréquentes dans le cadre de la
Microfinance à Goma sont : la cessation de paiement pour certaines IMF,
le détournement des fonds, le vol, la banque route et la faillite.
|
Q2
|
Les stratégies développées pour
accéder aux informations sur ces rumeurs sont : la recherche de la
source de ces rumeurs, l'infiltration de l'organisation promotrice de la rumeur
et la collaboration interagences du réseau MECRECO.
|
Q3
|
La MECREGO n'a pas de service spécialisé dans la
gestion des rumeurs.
|
Q4
|
Pour contrer les rumeurs, la MECREGO a mis en place les
moyens ci-après : l'anticipation des rumeurs, l'établissement de
la confiance et de la crédibilité, l'information
régulière de ses membres et la surveillance des effets possibles
des rumeurs.
|
Q5
|
Pour gérer les rumeurs existantes, la MECREGO ridiculise
la rumeur, ne réagit pas, confirme une vraie rumeur et réfute une
fausse rumeur.
|
Q6
|
La mobilisation tous les moyens de communication internes et
l'information régulière du personnel ainsi que de tous les
membres permettent de gérer efficacement les rumeurs.
|
Q7
|
Dans ses stratégies de communication, la MECREGO
utilise la désinformation, la rumeur et la contreinformation dans le but
de faire parvenir aux membres la bonne information.
|
Q8
|
Pour gérer les rumeurs internes dont sont victimes
certains de ses agents, la MECREGO veille à établir un climat
relationnel équilibré en son sein, encourage le travail
d'équipe et la compétition saine basée sur la
compétence et le potentiel en éliminant la rivalité qui
est plus personnelle, propose des team-buildings de manière
périodique pour renforcer la cohésion des équipes,
entretient un bon climat et assure un environnement de travail agréable
et sans animosités prononcées.
|
Q9
|
Pour éviter la contamination, la MECREGO, pour contrer
les rumeurs dont sont victimes ses concurrents, adopte les stratégies
suivantes :
|
|
- 43 -
|
l'amélioration de la capacité de communication
tant au niveau interne qu'avec ses clients, l'application rationnelle des
politiques et procédures de l'institution telles
qu'éditées par la direction générale et
l'utilisation des moyens légaux.
|
Q10
|
La MECREGO a déjà été victime des
rumeurs telles la probable rupture future de ses activités, sa
déconfiture et sa faillite. Pour les contrer, elle mise sur le
développement d'une relation basée sur la confiance avec ses
membres, la circulation parfaite de l'information, l'offre des services
rencontrant la satisfaction de ses membres et sur un système de gestion
permettant la sécurisation de ses actifs et passifs.
|
Q11
|
Les facteurs étant à la base de la naissance et de
la propagation des rumeurs dans le secteur de la Microfinance à Goma
sont : -la concurrence déloyale,
-la publication innocente de faits non vérifiés et
le manque d'informations sur le secteur qui se prolifèrent par le bouche
à oreille, -la confidentialité de toutes les informations de
l'institution ;
-la politique de non transparence.
|
Q12
|
La diffusion d'informations stratégiques
entraîne l'exposition de la situation financière et administrative
et de la planification stratégique et opérationnelle de l'IMF.
Ceci peut ternir à son image et ouvrir des brèches à ses
concurrents.
|
|
Source : nos enquêtés
III.1.2.2. Codage des données
Pour coder ces données, nous avons exploré ligne
par ligne, étape par étape, les textes d'interview. Ainsi, nous
avons décrit, classé et transformé les données
qualitatives brutes en fonction de la grille d'analyse.
- 44 -
Les données qualitatives étant retranscrites,
avant de les coder, nous avons construit une grille d'analyse. Les
catégories d'analyse sont les critères et les indicateurs qui la
composent. Leur choix a été déterminé
d'après des informations recueillies. Nous nous sommes inscrits dans une
démarche approche ouverte et inductive de généralisation
et d'abstraction des données.
Tableau n° 02 : Grille de codage
Catégories d'analyse
|
Idées de base
|
Aspects spécifiques de thèmes
|
Rumeurs fréquentes
dans le secteur de Microfinance de Goma
|
- Cessation de paiement
- Détournement des fonds - Vol
- Banque route
- Faillite
|
- Cessation de paiement - Faillite
|
Naissance et
propagation d'une
rumeur dans une IMF
|
- Concurrence déloyale
- Publication innocente de faits non vérifiés
- Manque d'informations sur le secteur
- Le bouche à oreille
- L'internet et autres réseaux sociaux
- La confidentialité de toutes les informations de
l'institution
|
- Concurrence déloyale
- Manque d'information sur le secteur - Le bouche à
oreille
- L'internet et autres réseaux sociaux
|
Politiques et stratégies à mettre en place
pour faire face aux rumeurs
|
- Recherche de la source des rumeurs
- Infiltration de l'organisation promotrice de la rumeur -
Collaboration interagences du réseau
|
- Collaboration interagences du réseau
- Anticipation des rumeurs
- Etablissement de la confiance et de la
crédibilité
|
|
- 45 -
|
-La gestion transparente.
|
- Information régulière des membres
|
|
- Anticipation des rumeurs
|
- Circulation parfaite de l'information
|
|
- Etablissement de la confiance et de la
crédibilité
|
- Application rationnelle des politiques et
|
|
- Information régulière de ses membres
|
procédures éditées par la direction
générale
|
|
- Surveillance des effets possibles des rumeurs.
