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Francophonie et intégration internationale des états africains dans la mondialisation.

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par Marius Blum TADA LANDO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2015
  

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PREMIERE PARTIE

LA FRANCOPHONIE : UN VECTEUR D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.

La Francophonie en tant qu'organisation internationale appartient au monde des nouveaux intervenants sur la scène internationale qualifiés par J. Rosenau d' « acteurs hors souveraineté »61(*). Durant ces deux dernières décennies, cette institution a évolué dans ses structures et ses principes afin de se donner les moyens de peser sur les relations internationales. En effet, depuis le premier sommet des chefs d'Etat et de gouvernement ayant en commun le français en février 1986 à Versailles, la Francophonie s'est, pas à pas, institutionnalisée avec la création d'instances politiques de haut niveau (Sommet, conférence des Ministre, conseil permanant, Secrétariat Général...) et cette transformation dans le sens d'une plus grande action politique s'accorde parfaitement avec le mouvement d'ouverture de la scène internationale à de nouveaux acteurs non étatiques62(*). Dès lors, en ce début de 21eme siècle hautement influencé par la mondialisation, la Francophonie s'identifie en tant qu'acteur influent des relations internationales. Ainsi, celle-ci s'affirme face aux autres organisations internationales classiques de par son mode de fonctionnement axé sur le modèle de la gouvernance entendue comme « un processus de coordination d'acteurs, de groupes sociaux et d'institutions, en vue d'atteindre des objectifs définis et discutés collectivement »63(*). Ainsi donc, la Francophonie s'attèle à établir des coopérations non seulement entre les Etats mais également entre ces derniers et un nombre considérable d'autres Organisations (interétatiques, supranationales ou non gouvernementales)64(*). Dès lors, cette organisation agit comme un vecteur d'influence sur la scène internationale pour ses Etats membres.

Ainsi, la Francophonie se révèle comme un vecteur d'intégration internationale pour ses Etats membres et plus particulièrement pour les Etats Africains dotés pour la plupart de faibles capacités de puissance. Et cette fonction se traduit non seulement à travers les valeurs et les objectifs de cette institution (Chapitre Ier), mais également à travers ses stratégies Politico-diplomatiques (Chapitre II).

CHAPITRE I

LES VALEURS ET OBJECTIFS DE LA FRANCOPHONIE : DES IDEAUX FAVORABLES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.

«  La Francophonie, c'est un combat pour certaines valeurs

(...) une approche originale qui fait avancer en profondeur

ses chantiers de la démocratie et des droits de l'homme »65(*)

Au fil du temps, et grâce à de multiples combats menés par les pères fondateurs (Léopold Sedar Senghor, Habib Bourguiba, Amani Diori), la Francophonie est devenue progressivement un acteur de la vie internationale. A ce titre, elle a pris part et continue à renforcer sa participation aux grandes conférences internationales dans le but de toujours présenter le point de vue de ses membres et de défendre leurs intérêts. En outre, Afin d'atteindre certains de ses objectifs liés notamment aux valeurs qu'elle promeut, l'Organisation Internationale de la Francophonie a parfois, sinon souvent, pris à son tour l'initiative de certaines grandes rencontres internationales où elle a convié des organisations internationales soeurs ou partenaires. Ainsi, il est clair que la Francophonie, à ce jour, ne constitue plus seulement un forum culturo-linguistique mais elle se pose également comme un vecteur d'intégration internationale de ses Etats membres. Et cette légitimité politique que connait la Francophonie sur la scène internationale trouve ses fondements non seulement dans la morale66(*) contenue dans sa vision du monde, et ses valeurs (Section 1) mais également dans les objectifs poursuivis par l'OIF (Section 2).

Section 1 : Les valeurs de la Francophonie et l'originalité de sa vision du monde.

Dans ses efforts d'humanisation des rapports entre les civilisations dans la mondialisation, la Francophonie, sans en revendiquer la propriété exclusive, s'est appropriée de certaines valeurs universelles relevant du patrimoine naturel et culturel de l'humanité et les a assorties d'une touche particulière qui lui confère une originalité (paragraphe 1). En outre, après un demi-siècle de pratique d'un militantisme associatif multiple, et plus de trente ans d'une implication progressive des gouvernements, la vision du monde de la Francophonie se dégage avec netteté aujourd'hui (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L'originalité universelle des valeurs francophones en faveur d'une mondialisation multipolaire.

Comme la démontré le professeur Michel Guillou, « La Francophonie prend conscience de son importance et de son rôle dans la mondialisation multipolaire comme pôle de diversité, de solidarité et de dialogue »67(*). Ainsi, la Francophonie oeuvre pour l'acceptation et la mise en commun de toutes les cultures qu'elles soient Américaines, Européennes où même Africaines à travers la promotion des valeurs de liberté et de diversité culturelles (A). Mais aussi, elle valorise l'interdépendance et la coopération entre les Etats au travers de la promotion des valeurs de solidarité et de dialogue (B).

