II. PATRIMOINE ARTISANAL ET CULTUREL
1. Le potentiel artisanal du village
Motiamo se veut un pôle d'attraction touristique en
raison de son potentiel artisanal qui constitue un vecteur de promotion du
village dans la région et même en Côte d'Ivoire. On
reconnait en effet la cité par la technicité et le savoir-faire
des femmes en matière de poterie, un art unique dans le
département qui suscite des visites touristiques dans le village. Dans
le village, presque toutes les femmes sont potières et c'est leur
occupation quotidienne. A défaut de pratiquer le champ comme les hommes,
la poterie est leur seule activité génératrice de
revenus.
L'art potier est aussi ancien que la création du
village. La chaîne opératoire est restée purement
traditionnelle jusqu'à ce jour. Cette activité consiste pour les
femmes à produire des vases de forme globulaire, qui servent à
plusieurs usages. Il s'agit notamment de canaris, écuelles, vases, pots
etc., faits avec des décors généralement imprimés
à l'épi de maïs égrené. Les canaris et les
écuelles sont très souvent d'un noir brillant obtenu par enfumage
dans l'herbe sèche ou fraîche dès le retrait du feu et par
immersion dans une décoction d'écorce d'anacardier. Quant aux
vases, ils sont de couleur rouge ocre due à l'engobage subi avant la
cuisson.
L'une des particularités de la production de Motiamo,
c'est la pré-cuisson. Elle permet d'éviter l'éclatement
des pots au feu. La cuisson elle-même se fait sur une surface
dégagée, à l'écart des habitations. Elle passe par
plusieurs étapes. Tout commence par la pré-cuisson sur un feu de
braise allumé à l'emplacement de la cuisson. Elles dressent un
lit de branchages séchés à même le sol et y
renversent une première série de poteries qu'elles
emboîtent dans des positions verticales. Tout cet ensemble recouvert de
branchages et d'herbes séchées est maintenu par des pots
cassés inutilisables disposés autour du tas formé. Sur ce
dispositif, on met le feu et on l'entretient en ajoutant
régulièrement de l'herbe séchée telle que
l'illustre l'image qui suit.
1- Une potière de Motiamo en plein travail
Source : www.infoduzanzan.org, mai 2013
Lorsque le feu a pris, on laisse la cuisson se dérouler
jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de flamme. Cela peut durer deux (2)
heures. Le pot cuit se reconnaît par sa clarté. A l'aide d'une
grande fourche, le pot est retiré du feu pour être plongé
dans la paille allumée pour l'enfumage, puis dans une décoction
pour la brillance. Ce type de cuisson permet aux objets de résister aux
chocs thermiques et mécaniques. Ces poteries sont vendues soit le
dimanche, jour du marché de Bondoukou, par les potières
elles-mêmes ou sur place dans le village par des femmes qui viennent s'en
procurer sur le site de production. Les potières de Motiamo ont un
savoir-faire comme celles de l'ethnie Mangoro de Katiola. Ce mérite leur
a même valu le soutien de l'ambassade de l'Allemagne qui leur a offert un
four moderne pour la cuisson des poteries en vue de multiplier la production et
mieux développer l'activité.
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