|
- Utilisation des moyens légaux
|
|
- Désinformation, rumeur et contreinformation, moyens
pour faire
parvenir aux membres la bonne information.
|
|
|
- Amélioration de la capacité de communication en
interne et en externe
|
|
|
- Application rationnelle des politiques et procédures
éditées par la direction générale
|
|
|
- Utilisation des moyens légaux
|
|
|
- Offre des services rencontrant la satisfaction des membres
|
|
|
- Système de gestion permettant la sécurisation
des actifs et passifs.
|
|
Gestion des rumeurs existantes
|
- Ne rien faire
- Ridiculiser la rumeur,
- Confirmer une vraie rumeur
|
- Ne rien faire,
- Ridiculiser la rumeur,
- Confirmer une vraie rumeur
|
|
- Réfuter une fausse rumeur.
|
- Réfuter une fausse rumeur.
|
|
- Mobilisation de tous les moyens de communication internes
|
|
|
- Prise des décisions permettant de gérer
efficacement les rumeurs
|
|
|
- Etablissement d'un relationnel équilibré et
écologique en son sein,
|
|
|
- 46 -
- Encouragement du travail d'équipe et de la
compétition saine
- Proposition des team-buildings de manière
périodique pour renforcer la cohésion des équipes,
- Entretien d'un bon climat
- Assurance d'un environnement de travail agréable et
sans animosités prononcées.
|
|
Source : nos enquêtes sur terrain
Commentaire : La colonne « catégories d'analyse
» reprend les questions adressées au site d'étude. La
colonne « Idées de base » reprend les réponses
données par chacun de nos enquêtés et la colonne «
aspects spécifiques de thèmes » reprend les réponses
données par la majorité de nos enquêtés.
Commentaire: Ce tableau reprend les différentes
réponses données par nos enquêtés et qui ont
été codées.
47
III.1.2.2. Codage sélectif
Les idées qui ont apparu fréquemment font
l'objet de ce codage spécifique ou codage sélectif. Ils ont servi
à faire ressortir les idées centrales et à élaborer
une grille de codification intermédiaire. Ainsi, la création de
catégories d'analyse dans les procédures ouvertes a
répondu aux règles édictées par BERELSON (1952) :
homogénéité, exhaustivité, exclusivité,
objectivité et pertinence.
Tableau n° 03. Codage sélectif
Idées fréquentes et centrales
|
Cod/ catég
|
- Cessation de paiement
|
C1a
|
- Faillite
|
C1b
|
- Concurrence déloyale
|
a
|
- Manque d'information sur le secteur
|
b
|
- Le bouche à oreille
|
c
|
- L'internet et autres réseaux sociaux
|
d
|
- Collaboration interagences du réseau
|
C3a
|
- Anticipation des rumeurs
|
C3b
|
- Etablissement de la confiance et de la
crédibilité
|
C3c
|
- Information régulière des membres
|
C3d
|
- Circulation parfaite de l'information
|
C3e
|
- Application rationnelle des politiques et procédures
éditées par la direction générale
|
C3f
|
- Utilisation des moyens légaux
|
C3g
|
- Ne rien faire,
|
C4a
|
- Ridiculiser la rumeur,
|
C4b
|
- Confirmer une vraie rumeur
|
C4c
|
- Réfuter une fausse rumeur.
|
C4d
|
|
Source : nos enquêtés
48
Ainsi, les rumeurs les plus fréquentes sont la
cessation de paiement et la faillite. Les principaux facteurs qui sont à
la base de leur naissance restent la concurrence déloyale et le manque
d'information sur le secteur. Elle est propagée non seulement par le
bouche à oreille, mais aussi par la publication innocente de faits non
vérifiés par les masses médias, sur internet et sur autres
réseaux sociaux.
III.1.2.3. Traitement des données
Le traitement de nos données (toutes étant
qualitatives) a été mené d'un point de vue
sémantique. L'analyse a été conduite à la main
selon la démarche de l'Analyse de Contenu qui, par approximations
successives, étudie le sens des idées émises ou des mots.
Par le traitement sémantique des données, nous avons
étudié les idées des participants (analyse empirique), les
mots qu'ils utilisent (analyse lexicale) et le sens qu'il leur donne (analyse
de l'énonciation).
III.1.2.3.1. Analyse empirique
Les rumeurs fréquentes dans le secteur de la
Microfinance à Goma restent la cessation de paiement et la faillite. La
première se manifeste dès lors que certaines IMF ne savent plus
honorer le paiement des épargnes de membres. Cette situation peut
dégénérer et être à la base d'une panique
bancaire dans tout le secteur. Ceci entraîne à ce que tous les
membres fassent course aux guichets ; de fois l'IMF n'est pas en mesure de
satisfaire à cette demande. Les IMF ne disposant pas d'une
liquidité conséquente se retrouvent ainsi plus exposées,
même si elles n'étaient au départ exposées. La
faillite, quant à elle, reste la rumeur la plus permanente, car les
colporteurs des autres rumeurs se réfèrent au passé
récent de certaines institutions ayant connu la situation de
déconfiture, de banque route et de faillite. Les membres qui avaient des
comptes dans ces institutions anticipent que les mêmes causes conduisent
aux mêmes effets ; ils évoquent une éventuelle
probabilité de tomber en faillite pour les institutions continuant
à fonctionner.