A. Les valeurs de liberté et de diversité culturelle.

Face à la mondialisation actuelle caractérisée par la domination d'un modèle planétaire unique d'organisation économique et sociale, d'une culture unique et surtout d'une pensée unique à savoir celles Américaines , la Francophonie milite pour la liberté qui est une valeur fondamentale inhérente à l'existence de toute civilisation. Ainsi, à travers la promotion de cette valeur fondamentale qu'est la liberté, L'OIF tourne le dos aux analyses de Samuel Huntington sur « le choc des civilisations »68(*) et plaide pour « un métissage de l'universalisme et de la civilisation de l'universel » 69(*) telle que voulu par son père fondateur L.S. Senghor. En effet, la Francophonie rompt avec toute tendance qui conduit à la confiscation des libertés fondamentales de l'Homme car, comme le constate NGOUAKA-TSOUMOU, « plus les Hommes sont libres dans tous les domaines de leurs activités sociales, économiques, politiques, culturelles, etc., plus ils s'épanouissent et créent des solidarités visant à valoriser l'intérêt général au détriment des égoïsmes de toute sorte que sous-tendent la pensée unique »70(*). Dès lors, c'est sans doute cet esprit de solidarité découlant de la liberté des hommes qui commande les Etats et gouvernements ainsi que tous les autres acteurs de la communauté internationale à concevoir, avec décence, des politiques d'entraide appelées aussi politiques de coopération.

En outre, du fait de la densité du foisonnement actuel des différentes expressions culturelles au niveau international résultant de la mondialisation qui accélère « l'ouverture des sociétés les unes aux autres »71(*) , et de l'asymétrie des forces économiques qui caractérise la scène internationale, on assiste à une tendance à l'acculturation. En effet, avec la mondialisation, on observe une sorte d'impérialisme culturel  des pays économiquement puissants tels que les États-Unis. Ce qui conduit de manière spectaculaire à une standardisation culturelle caractérisée par une « homogénéisation du phénomène culturel »72(*) préjudiciable au développement des pays à faible économie tels que la majorité des pays Africains francophones. Ce phénomène d'acculturation est si manifeste que l'on a assisté depuis quelques années à l'émergence et à la consolidation d'un phénomène dit de l'américan way of life qui exprime la prédominance du mode de vie américain et, partant, de la culture américaine. En opposition à cette uniformisation culturelle du monde au profit de la culture « américano-occidentale »73(*)qui traduit la conception américaine de l'universalisme s'apparentant plus à un universalisme inégalitaire qu'à autre chose, la Francophonie appréhende l'universalisme plutôt comme une « synthèse des différences »74(*). Dans cette perspective, l'accès à l'universel ne passe ni par l'uniformité, ni par l'homogénéité mais par le dialogue des cultures et, partant le respect des spécificités culturelles. Dès lors, la Francophonie se pose donc comme un contrepoids aux effets pervers de la mondialisation culturelle en opposant à l'uniformisation culturelle, la diversité culturelle caractérisée par la considération de toutes les cultures.

* 61 Rosenau J. N., Turbulence in World Politics : A Theory of change and Continuity, New York/

London, Princeton University Press, 1990, p. 36 et suivantes.

* 62 Phan, T, Guillou, M, et Aymeric, D. Francophonie et mondialisation, op. cit. p. 135.

* 63 Boussaquet L., Jacquot S., Ravinet P, (dir.), Dictionnaire des politiques publiques,

Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 2004, p. 243.

* 64 Massart-Pierard, F. « La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène internationale », op.cit. p. 71.

* 65 Abdou Diouf., « Francophonie et Mondialisation », Revue Hermes, No 40, 2004. p. 384.

* 66 Massart-Pierard, F. « La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène internationale », op.cit. p72.

* 67 Guillou, M. Francophonie-Puissance, L'équilibre multipolaire, Paris, Ellipses Éditions, 2005. p.19

* 68 Huntington, S. P., Le choc des civilisations. Op. Cit.

* 69 Christian VALANTIN dans la Préface de GUILLOU(Michel): Francophonie-

Puissance, op.cit., p.3

* 70 Ngouaka-tsoumou. A, L. La diplomatie francophone, Thèse de Doctorat de Sciences Politiques, Université Jean Moulin (Lyon), Lyon 3, 2010. P. 65

* 71 Wolton, D. Demain la francophonie, Paris, Flammarion, 2006, p.32.

* 72 Braz , A. Pensez la mondialisation, Paris, Ellipses, 2009, p.134.

* 73 Willar, C. « La Francophonie : hégémonie ou contre hégémonie », dans Michel BERGES (dir), Penser les relations internationales, l'Harmattan, Paris, 2008, pp.362-387.

* 74 Phan, T. et Guillou. M, op.cit., p.252.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon