L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).( Télécharger le fichier original )par ARSENE GUY DAVY MEBA UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014 |
C. Les filières de rentes restructurées par la NPAPour chaque filière à l'exportation, la stratégie de restructuration portait sur la libéralisation des prix, la mise en place d'un cadre de gestion privilégiant la concertation et la négociation entre les acteurs et l'identification des acteurs et programmes susceptibles de relancer la filière. Dans sa mise en oeuvre, la déclinaison de cette stratégie en actions fut différenciée selon les filières. 1. Les filières cacao et café Le cadre de réforme adopté dans le cadre de la NPA porta premièrement sur la dissolution de l'ONCPB et la création d'un organisme public Office National du Cacao et du Café (ONCC). Cette structure plus légère autorisait une plus grande libéralisation commerciale tout en maintenant une certaine stabilisation annuelle. Une liquidation non sans problème car comment apurer les créances de l'ONCPB relatives à la livraison du cacao et du café par les structures intermédiaires et dues au titre de la stabilisation des prix? Car l'ONCPB se trouvait en état de cessation de paiement alors qu'il fallait impérativement rembourser des milliers de planteurs. C'est dans ce cadre que le gouvernement camerounais entrepris la seconde phase de restructuration du secteur à savoir le remboursement des arriérés aux planteurs. En effet, une des phases clé du plan de restructuration tenait au recouvrement des dettes contractées au près des planteurs. C'est dans ce contexte que «l'opération chèque planteur» fut mise sur pied avec l'appuie des fonds Stabexpour un montant de 44, milliards de FCFA399(*). Pour mener à bien l'opération, une cellule Stabex fut implantée au pays. Sa mission était de coordonner et de vérifier les montants des créances des structures intermédiaires de même que les listes des paiements effectués en faveur de leurs planteurs. Ces listes furent extraites des cahiers de compte des intermédiaires, et sur la base de reçus remis par les planteurs. Après comparaison des listes fournies par les intermédiaires avec les audits menés au niveau de l'ex-ONCPB, les montants furent fixés proportionnellement à l'indice ; le solde éventuel restant après paiement des planteurs fut alloué à la structure intermédiaire. Pour un remboursement efficace, un système de chèque fut mis en place d'où le terme «opération cheque planteur»400(*). Des chèques individuels et non endossables furent confiés, après signature d'une décharge, aux intermédiaires au cours de cérémonies publiques. Par la suite, il incombait aux intermédiaires, une fois les chèques en main, d'en assurer la distribution aux planteurs informés auparavant par voie de radio et de presse de même que par des agents administratifs le tout relayer par «le téléphone arabe». Le retrait des liquidités se fit auprès des agences bancaires, opération facilitée dans les régions enclavées parla mise en place de caisses mobiles du Crédit Agricole du Cameroun, la banque commerciale associée à l'opération. Au total, cette opération assura le remboursement de plus de 50 000 planteurs appartenant à 5 régions différentes401(*). Les autres points de la restructuration consistèrent en la création en 1992 du Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC); la libéralisation complète de la commercialisation et la mise en place d'un système d'information sur les prix à l'export et les prix d'achat aux producteurs ; et la promotion des groupements de producteurs pour permettre aux planteurs d'acquérir progressivement les compétences nécessaires pour maîtriser les opérations de production et de mise au marché. 2. La filière coton Comme dans les précédentes filières, les principales actions menées dans la filière coton ont porté sur le paiement des arriérés aux producteurs, la réduction des coûts de fonctionnement de la société d'encadrement, le recentrage de ses activités ainsi que sur la suppression de la fixation par l'Etat du prix d'achat aux producteurs. Ce système a permis,avec la dévaluation du franc CFA, d'améliorer le revenu du paysan (graphique n°5), ce qui a contribué à une augmentation sensible de la production de coton graine402(*). Graphique n° 5 :évolution des revenus des producteurs de coton Source : F.J. Blessem's«Cameroun Pages» in http://www.geocities.com/MotorCity/Speedway/4939/geo/sdcc.html consulté le 28 Février 2014. * 399 V. Alary et G. Courade, «Une expérience inédite : l'opération chèque planteur au Cameroun» Le Courrier n°151, Mai-juin 1995, pp.73-74. * 400 Ibid. * 401 Ibid.p.74 * 402 D. P. Folefack, «Coordination des acteurs dans un contexte de crise », p.144 |
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