Ces rumeurs naissent surtout de la concurrence
déloyale et du Manque d'informations sur le secteur, mais aussi du
manque d'une certaine politique de transparence de la part de certains
gestionnaires de ces institutions. Bien que la loi punisse la concurrence
déloyale, à Goma, elle est utilisée comme arme pour
déstabiliser les concurrents. Le manque d'informations sur le secteur
renforce la persistance des rumeurs, car les membres ont toujours eu besoin
d'être
49
informés sur la santé de l'institution
financière où ils déposent leurs épargnes. A force
que l'IMF développe la confidentialité ou la non circulation des
informations concernant son évolution et les activités qu'elle
entreprend, les rumeurs naissent et se propagent non seulement par le bouche
à oreille, mais aussi par la publication innocente de faits non
vérifiés par les masses médias, sur internet et sur autres
réseaux sociaux comme Face book, Yahoo, Skype, Zorpia, etc. Egalement le
mode de gestion non transparente conduit à la naissance de rumeur au
sein même d'une institution. Les travailleurs ne sachant pas la
manière dont fonctionne tel ou tel autre service, cela peut créer
des informations non vérifiées qui peuvent conduire à des
rumeurs.
Au niveau de la MECREGO, plusieurs politiques et
stratégies sont mises en place pour contrer et gérer les rumeurs.
Les principales de ces politiques et stratégies restent la collaboration
interagences du réseau MECRECO, l'anticipation des rumeurs,
l'établissement de la confiance et de la crédibilité,
l'information régulière des membres, la circulation parfaite de
l'information, l'application rationnelle des politiques et procédures
éditées par la direction générale et l'utilisation
des moyens légaux.
La collaboration entre les agences du réseau permet
d'anticiper une situation probable de se produire ou de se rependre. Lorsqu'il
y a une rumeur qui circule dans le rayon d'action d'une agence, toutes les
autres sont au courant et prennent des précautions. Pour cela, tous les
membres du team manager ont des cartes sim staff qui leur permettent,
même sans crédit, d'être en contact avec les toutes les
agences et les membres. Après s'être informé, le team
manager peut facilement prendre des décisions permettant de contrer et
gérer les rumeurs.
Pour anticiper les rumeurs, la MECREGO recherche tout d'abord
leurs sources. S'il y a possibilité, elle infiltre les organisations
promotrices et du côté de ses clients, elle essaie d'offrir les
services qui rencontrent leur satisfaction. Ainsi, la solidité du
réseau MECRECO reste fondée en partie sur la relation
basée sur la confiance et la crédibilité qu'elle a
développée avec ses membres. Ceci s'explique par la
possibilité qu'elle donne à ses membres d'accéder à
tout moment à la totalité de leurs épargnes et aux autres
produits qu'elle met à leur disposition. Pour renforcer cette relation,
la MECREGO informe régulière ses membres à travers les
assemblées générales, les réunions de groupes
solidaires et autres rassemblements de membres.
50
Au niveau interne, la MECREGO veille à la circulation
parfaite de l'information afin que tous les agents soient suffisamment
informés. Ceci étant, ils sont les premiers à
véhiculer l'information parfaite aux membres avec lesquels ils sont en
contact perpétuel. Pour éviter la propagation des rumeurs au sein
de l'entreprise dont peuvent être victimes certains agents et qui peuvent
ternir son image, la MECREGO veille à l'application rationnelle des
politiques et procédures éditées par la direction
générale. Pour cela, l'équipe dirigeante s'assure que tout
le monde les comprend, les suit et les applique correctement. Pour la MECREGO,
le seul moyen de prévenir les rumeurs préjudiciables à
certains agents est d'établir un relationnel équilibré et
écologique en son sein, en centrant ses valeurs et son identité
autour de l'éthique et le respect de l'autre. Elle encourage le travail
d'équipe, la compétition saine basée sur la
compétence et le potentiel, élimine la rivalité (qui est
plus personnelle), propose des team-buildings de manière
périodique pour renforcer la cohésion des équipes,
entretient un bon climat et assure un environnement de travail agréable,
ou du moins, sans animosités prononcées.
Lorsqu'elle est victime de certaines rumeurs, la MECREGO
stoppe l'attaque en utilisant les moyens légaux, comme saisir les
instances juridiques et l'autorité de tutelle qu'est la BCC. Elle
recourt aussi, comme stratégies de communication, à la
désinformation, à la rumeur et à la contre information
dans le but de faire parvenir la bonne information aux membres. Elle renforce,
en outre, son système de gestion en vue de la sécurisation des
actifs et passifs.
Pour gérer les rumeurs existantes, la MECREGO peut se
proposer de ne rien faire afin de ne pas donner la place à la rumeur, de
ridiculiser la rumeur, de confirmer une vraie rumeur et de réfuter une
fausse rumeur. En adoptant cette politique de gestion transparente, elle
parvient à opposer la rumeur à la réalité et
à lutter efficacement contre ce phénomène. Ne rien faire
ne signifie pas croiser les bras ; c'est une stratégie qu'elle utilise
lorsque la rumeur va vraisemblablement devenir non pertinente ou lorsqu'elle
échoue à générer un intérêt continu.
Comme la rumeur se nourrit d'elle-même, s'en défendre ou la
justifier est à éviter à tout prix. Plus une l'IMF
cherchera à se justifier, plus la rumeur sera confirmée et durera
dans le temps. Etant comme une bulle, elle se forme et grossit, puis finit par
éclater et disparaître, sans aucune intervention de la part de
l'IMF, jusqu'à ce que les gens oublient et trouvent d'autres
occupations. En cherchant à s'en défendre, l'effet inverse peut
se produire et pourra devenir incontrôlable, elle se transformera en feu
de paille et se propagera de plus en plus fort et de
51
plus en plus rapidement.
