L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).( Télécharger le fichier original )par ARSENE GUY DAVY MEBA UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014 |
B. La politique des intrants et l'encadrement des agriculteursLa clé du développement agricole, passait impérativement par une augmentation de l'aide accordée par l'Etat aux producteurs à travers une augmentation des subventions en intrants agricole et un encadrement accru. 1. La politique des intrants L'interventionnisme de l'Etat persistait dans ce domaine à travers une distribution parfois gratuite des intrants aux agriculteurs. L'Etat subventionnait entièrement cette opération à travers les SODES, les missions de développement et les organismes financiers. En 1973 fut mis en place un programme d'engrais en vue d'accentuer la vulgarisation débutée en 1960 par le PNE. Les paysans étaient approvisionnés à moitié prix, voir gratuitement en engrais et d'autres intrants agricolestels que les produits phytosanitaires et des pulvérisateurs262(*) et des semences sélectionnées. Ces intrants étaient importés ou produits localement par l'Etat et leur coût était déduit du prix versé par les SODES ou les coopératives au moment de l'achat de la récolte. 2. L'encadrement des agriculteurs L'encadrement des agriculteurs s'inscrit en grande partie dans le sens de l'extension de l'agriculture d'exportation paysanne. C'est dans ce sens qu'elle est beaucoup plus visible au sein de certaines SODES et des structures d'encadrement des PME. La SODECAO par exemple, encourageait la production du cacao et assurait également l'achat auprès des paysans. De manière spécifique, elle améliora la production paysanne grâce aux semences hybrides à haut rendement sélectionnées à la station de Nkoemvone près d'Ebolowa263(*). Elle assurerait la formation des planteurs et leur organisation en même temps que l'intensification des mesures de lutte contre la pourriture brune et les capsides et effectuait des opérations de récolte et de préparation du cacao, ainsi que celles du transport et de l'achat de ce produit auprès des planteurs. La fourniture des plants améliorés, produits phyto-sanitaires, et un encadrement technique rapproché264(*) figuraient également parmi ses activités d'encadrement.Dans les régions forestières du Sud, la SODECAO mena une lutte sans merci contre les insectes et les maladies du cacao265(*). De vastes campagnes de lutte anti-capside et de lutte contre la pourriture brune furent lancées. A la disposition des planteurs, la SODECAO affecta des agents et techniciens agricoles afin de les accompagner dans ce combat. Cette structure avait ainsi réussi à faire acquérir aux planteurs, une maitrise certaine des différents dosages utilisés dans l'emploi des sachets de fongicides266(*). Elle a assura pendant plusieurs années, le suivi d'un échantillon d'exploitations agricoles réparties dans des villages différents de la zone cacaoyère. L'UCCAO effectuait les mêmes tâches dans le domaine du café267(*) et la SODECOTON dans le domaine du coton268(*). Il faut également noter quepour le soutien aux petites et moyennes entreprises, deux structures d'encadrement furent créées. Ce fut le cas en 1970 du Centre d'Assistance pour PME (CAPME) dont les fonctions comprenaient la formation d'entrepreneurs, l'assistance technique et gestionnaire de projets et la coordination de tous les efforts de promotion des petites et moyennes entreprises269(*). Il fut suivi en 1975, du Fond de Garantie pour PME (FOGAPME), pour subvenir aux besoins financiers des PME par la prise en charge d'études de projet, la prise de participation dans des PME, l'octroi de garanties bancaires et de crédits. * 262 Entretient avec R. Ada Alo'o,71ans, planteur de cacao Ndjazeng, le 24 Août 2013 * 263 R. Abate, «Crise économique et politique de relance», p.59. * 264 C. Santoir, Sous l'empire du cacao, p.156. * 265 R. Abate, «Crise économique et politique de relance», p.58. * 266 Entretient avec J. Abondo, 70 ans, planteur de Cacao, Biba, le 12 juillet 2013 * 267 Lire Y. Guillermou, «Organisations de producteurs et dynamiques paysannes dans l'Ouest-Cameroun», Afrique contemporaine, n° 222, 2007, p. 251-271 * 268Lire D. P. Folefack, «Coordination des acteurs dans un contexte de crise», p.164. * 269 M. Fark-Grüninger «La transition économique à l'ouest du Cameroun»,p.81 |
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