IV. SORTIR DE L'AUTO-SUBSISTANCE
Une analyse des actions menées depuis
l'avènement de la NPA-Nouveaux Défis révèle la
persistance des problèmes pouvant servir de frein à
l'émergence agricole du pays dans un contexte de mondialisation. Il
s'agit entre autres de la cherté des intrants, de la marginalisation du
petit producteur dans le cadre des financements du secteur agricole et une
dégradation de la sécurité alimentaire. L'objectif de
faire du Cameroun un pays émergent à l'horizon 2035 ne peut dont
pas être atteint avec l'Etat actuel de l'agriculture. Il convient donc de
proposer certaines lignes qui boosteront davantage le secteur agricole
camerounais
A. Croissance du volume de la production agricole et
introduction des mutations technologiques et techniques
Pour atteindre une croissance à deux chiffres,
l'agriculture est un pôle dominant. Pour un taux de croissance de 10%, la
contribution de l'agriculture devrait être de 4 à 5% au moins pour
assurer l'équilibre alimentaire et imprimer une nouvelle dynamique
à la croissance. Plus concrètement, le pays doit augmenter sa
production de céréales, de tubercules, en tête de
bétail, etc., et ce à un niveau suffisamment élevé
pour représenter un vrai saut qualitatif. Au-delà de cette
croissance en volume, le pays doit significativement améliorer la
qualité de cette production et la qualité de conservation.
En outre des mutations technologiques doivent être
introduites. On ne peut pas penser que la production puisse quantitativement
franchir un vrai cap avec les mêmes méthodes culturales qui datent
de près de cinquante ans. C'est le lieu ici de poser le problème
des intrants, et notamment des engrais et des plants dont les prix doivent
être à la disposition du petit producteur. Il convient
également de renouveler le verger national, la majorité des
plantations de cacao et de café ayant vu le jour il y a plus de 50 ans.
La population productrice doit également être rajeunie, vue le
vieillissement que subit la population d'agriculteurs. Dans la même
perspective, il y a toute une stratégie à développer pour
transformer le milieu rural, pour l'amener à adhérer aux
indispensables mutations qu'appelle une exploitation optimale du potentiel
agricole du pays. Les actions à mener ont trait à l'animation du
monde rural, à l'encadrement des agriculteurs, à la mise en place
des circuits de commercialisation tributaire eux-mêmes du
développement des infrastructures.
B. Replacer le paysan camerounais au centre de la question
agricole
Nous estimons que le moment est venu de mettre un terme
à un système incestueux dans lequel, des fonctionnaires, et
autres agents de l'Etat, au mépris de tout conflit
d'intérêt, se trouvent aux deux bouts de la filière
agricole, alors même que la quasi-totalité des ingénieurs
agronomes et des techniciens formés, dont l'effectif est pourtant
notoirement insuffisant, restent confinés dans des bureaux
climatisés du ministère de l'agriculture, ou dans les
délégations régionales désargentées. La
refondation de notre agriculture exige, de notre point de vue de replacer le
paysan camerounais et ses organisations syndicales au centre du dispositif de
la gouvernance du secteur rurale. L'Etat a ainsi vocation à structurer
le monde paysan, à lui donner une colonne vertébrale, en appuyant
ceux des regroupements de producteurs qui existent ou en suscitant la
création d'organisation paysanne la où elles n'existent pas
encore. C'est à ce prix que le gouvernement pourra se donner des
interlocuteurs qui soient de véritables acteurs de la profession et non
des intermittents du spectacle rural.
Tout pourrait ainsi changer du jour au lendemain, par le fait
d'une volonté politique clairement affirmée ; une
volonté politique porteuse d'objectifs précis à court et
à moyens termes, d'une programmation de moyens financier adéquat,
d'une mise en synergie des activités de recherche agricole qui devrait
ouvrir au paysan camerounais de nouvelle perspectives.
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