Cependant, si les inquiétudes sont importantes et la
rumeur plausible, il importe de ridiculiser la rumeur par d'autres
stratégies de communication telles que lancer une ou plusieurs autres
rumeurs, désinformer l'opinion, utiliser la contreinformation pour
montrer que l'IMF prend en compte les préoccupations du public. Par
contre, lorsque la rumeur contient un brin de vérité, la MECREGO
confirme la part qui est exacte pour la réduire. Cette franchise peut
permettre d'établir une confiance à l'égard de l'IMF et
réduire l'envie de diffuser une information non vérifiée.
Lorsque la rumeur est totalement fausse, la MECREGO la nie vite et avec
efficacité, sans la répéter plus que nécessaire. Le
démenti qu'elle émet est à la hauteur du sérieux et
de la portée de la rumeur. Il est basé sur la
vérité ; il est facile à comprendre et
présenté comme un message fort, concis et mémorable.
III.2. Discussion des résultats de la
recherche
III.2.1. Interprétation des principaux
résultats
Après retranscription des données, codage des
informations et traitement des données par analyse empirique, il importe
d'interpréter les résultats par « interprétation
factuelle » qui est la suite logique de l'analyse de contenu. Par
écrit, nous esquissons ce que nous comprenons des données et ce
qu'elles veulent dire. Les résultats seront commentés en fonction
des questions posées par l'enquête. Nous procédons en suite
à un diagnostic des informations analysées et les classons en
identifiant les plus et les moins, les points forts et les points faibles, les
hypothèses vérifiées ou non validées.
Dans le secteur de la Microfinance de Goma, les rumeurs sont
d'actualité. Les plus fréquentes sont la cessation de paiement et
la faillite. Les principaux facteurs qui sont à la base de leur
naissance restent la concurrence déloyale et le manque d'information sur
le secteur. Elles sont propagées non seulement par le bouche à
oreille, mais aussi par la publication innocente de faits non
vérifiés par les masses médias, sur internet et sur autres
réseaux sociaux.
Dans ses politiques et stratégies de gestion de ces
rumeurs, la MECREGO les anticipe en recherchant leurs sources, en infiltrant
les organisations promotrices et en renforçant la collaboration avec les
autres agences du réseau MECRECO. Pour les contrer, l'IMF veille au
renforcement de la relation basée sur la confiance et la
crédibilité qu'elle a développée avec ses
52
membres et informe régulièrement ces derniers,
surtout lors des assemblées générales, des réunions
de groupes solidaires et de tout regroupement des membres. En outre, au niveau
interne, elle veille à la circulation parfaite de l'information et
à l'application rationnelle des politiques et procédures
éditées par la direction générale, et renforce son
système de gestion pour sécuriser ses actifs et passifs.
Lorsqu'elle est victime des fausses rumeurs, elle recourt à la
désinformation, à la rumeur et à la contre information, et
de fois, elle utilise des moyens légaux pour s'en défendre. Pour
gérer les rumeurs existantes, elle peut ne rien faire pour ne pas
s'ériger en victime, ridiculise la rumeur, surtout celle liée aux
activités qu'elle entreprend, en offrant à ses membres des
services qui rencontrent leur satisfaction et confirme une vraie rumeur. Quand
la rumeur est fausse, elle la réfute en lançant un message fort,
concis et mémorable.
Au regard de ce commentaire des résultats en fonction
des questions posées par l'enquête, il est possible de remarquer
que les catégories d'analyse C1 et (respectivement Rumeurs
fréquentes dans le secteur de Microfinance de Goma et, Naissance et
propagation d'une rumeur dans une IMF) avec les sous ensembles codés C1a
et C1b, a, b, c et d (Cessation de paiement et Faillite, concurrence
déloyale, manque d'information sur le secteur, le bouche à
oreille et l'internet et autres réseaux sociaux) permettent de
vérifier et de valider la première hypothèse de notre
étude qui stipule que la confidentialité ou non circulation des
informations concernant l'évolution et les activités entreprises
par l'IMF serait à la base de la naissance d'une rumeur au sein de
l'institution.
Les catégories d'analyse C3 et C4 (Politiques et
stratégies à mettre en place pour faire face aux rumeurs et
gestion des rumeurs existantes) avec les sous catégories codées
C3a, C3b, C3c, C3d, C3e, C3f, C3g, C4a, C4b, C4c, C4d (Collaboration
interagences du réseau, Anticipation des rumeurs, Etablissement de la
confiance et de la crédibilité, Information
régulière des membres, Circulation parfaite de l'information,
Application rationnelle des politiques et procédures
éditées par la direction générale, Utilisation des
moyens légaux, Ne rien faire, Ridiculiser la rumeur, Confirmer une vraie
rumeur et Réfuter une fausse rumeur) sont autant
d'éléments de base pouvant nous permettre de vérifier et
valider la deuxième hypothèse de notre recherche stipulant que la
politique de la gestion transparente dans une IMF serait un
53
moyen pouvant permettre aux responsables de l'institution
d'opposer la rumeur à la réalité ; ce qui leur permettrait
de lutter contre ce phénomène.
III.2.2. Recommandations
Partant des résultats de la recherche, nous avons
proposé les recommandations suivantes pour une meilleure gestion des
rumeurs au sein de la MECREGO.
