4.3 Hypothèses
Dans mon mémoire de stage de laboratoire, j'avais
développé l'hypothèse selon laquelle il faudrait
introduire la pédagogie de Freinet dans les classes de
6ème afin de pallier aux problèmes de l'échec
scolaire dans le second degré. Cependant, ma compréhension
actuelle de l'enfant en difficulté scolaire ne me permet plus de
corroborer une telle assertion. Car, la pédagogie en elle-même ne
peut être la solution à l'échec scolaire si on ne prend pas
en compte les différents indices associés à celui-ci, tels
que le contexte géographique, social, affectif, cognitif, etc. Ainsi,
l'échec scolaire aussi que la difficulté scolaire
présentera un visage différent en fonction du contexte dans
lequel elle se situe. Il n'existe pas non plus de pédagogie miracle qui
permettra à tous les élèves en grande difficulté de
retrouver de manière efficace et instantanée le désir
d'apprendre. Par ailleurs, nous avons appris à travers cette
étude que même l'école traditionnelle peut devenir source
de bonheur pédagogique pour certains élèves en grande
difficulté. Selon les chiffres du RASED de Koechlin-Mulhouse,
près d'un tiers des élèves bénéficiant de
l'aide du dispositif en primaire ont pu réintégrer leur classe
ordinaire sans aucune difficulté. Lors d'un entretien avec un maitre E
de Mulhouse, celui-ci a déclaré ceci :
« Si il y avait pas de RASED on aurait, je ne
sais pas moi 20% d'illettrés en 6eme »
Néanmoins, il faudra souligner que l'institution
scolaire doit opérer des changements drastiques tant sur le plan
pédagogique que sur le plan organisationnel pour pouvoir faire face aux
différents problèmes inhérents à l'échec
scolaire et la difficulté scolaire. Il me semble impensable qu'un
dispositif de réseau d'aide aux élèves en
difficulté comme le RASED à Mulhouse puisse fonctionner à
un budget annuel de 80 euros pour une centaine de cas d'élèves
traités. Les nouvelles technologies d'information et de communication
sont rarissimes et les pédagogies nouvelles sont très peu
exploitées ou ne sont pas mises en oeuvre au sein du RASED. Il faudra
donc changer l'école, la repenser afin de l'adapter à notre
société postmoderne. Plus l'institution scolaire classique se
montre réticente à l'innovation pédagogique et aux
changements organisationnels, plus elle sera dépassée par la
problématique de la difficulté scolaire dont les facettes sont
multiples et très complexes. A la question de savoir quelle solution
possible peut-on envisager pour un élève en échec scolaire
ou en difficulté scolaire, je pense qu'on pourrait s'inspirer des outils
pédagogiques, rééducatifs et psychologiques mis en place
par le RASED et l'étendre à un public plus élargi, par
exemple dans le cadre du décrochage scolaire, l'insertion
professionnelle des jeunes, la formation des adultes. En outre, à cela
on pourrait rajouter les pédagogies nouvelles dans un fonctionnement
moins institutionnalisé que l'éducation nationale. Ainsi, il se
pourrait qu'on enregistre des résultats intéressants en ce qui
concerne l'échec scolaire. En tout état de cause, il est
important de souligner que toute action éducative ou pédagogique
visant des publics à besoins spécifiques devrait en tenir
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compte de l'individu et de l'environnement dans lequel
il évolue. In fine, il faudra peut-être penser à
éduquer d'abord l'individu avant d'en faire un citoyen.
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