III.2.2.1. Envers la MECREGO
Concernant le phénomène de rumeur, une
évidence demeure : la rumeur est un phénomène
séculaire. Les rumeurs seront toujours d'actualité puisque les
individus communiqueront toujours ensemble. Pour cela nous avons
recommandé les implications managériales suivantes pour que la
MECREGO gère efficacement les rumeurs dont elle est victime et celles
qui portent atteinte à tout le secteur :
? Instaurer un service spécialisé en gestion
des rumeurs, car penser que le secret peut
résoudre le fléau des rumeurs en croyant que
l'ignorance entraîne le silence n'est pas
du tout valable. Il faut préciser que le secret pourra
éventuellement éviter la propagation
de quelques rumeurs mais il n'arrivera jamais à en
éliminer la totalité et pourra même en créer
d'autres. Lorsque ce service existe au sein de l'institution, anticiper,
contrer et gérer les rumeurs reste des tâches faciles.
? Renforcer davantage ses stratégies de communication
et son système de gestion, car les colporteurs de rumeurs ne veulent que
se moquer et nuire sciemment à l'institution, véhiculer des
stéréotypes, obtenir des renseignements sur une situation
donnée ou s'en servir comme un moyen pouvant les mener à la
vérité.
? Evaluer correctement, lorsque l'institution est proie
à une rumeur, l'ampleur de celle-ci et essayer d'identifier, si
possible, sa source. Si la source est révélée, la rumeur
aura moins d'impact et sera discréditée, surtout s'il
apparaît que le colporteur a un intérêt à la
propager.
? Réagir prudemment à la rumeur, car
tantôt outil d'une stratégie délibérée de
dénigrement et de manipulation, tantôt conséquence d'un
climat d'angoisse, la rumeur peut nuire gravement à la réputation
de l'institution ou semer un vent de panique en son sein. Réagir
à trop grande échelle pourrait s'avérer contreproductif
comme, par exemple, la faire connaître aux personnes qui n'en ont pas
entendu parler et ainsi
54
l'entretenir. Les bonnes stratégies de réaction
restent le silence, la concentration des efforts dans la zone
géographique où la rumeur s'est plus propagée et la
publicité (l'utilisation de multiples canaux d'information pour diffuser
un démenti ne doit être envisagée qu'en dernier
recours).
· Changer l'image de la rumeur lorsqu'elle en est
victime. Les gens ne changent pas leur perception d'un objet, c'est l'objet de
perception qui change. Pour changer l'opinion publique, elle devrait changer
l'image de la rumeur.
· Eviter la politique de l'Autriche. Les membres du
personnel peuvent s'imaginer que si la hiérarchie ne réagit pas,
c'est que la rumeur est forcément fondée et donc vraie. Une
information bien organisée et claire au sein de l'institution peut
éviter, voire rapidement désamorcer une rumeur. Une relation de
confiance entre direction et collaborateurs
diminuera la probabilité d'apparition de rumeur.
· Fournir régulièrement des informations
complètes sur le coût et la qualité des produits ainsi que
les services proposés à la clientèle et publier les
conditions contractuelles.
III.2.2.2. A la Banque Centrale du Congo
La BCC, en tant qu'autorité chargée de la
régulation du secteur de la Microfinance, à travers son Service
d'Analyses Economiques et Surveillance des Intermédiaires Financiers,
devrait :
· Renforcer la réglementation de la concurrence.
Elle doit ordonner, d'office ou à la requête de l'Institution de
Microfinance intéressée, ou des clients intéressés,
la cessation de tout acte contraire aux usages honnêtes acceptés
dans secteur. Elle doit rappeler aux opérateurs du secteur que la
concurrence déloyale est interdite.
· Démentir au moment opportun une fausse rumeur
dont est victime une IMF et dissiper tout malentendu entre l'IMF et ses
membres.
· Edicter une réglementation spécifique de
nature à garantir l'information et la protection des clients des
Institutions de Microfinance.
· Veiller, en cas de liquidation d'une Institution de
Microfinance, aux remboursements des épargnes des clients par
préférence à tout autre créancier, même
privilégié.
Cela étant, le 1er chapitre a été
consacré à la revue de la littérature. Dans ce chapitre,
nous avons défini ce que signifie la rumeur, les différents
concepts proches de cette dernière, et la
55
CONCLUSION GENERALE
Notre réflexion étant au terme, elle a
porté sur « la gestion des rumeurs dans les institutions de
microfinance, cas de la Mutuelle d'Epargne et de Crédit de Goma. Ainsi,
nous sommes partis des observations selon lesquelles les expériences
préalables d'un client avec les services financiers fournis par des
sources formelles et informelles ont un impact majeur sur sa volonté
à refaire appel à ces institutions. D'un côté, une
précédente exposition à des services financiers
institutionnels semble influer positivement sur la demande de services
supplémentaires, de l'autre côté, une
précédente exposition à des sources de financement
formelles (et ou informelles) peut aussi influer négativement sur la
demande. Les raisons se répartissent en deux grandes catégories :
le comportement des prestataires de services financiers et l'environnement
économique dans lequel ils opèrent.
Afin de bien mener notre étude, nous sommes partis
d'une problématique ayant sorti les questions ci- dessous:
? Qu'est-ce qui est à la base de la naissance et
propagation d'une rumeur dans une Institution de Microfinance, le cas pratique
de la MECREGO?
? Quelle est la politique que la MECREGO doit mettre en
place afin de faire face à la rumeur au cas où
ele surviendrait?
Pour essayer de répondre à ces questions, Nous
avons émis des hypothèses selon lesquelles ; la
confidentialité ou la non circulation des informations concernant
l'évolution et les activités entreprises par l'Institution serait
à la base de la naissance d'une rumeur au sein de cette dernière.
Egalement la politique de la gestion transparente au sein de la MECREGO serait
un moyen pouvant permettre aux responsables de cette institution d'opposer la
rumeur à la réalité ; ce qui leur permettrait de lutter
efficacement contre ce phénomène.
Notre objectif était entre autre d'appréhender
les facteurs qui sont à la base de la naissance et de la propagation des
rumeurs dans le secteur de Microfinance, plus particulièrement la
MECREGO et de mettre à la portée de la MECREGO des politiques et
mécanismes adéquats pour gérer efficacement les rumeurs
pouvant surgir dans cette institution.
56
manière dont un gestionnaire d'une institution peut
réagir face à ce phénomène. Ainsi, nous avons
énuméré certaines actions préventives de base
pouvant empêcher la propagation de la rumeur dans une institution de
microfinance. Il s'agit entre autre de l'anticiper tout en réduisant la
probabilité de son apparition en évitant tout
événement susceptible de créer une incertitude ou de
l'anxiété au sein de l'institution, d'établir la
confiance et la crédibilité des membres tout en maintenant un
climat de confiance à la fois dans et hors de l'organisation,
d'informer régulièrement les clients en mettant en place
des voies d'information accessibles par tous, en établissant une
ligne téléphonique directe ou un site Internet interactif pour
répondre aux interrogations des membres, de Surveiller les effets
possibles des rumeurs causant ainsi un changement dans le volume des
ventes, dans le chiffre d'affaires de la force de vente, et des indications de
changement de marque par les consommateurs/membres.
Quant au deuxième chapitre, il a été
question de présenter explicitement la démarche
méthodologique du travail ainsi que la présentation du site
d'étude « la MECREGO ».
S'agissant de la méthodologie du travail, nous avons
choisi « l'étude de cas » comme méthode de recherche
pour notre sujet. Cette méthode de recherche qui intègre
différentes techniques, la plupart d'elles étant de nature
qualitative, mais certaines pouvant également être de nature
quantitative. Pour notre cas, nous avons choisi la méthode
d'étude de cas de manière qualitative.
Ceci étant, nous avons utilisé certaines techniques
entre autre la technique documentaire, technique d'interview libre, technique
de jugement personnel et le protocole d'analyse de cas. Le second point de ce
chapitre a été consacré à la présentation de
site d'étude qui est la MECREGO. Nous sommes partis de l'aspect
historique, de sa vision, de sa mission jusqu'à sa structure
organisationnelle.
Le troisième chapitre quant à lui a
été axé sur la présentation des résultats
auxquels notre recherche a abouti. Nous y avons décrit la manière
dont s'est tenue la récolte des informations sur terrain. Nous sommes
partis de l'analyse de données qualitatives tout en cherchant à
rendre compte de ce qu'ont dit les interviewés de la façon la
plus objective possible et la plus fiable possible, l'objectif étant
d'analyser le matériel d'enquête collecté à
l'occasion d'entretiens individuels en suivant les étapes suivantes : la
retranscription des données, le codage des informations et le traitement
des données.
57
Après avoir effectué ces étapes, il a
été ressorti le constant suivant au regard des questions
posées tout au début de notre travail et les hypothèses
émises à cet effet : Dans le secteur de la Microfinance de Goma,
les rumeurs sont d'actualité. Les plus fréquentes sont la
cessation de paiement et la faillite. Les principaux facteurs qui sont à
la base de leur naissance restent la concurrence déloyale et le manque
d'information sur le secteur. Elle est propagée non seulement par le
bouche à oreille, mais aussi par la publication innocente de faits non
vérifiés par les masses médias, sur internet et sur autres
réseaux sociaux.
Partant du premier objectif qui était celui
d'appréhender les facteurs qui sont à la base de la naissance et
propagation des rumeurs au sein de l'institution, les catégories
d'analyse C1 et (respectivement Rumeurs fréquentes dans le secteur de
Microfinance de Goma et Naissance et propagation d'une rumeur dans une IMF)
avec les sous-ensembles codés C1a et C1b, a, b, c et d (Cessation de
paiement et Faillite, concurrence déloyale, manque d'information sur le
secteur, le bouche à oreille et l'internet et autres réseaux
sociaux) ont permis de vérifier et de valider la première
hypothèse de notre étude qui stipule que la
confidentialité ou non circulation des informations concernant
l'évolution et les activités entreprises par l'Institution serait
à la base de la naissance d'une rumeur au sein de l'institution.
Par rapport au deuxième objectif qui était celui
de mettre à la portée des IMF de la Ville de Goma et plus
particulièrement la MECREGO, des politiques et mécanismes
adéquats pour gérer efficacement les rumeurs pouvant surgir dans
leur secteur, les catégories d'analyse C3 et C4 (Politiques et
stratégies à mettre en place pour faire face aux rumeurs et
gestion des rumeurs existantes) avec les sous catégories codées
C3a, C3b, C3c, C3d, C3e, C3f, C3g, C4a, C4b, C4c, C4d (Collaboration
interagences du réseau, Anticipation des rumeurs, Etablissement de la
confiance et de la crédibilité, Information
régulière des membres, Circulation parfaite de l'information,
Application rationnelle des politiques et procédures
éditées par la direction générale, Utilisation des
moyens légaux, Ne rien faire, Ridiculiser la rumeur, Confirmer une vraie
rumeur et Réfuter une fausse rumeur) sont autant
d'éléments de base qui nous ont pu permettre de vérifier
et valider la deuxième hypothèse de notre recherche stipulant que
la politique de la gestion transparente dans une IMF serait un moyen pouvant
permettre aux responsables de l'institution d'opposer la rumeur à la
réalité ; ce qui leur permettrait de lutter contre ce
phénomène.
58
Enfin, nous avons formulé certaines recommandations
envers notre site d'étude mais aussi envers la Banque Centrale du Congo
qui est l'autorité régulatrice dans le secteur de la Microfinance
en République Démocratique du Congo.
Cependant, nous demeurons très ouverts aux
différentes critiques constructives et suggestions de tous nos
lecteurs.
1. Béatrice Bocquet et al, Quand on prêche le
faux par la rumeur, quelles en sont les finalités? Mémoire
inédit, Pôle universitaire Léonard-de-Vinci, 2001-2002
59
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
1. Adeline Michel et al, Les rumeurs en tant que
phénomène d'influence sociale : Dossier de psychologie
sociale, Lyon, Mai 2004.
2. Anthony Octave et Gil Coreira Lima, La rumeur : travail
de groupe, 2013
3. Aquilla J. & David R., The advent of net war,
RAND CO, 1996.
4. Daniel Caumont, Les Etudes de marché,
édit. Dunod, Paris, 2002
5. Emmanuel TAIEB, Persistance de la rumeur : Sociologie des
rumeurs électroniques, Ed. .Harmattan, Paris, 2001
6. Emmanuelle Javoy, La finance durable
a-t-ele un avenir durable ? La perspective du
microcrédit, PlaNet Finance, Paris, 2012
7. Festinger L, & Carlsmith J M, Cognitive
Consequences of Forced Compliance, Journal of Abnormal and Social
Psychology, 1959.
8. J. N Kapferer, Rumeur : le plus vieux média du monde,
Ed. Seuil, Paris, 1995
9. J. GUISNEL, Les folles rumeurs du Net, Le Point
1541, 29 mars 2002
10. L. Albarello, Choisir l'étude de cas comme
méthode de recherche, Ed. De Boeck, Bruxelles, 2011
11. M. Louis Rouquette, La rumeur et le meurtre :
l'affaire Fualdès, PUF, Paris, 1992
12. P. Froissart, Histoire ou fantasmes, Ed. Belin,
Paris, 2002.
13. P. Gustave, Le cas PERRIER : guerre et contre guerre
de l'information économique, Paris, 1994.
14. Paul Nougé, Des mots à la rumeur : une
pense oblique, L'âge d'homme, Paris, 1990
II. MEMOIRES
60
III. JOURNAUX, REVUES, ARTICLES ET BROCHURES
1. Constant GUEY, Journal de l'Economie n°277, Abidjan,
Septembre 2014.
2. J. Doyon, La rumeur, menace ou outil de communication ?
Revue Française de Marketing, Paris, 1987
3. INSEC, Extrait tiré de « L'avènement
imminent du marketing viral »,
4. Nations Unies, Construire des secteurs financiers
accessibles à tous, New York, 2006
5. R.C. Nga Nkouma Tsanga, Rumeur de marque et confiance du
consommateur : facteurs explicatifs et implications managériales,
10ème congrès International Tendances Marketing, Paris,
20-22 janvier 2011.
6. R. Denis, La rumeur, une chance pour l'entreprise?, Revue
Française du Marketing, 1987
7. Multinationale américaine spécialisée
dans les biens de consommation courante (hygiène et produits de
beauté).
8. Mathieu Lahierre, La rumeur : une arme de
déstabilisation des PME, Octobre 2009
IV. WEBOGRAPHIE
1.
www.mixmarket.com
2. www.nouveaudepart.be:Conseil en Image et en
Communication.
3.
www.google.com : Prévenir par
la communication
4.
www.google.com: Comment
réagir face à la rumeur ?
61
TABLE DES MATIERES
IN MEMORIAM i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
SIGLES ET ABREVIATIONS iv
INTRODUCTION GENERALE - 1 -
1. Problématique - 1 -
2. Hypothèses du travail - 3 -
3. Objectifs du travail - 4 -
4. Choix et intérêt du sujet - 4 -
5. Délimitation du sujet - 4 -
6. Difficultés rencontrées - 5 -
7. Présentation sommaire du travail - 5 -
Chapitre I : REVUE DE LA LITTERATURE - 6 -
I.1. REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE SUR LE PHENOMENE
« RUMEUR » - 6 -
I.1.1. Définition et évolution du terme
« rumeur » - 6 -
I.1.1.1. Définition. - 6 -
I.1.1.2. Naissance de la rumeur - 7 -
I.1.1.3. Evolution du sens du mot « rumeur » - 8 -
I.1.1.4. Les phénomènes proches de la rumeur - 8
-
I.1.1.4.1. Les mythes et légendes - 9 -
I.1.1.4.2. Les propagandes - 9 -
I.1.1.4.3. Le conte - 9 -
I.1.1.5. Différentes approches de la rumeur. - 10 -
I.1.1.6. Les acteurs de la rumeur - 11 -
I.1.1.7. Les moyens de propagation des rumeurs - 11 -
I.1.1.8. Conséquences possibles d'une rumeur sur une
institution - 12 -
I.1.1.9. Réaction face aux rumeurs qui atteignent
l'institution - 12 -
I.1.1.9.1. Les actions de prévention des rumeurs
- 13 -
I.1.1.9.2. Quand la rumeur explose - 14 -
I.1.1.10. Rumeur comme outil de contre-intelligence
économique - 15 -
I.1.1.10.1. La désinformation - 15 -
62
I.1.1.10.2. Le concept de contre-information - 16 -
I.1.1.11. Internet, moyen propice à la rumeur - 16 -
I.1.1.11.1. La rumeur, un virus informationnel - 16 -
I.1.1.11.2. Les processus de diffusion des rumeurs sur
Internet - 18 -
I.1.1.12. La rumeur : un outil commercial - 20 -
I.1.2. La gestion des rumeurs - 21 -
I.1.2.1 Les actions préventives de base - 22 -
I.1.2.2. Gestion de crise - 23 -
I.1.2.3. Gestion des rumeurs existantes - 23 -
I.2 : REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE SUR LA GESTION
DES RUMEURS - 25 -
Chapitre II : CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES ET
PRESENTATION DU SITE D'ETUDE - 32 -
II.1. Considérations méthodologiques
- 32 -
II.1.1. Définition - 32 -
II.1.2. Méthode - 32 -
II.1.2.1. La méthode d' « étude de cas
- 32 -
II.1.3. Techniques utilisées dans notre étude - 36
-
II.1.3.1. Technique documentaire - 36 -
II.1.3.2. Technique d'interview libre - 37 -
II.1.3.3. Technique de jugement personnel - 37 -
II.1.3.4. Le protocole d'analyse de cas - 37 -
II.2. Présentation de l'IMF MECREGO - 37
-
II.2.1. Historique de la MECREGO - 37 -
II.2.2. Vision de la MECREGO - 38 -
II.2.3. Mission de la MECREGO - 38 -
II.2.4. Valeurs de la MECREGO - 38 -
II.2.5. Objectifs stratégiques de la MECREGO - 38
-
II.2.6. Population cible de la MECREGO - 38 -
II.2.7. Produits offerts par le MECREGO - 39 -
III.2.8. Organigramme de la MECREGO - 40 -
63
Chapitre III: PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
- 41 -
IV.1. Présentation des résultats de la
recherche - 41 -
IV.1.1. Description de la récolte des données
- 41 -
IV.1.2. Analyse des données qualitatives - 41
-
III.1.2.2. Codage des données - 43 -
III.1.2.3. Traitement des données 48
III.1.2.3.1. Analyse empirique 48
III.2. Discussion des résultats de la recherche
51
III.2.1. Interprétation des principaux
résultats 51
III.2.2. Recommandations 53
III.2.2.1. Envers la MECREGO 53
III.2.2.2. A la Banque Centrale du Congo 54
CONCLUSION GENERALE 55
BIBLIOGRAPHIE 59
TABLE DES MATIERES 61
Annexes
i
PROTOCOLE D'ANALYSE DE CAS
Nous sommes étudiants en deuxième licence en
Gestion des Institutions de Microfinance, à l'Institut Supérieur
d'Informatique et de Gestion, ISIG Goma en sigle. Dans le cadre de notre
travail de mémoire portant sur « La gestion des rumeurs
dans les Institutions de Microfinance de Goma : cas de la Mutuelle d'Epargne et
de Crédit de Goma », nous sollicitons votre collaboration
en participant comme répondant à ce protocole adressé
à l'équipe dirigeante de la MECREGO, tout en vous garantissant
l'anonymat, car vos réponses seront traitées avec la plus grande
discrétion et ne serviront qu'à des fins scientifiques. Nous vous
remercions d'avance pour votre bonne volonté à pouvoir y
répondre.
1. Quelles sont les rumeurs fréquentes dans le cadre de
la Microfinance à Goma ?
2. Quelles sont les stratégies que vous
développez pour accéder aux informations sur ces rumeurs ?
3. Au sein de votre institution, avez-vous un service
spécialisé dans la gestion des rumeurs ?
Oui Non
Si oui, merci de nous décrire ce service (fonctionnement,
structure et budget du service).
4. Quels sont les moyens mis en place par ce service pour
contrer les rumeurs ?
5. Quels sont les moyens mis en place par ce service pour
gérer les rumeurs existantes ?
6. Etant donné qu'il n'y a pas de service
spécialisé en gestion des rumeurs au sein de votre institution,
quelles stratégies et politiques adoptez-vous pour les gérer ou
les contrer ?
7. Utilisez-vous la désinformation, la rumeur ou la
contre information dans vos stratégies de communication ?
Oui Non
Si oui, comment vous en servez-vous ?
8. Quels mécanismes utilisez-vous pour gérer
les rumeurs internes dont sont victimes certains de vos agents ?
ii
9. Pour éviter la contamination, quelles
stratégies adoptez-vous pour contrer les rumeurs dont sont victimes vos
concurrents ?
10. Avez-vous déjà été victime de
rumeurs ?
Oui Non
Si oui, lesquelles et comment les avez-vous contrées ?
11. Quels sont les facteurs qui sont à la base de la
naissance et de la propagation des rumeurs dans le secteur de Microfinance de
Goma ?
12. Quels seraient les enjeux d'une diffusion d'information
stratégique selon vous ?